Les comètes Jusqu'au 28 novembre 2013, la comète ISON s'approche du Soleil. Au mois de décembre, elle sera visible à l'œil nu dans le ciel du soir et du matin. Certains l'annoncent même comme la comète du siècle mais il est très difficile de prévoir à l'avance la luminosité d'une comète. La dernière comète très lumineuse et facilement visible à l’œil nu (même depuis un centre ville) était Hale-Bopp en 1997. La plupart des jeunes n’ont donc vu de comète qu’en photo. La comète Hale-Bopp photographiée le 1er avril 1997 Certains imaginent qu’il s’agit d’un phénomène de très courte durée, que la comète se déplace très rapidement et dans une direction précise indiquée par sa queue (ce serait en direction de l’observatoire sur la photo). Il faut donc rappeler deux constatations simples : - une comète apparaît immobile quand on l’observe sur un temps court, elle suit simplement le mouvement d’ensemble du ciel dû à la rotation de la Terre ; - d’un jour à l’autre, on peut la voir se déplacer par rapport aux étoiles mais le sens de ce déplacement n’a rien à voir avec son aspect, en particulier avec l’orientation de la queue. La comète Hale-Bopp par exemple se déplaçait de moins de 0,1° par heure. Sur la photo, elle se dirigeait vers le coin supérieur gauche et il lui a fallu deux semaines pour y arriver. Sommaire Généralités sur les comètes Activités 1. Petit historique 1. Observer et dessiner la comète 2. Aspect et composition d’une comète 2. Photographier la comète 3. L’orbite d’une comète 3. Distance d'une comète. 4. Le nom des comètes 4. Mesurer une comète 5. La comète ISON 5. Tracé d'une orbite 6. Comètes remarquables 6. Kepler et Newton 7. Comètes et étoiles filantes 7. Statistiques sur les comètes. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Petit historique Les comètes ont souvent été considérées comme annonciatrices de malheurs (décès, calamités naturelles, guerres…). Certaines ont été associées à la mort de personnages célèbres (comète en 44 avant notre ère quelques mois après la mort de César, comète de 544 « annonçant » la mort d’Attila deux ans plus tard…). Premières descriptions Les premières descriptions sont plus ou moins réalistes : - Pline décrit des comètes en forme de javelot, de tonneau, d’épée… - les annales chinoises recensent plusieurs centaines d’observation et parlent d’étoiles balais, d’étoiles longues ou d’étoiles rayées ; - Ambroise Paré, un des premiers chirurgiens, fait une description effrayante de la comète de 1527 dont voici un extrait : « Aux deux côtés des rayons de cette comète, il se voyait grand nombre de haches, couteaux, épées colorées de sang parmi lesquelles il y avait un grand nombre de faces humaines hideuses, avec les barbes et les cheveux hérissés ». Comètes dans le livre Cometographia d’Hevelius (1668) Comètes représentées par des astronomes chinois, 300 ans avant notre ère. Premières découvertes La question de l’origine des comètes, phénomène atmosphérique ou non, s’est déjà posée il y a plus de 2 000 ans. Certains Grecs parlent de nuages enflammés (Xénophane), de réflexion des rayons solaires sur la vapeur humide que la comète traîne derrière elle (Hippocrate) ou d’exhalaison émanant de la Terre (Aristote) alors que Sénèque affirme qu’elles roulent au plus haut des cieux parmi les étoiles. En 1577, Tycho Brahe montre que la comète qu’il observe est au moins 6 fois plus éloignée de nous que la Lune. Les comètes ne sont donc pas des phénomènes atmosphériques. Les astronomes chinois avaient déjà remarqué que la queue de la comète de 837 était toujours située à Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes l’opposé du Soleil. Au 16e siècle en Europe, Fracastor et Apian font la même observation. La queue de la comète est dirigée à l’opposé du Soleil (image extraite de la Cosmographie d’Apian) À la fin du 17e siècle, l’astronome anglais Edmund Halley, ami de Newton, entreprend de recenser les comètes anciennes et de calculer leur orbite. Il s’aperçoit que trois d’entre elles sont très semblables. Il s’agit des comètes de 1531, 1607 et 1682. Il imagine qu’il s’agit d’une seule et même comète passant périodiquement à proximité du Soleil, les petites différences entre les trois passages successifs s’expliquant par l’attraction des planètes géantes Jupiter et Saturne. Il prévoit le retour de la comète pour 1758 mais décède en 1742. En 1757, Alexis Clairaut reprend les calculs de Halley et montre, avec Joseph Lalande et Nicole Reine Lepaute, que son passage au plus près du Soleil devrait plutôt avoir lieu en avril 1759. La comète arriva presque au moment prévu, avec juste un mois d’avance. On lui donna alors le nom de comète de Halley. Tous ces calculs ont pu être faits grâce à la théorie de Newton : les orbites des comètes sont régies principalement par la gravitation. Peu après, l’astronome français Charles Messier découvre 20 comètes en une quarantaine d’années. Mais il est surtout connu pour son catalogue d’objets diffus (nébuleuses, amas d’étoiles, galaxies) établi pour éviter de les confondre avec des comètes. Le premier spectre d’une comète est observé en 1864 sur Temple 2. On y voit trois raies d’émission. Le développement de la spectrographie permet alors de commencer à déterminer la composition des comètes. On découvre par exemple du cyanogène, un gaz très toxique, dans la queue de la comète de Halley. Comme la Terre devait la traverser le 19 mai 1910, certains annonceront la fin du monde. On savait pourtant que sa densité était très faible et qu’il n’y avait aucun danger. