La couverture santé universelle en Afrique : un cadre pour l’action i Résumé analytique Pourquoi investir dans la couverture santé universelle (CSU) ? Les investissements dans les systèmes de santé en Afrique sont la clé d’une croissance inclusive et durable. La forte croissance économique de ces dernières années a contribué à abaisser le taux de pauvreté à 43 % de la population. Toutefois, avec l’augmentation de la population de l’Afrique – qui devrait atteindre 2,5 milliards d’ici 2050 – un des défis cruciaux pour la région est de créer les bases d’une croissance inclusive à long terme. De nombreux pays souffrent encore de taux élevés de mortalité infantile et maternelle, la malnutrition est encore trop répandue, et la plupart des systèmes de santé ne sont pas en mesure de gérer efficacement les épidémies ni le fardeau croissant des maladies chroniques telles que le diabète. Ces défis exigent un renouvellement des engagements et des progrès accélérés en vue de la couverture santé universelle (CSU) qui permettra à chacun de recevoir les soins de santé selon ses besoins, et sans difficultés financières. Investir dans la CSU est rentable. La première raison d’investir dans la CSU est d’ordre moral : il est inacceptable que certains membres de la société soient exposés à la mort, à l’invalidité, à la maladie et à l’appauvrissement pour des questions qui pourraient être réglées à peu de frais. Mais la CSU est également un bon investissement. La prévention de la malnutrition ainsi que de la mauvaise santé se traduira probablement par des effets bénéfiques considérables en termes de vies plus longues et productives, de niveaux de revenu plus élevé, et de frais médicaux épargnés. Une réponse efficace à la demande de planification familiale accélèrera la transition en matière de fécondité, qui entraînera à son tour des taux de croissance économique plus élevés ainsi qu’une réduction plus rapide de la pauvreté. De plus, l’amélioration des systèmes de surveillance épidémiologiques peut endiguer le coût humain et les conséquences économiques des épidémies. En 2015, la perte de croissance économique due au virus Ébola s’est chiffrée à plus d’un milliard de dollars USD dans les trois pays touchés par l’épidémie. La CSU en Afrique : progrès et défis Les dépenses de santé en Afrique ont fortement augmenté, mais les dépenses publiques domestiques marquent le pas. Dans l’ensemble, la dépense de santé a augmenté rapidement au cours des vingt dernières années, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire. Mais cette augmentation est due principalement aux dépenses de santé payées directement par les ménages et à l’aide au développement, dont environ la moitié était destinée aux dépenses liées au VIH/sida. C’est ainsi que la part des dépenses de santé dans la dépense publique totale a diminué dans la moitié des pays de la région. En 2014, seuls quatre pays ont atteint l’objectif d’Abuja qui fixe à 15 % la part des dépenses publiques à consacrer à la santé. Le faible niveau des ressources domestiques engagées se traduit souvent par des pénuries d’intrants essentiels, tels que les ressources humaines pour la santé et les produits pharmaceutiques. Si la couverture des services de santé essentiels a augmenté, de graves lacunes subsistent. La couverture en matière de moustiquaires traitées à l’insecticide pour les enfants a rapidement augmenté en Afrique, ce qui explique partiellement la baisse de la mortalité infantile. D’autres indicateurs liés aux services de santé maternelle et infantile, tels que les soins prénatals et l’accouchement assisté par du personnel qualifié, se sont également améliorés. De grandes disparités subsistent néanmoins à l’intérieur des pays et la couverture reste très incomplète pour de nombreux services essentiels. L’accès aux services de traitement du VIH/sida, de la tuberculose et du paludisme reste inégal et inférieur aux autres indicateurs de base de progrès de la CSU. Les progrès sont également lents quant à l’amélioration l’accès à l’eau et à l’assainissement, et la région est loin d’atteindre l’objectif de développement durable 2030 qui vise à assurer à 80 % de la population une couverture en matière de services de santé de base essentiels. Des millions d’Africains sombrent dans la pauvreté à cause du niveau élevé des paiements directs de santé. La protection contre les risques financiers est généralement faible en Afrique, obligeant la plupart des patients à puiser dans les revenus de leur ménage pour payer les services de santé, ce qui s’appelle paiements directs de santé. Dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (tranche inférieure), les patients sont moins protégés contre les paiements directs élevés que ceux des pays à revenu intermédiaire (tranche supérieure). Les paiements directs de santé ont augmenté dans presque tous les pays, passant de 15 dollars USD par habitant en 1995 à 38 dollars USD en 2014. Ainsi, 11 millions d’Africains basculent chaque année dans la pauvreté à cause du niveau élevé des paiements directs de santé. Protéger les personnes de la paupérisation causée par les paiements de santé est une pierre angulaire de la CSU, et contribuera à empêcher la pauvreté en Afrique. Accélérer les progrès en vue de la CSU : opportunités, orientations et direction Accélérer les progrès en vue de la CSU en Afrique est à portée de main, mais exigera un leadership politique et une vision stratégique claire. La plupart des pays africains ont intégré la CSU parmi les objectifs de leur stratégie nationale de santé. Mais ces engagements sont lents à se traduire par un accroissement des ressources domestiques consacrées à la santé, par une aide efficace au développement avec pour résultat des services de santé équitables et de qualité et une protection financière accrue. Les pays qui atteindront leurs objectifs en matière de CSU d’ici 2030 pourront éviter un grand nombre de décès materno-infantiles, renforcer la résilience face aux crises sanitaires, réduire les difficultés financières liées à la maladie et consolider les bases d’une croissance économique à long terme. Il n’existe pas d’approche unique pour atteindre la CSU – les stratégies dépendront du contexte local et du dialogue national. Malgré la grande diversité des pays africains, beaucoup d’entre eux sont confrontés à des défis communs. Le présent cadre propose aux pays et aux acteurs impliqués dans la réalisation de la CSU un ensemble de mesures. Il a pour ambition de stimuler des activités en démontrant que les progrès en vue de la CSU sont non seulement possibles, mais également primordiaux. La CSU en Afrique : un cadre pour l’action Financement : dépenser plus et mieux, assurer une protection financière efficace Améliorer l’efficacité des dépenses de santé publiques et privées pour obtenir de meilleurs résultats et accroître les ressources ; Accroître les dépenses publiques de santé par le biais d’une réallocation budgétaire et d’une mobilisation accrue des ressources nationales ; Réduire les obstacles financiers à l’utilisation des soins de santé et rendre les services de santé abordables pour tous ; S’assurer que les personnes pauvres et les travailleurs du secteur informel bénéficient du prépaiement et que les prestataires bénéficient de conditions équitables ; Allouer des ressources budgétaires spécifiques pour réduire les obstacles financiers à l’utilisation des soins de santé ; Améliorer l’efficacité de l’aide au développement pour la santé, en améliorant la coordination et l’utilisation des systèmes de santé des pays. Services : centrage sur le patient, qualité des soins et action multisectorielle Mettre en place des services de santé centrés sur le patient afin d’améliorer la qualité des services et la sécurité des patients ; Donner la priorité aux investissements dans les services de soins communautaires et de santé primaires dans le cadre de systèmes viables de gouvernance au niveau local ; Créer des partenariats avec la société civile et les prestataires non gouvernementaux afin d’élargir l’accès aux services et aux interventions essentiels ; Investir dans la formation initiale, particulièrement dans les zones mal desservies ; Entreprendre une action multisectorielle pour établir les déterminants de la santé. Équité : cibler les pauvres et les groupes marginalisés, en ne laissant personne au bord du chemin Cibler les populations vulnérables et concevoir des programmes adaptés à leurs besoins ; Étendre les prestations de services aux groupes et lieux marginalisés ; Porter à l’échelle nationale les interventions favorables aux pauvres, telles que les incitations à la demande, notamment les bons et les transferts conditionnels en espèces ; Protéger les droits des femmes, des enfants et des minorités, en particulier durant les périodes de leur vie où ils sont vulnérables. État de préparation : renforcer la sécurité sanitaire Améliorer les plans de préparation nationale, notamment la structure organisationnelle du gouvernement ; Promouvoir l’adhésion au Règlement sanitaire international (RSI) ; Utiliser le cadre international pour le suivi et l’évaluation du RSI ; Améliorer la collaboration avec les partenaires concernés et entre les pays pour la préparation et la réponse aux crises sanitaires. Gouvernance : ancrages politiques et institutionnels de l’agenda de la CSU Mettre en place des plateformes et des processus pour encourager le dialogue sociétal ; Renforcer les mécanismes qui ont démontré leur efficacité dans le dialogue intersectoriel et l’action ; Établir un système de suivi et de rapports transparent sur les progrès en vue de la CSU ; Assurer à l’ensemble des citoyens l’accès aux données et aux informations relatives à la CSU, dans le cadre d’un dialogue sociétal et de processus participatifs ; Renforcer les institutions et les organisations nationales pour qu’elles puissent diriger la mise en œuvre des réformes nécessaires à la CSU. La CSU en Afrique : un cadre pour l’action Texte complet A. Pourquoi investir dans la couverture santé universelle (CSU) ? 1. Au cours des quinze dernières années, de nombreuses parties de l’Afrique1 ont connu une croissance économique rapide et une réduction spectaculaire de la pauvreté. Entre 2001 et 2014, le produit intérieur brut (PIB) réel a augmenté de 5 % par an, contre à peine plus de 2 % dans les années 1980 et 1990 (Fonds monétaire international, 2016). La croissance économique a contribué à la réduction de la pauvreté dans l’Afrique subsaharienne : le pourcentage de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté est en effet tombé de 57 % en 1990 à 43 % en 2015 (Banque mondiale et Fonds monétaire international, 2016). Les progrès sont cependant inégaux, reflétant les conflits et l’instabilité de certaines parties du continent. Pourtant, en dépit d’une économie mondiale qui s’essouffle, la forte demande intérieure, l’amélioration de la gestion macroéconomique et le renforcement de l’environnement commercial ont contribué à maintenir vivante la promesse d’une renaissance africaine. 2. L’Afrique a également enregistré des progrès impressionnants en matière de santé. Entre 1990 et 2015, l’Afrique subsaharienne (ASS) et l’Afrique du Nord (AN) ont connu une baisse respective de la mortalité juvénile de 54 et 67 % (UNICEF, 2015) (Figure E-1 et E-2 en annexe). Pendant cette même période, le taux de mortalité maternelle a baissé de 45 % en ASS et de 59 % en AN. Le nombre des décès liés au sida a fortement baissé entre 2010 et 2015 en ASS, région la plus touchée (de 1,13 à 0,8 million) (ONUSIDA, 2016b). Ces progrès reflètent : a) une forte augmentation des interventions clés dans le domaine de la santé maternelle et juvénile ; b) des améliorations importantes dans les efforts de prévention ; c) l’accès au traitement du VIH/sida dans la plupart des pays africains (fiFigure E-3 et E-4). 3. Malgré les progrès réalisés, de nombreux pays sont confrontés à d'immenses besoins non satisfaits en matière de santé et la pression sur les systèmes de santé devrait s’accroître. Dans de nombreux pays africains, la réduction de la mortalité juvénile et maternelle est restée en deçà des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ; quant aux objectifs de développement durable (ODD), leur réalisation représente un défi de taille (figure E-5). La prévalence du VIH/sida et de la malnutrition reste obstinément élevée. Sur le plan mondial, les nouvelles infections à VIH enregistrent une stagnation à 2,5 millions par an, dont 75 % en Afrique subsaharienne. Par ailleurs, en matière de santé, les disparités économiques, sociales, géographiques et ethniques ainsi que les disparités entre hommes et femmes restent d’une ampleur intolérable (Heaton et coll. 2016). D’autres questions importantes apparaissent également. Les récentes épidémies d’Ébola et de fièvre jaune en Afrique ont souligné la vulnérabilité des pays face aux crises sanitaires. Les maladies chroniques non transmissibles augmentent à un rythme alarmant et représentent un défi du double point de vue de la prévention et du traitement. Ces défis apparaissent dans un contexte de fécondité élevée et de forte croissance démographique. D’après les estimations actuelles des Nations Unies, la population de l’Afrique devrait passer de 1,2 milliard en 2015 à 2,5 milliards en 2050. 