
"Goûter" : verbe ambigü qui connaît trois acceptions. Primo, on peut l'entendre comme
synonyme de "tester", "essayer". Secundo, y voir un synonyme de "prendre plaisir à", de
"trouver bon et agréable" (sens vieilli, qu'on trouve surtout dans la langue du XVIIème,
ainsi chez
La Fontaine
: "L'âne qui goûtait fort l'autre façon d'aller, Se plaint en son
patois..." Fables, III, 1. Tertio, il peut se lire au sens de "juger", "apprécier avec
justesse" (associé au "bon goût"). L'acception purement gustative du verbe "goûter"
pouvait ici être écartée sans hésitation.
1.2. Forme de la question
"Faut-il" : verbe fort. La question porte sur la nécessité de disposer d'une culture
livresque pour apprécier une oeuvre d'art. Une réponse affirmative sous-entendrait qu'un
ignorant, un illettré ou un individu n'ayant jamais eu la chance de fréquenter l'école ne
pourrait pas goûter une oeuvre d'art.
1.3. Relations entre les termes
L'oeuvre d'art se propose d'atteindre le beau, c'est-à-dire de faire appel à un sentiment.
Au contraire, la culture au sens de la question désigne le savoir intellectuel. Un
mouvement du coeur dépendrait-il donc d'une "tête bien pleine" ? L'opposition entre les
inclinations sentimentales et les ordres de l'esprit, entre émotions et raison, est pourtant
bien connue.
2. Réponse spontanée et réponse paradoxale justifiées
Réponse spontanée : Non, la culture livresque n'est pas nécessaire car l'oeuvre d'art,
visant au beau, parle directement au coeur et peut émouvoir même un ignorant.
Réponse paradoxale : Oui, la culture s'avère absolument indispensable pour goûter une
oeuvre car sans un minimum de connaissances, le spectateur comprend de travers et
admire au hasard.
3. Argumentation de la thèse et de l'antithèse
3.1. Thèse : un ignorant peut être ému par une oeuvre d'art