UNIVERSITE DE PROVENCE Institut Méditerranéen d'Ecologie et de Paléoécologie UMR 6116 THESE D’HABILITATION A DIRIGER DES RECHERCHES Spécialité : Ecologie PERTURBATIONS ET GESTION CONSERVATOIRE DES ECOSYSTEMES SEMI-NATURELS TERRESTRES: LE CAS DES PELOUSES SECHES DE FRANCE Présentée par : Thierry DUTOIT Maître de Conférences Université de Provence Institut Méditerranéen d’Ecologie et de Paléoécologie Ecologie du Paysage et Biologie de la Conservation Faculté des Sciences et Techniques de Saint-Jérôme, case 461 13397 Marseille Cedex 20, France Soutenue le 22 juin 2001 devant le jury composé de : Josette Viano Didier Alard Thierry Tatoni Rémi Chappaz Peter Poschlod Alain Peeters Philippe Cozic Gilles Bonin Professeur, Université de Provence Professeur, Université de Rouen Professeur, Université d’Aix-Marseille III Professeur, Université de Provence Professeur, Université de Regensburg, Allemagne Professeur, Université de Louvain, Belgique Directeur de Recherches, CEMAGREF Grenoble Professeur, Université de Provence Présidente Rapporteur Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Examinateur Examinateur SOMMAIRE Remerciements 3 Première partie : Présentation du candidat 4 1.1 Curriculum vitae 1.2 Publications 1.3 Encadrement de la recherche 1.4 Enseignements 5 8 15 17 Deuxième partie : Présentation de l’activité de recherche 19 2.1 Introduction 2.11 Recherches initiales 1991-1995 2.12 Recherches développées 1996-2001 20 21 21 2.2 Cadre conceptuel 2.21 Objectifs généraux 2.22 L’écologie des perturbations 2.23 La biologie de la conservation 2.231 La diversité biologique 2.232 La naturalité 2.233 La fonctionnalité 2.24 La gestion conservatoire et l’écologie de la restauration 22 22 23 24 25 26 26 27 2.3 Sites d’études 2.31 Les pelouses sèches calcicoles de Haute-Normandie 2.32 Les pelouses sèches calcicoles du Vercors Méridional 2.33 Les pelouses sèches calcicoles du Causse Méjean 2.34 La steppe de Crau 29 30 31 31 32 2.4 Matériels et Méthodes 2.41 Ecologie historique ou géographie historique 2.42 Phytocénoses et banques de graines 2.43 Macrofaune du sol et orthoptères 2.44 Durabilité des systèmes de gestion 2.45 Analyses statistiques 33 33 34 34 35 35 2.5 Principaux résultats 2.51 Impacts des cultures et labours anciens sur les successions post-culturales 2.52 Rémanence des banques de graines d’adventices 2.53 Facteurs agro-écologiques et communautés d’adventices 2.54 Facteurs agro-écologiques et pelouses sèches 2.55 Perturbations et entomocénose 37 37 39 40 42 46 ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 3 Troisième partie : Perspectives de recherches 48 3.1 Prolongements des travaux antérieurs 3.11 Rémanence des labours et conservation des espèces messicoles rares 3.12 Biodiversité des communautés d’adventices et de pelouses sèches 49 49 50 3.2 Autres perspectives 3.21 Perspectives fondamentales : de l’écologie des perturbations à l’écologie fonctionnelle 3.22 Perspectives de sites ateliers : des stades successionnels culturaux et herbacés aux stades forestiers 3.23 Perspectives méthodologiques : de l’écologie de terrain à l’écologie expérimentale 3.24 Perspectives appliquées : de la biologie de la conservation à l’écologie de la restauration 52 54 3.3 Vers une autre approche… 55 Bibliographie 57 ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 52 52 53 4 Remerciements Avant de commencer ce mémoire, c’est avec beaucoup de plaisir que je compose cette traditionnelle page de remerciements qui montre combien le bilan d’un travail d’enseignant-chercheur ne peut être mené à bien sans intégration dans une équipe de collaborateurs, d’étudiants et de réseaux nationaux et internationaux de partenaires. Bien souvent, partageant les mêmes objectifs de recherches et passions pour la conservation des espaces naturels, ces collègues sont devenus des amis. En premier lieu, je voudrais remercier chaleureusement le Professeur Didier Alard, témoin de la continuité historique de mon activité de chercheur depuis ma thèse de Doctorat à l’Université de Rouen entre 1991 et 1995. C’est à lui que revient l’origine de mes recherches car il avait perçu dès cette époque, l’importance des pelouses sèches comme sites ateliers et modèles expérimentaux. Evoluant aujourd’hui dans une autre unité de recherches, il m’arrive souvent de regretter les entretiens passionnés que nous avions en matière d’écologie et de gestion des écosystèmes semi-naturels. Je remercie aussi particulièrement le Professeur Thierry Tatoni pour son dynamisme et sa capacité à fédérer notre équipe d’Ecologie du Paysage et de Biologie de la Conservation au sein de l’UMR/CNRS, Institut Méditerranéen d’Ecologie et de Paléoécologie (IMEP). Grâce à lui, j’ai pu découvrir les spécificités des écosystèmes méditerranéens, avec une mention spéciale pour la Calanque de Callelongue. Philippe Cozic, directeur de recherches au CEMAGREF, a bien voulu être examinateur de ma thèse, suite à la collaboration mise en place sur la gestion conservatoire des pelouses calcicoles du Vercors. Messieurs les Professeurs Rémi Chappaz et Gilles Bonin ainsi que Madame le Professeur Josette Viano, de l’Université de Provence, ont accepté d’être respectivement rapporteur et examinateurs de ma thèse et je les en remercie vivement. Merci aussi au Professeur Peter Poschlod de l’Université de Regensburg en Allemagne pour la confiance qu’il a placée en moi pour l’encadrement de ses étudiants lors de leurs stages dans le sud de la France. Merci également au Professeur Alain Peeters pour son accueil au sein du Laboratoire d’Ecologie des Prairies de l’Université Catholique de Louvain en Belgique. Tous deux ont accepté d’être présents lors de ma soutenance et j’en suis très honoré. Une thèse d’habilitation ne pourrait être soutenue sans la confiance que place les étudiants en nous pour l’encadrement de leurs travaux, je voudrais donc particulièrement remercier Eric Gerbaud et Elise Trivelly qui depuis trois années poursuivent avec moi leur thèse de Doctorat. Laurent Tatin, Elise Buisson et encore Eric Gerbaud, dans le cadre du DEA « Biosciences de l’Environnement et Santé ». Christine Römermann et Mathias Jäger de l’Université de Marburg pour leurs « Master Thesis ». Luc Barbaro dans le cadre de ma participation au comité de pilotage de sa thèse de Doctorat au CEMAGREF de Grenoble et enfin Arne Saatkamp de l’Université de Freiburg en Allemagne pour son travail original sur la végétation des glacières du massif de la Sainte-Baume. Je n’oublierais pas de remercier tous mes collègues (chercheurs enseignants-chercheurs, IATOSS et étudiants) du Laboratoire de Biosystématique et Ecologie Méditerranéenne ainsi que les membres de l’équipe Ecologie du Paysage et Biologie de la Conservation pour les collaborations et contacts multiples. De même, tous mes remerciements aux collègues enseignants et étudiants de DEUG, Maîtrise et CAPES/AGREG de l’Université de Provence. Enfin, bien que la thèse d’habilitation soit surtout un état des travaux de recherches, je voudrais dédier ce travail à Jacques Zaffran, Maître de Conférences honoraire à l’Université de Provence, un rien provocateur mais pédagogue génial, je lui dois un renouveau de ma vision de la biologie végétale et surtout une envie sans cesse renouveler d’enseigner. Pour tout cela et malgré que l’écologie ne soit pas ta tasse de thé, merci beaucoup, Jacques… Une pensée émue pour mes parents et ma compagne Delphine Auvré, pour leurs confiances et leurs soutiens. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 5 Première partie : Présentation du candidat Curriculum vitae, publications, encadrement de la recherche et enseignements ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 6 1.1 CURRICULUM VITAE Etat Civil : Né-le : 21.09.67 à Menin (Belgique) Nationalité française, vie maritale. Domicile : Les Hautes Bastides, 13720 Belcodène Tél. 04.42.70.61.88 Adresse professionnelle : Université de Provence UMR/CNRS 6116, IMEP, Case 461, FST Saint-Jérôme Equipe : Ecologie du Paysage et Biologie de la Conservation 13397 Marseille Cedex 20 Tél. 04.91.28.87.32 Fax. 04.91.28.80.51 e-mail : [email protected] Formation scolaire et universitaire : 1985 : Brevet de Technicien Agricole, Horticulture Parcs et Jardins, mention AB (Institut Agricole et Horticole de Genech, Nord). 1987 : Brevet de Technicien Supérieur Agricole, Protection de la Nature, mention AB (Lycée Agricole de Neuvic, Corrèze). 1989 : Maîtrise de Sciences et Techniques, Sciences de l’Environnement, mention AB (Université de Rouen). 1990 : Diplôme d’Etudes Approfondies, Ecologie Terrestre et Limnique, mention B (Université de Toulouse). 1990 : Diplôme d’Université de Biologie Littorale, option écophysiologie, mention B (Université de Caen). 1995 : Doctorat de l’Université de Rouen de Biologie, option écologie, label européen (Communitatis Europeae). Successions végétales secondaires des pelouses calcicoles de Haute-Normandie (France) : Approche multi-niveaux et gestion conservatoire. Thèse soutenue le 27.10.95, mention très Honorable avec les félicitations du Jury : Pierre-Noël Frileux (Professeur, Université de Rouen) Didier Alard (Professeur, Université de Rouen) Serge Muller (Professeur, Université de Metz) Jean Lambert (Professeur, Université Catholique de Louvain, Belgique) Terry Wells (Professeur, Université de Cambridge, Royaume-Uni) Jo Henk Willems (Professeur, Université d’Utrecht, Pays-Bas) Philippe Maubert (Docteur en écologie, Blois) ! !" #$% & ' ((' )" * Président Directeur Rapporteur Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur + ,- - (. 7 Formation dispensée par le Ministère de l’Intérieur : 1987 : Brevet National de Secourisme et Mention Ranimation. 1991 : Attestation de Spécialiste en Sauvetage Déblaiement. 1991 : Initiation et Certificat d’Intervention face aux Risques Chimiques. 1991 : Initiation et Certificat d’Intervention face aux Risques Radiologiques. 1998 : Attestation de Formation aux Premiers Secours Expériences professionnelles : 1991 : Service National Actif, instructeur NBC, Unité de Sécurité Civile 1, Chartres. 1992 : Vacataire d’enseignements (50 heures), Travaux Pratiques de botanique, DEUG SNV, 2ème année, Université de Rouen. 1994 : Coordinateur scientifique, Conservatoire des Sites de Haute-Normandie (9 mois). 1994-96 : ATER, Attaché Temporaire d’Enseignements et de Recherches (192 heures), Travaux pratiques de Botanique, DEUG SNV 2ème année, Université de Rouen. 1996 : Maître de Conférences 2cl, Université de Provence, UFR SVTE. 1999 : Maître de Conférences 1cl, Université de Provence, UFR SVTE. 1999-2003 : Prime d’encadrement doctoral et de recherches. 2000-2001 : Tuteur pour le monitorat de M. Eric Gerbaud, Doctorant 3ème année. Responsabilités administratives : - 1998-2000 : Elu membre du Conseil Scientifique de l’UMR/ CNRS IMEP. - 1998-2000 : Nommé titulaire à la Commission de Spécialistes, section 67 de l’Université d’Aix-Marseille III. - 1998-2000 : Elu membre de la commission Enseignements de l’UFR « Sciences de la Vie, de la Terre et Environnement ». - 2000-2001 : Nommé au conseil de gestion du DEUG, Université de Provence. Activités associatives : - 1988-96 : Président (1993) du Cercle Naturaliste des Etudiants de Haute-Normandie. - 1990-01 : Membre de l’Association des Techniciens Supérieurs en Protection de la Nature. - 1991-97 : Membre de l’Association Française des Ingénieurs Ecologues. - 1995-01 : Membre de la Société Nationale de Protection de la Nature. - 1995-01 : Membre de la Société Française d’Ecologie. - 1996-01 : Membre de la Société Linéenne de Provence. - 1997-01 : Membre de la British Ecological Society. - 1998-01 : Président (depuis 2000) du Conseil Scientifique du Conservatoire des Sites Naturels de Provence (CEEP). - 1998-01 : Membre du Conseil Scientifique du Programme Life Faucon Crécerélette en Crau. - 1999-01 : Membre du Conseil Scientifique de Parc Naturel Régional du Luberon. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 8 Divers : - Anglais, lu, écrit parlé. - Informatique, utilisateurs de logiciels : Word, Excel, Access, etc. - Permis VL. Loisirs : - Randonnées, courses de fond, semi-marathons. Titres honorifiques : 1992 : Prix Salavin-Fournier de la vocation, Fondation de France. 1992 : Bourse exceptionnelle du 25ème anniversaire de l’Université de Rouen. 1993 : Prix Jacques Liger de la vocation, Académie des Sciences de Rouen. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 9 1.2 PUBLICATIONS1 Articles scientifiques parus dans des périodiques indexés à comité de lecture : [1] DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Permanent seed banks in chalk grassland under various management regimes: their role in the restoration of species-rich plant communities. Biodiversity and Conservation, 4: 939-950. [2] DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Mécanisme d' une succession végétale secondaire en pelouse calcicole: une approche historique. Comptes Rendus de l' Académie des Sciences, série III, Sciences de la vie, 318: 897-907. [3] DUTOIT T. & ALARD D., 1996. Biodiversité actuelle et potentielle des écosystèmes prairiaux calcicoles: influence de la gestion sur les phytocénoses et les banques de graines. Acta Botanica Gallica, 143 : 431-440. [4] DUTOIT T. & ALARD D., 1997. Mineral contents of chalk grasslands in relation with sheep grazing involved in conservation management systems. Revue d’Ecologie (Terre et Vie), 52 : 9-20. [5] DUTOIT T., DECAËNS T. & ALARD D., 1997. Successional changes and diversity of soil macrofaunal communities of chalk grasslands in Upper-Normandy (France). Acta Oecologica, 18 : 135-149. [6] DUTOIT T., ROCHE PH. & ALARD D. 1999. Influence de perturbations anthropiques sur la composition et la diversité botanique des pelouses calcicoles de la vallée de Seine en Haute-Normandie (France). Canadian Journal of Botany, 77 : 377-388. [7] DUTOIT T., GERBAUD E., OURCIVAL J.M., 1999. Field boundary effects on soil seed banks and weed vegetation distribution in an arable field without weed control (Vaucluse, France). Agronomie: Agriculture & Environnement, 19 : 579-590. [8] DUTOIT T., GERBAUD E., OURCIVAL J.M., ROUX M. & ALARD D., 2001. Recherche prospective sur la dualité entre caractéristiques morphologiques et capacités de compétition des végétaux : le cas des espèces adventices et du blé. Comptes Rendus de l' Académie des Sciences, série III, Sciences de la vie, 324 : 261-272. [9] BARBARO L., DUTOIT T., COZIC P. 2001. A six-year experimental restoration of biodiversity by shrub-clearing and grazing in calcareous grasslands of the French Prealps. Biodiversity and Conservation, 10 : 119-135 [10] DECAËNS T., DUTOIT T. & ALARD D., 1997. Earthworm community characteristics during afforestation of abandoned chalk grasslands (Upper Normandy, France). European Journal of Soil Biology, 33 : 1-11. [11] DECAËNS T., DUTOIT T., ALARD D. & LAVELLE P., 1998. Factors influencing soil macrofaunal communities in post-pastoral successions of western France. Applied Soil Ecology, 9 : 361-368. [12] MULLER S., DUTOIT T., ALARD D. & GREVILLIOT F., 1998. Restoration and Rehabilitation of species-rich grassland ecosystems in France : a review. Restoration Ecology, 6 : 94-101. [13] TATIN L., DUTOIT T. & FEH C., 2000. Impact du pâturage par les chevaux de Przewalski (Equus Przewalski) sur les populations d’orthoptères du Causse Méjean (Lozère, Fance). Revue d’écologie (Terre et Vie), 55 : 241-261. 1 Toutes les publications sont indexées par ordre de contribution de l’auteur (en caractères renforcés) puis par ordre alphabétique. Les étudiants co-encadrés par l’auteur apparaissent en caractères soulignés. Seules les 15 publications indexées au « Journal Citation Reports » de 1999 sont jointes en annexes et sont appelées dans le texte par leur numéro d’apparition. Toutes les autres publications sont appelées de manière classique dans le texte. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 10 [14] ALARD D., POUDEVIGNE I., DUTOIT T. & DECAËNS T., 1998. Dynamique de la biodiversité dans un espace en mutation : le cas des pelouses calcicoles dans la basse vallée de Seine. Acta Oecologica, 19 : 275-284. [15] BARBARO L. CORCKET E., DUTOIT T. & PELTIER J.P. 2000. Réponses fonctionnelles des communautés de pelouses calcicoles aux facteurs agro-écologiques dans les Préalpes françaises. Canadian Journal of Botany , 78 : 1010-1020. Publications soumises : BARBARO L., DUTOIT T., ANTHELME F., CORCKET E., Respective and combined effects of habitat and management regimes on calcareous grasslands communities in submediterranean Frenchs Prealps. Biological Conservation (submitted). GERBAUD E., DUTOIT T., BARROIT A., TOUSSAINT B., Teneurs en minéraux des fourrages de chaume et de leurs adventices : le cas d’une exploitation agricole du sud-est de la France (Vaucluse). Animal Research (soumis). Articles scientifiques parus dans des périodiques à comité de lecture non indexés : DUTOIT T., CAPPELAERE M. & ALARD D., 1994. Pratiques agro-pastorales anciennes et évolution des paysages: l' exemple des pelouses calcicoles de Haute-Normandie. Actes du Muséum de Rouen, 1994(2) : 10-39. DUTOIT T., ALARD D., LAMBERT J. & FRILEUX P.N., 1995. Biodiversité et valeur agronomique des pelouses calcicoles de Haute-Normandie. Fourrages, 142 : 145-158. DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Les coteaux calcaires de la Basse Seine: histoire de leurs utilisations agricoles. Etudes Normandes, 44 : 14- 27 DUTOIT T. & ALARD D., 1996a. Les pelouses calcicoles du nord-ouest de L' Europe (Brometalia erecti Br. Bl. 1936): analyse bibliographique. Ecologie, 27 : 5-34. DUTOIT T. & ALARD D., 1996b. Gestion des pelouses calcaires: conservation des habitats ou des insectes ?. Insectes, 101 : 11-14. DUTOIT T., ALARD D. & LEJEUNE M., 1997a. Van Zuid-Limburg naar de vallei van de Seine, een moderne transhumance. Natuurhistorisch Maanblad (revue néerlandaise), 86 : 2-6. DUTOIT T. & BONNETAUD D., 1997. La gestion de la réserve biologique domaniale des falaises d’Orival dans la forêt de La Londe-Rouvray (Seine-Maritime). Revue Forestière Française, XLIX : 204-214. DUTOIT T., 1997. Cultures anciennes et conservation des plantes ségétales : le cas des coteaux calcaires de Haute-Normandie. Lejeunia, 155 N.S., 44 p. DUTOIT T. & LEJEUNE M., 1999. Evolutie van het landbouwkundig gebruik van kalkhellingen in de vallei van de Seine (Haute-Normandie, Frankrijk). Natuurhistorisch Genootschap in Limburg (revue néerlandaise), 88 : 15-18. DUTOIT T., 1999. Le pâturage itinérant dans la basse vallée de Seine (France) : une nécessité écologique et agronomique. Cahiers Agricultures, 8, 486-497. DUTOIT T., HILL B., MAHIEU P. & GERBAUD E., 1999a. Restauration et conservation de communautés d’espèces ségétales in situ : des coteaux de la basse vallée de Seine aux cultures extensives du Parc Naturel Régional du Luberon. Bull. Soc. Bot. Centre-Ouest, N.L., numéro spécial, 19 : 303-316. DECAËNS T., DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Etude préliminaire de l’évolution de la macrofaune des sols dans différents successions végétales sur les coteaux calcaires de Haute-Normandie. Actes du Muséum de Rouen, 1995 (3) : 37-57. GERBAUD E & DUTOIT T. 2001. Rôles de la pluie de graines et du stock semencier dans la différentiation d’un écotone champ cultivé / prairie semi-naturel (Vaucluse, France). Ecologie. 32 : (sous presses). GERBAUD E., DUTOIT T., OURCIVAL J.M. & HILL B., 1998. Field margin effects on the composition of a speciesrich arable weeds community. Studies in Plant Ecology, 20 : p 66. GERBAUD E., DUTOIT T. & HILL B., 1999. Etude de la répartition des plantes messicoles dans un champ en liaison avec une mesure agri-environnementale. Courrier Scientifique du P.N.R. du Luberon, 3, 88-101. TATIN L. & DUTOIT T., 2000. Le cheval de Przewalski et les orthoptères du Causse Méjean (Lozère). Insectes, 116, 7-9. TRIVELLY E, DUTOIT T. & DALIGAUX J. , 2000. Transformation des paysages de pelouses sèches des crêtes du Grand Luberon : Eléments historiques pour une aide à la décision de gestion. Courrier Scientifique du P.N.R. du Luberon, 4, 38-56. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 11 TATONI T., VELA E., DUTOIT T. & ROCHE Ph., 1998. Pastoralisme et diversité.1. Présentation du suivi scientifique et des premiers résultats concernant l’organisation de la végétation dans le Luberon. Courrier Scientifique du P.N.R. du Luberon, 2, 33- 49. Ouvrages scientifiques à comité de lecture : DUTOIT T.,1996a. Dynamique et gestion des pelouses calcaires de Haute-Normandie. Presses Universitaires de Rouen : 220 p. MAUBERT PH. & DUTOIT T., 1995. Connaître et gérer les pelouses calcicoles. Cahier CDPNE/ATEN, Ministère de l' Environnement. 