il a besoin d’aménagements et de res-
taurations urgentes, et l’équipement
culturel du territoire est pauvre. Il a
fallu investir massivement pour pou-
voir accueillir la programmation : même
s’il est difficile d’isoler ce qui aurait
été construit sur le territoire sans
MP2013, on peut estimer que les in-
frastructures créées, aménagées et
restaurées représentent au moins
650 M d’€ (voir tableau).
De plus à Mons le territoire n’est plus
à faire, et la métropole n’est en aucun
cas tiraillée. En Provence tout est
différent : Toulon et son agglomération
TPM semblent définitivement retirés
d’un projet qu’ils avaient approuvé (ils
ne veulent verser qu’1 des 7.5 M d’€
prévus initialement), Ouest Provence
se débat entre Istres qui entre dans
la danse et le reste de l’agglomération
qui n’y vient pas, Aix et sa CPA jouent
à la princesse au petit pois, délicate et
capricieuse, et toutes les autres com-
munes veulent tirer concrètement profit
de l’argent qu’ils mettent au pot com-
mun… Plus de deux millions d’habitants
étaient concernés par le projet Mar-
seille Provence 2013. Si Aix et Toulon
se retirent, qu’en restera-t-il ?
…et de financements
Quant à Mons, la ville est suffisam-
ment aidée par les tutelles pour prévoir
des événements dans les aggloméra-
tions alentours sans leur demander de
participation. C’est essentiellement le
Ministère de la culture de la com-
munauté française qui finance,
tandis que le sponsoring, le partena-
riat et le mécénat fonctionnement
au-delà des prévisions : toutes les
sociétés veulent en être, et à 4 ans du
début des manifestations, Mons a déjà
recueilli plus de 8 millions de mécénat…
alors que Marseille Provence 2013,
à moins de deux ans du début, peine
encore à convaincre les entreprises.
Les projets artistiques
Ils sont sensiblement différents. Mons
s’appuie sur un savoir-faire et une
gouvernance stable, qui permet d’avoir
une vision claire des projets axés sur
la création autour de figures emblé-
matiques de la ville : Van Gogh, qui
peignit à Mons ses premières toiles,
Orlando de Lassus, «Prince de la musi-
que» renaissante, qui y naquit, Verlaine
qui écrivit Sagesse dans sa prison, et
Saint Georges qui y terrassa son Dra-
gon. Yves Vasseur, commissaire de la
programmation et directeur du Manè-
ge-Mons, veut essentiellement «établir
des passerelles entre l’héritage patrimo-
nial et la création contemporaine, en
s’attachant en particulier aux technolo-
gies.» Pour cela il passera commande à
des artistes, collaborera avec la Capi-
tale Tchèque (Pilsen sera également
capitale en 2015), et avec les Capi-
tales précédentes.
D’ailleurs il est question de poursuivre
et labelliser des projets intéressant
également Marseille Provence 2013 !
Avec le FID (Festival international du
documentaire), avec le Ballet Natio-
nal de Marseille (Frédéric Flamand
vient de Charleroi, tout proche), et
avec l’ECO (Orchestre contemporain
européen) regroupant Télémaque,
ensemble marseillais, Musiques Nou-
velles, de Mons, et De Ereprijs,
formation hollandaise. Projets dont
nous devrions contempler les premiers
feux à Marseille…
Car MP2013 a fini de trier les 2200
projets reçus pour labellisation. Les
acteurs culturels qui les ont déposés
sauront bientôt s’ils sont ou non
financés, mais l’association, qui ne
dispose que de 69 M d’€ pour l’artis-
tique (si le budget prévisionnel devient
réalité et qu’il n’y a pas de défection),
fera certainement des déçus…
C’est le risque bien évidemment d’un
appel à projet large, ambitieux, non
dirigiste, tel que l’a voulu Bernard
Latarjet. L’autre faiblesse de notre
capitale est la lenteur de la procédure
qu’elle implique, mais qui est très
largement accentuée par les tergiver-
sations politiques des Villes. Risque et
faiblesse qui sont les revers d’un projet
ambitieux intellectuellement, sociolo-
giquement, territorialement. Reste à
connaître enfin ce qu’il en sera de l’ar-
tistique. Encore un peu de patience :
s’il n’y a plus de reculs, que chacun
continue d’y croire malgré le délite-
ment évident du contexte social et
politique national, Marseille Provence
2013 peut encore devenir une très
belle aventure.
AGNÈS FRESCHEL
www.mons2015.eu
www.marseille-provence2013.fr
05
POLITIQUE CULTURELLE
La ville n’en est pas à un paradoxe près, et il n’est jamais très aisé de savoir
qui dirige ; ainsi les musées et les bibliothèques n’ont plus de directeur : Marie-
Paule Vial et Gilles Eboli, lassés semble-t-il du fonctionnement municipal et du
manque de crédit, sont partis occuper d’autres fonctions. Plusieurs élus se
partagent la charge de la culture sans que la hiérarchie des décisions soit tout
à fait claire, la DGAC et le cabinet du maire ne semblent pas toujours d’accord…
Vous avez dit délitement ? Et bien non. Dans le même temps une
transformation sans précédent s’opère. Jean-Claude Gaudin l’a promis : non
seulement la Ville de Marseille tiendra ses engagements financiers vis-à-vis de
l’association MP2013, mais elle met tout en œuvre pour que les équipements
soient prêts à temps. Effectivement ses investissements sont massifs : 150 M
d’€ sont consacrés à remodeler le visage de la Ville. Aujourd’hui, aucun n’étant
arrivé à terme, on tarde à en voir les effets ! Mais le MuCEM, la Cité des Arts
de la rue, le Musée des Beaux-Arts, la nouvelle Friche, les 14 salles de MK2 sur
la Canebière, le Silo, le Frac, le Musée Borely, le musée d’Histoire vont
incontestablement changer la donne. Sans compter les projets plus modestes,
de la nouvelle Minoterie au Pôle instrumental de Télémaque, en passant par le
centre de Danse Kelemenis, le château de la Buzine, la Fondation Regards de
Provence et la Villa Mistral.
Les rénovations sont également nombreuses, et devraient permettre de profiter
pleinement de la Criée, du Toursky, de L’Odéon, de l’Opéra, du Musée Cantini
et de la Vieille Charité, du cinéma l’Alhambra, et des musiques actuelles au
Moulin et à l’Affranchi… Bien entendu la mairie n’est pas seule à financer ces
projets, estimés à près de 500 M d’€. Mais elle est maître d’œuvre de nombre
d’entre eux, et participe financièrement à la plupart des investissements initiés
par l’État, le conseil régional, ou les acteurs culturels eux-mêmes.
Il reste donc à espérer que tout sera en ordre de marche en 2013, et que
Marseille aura su ainsi profiter de cette année pour devenir la capitale culturelle
qu’elle n’aurait jamais dû renoncer à être ! Sans oublier, d’ici là, de continuer
à soutenir un tissu culturel fragile : il en a besoin au quotidien, et sa
paupérisation actuelle est affolante…
A.F.
www.marseille.fr
Marseille s’équipe
© Gilles Martin-Raget