La Grande guerre
Fiche pédagogique
Philippe Cuomo
Professeur missionné par la Délégation Académique
aux Arts et à la Culture
La Comédie de Béthune
C.D.N. Nord Pas-de-Calais
Présentation du spectacle
La grande guerre est un spectacle qui a été créé il y a une dizaine d’années et qui connaît
un succès international. On le doit au collectif néerlandais Hotel Modern. L’idée est de
faire revivre les atrocités de cette guerre de tranchées à travers les lettres d’un poilu,
Prosper, à sa mère.
Un plateau de cinéma est installé sur la scène et le plateau de théâtre se transforme en
studio. Pas de jeu de comédien traditionnel, pas de décor démesuré, de simples objets
miniatures qui, filmés en gros plan et projetés sur grand écran, révèleront toute
l’horreur de cette grande guerre. Grâce à la manipulation et à la bande son extrêmement
sophistiquée d’Arthur Sauer, c’est à un véritable spectacle de théâtre que nous assistons
mais dont la frontière avec la performance, le cinéma ou le film d’animation reste ténue.
Avant le spectacle
Dans un premier temps, faire découvrir le spectacle sans en dévoiler
« la fabrication » à travers deux extraits
1
:
Extrait 1 (0 2 mn)
http://www.youtube.com/watch?v=lFyGz6P0sos
1. Que venez-vous de voir ?
2. Comment cette œuvre s’est-elle fabriquée ? Analysez les sons, les différents
éléments présents sur l’image etc.
3. De quel domaine artistique est-il question ?
Extrait 2 (0 2mn)
http://www.youtube.com/watch?v=McR209xMQ1o
1. Complétez la réflexion précédente. Votre réponse peut-elle changer ?
2. Comment l’émotion nait-elle dans ce que vous venez de voir ?
Analyse d’images
1. Où se place la caméra dans le dispositif général ?
2. Quels sont les différents objets utilisés ?
3. Peut-on parler d’effets spéciaux ?
1
Prolongement
Voir le film complet réalisé par Arte :
1. http://www.youtube.com/watch?v=lFyGz6P0sos
2. http://www.youtube.com/watch?v=McR209xMQ1o
3. http://www.youtube.com/watch?v=3FtKJmxk-6o
4. http://www.youtube.com/watch?v=3FtKJmxk-6o
La-Grande-Guerre©Hotel-Modern_web
Manipulation
A partir du texte suivant, extrait du spectacle, imaginez une petite
séquence théâtrale faite sur le même modèle. Demandez à un
camarade de la filmer.
Projetez ensuite la séquence filmée alors que vous dites le texte en
direct.
Si vous êtes techniquement très équipé, rélaisez le tout devant la
caméra.
« Chère maman, la nuit je suis allé sur le champ de bataille pour chercher le corps
de Calvel et l’enterrer convenablement. Il faisait un temps épouvantable. Je suis
allé de cadavre en cadavre. Les boches m’ont vu de leurs tranchées. J’ai
retourner sur mes pas sous une grêle de balles. »
ANNEXE
Théâtre et cinéma, quelques réflexions succinctes :
Ouvrage de Charles Tesson :
http://www.cahiersducinema.com/Theatre-et-cinema.html
« Cet ouvrage s’attache non seulement aux adaptations des pièces de théâtre à l’écran,
mais surtout à toutes les formes qu’a pu prendre cette relation.
Dès que le cinéma a entrevu la possibilité de raconter des histoires de les mettre en scène, il
s’est tourné vers le modèle du théâtre et vers le tournage en studio qui lui en restituait les
conditions matérielles. Le cinéma a beaucoup pris au théâtre, à son contact, en
s’appropriant diverses composantes comme le jeu des acteurs, le décor, la scénographie, le
dialogue, la dramaturgie, et en les adaptant à ses propres moyens d’expression. La
construction des premières salles de cinéma prolonge l’architecture du théâtre…
Alors que le qualificatif de « théâtral » a souvent une connotation négative pour désigner le
style d’un film, c’est justement dans ses rapports avec le théâtre que le cinéma a pris
conscience de sa nature singulière en tant qu’art et de ses propres enjeux esthétiques, entre
l’attrait pour la réalité et le piège de ses faux semblants.
Cet ouvrage s’attache non seulement aux adaptations des pièces de théâtre à l’écran, mais
surtout à toutes les formes qu’a pu prendre cette relation, avec comme fil rouge les
moments le cinéma a eu le plus besoin du théâtre pour définir sa « petite différence »,
comme le passage au parlant, la toute puissance de la télévision ou encore l’arrivée en
force des nouvelles technologies. Nombreux sont les cinéastes qui ressentent la nécessité du
théâtre pour définir les possibilités de leur geste d’artiste : Marcel Pagnol, Sacha Guitry,
Jean Renoir, Charlie Chaplin, Carl Th. Dreyer, Manoel de Oliveira, Jacques Rivette…
Charles Tesson est critique et enseignant à l’université de Paris III,
Sorbonne Nouvelle. Il est l’auteur d’ouvrages
sur Satyajit Ray, Luis Bunuel, et La Série B.
Article du dictionnaire de Michel Corvin
CINÉMA ET THÉÂTRE. Le cinéma dès ses débuts s'est inspiré des solutions théâtrales
aux questions d'art dramatique ; il a pris au théâtre une partie de son répertoire, et aussi
nombre de ses techniciens et de ses acteurs. Mais c'est en profondeur que le théâtre a
informé le cinéma, en lui inspirant des manières de représenter l'espace, l’action et la
scène qui perdurent par-delà le renouvellement apparent des univers de fiction.