4. Les progrès en vue d'une couverture santé universelle (CSU) sont non seulement cruciaux pour la promotion de l’équité, des droits fondamentaux et de la sécurité humaine en matière de santé, mais sont aussi porteurs d'avantages économiques importants. De nombreux pays d’Afrique ont fait preuve d’un leadership impressionnant dans la conduite de leur programme de santé, soutenu par des engagements au titre des objectifs du millénaire pour le développement et, plus récemment, au titre des objectifs de 1 développement durable. L’engagement en faveur de la couverture santé universelle (CSU) – l’idée que chacun puisse accéder aux services de santé dont il a besoin sans encourir de difficultés financières – est fondé sur la reconnaissance de la valeur intrinsèque de la santé et du droit à la santé. En d’autres termes, il est inadmissible que certains membres de la société soient exposés à la mort, à l’invalidité, à des problèmes de santé et à l’appauvrissement pour des problèmes qui pourraient être résolus à peu de frais. La CSU est également un bon investissement économique. En effet, la prévention de la malnutrition et de la maladie aura vraisemblablement des effets bénéfiques considérables sur la longévité et la productivité des individus, le niveau des revenus, et les coûts de santé évités. Une protection contre la paupérisation provoquée par les dépenses en soins médicaux va également contribuer à la stabilité sociale, qui est un préalable à une croissance économique soutenue. Une réponse efficace à la demande de planification familiale accélèrera la transition de la fécondité, qui entraînera à son tour un relèvement des taux de croissance économique et une réduction plus rapide de la pauvreté. Des systèmes de santé renforcés, aptes à prévenir et détecter les pandémies et autres crises sanitaires, et à y répondre efficacement, peuvent réduire de façon spectaculaire les perturbations et les coûts économiques causés par de tels évènements. De plus, l’accès à des services de santé à un coût abordable aide à réduire les difficultés financières liées à la maladie, tout en contribuant à la cohésion sociale et à la réduction de la pauvreté. Enfin, le secteur de la santé contribue de plus en plus, et directement, à la croissance économique et à la création d’emplois. En résumé, la CSU est non seulement un facteur d’égalisation sociale, mais également un bon investissement dans le capital humain et la sécurité sanitaire, ainsi qu’un moteur pour la création d’emplois dans le secteur de la santé. 5. La CSU devient de plus en plus un impératif politique car les citoyens de la région attendent des services de santé plus accessibles et de meilleure qualité. Compte tenu de l’enjeu, il n’est pas surprenant que la santé soit au premier plan du débat politique dans différents pays du monde. L’Afrique ne fait pas exception. Le dernier sondage d’opinion Afrobaromètre, mené dans 36 pays d’Afrique, souligne l’importance accordée à la santé par la population africaine. De même que les sondages menés sur d’autres continents, cette enquête révèle un haut degré de frustration et de préoccupation face aux systèmes de santé de la région. Les personnes interrogées mentionnent la longueur des temps d’attente, les coûts élevés, le manque de respect de la part des prestataires et le fait qu’elles-mêmes, ou les membres de leur famille, renoncent souvent à se faire soigner en cas de maladie ou de blessure. La santé est systématiquement définie comme l’un des grands défis auxquels sont confrontés les pays africains ; dans 27 des 29 pays couverts par l’enquête Afrobaromètre 2014/2015, la santé est classée comme l’une des deux grandes priorités exigeant un accroissement des dépenses publiques. 6. Le présent document fournit un cadre pour l’action vers la CSU pour l’Afrique. Il souligne les progrès réalisés ces vingt dernières années dans l’extension de la couverture des services de santé clés, dans la protection contre les risques financiers causés par les paiements de soins de santé et dans le renforcement de la sécurité sanitaire. Malgré des progrès notables, il reste d'énormes défis. Il n’y a pas de modèle unique pour la façon de s’attaquer à ces défis ; les pays devront tracer leur propre trajectoire en fonction de stratégies définies par les pays, ou de feuilles de route, qui reflètent les besoins, les aspirations et les contraintes des divers pays de la région. Néanmoins, les leaders africains ont souscrit des engagements communs à la CSU par le biais du processus des ODD, et par le biais des déclarations et des organismes régionaux, et des politiques et des législations nationales. S’appuyant sur ces engagements, le présent cadre est destiné à stimuler l’action, en démontrant que la progression vers la CSU est non seulement possible, mais également essentielle. B. La CSU en Afrique : progrès et défis 7. Les progrès réalisés vers la CSU sont mesurés par le degré de couverture des principaux services ou interventions de santé et le niveau de la protection financière. Le cadre de suivi de la CSU, développé par l'OMS et la Banque mondiale, se concentre sur les objectifs de couverture des services et de protection financière (OMS et GBM 2014). La mesure de la couverture des services tient compte d'un large spectre d'interventions incluant la promotion, la prévention, les traitements, la réadaptation et les soins palliatifs. Étant donné qu'en Afrique la charge de morbidité se concentre sur les maladies transmissibles, ainsi que sur les maladies maternelles, néonatales et nutritionnelles, les rapports sont généralement consacrés à ces domaines. Afin d'évaluer le niveau de protection des populations africaines contre les difficultés financières entraînées par d’importants paiements directs des services de santé par les patients, le cadre de suivi repose sur deux types standards d'indicateurs de protection financière : (i) l'incidence des dépenses catastrophiques de santé et (ii) l'incidence des dépenses entraînant un appauvrissementii. Pour cerner les progrès réalisés vers la CSU, il est également fréquent d'analyser l'état des ressources du système de santé. Cette analyse peut inclure des indicateurs sur la capacité du système de santé (par exemple les infrastructures, les ressources humaines ou la préparation aux pandémies) et le montant des ressources financières consacrées à la santé. Les dépenses de santé ont augmenté malgré la stagnation des financements du secteur public 8. Entre 1995 et 2014 (à PPA 2011), les dépenses totales de santé (DTS) par habitant ont augmenté, passant en moyenne de 113 USD à 306 USD. Le total des dépenses de santé en Afrique est comparable aujourd'hui à celui des pays à faible revenu à travers le monde. Cependant, les moyennes régionales cachent une importante hétérogénéité à travers le continent et le degré d'inégalité dans le total des dépenses de santé entre les pays a augmenté au fil du temps (Figure B-1). En moyenne, les DTS ont augmenté plus rapidement que le PIB, de 5 % par an au cours des deux dernières décennies, à comparer à une croissance de 2 % du PIB (Figure E-6). En conséquence, la part des DTS dans le PIB est passée de 5 % en 1995 à 6 % en 2014 (Figure E-7), avec des variations importantes entre les pays, de 2,6 % en RDC jusqu'à 11 % pour Djibouti, le Lesotho et la Sierra Leone. Figure B-1 : Importante variation de la croissance et du niveau des dépenses totales de santé dans les pays africains Variation des DTS par habitant et par pays (à PPA) Afrique 1995 – 2014 DTS par habitant (USD, PPA 2011) Source : Analyse de la BM basée sur OMS - GHED Les cercles vides (pleins) représentent la part moyenne des DTS par habitant en 1995 (2014) du pays La ligne bleue pointillée représente la moyenne de l'échantillon des DTS par habitant en 1995 (113,5 USD) La ligne bleue continue représente la moyenne de l'échantillon des DTS par habitant en 2014 (306,1 USD) 9. Les dépenses publiques pour la santé ont progressé lentement et se situent loin des objectifs ambitieux de la Déclaration d'Abuja. En 2014, les recettes publiques en pourcentage du PIB variaient en Afrique de 0,9 % pour le Nigeria à 8,1 % pour le Lesotho. Le niveau relativement faible des recettes publiques dans de nombreux pays (Figure B-2) se traduit par un faible niveau des dépenses publiques de santé. Dans la Déclaration d'Abuja de 2001, la plupart des pays de la région s'étaient engagés à augmenter les dépenses publiques de santé jusqu'à au moins 15 % du budget du pays. Malgré cela, la part des dépenses publiques consacrée à la santé a diminué dans la moitié des pays africains entre 2002 et 2014. Seuls quatre pays ont dépassé en 2014 les objectifs d'Abuja, même si certaines aides au développement de la santé (ADS) étaient comptabilisées dans l'estimation des dépenses publiquesiii (Figure B-3). Aucun des cinq pays ayant atteint en 2002 l'objectif de 15 % n'a été en mesure de maintenir le niveau ciblé des dépenses nationales de santé. Figure B-3 : Progrès limités dans l'atteinte des objectifs d'Abuja 20 60 Figure B-2 : Faible niveau des recettes publiques dans de nombreux pays 15 CAF ZAF DJITUN NAM 5000 10 LBYBWA AGO COG NGA NAM DZA SWZ MAR CPV GAB MAR ZAF TUN EGY AGO GAB BDI LSO KEN STP SDN TZA CPV UGABFA DZA MUS RWA SYC BEN GIN BWA COM SEN TGO GNB NER CIV GNQ GHA MRT MLI EGY LBY CMR ZMB SLE MDG TCD MOZ ERI MUS COD 0 30 20 10 LBR COG MOZ LBR SSD DJI BDI ZWE STP MRT MWI SEN RWA COM NER GMB GIN BFA GNB CIV TGO KEN ZMB GHA CMR TCD BEN MLI CAF ETH TZA ZAR ERIUGA SLE MDG SDN 0 MWI SWZ ETH GMB 5 40 50 Government budget allocated to health (2014) LSO 0 NGA 10000 15000 GDP per capita in PPP (2014) 5 10 15 Government budget allocated to health (2002) 20 20000 Source : OMS GHED. Source : FMI PEM. Recettes en % du PIB (2014) PIB par habitant (à PPA) (2014) Budget public alloué aux dépenses de santé (2014) Budget public alloué aux dépenses de santé (2002) 10. Il faut noter une croissance significative de l'aide au développement en matière de santé mais une préoccupation croissante quant à la durabilité, l’efficacité et les variations du financement national des dépenses de santé. L'aide au développement de la santé (ADS) a rapidement augmenté en Afrique au cours des dernières décennies (Figure B-4). La croissance de l’ADS accordée à la région a été en grande partie consacrée aux dépenses liées au VIH/SIDA et au paludisme. La part de l’ADS allouée au VIH/SIDA est passée en 1990 de 7 % du total de l’ADS à un sommet de 54 % en 2010. De la même façon, l’ADS consacrée au paludisme a augmenté pour passer en 1990 de 1 % des DTS à 13 % en 2010 (Figure B-5). Cependant, et alors que l’ADS augmentait en Afrique, les dépenses nationales stagnaient, en particulier dans les pays à faible revenu (PFR). En conséquence, la part de l’ADS dans les dépenses totales de santé a augmenté dans les PFR, passant de 20 % en 2000 à 35 % en 2014iv (Figure B-6). Cette situation soulève différentes questions, par exemple savoir jusqu'à quel point l’ADS peut-elle se substituer aux ressources nationales (c.-à-d. quel est le degré de fongibilité ?), comme d'autres questions entre partenaires de développement relatives à l'efficacité et la viabilité à long terme des priorités financées par l’ADS. Le financement du renforcement des systèmes de santé n'a pas non plus augmenté au cours de cette période. Figure B-5 : Croissance de l’ADS sous l'impulsion du VIH/SIDA et du paludisme 14 50 Figure B-4 : Faible corrélation entre ADS et revenus CPV ZMB 12 10 8 SYC 0 5 6 Source : OMS - GHED et Banque mondiale. HIV/AIDS Maternal Health Other GAB LBY 9 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2005 2006 Child Health Malaria Source : IHME. Note : "Autres" comprend la tuberculose, d'autres maladies infectieuses, les SWAP et le renforcement des systèmes de santé, les maladies non transmissibles et d'autres. En 2013, elles représentaient respectivement 2 %, 1 %, 6 %, 1 % et 8 % du total de l’ADS. ADS en milliards USD VIH/SIDA Santé infantile Santé maternelle Paludisme Autres Figure B-6 : Part croissante de l’ADS dans les dépenses totales de santé 40 35 30 DAH share of THE 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 GNQ COG NGA MAR TUN EGY DZA 7 8 lnGNI per capita (2010-14) ADS par habitant (2010 – 2014) RNB par habitant (2010 – 2014) MUS 1993 ZAF 1992 BDI TZA KEN GMB GNB BFACOM MLI SEN BEN SSD CIVGHA COD ETH ERITGO CAF CMR TCD MRT MDG GIN NER SDN 1991 10 MWI LBR SLE MOZ 2 20 UGA 1990 RWA BWA 6 ZWE 4 SWZ 0 30 LSO STP DAH in billion USD 40 NAM 25 20 LIC LMIC 15 10 5 0 Source : Calculs des auteurs à partir de OMS - GHED. HMIC Note : LIC = Pays à faible revenu (PFR) LMIC = Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure (PRII) HMIC = Pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure (PRIS) Les PFR incluent le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, la République centrafricaine, le Tchad, les Comores, la République démocratique du Congo, l'Érythrée, l'Éthiopie, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, Madagascar, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Rwanda, la Sierra Leone, la Somalie, le Sud-Soudan, la Tanzanie, le Togo, l'Ouganda et le Zimbabwe. La capacité des prestations de santé s'est améliorée, mais insuffisamment pour répondre aux besoins actuels et futurs 11. Le nombre de professionnels de la santé est le facteur le plus critique dans la fourniture des services de santé. La densité du personnel de santé est un bon indicateur de la capacité d'un pays à procurer à sa population des services de santé. La pénurie en personnel de santé qualifié a été un important frein à l'atteinte de la CSU à travers le continent et celle-ci est particulièrement grave en Afrique subsaharienne. L’Afrique subsaharienne enregistre 24 % de la charge des maladies à travers le monde mais seulement 3 % de l'effectif mondial des personnels de santé (OMS, 2006). La pénurie en médecins, infirmières et sages-femmes dans les pays AFRO de l'OMS est estimée à environ 2,7 millions de travailleurs en 2013, bien en dessous du seuil de l'indice ODD (4,45 médecins, infirmières et sagesfemmes pour 1 000 habitants). Le déficit est estimé à 4,2 millions de travailleurs si toutes les catégories de personnel de santé sont incluses et il est prévu que ce déficit total atteigne 6,1 millions en 2030. Une étude a estimé que le financement des rémunérations aurait dû augmenter en 2015 d'environ 20 milliards USD si le nombre requis d'agents de santé avaient été employés. La pénurie en personnel de santé au niveau des pays est exacerbée par de graves déséquilibres dans la répartition géographique des professionnels qualifiés : une estimation fixe à plus de 90 % le nombre de pharmaciens et dentistes pratiquant dans les zones urbaines, d'autres professionnels de la santé enregistrant une distribution similaire (OMS 2016a). De plus, une information exacte, à jour et cohérente à l'échelle nationale et portant sur les effectifs de santé n'est pas toujours disponible, soulignant ainsi la nécessité de renforcer les systèmes d'information nationaux essentiels. 