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes 19 mai 2010 : la Terre traverse la queue de la comète de Halley où l’on avait détecté du cyanogène en faible quantité. Ce qui permit à certains de faire fortune en vendant par exemple des masques à gaz. En 1950, Jan Oort propose l’existence d’un réservoir de comètes après avoir étudié les éléments orbitaux de comètes à longue période avant perturbation par les planètes. Ce réservoir entourant le système solaire dans toutes les directions serait situé de 20 000 à 150 000 unités astronomiques du Soleil. À la même époque, un autre astronome hollandais, Gerard Kuiper, envisage l’existence d’un anneau de corps glacés situés au-delà de l’orbite de Neptune. Plus tard, des simulations informatiques confirment l’hypothèse de la ceinture de Kuiper pour expliquer l’origine des comètes à courtes périodes (moins de 200 ans), proches du plan de l’écliptique. Exploration La première sonde spatiale ayant approché une comète est ICE en septembre 1985. Six mois plus tard, cinq sondes survolent la comète de Halley. Giotto, la sonde européenne, passe à moins de 600 km du noyau. Celui-ci, en forme de cacahuète de 15 km de long, s’est révélé plus sombre que du charbon, avec trois jets brillants de dégazage côté Soleil. D’autres sondes ont imagé quatre noyaux de comètes depuis. La sonde européenne Rosetta doit s’approcher de la comète Tchourioumov-Guerassimenko à l’été 2014 et déposer un atterrisseur sur son noyau en novembre. Le noyau de la comète de Halley photographié par la sonde Giotto Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Vidéo montrant l'approche de la comète de Halley par la sonde Giotto Description d'une comète Les comètes n'ont pas toutes le même aspect mais elles présentent les mêmes éléments. Le noyau C'est la partie que l'on ne voit pas depuis la Terre car il ne mesure que quelques kilomètres. Mais les différentes sondes spatiales ont pu photographier cinq noyaux de comètes. On compare souvent le noyau à une boule de neige sale. Il est constitué de glaces et de poussières. En s'approchant du Soleil, le noyau se réchauffe, les glaces à la surface se transforment en gaz et libèrent des poussières, formant alors la chevelure de la comète. Noyaux cométaires photographiées par des sondes spatiales, remis à la même échelle (images ESA, Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes NASA). La chevelure Le mot comète vient du grec « kometes » qui signifie chevelu. Quand le noyau se réchauffe, il se retrouve entouré d'une atmosphère constituée de gaz et de poussières, qu'on appelle chevelure ou coma. Celle-ci mesure plusieurs milliers de km, elle est en général plus grosse que la Terre. La comète Holmes, visible à l'œil nu dans la constellation de Persée en 2007. La chevelure est bien visible alors que la queue est à peine amorcée. Les queues cométaires Les particules chargées en provenance du Soleil repousse le gaz ionisé pour former la queue de gaz rectiligne et souvent bleutée. Les poussières sont repoussées par le rayonnement solaire et vont former la queue de poussières, légèrement jaune et incurvée. Les dimensions se comptent ici en millions de km. La queue de la comète Hale-Bopp par exemple mesurait plus de 100 millions de km ! Rappelons que l'orientation de la queue n'a rien à voir avec le sens de déplacement de la comète. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes La queue de gaz est toujours située à l'opposé du Soleil, indiqué par les pointillés. La flèche donne le sens de déplacement de la comète. Il existe aussi un immense halo d'hydrogène autour des comètes mais qui n'est visible à l'œil nu. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes L'orbite d'une comète Les trois types d'orbites À la fin du 17e siècle, Isaac Newton établissait la loi de la gravitation universelle. Il démontre en particulier que, si on ne considère que le Soleil et un autre corps, une comète par exemple, l'orbite de cette dernière ne peut être qu'une ellipse, une parabole ou une hyperbole. Les trois types d'orbite. Le petit point jaune est le Soleil. Dans le cas d'une ellipse, la comète reviendra périodiquement à proximité du Soleil. On parle de comète périodique si la période est inférieure à 200 ans. Pour les orbites paraboliques ou hyperboliques, la comète ne passera qu'une seule fois à proximité du Soleil et repartira vers l'infini. Tout ceci est théorique car, à cause de l'attraction gravitationnelle des planètes, en particulier des planètes géantes comme Jupiter et Saturne, les orbites se déforment. Une comète qui suivrait une orbite hyperbolique peut très bien voir sa trajectoire devenir elliptique en passant à côté de Jupiter. Orbite de la comète de Halley, une comète de période 76 ans Origine des comètes Les planètes tournent autour du Soleil approximativement dans le plan de l'orbite terrestre appelé plan de l'écliptique. Ce n'est pas le cas pour les comètes. Les comètes non périodiques ou à longue période ont une inclinaison quelconque sur le plan de l'écliptique. On pense qu'elles proviennent d'un réservoir sphérique de noyaux cométaires entourant le système solaire à grande distance, à plusieurs milliers de milliards de km. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Les comètes périodiques (P<200 ans) ont en général une faible inclinaison et sont proches du plan de l'écliptique. Elles proviennent sans doute de la ceinture de Kuiper, un anneau situé beaucoup plus près, entre 4 et 8 milliards de km du Soleil. Le nom des comètes La comète 1P/Halley est sans doute la plus connue de toutes bien que son dernier passage date de 1976. Hale-Bopp (C/1995 O1) est la dernière à avoir été très lumineuse et beaucoup observée en Europe et l'on espère que ISON (C/2012 S1) sera tout aussi spectaculaire. Mais quelle est l'origine de tous ces noms de comètes ? Nom des découvreurs On appelle traditionnellement une comète du nom de son ou ses découvreurs. La comète Hale-Bopp par exemple a été découverte indépendamment par Alan Hale et Thomas Bopp le même soir. La comète de Halley est une exception puisque Edmund Halley n'est pas le premier à l'avoir observée mais c'est lui qui a prévu son retour. La comète de Halley lors de son passage de 1910 (dessin Th. Moreux). Le nom attribué à une comète n'est pas toujours un nom de personne. Il existe actuellement de nombreux programmes automatiques de surveillance du ciel. Ils servent à détecter en particulier les astéroïdes pouvant s'approcher de la Terre. Mais ils trouvent aussi des comètes auxquelles on attribue leur nom. Début mars 2013, on a pu voir dans le ciel du soir la comète PANSTARRS qui tire son nom du télescope qui l'a découverte, faisant partie du programme Pan-STARRS, mot signifiant Panoramic Survey Telescope And Rapid Response System. ISON, que l'on verra en décembre, a aussi pris le nom d'un programme de surveillance du ciel, l'International Scientific Optical Network qui l'a observée en septembre 2012. Les noms de comètes peuvent aussi provenir de satellites artificiels comme SoHO qui surveille le Soleil et détecte souvent des comètes passant à proximité. Ils voient régulièrement certaines d'entre elles tomber sur le Soleil et finir leur vie ainsi. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Nom officiel Différentes méthodes ont été utilisées dans le passé pour nommer les comètes. Depuis 1995, on a adopté la convention suivante : - si la comète est périodique (période inférieure à 200 ans), on commence par la lettre P, sinon par la lettre C (comme comète) ; - on note ensuite l'année de la découverte ; - on continue par une lettre indiquant la « quinzaine » de découverte dans l'année, chaque mois étant découpé en deux « quinzaines ». On note A pour une comète découverte entre le 1er et le 15 janvier, B entre le 16 et le 31 janvier… La lettre I n'est pas utilisée pour éviter une confusion avec le chiffre 1 ; - enfin, on ajoute un numéro indiquant l'ordre de découverte dans cette quinzaine. La comète Hale-Bopp s'appelle aussi C/1995 O1. Il s'agit d'une comète non périodique ou à longue période (lettre C), découverte la 14e quinzaine de 1995 donc entre le le 16 et le 31 juillet 1995 (c'était précisément le 23 juillet). En effet, O est la 15e lettre de l'alphabet mais comme on n'utilise pas le I, il faut bien prendre la 14e quinzaine. De plus, on numérote les comètes périodiques observée à plus d'un passage. La comète de Halley, la première de la série, s'appelle ainsi 1P/Halley. Les comètes récemment nommées sur le site du « Minor Planet Center » La comète ISON (C/2012 S1) Certains l'ont annoncée comme la comète du siècle, plus brillante que la pleine Lune. En fait, les observations de septembre sont moins bonnes que les prévisions de janvier mais il est toujours difficile de prévoir comment va réagir le noyau en s'approchant du Soleil. ISON sera peut-être exceptionnelle, peutêtre décevante… Caractéristiques de la comète ISON Découverte en septembre 2012, la comète ISON doit passer au plus près du Soleil (à son périhélie) le 28 novembre 2013. Elle passera auparavant à proximité de Mars le 1er octobre, à 10 millions de km. Et elle sera au plus près Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes de la Terre le 26 décembre, à 60 millions de km. Son orbite est presque parabolique, ce qui indique qu'elle doit provenir du nuage de Oort. Maquette de la trajectoire d'ISON. L'orbite de la comète est en rouge, la ligne bleue représente l'orbite de la Terre (maquette parue dans le numéro de mars 2013 des Cahiers Clairaut, le bulletin du Comité de Liaison Enseignants et Astronomes www.clea-eu.fr) Le 28 novembre, elle ne passera qu'à 1 800 000 km du centre Soleil, ce qui est très proche, à comparer avec le rayon du Soleil de 700 000 km . Il est possible que son noyau soit disloqué par les forces de marée. Quoiqu'il en soit, il est très difficile de prévoir sa luminosité après ce passage. Elle peut être spectaculaire comme l'a été la comète Mac Naught observée principalement depuis l'hémisphère sud mais cette fois-ci, les habitants de l'hémisphère nord seront les mieux placés. La comète McNaught observée depuis le Mont Paranal en janvier 2007. Et si ISON était aussi spectaculaire ? (crédit S. Deiries/ESO) Comment l'observer ? La carte ci-dessous indique la position de la comète d'octobre à décembre 2013. La comète est représentée par le rond bleu, dont le diamètre dépend de la luminosité prévue. Elle sera très lumineuse le 28/11, mais trop proche du Soleil pour être observée. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes ISON en octobre À rechercher le matin, avant le lever du Soleil dans la constellation du Lion, avec un télescope ou une lunette astronomique. ISON en novembre Jusqu'au 20 novembre, on pourra l'observer le matin avant le lever du Soleil, du côté de la constellation de la Vierge. Elle sera peut-être visible à l'œil nu mais il vaudra mieux la chercher avec une paire de jumelles. Après le 20 novembre, elle sera proche du Soleil et difficile à observer à moins qu'elle soit particulièrement active et qu'on puisse voir la queue cométaire. ISON en décembre Ce sera le meilleur mois pour l'observer. Après son passage au périhélie, chevelure et queues devraient être particulièrement développées. De plus, ISON sera au plus près de la Terre le 26 décembre. Elle sera visible soit le matin à l'est avant le lever du Soleil, soir le soir à l'ouest en début de soirée. Début décembre, il vaudra mieux l'observer le matin, il n'y aura pas de Lune, elle sera un peu plus haute dans le ciel et son orientation sera plus favorable. Le soir, elle sera assez basse sur l'horizon. La pleine Lune a lieu le 17 et gênera l'observation. Fin décembre, on pourra observer la comète le soir sans Lune (ou le matin avec la Lune). Comme elle monte vers le nord, elle s'approche de la Polaire et deviendra visible toute la nuit à partir de Noël. Décembre sera donc le bon mois pour l'observer, la dessiner, la photographier, la mesurer… Si ISON est active comme on le prévoit, les meilleurs instruments d'observation seront l'œil et les jumelles. Cela permet d'avoir un champ suffisamment grand. Avec un télescope ou une lunette, on peut voir des détails supplémentaires dans la chevelure et la queue de gaz mais le champ est trop réduit pour admirer l'ensemble de l'astre. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Comètes remarquables Les records Le plus grand noyau de comète mesure 180 km de diamètre. Il s'agit de la comète 95P/Chiron qui fut longtemps considéré comme un astéroïde. Ce n'est qu'en 1989 qu'on observa une chevelure et une queue, typiques des comètes. La comète 17P/Holmes, lors de son passage de 1892, avait une chevelure de 2 millions de kilomètres de diamètre. La grande comète de 1843 développait une queue de 320 millions de km. Elle fut battue par Hyakutake en 1996, avec une queue de plus de 500 millions de km. La grande comète de 1843 (dans l'Astronomie Populaire de Camille Flammarion) Les comètes les plus lumineuses peuvent être visibles en plein jour comme celle de 1402 qui projetait même des ombres la nuit. La comète de Halley C'est la plus célèbre des comètes, qui revient tous les 76 ans. Elle a été observée il y a déjà plus de 2 500 ans par les Chinois. On la trouve représentée sur la tapisserie de Bayeux à l'occasion de son passage de 1066 et depuis les calculs d'Edmund Halley et son passage de 1759, on annonce chacun de ses retours. À chaque périhélie, elle s'approche à 90 millions de km du Soleil puis repart à plus de 5 milliards de km. Lors de son dernier passage, la sonde européenne Giotto a pu photographier son noyau : celui-ci est beaucoup plus sombre que ce que l'on imaginait, plus sombre même que le charbon. Il a la forme d'une cacahuète de dimensions 16 km, 8 km et 7 km. La comète de Halley (Crédit NASA) Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Des fins tragiques En 1846, la comète P/Biela apparaît double. On pense que son noyau s'est scindé en deux après son passage à proximité du Soleil. Elle fut retrouvé au passage suivant mais disparut totalement après. Elle a dû se briser en petits morceaux. En 1994, la comète Shoemaker-Levy 9 est entrée en collision avec la planète Jupiter. Elle s'était auparavant disloquée en plusieurs morceaux en passant trop près de la planète géante. Les taches sombres proviennent des impacts dans l'atmosphère de Jupiter de plusieurs des fragments de Shoemaker-Levy 9 (image Hubble Space Telescope) SoHO est un satellite d'observation du Soleil. Il voit régulièrement des comètes s'approcher de la surface solaire. Certaines la frôlent et en réchappent, d'autres s'y s'écrasent… La comète Tchourioumov-Guérassimenko Elle est encore peu connue mais devrait devenir célèbre en 2014-2015 quand la sonde Rosetta lancée par l'ESA (Agence Spatiale Européenne) l'atteindra puis enverra un atterrisseur se poser sur son noyau. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Comètes et étoiles filantes Origine des étoiles filantes Au cours du temps, les particules présentes dans la queue de poussières d'une comète se répartissent le long de son orbite. Si par hasard, la Terre croise cette orbite, certaines de ces poussières vont pénétrer dans l'atmosphère en se consumant. Depuis le sol, on voit alors une étoile filante. Par exemple, il est bien connu qu'aux alentours du 12 août, on peut observer de nombreuses étoiles filantes. Celles-ci proviennent de poussières laissées par la comète Swift-Tuttle. Tous les ans au mois d'août, la Terre coupe la trajectoire de la comète Swift-Tuttle encombrée de poussières, donnant naissance alors à de nombreuses étoiles filantes. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Le trait lumineux au centre de l'image est une étoile filante de la famille des Léonides, provenant de la comète Temple-Tuttle dont l'orbite est croisée par la Terre en novembre. Les autres traits ont été laissés par les étoiles qui se sont déplacées au cours de la pose photo à cause de la rotation de la Terre. Quelques essaims d'étoiles filantes Nom de l'essaim Date du maximum Comète associée Quadrantides 3-janvier 2003 EH1 ?* Eta Aquarides 6-mai Halley Perséides 12-août Swift-Tuttle Orionides 21-octobre Halley Léonides 17-novembre Temple-Tuttle Géminides 14-décembre * Il s'agit d'astéroïdes qui ont dû avoir une activité cométaire dans le passé. Phaéton* Observer et dessiner la comète ISON L'observation à l'œil nu et le dessin sont deux activités à la portée de tous. Pour obtenir plus de détails, on peut utiliser des jumelles. Noter la position de la comète La carte ci-dessous vous permettra de noter de jour en jour la position de la comète ainsi que l'orientation de la queue, de mi-novembre 2013 à mi janvier 2014, pendant la période où elle doit être visible à l'œil nu (à part sans doute la fin novembre où elle sera trop proche du Soleil). Si vous avez du mal à la trouver dans le ciel, vous pouvez vous aider de la carte donnant sa position, à la page G5. La position du Soleil est indiquée chaque semaine pour que l'on puisse vérifier que la queue de la comète est toujours à l'opposé du Soleil. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Dessiner la comète Avec une paire de jumelles, on peut voir des détails dans la chevelure et la queue de la comète. Pour dessiner dans de bonnes conditions, il faut prévoir : - une planchette pour se poser avec des feuilles ; - une gomme et des crayons ; - un coton-tige pour le flou ; - une lampe frontale rouge pour dessiner sans être ébloui ; - un siège confortable. Il est aussi pratique de fixer ses jumelles sur un pied photo. Certains préfèrent dessiner au crayon blanc sur feuille noire. Il est aussi possible de dessiner en noir sur feuille blanche mais de scanner ensuite (ou photographier) le dessin pour le passer en négatif avec un logiciel : on obtient alors une comète claire sur fond noir, ce qui correspond à ce que l'on observe dans le ciel. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Photographier la comète Il est beaucoup plus facile de photographier un astre lumineux qu'un astre faible. Si la comète est brillante, ce qu'on espère pour décembre, on pourra en faire des images avec peu de matériel. Sinon, il faudra être bien équipé. Photographier sans suivi Quand on veut photographier un astre peu lumineux, on est obligé de faire des poses assez longues. On ne peut donc pas tenir l'appareil photo à la main. De plus, dès que l'on dépasse 15 ou 30 secondes de pose, le déplacement apparent des étoiles devient visible. En effet, comme la Terre tourne sur elle-même, on voit au cours de la nuit les étoiles se déplacer. L'idéal est d'avoir un appareil photo sur lequel on peut effectuer tous les réglages manuellement, un pied photo et un déclencheur souple pour éviter de faire bouger l'appareil. Mais on peut tout de même tenter des photos sans tout cet équipement. Quand on ne possède pas de déclencheur souple, on peut utiliser le retardateur qui évite d'avoir un bougé. Si l'appareil n'est pas entièrement automatique, on effectue les réglages possibles manuellement : - sensibilité maximale ou presque (trop de sensibilité peu amener un bruit de fond important) ; - temps de pose de 15 secondes à 1 minute ; - ouverture maximale ou presque (plus l'objectif est ouvert, plus il y a de lumière mais plus les défauts optiques sont visibles) ; - netteté à l'infini. Il faut faire différents essais en variant les réglages. Si les réglages sont entièrement automatiques, on obtient parfois de meilleurs résultats en photographiant à l'aube ou au crépuscule, quand le ciel n'est pas trop sombre. Si on ne possède pas de pied photo, on peut essayer de caler l'appareil photo sur un support, un muret par exemple, en utilisant le retardateur. La comète Hale-Bopp en 1997 photographiée avec un appareil photo fixé sur un pied et une pose d'une minute. Les étoiles ne sont pas des points mais de petits traits à cause de la rotation de la Terre. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Photographier avec suivi Pour que les étoiles restent des points et que la comète soit nette, il faut arriver à faire des poses longues tout en suivant le mouvement apparent des étoiles. Pour cela, les astronomes amateurs utilisent des montures dites équatoriales où l'un des axes est parallèle à l'axe de la Terre. Lorsque la terre tourne dans un sens, il suffit qu'un moteur fasse tourner l'instrument dans l'autre sens à la bonne vitesse pour suivre les étoiles. La comète Hyakutake en 1996. Pose de 4 minutes avec suivi. Les étoiles semblent ponctuelles. Distance d'une comète Pendant longtemps, on a cru que les comètes se produisaient dans notre atmosphère. Nous allons essayer de départager ces deux hypothèses : Hypothèse 1 : une comète est un phénomène atmosphérique. Hypothèse 2 : une comète est un astre lointain. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Deux méthodes vous sont proposées ici. Méthode 1 On observe une même comète (ici Hale-Bopp en 1997) depuis un même lieu mais à 1 heure d'intervalle. Pendant ce temps, la Terre tourne sur elle-même et on voit les étoiles se déplacer. Observez bien ces deux photos. Laquelle des deux hypothèses énoncées ci-dessus paraît la plus plausible ? La comète Hale-Bopp le 30 mars 1997 à 22 h 30 La même observée environ une heure plus tard. Vous pouvez faire ce même test avec la comète ISON. Méthode 2 Cette activité demande deux observateurs. On photographie une comète depuis deux points éloignés le même jour à la même heure. Si la comète est proche, elle devrait être fortement décalée par rapport aux étoiles d'une photo à l'autre. Comme on ne voit pas de décalage, c'est que la comète est lointaine donc extérieure à notre atmosphère. Il est possible de faire des mesures précises pour calculer une distance minimale de la comète. Solution méthode 1 Réponse : hypothèse 2. Si la comète est lointaine, même si elle se déplace, son mouvement doit être à peine perceptible en une heure et elle doit rester quasiment fixe par rapport aux étoiles. C'est bien ce que l'on observe sur les photos. Il suffit de prendre quelques étoiles repères pour le vérifier. Par contre, dans le cas de l'hypothèse 1 (phénomène