64 p. CHAÏB J. & DUTOIT T., 1997 (pas de comité de lecture). Connaître et gérer les coteaux crayeux. Conseil Régional de Haute-Normandie. 32 p. Chapitres d’ouvrages scientifiques à comité de lecture : DUTOIT T. & ALARD D., 1996. Mineral contents and plant diversity in chalk grassland under different management : a case study in Normandy, France. 122-123 pp. in West N.E. (ed.), Rangelands in a sustainable biosphere. Society for Range Management, Denver. DUTOIT T., ALARD D. & MAUBERT PH., 1997b. Les pelouses sèches in Ministère de l' Environnement (ed.), La diversité biologique en France. Programme d' action pour la faune et la flore sauvages. Ministère de l’Environnement, Paris : 156-157. DUTOIT T. & ALARD D., 1997. Gérer la nature pour sauvegarder les orchidées : des orchidées et ... des moutons. in Demares M. (ed.). Atlas des orchidées sauvages de Haute-Normandie. Société Française d’Orchidophilie., Paris : 198-201. DUTOIT T., DEHONDT F. & ROUX F., 1999b. Deux cents ans d’évolution des paysages de pelouses calcaires de la vallée de la Seine : l’exemple des coteaux de La Roche-Guyon. 139-149 pp. in Wicherek S. (ed.), Paysages Agraires et Environnement : Principes écologiques de gestion en Europe et au Canada. CNRS-Editions, Paris : 412 p. DUTOIT T., GERBAUD E., OURCIVAL J.M., HILL B. & ROCHE PH., 2000. Field boundary effects on the composition of a species-rich weed community in southeastern France. 270-273 pp. in Proceedings IAVS Symposium, Opulus Press, Uppsala, Suède : 500 p. ROBLES C., DUTOIT T., BONIN G., 1997. Inhibition mechanisms and successional processes : a case study of Cistus albidus L. in Provence. 437- 446 pp. in : Uso J.L., Brebbia C.A. & Power H. (ed.), Ecosystems and Sustainable Development. Advances in Ecological Sciences, 1, Computational Mechanics Publications, Southampton : 678 p. Conférences et communications à congrès scientifique : Conférences invitées DUTOIT T. & ALARD D., 1996. Restauration d' un système de parcours sur les pelouses calcicoles de la vallée de la Seine (Haute-Normandie, France). in Actes du colloque international « La Gestion des Pelouses Calcicoles », Cercle des Naturalistes de Belgique, Vierves-sur-Viroin, Belgique, 28-31 Mai 1996 : 4754. (CONFERENCIER INVITE, PRESIDENT DE SEANCE). DUTOIT T. & LEJEUNE M., 1998. Een kudde Mergellandschapen in Frankrijk; de cultuur en natuurhistorische overeenkomsten tussen de weidegebieden langs de Seine bij Rouen en langs de Maas bij Maastricht. in De wijzen en verstandigen shaaps herder, Maastricht, Netherlands, 26-27 June 1998. (CONFERENCIER INVITE) DUTOIT T., 1999. Management of calcareous grasslands : two cases study in France : The chalk grasslands of Upper-Normandy and the steppic area of the Crau in Provence. in 2nd CLIMB Worshop, Change in Landuse and Its iMpact on Biodiversity, (Atelier international), Münsingen, Germany, 8-14 October 1999. (CONFERENCIER INVITE). DUTOIT T., GERBAUD E., BARROIT A., TOUSSAINT B., 2000. Arables plant conservation in France : Patrimonial value in the North, functional roles in the South. in « Fields of Vision », Cambridge, UK, 10-11 July 2000 (CONFERENCIER INVITE). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 12 Conférences internationales DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Mineral contents and plant diversity in chalk grassland under different management : a case study in Normandy, France. in Fifth International Rangeland Congress , Salt Lake City, Utah, USA, 23-28 July 1995 (Poster). DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Historical ecology of chalk grassland landscapes: consequences for the realisation of new systems of conservation management. in Congress of the International Association for Landscape Ecology, Toulouse, 27-31 August 1995. (Poster) DUTOIT T. & TURQUIER M.J. 1997. Protection of karstlands in France. in Conservation and Protection of the Biota of Karst, Nashville, Tennesee, USA, 13-16 February 1997. (Communication orale) DUTOIT T. 1997. Historical studies of chalk grassland vegetation dynamics in Upper-Normandy (France) : consequences for the conservation of rare arable weeds. in Winter meeting of the British Ecological Society, Warwick, UK, 16-18 December 1997. (Communication orale) DUTOIT T., TATIN L. & FEH C., 1999. Impacts of the introduction of Przewalski’s horse Equus przewalski on the orthopteranean community of an abandoned dry grassland (Causse Méjean, France). in Winter meeting of the British Ecological Society, Leeds, UK, 20-22 December 1999. (Communication orale) DUTOIT T., GERBAUD E. & OURCIVAL J.M. & HILL B., 1998. Field margin effects on the composition of a species-rich arable weeds community. in 41st International Association of Vegetation Science, « Vegetation science in retrospective and perspective », Uppsala, Sweden, 26 July-1 August 1998. (Communication orale) DECAËNS T., DUTOIT T., ALARD D. & LAVELLE P., 1996. The factors affecting macrofaunal communities evolution in post-pastoral successions of western France. in XII International Colloquium on Soil Zoology, Dublin, Eire, 21-26 July 1996. (Poster) GERBAUD E, DUTOIT T. OURCIVAL J.M., ALARD D., 2000. Predicting arable weeds competitive abilities from plant traits. [3 présentations] « Fields of Vision », Cambridge, UK, 10-11 July 2000., « Symposium Groupes Fonctionnels », Montpellier, 25-26 Septembre 2000, « 3èmes Journées d’Ecologie Fonctionnelle », La-Londe-les-Maures, 6-9 mars 2001 (Poster). ROBLES C., DUTOIT T. & BONIN G., 1997. Inhibition mechanisms and successional processes : a case study of Cistus albidus L. in Provence. in Ecosud 97, First International Conference on Ecosystems and Sustainable Development, Peniscola, Spain, 14-16 October 1997. (Communication orale du 1er auteur) TATIN L., DUTOIT T. & FEH C., 1999. The impact of Przewalski’s horses grazing on density and diversity of orthoptera community in the Villaret (France). in VI International Symposium on the Preservation of Przewalski’s horses. Kiev, Ukrain, 4-6 October 1999. (Poster). TATIN L., DUTOIT T., FEH C., 2001. The impact of grazing by Przewalski’s horses on Orthoptera populations of the Causse Méjean (Le Villaret, France). in Student Conference on Conservation Science (SCCS), 2831 March, Cambridge, UK. (Poster). Conférences nationales DUTOIT T. & ALARD D., 1994. Potentiel séminal et restauration des milieux: l' exemple des pelouses calcicoles de Haute-Normandie. in Colloque WWF/MAB-France, Ministère de l' Environnement «Recréer la Nature», Marais d' Orx; 17 au 19 Mai 1994 : p 62. (Poster). DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Biodiversité actuelle et potentielle des écosystèmes prairiaux calcicoles: influence de la gestion sur les phytocénoses et les banques de graines. in Colloque international Biodiversité et Gestion des Ecosystèmes Prairiaux, ENF/Limagrain, Ministère de l' Environnement, Université de Metz, 8-10 Juin 1995. (Communication orale 1er et 2ème auteur) DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Mineral contents and plant diversity in chalk grassland under different management : a case study in Normandy, France. in Rangelands in a sustainable biosphere. Fifth International Rangeland Congress, Salt Lake City, USA, 23-28 July 1995. (Poster) DUTOIT T., CELLIER M., 1995. Revenons à nos moutons. in 2e Festival du Film «Pastoralisme et Grands Espace», Les 7 Laux, Dauphiné, 13-17 Septembre 1995: VHS 8 mm. (Communication orale) DUTOIT T. & HILL B., 1997. Restauration et conservation de communautés de plantes messicoles in situ : des coteaux de la basse vallée de Seine aux cultures extensives du parc naturel régional du Luberon. in Les Plantes Menacées de France, Brest, 15-17 Octobre 1997. (Communication orale 1er et 2ème auteur). DUTOIT T., DEHONDT F. & ROUX F., 1997. 200 ans d’évolution des paysages de pelouses calcaires da la vallée de Seine : conséquences sur la biodiversité et la gestion conservatoire au travers de l’exemple des coteaux de la Roche-Guyon. in Principes Ecologiques de Gestion des Paysages Agraires, Paris, 22-24 Octobre 1997. (Communication orale) DUTOIT T., 1998. Rôle écologique et examen de différents types de gestion des landes et prairies sèches. in Réseau du patrimoine naturel de la Frapna Isère, Grenoble, 4-5 Juillet 1998. (Communication orale) ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 13 DUTOIT T. & GREAUME C. 1998. Etude préliminaire à la restauration des communautés de plantes ségétales des coteaux calcaires de la basse vallée de Seine. in Xe Congrès espaces naturels de France « L’homme et la nature : l’action conservatoire sur les pelouses calcaires », Rouen, 9-10 octobre 1998. (Poster) DUTOIT., 2001. Biodiversité et dynamique des paysages steppiques : le point de vue de l’écologue. in Journéesateliers de l’association Volubilis « Perceptions, connaissances et gestion des paysages steppiques », Cruis, 16-17 juin 2001 (communication orale). DUTOIT., 2001. Relations entre production agricole et plantes messicoles : des herbes pas si mauvaises. in Journée d’information du Parc Naturel Régional du Luberon « Mythes et réalités sur les mauvaises herbes », Manosque, 21 juin 2001 (communication orale). DUTOIT T., LABAUNE C., THINON M. & MAGNIN F. 1998. Analyse pédoanthracologique et malacologique des pelouses calcaires de Saint-Adrien (Seine-Maritime) : Premiers résultats. in Xe Congrès espaces naturels de France « L’homme et la nature : l’action conservatoire sur les pelouses calcaires », Rouen, 9-10 octobre 1998. (Poster) DUTOIT T., GERBAUD E., OURCIVAL J.M. & ALARD D., 2000. Predicting arable weeds competitive abilities from plant traits. in « Journées d’Ecologie Fonctionnelle », Montpellier, 25-26 Septembre 2000 (Communication orale). DUTOIT T. BUISSON E. & GERBAUD E., 2001. Rôles de l’exozoochorie dans la connectivité des habitats fragmentés : étude prospective en Crau et dans le Luberon. in Séminaire « Flux de gènes ». INRA, Avignon, 15 février 2001. (communication orale). GERBAUD E. & DUTOIT T., 1999. Rôle d’une lisière herbeuse sur la distribution d’une comunauté d’adventices riche en espèces en culture extensive (Vaucluse, France). in VIIèmes journées françaises de l’Association Internationale d’Ecologie (IALE) du paysage. Besançon, 21-23 avril 1999. (Poster). Est de la France: un programme inter-régional. RICHARD P. & DUTOIT T., 1995. Pelouses sèches du Nord et de l' in Forum des Gestionnaires «La Gestion des Milieux Herbacés». RNF/ENF, Ministère de l' Environnement, Paris, 31 Mars 1995 : 81-89. (Communication orale, 1er et 2ème auteur) TATIN L., DUTOIT T. & FEH C., 1998. Impact du pâturage des cheveaux de Przewalski sur une pelouse calcaire (Causse méjean- Lozère, France). in 22ème Colloque francophone de mammalogie : La protection des mammifères. Vannes, 26-27 septembre 1998. (Poster) BARBARO L., CORCKET E., DUTOIT T. & PELTIER J.P., 1999. Réponses fonctionnelles des communautés de pelouses calcicoles aux facteurs agro-écologiques. in « 1ères Journées d’Ecologie Fonctionnelle ». Montpellier, 15-17 mars 1999. (Poster). BONNET V., GIRARD S., TATONI T. & DUTOIT T., 2001. Importance relative de la banque et de la pluie de graines dans les processus de recolonisation de la végétation après incendie. in « 3èmes Journées d’Ecologie Fonctionnelle ». La-Londe-Les-Maures, 06-09 mars 2001. (Poster). Articles dans des périodiques de vulgarisation (sans comité de lecture scientifique) : DUTOIT T., 1992. Rencontre avec Sarracenia purpurea L., Sanctuaire de Parke, Québec. Dionée, 25 : 3-6. DUTOIT T. & HAREL S., 1992. Les causses de Normandie. La Garance Voyageuse, 18 : 7-9. DUTOIT T., 1995. Un mammifère nouveau pour la Haute-Normandie : Le mergelland !. Le Petit Lérot, Bulletin de liaison du Groupe Mammalogique Normand, 50 : 11-12. DUTOIT T. & Alard D., 1995. Mesures agri-environnementales et conservation des pelouses sèches: premier bilan en Seine-Maritime. Le Courrier de l' Environnement de l' INRA, 25: 63-70. Europe: vers des modèles de DUTOIT T. & ALARD D., 1995. Conservation des pelouses sèches du nord-ouest de l' gestion où l' homme a sa place. Le Courrier de la Nature, 152: 16-22. DUTOIT T. & CHAÏB J., 1995. Quand la Haute-Normandie cultivait ses vignobles: analyse bibliographique et essai d' écologie historique. Le Viquet, 109: 2-24. DUTOIT T. & CHIFFAUT A., 1995. La gestion des pelouses calcaires en Bourgogne. Patrimoine Naturel de Bourgogne, 3: 22-27. DUTOIT T. & MAUBERT PH., 1995. Les pelouses calcicoles du nord-ouest de l' Europe: vers de nouveaux modes de gestion conservatoire. La Lettre des Réserves Naturelles, 35 (2): 12-14. DUTOIT T. & ALARD D., 1996. Bergers au secours des prairies sèches. Les Quatre Saisons du Jardinage, 98: 9266. DUTOIT T., 1996b. Gestion des espaces naturels protégés : vers la définition de grands principes. La Lettre des Réserves Naturelles, 40 (3): 34-37 DUTOIT T., 1998. Pratiques agricoles anciennes et histoire des paysages des coteaux calcaires de HauteNormandie. Bull. Soc. Linn. Provence, 49 : 23-28. DUTOIT T., 1999. La gestion des espaces naturels ou la biologie de la conservation. Bulletin de liaison du Conservatoire Espaces Naturels du Limousin, 14 : 6-7. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 14 DUTOIT T., AUVRE D. & ROSEN E., 1999. L’île d’Öland : un paysage méditerranéen en mer Baltique ! Le Courrier de la Nature, 178 : 29-33. DUTOIT T., 2000. Conservation des messicoles : de la valeur patrimoniale aux rôles fonctionnels. Garrigues, 27 : p 2 (éditorial). DUTOIT T., 2000. A la découverte de l’île de Öland. Bull. Soc. Linn. Provence, 51 : 19-22. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 15 Programmes de recherches : Coordination de programmes de recherches - Programme « De nouvelles natures à cultiver ensemble » (1998-2000). Fondation de France. Des friches pour la biodiversité dans un campus universitaire du centre-ville de Marseille, numéro de projet 97002894. (COORDINATEUR). - Contrat « Dynamique de la végétation des espaces verts en gestion extensive de la ville de Marseille » (19992000). Commande de la ville de Marseille pour prestation de services. (COORDINATEUR). - Programme de recherche du Bureau des Ressources Génétiques (2000-2002): Dynamique des populations des espèces messicoles au sein des agro-écosystèmes du Parc naturel régional du Luberon : implications pour la conservation des espèces menacées. (COORDINATEUR SCIENTIFIQUE avec Laurence Affre, MCF, Université d’Aix-Marseille III). - Programme « Espaces Protégés » (2000-2002). Ministère de l' aménagement du territoire et de l’environnement. Fragmentation, complémentarité et fonctionnalité des espaces protégés : conservation des espaces et des espèces en Crau. Contrat DGAD-SRAE. (COORDINATEUR SCIENTIFIQUE). Participation aux programmes de recherches - Programme « Dynamique de la biodiversité et gestion de l' espace » (1994-1997). Ministère de l' environnement. Facteurs de contrôle de la biodiversité des pelouses calcaires de Normandie au cours d' une dynamique successionnelle post-culturale. Application pour une gestion conservatoire. Contrat DGAD-SRAE n° 94220. (Coordinateur : Pr. D. Alard, participation personnelle 50%) - Programme « Recréer la Nature: Réhabilitation, restauration et création d' écosystèmes » (1996-2000) Ministère de l' Environnement. Déterminisme et restauration de la biodiversité des écosystèmes calcicoles dans le nord de la France (Haute-Normandie, Lorraine). Convention DGAD/SRAE :95067/MNHN. (Coordinateur : Pr. D. Alard, participation personnelle 10 %) - Programme « Agriculture et biodiversité » (2000-2003) Ministère de l' aménagement du territoire et de l’environnement. Pastoralisme et biodiversité en région méditerranéenne : Impact du pâturage itinérant sur l’organisation de la biodiversité et les flux biologiques au niveau du paysage. Contrat DGAD-SRAE (Coordinateur : Pr. T. Tatoni, participation personnelle 30%) - Programme « Biodiversité » (2000-2002). Institut Français pour la Biodiversité. Dynamique de la biodiversité : formes de connaissances et impact des pratiques sociales. (Coordinateurs Pr. T.Tatoni et Dr. C. Aspe, participation personnelle 10 %) Rapports de recherches : DUTOIT T., 1994. Typologie et gestion conservatoire des pelouses calcicoles de Haute-Normandie. 2 tomes: (1) Diagnostic écologique et présentation générale de l’étude. (2) Les pelouses calcicoles du Pays de Bray. CSNHN, Rouen : 24 & 27p. DUTOIT T., 1994. Programme Pelouses pâturées/Pelouses sauvegardées: Haute-Normandie, bilan de l’état initial. CSNHN, Rouen : 23 p + Annexes. DUTOIT T., 1995. Programme Pelouses pâturées/Pelouses sauvegardées: Analyse des données de l’état initial 1994. CSNHN, Rouen : 16 p + Annexes. DUTOIT T., 1998. Restauration de la biodiversité d’une friche urbaine dans un campus universitaire du centre ville de Marseille : Rapport intermédiaire. Médibio/Fondation de France : 10 p + Annexes. DUTOIT T. VELA E. & GARBOLINO E., 2000. Dynamique de la végétation des espaces verts en gestion extensive de la ville de Marseille : Etat initial et propositions d’espèces pour une gestion extensive. Rapport final Université de Provence/Ville de Marseille, Marseille : 27 p + 13 annexes. ALARD D., DUTOIT T., et coll., 1998. Déterminisme et restauration de la biodiversité des écosystèmes calcicoles dans la moitié nord de la France. Rapport intermédiaire. Université de Rouen/MNHN/MATE, Rouen : 37 p. ALARD D., DUTOIT T, et coll., 2000. Déterminisme et restauration de la biodiversité des écosystèmes calcicoles dans la moitié nord de la France (Normandie et Lorraine). Rapport final. Université de Rouen/MNHN/MATE, Rouen, 44 p. Correction d’articles scientifiques : - Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences, série III, sciences de la vie. (1 article). - Ecologie (2 articles). - Nature, Sciences, Societés (1 article). - Oecologia Mediterranea (1 article) ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 16 1.3 ENCADREMENT DE LA RECHERCHE Co-direction de thèses de Doctorat, école doctorale, Sciences de l’Environnement, Système Terre : GERBAUD E. 1998-2001. Dynamique et fonctionnement des populations végétales en milieu perturbé : le cas des adventices des écosystèmes de grandes cultures. Codirection Pr. Bonin G. et habilitation propre pour la direction de cette thèse obtenue auprès du Conseil Scientifique de l’Université de Provence (Séance du 02.12.98). Bourse Ministère de la Recherche et de la Technologie (soutenance décembre 2001, taux d’encadrement 100 %). TRIVELLY E., 1998-2001. Approche intégrée de la gestion conservatoire des espaces naturels de pelouses sèches en région PACA. Codirection Pr. Barbero M. Bourse Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.(soutenance décembre 2001, taux d’encadrement 100 %). Jury et comité de pilotage de thèses : JANSSENS F., 1998. Restauration des couverts herbacés riches en espèces. Mars 1998, Université Catholique de Louvain, Belgique. (Examinateur). BARBARO L. 1999. Dynamique agro-écologique et biodiversité des pelouses calcicoles préalpines. Juin 1999, CEMAGREF, Université de Grenoble. (Membre du comité de pilotage, taux d’encadrement 10 %). DEA Biosciences de l’Environnement et Santé (Universités de Marseille I, II, III) : GERBAUD E., 1998. Etude de l’effet lisière sur les populations d’adventices d’un champ de blé d’hiver. 26 p + Annexes.( taux d’encadrement : 100 %) TATIN L., 1998. Impacts du pâturage par le cheval de Przéwalski (Equus przewalsky, Poliakov) sur le peuplement d’orthoptères au travers de la structure de la végétation (Causse Méjean, France), 37 p + Annexes. (taux d’encadrement : 100 %) BUISSON E., 2001. Les friches post-culturales en Crau peuvent-elles se restaurer à partir de leurs bordures avec les pelouses sèches relictuelles ?. 36 p + Annexes (taux d’encadrement : 100 %). DESS Paysage et Aménagement en Région Méditerranéenne (Université de Provence) : TRIVELLY E., 1997. Les paysages de prairies sèches. Rapport de DESS PARME, Université de Provence, département de géographie, Aix-en-Provence. (soutenance septembre 1997, taux d’encadrement 20%, chapitre Haute-Normandie, co-encadrement, Pierre Frapa, Agence Paysage, Avignon). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 17 DESS Espace Rural et Environnement (Université de Bourgogne) : BARROIT A., 2000. Implications pour la conservation des espèces messicoles dans le Parc Naturel Régional du Luberon : de l’approche des populations (flux de gènes) à la fonctionnalité agronomique (valeur alimentaire). Université de Bourgogne, 59 p + 8 annexes. (Codirection avec Laurence Affre, MCF, Université d’Aix-Marseille III, soutenance septembre 2000, taux d’encadrement 50 %). Diplôme de Biologie (équivalent Master Thesis) , Université de Marburg, Allemagne. RÖMERMANN C., 2000. The influence of historical cultivation on the actual vegetation of the Crau, Southern France. Final Year project 2000. Philipps Universitat, Marburg, Allemagne, 55 p. (Codirection avec Peter Poschlod, Professeur, Université de Marburg, taux d’encadrement 50%). JAËGER M., 2001. Roles of itinerant grazing for the transport of seeds of arable weeds in fragmented landscapes (Luberon, Southern France). (Co-direction avec Peter Poschlod, Professeur, Université de Marburg, soutenance décembre 2001, taux d’encadrement 50%). Stage de recherches de Maîtrise de Biologie Cellulaire et Physiologie, mention, Biologie Générale (Université de Provence). DESHORS P., 2000. Dynamique d’une communauté de messicoles dans un champ cultivé traditionnellement. Mémoire de Maîtrise B.C.P., Université de Provence, 14 p + 4 annexes. (Mai 2000, taux d’encadrement 100%). BERTRAND J., 2001. Evolution des paysages de pelouses sèches du plateau de Caussols (Alpes-Maritime) : conséquences sur la dynamique de la végétation. Mémoire de Maîtrise B.C.P., Université de Provence, (soutenance Mai 2001, taux d’encadrement 100%) Stage de recherches de Maîtrise de Biologie des Populations et des Ecosystèmes (Université d’Aix-Marseille III) CERDAN N, LAURENT N, MEYLAN S., SCHAAL J., 2000. Etude de l’impact du mode de gestion sur la biodiversité de quelques prairies queyrassines. Mémoire de Maîtrise B.P.E., Université d’Aix-Marseille III, 29 p + 4 annexes. (Mai 2000, taux d’encadrement 10%). Stage de recherches (équivalent Licence) Université de Freiburg (Allemagne) et DEUG SNV2, Université de Provence. SAATKAMP A., 2001. Influence des pratiques agricoles anciennes sur les sols et la végétation actuels : le cas des bassins de congélation des glacières de la Sainte-Baume (Provence, France). Mémoire de DEUG SNV2, Université de Provence/ Université de Freiburg, Allemagne, 18 p + 12 annexes. (taux d’encadrement 100%). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 18 1.4 ENSEIGNEMENTS Liste des enseignements dispensés à l’Université de Provence : *1996-1997 (187,66 heures équivalent TD) : 1er cycle : 80h TP et 5h TD DEUG « Sciences de la Vie » 1ère année, T11V2-V11V2 : Initiation à l’anatomie et la morphologie végétale et florale. 26h TP DEUG « Sciences de la Vie » 2ème année, V3UE83-V82V6 : Initiation aux sciences du végétal, embryologie expérimentale, morphogénèse, notions de systématique. 2ème cycle : 132h TP, Licence de biologie mention « Biologie Générale et Sciences de la Terre », module 5 et 8 : Anatomie et morphologie des spermaphytes. 4h TD Agrégation « Sciences Naturelles », Cartographie de la végétation. 20h TD CAPES « Sciences Naturelles », Morphologie des Fruits, écologie végétale, sortie de terrain de 3 jours en Auvergne, Monts du Forez (végétation des zones humides, hêtraie-sapinière, landes subalpines). *1997-1998 (201,99 heures équivalent TD) : 1er cycle : 58h TD DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année, T31S1-V31S1, projet B42 : Connaissance et gestion des espaces naturels. Initiation au diagnostic phyto-écologique, lecture de paysages, études d’impacts, mise en places de mesures de gestions conservatoires. 75h TP DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année, T11V2-V11V2 : Initiation à la biologie végétale. Montage, organisation et animation des séances de TP d’initiation à la biochimie, la physiologie, l’anatomie, la morphologie florale et l’écologie végétale. 2ème cycle : 18h TD et 63h TP, Maîtrise de biologie cellulaire et physiologie mention « Biologie Générale », module 3, biologie des organismes : Ecologie végétale (cartographie, dynamique des populations végétales, groupes fonctionnels), sorties sur le terrain (steppe de Crau, forêt de Sainte-Baume, massif de Marseilleveyre). 8h TD Agrégation « Sciences Naturelles », Cartographie de la végétation, dynamique de la végétation. 26h TD CAPES « Sciences Naturelles », Organisation et animation d’une sortie de 4 jours en Auvergne pour illustrer les leçons de post-écrit en écologie (végétation des milieux montagnards et subalpins, tourbières, ripisylves, pelouses sèches, bocage, hêtraie-sapinière). *1998-1999 (199,99 heures équivalent TD) : 1er cycle : 58h TD DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année, T31S1-V31S1, projet B42 : Connaissance et gestion des espaces naturels. Initiation au diagnostic phyto-écologique, lecture de paysages, études d’impacts, mise en places de mesures de gestions conservatoires. 60h TP DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année, T11V2-V11V2 : Initiation à la biologie végétale. Montage, organisation et animation des séances de TP d’initiation à la biochimie, la physiologie, l’anatomie, la morphologie florale et l’écologie végétale. 2ème cycle : 18h TD et 63h TP, Maîtrise de biologie cellulaire et physiologie mention « Biologie Générale », module 3, biologie des organismes : Ecologie végétale (cartographie, dynamique des populations végétales, groupes fonctionnels), sorties sur le terrain (steppe de Crau, forêt de Sainte-Baume, massif de Marseilleveyre). 4h TD Agrégation « Sciences Naturelles », Cartographie de la végétation. 30h TD CAPES « Sciences Naturelles », Organisation de sorties pour illustrer les leçons d’écologie de post-écrit en écologie (Luberon, forêt de Sainte-Baume, steppe de Crau, Camargue). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 19 *1999-2000 (191,99 heures équivalent TD) : 1er cycle : 58h TD DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année, T31S1-V31S1, projet B42 : Connaissance et gestion des espaces naturels. Initiation au diagnostic phyto-écologique, lecture de paysages, études d’impacts, mise en places de mesures de gestions conservatoires. 60h TP DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année, T11V2-V11V2 : Initiation à la biologie végétale. Montage, organisation et animation des séances de TP d’initiation à la biochimie, la physiologie, l’anatomie, la morphologie florale et l’écologie végétale. 8h TD, Maternage DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année : accueil d’un groupe d’étudiants lors de la prérentrée. 2ème cycle : 18h TD et 63h TP, Maîtrise de biologie cellulaire et physiologie mention « Biologie Générale », module 3, biologie des organismes : Ecologie végétale (cartographie, dynamique des populations végétales, groupes fonctionnels), sorties sur le terrain (steppe de Crau, forêt de Sainte-Baume, massif de Marseilleveyre). 4h TD Agrégation « Sciences Naturelles », Cartographie de la végétation. 24h TD CAPES « Sciences Naturelles », Organisation de sorties pour illustrer les leçons d’écologie de post-écrit en écologie (Luberon, Rivière de la Durance). *2000-2001 (200 heures équivalent TD) : 1er cycle : 52h TD DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année, 4DV31U1 Travaux d’Etudes et de Recherches V11 : Connaissance et gestion des espaces naturels. Initiation au diagnostic phyto-écologique, lecture de paysages, études d’impacts, mise en places de mesures de gestions conservatoires. 3h TD DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année, 4DV61VC: « Initiation aux Sciences de l’Environnement », Bases de l’écologie végétale, biogéographie, synécologie. 1h TD DEUG « Sciences de la Vie » 1 ère année , Télé-enseignement 4DV61VC : « Initiation aux Sciences de l’Environnement », Bases de l’écologie végétale, biogéographie, synécologie. 13h Cours, DEUG « Sciences de la Vie » 2ème année 4DV82V6: « Initiation aux Sciences du Végétal », Organisation générale de la plante, anatomie comparée. 2ème cycle : 18h TD et 63h TP, Maîtrise de biologie cellulaire et physiologie mention « Biologie Générale », module 3, biologie des organismes : Ecologie végétale (cartographie, dynamique des populations végétales, groupes fonctionnels), sorties sur le terrain (Massif de Marseilleveyre, forêt de Sainte-Baume). 24h TD Agrégation « Sciences Naturelles », : Cartographie de la végétation, utilisation des livres d’écologie, sortie de 3 jours dans les Alpes). 28h TD CAPES « Sciences Naturelles », Organisation de sorties pour illustrer les leçons d’écologie de post-écrit en écologie (Luberon, Crau sèche et humide). 3ème cycle : 8h TD DESS « Paysages et Aménagements en Région Méditerranéenne », Organisation d’un cours sur les concepts de base en écologie du paysage et d’une sortie d’illustration dans la région d’Auriol. Autres enseignements : 16h TD : Lycée agricole de Neuvic, Brevet de Technicien Supérieur Agricole « Protection de la Nature » 2ème année et formation permanente pour adultes. Interventions sur la gestion conservatoire des écosystèmes de pelouses sèches. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 20 Deuxième partie : Présentation de l’activité de recherche Cadre conceptuel, sites d’études matériels et méthodes principaux résultats ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 21 2.1 INTRODUCTION2 La présentation d’une thèse d’habilitation permet de faire le bilan de 10 années de recherches dont cinq années ont été réalisées au laboratoire d’Ecologie de l’Université de Rouen (1991-1995) et cinq années à l’Institut Méditerranéen d’Ecologie et de Paléoécologie (IMEP) dans l’équipe d’Ecologie du Paysage et de Biologie de la Conservation (1996-2001). Malgré des contextes écologiques très différents (Haute-Normandie / Provence), les recherches développées suite à ma nomination à l’Université d’Aix-Marseille I m’ont permis de compléter et de renforcer les premiers résultats obtenus lors de mes recherches doctorales. En effet, les modèles d’études choisis en Haute-Normandie (pelouses calcicoles) sont abondamment présents dans le centre de la France (causses) et le sud-est, tant dans les Alpes (pelouses du Vercors) qu’en Provence (craux). De même, leurs trajectoires historiques (utilisations anciennes) demeurent comparables avec cependant un décalage marqué dans les processus d’abandons qui y sont plus récents dans le sud. Des différences importantes s’observent bien évidemment dans leurs compositions spécifiques (faune, flore) mais aussi dans la dynamique de la végétation qui apparaît plus lente dans le sud en liaison avec le déficit hydrique estival, typique du climat méditerranéen. Enfin, ce sont surtout les surfaces, les contextes paysagers et socio-économiques actuels qui diffèrent fortement. En Haute-Normandie, les pelouses calcicoles constituent un archipel d’îles continentales de petites tailles (10 - 500 ha) plus ou moins abandonnées de toutes utilisations agricoles et isolées dans des matrices paysagères intensivement cultivées (Pays de Caux), urbanisées (Vallée de Seine) ou en déprise agricole (Pays de Bray). A l’inverse, dans le sud, les causses et craux constituent des espaces de grandes tailles (1 000 ha – 10 000 ha), faisant encore l’objet d’utilisations agricoles (pâturage ovin de parcours, arboricultures, sylvicultures, etc.) avec une présence humaine dépendant directement de la pérennité de ces utilisations (éleveurs, bergers, etc.). Souvent ces espaces de grandes tailles apparaissent relativement homogène au niveau paysager et constituent en eux-mêmes des terroirs isolés tant écologiquement (peu de corridors entre eux) qu’humainement (relative autarcie des populations locales). Finalement, cette mobilité qui pouvait se présenter comme un handicap en liaison avec les spécificités écologiques des écosystèmes méditerranéens terrestres, s’avéra être un atout pour des recherches sur la gestion conservatoire des pelouses sèches. Elle permit d’avoir une gamme d’échantillons plus vaste de sites dans des contextes socio-économiques variés. De même, cette augmentation de l’espace échantillonné s’accompagna d’une augmentation de la fenêtre temporelle, permettant notamment d’étudier des écosystèmes (cultures en terrasses, vignobles, etc.) et des pratiques (pâturage de parcours, vaine pâture, etc.) disparues en HauteNormandie depuis la fin du 19e siècle. 2 * Afin de faciliter la lecture du document, les points importants figurent en caractères renforcés et les applications en italiques. En petits caractères ont été présentés les publications non indexées, enseignements, sites d’études et matériels et méthodes. Seule la bibliographie majeure est indexée, de nombreuses références sont disponibles avec les articles présentés dans le second volume. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 22 2.11 Recherches initiales 1991-1995 Les objectifs initiaux des travaux menés dans le cadre de mes recherches doctorales étaient l’étude de l’impact des perturbations sur l’organisation des communautés végétales herbacées. Ces recherches s’inséraient dans la problématique globale du laboratoire d’écologie de l’Université de Rouen alors dirigé par le Professeur Pierre-Noël Frileux dont deux axes de recherches se sont développés sous l’impulsion du Professeur Didier Alard à partir de 1990 : (1) l’évolution des phytocénoses prairiales dans des référentiels écologiques et spatio-temporels variés et (2) les conséquences des mutations agricoles sur le patrimoine naturel au sein des écosystèmes prairiaux (Alard, 1998). Mes travaux se sont alors orientés selon ces deux axes pour un modèle écologique particulier : les pelouses calcicoles. Ces écosystèmes semi-naturels constituent en effet des points chauds de biodiversité dans des matrices paysagères pauci-spécifiques (zones urbaines, cultures intensives, etc.). Jadis, exploitées traditionnellement pour l’agriculture (cultures, pâturage), elles ont été abandonnées depuis le début du 20e siècle avec pour conséquence une dynamique spontanée de boisement. Les recherches ont été effectuées avec des méthodes relevant de l’écologie du paysage (Burel & Baudry, 2000) pour suivre différents compartiments de l’écosystème (phytocénoses, entomocénoses) dans des référentiels spatiaux (de 1 m² à 500 ha) et temporels (quelques mois à plusieurs siècles) variés. Ces recherches ont été soutenues financièrement par deux appels d’offres du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement (MATE) coordonnés par le Professeur Didier Alard (1) Dynamique de la Biodiversité et Gestion de l’Espace, avec un contrat sur les « Facteurs de contrôle de la biodiversité des pelouses calcaires de Normandie au cours d’une dynamique successionnelle post-culturale » (1994-1997) et (2) Recréer la Nature, avec un contrat sur le « Déterminisme et la restauration de la biodiversité des écosystèmes calcicoles dans le nord de la France (HauteNormandie, Lorraine) » (1996-2000). 2.12 Recherches développées 1996-2001 Après ma nomination à l’Université de Provence dans le Laboratoire de Biosystématique et Ecologie Méditerranéenne (Pr. Gilles Bonin) puis au sein de l’équipe d’Ecologie du Paysage et de Biologie de la Conservation (Pr. Thierry Tatoni), dans la continuité des objectifs fixés lors des recherches doctorales, les travaux ont cependant été menés à partir de 1996 sur des pelouses sèches comprenant plus ou moins des éléments de la flore méditerranéenne. Parmi, ces sites, figurent un archipel de pelouses calcicoles de petites tailles à l’étage montagnard (pelouses du Vercors), deux grands ensembles dont un situé sur un plateau calcaire (Causse Méjean) et une steppe méditerranéenne (la Crau). Ces recherches ont pu être poursuivies grâce au soutien financier du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement dans le cadre de trois programmes de recherches (1) Espaces Protégés, avec un contrat portant sur la « Fragmentation, la complémentarité et la fonctionnalité des espaces protégés : conservation des espaces et des espèces en Crau » (2000-2002) dont j’assure la coordination, (2) Agriculture et Biodiversité avec un contrat portant sur le « Pastoralisme et la biodiversité en région méditerranéenne : Impact du pâturage itinérant sur l’organisation de la biodiversité et les flux biologiques au niveau du paysage » (2000-2003) dont la coordination est assurée par le Professeur Thierry Tatoni et (3) Biodiversité avec un contrat portant sur « Dynamique de la biodiversité, formes de connaissances et impact des pratiques sociales » dont la coordination est assurée par le Professeur Thierry Tatoni et le docteur Chantal Aspe. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 23 Les recherches menées dans un premier temps sur les pelouses calcicoles de HauteNormandie avaient démontré l’importance des utilisations agricoles anciennes dans la composition floristique et l’évolution de la végétation actuelle notamment au niveau de la présence d’espèces adventices des anciennes cultures (messicoles calcaires). A ce niveau, le fait de travailler avec les mêmes objectifs mais sur des pelouses sèches du sud de la France, montre toute sa pertinence. En effet, si les cultures sur coteaux calcaires ont disparu en HauteNormandie depuis le début du 20e siècle (Dutoit, 1997), elles sont encore largement présentes et pratiquées traditionnellement dans le territoire du Parc naturel régional du Luberon (Dutoit et al., 1999). Ainsi, un certain nombre d’expérimentations visant à mieux comprendre la mise en place et la persistance de ces communautés ont pu être réalisées grâce au soutien du Bureau des Ressources Génétiques (BRG) dans le cadre du programme Recherches Méthodologiques pour l’Amélioration des Processus de Gestion et de Conservation des Ressources Génétiques Animales, Végétales et Microbiennes avec un contrat portant sur la « Dynamique des populations des espèces messicoles au sein des agro-écosystèmes du Parc naturel régional du Luberon : implications pour la conservation des espèces menacées. » (1999-2001) coordonné par le docteur Laurence Affre et moi-même. Au delà de la production scientifique qui en découle, ces deux programmes ont permis la constitution d' une petite équipe de recherches avec la collaboration de deux étudiants ème aujourd’hui en 3 année de thèse (Eric Gerbaud et Elise Trivelly), l’encadrement de trois étudiants en DEA « Biosciences de l’Environnement et Santé » (Elise Buisson, Eric Gerbaud, Laurent Tatin), et dans le cadre d’une collaboration internationale avec le département de conservation de la nature de l’Université de Regensburg en Allemagne (Pr. Peter Poschlod), l’encadrement de deux « Masters Thesis » (équivalent DEA de Mathias Jaëger et Christine Roëmermann). 2.2 CADRE CONCEPTUEL 2.21 Objectifs généraux L’écologie est un domaine de la biologie qui peut être distingué par la multiplicité de ses thématiques de recherches (Académie des Sciences, 2000). Mais, qui s’intéresse plus particulièrement à certains niveaux hiérarchiques de l’organisation des systèmes biologiques (populations, communautés). De même, en liaison avec la nature hétérogène de ces objets d’études, tant dans l’espace que dans le temps, elle apparaît plus comme une science de synthèse qu’une science analytique. Comme de nombreuses autres disciplines scientifiques, il existe une absence flagrante de modèles permettant de cadrer les travaux des écologues. Si quelques théories existent (biogéographie insulaire, niche dé régénération, loterie compétitive, etc.), celles-ci ne font pas l’unanimité et les résultats expérimentaux ne confirment pas toujours les modèles élaborés. S’il en est ainsi en écologie fondamentale, il en va de même en biologie de la conservation. Les gestionnaires d’espaces ou d’espèces sont en effet actuellement confrontés à l’absence de modèles applicables à leurs cas concrets de gestion d’espaces naturels et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. De plus, cette absence de modèle théorique se retrouve non seulement au niveau des méthodologies à mettre en place mais aussi et surtout dans la définition de ces objectifs (Maizeret & Olivier, 1996). De nombreux écrits existent en matière de définition des objectifs de gestion conservatoire des espaces naturels avec l’apparition de courants de pensée opposant les ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 24 tenants du « laisser faire la nature » (Terrasson, 1988,94 ; Carbiener, 1995 ; Génot, 1998) aux tenants de la gestion conservatoire (Lecomte, 1995). En conséquence, les objectifs de ce bilan de 10 années de recherches seront de corréler nos résultats acquis en écologie des perturbations à la gestion conservatoire des écosystèmes semi-naturels de pelouses sèches en France. Ces travaux et leurs applications ne peuvent cependant être proposés sans rappeler dans un premier temps les principaux résultats obtenus en écologie fondamentale sur les perturbations, leurs impacts sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes mais aussi, sur les concepts, objectifs et méthodes en biologie de la conservation (Meffe & Carrol, 1994 ; Noss, 1999). Dans un second temps, après avoir expliqué les raisons du choix des sites de pelouses sèches comme modèle d’étude, nous présenterons les principales méthodologies mises en place, les principaux résultats obtenus et leurs applications en biologie de la conservation. Ensuite, dans une troisième partie, les perspectives de prolongation des recherches seront évoquées aux niveaux fondamentaux, méthodologiques et appliqués. La conclusion abordera enfin les résultats d’une recherche originale sur la perception de nos travaux par les populations humaines fréquentant les sites de pelouses sèches. 