12. Différents groupes de prestataires privés de services de santé jouent un rôle actif dans l'agenda de la CSU. Environ 40 % des paiements directs des services de santé sont consacrés aux prestataires privés de services de santé, en particulier les organisations religieuses, les ONG, les institutions sans but lucratif et les prestataires à but lucratif. Des expériences de plus en plus fréquentes dans la prestation des soins de santé entre les services publics et les prestataires privés montrent des synergies et des gains d'efficacité. Cependant, procurer l'intendance nécessaire pour multiplier et soutenir de tels partenariats s'est souvent avéré difficile pour les gouvernements. Un nombre croissant d'exemples de collaboration avec le secteur privé relevés à travers le continent montre que cette collaboration influe également sur le marché des principales matières premières et matériel médical, ainsi que sur les secteurs de la distribution et de la maintenance. Enfin, de nombreux pays commencent à recourir contractuellement et avec succès au secteur privé pour des services spécifiques tels que le transport et l'élimination des déchets médicaux. 13. L'accès aux principaux médicaments et technologies sécuritaires, abordables et de qualité reste un défi. Malgré les progrès réalisés en Afrique dans différents domaines, l'accès aux médicaments reste faible. Dans certains pays africains, la disponibilité de différents médicaments sélectionnés ne s'élève qu'à 21 % dans le secteur public et 22 % dans le secteur privév. Les défis communs incluent des prix élevés, un financement inadapté, une faible réglementation pharmaceutique, des systèmes d'approvisionnement et de distribution inadéquats, un accès limité à l'information et une utilisation inappropriée. De plus, la région est le théâtre de la circulation de plus en plus importante de produits médicaux contrefaits ou inférieurs aux normes en raison de la faible performance des autorités nationales de réglementationvi. Lorsque les médicaments ne sont pas remboursés par l'assurance maladie ou délivrés dans les établissements publics, les paiements directs peuvent être importants et les populations les plus vulnérables sont exposées à des difficultés financières et à l'appauvrissement. Couverture des principaux services et interventions de santé : progrès mitigés 14. Des progrès mitigés ont été constatés dans la couverture des services. Malgré cela, des progrès impressionnants dans la couverture et l'équité ont été enregistrés au cours des deux dernières décennies pour certains services et interventions de santé critiques (Figure B-7). L'amélioration des indicateurs de la couverture des services reste pour la plupart concentrée sur la population la plus aisée, mais le degré d'inégalité a légèrement diminué. L'amélioration la plus rapide a été enregistrée dans la protection des lits d'enfants par des moustiquaires imprégnées d'insecticide, qui a augmenté en moyenne d'environ 15 % par an entre 2006 et 2014. Tous les indicateurs liés à la santé maternelle ont également progressé au cours des 20 dernières années (Figure B-8). Les visites prénatales (au moins 4) et le suivi qualifié avant accouchement ont également augmenté pour passer d'environ 40 % en 1990 à environ 60 % en 2014. Mais de larges disparités subsistent entre pays, en particulier pour l'accès à des prestations et interventions plus complexes telles que l'assistance de sages-femmes qualifiées et le traitement des maladies graves. Très peu de pays atteignent la couverture sanitaire universelle, même pour des services planifiables et routiniers tels que les vaccinations. Figure B-7 : Progrès mitigés couverture des soins infantiles dans la Figure B-8: Principale amélioration pour les indicateurs de santé maternelle Source : DHS et MICS. Tendances de la couverture sanitaire Afrique, Indicateurs de santé infantile (1995 – 2030) Tendances de la couverture sanitaire Afrique, Indicateurs de santé maternelle (1990 – 2014) 15. Des lacunes dans l'accès aux services de santé essentiels consacrés au VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme restent dans de nombreux pays d'importants obstacles à la réalisation de la CSU. Une augmentation significative de la couverture des services de santé essentiels contre ces maladies a été enregistrée depuis 2002. L'augmentation de la couverture de la prévention de la transmission mère-enfant du VIH a entraîné une réduction de 60 % des nouvelles infections chez les enfants. À fin 2015, les programmes soutenus par le Fonds mondial, l'OMS, l'ONUSIDA et d'autres partenaires ont aidé les pays africains en fournissant à 7,7 millions de patients un traitement antirétroviral, en détectant et traitant 4,2 millions cas de tuberculose et en fournissant plus de 550 millions de moustiquaires imprégnées d'insecticide. L'amélioration de l'accès au traitement du SIDA a entraîné depuis 2010 en Afrique orientale et australe (AOA) une diminution de 36 % des décès liés au SIDA. Cependant, l'accès aux services consacrés au VIH, la tuberculose et le paludisme reste inégal et inférieur à d'autres indicateurs de base du progrès de la CSU (Figure E-8). Par exemple, 56 % environ des PVVIH ont été diagnostiquées en AOA et 54 % d'entre elles sont sous traitement, à comparer à 36 % diagnostiquées et 28 % sous traitement en Afrique de l'Ouest et 36 % diagnostiquées et 17 % sous traitement en Afrique du Nord (ONUSIDA 2016a). 16. L'accès à un meilleur approvisionnement en eau et assainissement a progressé durant les deux dernières décennies, mais à un rythme lent. L'évolution entre 1991 et 2014 de l'accès à un meilleur approvisionnement en eau en Afrique n'enregistre qu'une légère amélioration (d'environ 0,9 % par an en moyenne). L'indicateur de l'accès à l'eau et l'assainissement individuel a augmenté à un rythme plus rapide, autour de 2,5 % par an (Figure E-9). Encore une fois, des tendances positives pour le continent dans son ensemble cachent d'importantes différences entre les groupes économiques, les sousrégions et les pays. Dans l'ensemble, la région est loin d'atteindre une couverture de 80 % de la population, objectif ODD 2030 pour les principaux services de santé de base. 17. Dans de nombreux pays, la mauvaise qualité des soins de santé compromet la CSU. La mauvaise qualitévii des soins coûte des vies et gaspille les rares ressources. Des déficits importants dans la disponibilité des principaux médicaments et des équipements médicaux, ainsi que dans les connaissances et les pratiques des agents de santé en première ligne ont été mis en évidence au cours des dernières enquêtes de l'initiative « Indicateurs de prestation de service » (IPS) (Error! Reference source not found.). Les objectifs de mortalité ODD ne seront pas atteints à moins que les défauts de qualité ne soient traités dans un plus large éventail d'interventions. Encadré B-1 : Principales conclusions des enquêtes sur les indicateurs de prestation de service (IPS) Des données comparables sur la qualité des soins dans les pays africains sont extrêmement limitées. Pour aider à combler ce manque d'information, la Banque mondiale, la Banque africaine de Développement et le Consortium pour la Recherche économique en Afrique se sont associés dans l'Initiative IPS pour mettre en œuvre un programme d'enquêtes représentatives au niveau national destiné à mesurer trois facteurs susceptibles d'influer sur la qualité des soins en première ligne : (i) l'absentéisme et la charge de travail des agents de santé, (ii) la disponibilité des principales infrastructures et des intrants nécessaires aux agents de santé pour effectuer leurs principales tâches et (iii) le niveau de connaissance des agents de santé (mesuré par des vignettes cliniques). À fin juin 2016, les enquêtes IPS avaient été menées dans neuf pays africains et les données correspondantes sont actuellement disponibles pour sept pays (Error! Reference source not found.). Tableau B-1 : Indicateurs sélectionnés à partir de 7 enquêtes IPS Mozambique (2014) Absent de l'établissement (% fournisseurs) Charge de travail (Par fournisseur et par jour) Disponibilité des principaux médicaments (% médicaments) Disponibilité des principaux équipements (% équipements) Disponibilité des installations (% installations) Précision du diagnostic dans 5 castraceurs (% cas cliniques) Respect des lignes directrices de diagnostic clinique pour les cinq castraceurs (% directives cliniques) Respect des directives de traitement clinique des complications maternelles et néonatales (% directives cliniques) Kenya (2013) Sénégal (2012) Ouganda (2013) Tanzanie (2014) Togo (2014) Nigeria (2014) 23,9 27,5 20 46,7 14,3 37,6 31,7 17,4 15,2 - 6,0 7,3 5,2 5,2 42,7 54,2 78 47,2 60,3 49,2 49,2 79,5 76,4 53 21,9 83,5 92,6 21,7 34,0 46,8 39 63,5 50,0 39,2 23,8 58,3 72,2 34 58,1 60,2 48,5 39,6 37,4 43,7 22 41,4 43,8 35,6 31,9 29,9 44,6 - 19,3 30,4 26,0 19,8 Dans les pays étudiés, le niveau d'absentéisme des agents de santé est élevé, variant de 20 % (Sénégal) à près de 50 % (Ouganda). Pour les agents présents, la charge de travail moyenne est souvent faible, comprise entre cinq et sept patients par jour en Ouganda, Tanzanie, Togo et Nigeria. La capacité de fourniture des soins des agents de santé est également diminuée par le manque d'intrants tels que les principaux médicaments et les équipements médicaux essentiels. Dans tous les pays étudiés, à l'exception du Sénégal et de la Tanzanie, moins de la moitié des médicaments essentiels est disponible dans les établissements de santé. En Ouganda et au Nigeria, seul un cinquième des installations répondent aux critères minimaux de l'équipement médical. Au Nigeria, moins d'un établissement de santé sur quatre dispose simultanément de l'eau, d'un assainissement et de l'électricité. Enfin, les indicateurs révèlent que la connaissance clinique de base du personnel de santé est insuffisante dans de nombreux pays. Compte tenu du fait bien connu que les agents de santé mettent généralement en pratique beaucoup moins de connaissances qu'ils n'en ont apprises (l'écart du "savoir-faire"), la qualité des soins est très probablement encore plus basse que ne le reflètent les mauvais résultats obtenus lors des tests de connaissance. Source : www.sdindicators.org Des frais élevés et croissants à la charge des patients contribuent à l'appauvrissement 18. Les dépenses encourues par les ménages pour le paiement direct des services de santé restent élevées en Afrique. Alors que la part des frais de santé à la charge des patients dans les DTS a diminué dans la plupart des pays, le niveau des frais à la charge des patients a augmenté et la nécessité de renforcer les mécanismes nationaux de financement du prépaiement reste une priorité pour les systèmes de santé africains. La couverture par l'assurance sociale de santé (ASS) et les autres formes d'assurance est relativement faible dans la plupart des pays d'Afrique. Les dépenses publiques pour la santé constituent donc le plus important vecteur de mise en commun des ressources dédiées aux services de santé et le principal moyen de promouvoir l'accès aux soins et la protection financière. En raison des faibles niveaux de dépenses publiques, une part importante de la charge financière de la santé incombe cependant aux patients sous la forme du paiement des services de santé à la charge des ménages. En termes absolus, les paiements directs ont augmenté dans presque tous les pays de la région, passant de 15 USD en 1995 à 38 USD en 2014 (USD constant). Étant donné que le total des dépenses de santé a augmenté à un rythme plus rapide au cours de la même période, dans la plupart des cas entraînées par la hausse de l’ADS, la part des dépenses de paiement direct des services de santé dans le total des dépenses de santé (DTS) a diminué, passant de 44 % à 34 % (Figure B-9). Figure B-9 : Les dépenses de santé à la charge des patients (paiement direct des services de santé) restent élevées en Afrique Dépenses de santé à la charge des patients par habitant (USD constant) 1995 – 2014 Variation de la part du paiement direct des services de santé dans le total des dépenses de santé (%) 1995 – 2014 19. Le niveau élevé et croissant des dépenses pour le paiement direct des services de santé exerce une forte pression sur les ménages en Afrique et est une cause majeure et croissante de l'appauvrissement. Sur la base des enquêtes réalisées auprès des ménages des pays africains au cours des 25 dernières années (1990-2014), des millions de ménages ont rapporté des dépenses de santé d'un montant catastrophique et entraînant la paupérisation, les ménages des PFR et PRII étant plus vulnérables que ceux des PRIS. Environ 35 millions de personnes, soit de 0,8 à 5,4 % de la population pour l'ensemble des pays et en moyenne 3,2 %, ont dû assurer le paiement de dépenses catastrophiques de santé dans une année donnée (Figure B-10). De même, environ 11 millions de personnes dans les PFR et les PRII, soit près de 1,4 % de la population, sont tombées dans la pauvretéviii en raison des dépenses de santé engagées au cours de l'année de l'enquêteix (Figure B-11). La part de la population encourant des dépenses de santé catastrophiques (seuil de 15 %) a augmenté de 1,2 à 5 % au cours des 25 dernières années (Figure E-10), tandis que les données disponibles montrent que la part de la population poussée dans la pauvreté en raison des dépenses de santé a également augmenté, passant de 0,6 % en 1990 à 1,5 % en 2014 (Figure E-11). Figure B-10 : 35 millions d'Africains doivent supporter chaque année des dépenses catastrophiques Figure B-11 : 11 millions d'Africains doivent supporter chaque année des dépenses entraînant leur appauvrissement Dépenses catastrophiques, par groupe de revenu, Afrique 1990 – 2014 Dépenses entraînant un appauvrissement, par groupe de revenu, Afrique 1990 - 2014 Lacunes dans la préparation aux urgences de santé publique 20. Le risque de ne pas avoir la capacité suffisante pour répondre aux pandémies a pris une importance capitale pour la sécurité des personnes. Comme en témoignent ces dernières années, les flambées d'Ébola, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), la grippe aviaire et le virus Zika peuvent dévaster les communautés par des pertes humaines et de graves impacts sociaux et économiques. La récente épidémie d'Ébola en Afrique occidentale a montré comment une épidémie peut rapidement proliférer en l'absence d'un solide système de santé offrant une couverture efficace des services non seulement pour les groupes les plus aisés, mais aussi pour les populations rurales et les groupes marginalisés. Les récentes épidémies ont également souligné l'importance des fonctions essentielles de santé publique (FESP), c'est-à-dire la responsabilité de l'état dans l'amélioration, la promotion, la protection et le rétablissement de la santé de la population par une action collective, comme le moyen le plus rentable d'améliorer la santé de la population et des individus (OMS 2016b). La capacité de traitement des déterminants sociaux et environnementaux de la santé contribue également à la prévention des urgences de santé publique. 