atmosphérique), la comète devrait se déplacer dans Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes la bonne direction et à la bonne vitesse pour suivre les étoiles, ce qui est très peu probable. Mesurer une comète Il est possible de déterminer un ordre de grandeur du diamètre de la chevelure et de la longueur de la queue. Mais pour cela, il faut connaître la distance de la comète. Nous utiliserons les valeurs données par les astronomes de l''IMCCE. Diamètre de la chevelure 1. On mesure le diamètre apparent de la chevelure en degrés. Plusieurs méthodes sont possibles : Méthode 1 (très approximative) : on compare la chevelure à la largeur de son pouce bras tendu, qui mesure environ 2°. Sur la photo, on obtiendrait une chevelure d'environ 1°. Méthode 2 : on utilise une règle graduée pour mesurer la chevelure bras tendu, on mesure ensuite la distance de son œil à la règle et on en déduit le diamètre apparent de la chevelure en degrés avec une méthode analogue à celle exposée au point 2 ci-dessous (soit avec une figure à l'échelle, soit en assimilant la partie mesurée sur la règle à un arc de cercle ou encore en utilisant la trigonométrie). 2. Connaissant la distance du noyau de la comète (voir tableau ci-dessous), on en déduit le diamètre réel de la chevelure. Là encore différentes méthodes sont envisageables : Méthode 1 : on fait une figure à l'échelle (1 mm pour 1 million de km par exemple) et on obtient le diamètre du noyau en le mesurant sur la figure. Méthode 2 : on assimile le diamètre de la chevelure à un arc de cercle puis on utilise des proportions (figure de droite). Méthode 3 : on utilise la trigonométrie a = diamètre apparent mesuré. d = distance de la chevelure donnée. 360° → 2πd 1° → 2πd/360 Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Date 05/12/13 Distance d (km) 109000000 12/12/13 19/12/13 26/12/13 02/01/14 86000000 71000000 64000000 Distance comète Terre d'après l'IMCCE 69000000 Longueur de la queue cométaire 1. On commence par mesurer son diamètre apparent. Bras tendu, une main ouverte correspond à 20°. Sur la photo, la queue de la comète mesure 40°. Comme l'angle que l'on cherche risque d'être assez grand, on peut imaginer d'autres méthodes de mesure, avec un rapporteur par exemple. 2. Comme on connaît la distance de la comète, on pourrait effectuer le même calcul qu'à l'étape 2 ci-dessus pour obtenir un ordre de grandeur de la taille de la queue. En réalité, le résultat est imprécis car on ne connaît pas son orientation dans l'espace. La valeur obtenue est une valeur minimale. Il y aurait une correction à faire pour obtenir la bonne dimension. 2 bis. Pour effectuer un calcul précis, il faudrait connaître l'angle Terre comète Soleil. Celui-ci est donné dans le tableau cidessous. Ensuite, plusieurs méthodes sont possibles : Méthode 1 : on fait une figure à l'échelle. Méthode 2 : on utilise des propriétés géométriques dans le triangle TCE (la loi des sinus par exemple) d : distance de la comète a : angle mesuré Date 05/12/13 12/12/13 19/12/13 26/12/13 02/01/14 Angle Terre comète Soleil 123° 111° 96° 76° 57° Comment dessiner l'orbite d'une comète ? Il ne s'agit pas ici de déterminer l'orbite d'une comète mais simplement de la dessiner à partir des données calculées par les astronomes. On dessine dans le plan de l'orbite de la comète. On ne s'intéresse pas à l'inclinaison de ce plan par rapport au plan de l'écliptique (plan de l'orbite terrestre). On propose différentes méthodes, géométriques ou analytiques, à partir d'un tableur par exemple mais de nombreux autres logiciels peuvent effectuer les tracés. On aura besoin ici d'un peu de mathématiques. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Méthode 1 On se propose de tracer l'orbite à partir des paramètres calculés par les astronomes. Nous aborderons le cas de l'ellipse et celui de la parabole avec deux exemples concrets, Halley et ISON. Cas no 1 : l'ellipse Les comètes périodiques ont une orbite elliptique, le Soleil étant un des foyers. On tracera cette ellipse à partir de son excentricité et de la distance au périhélie. A. Quelques précisions sur les ellipses On peut définir une ellipse comme un cercle vu en perspective. Géométriquement, c'est l'ensemble des points d'un plan dont la somme des distances à deux points fixes (les foyers) est constante. [AA'] : grand axe de l'ellipse. OA = a. [BB'] : petit axe de l'ellipse. OB = b F et F' : foyers de l'ellipse. OF = c. Excentricité de l'ellipse : e = c/a Pour tout point M de l'ellipse : MF + MF' = constante (1) 1. Appliquer la relation (1) au point A. En déduire la valeur de la constante. 2. Appliquer la relation (1) au point B. En déduire BF. 3. Écrire une relation entre a, b et c. 4. Quelle est la valeur maximale de e ? Que devient alors l'ellipse ? 5. Quelle est la valeur minimale de e ? Que devient alors l'ellipse ? 6. Application numérique : on donne a = 5 et b = 3 (figure ci-dessus). Calculer l'excentricité de l'ellipse. B. Tracé de l'orbite de la comète de Halley (méthode géométrique) Données Excentricité de l'orbite : e = 0,967 Distance au Soleil au périhélie : 0,587 ua (ua signifie unité astronomique. Cela correspond à la distance Terre Soleil soit 150 millions de km) Le périhélie est le point de l'orbite le plus proche du Soleil. Sur la figure précédente, si le Soleil est en F, le périhélie est en A. 1. Donner les valeurs de a (demi petit axe), b (demi grand axe) et c (distance du centre de l'ellipse au Soleil) de l'orbite de la comète. 