2.22 Ecologie des perturbations Une perturbation peut être définie comme « tout événement, relativement discret dans le temps, désorganisant la structure de l’écosystème, de la communauté, ou de la population, modifiant les ressources, la disponibilité du substrat ou l’environnement physique » (White & Pickett, 1985). Les systèmes écologiques subissent tout un ensemble de perturbations à différentes échelles spatio-temporelles, cet ensemble est alors appelé « régime de perturbations ». Il est caractérisé par la nature des perturbations et leurs fréquences spatiotemporelles. Chacune de ces composantes agit de manière distincte sur les communautés et les populations. L’effet des perturbations peut aussi varier en fonction de leur date d’occurrence, de leur localisation, de leur prévisibilité et aussi de l’histoire locale et régionale des perturbations. Rykiel (1985) différencie ainsi les perturbations dites « endogènes » qui font partie du fonctionnement considéré comme habituel d’un écosystème (pâturage dans une prairie) de celles « exogènes » qui sont imposées depuis l’extérieur du système (labour d’une prairie). Des précisions restent cependant à apporter par rapport aux échelles de temps et d’espaces dans lesquelles, elles s’exercent (Lavorel, 2000). En effet, comprendre la dynamique de la coexistence des espèces demande d’analyser les effets des perturbations à plusieurs niveaux d’organisation emboîtés. Ces perturbations peuvent être naturelles ou anthropiques, mais leur nature est fondamentalement hiérarchique, en ce sens qu’une perturbation peut affecter un niveau d’organisation (population, communauté ou paysage) et ne pas affecter les autres (Tatoni, 2000). Il est donc difficile de considérer la perturbation comme une variable simple. Il convient de considérer sa nature, son intensité, sa fréquence, son étendue spatiale et temporelle, ainsi que le ou les niveaux d’organisation du vivant qu’elle est susceptible d’affecter, avant de vouloir définir des hypothèses et des modèles sur les relations entre perturbations et biodiversité. L’une des hypothèses les plus fréquemment citée sur les relations entre les perturbations et la richesse spécifique est celle de Connell & Slatyer (1977), l'hypothèse de la perturbation modérée ("intermediate disturbance hypothesis"). La diversité est maximisée par des régimes de perturbations permettant des compromis entre capacités de colonisation et ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 25 de compétition des espèces. Ce niveau de perturbation intermédiaire peut concerner n’importe quelle composante du régime : intensité, taille et fréquence. Ce niveau reste cependant difficile à déterminer pour une communauté particulière et Huston (1979) précise que cette hypothèse ne peut être dissociée de la disponibilité trophique au sein du biotope et propose un modèle intégrateur qu' il a nommé modèle de l'équilibre dynamique ("Dynamic equilibrium model"). Ce modèle intègre le modèle de Connell & Slatyer et le modèle de productivité intermédiaire de Grime (1979). Ce modèle est particulièrement adapté à la prise en compte simultanée des deux grandes catégories de facteurs écologiques structurant les communautés et les paysages : les ressources trophiques et les perturbations. D’autres théories, tenant compte des modalités du régime de perturbations (fréquence, nature, taille, date, etc.) ont été proposées comme la théorie de la niche de régénération (Grubb, 1977) où les perturbations maintiennent la diversité parce que différents types de perturbations, leur localisation et les conditions durant la régénération, favorisent les espèces ayant des caractéristiques biologiques différentes pour l’installation d’une nouvelle génération. Enfin, la théorie clé-serrure (Gigon & Leuterd, 1996) et la théorie de la loterie compétitive (Chesson & Warner, 1981) encore appelée théorie du carrousel (Van der Maarel & Sykes, 1993) considèrent les perturbations comme un facteur de variabilité spatiotemporelle de l’environnement. Elles démontrent comment l’alternance stochastique de conditions différentielles favorables aux espèces peut mener à une co-existence stable d’espèces ayant des niches de régénération différentes à condition, qu’il y ait un avantage démographique aux populations à faible densité. Dans nos travaux, nous n’avons pas chercher à étayer une théorie par rapport à une autre, celles-ci servent plutôt de cadre pour l’interprétation des résultats et leurs applications en biologie de la conservation. La validation expérimentale des théories présentées en matière de rôles de la biodiversité et de ses liens avec les régimes de perturbations, nécessiterait des protocoles expérimentaux spécifiques qui n’ont pas été mis en œuvre au cours de nos recherches passées. 2.23 La biologie de la conservation La biologie de la conservation a émergé en tant que discipline scientifique vers la fin des années 1960. Elle se distingue de la protection de la nature traditionnelle dont les racines remontent au milieu du 18e siècle. La protection de la nature consiste essentiellement en la mise en place de moyens réglementaires pour soustraire des espaces et espèces à l’emprise de l’homme tandis que la biologie de la conservation se fonde sur une base scientifique pour déterminer les actions de conservation à entreprendre et à appliquer dans des situations concrètes (Blondel, 1995a). Deux courants de recherches peuvent être distingués en biologie de la conservation (1) celui qui s’intéresse à la conservation d’espèces particulières, de populations locales, de communautés ou d’espaces, il s’appuie surtout sur leur biologie pour intervenir et (2) celui qui considère les organismes comme des acteurs des processus, voire comme des abstractions, et le raisonnement se fait en termes de fonctionnement global de l’écosystème (approche écosystémique). De même, au sein de la biologie de la conservation, deux niveaux doivent être distingués, celui qui s’intéresse à la conservation des gènes et espèces ex situ (jardins botaniques, zoos, etc.) et celui de la conservation des gènes, espèces, populations et ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 26 communautés au sein d’habitats fonctionnels in situ (écosystèmes, écocomplexes). Ce dernier aspect correspond aux objectifs de la gestion conservatoire et de la restauration écologique des écosystèmes (Spellerberg et al., 1991 ; Sutherland & Hill, 1995 ; Boyce & Haney, 1997 ; Grumbine, 1997). Si les méthodes de la biologie de la conservation sont du domaine des sciences dures avec une large place pour la biologie, il n’en va pas de même pour la définition des objectifs qui dépendent peut-être beaucoup plus largement des sciences de l’homme car les référentiels sont alors d’ordre sociologique (Larrère & Larrère,1997 a,b) . La biologie de la conservation est donc par nécessité interdisciplinaire et elle doit prendre en considération les multiples usages et perceptions de la diversité biologique par les sociétés humaines. La biologie de la conservation ne peut ainsi éluder la question des choix puisque les enjeux débordent la simple sphère scientifique. C’est pourquoi, nous nous sommes également intéressés dans nos travaux (Elise Trivelly in prep) aux perceptions et valeurs attribuées aux espaces de pelouses sèches. Trois grands objectifs de conservation peuvent actuellement être identifiés au sein de la gestion conservatoire des espaces naturels (Carbiener, 1998) : 2.231 La diversité biologique Encore appelée biodiversité depuis la conférence de Rio en 1992, celle-ci doit être appréhendée à partir de sa définition plurielle (Wilson, 1988) qui est « la variété des espèces vivantes qui peuplent la biosphère ». Elle doit être considérée à différents niveaux de perception de l’organisation des êtres vivants, emboîtés les uns dans les autres, des gènes à la biosphère. Elle comprend donc, la diversité génétique, mesurée à l’échelle de l’espèce ; la diversité spécifique encore appelée richesse spécifique car elle somme la quantité d’espèces au sein d’une communauté ou plus usuellement par rapport à une surface donnée ; la diversité des communautés, qui représente la somme des communautés ou habitats qui les définissent au sein d’un écosystème et enfin la diversité des écosystèmes eux-mêmes qui permet d’identifier les structures d’organisation des écosystèmes au sein de paysages encore appelés écocomplexes. L’importance écologique de la diversité biologique est actuellement un objectif majeur de la recherche en écologie (Schwartz et al., 2000). Cependant, si certaines expérimentations ont démontré les avantages d’un haut niveau de biodiversité sur le fonctionnement des écosystèmes, d’autres travaux récents démontrent que les processus fonctionnels des écosystèmes (cycle des nutriments, flux énergétiques) sont plus déterminés par les caractéristiques morphologiques et physiologiques des organismes qui les composent plutôt que par leur nombre (Samson & Knopf, 1996). L’identification d’espèces clés de voûte des écosystèmes et d’espèces redondantes par rapport à la fonctionnalité montrent que la recherche d’un haut niveau de biodiversité (richesse spécifique forte) n’est plus une fin en soi (Grime, 1997). A la diversité ou richesse maximale des écosystèmes, doit donc venir se surimposer la notion d’espèces à forte valeur patrimoniale. Cette notion peut alors être traduite en terme d’espèce rare vis-à-vis de la distribution des taxons ou d’espèce clé vis-àvis du ou des rôles de l’espèce dans l’écosystème (Schutze & Mooney, 1994). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 27 2.232 La naturalité La naturalité ou « Wilderness » des anglophones est une notion qui ne peut être appréhendée par des biologistes, elle demeure un objet d’études de la sociologie de l’environnement car elle fait appel à des référentiels culturels et socio-économiques (Larrère & Larrère, 1997 a,b). Une plus grande naturalité s’observerait dans les écosystèmes où l’intervention de l’homme est la plus réduite. Cependant, pour les écosystèmes semi-naturels d’Europe occidentale, cette notion paraît difficilement applicable car souvent, c’est à l’échelle des paysages et des siècles que s’inscrit l’action de l’homme (Rackham, 1986). Les espaces naturels ou plutôt semi-naturels (pelouses sèches, bocages, prairies de fauche, etc.) sont alors chargés de valeurs culturelles et ils constituent un véritable patrimoine historique qui témoigne d’une relation homme/nature particulière (Larrère, 1993). C’est cette relation que les gestionnaires cherchent à conserver plutôt que des écosystèmes dits primaires dont l’existence en Europe en ce début de 3e millénaire est plus qu’hypothétique (Dutoit, 1996b). De même, la restauration de ces écosystèmes primaires dans leur échelle de fonctionnalité (biome) semble aujourd’hui utopique dans une Europe qui compte 375 millions d’habitants et où les écosystèmes ont subit plusieurs millénaires de perturbations anthropiques ou anthropozoogènes. 2.233 La fonctionnalité Le respect du principe de fonctionnalité implique la conservation des caractéristiques physiques et chimiques influençant les paramètres des écosystèmes. De ces caractéristiques, dépendent les capacités de renouvellement des habitats, des communautés et populations qu’ils abritent. Le principe de fonctionnalité est d’une part indissociable de l’échelle spatiale, qui renvoie à la notion de surface minimum d’un espace protégé. Cette surface peut être définie comme la surface en dessous de laquelle il n’est pas possible d’assurer la fonctionnalité de l’écosystème que l’on souhaite conserver (Blondel, 1995a). D’autre part, ce principe doit être relié avec celui des rôles de la biodiversité. Pendant longtemps, il a été admis que la biodiversité contribuait de manière positive au fonctionnement des écosystèmes (Schultze & Mooney, 1994). Une diversité plus élevée permettrait ainsi une meilleure utilisation des ressources abiotiques en particulier grâce à la complémentarité entre les taxons ou génotypes dans la manière dont ils exploitent les ressources, ce qui impliquerait une productivité primaire plus élevée (Tilman, 1988, 1996). Une diversité élevée contribuerait aussi à garantir une plus grande stabilité face aux variations habituelles ou catastrophiques de l’écosystème (Pimm, 1991). A l’inverse, selon Grime (1974) la compétition est maximale dans les habitats fertiles où les espèces à forte croissance (aérienne et souterraine) et de grande taille ou à forte expansion latérale, sont capables de réduire la lumière et les ressources à un niveau permettant l’exclusion de nombreuses espèces. Quatre hypothèses ont été proposées pour résumer les relations entre biodiversité et fonctionnalité des écosytèmes (Lavorel, 2000 pour revue) : - L’hypothèse du rivet ou d’additivité où chaque taxon joue un rôle unique si bien que l’intensité de la fonction augmente linéairement avec le nombre d’espèces présentes. - L’hypothèse de redondance où à partir d’un certain nombre de taxons (seuil à définir), les taxons supplémentaires occupent une fonction déjà représentée dans la communauté. Il y a donc saturation de la réponse à l’intensité du processus. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 28 - L’hypothèse d’assurance où il y aura des taxons capables d’assurer le fonctionnement de l’écosystème en cas de perturbations. - L’hypothèse idiosyncratique où les effets des taxons sont purement individuels avec pour conséquence une augmentation ou une diminution imprévisible du fonctionnement de l’écosystème en fonction de l’accumulation ou de la suppression de certains taxons. Enfin la notion de fonctionnalité de l’écosystème ne peut se départir d’une vision anthropocentrique très présente en matière d’aménagement du territoire. Cette recherche des fonctions positives des écosystèmes doit en effet être, tout comme la notion de naturalité, tempérée par les référentiels culturels et socio-économiques des acteurs de l’aménagement. Chaque groupe sociologique peut ainsi y voir la fonctionnalité qui l’intéresse (Wintz, 1992). 2.24. La gestion conservatoire et l’écologie de la restauration Schématiquement, jusqu’au début des années 1960, conserver la nature revenait essentiellement à créer des parcs et réserves pour préserver des morceaux de nature aujourd’hui qualifiée d’extraordinaire. Cette stratégie s’est toutefois révélée insuffisante pour pallier les effets de la fragmentation, de l’isolement et de l’évolution spontanée des écosystèmes à préserver (voir l’exemple de l’île de Barro Colorado in Blondel, 1995b). En conséquence, à partir des années 1960, sont apparus de véritables opérations de restauration écologique des écosystèmes dont l’aboutissement est l’apparition d’une écologie de la restauration au sein de la biologie de la conservation (Barnaud, 1995). La gestion conservatoire des écosystèmes généralement mise en place dans les parcs, réserves et conservatoires fait intégralement partie de l’écologie de la restauration lorsqu’il s’agit d’opérations menées in situ quelles que soient leurs intensités (Young, 2000). Au contraire, les opérations menées par les muséums et conservatoires botaniques pour la conservation d’espèces ex situ (banque de gènes , index seminum, collections botaniques, etc.) relèvent plus de la biologie de la conservation jusqu’au moment où les espèces conservées sont introduites ou réintroduites dans leurs habitats (With, 1997). Depuis longtemps, l’homme s’est préoccupé de restauration écologique. Ainsi dès l’Empire Romain, certains empereurs ont pris des mesures actives de conservation et restauration de la forêt méditerranéenne. Plus proche de nous, à la fin du 19e siècle, les montagnes ont fait l’objet de plantations à des fins de lutte contre l’érosion et inondations dans les vallées. Cette politique appelée « Restauration des Terrains en Montagne » a cependant créé un véritable traumatisme dans les populations locales car aucun travail de perception de ces espaces et de communication n’avait été fait préalablement. Aujourd’hui la terminologie en matière de restauration écologique est précisée (Aronson et al., 1993 ; Le Floc’h & Aronson, 1995), la restauration sensu stricto est la transformation intentionnelle d’un milieu pour y rétablir l’écosystème considéré comme indigène et historique. Le but de cette intervention est de revenir à la structure, la diversité et la dynamique de cet écosystème. Cette opération est donc relativement peu exigeante en moyens et en temps. Elle n’est cependant applicable que si l’écosystème a conservé une certaine capacité à se restaurer suite à une perturbation, autrement dit, s’il subsiste un niveau de résilience. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 29 Au sein, des opérations de restauration peut être distingué l’ensemble des interventions qui consistent simplement en un rajeunissement de la trajectoire de la succession végétale qui se met en place après abandon des pratiques agricoles traditionnelles (ARTICLE 12). Lorsque la colonisation par des ligneux est trop importante (avec développement d’un sol à haut niveau de fertilité impropre à la conservation et à l’installation des espèces tolérantes aux stress), c’est une opération de réhabilitation qui est alors mise en place. La réhabilitation d’un écosystème consiste à lui permettre de retrouver ses fonctions essentielles grâce à une opération forte mais limitée dans le temps. Généralement cette opération doit permettre à l’écosystème de franchir un seuil d’irréversibilité quand la résilience est insuffisante pour qu’il puisse s’auto-restaurer. Enfin, lorsqu’un nouvel écosystème est créé sans relations particulières à un écosystème de référence existant au préalable, il s’agit d’une réaffectation. Nous ferons souvent appel à la terminologie utilisée en écologie de la restauration. De même, au delà des techniques mises en place et de leurs impacts sur les écosystèmes vis-à-vis des principes fondamentaux, nous n’oublierons pas d’intégrer ces opérations de génie écologique dans les contextes socio-économiques différents du nord-ouest et du sud-est de la France. En effet, si les techniques de restauration peuvent s’affranchir plus ou moins de la perception des autres acteurs dans un contexte général d’abandon dans le nord-ouest, il n’en va pas de même dans le sud-est où les opérations de restauration doivent intégrer les autres acteurs dans une démarche de développement durable (Pontanier et al., 1995 ; Urbanska et al., 1997). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 30 2.3 SITES D’ETUDES Le choix des pelouses sèches pour tester des régimes de perturbations appliqués à la gestion conservatoire des écosystèmes semi-naturels est à relier avec (1) leurs valeurs patrimoniales à des niveaux multiples (flore, faune, habitats, etc.), (2) leur distribution sur l’ensemble de l’Europe, (3) leurs surfaces et leurs contextes socio-économiques variés, (4) leurs diverses utilisations humaines passées et leurs abandons progressifs, (5) l’abondance des recherches antérieures. Bien d’autres écosystèmes terrestres auraient pu être choisis pour tester ces perturbations car ils répondent aux critères précédents (tourbières, forêts, pelouses acidiphiles, etc.) cependant il est important de signaler que ces sites ateliers ont été choisis à une époque (1991) où peu de recherches étaient effectuées en France sur ce type d’écosystèmes hormis les recherches des phytosociologues et les travaux de précurseurs comme ceux de Philippe Maubert à la réserve naturelle de la Grand Pierre et de Vitain dans le Loir-et-Cher, depuis les années 1980 (Maubert & Dutoit, 1995 ; Maubert, 1998 ; Maubert, 2000). Cependant, à l’échelle du continent européen, de nombreux travaux, essentiellement en Grande Bretagne et aux Pays-Bas, ont été réalisés sous l' angle de l' étude des successions végétales, des niches écologiques, des compétitions interspécifiques, de la paléoécologie, de l' écologie historique et des stratégies autécologiques (Dutoit & Alard, 1996 pour revue). Les fondements de la biologie de la conservation ont également été construits en partie sur les problématiques conservatoires des pelouses calcicoles. En France, de nombreuses synthèses phytosociologiques ont été approfondies à l' échelle nationale. Au niveau paysager, beaucoup moins de travaux ont été réalisés à l’exception des recherches concernant les relations entre les pratiques agro-pastorales anciennes et l’évolution des paysages (Trivelly et al., 2000) Aujourd’hui, une nette évolution temporelle peut être constatée. Les recherches menées au début du siècle sont essentiellement descriptives (botanique, entomologie) et mettent l' accent sur l' importante richesse biologique de ces écosystèmes. A partir des années 1950, les recherches concernent de plus en plus le domaine de l' écologie fonctionnelle et de nombreuses études d' écophysiologie des espèces calcicoles font leur apparition (relation solplante, mycorhization, synthèse chlorophyllienne, etc.). Au niveau des communautés, si des suivis diachroniques de la végétation ont lieu depuis le début du siècle en Angleterre, la classification hiérarchique des communautés (typologie) est essentiellement le fait de travaux effectués sur le continent (phytosociologie). L’ensemble de ces travaux aboutira à la proposition de modèles pour expliquer la forte richesse spécifique en phanérogames de ces écosystèmes (niche de régénération, carrousel, etc.). De la fin des années 1960 au début des années 1980, des recherches de biologie de la conservation sont essentiellement menées en Angleterre. Les impacts des différentes opérations de gestion conservatoire (fauchage, pâturage, brûlis) sont testés sur divers compartiments de l' écosystème. Aujourd’hui, dans le cadre des recherches menées sur les changements globaux, de nombreux travaux présentent les résultats des conséquences de ces changements sur la richesse spécifique des écosystèmes de pelouses calcicoles (augmentation de la teneur en di-oxyde de carbone, ozone, etc.). Enfin, face à la réduction drastique des surfaces en pelouses calcicoles, des opérations de restauration et de réhabilitation sont en cours notamment à partir de carreaux de carrières en Angleterre, Pays-Bas et Allemagne (Dutoit & Alard, 1996 pour revue). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 31 Dans notre cas, les pelouses calcicoles choisies comme sites ateliers pour les expérimentations ont été échantillonnées en France selon un gradient nord-ouest (HauteNormandie), centre (Causse Méjean) et sud-est (Vercors, Crau) afin d’intégrer au mieux les changements dans les variables écologiques (climat, sol), les trajectoires historiques (type de pâturage, de culture, etc.) et les variables socioculturelles qui définissent aujourd’hui l’utilisation de ces écosystèmes en France (Tableau I). Sites d’études Haute-Normandie Vercors Causse Méjean Crau Sèche 800 881- 1214 851 500 10 7 - 11 8 14 Surfaces (ha) 1 – 400 1 – 500 33 000 11 500 Type de site Archipel collinéen Archipel montagnard Plateau montagnard Plaine collinéenne 40 - 100 Rendosols Brunisols 300 - 1300 Rendosols, Fersiallisols Calcosols 1000 - 1100 Lithosols Fersiallisols Brunisols 5 - 65 Fersiallisols Cultures diverses (céréales) Pâturage divers Cultures diverses (céréales) Pâturage ovin Cultures diverses (céréales, melons) Pâturage ovin Abandon Pâturage divers Abandon Pâturage ovin Enrésinement Surpâturage Vergers intensifs Carrières, industries Pluviométrie (mm) Température moyenne annuelle (°C) Altitude (m) Sols (A.F.E.S., 1995) Utilisations agricoles Cultures diverses anciennes (céréales, vignobles) Pâturage divers Utilisations agricoles actuelles Abandon TABLEAU I. Quelques caractéristiques des sites échantillonnés. 2.31 Les pelouses sèches calcicoles de Haute-Normandie (Dutoit, 1996) Les pelouses sèches calcicoles de Haute-Normandie sont principalement situées dans la vallée de Seine, ses affluents (Eure, Risle, etc.) et les rebords de la cuesta du Pays de Bray en Seine-Maritime. Toutes ces pelouses sont installées sur un substrat composé de craie d’âge Crétacé. Elles sont présentes sur les corniches et falaises calcaires provenant du creusement du fleuve de la Seine et de ses affluents. Le climat de la vallée de Seine est relativement tempéré avec des précipitations annuelles de 800 mm pour une température annuelle moyenne de 10°C. Cependant, ces conditions climatiques peuvent être fortement modifiées par l’orientation et la pente des versants où sont installées les pelouses calcicoles. Les sols abritant ces formations végétales font tous partie de la famille des rendosols (des lithosols des corniches aux brunisols saturés des vallons et thalwegs). Au niveau phytosociologique, les pelouses calcicoles de Haute-Normandie peuvent être rattachées à la classe des Festuco-Brometea, ordre des Brometalia erecti, alliances du Mesobromion et du Xerobromion. Les principales associations rencontrées sont le Pulsatillo-Seslerietum sur les falaises bien exposées de la vallée de Seine, le Festuco-Seslerietum, sur les falaises en aval de Rouen ou dans le pays de Bray. En amont de Rouen, dans le département de l’Eure, l’Astragalo-Seslerietum est décrit avec apparition d’espèces plus méridionales. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 32 Les pelouses sèches de Haute-Normandie présentent aujourd’hui des surfaces variables de quelques à plusieurs centaines d’hectares. Elles constituent des reliques d’une végétation secondaire créée par l’homme et entretenue par ses troupeaux pendant des siècles. En dehors de l’activité pastorale, les coteaux calcaires ont également été cultivés pour la vigne, les céréales, les plantes tinctoriales et autres primeurs (petits pois). Cependant toutes ces utilisations ont été abandonnées durant la première partie du 20e siècle avec pour conséquences une dynamique spontanée de la végétation vers le boisement. Depuis le début des années 1990, diverses opérations ont donc été mises en place (mesures agri-environnementales, programme Life, réserve naturelle volontaire, contrats territoriaux d’exploitation, etc.) pour conserver ces formations végétales et leurs richesses floristiques et faunistiques. 2.32 Les pelouses sèches calcicoles du Vercors Méridional (Barbaro, 1999) Les pelouses sèches calcicoles échantillonnées sont présentes aux étages collinéen et submontagnard du Vercors (de 300 à 1300 m) qui est un massif préalpin calcaire occupant une position charnière entre les Préalpes du Nord et les Préalpes du Sud. La transition climatique vers le climat subméditerranéen est particulièrement rapide dans sa partie sud-ouest. Les précipitations moyennes annuelles sont donc très contrastées, variant de 1214 mm et 7°C à Villard-de-Lans (1040 m), au nord du plateau, à 881 mm et 11°C à Die (400 m), au sud du massif, dans la vallée de la Drôme. Deux grands types de sol se rencontrent dans cette zone d’étude. Les sols de plateau en relief karstique sont des lithosols sur calcaire dur et des fersiallisols dans les dolines et fissures de la roche. Les sols de versants, en relief collinaire, sont des rendosols ou des calcosols sur grèze colluviale ou calcaires marneux. L’appartenance phytosociologique des pelouses sèches calcicoles du Vercors est complexe en raison de la transition bioclimatique. Les pelouses xérophiles et mésoxérophiles à affinités méditerranéennes se rattachent aux associations de l’Ononido-Carlinetum et de l’Argylobio-Aphyllantetum. Celles à affinités montagnardes aux alliances du Seslerio-Xerobromion et du Teucrio-Mesobromion, tandis que les pelouses mésophiles et mésoacidiphiles appartiennent aux alliances du Mesobromion, de l’Alchilleo-Cynosurion et du Thymo-Cynosurion. Dans le Vercors, les pelouses, landes et fruticées collinéennes sont utilisées pour l’élevage ovin et caprin depuis le Moyen Âge. La déprise agricole y a pris de l’ampleur dans les années 1950-1960 avec pour conséquence, la mise en place de mesures agri-environnementales de 1991 à 1996 dont les objectifs sont le maintien de la richesse floristique et faunistique des pelouses sèches calcicoles par des pratiques agro-pastorales extensives. 2.33 Les pelouses sèches calcicoles du Causse Méjean (Tatin, 1998) Le Causse Méjean fait partie des grands causses de Lozère (300 000 ha) dans le sud du Massif Central. D’une surface de 33 000 hectares, il est constitué d’un plateau (1000 – 1200 m). Ce causse se rattache au MontAigoual par le Col du Perjuret, partout ailleurs il est délimité par des falaises vertigineuses de 400 à 500 mètres de profondeur. A l’est, il est délimité par le Tarnon vis-à-vis des Cévennes. Au nord-ouest et à l’ouest, il finit brusquement sur le canyon du Tarn, en face des parois du Causse de Sauveterre. Au sud, les gorges de la Jonte le séparent du Causse Noir. Notre site d’étude, le hameau du Villaret, reçoit en moyenne 851 mm de précipitations annuelles et connaît 120 à 128 jours de gelées par an. Le climat peut y être caractérisé par un long hiver rigoureux avec 7 mois ou la température moyenne est inférieure à 10°C. A la surface du plateau, affleurent exclusivement les divers étages calcaires dolomitiques du Jurassique supérieur (Kimmeridgien, Portlandien). Les sols appartiennent tous à la famille des rendosols, des lithosols sur versants escarpés aux brunisols saturés des dolines. Les vastes pelouses pâturées du Causse Méjean peuvent toutes être rattachées à la classe phytosociologique des Ononido-rosmarinetea avec trois associations principales le Stipo-Ononidetum striatae, l’Astero-Anthylledetum montanae et le Sesleria-Phyteumetum . Le pâturage de la végétation des causses semble exister depuis le Chalcolithique avec la culture en céréales des dolines, pratique qui perdurent encore de nos jours. Les pelouses du Villaret (287 ha) ont été utilisées comme parcours transhumant par un troupeau de 800 brebis entre 1971 et 1991 entre mi-juin et finnovembre. En 1993, des chevaux de Przewalski ont été introduits sur 200 ha. Le reste (87 ha) constitue un enclos témoin pâturé sporadiquement en bordure par un troupeau d’ovins de 240 moutons lors des déplacements entre deux zones de parcours. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 33 2.34 La steppe de Crau (Römermann, 2000) Dans le département des Bouches-du-Rhône, la Crau est une vaste plaine de plus de 60 km² délimitée par la chaîne des Alpilles au Nord, et située entre les villes de Salon-de-Provence à l’Est, Fos-sur-Mer au Sud et Arles à l’Ouest. Elle correspond à un ancien cône de déjection de la rivière Durance ayant fonctionné au cours du Pléistocène. Le climat en Crau est de type méditerranéen caractérisé par une période estivale chaude et sèche avec un ensoleillement important (3 000 heures ) et un hiver relativement doux. Les précipitations annuelles moyennes sont de l’ordre de 500 mm pour une température annuelle moyenne de 14°C. Les vents sont relativement importants avec une dominance du mistral qui souffle en moyenne 110 jours par an avec des vitesses comprises entre 50 et 150 km/h ! Les sols appartiennent à la famille des fersiallisols, ils présentent en outre une forte charge en éléments grossiers (galets) dont le recouvrement peut atteindre 52% de la surface du sol. A 40 cm de profondeur, ces galets sont soudés par une matrice de carbonate de calcium (poudingue ou « Taparras » en provençal) dont le caractère imperméable empêche toutes pénétrations des racines jusqu’à la nappe phréatique pourtant seulement située à une dizaine de mètres de profondeur. La végétation de la plaine de Crau est unique, parfois qualifiée comme la seule steppe d’Europe occidentale, l’association végétale qui la caractérise est l’Asphodeletum-fistulosi qui doit être rattachée au TheroBrachypodion. Ces pelouses sèches sont également appelées localement « coussous » ou « coussouls » dont l’étymologie est à rattacher avec le terme de parcours. Les formations végétales des coussous de la Crau ont été façonnées par le pâturage ovin itinérant depuis plus de trois millénaires et l’absence de colonisation arborée spontanée doit plus être reliée à cette exploitation qu’aux conditions climatiques locales. Jadis considérée comme un désert, la Crau a connu de multiples aménagements, de l’irrigation grâce aux eaux de la Durance (Canal de Craponne ) depuis le milieu du 16e siècle aux vergers intensifs installés dans les années 1980, sans oublier les multiples installations militaro-industrielles (Aéroport de Miramas, stockage de munitions, décharge d’Entressens, raffinerie de Fos, etc.). En conséquence, seul 1/5 (11 500 ha) de la surface originelle des coussous persiste encore aujourd’hui. Bien que le nombre de troupeaux ait baissé depuis le début du 20e siècle, la réduction plus rapide des surfaces de coussous entraîne cependant un surpâturage de ces formations herbacées. En conclusion, la description des différents sites fait bien évidemment apparaître un gradient climatique entre les sites du nord-ouest et du sud-est de la France. Mais des différences apparaissent également dans leurs formes et leurs tailles. Les sites de pelouses sèches peuvent se présenter sous la forme d’archipels d’îles continentales de petites tailles isolées dans des matrices paysagères peu favorables aux connexions fonctionnelles comme pour les pelouses calcicoles de Haute-Normandie (agriculture intensive, urbanisation) ou du Vercors (déprise rurale, boisement). Les autres sites se présentent au contraire sous la forme de grands ensembles en plaine (la Crau) ou en montagne (Causse Méjean). Si tous les sites ont fait l’objet d’exploitations agricoles traditionnelles (cultures, pâturage), celles-ci sont cependant abandonnées depuis plus longtemps dans les sites du nord-ouest de la France (Haute-Normandie). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 34 2.4 MATERIELS ET METHODES Le principe de l’échantillonnage des écosystèmes de pelouses sèches a été de tester les impacts de différentes perturbations anthropiques (fauchage, pâturage, labours, etc.) sur différents compartiments de la biocénose (phytocénose, entomocénose épigée et hypogée). Comme les recherches en écologie du paysage ont clairement démontré une organisation hiérarchique des systèmes biologiques (population, communautés, écosystèmes, écocomplexes), les impacts des perturbations anthropiques ont été testés à différentes échelles de perception dans le temps comme dans l’espace. Les objectifs de cet échantillonnage à des niveaux et échelles différents ont été de dégager les propriétés émergentes qui apparaissent lors de changements de niveaux d’organisations pour les organismes et systèmes biologiques (Auger et al., 1992). Ci-dessous figurent les principales techniques employées, des échelles d’approches les plus grandes aux plus petites (TABLEAU II). De plus, comme la biologie de la conservation cherche à créer des systèmes de gestion durable, des recherches ont été menées sur la durabilité des systèmes de gestion mis en place par les gestionnaires d’espaces naturels (analyses minérales d’herbages). Sites d’études Haute-Normandie Vercors Causse Méjean Crau sèche Phytocénoses Relevés phytosociologiques Points –contacts Points - contacts Quadrats Points - contacts Quadrats Volume unité 327 cm3 Parcelle : 6540 cm3 Non Non Volume unité 1250 cm3 Parcelle : 12500 cm3 Macrofaune Méthode TSBF Non Non Non Orthoptères Non 200 ans 3 ans 1 an Non Biocénomètre Non 6 ans 2 mois 50 ans Parcelle agricole 1 m (2 cm) 0,0625 m² 10 m (20 cm) 1 m (10 cm) 4 m² (25 x 25 cm²) Variable 2m 1,875 m² 30 m 10 m 40 m² Banque de graines Fenêtre temporelle Unité spatiale d’échantillonnage Surface échantillonnée par parcelle et par traitement TABLEAU II. Principales méthodes d’échantillonnage mises en œuvre. 2.41 Ecologie historique ou géographie historique Afin d’appréhender la rémanence des perturbations anthropiques et la résilience des écosystèmes de pelouses calcicoles, des recherches en écologie historique ont été menées afin de corréler les pratiques agricoles anciennes à la richesse et à la diversité de la végétation actuelle. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 35 Ces recherches consistent à retrouver des informations sur les pratiques agricoles anciennes par l’intermédiaire de documents écrits (archives, peintures, gravures, cartes postales, cartes d’états majors, photographies aériennes, etc.) renseignant au maximum sur les types d’utilisations anciennes. Dans le même temps, des investigations sont menées sur le terrain (relevés floristiques, analyses de sols, géomorphologie, ethnobotanique, etc.). Ces informations sont ensuite croisées afin de dégager des corrélations entre types et modalités de l’exploitation passée avec la composition, la structure et la dynamique de la végétation actuelle (Russel, 1997). Les limites de telles investigations sont inhérentes à l’existence de documents anciens suffisamment précis. Ainsi ces recherches sont en majorité fructueuses pour le nouveau régime (après 1789) et couvrent surtout le 19e et 20e siècle. Pour les siècles antérieurs, la documentation est trop fragmentaire et difficilement exploitable par un non spécialiste (ancien français, langue latine). Pour les périodes antiques et préhistoriques, les résultats des recherches en archéologie, palynologie et pédo-anthracologie peuvent apporter certains éléments. Ce type de recherche a était essentiellement mené sur les pelouses calcicoles de HauteNormandie (Dutoit et al., 1994 ; Dutoit, 1997) et la Crau (Römermann, 2000) 2.42 Phytocénoses et banques de graines Pour évaluer l’impact des différentes perturbations anthropiques sur la végétation, l’échantillonnage des phytocénoses a été réalisé selon plusieurs techniques en fonction des objectifs des expérimentations (Sutherland, 1996). - La méthode des relevés phytosociologiques a été utilisée pour corréler le type de végétation rencontrée aux perturbations anciennes (- 200 ans) sur le site de Saint-Adrien en Seine-Maritime (ARTICLE 2). - La méthode des points-contacts a été utilisée pour suivre sur 3 années des changements fins dans la richesse et la structure des phytocénoses soumises à des perturbations différentes (fauchage, labours) sur quatre sites de pelouses calcicoles en Haute-Normandie (Saint-Samson-de-la-Roque, lieu-dit Bruyères et Phare ; Saint-Adrien & Orival) (ARTICLE 6) et dans 102 stations de pelouses calcicoles du Vercors pour discriminer les principaux facteurs responsables de leur diversité spécifique (ARTICLE 9 & 15). De même cette méthode a été adaptée (9 catégories de morphologie végétale) afin d’évaluer les changements de structure des pelouses du Causse Méjean par rapport à l’impact du pâturage équin pour une période d’échantillonnage (août 1998) impropre à la détermination de la plupart des espèces (ARTICLE 13). - Afin de pouvoir généraliser les résultats de travaux réalisés dans des sites fortement différenciés au niveau climatique et édaphologique avec une flore caractéristique, nous avons fait appel à l’utilisation de groupes fonctionnels à partir de la mesure de traits biologiques ou écophysiologiques des différentes espèces rencontrées (ARTICLE 15) (Lavorel et al., 1997 pour revue). Devant le peu d’information disponible dans la littérature pour certaines espèces à forte valeur patrimoniale (messicoles), une expérimentation de classification des traits biologiques les plus discriminants vis-à-vis de la compétition a été réalisée par des cultures en compétition interspécifique entre messicoles et une espèce domestique cultivée (ARTICLE 8). - En complément de l’échantillonnage de la végétation exprimée, la banque de graines du sol a été échantillonnée pour appréhender la mémoire séminale des communautés au cours de la succession (ARTICLES 1, 3 & 14) ou la répartition de la banque de graines par rapport à des effets de lisière (ARTICLE 7). Ces différences dans les techniques d’échantillonnage de la végétation sont à relier avec l’échelle de temps d’observation pour évaluer l’impact des perturbations. Dans le cas de la mise en évidence d’une réponse rapide, il importe de prendre en compte les changements de structures (points-contacts) au contraire pour des changements sur le long terme, une simple estimation de celle-ci peut suffire (relevés phytosociologiques, quadrats), les changements dans la composition de la flore étant recherchés en priorité. 