21. La préparation du système de santé aux urgences de santé publique en est encore à ses balbutiements. À ce jour, le seul pays du continent ayant réalisé une évaluation des FESP (MartinMoreno et coll. 2016) est le Maroc, ce qui montre le manque sérieux d'attention portée à la santé publique sur le continent. En complément, la réglementation sanitaire internationale (RSI) joue un rôle important pour réduire les risques de situations d'urgence et minimiser les dommages potentiels, mais les évaluations récentes réalisées dans les pays africains mettent en évidence d'importantes lacunes dans l'application des principales RSIx. Par exemple, une évaluation externe conjointe (JEE) récemment achevée en Éthiopie a identifié des problèmes critiques dans l'engagement multisectoriel, l'intégration des fonctions de surveillance dans les systèmes de santé humaine et animale et le renforcement des capacités de laboratoire. C. Accélérer les progrès en vue de la CSU : opportunités et directions 22. L’élimination des décès évitables chez la mère et l’enfant, dus au SIDA, à la tuberculose et à d’autres maladies en Afrique est à portée de main. De récentes analyses réalisées par la Commission du « Lancet » sur la santé mondiale montrent que les pays qui atteindront les objectifs de la CSU d’ici 2035 élimineront les décès maternels et infantiles évitables - sauvant ainsi la vie a plus de 10 millions de mères et d’enfants (Jamison et coll. 2013). L’analyse de la Commission montre également que quelques pays à revenu faible ou intermédiaire possèdent déjà la technologie, l’expérience et le savoir-faire pour faire de la CSU un objectif réaliste pour l’Afrique. Parallèlement, des évènements récents, tels que l’épidémie de la maladie à virus Ébola, ont mis en évidence le coût plus élevé que jamais d’un échec. La perte de production économique et les coûts directs encourus par la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone se sont élevés à 1,6 milliard USD pour la seule année 2015 (Banque mondiale 2014). Financement : une dépense en faveur de la santé plus importante et de meilleure qualité, et une protection financière efficace Améliorer l’efficacité des dépenses publiques et privées en matière de santé pour améliorer les résultats de santé et accroître les ressources du secteur Augmenter la dépense publique de santé par le biais de réaffectations budgétaires et d’une mobilisation accrue des ressources nationales Utiliser les ressources budgétaires pour réduire les obstacles financiers aux soins de santé et rendre les services de santé plus abordables à tout un chacun Assurer aux personnes pauvres et aux travailleurs du secteur informel les avantages procurés par le prépaiement et aux prestataires de santé une compensation équitable pour leurs prestations Améliorer l’efficacité de l’aide au développement consacrée à la santé grâce à une meilleure coordination et à l’utilisation des systèmes nationaux 23. Des gains en efficacité des dépenses publiques et privées de santé seront essentiels pour améliorer les résultats de santé et avec le temps accroître les ressources dont dispose le secteur. Dans nombre de pays africains, les secteurs de santé souffrent d'une inefficacité notoire.xi Dans un espace fiscal en constant rétrécissement, le secteur de la santé devra se développer, démontrer son efficacité et améliorer ses résultats pour que son plaidoyer en faveur de ressources supplémentaires reçoive l’attention voulue. Les principales approches destinées à améliorer l’efficacité technique et allocative sont bien connues. Elles comprennent l’allocation de ressources à des services et des intrants qui génèrent les résultats les meilleurs et à moindre coût, la mise en commun des fonds, une plus grande transparence et une plus grande redevabilité, des achats stratégiques et le renforcement des capacités de gestion tant au niveau des pouvoirs publics que des institutions de santé. Dans certaines circonstances, il pourrait être possible d’accroître le niveau des ressources allouées à la santé ou à d’autres secteurs prioritaires en identifiant des postes budgétaires dont l’équité est sujette à caution comme des subventions aux carburants et aux produits alimentaires. 24. Les progrès soutenus en vue de la CSU sont tributaires de la mobilisation de ressources intérieures. Dans un contexte d’augmentation démographique dans la plupart des pays, les dépenses de santé et la demande pour les services de santé vont probablement s'accroître. De plus, les systèmes de santé devront faire face à des évolutions dans les besoins de santé, comme les maladies non transmissibles chroniques. La Conférence des Nations Unies sur le financement du développement à Addis-Abeba en juillet 2015 avait appelé à la mobilisation des ressources comme élément central du programme des Objectifs de développement durable (ODD). Les pays participants ont convenu d’une série de mesures visant à élargir la base des recettes, l’amélioration de la perception des impôts et la lutte contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites. Le renforcement des administrations financières sera donc essentiel pour le financement de la CSU. Même des améliorations modestes seront significatives. C'est ainsi qu'une augmentation du recouvrement des recettes de 2 à 4 % du PIB permettrait au pays de dépasser le volume de l’aide au développement qu'ils reçoivent aujourd'hui (Organisation mondiale de la Santé 2014. À partir de l’après-2015, une augmentation de la taxation du tabac (ainsi que d’autres « taxes de santé ») pourrait générer un flux de recettes intérieures supplémentaires susceptibles de contribuer au financement des Objectifs de développement durable. 25. L’aide au développement de la santé (ADS) continuera à occuper une place importante dans certaines parties de la Région Afrique ; toutefois, elle devra être réorientée pour mieux soutenir les progrès des pays en vue de la CSU. Lors de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement, les pays ont également réaffirmé leur engagement à l’aide publique au développement, en particulier pour les pays les moins avancés, et se sont engagés à renforcer la coopération Sud-Sud. Il faudra une ADS soutenue à la plupart des pays africains à faible revenu pour continuer à stimuler les progrès en vue de CSU. L’ADS a contribué à décourager la mise à disposition de ressources nationales et ses approches ont souvent été fragmentées (Dieleman, Graves et Hanlon 2013). Dans le monde de l’après-2015, cinq changements dans le financement de la santé seront nécessaires, de façon à mettre l’accent sur l’optimisation des ressources, la génération de recettes intérieures, l’innovation, l’intégration et la fragilité (Lie, Soucat et Basu 2015). Il est nécessaire de remplacer l’ADS par un nouvel accord qui encouragera la mobilisation des ressources nationales contrairement à l’effet de découragement actuel (Evans and Pablos-Méndez 2016). La convergence des politiques autour du financement national renforce l’importance pour les pays et les partenaires d’améliorer la coordination de l’aide au développement et d’étendre l’utilisation des systèmes nationaux (Error! Reference source not found.). Encadré C-1 : Renforcer l’efficacité de la coopération au développement pour qu’elle réponde mieux aux ODD Avec l’accroissement des niveaux d’aide au développement de la santé (ADS) au cours de l’ère des ODM (2000 – 2015), les préoccupations quant à son efficacité à cause de sa fragmentation, du manque de coordination et de l’utilisation de systèmes ou approches parallèles ont pris une importance croissante. C’est ainsi que, pour améliorer l’efficacité de la coopération au développement, quatre Forums de haut niveau sur l’efficacité de l’aide se sont tenus successivement à Rome (2003), Paris (2005), Accra (2008), et Busan (2011). En 2007 dans le domaine de la santé, le Partenariat international pour la santé (IHP+) a été mis en place pour encourager une coopération au développement plus efficace en vue de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) grâce à la priorité donnée aux stratégies nationales et à l’amélioration des comportements des bailleurs de fonds. Aujourd’hui, IHP+ comprend 66 partenaires parmi lesquels la Banque africaine de développement, le gouvernement du Japon, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’OMS et la Banque mondiale. En signant le Pacte mondial de l’IHP+, les partenaires s’engagent à appuyer de façon coordonnée des stratégies nationales de santé intégrales et dirigées par les pays. Néanmoins les progrès en matière d’évolution des comportements ont été mitigés, indiquant ainsi que l’efficacité de l’aide est un processus qui demande de la persistance, de la sensibilité aux contextes et des efforts soutenus (IHP+, 2015). L’IHP+ a récemment entamé sa transformation en un Partenariat international pour la santé pour la CSU 2030. Cette transformation va élargir la portée et la composition de ce partenariat en vue d’harmoniser les efforts de renforcement des systèmes de santé et la mobilisation des ressources nationales en faveur de la santé dans tous les pays. Certains pays, comme le Kenya et le Sénégal, ajustent leurs mécanismes de coordination des partenaires à la lumière des efforts en vue de la CSU. Les pays africains vont mettre au point un rapport annuel pour mesurer les comportements des bailleurs de fonds, en utilisant la fiche d’évaluation IHP+. Le mécanisme d’harmonisation pour la santé en Afrique (HHA) qui coordonne les actions des partenaires en Afrique va également être revu dans le cadre du partenariat CSU 2030 pour améliorer la coordination de l’assistance technique et des conseils en matière de politique au pays ainsi que la coordination des investissements dans les systèmes de santé au cours de l’ère des ODD. Articulés sur les principes de l’IHP+ et sur le nouveau programme de financement du développement (Nations Unies 2015), des efforts concertés sont entrepris pour assurer que l’assistance au développement pour la santé réponde mieux à ces objectifs. Par exemple, le Mécanisme de financement mondial en soutien à chaque femme et chaque enfant (GFF) est un partenariat multiple qui appuie les efforts entrepris sous la direction des pays pour améliorer la santé des femmes, des enfants et des adolescents en alignant l’ADS sur des stratégies précises de mobilisation des ressources nationales pour des interventions à fort impact. De même, l’accent mis par le Fonds mondial sur des services de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme équitables, abordables et durables, y compris au moyen d’investissement dans les prestations des services de santé, fait de ce Fonds un allié naturel des pays désireux de réaliser la CSU. 26. Il est indispensable d’amplifier l'utilisation du prépaiement des soins de santé pour éliminer la paupérisation causée par les dépenses de santé et atteindre la CSU. Les coûts financiers trop élevés des services de santé peuvent avoir des conséquences catastrophiques pour les ménages, soit en les décourageant de se soigner par manque de ressources, soit en les endettant et en les faisant basculer dans la pauvreté. 27. Le prépaiement des soins de santé peut s'organiser de différentes façons mais il n’existe pas de solution miracle. Les pays utilisent différentes approches quant au recouvrement des fonds pour les soins de santé (recettes fiscales générales, taxes affectées ou cotisations obligatoires ou volontaires d’assurance maladie), n’ont pas la même structure de gestion du financement de la santé (par exemple, ministère de la Santé, administrations locales, organisme public unique, ou caisse d’assurance maladie multiples), et ne paient pas les services de santé de la même manière (par exemple, allocations budgétaires aux prestataires publics ou paiement aux prestataires publics et privés pour des services spécifiques). Dans plusieurs pays, différents modèles de financement des soins de santé coexistent - par exemple, les budgets publics alloués aux établissements publics, l’assurance maladie sociale pour les travailleurs du secteur formel et l’assurance maladie volontaire pour les travailleurs informels ou les personnes les mieux nanties. Il n’existe pas une façon de financer les soins de santé qui se distingue comme étant la meilleure – chaque modalité doit relever des défis qui lui sont propres, et les facteurs contextuels tels que la capacité administrative et l’étendue de la formalisation du marché du travail sont importants. 