2. On veut tracer l'orbite de la comète de Halley. On pourra prendre comme échelle 1 cm pour 1 ua (feuille A3) ou 1 cm pour 2 ua (feuille A4). Sur une feuille suffisamment grande, tracer le grand axe de l'ellipse, son petit axe et placer les deux foyers. 3. Tracer ensuite l'orbite en s'aidant d'une ficelle et de deux punaises fixées aux foyers (et en se plaçant sur une planchette). Pour un tracé correct, la longueur de la ficelle doit être précise. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes La ficelle mesure ici 2f + 2a. Début du tracé de l'ellipse. L'ellipse une fois tracée. C. Tracé de l'orbite de la comète de Halley (méthode algébrique) On se place dans un repère dont l'axe des abscisses est (AA') et l'axe des ordonnées (BB'). L'équation de l'ellipse de demi grand axe a et de demi petit axe b peut s'écrire : x²/a² + y²/b² = 1 (cette égalité se démontre à partir de la condition MF + MF' = 2a mais le calcul est fastidieux, on peut le simplifier en posant x² + y² + c² = A). 1. À partir de cette équation, montrer que x doit être compris entre –a et a. 2. De la même manière, donner un encadrement de y. 3. En prenant les valeurs de a et b trouvées à l'exercice précédent au dixième près (question 1), tracer l'orbite de la comète de Halley dans un tableur ou avec un logiciel de géométrie. Cas no 2 : la parabole Certaines comètes ont une orbite parabolique (ou presque parabolique). C'est le cas de la comète ISON. Étant donné qu'elle passe très près du Soleil, nous ne tracerons qu'une petite partie de l'orbite correspondant aux quelques jours entourant le périhélie. A. Quelques précisions sur les paraboles On peut définir géométriquement une parabole comme étant l'ensemble des points du plan équidistants d'un point F (le foyer) et d'une droite d (la directrice). Si on appelle H le projeté orthogonal de F sur d, il est évident que la parabole doit passer par le milieu O de [FH]. B. Tracé de l'orbite de la comète ISON (méthode géométrique) On sait que la distance de la comète au Soleil au périhélie vaut 0,012 ua. 1. En prenant pour échelle 50 cm pour 1 ua, tracer sur une feuille les points F, O, H ainsi que la directrice d. 2. Placer deux points situés à 0,05 ua de F et de d. 3. Placer deux points situés à 0,1 ua de F et de d. 4. Placer quelques autres points de l'orbite de la comète ISON. C. Tracé de l'orbite de la comète ISON (méthode algébrique) On se place dans un repère d'origine O, l'axe des abscisses étant parallèle à la directrice et l'axe des ordonnées étant (OF). On peut montrer que l'équation de la parabole est y = 1/(4d) x² où d est la distance au périhélie. 1. Écrire l'équation de l'orbite d'ISON. 2. Tracer cette orbite à partir d'un tableur ou d'un logiciel de géométrie. Méthode 2 On peut trouver sur le site de l'Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes (www.imcce.fr) la position précise d'une comète à l'instant que l'on veut. Les coordonnées sont données dans l'espace. Il est possible de les utiliser pour retrouver la trajectoire de la comète dans le plan de son orbite. Pour cela, on suppose que l'orbite est plane et contient le Soleil, ce qui est presque vrai mais pas tout à fait à cause des perturbations dues aux planètes. De plus, les prévisions de l'IMCCE ne peuvent pas tenir compte des modifications de l'orbite dues aux jets de gaz du noyau. Comment passer de coordonnées dans l'espace à des coordonnées dans un plan ? Une solution consiste à utiliser le produit scalaire. Nous vous proposons l'exemple d'ISON mais cette méthode est applicable à n'importe quelle comète. Tracé de l'orbite de la comète ISON (3) Comme la comète passe très près du Soleil, nous ne tracerons qu'une petite partie de l'orbite, celle correspondant à peu près aux 4 jours entourant le périhélie. 1. Sur le site de l'IMCCE (www.imcce.fr), trouver dans les éphémérides générales de position des corps du système solaire, les coordonnées rectangulaires (cartésiennes) de la comète ISON (de son nom officiel C/2012 S1) dans un repère héliocentrique (équatorial ou écliptique, les deux conviennent) à partir du 27/11/2013 (la veille du périhélie) à 0 h, avec un pas de 30 minutes et pour 200 « dates ». 2. Copier les résultats dans un traitement de texte, enregistrer en format txt puis ouvrir avec un tableur (séparateur espace). Supprimer les trois dernières colonnes, inutiles ici. 3. Calculer éventuellement la distance de la comète au centre du repère (le Soleil) à partir de ses coordonnées, vous devriez trouver les mêmes résultats que dans la colonne distance. 4. Chercher la distance minimale. On a ainsi l'instant du passage au périhélie à 30 minutes près. On appellera Co la position de la comète à cette date. 5. Pour chaque position C de la comète, calculer le produit scalaire SC . SCo où S est le Soleil (centre du repère). 6. En déduire l'angle CoSC 7. On a déterminé les coordonnées polaires (ρ, θ) de la comète dans le plan de son orbite, ρ étant la distance Soleil comète et θ l'angle que l'on vient de calculer au signe près. On choisira de prendre θ négatif avant le passage au périhélie et positif ensuite. Modifier les formules en conséquences. 