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« Pourquoi être franc-maçon au XXI° siècle ?»
Comment travailler à l'amélioration de l'Homme et de la Société ?
Avant de nous poser cette question du : "Pourquoi être franc-maçon au 2siècle ?" peut-être devrions nous déjà
définir ce qu'est "être franc-maçon" et regarder si cette définition a pu évoluer depuis la création de la franc-
maçonnerie. Ce que nous pouvons constater, ici et maintenant, c'est que la franc-maçonnerie est un système social
et spirituel séculaire, que d'aucuns qualifient "d'ordre maçonnique" qui se manifeste en diverses obédiences, parfois
antagonistes, voire hégémoniques.
Comme tous les systèmes sociaux, à peine nés, ils se veulent avoir une origine, un dessein et une règle de bonne
conduite. Par cette "règle de bonne conduite", par cette "régularité", nous rencontrons le classique binôme de
"l'éthique" et de la "Morale". La Morale concerne les "bons comportements" au sein du système social et l'éthique
concerne les "valeurs" et leurs relations réciproques qui fondent ces comportements. Être un franc-maçon régulier
c'est avant tout posséder des règles de bonne conduite au sein de son groupe social et de les respecter en
connaissance de cause. C'est par son "étude de la Morale" et sa "pratique de la Solidarité", ainsi que par les
circonstances de son initiation, qu'un franc-maçon sera reconnu comme tel par ses frères. On pourrait dire qu'on
n'est pas franc-maçon, mais qu'on le devient par l'initiation et la reconnaissance de ses Frères. En corolaire, on
pourra perdre cette qualité, si l'on perd cette reconnaissance par un comportement dévoyé. Être Franc-maçon ce
n'est pas une manière d'être, encore moins de paraitre, mais une manière de faire et de se comporter. Ainsi être
franc-maçon ce n'est pas faire montre d'érudition, d'une intelligence supérieure ou appartenir à une quelconque
élite nobiliaire. La seule noblesse est celle du coeur, qui se manifeste par une empathie avec ses frères, dans le cadre
d'une tolérance mutuelle, dans la diversité des points de vue, dans la perspective d'une concorde et d'une harmonie
universelle.
Dans son comportement ou sa démarche, un franc-maçon procède en trois temps : entendre, comprendre et exalter-
transmettre.
1. Entendre dans le sens d'entendement, car conscient de la polysémie des termes et des symboles, il importe
de déjà bien s'entendre sur le sens que chacun leur donnera, afin d'éviter tous malentendus. Il faut alors
savoir se taire pour mieux entendre autrui. C'est le premier savoir de l'apprenti franc-maçon.
2. Comprendre, dans le sens de prendre ensemble, car les mots ne prennent leur sens que dans le cadre d'une
phrase, d'une théorie, d'un ensemble avec ses tenants et aboutissants, dans le cadre d'un contexte. C'est
tout cet ensemble, ce système, qu'il faut comprendre pour maitriser son dessein, sa finalité. C'est l'instant où
le compagnon pourra enfin présenter en gloire son "chef-d'oeuvre" accompli.
3. Exalter-transmettre, où exalter c'est se placer à un niveau supérieur, dépasser l'écume des choses, afin d'en
transmettre l'essentiel. C'est par cette capacité de dépassement et de discernement que l'on devient maitre
de soi et parfois maitre des évènements. Par cette maitrise, le franc-maçon pourra alors envisager de se
perfectionner tant dans l'étude, que dans la pratique. Un Maitre ne vaut alors que par l'exemplarité de son
comportement, tant parmi ses frères que dans la société en général.
La démarche maçonnique s'avère essentiellement comportementale et basée sur l'exemplarité. Dans ce sens on ne
peut pas l'apprendre dans les livres, mais dans une commune-union, dans l'altérité de ses frères réunis dans ce que
l'on appelle une Loge maçonnique. Une Loge qui n'existe que quand les Frères sont réunis dans la forme
accoutumée. Démarche comportementale, elle est ritualisée pour conserver sa pertinence et ne pas céder aux effets
de mode. Un rituel épuré de toutes sophistications esthétiques où seule compte l'acquisition des fondamentaux, par
la répétition inlassable des gestes essentiels. C'est par cet aspect performatif que le geste devient la parole, celle qui
conduit à la réalisation du dessein. Ces rituels performatifs, les francs-maçons spéculatifs les ont largement
empruntés aux Francs-maçons opératifs. Mais c'est un point d'histoire que nous laisserons aux historiens, pour ne
retenir que se fut surtout la démarche plutôt que le contenu qui fut retenu.
Cette démarche c'est celle du vivre ensemble, de travailler dans l'harmonie dans le cadre d'un dessein, d'un projet
partagé. Elle permet de réaliser trois voyages symboliques : en soi, vers les autres et avec les autres.
1. Voyage en soi selon le fameux : " Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les Dieux. " qui figurait
au fronton du Temple de Delphes et qui fut développé par Socrate puis relaté par Platon.
2. Voyage vers les autres car sans cette altérité et son exemplarité chaque individu ne serait qu'une page
blanche, sur laquelle il peinerait à écrire sa propre histoire. On apprend surtout par l'imitation des bons
comportements d'autrui et par la prise de conscience de nos erreurs.
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3. Voyage avec les autres, dans la perspective d'un dessein commun, au sein d'un collectif le tout est
supérieur à la somme de ses parties. Cet état d'harmonie collective, où la Loge se comporte comme une
entité manifestant une volonté particulière, les Francs-maçons le nomme : "Egrégore".