28. À un moment où les pays s’efforcent d’étendre le prépaiement, il est essentiel de veiller à l'inclusion des populations pauvres et des travailleurs du secteur informel, et d'assurer aux prestataires de services de santé une compensation équitable de leurs prestations pour les services de santé. Une approche pour réduire les obstacles financiers consiste à supprimer les frais d’utilisation. Cette approche a été tentée dans plusieurs pays et peut présenter des avantages importants. Au Malawi, la gratuité des soins a conduit à une augmentation de l’utilisation des soins de santé de la mère (Manthalu et coll. 2016). En Zambie, cependant, la gratuité a bénéficié uniquement aux groupes les plus riches (Lagarde, Barroy et Palmer 2012). La gratuité à elle seule ne peut être qu’une mesure de courte durée, à moins qu’elle ne soit soutenue par le financement public pour remplacer les recettes sacrifiées et les incitations des frais d’utilisation (Mathauer, Mathivet et Kutzin 2016). Les obstacles financiers peuvent aussi être réduits grâce à une couverture d’assurance. Toutefois, pour que l’assurance soit abordable pour les groupes à faible revenu, leur inscription devra être subventionnée. Plusieurs pays le font déjà, notamment le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Rwanda et le Sénégal. Par conséquent, l’enrôlement dans les mécanismes de prépaiement a augmenté parmi les groupes à faible revenu dans ces pays et l’accès aux soins s’est amélioré - un pas important vers la CSU. Au Ghana, les pauvres assurés ont un plus grand accès aux services de santé, des co-paiements plus bas et de meilleurs résultats de santé que les pauvres non-assurés (Nguyen, Rajkotia et Wang 2011). 29. Les modèles de financement qui favorisent l’équité et l’inclusion sont susceptibles d’exercer des pressions sur les finances publiques. L’expansion de la couverture et la protection financière nécessiteront des approches adaptées à chaque pays en utilisant une combinaison de financement des côtés de l’offre et de la demande. Cependant, l’expérience dans la région et comme dans le monde montre qu'une couverture large et équitable par une assurance maladie traditionnelle ou d’autres mécanismes contributifs pour le secteur informel reste d’une portée limitée dans la plupart des pays. Si tel est le cas, le financement public reste le moyen privilégié pour réduire la dépendance des paiements directs et étendre la couverture des services et des interventions de santé, soit en finançant la prestation de soins, soit en subventionnant de façon significative l’assurance maladie. Quelle que soit la solution retenue, offrir à la population une plus large couverture du prépaiement tout en garantissant aux prestataires des ressources suffisantes pour fournir des services de qualité va exiger un appui budgétaire important. Services : centrage sur le patient, qualité des soins et action multisectorielle Mettre le patient au centre des services de santé de façon à améliorer la qualité des services et la sécurité du patient Donner la priorité aux investissements dans les services de soins communautaires et de soins de santé primaires, dans le cadre de systèmes de gouvernances locaux viables Créer des partenariats avec la société civile et les prestataires non étatiques pour élargir l’accès aux services et interventions essentiels Investir dans la formation avant l’emploi, particulièrement dans les zones mal desservies S’investir dans l’action multisectorielle pour aborder les différents facteurs déterminants de la santé 30. Les citoyens sont au centre de la CSU. L’interconnectivité croissante a fait que les individus sont plus au courant des questions de santé qu’ils ne l’ont jamais été auparavant. Les soins centrés sur le patient xii peuvent produire de meilleurs résultats et réduire les coûts en améliorant la qualité des relations entre le médecin, le patient et la famille. 31. Un pays peut accroître sa couverture et améliorer ses résultats de santé en renforçant les soins communautaires et les soins de santé primaires. Les services devraient être organisés dans le cadre de systèmes de gouvernance locaux viables tels que les districts sanitaires ou des structures similaires. Aujourd’hui, les innovations technologiques portant sur les diagnostics et les traitements permettent aux travailleurs communautaires et à ceux œuvrant au niveau des soins de santé primaires de fournir presque toute la panoplie d’interventions essentielles nécessaires à la réduction des décès évitables chez les femmes et les enfants. Les pays qui ont investi dans l’établissement d’une solide plateforme de santé communautaire ont vu la mortalité baisser de façon importante. Ces modèles de santé communautaires reposent sur un éventail de mécanismes de responsabilisation des communautés dans les prestations de soins de santé, y compris leur appropriation, leur gestion et leur suivi par les communautés (Error! Reference source not found. & Error! Reference source not found.). Augmenter la maind’œuvre communautaire et celle œuvrant au niveau des soins de santé primaires va exiger des mesures d'action positive. Il s’agira, par exemple, de choisir les candidats aux études préparatoires à ces services et issus de zones mal desservies et de créer des établissements de formations dans ces régions. Plusieurs régions d’Afrique ont entrepris de créer des réseaux de prestataires de soins de santé primaires et de soins communautaires. Cependant des investissements importants sont nécessaires pour augmenter le nombre d’agents de soins communautaires qualifiés, y compris des médecins, des infirmières, des sages-femmes des assistantes-infirmières et autres prestataires de service de première ligne. Des fonctions d’appui tel qu’un encadrement de soutien, le parrainage, l’éducation professionnelle continue et les mécanismes de renvoi vers des centres de référence devront être renforcés auprès des agents de santé communautaire de façon à améliorer leurs prestations. Il faudra également qu’ils soient encouragés par des incitatifs adéquats. Encadré C-2 : Mise à l’échelle des RHS: une stratégie clef dans la progression vers la CSU en Éthiopie En 2005, le Gouvernement éthiopien a produit une stratégie nationale de santé intitulée Programme III de développement du secteur de santé. Cette stratégie a identifié la pénurie de travailleurs de santé et la faiblesse des incitations comme les principaux goulots d’étranglement empêchant la réalisation des objectifs 4, 5, et 6 des OMD. Les efforts entrepris pour accroitre le nombre de professionnels de la santé dans les postes d’agents de vulgarisation sanitaire, de sages-femmes, de médecins, d’agents de santé, de chirurgiens-obstétriciens d’urgence se sont déclinés sur les axes suivants : 1. Assurer la collaboration des ministères de la Santé et de l’Éducation pour produire plus de 30 000 agents de vulgarisation sanitaire (AVS) en cinq ans. 2. Mettre en place des formations de recyclage intégré destinées aux AVS pour créer une capacité durable de délivrance de 16 paquets de service de santé. 3. Transformer certains hôpitaux choisis en collèges de formation médicale et de formation en sciences de la santé, faisant ainsi passer ce type d’institutions de 5 à 10. 4. Améliorer la gestion des ressources humaines et les mécanismes incitatifs. Le gouvernement a démontré son engagement en créant un espace budgétaire pour les salaires et les incitations destinées au personnel de santé des postes prioritaires. Les partenaires au développement se sont aussi ralliés à la stratégie nationale en apportant leur appui aux infrastructures de santé, à l’équipement médical, aux médicaments et aux fournitures médicales. Près de cinq ans après son démarrage au cours de l’exercice fiscal 2002, l’Éthiopie a près de 35 000 agents de vulgarisation sanitaire qui travaillent dans 12 000 centres de santé sis dans les kebedes ruraux et 3400 agents de vulgarisation sanitaire déployés dans les centres urbains. Le pays a également accru le nombre de ses cadres de santé notamment le nombre de chirurgiens urgentistes, d’obstétriciens et de sages-femmes. Les investissements stratégiques de l’Éthiopie dans ses RHS ont contribué à ses réalisations remarquables en matière de résultats de santé. La Mini Enquête Démographique et de Santé de l’Éthiopie (EMDHS) de 2014 a montré une hausse marquée du taux d’utilisation de la contraception qui est passé de 28,6 à 41,8 % ainsi qu’une chute du taux de fécondité de 4,8 à 4,1%. Encadré C-3 : La planification et les services de santé communautaires : une stratégie essentielle à la réalisation de la CSU au Ghana Le Ghana a adopté la planification et les services de santé communautaires (CHPS) en 1999, sur la base de l’expérience d’un projet de santé communautaire et de planification familiale mis en place en 1994 à Navrongo. Cette stratégie nationale a pour objectif d’élargir géographiquement l’accès aux soins de santé essentiels grâce à la prestation de services de soins de santé primaire au niveau des communautés. La planification et la prestation des services sont effectuées par les communautés elles-mêmes. Sa priorité est de desservir des communautés dans des zones défavorisées et de façon générale de rapprocher les services de santé des communautés. Elle implique de mobiliser le leadership des communautés, les systèmes de prise de décision et les ressources dans une zone d’attraction bien définie, de réorienter le personnel de santé de première ligne (les agents de santé communautaire) en les dotant de l’appui logistique nécessaire et de mettre en place des systèmes de volontaires communautaires pour la prestation de services. Les principales interventions au niveau communautaire comprennent des services de santé reproductive et de santé infantile, la planification familiale, la promotion de la santé et la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles. Les hôpitaux de district servent de centre d’aiguillage pour les points de prestation de services au niveau communautaire. Le nombre de zones CHPS opérationnelles a augmenté de façon constante et la mise en œuvre des CHPS a produit des résultats positifs au fur et à mesure que leur contribution à la prestation de services de santé a augmenté. En 2016, une nouvelle politique CHPS nationale a été élaborée avec pour objectif de fournir à chaque communauté un paquet de services de santé essentiels en vue de réaliser la CSU et de mettre fin à l’inégalité en matière d’accès à l’horizon 2030. 32. Des partenariats novateurs avec le secteur non étatique peuvent potentiellement être portés à plus grande échelle pour accélérer les progrès en vue de la CSU. Le secteur privé africain est très hétérogène. Il comprend des organisations à but lucratif, des organisations caritatives et des prestataires de santé confessionnels allant du négociant de médicament à de grandes sociétés. Ainsi qu’une récente étude du Lancet l’a résumé, les politiques publiques ont un rôle essentiel à jouer dans la création d’un large pool de prestataires de services financièrement accessibles et de qualité. Il reviendra à l’administration publique de veiller à ce que les services de santé, privés ou publics, atteignent la population dans son ensemble (McPake et Hanson 2016). Le continent regorge d’exemples de partenariats novateurs, allant de franchises sociales de santé en Afrique de l’Est au marketing social des produits de santé en Afrique de l’Ouest en passant par la contractualisation des services spécifiques en Afrique du Nord. Toutefois le passage d’initiatives prometteuses à des programmes renforcés et rentables est loin d'être simple. Pour garantir de bons services et des produits de qualité dans le secteur non étatique, il faudra investir dans la gouvernance de la santé, c’est-à-dire sur un cadre réglementaire, des systèmes d’accréditation et une capacité d’exécution solides. 33. La qualité et la sécurité du patient font partie intégrante de la CSU. Les approches telles que le financement basé sur la performance, les audits cliniques, les processus d’amélioration de la qualité et l’accréditation ont tous démontré que la qualité peut être améliorée dans des délais relativement courts, même dans des environnements soumis à des contraintes extrêmes et sans investissements supplémentaires importants en faveur d’autres intrants de santé. Réaliser et soutenir ces gains vont exiger des politiques ciblant certaines des contraintes des systèmes. Ces politiques comprennent une définition et un suivi communs de la qualité des soins, le renforcement des associations professionnelles et des organismes de réglementation, le renforcement de la voix des utilisateurs, et des systèmes de gouvernance et de redevabilité plus inclusifs pour les établissements de santé. 34. L'accès à des médicaments et produits de santé vendus à des prix abordables est essentiel à la fourniture de services de santé de qualité. Des investissements permettant aux pays de renforcer leurs systèmes pharmaceutiques sont essentiels pour améliorer l’accès à des produits médicaux dont la qualité est assurée. Un appui est nécessaire pour développer et mettre en œuvre des politiques pharmaceutiques, des stratégies et des plans fondés sur des éléments probants ; pour établir un mécanisme permettant au dialogue politique d’impliquer les parties prenantes du secteur pharmaceutique, d’établir une réglementation coopérative des produits médicaux à travers la région, de renforcer les capacités de gestion et d’utilisation des produits de santé. Quelques innovations sont actuellement évaluées. C'est ainsi que le Fonds mondial a élaboré un algorithme pour une utilisation plus efficace de la technologie, et offre diverse combinaisons explicites et spécifiques de 10 technologies de détection novatrices. 