Résumé
Les ressources en eau dans le bassin méditerranéen se caractérisent aujourd’hui par l’irrégularité
de leur répartition, dans l’espace et dans le temps. La plupart des pays de la rive sud et est de la
Méditerranée sont ainsi en situation de « pénurie chronique », avec moins de 1000 m3 par habitant
et par an. Le changement climatique devrait se traduire en Méditerranée par une baisse moyenne
des précipitations et des ressources moyennes en eau.
Un partenariat est établi entre le Plan Bleu et un laboratoire de recherche en hydrologie afin de
modéliser les impacts du changement climatique sur les écoulements dans les bassins versants
méditerranéens, et de construire des indicateurs d’impacts du changement climatique pour évaluer
les pressions futures sur les ressources en eau. L’étude est menée à l’échelle des bassins versants
méditerranéens, en excluant le Nil.
Afin d’évaluer les pressions futures sur les ressources, il est nécessaire d’évaluer aussi les impacts
du changement climatique sur la demande en eau. L’objectif de la présente étude était de
développer une méthodologie pour la quantification des impacts du changement climatique sur la
demande en eau agricole dans les bassins versants méditerranéens. Pour cela l’évapotranspiration
maximale des cultures irriguées a été modélisée, afin de représenter la quantité d’eau d’irrigation à
apporter aux cultures pour obtenir un rendement optimal. Cette évapotranspiration maximale doit
permettre d’expliquer les évolutions de la demande en eau future. En effet cette demande évoluera
si l’on cherche à obtenir les mêmes rendements qu’actuellement, dans des conditions climatiques
changées.
Les cultures irriguées et les surfaces associées ainsi que les calendriers de culture sont issues de la
base de données MIRCA 2000, et l’évapotranspiration des cultures irriguées ainsi que les besoins en
eau d’irrigation sont calculés grâce à l’outil de modélisation Cropwat. A partir de données climatiques
et de caractéristiques relatives à chaque culture, le logiciel calcule l’évapotranspiration maximale et
les besoins en eau d’irrigation.
La modélisation a d’abord été effectuée à l’échelle régionale, avec des données climatiques
concernant le climat actuel. Cette modélisation sur la période présente a permis de conforter les
choix méthodologiques et d’obtenir un aperçu de la relation entre apports et besoins en situation
présente. Les résultats montrent d’abord une hétérogénéité de l’évapotranspiration maximale des
cultures irriguées, cette évapotranspiration étant plus élevée dans les pays du Sud et de l’Est de la
Méditerranée. On a aussi pu noter que la part de l’eau d’irrigation dans l’eau consommée par les
cultures irriguées était variable d’un bassin versant à un autre, pouvant varier de quelques pourcents
à la quasi-totalité des apports en eau.
La méthode de quantification a ensuite été testée sur le bassin versant du Rhône, d’abord par des
tests de sensibilité aux principales données d’entrée en climat actuel, puis sous changement
climatique aux horizons 2025 et 2050. La sensibilité de la modélisation aux données d’entrée est
forte, ce qui montre l’influence importante des choix et des hypothèses retenues lors de l’étude.
A l’horizon 2025, pour les scénarios A1B et B1 du GIEC, les besoins en eau d’irrigation des cultures
irriguées dans le bassin versant du Rhône devraient diminuer d’environ 30% en moyenne annuelle,
avec une légère augmentation aux mois de mai et septembre.
A l’horizon 2050 les besoins devraient rester inférieurs de 30% aux besoins actuels sous le
scénario B1 du GIEC. Par contre, pour le scénario A1B ces besoins devraient ré-augmenter, pouvant
atteindre une hausse de 10% par rapport aux besoins actuels.