CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LIBERTÉ INTÉRIEURE
ET LIBERTÉ EXTÉRIEURE
La double exigence de la liberté humaine
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-063
LIBERTÉ INTÉRIEURE ET LIBERTÉ EXTÉRIEURE
La double exigence de la liberté humaine
conférence d’Éric Lowen donnée le 3/2/2007
à la Maison de la philosophie à Toulouse
L’Être Humain est confronté à deux formes de libertés, différentes mais
complémentaires : la liberté intérieure et la liberté extérieure. La liberté intérieure
donne sens à la liberté extérieure, mais c’est la liberté extérieure qui donne effectivité
à la liberté intérieure. Quelles sont leurs principes, leur importance pour notre
épanouissement humain ? Peut-on les séparer ? Cette conférence traitera de ces deux
aspects souvent méconnus, ou dissociés, de la liberté.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-063 : “ Liberté intérieure et Liberté extérieure” - 09/04/1996 - page 2
LIBERTÉ INTÉRIEURE ET LIBERTÉ EXTÉRIEURE
La double exigence de la liberté humaine
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
La vraie liberté, c’est de pouvoir toute chose sur moi.
Montaigne (1533 - 1592)
I UNE PARTICULARITÉ DE LA LIBERTÉ DANS LA CONDITION HUMAINE
1 - La nature simple, monopolaire, de la liberté dans la nature animale
2 - La nature duale, bipolaire, de la liberté dans la nature humaine
3 - Le couple liberté intérieure - liberté extérieure
4 - Une tension structurelle de la condition humaine
II LA LIBERTÉ INTÉRIEURE
1 - La primauté de la liberté intérieure dans l’homme
2 - L’oubli de la liberté intérieure, plus difficile à percevoir
3 - Principe de la liberté intérieure
4 - La liberté vis-à-vis de soi-même, se libérer de soi-même
5 - Les contraintes intérieures, les obstacles intérieurs à cette liberté
6 - Le rôle de la connaissance de soi et de la conscience de soi
7 - L’importance du détachement et du recul
8 - Le courage d’agir sur soi et de se remettre soi-même en cause
9 - La nécessité de la liberté intérieure dans l’existence humaine (exemple du Meilleur des mondes)
III LA LIBERTÉ EXTÉRIEURE
1 - La secondarité de la liberté extérieure
2 - Un champ de liberté plus facile à percevoir, souvent au détriment de la liberté intérieure
3 - Principe de la liberté extérieure
4 - La liberté vis-à-vis de nos rapports avec le monde
5 - Les contraintes extérieures, les obstacles extérieurs à cette liberté
6 - Le rôle de la connaissance du monde et de l’éducation
7 - L’importance du détachement et du recul
8 - Le courage d’agir autour de soi et de remettre en cause la société
9 - La nécessité de la liberté extérieure dans l’existence humaine (l’exemple de 1984)
IV LES RELATIONS ENTRE CES DEUX EXPRESSIONS DE NOTRE LIBERTÉ
1 - Deux expressions d’un principe unique de liberté
2 - Complémentarité et inséparabilité de ces deux expressions de notre liberté
3 - La liberté intérieure pousse à la liberté extérieure
4 - La liberté extérieure permet l’existence de la liberté intérieure
5 - La suppression de l’une amène à la suppression de l’autre
6 - Toute augmentation de l’une se répercute sur l’autre
7 - À la liberté intérieure correspond l’émancipation de l’Être Humain
8 - À la liberté extérieure correspond la libération de l’Humanité
9 - Sans la liberté intérieure, la liberté extérieure n’est qu’une liberté superficielle et formelle
10 - La liberté intérieure donne sens et accomplissement à la liberté extérieure
V CONCLUSION
1 - La voie vers la liberté commence toujours par une conquête intérieure
2 - Entamer le processus d’émancipation intérieure est le premier acte de liberté
ORA ET LABORA
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Document 1 : Le fonctionnement et les rapports mutuels de la liberté intérieure et de la liberté extérieure
sont identiques à ceux du Yin et du Yang.
Yang = liberté extérieure
Yin = liberté intérieure
Document 2 : Parce qu’il est esprit, l’Homme a une double existence. C’est l’origine de sa double liberté,
liberté intérieure et liberté extérieure :
Les choses de la nature n'existent qu'immédiatement et d'une seule façon, tandis que l'homme,
parce qu'il est esprit, a une double existence; il existe d'une part au même titre que les choses
de la nature, mais d'autre part il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-
même, se pense et n'est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi. Cette
conscience de soi, l'homme l'acquiert de deux manières : Primo, théoriquement, parce qu'il doit
se pencher sur lui-même pour prendre conscience de tous les mouvements, replis et penchants
du cœur humain et d'une façon générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut
lui assigner comme essence, enfin se reconnaître exclusivement aussi bien dans ce qu'il tire de
son propre fond que dans les données qu'il reçoit de l'extérieur. Deuxièmement, l'homme se
constitue pour soi par son activité pratique, parce qu'il est poussé à se trouver lui-même, à se
reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s'offre à lui
extérieurement. Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son
intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres déterminations. L'homme agit ainsi,
de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger et
pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité. Ce
besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de
l'enfant; le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment
dans l'eau, admire en fait une oeuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité.
Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831)
Esthétique, 1835
Document 3 : La liberté intérieure commence par la liberté de penser, mais que serait la liberté de penser
sans les autres ?