35. Les améliorations des services de santé devraient être complétées par une action multisectorielle pour résoudre les problèmes liés aux facteurs déterminants de la santé. Des facteurs environnementaux et psychologiques influencent la santé de l’individu et de la communauté. Il est primordial d’élargir l’accès à l’eau potable et à l’assainissement si l’on veut réaliser des progrès supplémentaires au niveau de l’état de santé des populations. Pour faire face à ces défis de santé, il faudra une collaboration de divers secteurs pour accroître les connaissances, nouer des partenariats solides et stimuler l’innovation pour résoudre les problèmes transversaux. L’élaboration d’un cadre de fonctions essentielles de santé publique pour la région africaine serait un pas premier déterminant. Équité dans la couverture : cibler les populations pauvres et marginalisées pour ne laisser personne pour compte Viser les populations vulnérables et concevoir des programmes adaptés à leurs besoins Amplifier la prestation de services en faveur des groupes (ou environnements) marginalisés Augmenter l’échelle des interventions en faveur des populations pauvres, par exemple au moyen d’incitatifs de la demande, y compris par l’usage de bons ou coupons et de transferts conditionnels en espèces Assurer le respect des droits des femmes, enfants et minorités, particulièrement durant les moments de leur vie où ils sont vulnérables 36. Un ciblage et une conception appropriés des interventions peuvent aider à satisfaire aux besoins des groupes vulnérables. Certains groupes de population tels que les personnes déplacées, les populations rurales et périurbaines et les adolescentes sont systématiquement mal desservies. L’expansion de services de soins de santé primaires doit cibler les zones géographiques les plus mal desservies, et la conception et l’exécution des programmes doivent être ajustées pour cadrer avec les besoins de groupes vulnérables spécifiques. C’est ainsi qu’il faudra assurer la disponibilité et l’acceptabilité de services essentiels pour les femmes, en particulier au cours des périodes de leur vie où elles sont les plus vulnérables, comme l’adolescence. Des engagements politiques, des systèmes d’informations solides, des données détaillées et des analyses précises seront des composantes essentielles pour satisfaire aux besoins des différents groupes de population. 37. La technologie, les perspectives organisationnelles et les modèles de fonctionnement peuvent s’avérer particulièrement utiles pour toucher les groupes marginalisés. Pour construire un système de soins de santé du 21e siècle en Afrique, il faudra une combinaison d’innovations dans la façon dont les services de santé sont prodigués. Des programmes de soins infirmiers en ligne à l’utilisation de nouveaux outils de diagnostic, les pays africains ont recours à de nouvelles approches pour améliorer leurs systèmes de santé. Plus de 400 hôpitaux en Afrique, principalement dans le secteur public, appliquent maintenant l’amélioration continue de la qualité (ACQ ou kaizen) comme un moyen novateur de contrôle de qualité et d’efficacité des prestations de services de santé. Plus de 20 pays africains ont fait l’expérience des paiements fondés sur la performance pour promouvoir une plus grande productivité et une meilleure qualité des services de santé. D’autres stratégies qui ont été testées incluent : l’information du public et des communautés sur les comportements susceptibles de sauver des vies (par exemple, le lavage de mains et les pratiques nutritionnelles), l’expansion des services de proximité, y compris les cliniques mobiles et les visites à domicile, ainsi que le développement de services communautaires. L’usage accru de technologie, comme les téléphones mobiles, les médias sociaux et les médias traditionnels, offre aux décideurs politiques un éventail beaucoup plus large de canaux pour communiquer des interventions comportementales efficaces, surtout pour les populations pauvres (encadré C-4). Les interventions dans ce domaine fournissent des incitations financières à des personnes individuelles par le biais de transferts monétaires conditionnels et aux prestataires de services de santé par le biais d'un financement fondé sur la performance. 38. Les transferts monétaires conditionnels (TMC) sont de plus en plus utilisés avec succès en Afrique et peuvent aider à élargir l’accès et améliorer les résultats parmi les populations pauvres. Au Malawi, l’introduction d’une incitation monétaire a doublé le nombre d’individus qui se rendent à un centre de conseil et de test volontaires (Thornton 2008). En Ouganda et au Kenya, des systèmes de coupons ont aussi eu des résultats prometteurs en encourageant l’utilisation de services de santé de la reproduction et en améliorant les résultats de santé (Bellows, Bellows et Warren 2011, Warren et coll. 2011). Les paiements mobiles peuvent être utilisés pour diriger les transferts monétaires et les bons électroniques vers les personnes pauvres. Encadré C4 : Innovations pour étendre la couverture des services et interventions de santé essentiels Financement basé sur résultats (FBR) : Au cours des 10 dernières années, plus de 20 pays africains ont tenté d’améliorer la relation entre financement et résultats de santé. Le mouvement de financement basé sur les résultats a entraîné des innovations dans toute l’Afrique (Meessen et autres 2011) et un accroissement significatif dans l’utilisation et la qualité des services dans certains contextes. Les résultats du FBR s’améliorent lorsqu’il s’accompagne de réformes plus larges du système, y compris une autonomie accrue des prestataires, la décentralisation, des réformes de la fonction publique et des réformes budgétaires. La qualité et la transparence des données et de l’information sont primordiales. Prestation de services intégrée : Une étude de cas dans le cadre du Compte à rebours pour 2015 a démontré que l’intégration des prestations de services au Niger avait permis de réduire de moitié les taux de mortalité infantile (Amouzou, Habi, et Bensaïd 2012). Cet objectif a été atteint grâce à l’expansion des services de soins de santé primaires, la fourniture de soins de santé gratuits aux femmes et aux enfants, et l’amplification des interventions nutritionnelles. Cet effort a été appuyé par des investissements multisectoriels connexes comme la sécurité alimentaire, l’eau et l’assainissement. Transferts monétaires conditionnels : Au Malawi, le manque d’éducation et la dépendance économique sont d’importants facteurs de risque pour l’infection par le VIH chez les femmes. Des résultats d’un essai randomisé en grappes ont révélé qu’un programme de transferts monétaires conditionnels avait réduit les infections par le VIH et le VHS-2 chez les élèves adolescentes (Baird et autres). Santé mobile : En Uganda, « U-Report » responsabilise les jeunes en leur fournissant un accès gratuit à un service de SMS qui permet aussi aux participants de recevoir de l’information et de répondre à des sondages d’opinion. Les outils de sondages permettent de recueillir des données sur les populations vulnérables. Par exemple, un des sondages portait sur l’efficacité des services ougandais de protection des enfants à répondre aux besoins des enfants victimes d’abus (Cummins et Huddleston 2013, WDI 2016). Au Kenya, la messagerie SMS est utilisée pour améliorer le respect des échéances en matière de production de rapports et de partage de l’information dans la surveillance des maladies. Partenariat avec le secteur privé : Pour améliorer la fourniture de médicaments d’importance vitale dans la Tanzanie rurale, le Fonds mondial, Coca Cola et la Fondation Bill et Melinda Gates ont initié en 2009 un projet visant à tirer profit des canaux de distribution de Coca Cola pour traiter des défis auxquels sont confrontées les chaines de distribution du Département des Produits Pharmaceutiques (plus connu sous le vocable de «Medical Stores Department» ou MSD). Cela a permis au MSD d’étendre son réseau de distribution pour approvisionner plus de 5000 cliniques (contre 500 points de livraison au départ) et réduire le temps de reconstitution des stocks de deux tiers (Fonds mondial). État de préparation : renforcer la sécurité sanitaire Améliorer les plans nationaux de préparation, y compris la structure organisationnelle du Gouvernement Encourager le respect du Règlement sanitaire international (RSI) Utiliser le cadre international pour le suivi et l'évaluation du RSI Améliorer la collaboration avec les partenaires et pays concernés pour mieux préparer les réponses aux urgences de santé publique 39. L'investissement dans les fonctions essentielles de santé publique est essentiel pour la prévention et la gestion des futures pandémies. À ce jour, les 2/3 des pays dans le monde entier, dont la plupart sont situés en Afrique, ne sont pas en conformité avec le règlement sanitaire international et n’ont pas atteint leur potentiel. L’état de préparation aux pandémies exige des mécanismes institutionnels adéquats et des plans d’action réalisables, une action multisectorielle forte et à une mobilisation efficace des ressources. Renforcer la collaboration entre les pays, les partenaires concernés et les initiatives globales est essentiel pour renforcer les capacités de préparation, de réponse et de récupération face aux situations d’urgences. Une collaboration régionale est nécessaire pour renforcer la résilience des systèmes de santé au-delà des frontières nationales, et notamment la mise en place d’investissements stratégiques dans des laboratoires hautement spécialisés et des réseaux de surveillance au profit du continent africain tout entier. 40. Le financement est un élément crucial de la sécurité en matière de santé et l’état de préparation aux épidémies. Les épidémies de la maladie à virus Ébola et de fièvre jaune ont clairement montré la responsabilité fondamentale des pouvoirs publics africains d’investir dans le financement des biens publics tels que l’état de préparation et de réponse face aux épidémies. À l’heure actuelle, l’OMS, avec le soutien de la Banque mondiale et d’autres partenaires, est en train de réorganiser ses programmes d’urgence pour fournir une assistance plus rapide et plus efficace aux pays dans les cas de pandémie. Gouvernance : ancrage politique et institutionnel de l’agenda CSU Établir des plateformes et processus qui encouragent le dialogue sociétal Améliorer les mécanismes qui se sont avérés efficaces pour le dialogue intersectoriel et l'action Assurer la transparence dans le suivi et l’information concernant les progrès en vue de la CSU Assurer à tous les citoyens l’accès aux données et informations relatives à la CSU, dans le cadre du dialogue sociétal et de processus participatifs 41. Assurer l’accès universel à la santé et garantir le droit à la santé imposent aux citoyens d'exprimer leurs choix en matière de politiques publiques et de priorités. La couverture santé universelle est le fruit d’un contrat social national. Des coalitions et des mécanismes de coordination sont nécessaires pour encourager le dialogue sociétal ; garantir des engagements politiques solides envers la CSU ; et traduire ces engagements en financement, en actions, en coordination multisectorielle et en résultats. La Conférence nationale sur la santé en Tunisie est un exemple porteur de leçons de ce que doit être un dialogue sociétal (Encadré C-5). L’expérience montre que cet exercice doit être aussi inclusif que possible, réunir des organisations communautaires de base, des organisations professionnelles, des prestataires de santé issus du secteur privé et du monde universitaire. Encadré C-5 : Tunisie : le programme « Dialogue sociétal » fait participer la population à l’élaboration des politiques de santé. La Tunisie a fait les manchettes quand ses citoyens se sont engagés dans une guerre civile qui a conduit au « Printemps arabe ». Le Gouvernement de transition de Tunisie a alors décidé qu’une consultation en profondeur de la population était essentielle si on voulait saisir ses perceptions, ses besoins et les défis quotidiens auxquels elle était confrontée. En 2012, une vaste consultation populaire appelée “dialogue sociétal” et lancée avec l’appui technique de l’OMS a été organisée avec le double objectif de recueillir l’opinion de la population et fournir à celle-ci une nouvelle plate-forme lui permettant de s’exprimer. Les premiers “États généraux de la Santé” ont été organisés dans chaque gouvernorat. Les citoyens et les organisations de la Société Civile ont discuté des principaux défis du secteur de la santé, et ont procédé à des échanges sur leurs valeurs, leurs attitudes et leurs opinions sur la manière d’améliorer les services de santé. Ces consultations ont permis de dégager plusieurs grands thèmes de réformes. Une loterie a permis de choisir un groupe d’environ 100 personnes, provenant de chacun des gouvernorats, pour former un « Jury Citoyens » chargé de trouver les réponses à des questions spécifiques portant sur les thèmes suivants : Solidarité et mécanismes de financement des systèmes de santé “Services de santé de proximité” et coordination et intégration de la santé Promotion de la santé et culture en matière de santé Confiance et revitalisation du secteur de la santé. Les évènements relatifs à cette consultation de la population ont été consignés dans un “Livre blanc”, le premier, représentant un diagnostic exhaustif du secteur de la santé. Ce livre a servi de base à l’élaboration du Plan national de santé, d’une durée de cinq ans, qui est actuellement l’objet de discussions en vue de sa finalisation. Source: WHO-EC-Luxemburg partnership 42. La formulation et la mise en œuvre de stratégies CSU sont tributaires de mécanismes efficaces de dialogue intersectoriel et d’action. L’Afrique a fait d’importants progrès dans ce domaine depuis la Déclaration conjointe de