Le cinéma contre (et avec) le théâtre
comme une curiosité scientifique, le cinématographe, « invention sans avenir », allait
en trouver un rapidement, avec l'adaptation à tout-va du répertoire, littérature et art
dramatique confondus. Le cinéma allait devenir, dès les premières années du XXe siècle,
une machine à reproduire les œuvres romanesques et théâtrales. Que cette reproduction
ait été d'abord imparfaite, c'est un euphémisme : soit le cinéma copiait trop
littéralement le théâtre (en en important les acteurs, en en reprenant les pires traditions
scénographiques - médiocres toiles peintes, meubles en toc), soit il trichait par trop. En
dépit de quelques réussites exceptionnelles, le théâtre ne réussit guère au cinéma muet,
et c'est loin de toute théâtralité - dans les genres privilégiant l’action et le plein air - que
celui-ci trouva sa spécificité, et presque sa définition.
Pourtant, c'est peu dire que le modèle de la scène théâtrale resta, durant l'époque
muette, et a fortiori bien davantage dès l'invention du parlant, un fantasme directeur
profond pour la conception même du métier de cinéaste (un métier que l’on appela
longtemps, en français, « metteur en scène », comme son homologue théâtral). La
première grande solution apportée au problème du film comme montage de plans
successifs -rompant l'action en actions élémentaires, et devant cependant apparaître
comme une continuité - fut dérivée, par David W. Griffith dans ses courts-métrages de la
Biograph (1908-1913), de la structure de la scène à l'italienne, avec ses coulisses, sa
latéralisation, la frontalité dans laquelle elle est offerte au regard. Dans le système
griffithien, un personnage sort par la droite pour entrer par la gauche au plan suivant,
dans un décor que, du coup, l'on doit imaginer comme adjacent au précédent ; avec cette
solution simple - et qui fut utilisée à grande échelle dans les commencements de
Hollywood -, on est déjà dans le cinéma, dans sa construction d'un monde imaginaire fait
de pièces et de morceaux, et encore un peu dans le théâtre, dans sa logique spatiale et
dynamique. Rapidement, ce système élémentaire apparut monotone et insuffisant à tout
montrer ; la caméra se déplaça, occupa des points de vue plus variés, changea sa
distance à l'événement, mais dans les règles de montage en vigueur durant toute l'ère
« classique », la prégnance de l'idée de scène ne disparut jamais, et avec elle, une
présence sourde « du » théâtre.
Cette présence du théâtre dans le cinéma fut soulignée, et peut-être renforcée, par les
innombrables migrations de professionnels de l'art dramatique. Les acteurs, les
premiers, furent attirés par ce qui semblait un moyen facile d'embaumer leur art pour
l'éternité ; vite désillusionnés sur ce point (la « mise en conserve » des Sarah Bernhardt*
et autres Le Bargy ayant accusé le caractère périssable de leur jeu), ils trouvèrent dans
l'industrialisation du cinéma le moyen d'une carrière mieux assurée. Des temps forts
marquent cette migration : on pense surtout à l'Allemagne des années 1920, le tout-
théâtre, de Wegener à Jannings, Krauss ou Veidt, se retrouve sur les écrans ; mais elle est
de tous les temps et de tous les pays, dans la mouvance hollywoodienne comme au
Japon ou en Inde. Le trajet des metteurs en scène est moins uniforme, mais constant.
Certains sont restés des cinéastes d'occasion, avec des fortunes inégales : si l'Hirondelle
et la Mésange (Antoine*, 1922) est un film profondément original, si L'Ile des
bienheureux (Reinhardt*, 1913) est une curiosité non dénuée d'attrait, ni Knock (Jouvet*,
1933) ni même Molière (Mnouchkine*, 1978) ne convainquent de leur nécessité en tant
que films.
Pour la plupart des metteurs en scène de théâtre qui y ont goûté, le cinéma est devenu
une seconde pratique, concomitante à l'autre (Welles*, Olivier*, Zeffirelli), et plus
fréquemment encore un substitut définitif : de Capellani à De Mille, de Sirk à Ophuls, de
Kazan* à Nicholas Ray et des Allemands (Dieterle, Lupu Pick, Murnau, Leni, Lubitsch)
aux Russes (Eisenstein*, loutkevitch, Kozintzev, Trauberg) en passant par les Japonais
(Kinoshita, Kinugasa), une impressionnante proportion des grands réalisateurs de
l'époque classique a fait ses classes au théâtre. Plus rare par la suite, cette migration a
suscité des œuvres toujours très personnelles - de Fassbinder* à Chéreau*. Le parcours
inverse est plus exceptionnel. Quelques cinéastes de premier plan se sont essayés au
théâtre (Renoir, Orvet, 1955 ; Rivette, la Religieuse, 1964, Tite et Bérénice, 1988; Rohmer,
Catherine de Heilbronn, 1979) ; d'autres, tout aussi peu nombreux, y ont fait une seconde
carrière (Visconti*) ; Bergman*, quant à lui, a mené de front les deux carrières.
Le sens unique est également la règle dans le cas des écrivains, même si tous les cas de
figure sont attestés : auteurs dramatiques reconnus s'encanaillant au cinéma (Anouilh*
« dialoguant » Un caprice de Caroline chérie, 1952), adaptant leurs propres pièces
(Anouilh encore, le Voyageur sans bagage, 1944, mais aussi bien Brecht* et Puntila,
1955), venant garantir de leur plume la qualité d'un dialogue (Giraudoux* pour les Anges
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