On dit, il est vrai, que la liberté de parler ou d’écrire peut nous être ôtée par une puissance
supérieure, et non pas la liberté de penser. Mais penserions-nous beaucoup si nous ne
pensions pas pour ainsi dire en commun avec d’autres, qui nous font part de leurs pensées et
auxquels nous communiquons les nôtres ? Aussi-bien, l’on peut dire que cette puissance
extérieure qui enlève aux hommes la liberté de communiquer publiquement leurs pensées leur
ôte également la liberté de penser - l’unique trésor qui nous reste encore en dépit de toutes les
charges civiles et qui peut seul apporter un remède à tous les maux qui s’attachent à cette
condition. Emmanuel Kant (1724-1804)
Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? (III)
tr. fr. Philonenko, éd. Vrin, pp. 86-87
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Document 4 : La liberté intérieure est souvent dérangeante, car elle remet en cause les ordres établis :
Tout vagabondage déplaît au bourgeois, et il existe aussi des vagabonds de l’esprit, qui,
étouffant sous le toit qui abritait leurs Pères, s’en vont chercher au loin plus d’air et plus
d’espace. Au lieu de rester au coin de l’âtre familial à remuer les cendres d’une opinion
modérée, au lieu de tenir pour des vérités indiscutables ce qui a consolé et apaisé tant de
générations avant eux, ils franchissent la Barrière qui clôt le champ paternel, et s’en vont par les
chemins audacieux de la critique, où les mène leur insatiable curiosité de douter...
Max Stirner (1806 - 1856)
L’unique et sa propriété, 1845
Document 5 : La servitude volontaire est le cas typique d’une perte de liberté intérieure, c’est dans l’esprit
de soumission que tous les oppresseurs puisent leur pouvoir :
La liberté est un bien si grand et si plaisant, qu'elle perdue, tous les maux viennent à la file, et
les biens mêmes demeurant après elle, perdent entièrement leur goût et leur saveur ... Vous
vivez de sorte que vous ne pouvez pas vous vanter que rien soit à vous (en toute propriété) et
semblerait que désormais ce vous serait grand heur de tenir en fermage vos biens, vos familles,
vos vies ! Et tout ce dégât, ce malheur, cette ruine vous vient non des ennemis (extérieurs),
mais certes de celui qui ne vous tyrannise que parce que c'est vous qui le faites si grand. Pour
lui vous allez courageusement à la guerre et pour sa grandeur vous ne refusez point de
présenter vos personnes à la mort. Celui qui vous maîtrise tant n'a pourtant que deux yeux, n'a
que deux mains et n'a d'autre chose... que l'avantage que vous lui faites pour vous détruire.
... D'où a-t-il pris tant d'yeux dont il vous épie, si vous ne les lui baillez ? Comment a-t-il tant de
mains pour vous frapper, s'il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d'où les a-t-
il, si ce ne sont les vôtres ? Comment a-t-il quelque pouvoir sur vous, sinon par vous ? Que
pourrait-il faire si vous n’étiez receleur du larron qui vous pille et du bourreau qui vous tue ?
Vous semez vos fruits, afin qu'il en fasse le dégât ? Vous nourrissez vos filles, afin qu'il ait de
quoi saouler sa luxure ? Vous nourrissez vos enfants, afin que, pour le mieux qu'il leur saurait
faire, il les mène en ses guerres, les conduise à la boucherie ? Les fasse les ministres de ses
convoitises et les exécuteurs de ses vengeances ? Vous vous rompez à la peine et vous vous
affaiblissez afin de le rendre plus fort, et raide à vous tenir plus courte la bride ? Et de tant
d'indignités, que les bêtes mêmes ne l'endureraient pas, vous pouvez vous délivrer, car il suffit
seulement de le vouloir.
Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres, je ne veux pas que vous le poussiez ou
l'ébranliez; mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez comme un grand colosse à
qui on a dérobé sa base, de tout son poids même fondre en bas et se rompre. La Boétie (1530-1563)
De la servitude volontaire, 1576
Document 6 : La pensée marxiste, pour des raisons historiques facilement compréhensibles, s’est tournée
essentiellement vers la liberté extérieure, au détriment, voire à l’encontre de la liberté intérieure.
Le domaine de la liberté commence seulement cesse le travail qui est déterminé par la
nécessité et la finalité extérieure ; d'après sa nature, ce domaine se situe donc au-delà de la
sphère de la production à proprement parler matérielle. Comme le sauvage doit lutter avec la
nature pour satisfaire ses besoins, pour continuer et produire sa vie, de même l'homme civilisé y
est obligé et il l'est dans toutes les formes de la société et dans toutes les manières possibles
de la production. À mesure qu'il se développe, ce domaine de la nécessité de la nature s'élargit,
parce que les besoins augmentent ; mais en même temps croissent les forces productives qui
les satisfont. La liberté dans ce domaine ne peut donc consister qu'en ceci : l'homme socialisé,
les producteurs associés règlent rationnellement ce métabolisme (Stoffwecbsel) entre eux et la
nature, le soumettant à leur contrôle commun au lieu d'être dominés par lui par une force
aveugle ; ils l'accomplissent avec la moindre dépense d'énergie possible et sous les conditions
qui sont les plus dignes de leur nature humaine et qui y sont les plus adéquates. Néanmoins,
cela reste toujours un domaine de la nécessité. C'est au-delà que commence ce développement
des forces humaines qui est à lui-même son propre but, qui constitue le véritable domaine de la
liberté, mais qui ne peut éclore que sur la base de cet empire de la nécessité. La réduction de la
journée de travail est la condition fondamentale. Karl Marx (1818 - 1883)
Le capital, 1867
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