Tunis faite par les ministres des Finances et de la Santé (Encadré C-6). Les activités du programme conjoint d’optimisation des ressources devront être soutenues et développées, particulièrement avec l’Union Africaine et les communautés économiques régionales. Encadré C-6 : L’optimisation des Ressources dans les Programmes de Santé : en faire plus avec moins En juillet 2012, la Banque africaine de développement (BAD) a accueilli à Tunis la Conférence ministérielle sur l'optimisation des ressources, la soutenabilité et la redevabilité dans le secteur de la santé. Cette conférence a réuni 62 ministres Africains des Finances et de la Santé, des dirigeants d’institutions ainsi que des représentants des Organisations de la Société civile (OSC) pour un dialogue de haut-niveau. Elle s’est conclue sur la Déclaration de Tunis sur l’optimisation des ressources, la soutenabilité et la redevabilité dans le secteur de la santé, qui est un appel à la collaboration entre les ministères des Finances et de la Santé, les partenaires au développement, les parlementaires et la société civile pour offrir à la population des services de santé qui soient équitables, efficaces et abordables par tout un chacun à un prix soutenable tout en s’assurant la redevabilité à tous les niveaux du système de santé. Traduire les engagements en actions: Pour répondre aux besoins multiples et complexes des pays voulant améliorer l’optimisation des ressources dans le secteur de la santé, et traduire la Déclaration de Tunis en actions, la BAD s’est jointe à l’OMS, la Banque mondiale, et les Organisations des Nations Unies (l’UNICEF, le FNUAP et ONU-Femmes) avec le soutien de NORAD et de l’Alliance GAVI pour mettre sur pied un fonds fiduciaire d’environ 6 millions USD et d’une durée de 5 ans pour la mise en œuvre d'un programme d’optimisation des ressources. Cibler avec les outils les mieux appropriés les personnes les plus susceptibles de faire changer les choses : Le programme d’optimisation des ressources cible les acteurs dont le rôle est crucial dans l’optimisation des ressources en matière de santé. Le programme donne un soutien aux communautés économiques régionales comme la CEA, la SADEC et la CEDEAO pour les aider à renforcer les capacités de leurs fonctionnaires en charge du budget en termes de planification, budgétisation et approvisionnement dans le secteur santé. Son assistance se traduit par de la formation ainsi que de l’assistance technique. Il travaille en étroit partenariat avec les réseaux techniques africains comme CABRI (le réseau africain des fonctionnaires chargés du budget, l’AHEA (l’Association des économistes de la santé africains) et des groupes de la société civile comme la campagne Africa 15%. Le programme a déjà plusieurs réalisations à son actif, dont par exemple : a) Le Forum ministériel sur le programme optimisation des ressources, conçu avec l’Université Harvard pour aider les Ministères des Finances. b) Le renforcement des capacités des parlementaires : les parlementaires sont les principaux décideurs pour ce qui concerne le financement des secteurs sociaux et leur rôle est essentiel dans l’élaboration de lois qui vont avoir un impact sur les secteurs sociaux. c) Le renforcement des capacités des hauts fonctionnaires et des organisations de la société civile : une des stratégies d’optimisation des ressources est de renforcer les capacités des cadres supérieurs des ministères et institutions concernés. d) La production de l’information nécessaire à l’élaboration de politiques au niveau national. C’est ainsi que le programme a appuyé la Tanzanie pour l’aider à générer les informations budgétaires nécessaires à la recherche de stratégies de financement innovantes en vue de la CSU. e) L’exploration de liens potentiels entre les dépenses nationales de santé publique et l’investissement direct étranger (IDE). Source: BAD-BM-OMS 43. La capacité nationale de production et d’utilisation de données de haute qualité pour mesurer les progrès en vue de la CSU est essentielle au renforcement de la redevabilité. Une révolution a eu lieu à travers toute l’Afrique au niveau de la génération et de l’utilisation des données sanitaires. Il existe des opportunités de tirer parti de ces progrès pour développer la recherche opérationnelle et l’apprentissage et renforcer la redevabilité dans la progression vers la CSU. Par le canal du « Health Data Collaborative », les pays et d’autres parties prenantes ont tiré parti de ces opportunités (Encadré C7). Si le suivi des indicateurs est important, il faut reconnaitre que ces indicateurs ne peuvent que décrire les changements sans toutefois les expliquer. Il est essentiel de renforcer et d’institutionnaliser les compétences nationales en matière de recherche stratégique et d’évaluation, et d’utiliser ces résultats pour la prise de décision. Dans le cadre de ce processus, les pays sont encouragés à officiellement adopter un ensemble d’indicateurs clés pour suivre les progrès en vue de la CSU et à les incorporer dans les systèmes nationaux de suivi-évaluation. Il est également important de prendre toutes les dispositions utiles pour que tous les citoyens aient accès aux données et informations sur la CSU, dans le cadre du dialogue social et de processus participatifs. En outre, le suivi systématique de la CSU doit également s’accompagner d'une capacité fortement renforcée en matière de planification, de finances au sein des ministères de la Santé dans les domaines de la planification, des finances et d’indicateurs de mesure. Encadré C-7 : Lancement d’une initiative de l’information en matière de santé, le Health Data Collaborative, au Kenya Le Health Data Collaborative (HDC) est une initiative entreprise conjointement par des pays, des partenaires au développement, la société civile et le monde académique pour renforcer les systèmes d’information nationaux en matière de santé, améliorer la qualité des données sanitaires et suivre les progrès réalisés en vue de la CSU et des autres objectifs de santé des ODD. En 2016-17, les partenaires engagés dans cette initiative répondront aux requêtes de 5 à 8 pays pour concrétiser leur engagement et entreprendre des actions conjointes, notamment sous la forme d’assistance technique et de meilleur alignement de leur aide financière avec les plans nationaux. Le Kenya, un des pays pilotes de cette initiative, vient d’initier son propre HDC au niveau national. Le 18 mai 2016, le ministère kenyan de la Santé a développé une feuille de route pour son HDC qui décline les priorités qui vont dicter le renforcement de son système d’informations de la santé. Ses priorités comprennent l’analyse de données, la qualité des soins, l’enregistrement à l’état civil et les statistiques vitales, un nouvel observatoire national de données de santé, et l’informatisation. La feuille de route passe aussi en revue les rôles et responsabilités du gouvernement, des partenaires régionaux et globaux, de la société civile, des institutions de santé publique et des autres acteurs. D. La marche à suivre 44. En Afrique, la croissance économique, la réduction de la pauvreté et l'amélioration des résultats de santé ont été sans précédent, mais ces progrès sont inégalement répartis. Les croissances économique et démographique combinées à un fardeau de la maladie croissant vont continuer à accroître la demande de services de santé et exercer une pression de plus en plus forte sur les systèmes de santé. Pour relever ces défis, les pays africains devront continuer à investir dans leurs systèmes de santé. Il leur faut donc renouveler leur engagement et accélérer leur progrès en vue d'une couverture santé universelle pour toute l'Afrique. 45. Les gouvernements africains et leurs partenaires au développement ont pris d’importants engagements envers la CSU. Les financements consacrés à la santé se sont accrus, cependant cet accroissement a surtout été le fait de l’aide au développement. La capacité de fournir des services a augmenté mais les ressources humaines de santé demeurent insuffisantes. Les récentes épidémies ont révélé que nombre de systèmes de santé n’étaient pas préparés à faire face à de tels problèmes. La couverture des services de santé maternelle et infantile et celle d’autres interventions essentielles se sont certes élargies et sont devenues plus équitables. Pourtant la plupart des pays n’ont pas atteint les objectifs de santé fixés dans les OMD. Les dépenses de santé à la charge des ménages sont élevées et constituent pour eux un lourd fardeau qui les paupérise. 46. Accélérer les progrès en vue de la CSU en Afrique est entièrement possible, mais exigera un leadership politique et une vision stratégique claire. La plupart des pays africains ont intégré la CSU parmi les objectifs de leurs stratégies nationales de santé. Cependant les progrès ont été lents dans la traduction de ces engagements en un accroissement des ressources nationales consacrées à la santé, en un appui au développement efficace et ultimement en des services de santé équitables et de qualité. Les pays qui atteindront leurs objectifs en termes de CSU d’ici 2035 élimineront des décès évitables de femmes et d’enfants, renforceront la résilience face aux urgences de santé publique, réduiront les difficultés financières causées par les maladies et mettront la croissance économique à long terme sur des bases plus solides. 47. Il n’existe pas d’approche unique qui conduise à la CSU - les stratégies dépendront des circonstances locales et du dialogue national. Malgré la grande diversité qui les caractérise, nombre de pays africains sont confrontés à des défis communs. Le cadre ci-dessus propose un ensemble d’actions aux différentes parties impliquées dans le processus de la CSU (Encadré D-1). La CSU nécessitera le renforcement d’institutions existantes telles que l’Agence nationale d’assurance maladie, le Service national de santé, le Centre national de contrôle et de prévention de la maladie, l’Unité responsable de la politique sanitaire au ministère de la Santé, les associations professionnelles, les agences responsables de la certification et de l’accréditation et les institutions de formation et de recherche. Les institutions de formation et de recherche ont un rôle particulièrement important, car le succès de la CSU va en grande partie reposer sur les compétences et le savoir-faire des professionnels et agents de santé. La mise en place de nouveaux mécanismes et de nouvelles institutions de réglementation destinées à encourager la participation des citoyens et à assurer le suivi des progrès accomplis peut aussi être nécessaire dans certains pays. Finalement, l'appui des partenaires au développement sera essentiel si l’on veut que les pays de la région fassent avancer le programme d’établissement de la CSU. Encadré D-1: La CSU en Afrique : un cadre pour l'action Financement : une dépense en faveur de la santé plus importante et de meilleure qualité, et une protection financière efficace Améliorer l’efficacité des dépenses publiques et privées en matière de santé pour améliorer les résultats de santé et accroitre les ressources du secteur Augmenter la dépense publique de santé par le biais de réaffectations budgétaires et d’une mobilisation accrue des ressources nationales Utiliser les ressources budgétaires pour réduire les obstacles financiers aux soins de santé et rendre les services de santé plus abordables à tout un chacun Assurer aux personnes pauvres et aux travailleurs du secteur informel les avantages procurés par le prépaiement et aux prestataires de santé une compensation équitable pour leurs prestations Améliorer l’efficacité de l’aide au développement consacrée à la santé grâce à une meilleure coordination et à l’utilisation des systèmes nationaux Services : centrage sur le patient, qualité des soins et action multisectorielle Mettre le patient au centre des services de santé de façon à améliorer la qualité des services et la sécurité du patient Donner la priorité aux investissements dans les services de soins communautaires et de soins de santé primaires, dans le cadre de systèmes de gouvernances locaux viables Créer des partenariats avec la société civile et les prestataires non étatiques pour élargir l’accès aux services et interventions essentiels Investir dans la formation avant l’emploi, particulièrement dans les zones mal desservies S’investir dans l’action multisectorielle pour aborder les différents facteurs déterminants de la santé Équité dans la couverture : cibler les populations pauvres et marginalisées pour ne laisser personne pour compte Viser les populations vulnérables et concevoir des programmes adaptés à leurs besoins Amplifier la prestation de services en faveur des groupes (ou environnements) marginalisés Augmenter l’échelle des interventions en faveur des populations pauvres, par exemple au moyen d’incitatifs de la demande, y compris par l’usage de bons ou coupons et de transferts monétaires conditionnels en espèces Assurer le respect des droits des femmes, enfants et minorités, particulièrement durant les moments de leur vie où ils sont vulnérables État de préparation : renforcer la sécurité sanitaire Améliorer les plans nationaux de préparation, y compris la structure organisationnelle du Gouvernement Encourager le respect du Règlement sanitaire international (RSI) Utiliser le cadre international pour le suivi et l'évaluation du RSI Améliorer la collaboration avec les partenaires et pays concernés pour mieux préparer les réponses aux urgences de santé publique Gouvernance : ancrage politique et institutionnel de l’agenda CSU Établir des plates-formes et processus qui encouragent le dialogue sociétal Améliorer les mécanismes qui se sont avérés efficaces pour le dialogue intersectoriel et l'action Assurer la transparence dans le suivi et l’information concernant les progrès en vue de la CSU Assurer à tous les citoyens l’accès aux données et informations relatives à la CSU, dans le cadre du dialogue sociétal et de processus participatifs E. Annexe Figure E-1 : L’Afrique a enregistré une baisse significative de la mortalité infantile entre 1995 et 2014 Source : MICS et EDS. Figure E-2 : La mortalité des enfants de moins de 5 ans a baissé entre 1995 et 2014 Source : MICS et EDS. Figure E-3 : L’expansion de la couverture des soins prénatals est faiblement liée à la croissance économique Source : MICS et EDS. Figure E-4 : L’expansion du traitement de la diarrhée est faiblement liée à la croissance économique Source : MICS et EDS. Figure E-5 : L’accélération des progrès est nécessaire dans la plupart des pays pour atteindre la cible de mortalité des moins de 5 ans des OMD Source : WDI. Note : Le Cap Vert, l'Égypte, la Libye, Maurice, les Seychelles et la Tunisie, ne sont pas représentés car ils ont déjà atteint la cible des OMD. Figure E-6 : Les dépenses totales de santé ont augmenté plus rapidement que le PIB Figure E-7 : La part des dépenses totales de santé du PIB a augmenté avec le temps Figure E-8 : La couverture des interventions en matière de VIH/SIDA, tuberculose et paludisme s’est améliorée au cours de la dernière décennie, mais des lacunes importantes subsistent Source : WDI Figure E-9 : L’accès à des sources d’eau et à l’assainissement a augmenté à un rythme plus lent que la plupart des interventions de santé de base Source : MICS et EDS. Figure E-10 : L’incidence catastrophique des paiements de santé a augmenté Figure E-11 : L'incidence des dépenses entraînant la paupérisation a augmenté entre 1990 et 2014 F. References Amouzou, Agbessi, Oumarou Habi, and Khaled Bensaïd. 