La démarche maçonnique que nous venons d'esquisser, est à l'évidence intemporelle car elle s'adresse aux
caractéristiques humaines fondamentales. Elle concerne les comportements au sein des systèmes sociaux et
notamment celui des représentations symboliques et des constructions de l'Esprit.
L'Esprit ne pense le Monde qu'au travers des représentations qu'il s'en fait. Mais comme la carte n'est pas le
territoire, ces représentations ne sont pas le Monde, mais une simple image chacun pourra avoir un point de vue
différent. Il faut donc harmoniser ces points de vue, et pour ce faire il nous faut nous entendre pour dégager ceux qui
font consensus et que l'on nomme des "paradigmes". Pour autant, même communément admises, ces
représentations ne sont pas certaines, et aucune ne peut prétendre être un dogme. Elles seront admises pour vraies,
jusqu'à preuve du contraire. Constructions de l'Esprit, ces représentations se doivent d'obéir à des règles rigoureuses
de construction. Cet Art architectural, les Francs-maçons le nomme : "l'Art Royal", il contient tous les outils et
techniques nécessaires à la construction de la représentation. Il nous faut toutefois faire montre d'humilité, car ces
techniques sont celles d'une époque et certaines peuvent dater. C'est peut-être au niveau de ses outils de
représentation que le franc-maçon du 21° siècle doit s'interroger. Cela concerne aussi le contexte des aspirations
sociales et sociétales de "l'honnête homme" du 21° siècle. D'une certaine manière, c'est dans sa représentation
globale du Monde que le franc-maçon du 21° siècle doit s'interroger.
Formalisée au 18° siècle, avec ce point singulier de 1723 pour la parution des "Constitutions d'Anderson", la Franc-
maçonnerie plonge ses racines dans le 17° siècle, celui de la "Renaissance". Une époque troublée par d'effroyables
guerres de religions et marquée par un nouvel essor de l'Esprit, portant en germe celui du 18° que l'on appellera le
"siècle des Lumières". Les sociétés humaines évoluent selon des cycles centenaires et la Franc-maçonnerie, comme
une sorte de sous-ensemble représentatif, évolue pareillement. Cette coïncidence d'évolutions pourrait faire croire
que la Franc-maçonnerie serait à l'origine de ces évolutions. Rien n'est moins sur, car si des personnalités
remarquables furent des francs-maçons, il serait abusif de dire que le système maçonnique, en tant que tel, serait le
creuset de ces évolutions. Le système maçonnique, dans son intemporalité, s'appuie sur les fondamentaux humains,
tant sur le plan des individus, que celui des groupes sociaux, puis par extension celui de l'Humanité toute entière.
Chacun représentant un plan de conscience différent, chacun émergeant du précédent, si et seulement si, les
conditions nécessaires sont réunies durablement. Ce travail de représentation et de modélisation de ces
changements de plans de conscience, a conduit les francs-maçons à définir des "Rites", qui issu du sanscrit "rita"
signifie "semblable à l'Univers", alors que le terme rituel, vient du latin "ritus" qui est un fréquentatif, en ce qu'il
formalise des séquences du Rite. Cette connaissance du Rite, de son Rite, est le travail de toute une vie maçonnique
car ces différents Rites, ces différentes représentations de l'organisation de l'Univers, sont approchées par degrés
successifs, avec l'ambition d'atteindre la "connaissance suprême". Les 3 premiers degrés, sont semblables dans
presque tous les Rites maçonniques, en ce qu'ils forgent la conscience individuelle, pour la rendre apte à explorer les
autres plans de consciences, dont la représentation globale diffère selon les Rites. On pourra alors remarquer que si
dans ses premiers degrés le système maçonnique garde une certains pertinence avec les besoins de son époque, en
ce qu'il forme les esprits individuels dans une perspective d'élévation vers d'autres plans de conscience. On peut
s'interroger sur la pertinence de la représentation globale que sont les Rites maçonniques et se demander si leur
pratique n'est pas devenue folklorique, voire pire encore, être devenu un système nobiliaire flattant des égos, ayant
perdu le sens et la finalité de ce travail.
L'Humanité, dans sa compréhension et sa représentation de l'Univers, a progressé en phases successives, que tente
de formaliser l'épistémologie. Combien de paradigmes, tenus pour certains à leur époque, sont devenus obsolètes
aujourd'hui. Notre propre cosmogonie, notre actuelle représentation de l'Univers, n'est-elle pas déjà obsolète ? Être
franc-maçon au 21° siècle c'est plus que jamais de tenter d'entendre et de comprendre son siècle, en s'appuyant sur
les caractéristiques humaines fondamentales, tant individuelles que collectives, afin d'exalter-transmettre l'essentiel.
L'essentiel étant l'Esprit, ce curieux phénomène, qui donne aux choses la capacité de prendre conscience d'elles-
mêmes et de leur environnement, pour pouvoir manifester une volonté particulière. Un esprit individuel, qui si et
seulement si, les conditions nécessaires sont réunies durablement, pourra être dans une commune-union avec ses
semblables et former une entité collective, un tout supérieur à la somme de ses parties. Être franc-maçon au 21°
siècle c'est travailler à l'avènement de cette entité collective, celle d'une Humanité fraternelle qui consciente de la
rareté de l'Esprit dans l'Univers, saura travailler à son épanouissement et sa perpétuation. Sans ce travail opiniâtre et
résolu, tout n'est que poussière et retourne à la poussière.
J'ai dit ...
Nota : cette planche au 1er degré se poursuit au 2ème et 3ème degré
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