développement durable. L’engagement en faveur de la couverture santé universelle (CSU) – l’idée que
chacun puisse accéder aux services de santé dont il a besoin sans encourir de difficultés financières – est
fondé sur la reconnaissance de la valeur intrinsèque de la santé et du droit à la santé. En d’autres termes, il
est inadmissible que certains membres de la société soient exposés à la mort, à l’invalidité, à des
problèmes de santé et à l’appauvrissement pour des problèmes qui pourraient être résolus à peu de frais.
La CSU est également un bon investissement économique. En effet, la prévention de la malnutrition et de
la maladie aura vraisemblablement des effets bénéfiques considérables sur la longévité et la productivité
des individus, le niveau des revenus, et les coûts de santé évités. Une protection contre la paupérisation
provoquée par les dépenses en soins médicaux va également contribuer à la stabilité sociale, qui est un
préalable à une croissance économique soutenue. Une réponse efficace à la demande de planification
familiale accélèrera la transition de la fécondité, qui entraînera à son tour un relèvement des taux de
croissance économique et une réduction plus rapide de la pauvreté. Des systèmes de santé renforcés, aptes
à prévenir et détecter les pandémies et autres crises sanitaires, et à y répondre efficacement, peuvent
réduire de façon spectaculaire les perturbations et les coûts économiques causés par de tels évènements.
De plus, l’accès à des services de santé à un coût abordable aide à réduire les difficultés financières liées à
la maladie, tout en contribuant à la cohésion sociale et à la réduction de la pauvreté. Enfin, le secteur de la
santé contribue de plus en plus, et directement, à la croissance économique et à la création d’emplois. En
résumé, la CSU est non seulement un facteur d’égalisation sociale, mais également un bon investissement
dans le capital humain et la sécurité sanitaire, ainsi qu’un moteur pour la création d’emplois dans le
secteur de la santé.
5. La CSU devient de plus en plus un impératif politique car les citoyens de la région attendent des
services de santé plus accessibles et de meilleure qualité. Compte tenu de l’enjeu, il n’est pas surprenant
que la santé soit au premier plan du débat politique dans différents pays du monde. L’Afrique ne fait pas
exception. Le dernier sondage d’opinion Afrobaromètre, mené dans 36 pays d’Afrique, souligne
l’importance accordée à la santé par la population africaine. De même que les sondages menés sur
d’autres continents, cette enquête révèle un haut degré de frustration et de préoccupation face aux
systèmes de santé de la région. Les personnes interrogées mentionnent la longueur des temps d’attente,
les coûts élevés, le manque de respect de la part des prestataires et le fait qu’elles-mêmes, ou les membres
de leur famille, renoncent souvent à se faire soigner en cas de maladie ou de blessure. La santé est
systématiquement définie comme l’un des grands défis auxquels sont confrontés les pays africains ; dans
27 des 29 pays couverts par l’enquête Afrobaromètre 2014/2015, la santé est classée comme l’une des
deux grandes priorités exigeant un accroissement des dépenses publiques.
6. Le présent document fournit un cadre pour l’action vers la CSU pour l’Afrique. Il souligne les
progrès réalisés ces vingt dernières années dans l’extension de la couverture des services de santé clés,
dans la protection contre les risques financiers causés par les paiements de soins de santé et dans le
renforcement de la sécurité sanitaire. Malgré des progrès notables, il reste d'énormes défis. Il n’y a pas de
modèle unique pour la façon de s’attaquer à ces défis ; les pays devront tracer leur propre trajectoire en
fonction de stratégies définies par les pays, ou de feuilles de route, qui reflètent les besoins, les aspirations
et les contraintes des divers pays de la région. Néanmoins, les leaders africains ont souscrit des
engagements communs à la CSU par le biais du processus des ODD, et par le biais des déclarations et des
organismes régionaux, et des politiques et des législations nationales. S’appuyant sur ces engagements, le
présent cadre est destiné à stimuler l’action, en démontrant que la progression vers la CSU est non
seulement possible, mais également essentielle.