2012. "Reduction in child mortality in Niger: a Countdown to 2015 country case study." The Lancet 380 (9848):1169-1178. doi: 10.1016/S01406736(12)61376-2. Baird, Sarah J., Richard S. Garfein, Craig T. McIntosh, and Berk Özler. 2012. "Effect of a cash transfer programme for schooling on prevalence of HIV and herpes simplex type 2 in Malawi: a cluster randomised trial." The Lancet 379 (9823):1320-1329. doi: 10.1016/S0140-6736(11)61709-1. Bellows, Nicole M., Ben W. Bellows, and Charlotte Warren. 2011. "Systematic Review: The use of vouchers for reproductive health services in developing countries: systematic review." Tropical Medicine & International Health 16 (1):84-96. doi: 10.1111/j.1365-3156.2010.02667.x. Cummins, Matthew, and Barbara Huddleston. 2013. "Real Time Monitoring for the Most Vulnerable: UNICEF's Experience in Uganda." IDS Bulletin 44 (2):57-68. doi: 10.1111/1759-5436.12017. Dieleman, Joseph L., Casey M. Graves, and Michael Hanlon. 2013. "The Fungibility of Health Aid: Reconsidering the Reconsidered." The Journal of Development Studies 49 (12):1755-1762. doi: 10.1080/00220388.2013.844921. Evans, Tim, and Ariel Pablos-Méndez. 2016. "Shaping of a new era for health financing." The Lancet 387 (10037):2482-2484. doi: 10.1016/S0140-6736(16)30238-0. Heaton, Tim B, Benjamin Crookston, Hayley Pierce, and Acheampong Yaw Amoateng. 2016. "Social inequality and children’s health in Africa: a cross sectional study." International Journal for Equity in Health 15 (1):1. International Monetary Fund. 2016. World Economic Outlook. edited by International Monetary Fund. Washington D.C. Jamison, Dean T, Lawrence H Summers, George Alleyne, Kenneth J Arrow, Seth Berkley, Agnes Binagwaho, Flavia Bustreo, David Evans, Richard GA Feachem, Julio Frenk, G Ghosh, SJ Goldie, Y Guo, S Gupta, R Horton, ME Kruk, A Mahmoud, LK Mohohlo, M Ncube, A PablosMendez, KS Reddy, H Saxenian, A Soucat, KH Ulltveit-Moe, and G Yamey. 2013. "Global health 2035: a world converging within a generation." The Lancet 382 (9908):1898-1955. Lagarde, Mylene, Helene Barroy, and Natasha Palmer. 2012. "Assessing the effects of removing user fees in Zambia and Niger." Journal of health services research & policy 17 (1):30-36. Lie, Geir Sølve Sande, Agnes LB Soucat, and Suprotik Basu. 2015. "Financing women’s, children’s, and adolescents’ health." bmj 351:h4267. Manthalu, Gerald, Deokhee Yi, Shelley Farrar, and Dominic Nkhoma. 2016. "The effect of user fee exemption on the utilization of maternal health care at mission health facilities in Malawi." Health Policy and Planning. doi: 10.1093/heapol/czw050. Martin-Moreno, Jose M, Meggan Harris, Elke Jakubowski, and Hans Kluge. 2016. "Defining and assessing public health functions: a global analysis." Annual review of public health 37:335-355. Mathauer, I, B Mathivet, and J Kutzin, eds. 2016. 'Free health care’ policies: opportunities and risks for moving towards UHC.” Edited by World Health Organization. Vol. 2, Health Financing Policy Brief. Geneva: World Health Organization. McPake, Barbara, and Kara Hanson. 2016. "Managing the public-private mix to achieve universal health coverage." The Lancet 388 (10044):622-630. doi: 10.1016/S0140-6736(16)00344-5. Meessen, Bruno, Seni Kouanda, Laurent Musango, Fabienne Richard, Valéry Ridde, and Agnès Soucat. 2011. "Communities of practice: the missing link for knowledge management on implementation issues in low-income countries?" Tropical Medicine & International Health 16 (8):1007-1014. doi: 10.1111/j.1365-3156.2011.02794.x. Nguyen, Ha TH, Yogesh Rajkotia, and Hong Wang. 2011. "The financial protection effect of Ghana National Health Insurance Scheme: evidence from a study in two rural districts." International Journal for Equity in Health 10 (1):1. The Global Fund. An innovative public-private partnership: sharing private sector expertise for medical supply solutions in Tanzania. edited by The Global Fund. Thornton, Rebecca L. 2008. "The Demand for, and Impact of, Learning HIV Status." The American economic review 98 (5):1829-1863. doi: 10.1257/aer.98.5.1829. 2016a. 90-90-90: on the right track towards the global target. UNAIDS. 2016b. Global AIDS Update 2016. UNICEF. 2015. Levels and Trends in Child Mortality: Report 2015: Estimates Developed by the UN Inter-Agency Group for Child Mortality Estimation (IGME). New York: United Nations Children’s Fund. United Nations. 2015. Addis Ababa Action Agenda of the Third International Conference on Financing for Development. edited by United Nations. New York. Warren, Charlotte, Timothy Abuya, Francis Obare, Joseph Sunday, Rebecca Njue, Ian Askew, and Ben Bellows. 2011. "Evaluation of the impact of the voucher and accreditation approach on improving reproductive health behaviors and status in Kenya." BMC Public Health 11 (1):1-9. doi: 10.1186/1471-2458-11-177. WDI. 2016. World Development Indicators. edited by World Bank Group. World Bank. 2014. The Economic Impact of the 2014 Ebola Epidemic: Short and Medium Term Estimates for West Africa. Washington D.C.: World Bank. World Bank, and International Monetary Fund. 2016. Global Monitoring Report 2015/2016 : Development Goals in an Era of Demographic Change. edited by World Bank. Washington, D.C.: World Bank. World Health Organization. 2005. WHA58.33 on Sustainable health financing, universal coverage and social health insurance. World Health Organization. 2006. "The world health report: 2006: working together for health." World Health Organization. 2009. "WHA62.12 on Primary Health Care, Including Health System Strengthening." World Health Organization. 2010. The world health report: health systems financing: the path to universal coverage: Geneva: World Health Organization. World Health Organization. 2011. "WHA64.9 on Sustainable health financing structures and universal coverage." World Health Organization. 2014. WHO Global health expenditure atlas. edited by World Health Organization. Geneva: World Health Organization. World Health Organization. 2016a. "Global Strategy on Human Resources for Health: Workforce 2030." Draft for the 69th World Health Assembly. World Health Organization. 2016b. "WHA69.1 on Strengthening essential public health functions in support of the achievement of universal health coverage." World Health Organization, and World Bank Group. 2014. "Monitoring progress towards universal health coverage at country and global levels: framework, measures and targets." Ce document a été préparé par la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé, en collaboration avec le gouvernement japonais, l’Agence japonaise de coopération internationale, le Fonds mondial et la Banque africaine de développement. ii L'incidence des dépenses catastrophiques est un indicateur exprimé en nombre de personnes et calculé comme la proportion de ménages dans la population pour lesquels les dépenses de santé sont égales ou supérieures à un seuil exprimé par rapport au total des dépenses de consommation. Dans ce document, nous considérons ici deux seuils : i 15 % et 25 % des dépenses totales de consommation. Le second indicateur concerne les dépenses de santé entraînant un appauvrissement, c'est-à-dire la proportion des ménages poussés en dessous du seuil de pauvreté à cause de leurs dépenses encourues de pour le paiement direct des services de santé. Nous utilisons le seuil international absolu de pauvreté de 1,90 USD par personne et par jour (PPA 2011), ainsi que le seuil de pauvreté de 3,10 USD. De plus, et afin d'évaluer dans quelle mesure le paiement direct contribue à augmenter la pauvreté des ménages déjà situés en dessous du seuil de pauvreté et contraints d'engager des dépenses de santé, nous examinons également l'effet du paiement direct pour les services de santé sur l'écart de pauvreté. Enfin, et étant donné que les dépenses encourues pour le paiement direct ne nous renseignent sur le niveau de protection financière que dans la mesure où les ménages sont réellement en mesure de payer et paient les services de santé, nous utilisons également les informations disponibles sur l'utilisation ou la non-utilisation des services de santé afin d'évaluer dans quelle mesure les ménages pourraient effectivement renoncer aux soins en raison de contraintes financières ou barrières géographiques. iii Ces estimations doivent être traitées avec une certaine prudence car les dépenses publiques estimées des comptes nationaux de la santé (NHA) incluent souvent les dépenses financées par l’ADS. Les dépenses publiques de santé présentées dans la base de données des NHA sont "la somme des dépenses de santé payées en espèces ou fournies en nature par les entités gouvernementales, comme le ministère de la Santé, les autres ministères, les organismes parapublics et les organismes de sécurité sociale (sans duplication des transferts de fonds aux organismes de sécurité sociale et des fonds extrabudgétaires). Elles incluent toutes les dépenses effectuées par ces entités, quelle qu'en soit la source, et incluent donc tous les financements procurés par les bailleurs de fonds et transitant par ces entités. Elles comprennent les transferts payés aux ménages destinés à compenser le coût des soins médicaux et les fonds extrabudgétaires destinés à financer les services et les biens de santé. Elles comprennent les dépenses courantes et en capital" (OMS 2015). Les montants figurant ici ne sont donc pas une estimation des dépenses publiques de santé uniquement financées par les ressources nationales. Cette moyenne tient compte du niveau élevé de dépendance aux aides de 9 pays pour lesquels l’ADS dépasse 40 % des DTS : Burundi, RCA, Éthiopie, Gambie, Libéria, Malawi, Mozambique, Rwanda, Soudan du Sud. iv v www.aho.afro.who.int/en/atlas/health-system/4.9-medical-products-vaccines-infrastructures-and-equipment vi www.who.int/medicines/regulation/ssffc/surveillance/en/ vii Une définition couramment utilisée du niveau de qualité des soins de santé est "le niveau à partir duquel les services de santé des individus et des populations augmentent la probabilité d'obtention des résultats souhaités et sont conformes aux connaissances professionnelles actuelles" (Lorh, 1990, Institut de médecine 2001, OMS 2006). viii Défini à 1,90 USD par jour. ix Des données longitudinales seraient nécessaires pour étudier l'impact sur la pauvreté du nivellement des paiements de santé et des revenus des ménages au fil du temps. x Le portail du partenariat stratégique fournit les données JEE au niveau pays : Voir par exemple, pour la Tanzanie : https://extranet.who.int/donorportal/jeeta/tanzanias-jee-assessment-scoring, pour l'Éthiopie : https://extranet.who.int/donorportal/jeeta/ethiopias-jee-assessment-scoring#, pour le Mozambique : https://extranet.who.int/donorportal/jeeta/mozambique. Les inefficacités liées à la gestion des ressources humaines, à l’utilisation inappropriée des médicaments, aux erreurs médicales et à une qualité pas toujours optimale, et à la corruption et la fraude sont les principales causes du gaspillage de 20 et 40 % des dépenses totales de santé ((Organisation mondiale de la Santé 2010) . xii Le centrage des soins sur le patient est une approche de soins qui intègre de façon consciente les perspectives des patients individuels, du personnel soignant, des familles et des communautés et en fait à la fois des participants et des bénéficiaires de systèmes de santé qui inspirent confiance, sont organisés pour répondre à l'ensemble des besoins des personnes plutôt qu'à des maladies individuelles et respectent les préférences sociales. Les soins centrés sur le patient exigent également que les patients reçoivent l'information et l’appui dont ils ont besoin pour prendre des décisions et participer à leurs propres soins et que le personnel soignant soit en mesure de travailler de façon optimale dans un environnement favorable. Les soins axés sur l'être humain ont une portée plus large que ceux axés sur le patient ou sur la personne, car ils englobent non seulement les rencontres cliniques, mais aussi l'attention portée à la santé des personnes dans leur communauté et leur rôle crucial pour l'élaboration des xi politiques de santé et pour la santé elle-même (cadre des services de santé intégrés axés sur l'être humain http://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/WHA69/A69_39-en.pdf?ua=1 )