2.43 Macrofaune du sol et orthoptères La macrofaune du sol a été essentiellement échantillonnée dans les sols des pelouses calcicoles de HauteNormandie. L’objectif était d’évaluer les impacts des perturbations anthropiques et de l’abandon agro-pastoral sur d’autres compartiments que celui de la phytocénose. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 36 La méthode d’échantillonnage est inspirée de la méthode TSBF (Tropical Soil Biology and Fertility) où des monolithes de sol sont prélevés à la bêche (25 x 25 x 10 cm), séparés et triés selon différentes strates (0-5 et 5-10 cm) avec 5 prélèvements par stade successionnel (ARTICLES 5, 10, 11 & 14). Les peuplements d’orthoptères ont été échantillonnés dans le même esprit car ces insectes sont particulièrement sensibles aux changements de structure de la végétation contrairement aux lépidoptères plus inféodés à sa composition floristique. Les orthoptères ont été essentiellement échantillonnés dans les pelouses du Causse Méjean pour tester l’impact du pâturage équin. La méthode choisie est celle du biocénomètre qui est une cage lancée de nombreuses fois au mois d’août, période ou la détermination des imagos est possible. Au même moment sont mesurés de nombreux paramètres climatiques, édaphiques et la structure de la végétation (pointscontacts) pour discriminer ensuite la part explicative de chacune de ces variables dans la composition et la structure du peuplement d’orthoptères (ARTICLE 9). 2.44 Durabilité des systèmes de gestion En biologie de la conservation et écologie de la restauration, il importe non seulement de s’interroger sur l’efficacité des systèmes de gestion mis en place vis-à-vis des objectifs de conservation mais également de valider ces systèmes techniquement et économiquement. Si l’aspect économique est d’autant plus important dans le sud de la France (Causse Méjean, Vercors, Crau) en liaison avec la nécessité de maintenir les activités agricoles. Dans le nord-ouest de l’Europe, la quasi disparition des agriculteurs ou les changements structurels des exploitations obligent les gestionnaires d’espaces naturels à créer leurs propres systèmes d’exploitations. Dans ce cas, s’il n’y pas d’obligations de résultats économiques, les systèmes mis en place doivent cependant être techniquement durables et prendre en compte la pérennité des outils de gestion utilisés (animaux, machines, main-d’œuvre, etc.). Dans cette optique, nous nous sommes intéressés à la valeur alimentaire des fourrages de pelouses sèches (teneurs minérales) dans le cadre d’une gestion par le pâturage ovin et de la place de ce type de fourrage dans les circuits de pâturage itinérant en rapport avec les pratiques pastorales passées (Dutoit, 1999). Des analyses minérales d’herbages et d’espèces (feuilles et écorces des ligneux) ont donc été pratiquées dans des pelouses calcicoles abandonnées ou pâturées par des ovins en Haute-Normandie (ARTICLE 4). 2.45 Analyses statistiques Les recherches sur les systèmes écologiques nécessitent de prendre en compte non seulement la forte hétérogénéité des objets étudiés mais aussi l’absence de définitions spatiales et temporelles de ces objets. En conséquence, pour valider les résultats, les généraliser, voir les modéliser, de nombreuses répliques des expérimentations doivent être pratiquées et il est nécessaire d’avoir recours à de nombreux tests statistiques pour discriminer, classifier et valider les résultats. Le traitement des données de toutes les expérimentations fait appel aux analyses multivariées qui permettent de discriminer, classifier et hiérarchiser des données présentées dans des matrices importantes : - Les Analyses en Composante Principale (ACP) sont utilisées pour identifier les facteurs discriminants parmi les variables mesurées pour définir les conditions d’habitats (climat, sol), des sites (ARTICLES 2, 6, 5, 7, 10, 11 & 13) ou les teneurs minérales des espèces (ARTICLE 4). - Les Analyses Factorielles des Correspondances (AFC) sont utilisées pour identifier les gradients de composition et de structuration des communautés végétales ou des peuplements animaux. En complément, des Classifications Hiérarchiques (CH) sont effectuées pour regrouper les relevés selon leur degré de similitude (ARTICLES 2, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13). - Pour relier les gradients identifiés par les AFC et leurs facteurs explicatifs, les matrices relevés/espèces sont analysées sous contraintes des matrices relevés/variables mésologiques par des Analyses Canoniques des Correspondances (ACC) (ARTICLE 6, 7 & 15). Enfin, lorsque des données sont disponibles sur les traits biologiques des espèces, ce sont trois matrices qui sont croisées : relevés/variables mésologiques, relevés/espèces et espèces/traits biologiques grâce à une analyse RLQ (ARTICLE 9). Afin de dégager les corrélations entre jeux de données et le degré de signification statistique des résultats, des tests statistiques classiques (régressions linéaires, t-tests, ANOVA, etc.) sont effectués sur différents indices calculés (richesse spécifique, diversité Shannon, équitabilité, etc.). Toutes ces analyses sont réalisées avec les logiciels Stat-Itcf, Statos, Biomeco, Statview, Statistica et ADE-4. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 37 En conclusion, il ressort une grande hétérogénéité dans les méthodologies, surfaces et échelles temporelles d’échantillonnage. Cette diversité est à relier avec la multiplicité initiale des objectifs de recherches, des objets (phytocénoses, entomocénoses) et des sites d’études. Des complémentarités entre résultats pourront cependant être trouvées malgré les différences méthodologiques sans pour autant pouvoir proposer un modèle généralisable. A l’avenir, les compartiments, unités et surfaces échantillonnées devront être fixés pour permettre de meilleures comparaisons entre sites et des tentatives de modélisation des résultats. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 38 2.5 PRINCIPAUX RESULTATS 2.51 Les labours et cultures anciennes appliqués sur de grandes surfaces affectent durablement la richesse, la structure et les trajectoires des successions secondaires. Les labours apparaissent comme des facteurs clés dans le déterminisme des successions secondaires car ils ont un effet rémanent sur la composition, la richesse et la structure des communautés post-culturales. Appliqués sur de grandes surfaces, ils présentent des successions secondaires différentes de celles observées après abandon du pâturage. En Haute-Normandie, sur le site des coteaux de Saint-Adrien, la pratique du labour (vignes, céréales) et du pâturage itinérant ovin sur différentes parcelles est en grande partie à l’origine de la mosaïque de végétation observée actuellement (FIGURE 1). Les pelouses anciennement labourées (- 200 ans) présentent des faciès différents (dominés par Bromus erectus) de ceux des pelouses traditionnellement pâturées dans les siècles passés. La plupart des espèces adventices des cultures encore signalées au 19e siècle ne sont plus signalées dans les pelouses depuis le milieu du 20e siècle. Concernant la colonisation arborée, ces parcelles sont plus rapidement colonisées quel que soit le niveau de fertilité des sols. Ces résultats doivent cependant être tempérés en fonction de l’impact du pâturage actuel des lapins qui affecte quelques parcelles et de la distance des lisières forestières, sources de semences de ligneux (ARTICLE 2). FIGURE 1. Superposition du plan cadastral d’utilisation des sols (1822) avec une photo aérienne de 1994 (Cliché IGN) montrant un taux de colonisation arborée supérieur pour les anciens labours (chiffre entre parenthèses) par rapport aux anciens pâturages (parcelles 2 et 14 notamment). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 39 Au contraire, de petites perturbations mimant les labours, appliquées pour de petites surfaces (1 m²) sur des pelouses pauci-spécifiques (dominées par Brachypodium pinnatum ou Bromus erectus) de la vallée de la Seine n’affectent pas durablement la composition et la richesse spécifique des pelouses. L’année suivant l’application de la perturbation est toutefois marquée par l’apparition d’espèces annuelles et bisannuelles (Stachys recta, Echium vulgaris, Galium mollugo, etc.) et donc une augmentation relative de la richesse spécifique (qui disparaîtra au bout de trois années si les traitements (labours, fauchages) ne sont pas répétés (ARTICLE 6). Bien qu’il soit difficile de comparer notre binage expérimental aux labours anciens, cette expérimentation menée sur une petite surface permet de compléter les résultats du travail d’écologie historique en dégageant l’importance de la taille de la perturbation et de la matrice paysagère au moment où celle-ci est effectuée. Le même travail à l’échelle de la parcelle agricole sur des abandons de cultures plus récents (- 15 ans) dans la Crau permet d’affiner les résultats (Römerman, 2000). Les communautés de friches post-culturales (anciennes melonnières) présentent des cortèges totalement différents de ceux des pelouses traditionnellement pâturées (coussous). Les communautés de friches sont dominées par des espèces rudérales (Lobularia maritima, Bromus madritensis, B. rubens, B. integrifolius, Calamintha nepeta, etc.). et sont significativement plus pauvres en espèces (15,75 espèces / 4 m²) que les communautés végétales des coussous (32,1 espèces / 4 m²) plutôt dominées par des espèces tolérantes aux stress (Brachypodium retusum, Thymus vulgaris, Sideritis romana, Evax pygmea, Filago minima, Linum nodiflorum, etc.). Cette différence dans la richesse et la composition des communautés de friches est à relier avec les conditions trophiques du sol qui présentent des teneurs en P, Ca et un pH significativement plus forts que dans les coussous dont les C/N sont significativement supérieurs (FIGURE 2). Après 15 ans d’abandon, très peu d’espèces des coussous se sont installées dans les friches. Le même travail, effectué sur des friches céréalières (- 35 ans) tempèrent cependant ces résultats, car ce sont ces friches qui présentent la richesse spécifique la plus forte (36,5 espèces / 4 m²) en liaison avec la co-existence d’espèces post-culturales et de celles typiques des coussous pour un gradient trophique en situation intermédiaire. Dans tous les cas, aucune colonisation arborée n’est observée en liaison avec l’éloignement des sources de semences et le maintien de la pratique de pâturage ovin itinérant. Axe 2 C1 C/N Fm2 C2 Fm1 P Fc2 Ca Axe 1 PH Fc1 FIGURE 2 : Analyse Canonique des Correspondances réalisée entre les relevés de végétation et analyses de sol pour 2 coussous (C1, C2), 2 friches céréalières (FC1, FC2) et 2 friches melonnières (FM1, FM2) en Crau. (Römermann, 2000). Remarquer la liaison entre friches melonnières et teneurs en P, Ca et le pH. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 40 En conclusion, il semblerait que seuls les labours réalisés sur de grandes échelles affectent durablement la richesse, la structure et les trajectoires successionnelles des communautés végétales post-culturales. Ces modifications peuvent être reliées avec une augmentation du niveau trophique du sol. Si aucune différence significative dans la richesse spécifique n’apparaît sur le long terme, la composition spécifique est cependant affectée pour de nombreuses années (> 200 ans). Ces résultats ne sont cependant généralisables que pour des parcelles situées dans une même matrice paysagère et subissant de nos jours le même régime de perturbations. Dans le cas contraire, ce sont des différences dans les régimes de perturbations et la présence de sources de semences forestières au sein de la mosaïque de la végétation qui influenceront le plus sa dynamique. En matière de gestion conservatoire des écosystèmes, ces résultats montrent l’importance du type, de l’intensité et de la taille de la perturbation mais aussi du type de matrice paysagère existant au moment de son arrêt. Les successions secondaires postculturales présenteront ainsi des compositions et des trajectoires successionnelles différentes selon les utilisations anthropiques passées. Il appartient donc au gestionnaire d’espaces naturels d’identifier clairement ces anciennes pratiques afin de hiérarchiser les priorités de gestion et prédire l’évolution spontanée des communautés végétales qu’il doit conserver ou restaurer. 2.52 La rémanence des effets des labours et cultures anciennes peut en grande partie être expliquée par la persistance d’une banque de graines composées d’adventices des cultures L’échantillonnage de la banque de graines au cours d’une succession post-culturale appréhendée de manière synchronique sur les coteaux calcaires de Haute-Normandie, montre que la majorité des espèces typiques des écosystèmes de pelouses calcicoles sèches ont des viabilités de type transitoire dans les sols (moins de 1 an). Au contraire les adventices des cultures et les espèces des friches post-culturales ont plutôt des graines à viabilité de type permanente qui peuvent perdurer plusieurs dizaines d’années dans le sol (Anagallis arvensis, Hypericum perforatum, Origanum vulgare, etc.). En conséquence, la composition de la banque de graines du sol est peu similaire à celle des communautés végétales exprimées sauf si celles-ci sont régulièrement perturbées comme dans le cas de l’existence d’un pâturage séculaire (TABLEAU III). De nombreuses annuelles y trouvent en effet régulièrement des espaces de sol nu pour y germer (ARTICLES 1 & 3). De même, au cours des successions, les sols s’enrichissent en espèces rudérales anémochores qui augmentent d’autant plus la différence entre banque de graines et végétation exprimée. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 41 Stades successionnels Similarité de Sorensen Pelouse écorchée Pelouse pâturée Pelouse abandonnée Fourrés 0,30 0,61 0,42 0,45 TABLEAU III. Coefficients de Sorensen entre végétation exprimée et banque de graines. Le coefficient le plus élevé est mesuré pour la pelouse pâturée en extensif par des ovins (ARTICLE 1 &3 ). Ces résultats sont confirmés pour le sud-est de la France en Crau où l’échantillonnage de la banque de graines dans des friches post-culturales abandonnées depuis 15 années montrent la persistance dans le sol d’adventices des cultures encore présentes aujourd’hui dans les cultures intensives de cucurbitacées sous tunnels (melons, courgettes, piments, aubergines) avec notamment la présence de Solanum nigrum, Chenopodium album, Kickxia elatine, Polygonum persicaria et Portulaca oleracea. Ces espèces ne sont toutefois pas présentes dans la végétation exprimée du fait de l’arrêt des pratiques agricoles (irrigation, engrais, modifications thermiques du tunnel, etc.) mais aussi de l’action du pâturage itinérant ovin après abandon cultural (Buisson in prep.). En conclusion, ces résultats montrent que les labours et cultures anciennes affectent durablement la composition des communautés végétales post-culturales par une augmentation du niveau trophique des sols en cas de culture intensive mais aussi parce que les communautés d’adventices qu’ils abritent peuvent perdurer de nombreuses années dans le sol, leur conférant une forte résilience en cas de répétition de cette perturbation. Au contraire les communautés de pelouses calcicoles sèches seront durablement affectées et peu résistantes face à cette perturbation exogène. La richesse en espèces végétales des pelouses sèches est donc plus à relier avec l’existence d’une certaine hétérogénéité (piétinement, broutage) qui permet l’existence d’espaces de sol nu où les graines à viabilité transitoire peuvent germer. En matière de gestion des écosystèmes, cette capacité de persistance dans le sol des graines d’adventices pourraient être utilisée pour restaurer des communautés d’adventices gravement menacées de disparition en France (messicoles calcaires). Ce type d’expérimentation aurait d’autant plus de succès avec un abandon de culture récent mais ayant également fait l’objet de pratiques agricoles traditionnelles extensives (pas d’engrais ni de désherbants), ce qui est difficilement compatible dans le nord de la France mais envisageable dans le sud-est (Vaucluse, Luberon). 2.53 La restauration de communautés d’adventices des cultures nécessite de mieux appréhender les facteurs agro-écologiques qui définissent leur richesse et leur diversité floristique actuelle. La disparition de la majorité des cultures extensives sur les coteaux calcaires du nord de la France (Dutoit, 1997) et l’intensification des pratiques dans la majorité des autres champs (y compris les dolines du Causse Méjean) nous ont incité à choisir d’autres sites d’étude comme celui du territoire du Parc naturel régional du Luberon où perdurent encore une agriculture extensive de polyculture élevage alliant cultures de céréales et pâturage de ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 42 parcours ovin sur chaumes ou céréales à pâturer. En conséquence, les champs du Luberon présentent une très grande richesse en espèces messicoles dont de nombreuses espèces sont en voie de disparition sur le territoire national (Dutoit et al., 1999). Dans un premier temps, nous avons cherché à mieux comprendre les facteurs régissant la distribution des espèces adventices dans un champ de céréales (Rustrel, Vaucluse). Ce travail ciblé sur un seul champ fait suite aux résultats préliminaires du suivi de 15 parcelles sous contrats agri-environnementaux sur l’ensemble du territoire du Parc qui montrent que la richesse en adventices est plus sous la dépendance des facteurs d’exploitation (assolement, rotation, pratiques culturales, etc.) avec 48,04% de la variance expliquée par une ACC que des facteurs environnementaux liés aux sites avec seulement 11,79% de la variance expliquée (Dutoit et al., 1999). Dans cette étude, nous avons particulièrement suivi l’effet des bordures car les résultats pour les systèmes d’exploitation intensive du nord de l’Europe (Allemagne, Angleterre, Belgique, Danemark, Pays-Bas, etc.) montrent tous l’existence d’une plus forte richesse spécifique dans les premiers mètres en bordure des champs par rapport aux zones centrales. Cependant, dans notre cas, où le champ ne fait pas l’objet d’applications d’herbicides et de très peu d’apport d’azote (50 unités/ha ou rien selon les années), aucune différence significative n’a plus être observée au niveau de la richesse spécifique en bordure de champ par rapport à la zone centrale. Les deux premiers mètres présentent cependant une flore différente (FIGURE 3) avec un cortège d’espèces appartenant à la prairie voisine tant dans la végétation exprimée (Agrimonia officinalis, Geranium dissectum, Picris echioides, Lathyrus hirsutus, Medicago lupulina, Eringyum campestre, etc.) que dans la banque de graines (Hypericum perforatum, Dipsacus fullonum, Carex flacca, Phleum pratense, etc.). Cette différence peut être reliée à l’existence d’une zone plus ensoleillée en bordure, une compétition moindre avec l’espèce cultivée et donc une colonisation des espèces de la prairie adjacente (Gerbaud et al., 1998, 99 ; Gerbaud & Dutoit, 2001).. 3 2,5 F2 3 F2 2,5 2 Eryngium campestre 1 0,5 0 Picris echioides 1,5 Agrimonia eupatoria -0,5 0 -1 1 1&2 2 3 4 -2 0 Picris echioides 0,5 5 Hypericum perforatum 0 Lathyrus hirsutus -2 -1,5 -2,5 1 F1 0 -1 Lotus hispidus Ornithogalum umbellatum 2 1,5 -1 (a) -0,5 -1 0 1 2 1 F1 3 4 5 Dipsacus fullonum Phleum pratense Carex flacca Verbena officinalis (b) -1,5 FIGURE 3. Analyse Factorielle des Correspondances réalisée sur les relevés de végétation exprimée (a) et la banque de graines (b) d’un champ de céréales du Luberon. Noter la présence d’espèces spécifiques entre 0 et 2 m de la lisière (ARTICLE 7). La compétition entre adventices et espèce domestique cultivée, en l’absence de traitements herbicides et d’applications d’engrais, est un processus clé non seulement pour comprendre la composition et la structure des communautés d’adventices mais aussi pour rationaliser la notion de « nuisibilité » des adventices. En effet, si elles entrent en compétition pour l’eau, les éléments minéraux et la lumière avec l’espèce cultivée, elles n’ont pas toutes le ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 43 même pouvoir de compétition en fonction de l’espèce domestique cultivée (ARTICLE 8). Ainsi, la mise en culture en compétition inter-spécifique de 14 espèces adventices présentes dans les cultures céréalières du territoire du Parc naturel régional du Luberon avec une variété de blé (Triticum aestivum var Darius) montrent que les espèces les plus compétitives vis-à-vis de la biomasse totale du blé mais aussi de ses caractéristiques morphologiques liées aux rendements agricoles (nombres de graines dans l’épi, poids des graines, hauteur de l’épi) sont les espèces adventices qui possèdent la morphologie la plus proche (contribution de biomasse aux tiges importante) comme Vaccaria hispanica, Agrostemma githago, Neslia paniculata, Turgenia latifolia, Bupleurum rotundifolium et Caucalis platycarpos. Au contraire, les adventices de petite taille avec des ports en touffe ou rampantes sont peu compétitives (Ranunculus arvensis, Scandix pecten-veneris, Anagallis arvensis, Vicia bythinica) En conclusion, les résultats obtenus sur la distribution des espèces adventices notamment les messicoles dans les cultures intensives du nord de l’Europe ne peuvent être transposables aux systèmes extensifs du sud-est de la France. En effet, l’absence de traitements herbicides ne permet pas de délimiter une zone refuge en bordure des champs ou encore dans les endroits où les tracteurs effectuent leurs manœuvres (fourrières). Au contraire, les bordures de champs sont caractérisées par un effet de lisière identifiable par la présence d’espèces des prairies adjacentes. Si la compétition est un facteur clé dans la composition et la structure des communautés d’adventices en l’absence de traitements herbicides, il importe de considérer l’espèce domestique cultivée pour évaluer les capacités de compétition des différentes espèces adventices rencontrées. En matière de gestion conservatoire, ces résultats préliminaires montrent la nécessité d’établir un référentiel pour le sud-est de l’Europe car les modèles élaborés au nord ne seront pas transposables notamment lors de l’élaboration des cahiers des charges des mesures agri-environnementales. En effet, celles-ci prévoient notamment un semis de blé en moindre densité en lisière avec le risque de favoriser la colonisation des espèces rudérales et compétitives des écosystèmes adjacents. De même, afin de rationaliser les traitements herbicides, il importe d’identifier les espèces adventices les plus compétitives vis-à-vis d’une espèce domestique donnée. Cette identification devrait ensuite permettre des traitements herbicides sélectifs permettant une infestation en adventices soutenable pour l’espèce domestique cultivée. 2.54 La restauration des pelouses sèches calcicoles nécessite également de mieux appréhender les facteurs agro-écologiques qui définissent leur richesse et leur diversité floristique actuelle. L’échantillonnage de 102 stations de pelouses calcicoles sèches distribuées sur 24 communes de la moitié méridionale du massif du Vercors montre que les différentes communautés végétales échantillonnées sont organisées selon 1) le niveau de stress édaphique (oligotrophie et xéricité) et 2) le mode et l’intensité de gestion agropastorale (pâturage et entretien mécanique). L’utilisation de traits biologiques (groupes fonctionnels) pour généraliser et modéliser les résultats pour des sites dont la composition botanique est ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 44 différente montre que les traits de vie liés à la dissémination et à la régénération sont plus discriminants que les traits morphologiques tandis que les stratégies adaptatives de Grime (CSR) sont les meilleurs pour prédire l’ordination des espèces sur les gradients de stress et de perturbations. Le rôle du pâturage est souligné par la relation existant entre la rareté ou la dominance d’une espèce et son niveau d’appétence et de dispersion par les ovins (Barbaro et al., submitted) . Dans les communautés de pelouses calcicoles sèches, les espèces dominantes sont les plus appétentes et les mieux dispersées par les ovins, tandis que les plus rares dépendent d’autres modes de dispersion, comme celle assurée par les machines agricoles (ARTICLE 15). En Haute-Normandie, nous nous sommes particulièrement intéressés au problème d’appétence des espèces non seulement dans une perspective de relation entre appétence et fréquence de l’espèce dans les communautés de pelouses sèches calcicoles, mais aussi dans une optique d’élaboration de systèmes de pâturage soutenable vis-à-vis des ressources herbagères proposées aux troupeaux. En effet, si l’impact du pâturage dépend avant tout des techniques mises au point par les éleveurs ou gestionnaires d’espaces naturels sous contraintes des facteurs économiques, la pérennité de l’outil de gestion (le troupeau) dépend également de la qualité des ressources herbagères offertes pour son alimentation. Des analyses de 9 éléments minéraux (Ca, Mg, K, P, Na, Fe, Cu, Zn, Mn), des cendres solubles et insolubles, des matières azotées totales et de la cellulose ont été effectuées sur une trentaine d’espèces présentes dans les pelouses calcicoles sèches pâturées ou non au cours d’une saison de végétation (ARTICLE 4). Dans le même temps, les mêmes analyses ont été réalisées pour les feuilles et écorces de 11 espèces ligneuses colonisant spontanément les pelouses. Les principaux résultats sont une carence en Cu dans les pelouses sèches qu’elles soient pâturées ou non contrairement aux teneurs en Cu et Na plutôt fortes dans les écorces de certains ligneux pionniers (Corylus avellana, Fraxinus excelsior, Clematis vitalba, Ligustrum vulgare). De même, quelques espèces herbacées habituellement considérées comme des refus présentent de fortes teneurs en oligo-éléments (FIGURE 4) tandis que certaines feuilles de ligneux concentrent le Ca (Cornus sanguinea, Crataegus monogyna, Fraxinus excelsior). FIGURE 4. Analyse en Correspondance Principale réalisée sur les espèces de deux pelouses sèches sur la site de Saint-Adrien en Haute-Normandie. Noter à gauche de l’axe 1, l’importance des teneurs en Mn, Zn, Fe, Cu et P pour trois espèces habituellement considérées comme des refus : Ranunculus bulbosus (Rbu), Thymus praecox (Tpr) et Veronica teucrium (Vte) (ARTICLE 4). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 45 S’il importe de prendre en compte les ressources herbagères offertes pour la pérennité du troupeau, c’est surtout son action sur la phytocénose qui intéressera en premier lieu le gestionnaire. Pendant six années, après débroussaillage, les impacts de systèmes de gestion conservatoire faisant appel à différents herbivores (ovins, bovins, chèvres) selon des pressions (180 à 400 unités/jours/ha) et modalités (pâturage de printemps, été et automne) de pâturage différentes ont été suivis sur quatre sites de pelouses calcicoles sèches du massif du Vercors (Choranche, Bouvante, La Bâtie, Combovin) (ARTICLE 9). Les principaux résultats montrent une forte augmentation de la richesse spécifique et de la fréquence des espèces de pelouses ouvertes 4 années après le débroussaillage (de 15,6 à 28, 2 espèces pour 10 m linéaire entre 1992 (avant le débroussaillage) et 1997 avec notamment un recouvrement notable des espèces pérennes et annuelles rares (FIGURE 5) ou avec un intérêt patrimonial. 1.1 -2. Arrhenatherum elatius 0.8 -0.8 Chamaecytisus supinus Origanum vulgare 1994 3 Viola hirta 1997 6 Carex 1993 Genista cinerea 2 hallerana Juniperus communis 1 Rosa canina Briza media 1992Bombycilaena 4 1995 5 1996 erecta Rhinanthus minor Bupleurum baldense Petrorhagia prolifera FIGURE 5. Plan ½ de l’Analyse Canonique des Correspondances indiquant la dynamique de la composition des pelouses sèches calcicoles échantillonnées entre 1992 (avant débroussaillage) et 1997. Noter l’opposition entre arbustes et herbacées sur l’axe 1 qui permet de l’interpréter comme un gradient de restauration (ARTICLE 9). Contrairement aux résultats obtenus pour les communautés d’adventices, ce sont encore les variables d’habitats (effet site) qui expliquent le plus la distribution et la composition floristique des pelouses (29, 5%) pour seulement 10, 9% pour les modalités de pâturage (effet gestion). Ces résultats sont à comparer avec ceux obtenus lors de l’échantillonnage de 4 sites de pelouses calcaires sèches en Haute-Normandie (ARTICLE 6) où 36,86% de la variabilité ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 46 des résultats étaient expliquées par les variables d’habitats pour seulement 12,94% pour les modalités de gestion (fauchage, labour). En conclusion, la composition, la richesse et la diversité des communautés végétales de pelouses sèches sont plus sous la dépendance des variables d’habitats (climat, sol) que les communautés d’adventices. L’existence de gradients environnementaux dans la répartition géographique des sites dans le cas d’archipels en plaine (Haute-Normandie) ou en montagne (Vercors) sera donc à l’origine d’une forte variabilité dans la composition botanique des communautés et les résultats des impacts d’un type ou d’une modalité de gestion seront difficilement transposables d’un site à l’autre. Seule l’utilisation de groupes fonctionnels basés sur la mesure de traits de vie des espèces (morphologie, physiologie) peuvent alors permettre une généralisation des résultats. L’impact du pâturage dans la restauration de la richesse des pelouses calcicoles sèches est maintenant bien connu et nos résultats confirment l’action positive du pâturage sur la richesse et la présence d’espèces à fortes valeurs patrimoniales. Cependant, la mise en place de systèmes de pâturage dans des communautés herbacées carencées en certains éléments minéraux nécessiteront de maintenir quand même des îlots arbustifs et boisés pour permettre aux animaux une certaine complémentarité dans leur alimentation en l’absence d’apport sous forme de CMV (Compléments Minéraux et Vitaminiques). En matière de gestion conservatoire, l’interprétation des impacts de la gestion conservatoire en termes de groupes fonctionnels ou groupes de réponses est particulièrement importante pour les gestionnaires d’espaces naturels afin qu’ils puissent appliquer des résultats de sites présentant des compositions floristiques différentes. Si l’impact favorable de certaines modalités de pâturage est aujourd’hui bien connu sur la richesse spécifique et la présence d’espèces à forte valeur patrimoniale, le contexte paysager (matrice) dans lequel sont réalisées ces opérations de gestion reste cependant très important en rapport avec les stratégies de dissémination des espèces qui rencontrent des matrices peu favorables à leur dissémination (forêts, zones urbaines, zones d’agriculture intensive). Les rôles du pâturage ovin ou des machines agricoles comme corridors mobiles apparaissent alors ici de toute première importance. Enfin, si l’outil de gestion choisie est l’herbivore, il importe que celuici puisse survivre (sans objectifs de production d’élevage), dans les espaces parcourus selon les modalités fixées par le gestionnaire. La « frugalité » des pelouses calcicoles sèches doit alors orienter le gestionnaire vers des races d’animaux rustiques capables de trouver leurs ressources complémentaires en s’attaquant aux espèces ligneuses. Ce modèle ne reste cependant envisageable que pour des grandes surfaces permettant la coexistence d’une mosaïque de stades successionnels. Pour des surfaces de plus petite taille, ce sont des systèmes tournant entre plusieurs types d’écosystèmes (pelouses sèches, prairies humides, chaumes, friches, bois, etc.) qui doivent être mis en place pour assurer cette complémentarité à l’instar des systèmes de pâturage traditionnel existant au 19e siècle dans le nord de la France (Dutoit, 1999) et perdurant encore dans le sud-est (transhumance en Crau). Ces déplacements pourront alors assurer en retour un transport des graines, œufs, pupes et imagos d’insectes entre des sites isolés (Haute-Normandie, Vercors). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 47 2.55 Un même régime de perturbations affecte différemment la composition de la phytocénose, de l’entomocénose et leurs inerties après abandon. L’échantillonnage de la pédofaune au cours d’une succession post-pastorale multidirectionnelle (pelouse pâturée, pelouses abandonnées 2 ans - 44 ans, fourrés de feuillus, bois d’érables et bois de pins), dans plusieurs pelouses calcicoles sèches de Haute-Normandie (Amfreville-la-Mivoie, Saint-Adrien, Brosville) montre que chaque stade successionnel peut être caractérisé par des communautés originales. Au niveau de la richesse spécifique, c’est le stade post-pastoral (abandon depuis 2 ans) qui présente les plus fortes valeurs (1365 individus / m²) à l’inverse du bois de pins (421 individus / m²) (ARTICLES 5 ). Cependant, si des changements dans la composition floristique apparaissent dans les pelouses dès leur envahissement par des poacées sociales compétitives (Arrhenatherum elatius, Brachypodium pinnatum, Bromus erectus), ces changements n’apparaissent pour les communautés de macrofaune du sol que lors de la colonisation des stades herbacés par des ligneux arbustifs (Crataegus monogyna, Cornus sanguinea, Rosa canina, etc.) ou arborés (Acer pseudoplatanus, Pinus sylvestris, etc.). Ce décalage dans la dynamique des deux compartiments est à relier avec l’évolution des facteurs mésologiques qui affectent la composition de la pédofaune du sol 1) le taux de colonisation par les ligneux qui détermine les conditions d’habitats de la macrofaune (microclimat, sol) et 2) la qualité de la matière organique (C/N) qui conditionne la nourriture disponible (FIGURE 6a,b), ces deux facteurs étant bien évidemment corrélés (ARTICLE 9). L’échantillonnage ciblé des lombriciens confirme cette dynamique avec une prédominance des vers endogés dans les stades herbacés pâturés ou non puis leur remplacement par des vers épigés pour les stades arbustifs et arborés (ARTICLE 10). (B) (A) FIGURE 6. Analyse en Composante Principale (A) sur les variables mésologiques et Analyse Factorielle des Correspondances sur la macrofaune du sol (B) échantillonnée au cours d’une succession post-pastorale en Haute-Normandie (P, pelouse pâturée, 2-yr, pelouse abandonnée depuis 2 ans ; 44-yr, pelouse abandonnée depuis 40 ans ; S, fourrés ; MW, érablière ; PW, pinède). Les facteurs qui déterminent la répartition entre espèces endogées et épigées sont le taux de boisement (co) et la qualité de la matière organique apportée au sol (C/N) (ARTICLES 5, 9, 10). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 48 Si l’abandon d’un régime de perturbations (pâturage) présente des résultats clairs sur les changements de composition de la pédofaune des sols au cours des successions végétales, il n’en va pas de même dans le cas du suivi de l’impact de plusieurs modalités d’application de la même perturbation. Ainsi, les résultats de l’impact de plusieurs pressions de pâturage équin (Equus Prezwalski) sur les populations d’orthoptères du Causse Méjean ne permettent pas de dégager de façon significative le régime de pâturage le plus favorable (ARTICLE 13). Dans cette expérimentation, les orthoptères ont été choisis car ils dépendent fortement de la structure de la végétation elle-même étroitement corrélée avec les modalités de pâturage. Ainsi, même avec une pression de pâturage variant entre 0,11 et 7,5 chevaux/hectares, il demeure difficile de dégager ses impacts sur les populations d’orthoptères car ce pâturage est menée en extensif dans un enclos de 200 ha, permettant l’existence de zones de refus (murets de pierres sèches, tas de cailloux, etc.) et de zones non exploitées par les chevaux en liaison avec le comportement des manades. De même, les témoins sont constitués de pelouses très écorchées ou les mêmes faciès qui apparaissent sous pâturage extensif peuvent perdurer en liaison avec les conditions climatiques (sécheresse) et édaphiques (roche affleurante, pentes fortes, etc.). Ici encore, intervient la taille des surfaces perturbées (zones surpâturées des anciennes dolines) et le type de matrice paysagère (pelouse steppique) qui joue le rôle de zone refuge mais aussi de sources d’individus pour la reconquête des espaces perturbés après le déplacement du troupeau. En conclusion, l’entomocénose est affectée différemment de la phytocénose par rapport à un régime de perturbations (pâturage) ou après arrêt de ces perturbations (succession post-pastorale). Les communautés de macrofaune présentent plus d’inertie vis-à-vis des changements dans le régime des perturbations en liaison avec leurs capacités de déplacement horizontaux (lombriciens) mais aussi des changements qui affectent leur habitat et leur nourriture, ces différences apparaissant surtout au moment de la colonisation par les ligneux. De même, les changements de composition des communautés d’orthoptères vis-à-vis de la variation des modalités de pâturage sont plus difficiles à mettre en évidence même pour un groupe d’insectes étroitement corrélés à la structure de la végétation. Cette absence de résultats significatifs est à corréler une fois encore avec la capacité des insectes à se déplacer et à la persistance d'une mosaïque de communautés végétales pouvant servir de refuge et de sources d’individus. En matière de gestion conservatoire des écosystèmes, ces résultats sont particulièrement importants pour confirmer la nécessité de tenir compte de plusieurs compartiments (phytocénose, entomocénose) au sein de la biocénose des pelouses sèches calcicoles, d’une part, parce que ces compartiments réagissent différemment aux mêmes régimes de perturbations (pâturage), mais aussi parce qu’ils présentent des inerties différentes après abandon (ARTICLE 14) d’où l’importance des zones refuges aux interfaces des gradients dynamiques (lisières). Des intérêts patrimoniaux (espèces rares, richesse spécifique, fonctionnalité) spécifiques aux divers stades de successions secondaires peuvent alors être identifiés. Bien d’autres composantes de la biodiversité (champignons, lichens, araignées, etc.) devraient ainsi être prises en compte dans les objectifs de conservation des espaces naturels. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 49 Troisième partie : Perspectives de recherches Fondamentales, méthodologiques, et appliquées ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 50 Les perspectives de recherches par rapport aux premiers résultats peuvent être envisagées à plusieurs niveaux. Ainsi chaque expérimentation réalisée apporte un ensemble de données qui posent de nouvelles questions d’où la nécessité de recherches complémentaires. Si la majorité des travaux a été effectué au niveau des communautés, les nouvelles questions posées nécessitent des expérimentations à d’autres niveaux de perception et donc de nouvelles perspectives méthodologiques. Les premiers travaux ont été essentiellement effectués à partir des écosystèmes de pelouses sèches et de leurs successions, des études sur des stades arborés pourraient apporter des éléments complémentaires. Enfin, les résultats de ces travaux menés sur 10 années, apportent de nouvelles perspectives sur les objectifs fondamentaux des recherches et leurs applications en matière de biologie de la conservation. 3.1 PROLONGEMENT DES TRAVAUX ANTERIEURS 3.11 Rémanence des labours et conservation des espèces messicoles rares Nos premiers résultats montrent une rémanence importante des labours sur la composition floristique des communautés végétales des successions post-culturales. Cet effet peut alors être utilisé pour conserver certaines espèces messicoles présentes lors des phases de cultures anciennes. - Pour préciser la rémanence des effets des labours grâce à l’existence d’une banque de graines permanentes d’espèces adventices dans le sol, des échantillonnages de ces stocks semenciers sont actuellement pratiqués dans des cultures actuelles (melonnières, cultures céréalières) et des friches d’âge différents ( entre 5 et 50 ans) dans la Crau pour évaluer la décroissance du stock semencier en fonction de la viabilité spécifique des graines dans le sol. La détermination des attributs biologiques de ces graines devrait ensuite pouvoir permettre de modéliser les résultats pour d’autres sites (Römermann in prep). - La rémanence des effets des labours peut être atténuée en fonction du régime de perturbations actuelles et de la fragmentation des espaces vis-à-vis de la présence de ligneux pionniers. Afin d’évaluer l’impact de la fragmentation de l’espace par l’existence de pratiques agricoles anciennes contrastées à l’échelle des parcelles (pâturage, culture), un suivi des écotones a été mis en place dans la steppe de Crau pour évaluer l’existence d’un effet lisière (« edge effect ») entre coussous pâturés traditionnellement depuis des siècles et friches post-culturales récentes (anciennes melonnières). Cet effet est évalué grâce à la mise en place de transects dans des situations parcellaires contrastées. Au niveau de ces transects, sont suivis la végétation exprimée mais également, la banque de graines, la pluie de graines, et le transport des graines par les fourmis pour évaluer les modalités de sa mise en place. Un travail d’analyses chimiques des sols complète cette approche pour identifier l’existence d’un éventuel écocline (ancienne fourrière entre deux parcelles), de même qu’un travail de dendrochronologie pour estimer l’âge de la population de thyms (Thymus vulgaris) qui envahissent les friches à partir des bordures avec les coussous. Le site de la Crau se prête particulièrement bien pour cette expérimentation car toutes les parcelles subissent le même type de pâturage selon les mêmes modalités (pâturage de parcours ovin itinérant entre mars et juin) (Buisson in prep). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 51 - L’application pour la restauration de communautés d’adventices riches en espèces dont certaines possèdent une forte valeur patrimoniale est réalisée sur le site de Rustrel dans le territoire du Parc naturel régional du Luberon. Un suivi de la réinstallation de ces communautés après labour en 1997 d’une prairie âgée de 15 années est actuellement en cours. Durant ce suivi, sont échantillonnées la végétation exprimée et la banque de graines selon un système de quadrats couvrant l’ensemble du champ avec une maille de 3 mètres. Des analyses faisant appel à la géostatistique devraient permettre d’appréhender les facteurs influençant la dynamique de colonisation des adventices (bordures, tâches, centre des parcelles, etc.). Au regard de nos premiers résultats ce suivi ne peut être effectué que pour des systèmes culturaux anciens extensifs comme dans le cas du Luberon où engrais et traitements herbicides n’ont pas détruit une grande partie des espèces adventices à forte valeur patrimoniale (Gerbaud in prep) 3.12 Biodiversité des communautés végétales d’adventices et de pelouses sèches face aux facteurs agro-écologiques Les premiers résultats sur les relations entre biodiversité des communautés d’adventices et de pelouses sèches, ont montré l’importance des variables d’habitats mais également des modalités de régimes de perturbations (Firbank et al., 1991). Tous les résultats restent cependant influencés par le degré de fragmentation des espaces et notamment la nature de la matrice paysagère qui influence la dynamique des populations suite aux différentes perturbations. Dans un contexte de recul des pratiques agricoles et de colonisation arborée de la majorité des espaces naturels en France, il importe de mieux appréhender les rôles des corridors entre des sites de plus en plus fragmentés par une colonisation ligneuse spontanée (archipels de Haute-Normandie et du Vercors) où par des plantations (résineux le Causse Méjean, vergers dans la Crau). Suite aux faibles potentialités de dissémination de la majorité des espèces herbacées en l’absence de vecteurs (quelques mètres par le vent), il devient de plus en plus important d’évaluer le rôle des animaux dans le transport des graines, œufs et pupes d’insectes d’un site à l’autre par endozoochorie et exozoochorie. Ces expérimentations seront simultanément mises en place dans la plaine de Crau (Buisson in prep) et dans le Luberon (Jaëger in prep). Dans la Crau, les objectifs sont d’évaluer le transport des propagules par les troupeaux d’ovins itinérants entre coussous pâturés traditionnellement et friches post-culturales afin d’estimer les potentialités de restauration des coussous grâce à ce vecteur. Dans le Luberon, c’est le transport des graines d’espèces messicoles entre champs de céréales et pelouses sèches séparés géographiquement qui sera étudié. En effet, il existe dans cette région de bonnes corrélations entre richesse des céréales en adventices et pratique du pâturage de parcours ovin incluant des céréales à pâturer ou de la vaine pâture sur chaumes. Pour estimer la durabilité de ce système, des analyses minérales d’herbages ont été réalisées au cours d’une saison de végétation (mai - octobre 1998) dans différentes parcelles (pelouse sèche, prairie humide, friche post-culturale) d’un même quartier de pâturage incluant la pratique du pâturage sur chaumes entre mi-juillet et fin octobre. Les premiers résultats montrent des teneurs minérales significativement plus élevées dans les chaumes pour cependant des biomasses, teneurs en cendres insolubles et cellulose significativement plus faibles par rapport aux autres parcelles parcourues (FIGURE 7). Ces résultats confirment donc la nécessité écologique (rôle de corridor mobile du troupeau) et agronomique (complémentarité alimentaire) du maintien du pâturage itinérant dans cette région (Barroit, 2000 ; Gerbaud et al., in prep). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 52 Axe 2 : 38 % P K Cell. Na MAT Axe 1 : 40 % Mg Zn Ca CI Mn Cu Fe Axe 2 : 38 % MaPH JlPH JnPH JnFP SpFP JlFP SpPH MaFP AoPH OcPH Axe 1 : 40 % AoFP OcFP JlCH JnPS MaPS SpCH AoCH JlPS AoPS OcPS SpPS OcCH FIGURE 7. Analyse en Composantes Principales réalisée sur les teneurs minérales de quatre parcelles d’une exploitation agricole du Luberon entre mai et octobre 1998. Remarquer à droite de l’axe 1, la richesse particulière des chaumes en Ca, Mn, Cu et Fe et son augmentation au cours du temps (Gerbaud et al., soumis). (Ma = mai ; Jn = juin ; Jl = juillet ;Ao = août ; Sp = septembre ; Oc = octobre ; PH = Prairie humide ; FP = Friche post-Culturale ; PS = Pelouse Sèche ; CH = fourrage de Chaume) ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 53 3.2 AUTRES PERSPECTIVES 3.21 Perspectives fondamentales : de l’écologie des perturbations à l’écologie fonctionnelle La majorité des travaux réalisés ont eu pour objectifs d’appréhender l’impact de différents types et régimes de perturbations sur la composition, la richesse, la structure et la dynamique des communautés végétales et animales (pédofaune) des écosystèmes seminaturels de pelouses sèches et des successions végétales qui se mettent en place après abandon cultural et/ou pastoral. Ces recherches ont notamment été menées pour répondre aux questions relatives aux liens existant entre dynamique de la biodiversité, stress et perturbations. Les premières réponses apportées mettent en évidence, l’importance des stress liés aux variables d’habitats mais également celles du type de perturbations et de ses modalités d’applications (intensité, fluctuations). De même, l’accent est mis sur la nécessité de tenir compte de plusieurs compartiments de la biocénose (faune, flore) pour évaluer l’impact des perturbations ainsi que l’existence d’une certaine rémanence difficilement compréhensible sans aborder l’étude de la végétation potentielle des sites (mémoire séminale de la banque de graines) et des traits de vie des espèces (groupes fonctionnels). Les travaux menés au niveau des communautés végétales ou des peuplements animaux ne permettent qu’une approche hiérarchisée des facteurs responsables de leur organisation. De même, les impacts des perturbations sur ces composantes ne sont interprétés qu’en termes d’unités qualitatives (espèces) et quantitatives (populations) qui ne permettent pas d’évaluer leurs impacts sur le fonctionnement de l’écosystème. A l’heure où la recherche des liens entre biodiversité et fonctionnalité des écosystèmes est une des composantes majeures des thématiques fondamentales en écologie, il nous paraît important de dégager les relations qui existent entre perturbations et fonctionnalité des écosystèmes par l’intermédiaire des variations de richesse spécifique. Les échelles d’approche (écologie des communautés, écologie du paysage) et les niveaux d’organisation du vivant étudiés jusqu’à présent (populations, communautés) devront cependant être précisés pour mettre en évidence ces relations avec la nécessité de changer les sites ateliers et les protocoles expérimentaux. 3.22 Perspectives de sites ateliers : des stades successionnels culturaux et herbacés aux stades forestiers. Pendant 10 années, ce sont en majorité les stades successionnels de culture et de pelouses sèches à divers degrés d’envahissement par les ligneux qui ont été étudiés. Ces sites d’études et leurs dynamiques temporelles ont été particulièrement pertinents pour démonter la rémanence des pratiques agricoles traditionnelles au cours des successions végétales et la mise en évidence des stades les plus riches en espèces (flore, pédofaune) pour de petites surfaces perturbées. Les stades pré-forestiers (ourlets, pré-bois) et forestiers (hêtraies, chênaies) ont été peu investis car le temps écoulé depuis l’abandon des pratiques agricoles est souvent insuffisant pour permettre leur installation. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 54 A l’avenir, il s’avèrerait cependant intéressant de poursuivre ces investigations pour les stades forestiers. En effet, l’installation des espèces ligneuses entraînent de profonds changements physiques, chimiques et organiques des sols qui peuvent être à l’origine d’une atténuation des effets des pratiques agricoles anciennes sans toutefois les effacer. De plus, l’étude des impacts des perturbations en forêt nécessite une approche sur des surfaces plus grandes en liaison avec des effets de lisières importants. Enfin, dans le cadre des mesures en faveur de l’agro-pastoralisme (mesures agri-environnementales, Défense de la Forêt Contre l’Incendie), il serait aussi particulièrement pertinent de comparer les mêmes régimes de perturbations (pâturage) dans les forêts claires et soumises aux incendies de la région méditerranéenne avec les forêts denses peu incendiées des successions secondaires sur substrat calcaire du nord de la France. 3.23 Perspectives méthodologiques : de l’écologie de terrain à l’écologie expérimentale L’étude des systèmes écologiques au niveau des communautés nécessite une approche de terrain avec des difficultés d’identification de l’objet d’étude dans sa composition (biodiversité), sa définition spatiale (aire minimale) et temporelle (successions). En conséquence, le chercheur en écologie des communautés ne peut bien souvent que décrire où au mieux corréler les dynamiques observées en discriminant et hiérarchisant les facteurs incriminés grâce à l’arsenal des analyses multivariées et tests statistiques. Si des corrélations peuvent être mises en évidence, les causalités et leurs parts respectives de responsabilité dans les phénomènes observés sont beaucoup plus difficiles à identifier. L’écologie des communautés reste le niveau où s’étudient les relations interspécifiques, permettant certes de dégager les propriétés émergentes des systèmes écologiques dans leur dynamique mais difficilement modélisable en l’absence d’une connaissance plus poussée de toutes ces composantes. Si l’analyse cartésienne de toutes les composantes et interactions au sein d’un écosystème reste à ce jour encore une chimère pour des écosystèmes naturels complexes (et non des communautés simplifiées à quelques espèces en écotrons), l’approche expérimentale analytique doit cependant permettre de mieux appréhender la causalité de certains phénomènes comme la part des interactions biotiques (compétition, traits de vie des espèces) par rapport aux facteurs abiotiques (niveau trophique des sols, microclimat, etc.). Les inconvénients de ce type d’expérimentation ex situ étant alors de s’affranchir de la complexité des interactions au sein des écosystèmes naturels (Hendry & Grime, 1993). Cependant, des recherches croisées entre écologie des communautés et expérimentations ex situ permettraient notamment d’apporter des informations en rapport avec les concepts majeurs de la recherche en écologie actuelle à savoir les liens entre biodiversité et fonctionnalité des écosystèmes. Ce type de recherches actuellement incluse au sein de l’écologie dite « fonctionnelle » apparaît ainsi particulièrement importante par rapport aux applications en matière de biologie de la conservation. Au sein de cette discipline scientifique et appliquée, les problématiques qui permettent au mieux la mise en place de telles recherches sont celles qui mettent en œuvre des opérations de génie écologique notamment en écologie de la restauration (Brunner & Clark, 1997). ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 55 3.24 Perspectives appliquées : de la biologie de la conservation à l’écologie de la restauration. Les travaux antérieurs ont tous été menés dans une optique d’application des résultats en matière de biologie de la conservation et notamment au niveau de la gestion conservatoire des écosystèmes semi-naturels terrestres. De plus en plus, face à la dégradation et à la destruction de ces écosystèmes, ce sont de véritables opérations de restauration et de réhabilitation qui doivent être mises en place. La réussite d’une opération d’écologie de la restauration nécessite cependant une identification claire des perturbations ayant entraînés des changements dans les composantes biotiques et abiotiques des écosystèmes, notamment si des seuils d’irréversibilité ou de résilience ont été franchis (Higgs, 1997). L’écologie de la restauration nécessite donc une bonne connaissance du ou des écosystèmes de référence (qu’il soit originel ou semi-naturel) tant au niveau de sa biodiversité que de son fonctionnement mais aussi de bonnes connaissances des perturbations responsables des transformations (paléoécologie, écologie historique). L’écologie de la restauration et les opérations de génie écologique qui en découlent doivent donc maîtriser à la fois des connaissances aux différents niveaux d’appréhension du vivant (gènes, espèces, populations, communautés, biocénose) mais aussi aux diverses échelles spatiales et temporelles d’appréhension des interactions. L’écologie de la restauration offre donc un cadre appliqué particulièrement pertinent pour la mise en place de protocoles expérimentaux alliant écologie de terrain et écologie expérimentale (Young, 2000). A titre d’exemple, pour expliquer la lenteur de colonisation des friches post-culturales par les espèces dominantes des coussous (Brachypodium retusum, Thymus vulgaris), une opération de génie écologique est actuellement mise en place. Ces deux espèces seront semées dans des placettes permanentes établies au sein d’une friche. Pour faire la part entre facteurs biotiques (absence de dissémination de ces espèces) par rapport aux facteurs abiotiques (physique et chimie du sol). Certaines de ces placettes ont donc été préalablement recouvertes de galets jadis enlevés par des épierrages mécaniques, dans la même proportion que les coussous pâturés traditionnellement. Des travaux antérieurs ont en effet démontré que les racines de brachypodes sont préférentiellement distribuées sous les galets en liaison avec l’existence d’une humidité résiduelle et d’une protection contre les plus fortes températures (30°C d’écart entre la face supérieure du galet et la face inférieure). Enfin, les galets pourraient également assurer une protection des jeunes plantules vis-à-vis du pâturage ovin lors de leur germination. Dans le même temps, le brachypode (graines, rhizomes) et le thym (graines) seront cultivés en serre aux conditions climatiques de la Crau, dans des substrats à niveau trophique différencié (azote, phosphore, potassium) pour évaluer la part du niveau de fertilité et du pH dans l’installation de ces deux espèces. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 56 VERS UNE AUTRE APPROCHE… Tous les travaux présentés et les perspectives de recherches sont en majorité élaborés dans le cadre de la biologie. Cependant, si la biologie de la conservation se base sur les recherches fondamentales de cette discipline, elle doit aussi tenir compte de la perception des espaces naturels par l’homme et de ses savoirs vernaculaires en dehors des savoirs scientifiques présentés jusqu’à présent. De nombreuses opérations de gestion conservatoire et de restauration écologique des écosystèmes (ARTICLE 12) ont été réalisées en France depuis une vingtaine d’années. Elles ont connu des fortunes diverses dont les résultats ne doivent pas seulement être corrélés aux connaissances biologiques et techniques des gestionnaires. En effet, l’apparition de nouveaux acteurs (parcs naturels, réserves naturelles, conservatoire du littoral, conservatoires régionaux, etc.) dans l’aménagement du territoire ne va pas sans générer des conflits d’usage dont les origines peuvent aussi être une incompréhension entre objectifs et méthodes employées en gestion conservatoire vis-à-vis des perceptions et savoirs des autres acteurs (chasseurs, agriculteurs, randonneurs, naturalistes, sportifs, etc.). C’est pourquoi, en parallèle avec les recherches menées en écologie, nous nous sommes intéressés à la perception des problématiques de dynamique et de gestion des espaces naturels par l’ensemble des acteurs de l’aménagement afin de dégager les causes pouvant être sources de conflits d’usages (Trivelly in prep). Dans un premier temps, a été appréhendée la dynamique des paysages suite aux changements d’utilisations des espaces depuis le début du 19e siècle. Ces travaux ont été menés sur deux sites de pelouses sèches particulièrement contrastés au niveau écologique et socio-économique. Les crêtes du grand Luberon sont un ensemble de pelouses sèches sommitales distribuées sur une étroite bande partagée par 11 communes entre les départements de Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence. Au contraire le plateau de Caussols, est un causse du département des Alpes-Maritimes d’une surface de 3 000 ha principalement compris sur le territoire de la commune de Caussols. Les premiers résultats confirment la relation entre abandon des pratiques agropastorales passées (pâturage, cultures, cueillettes) et la colonisation ligneuse spontanée. De même, l’exploitation des archives montrent une évolution dans la perception de ces paysages qui passe successivement d’un parcours communal à un espace à reboiser pour lutter contre l’érosion au début du siècle puis contre l’incendie dans les années 1970 (Trivelly et al., 2000). Face à ce constat objectif, 216 personnes ont été interrogées par la technique des questionnaires sur les deux sites au cours de l’année 2000. Le questionnaire visait à identifier la perception de l’objet « pelouses sèches » et de la dynamique de colonisation arborée en corrélation avec les origines sociales des personnes interrogées et le type de fréquentation des sites. Les analyses multivariées réalisées sur les variables descriptives du paysage et explicatives par rapport aux personnes interrogées montrent que c’est la méconnaissance totale de l’objet, dans sa forme, sa composition, ses utilisations et son évolution qui discriminent le plus les personnes interrogées. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 57 Si ces résultats doivent encore être affinés par des entretiens avec les acteurs de la gestion (forestiers, chasseurs, agriculteurs, gestionnaires d' espaces, etc.), il ressort cependant que la plupart des bases scientifiques (biodiversité, successions secondaires) et appliquées (gestion conservatoire) de notre travail ne sont même pas perçues par les personnes interrogées… Sans vouloir tomber dans un pessimisme exacerbé, ces résultats montrent qu’un important travail de communication doit encore être fait entre chercheurs, gestionnaires d’espaces et la population. Dans ce domaine, les travaux alliant écologie et sociologie environnementale devraient apporter des éléments de réponses très importants dont il ne pourra plus être fait abstraction dans les opérations de gestion et de restauration futures des espaces naturels. ! !" #$% & ' ((' )" * + ,- - (. 58 BIBLIOGRAPHIE Académie des Sciences, 2000. Le monde végétal : du génome à la plante entière. Collection Rapports sur la Science et la Technologie, n° 10. Editions TEC & DOC, Paris : 220 p. A.F.E.S., 1995. Référenciel pédologique. Inra Editions, Paris, 332 p. Alard D., 1998. Echelles et dynamiques de la biodiversité dans les écosystèmes prairiaux. Habilitation à Diriger des Recherches, Université de Rouen, Rouen, 50 p. Aronson J., Floret E., Le Floc’h E., Ovalle C., Pontanier R., 1993. Restoration and rehabilitation of degraded ecosystems in arid and semiarid regions. I. A view from the south. Rest. Ecol., 1 : 8-17. Auger P., Baudry J., Fournier F., 1992. Hiérarchies et échelles en écologie. 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