8. Tracer l'orbite de la comète. On pourra utiliser des logiciels travaillant en coordonnées polaires ou la faire tracer par le tableur après avoir transformé les coordonnées polaires en coordonnées cartésiennes dans le plan. Solutions dessin d'une orbite Méthode 1 Cas no 1 : l'ellipse Partie A 1. AF + AF' = constante. Or, AF + AF' = (a–c) + (a+c) = 2a. La constante est donc égale à 2a. 2. BF + BF' = 2a. Donc BF = a. 3. Le théorème de Pythagore dans le triangle OBF donne : a² = b² + c². 4. Si b² + c² = a², c² ≤ a² d'où c ≤ a et c/a ≤ 1 (a et c sont des nombres positifs). Donc e ≤ 1. La valeur maximale de e est 1. Dans ce cas limite (e = 1), on a c = a donc b = 0. L'ellipse est réduite au Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes segment [FF'] de longueur 2c ou 2a. On peut vérifier sur ce segment que MF + MF' = FF' = 2a. 5. Les nombres a et c sont positifs donc e ≥ 0. La valeur minimale de e est 0 : elle est atteinte si c est nul. F et F' sont alors confondus avec O et la relation MF + MF' = 2a devient OF = a. L'ellipse est alors un cercle de centre O et de rayon a. En conclusion, l'excentricité e d'une ellipse est comprise entre 0 (pour le cercle) et 1 (segment). Plus e est grand, plus l'ellipse est aplatie. 6. Si a = 5 et b = 3. La relation b² + c² = a² donne c = 4. L'excentricité vaut alors : e = c/a = 4/5 ou 0,8. Partie B 1. Excentricité : e = c/a = 0,967 donc c = 0,967×a La distance de la comète au Soleil au périhélie est AF soit a – c soit a – 0,967×a ou 0,033×a On a 0,033×a = 0,587 donc a ≈ 17,8. On en déduit c ≈ 17,2 et b ≈ 4,5 2. Le grand axe de l'orbite mesure 2a soit 35,6 cm à l'échelle 1 cm pour 1 ua et le petit axe 9 cm (ou la moitié à l'échelle 1 cm pour 2 ua). Les photos montrent la technique mais le tracé de l'orbite est néanmoins délicat. Partie C 1. x²/a² + y²/b² = 1 donc x²/a² ≤ 1, x² ≤ a². On en déduit que x ∈ [-a ; a]. 2. De même, y ∈ [-b ; b]. 3. Pour une valeur de x donnée, deux valeurs de y opposées sont possibles. On peut noter dans une colonne les valeurs de x de –17,8 à 17,8, en augmentant d'un dixième entre deux cellules par exemple, puis de 17,8 à -17,8 en diminuant de 0,1. Dans la colonne voisine, on notera d'abord la formule donnant la valeur positive de y puis la formule donnant la valeur négative. On peut ensuite joindre les points pour obtenir l'ellipse. On veillera à ce que les graduations en x et en y soient identiques. Par exemple, en plaçant la valeur de a en A2 et celle de b en B2, on met les valeurs de x de C2 à C716 et on trouve celles de y dans la colonne D. Formule en D3 : = B$2*RACINE(1-(C3*C3)/(A$2*A$2)) Formule en D360 : =-B$2*RACINE(1-(C360*C360)/(A$2*A$2)) Remarque : le Soleil n'est pas placé ici, il faudrait l'ajouter. Cas no 2 : la parabole Partie B 1. À l'échelle 50 cm pour 1 ua, 0,012 ua donne 0,6 cm. C'est la distance OF. 2. Il faut placer un point à 2,5 cm (0,05 ua) de F et de d. 3. Il faut placer un point à 5 cm (0,1 ua) de F et de d. 4. On recommence avec différentes longueurs (1 cm, 2 cm, 3 cm, 4 cm par exemple) Tracé des points situés à 1 cm, 2,5 cm et 5 cm de F et d. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Partie C 1. 1/(4d) = 1/(4×0,012) ≈ 21. On obtient donc y = 21 x² 2. On peut tracer l'orbite en prenant x entre -0,2 et 0,2 Méthode 2 Tracé de l'orbite d'ISON 1. À l'adresse http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/formulaire/form_ephepos.php : - cocher comète et taper à côté C/2012 S1 ; - centre du repère : héliocentre ; - plan de référence : équateur ou écliptique ; - coordonnées : rectangulaires ; - date : 2013 ; 11 ; 27 ; 0 ; 0 ; 0 - nombre de dates : 200 - pas : 30 minutes Cliquer sur calcul 2. Sélectionner les lignes de chiffres et les coller dans un traitement de texte, puis l'enregistrer en format texte (ISON.txt par exemple) Pour ouvrir le fichier dans un tableur : - Avec Open Office, ouvrir le tableur, faire insertion à partir d'un fichier, choisir le fichier ISON.txt, cocher séparer par espace et fusionner les séparateurs. - Avec Excel, ouvrir le fichier ISON.txt, cocher délimité, espace. Vous devriez obtenir une colonne A vide, la date en B, C, D, l'heure en E, F, G, les coordonnées cartésiennes en H, I, J, la distance en K… Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Supprimer les 3 dernières colonnes, inutiles ici. Attention, si votre tableur nécessite des virgules pour les décimaux au lieu de points, il faut remplacer tous les points par des virgules. 3. Colonne L : la distance s'obtient avec racine(x²+y²+z²). Taper en L1 : =RACINE(H1*H1+I1*I1+J1*J1) Vous devriez trouver le même résultat qu'en K1. 4. Si les paramètres de l'orbite sont modifiés par l'IMCCE, les résultats qui suivent seraient quelque peu différents. On trouve la distance minimale (0,0124 ua) au 28/11/2013 à 18 h 30 (ligne 86). C'est bien la date et la distance annoncée pour le périhélie. 5. On tape en M1 : =H1*H$86+I1*I$86+J1*J$86 6. On calcule le cosinus de l'angle dans la colonne N en divisant le produit scalaire par le produit des normes des deux vecteurs. On tape en N1 : =M1/(L1*L$86) 7. On trouve l'angle en O1 en tapant =ACOS(N1) puis on recopie vers le bas dans les colonnes M, N, O. On modifie la formule donnant l'angle avant le 28/11 à 18 h 30 en ajoutant un signe -. On pourra aussi taper 0 pour l'angle au 28/11. 8. On a donc maintenant les coordonnées polaires de la comète dans le plan de son orbite avec les colonnes L et O. Si on veut tracer l'orbite avec un tableur en coordonnées cartésiennes, on ajoutera : - en P1 : =L1*COS(O1) - en Q1 : =L1*SIN(O1) Orbite d'ISON réalisé avec open Office. Le Soleil est à l'origine du repère. Kepler et Newton Ces deux activités, inspirées du n° 141 des Cahiers Clairaut (la revue du Comité de Liaison Enseignants Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes et Astronomes), sont adaptées pour la comète ISON. Comète et loi des aires Orbite de la comète ISON tracée pour les trois jours entourant le périhélie (P). La position de la comète est indiquée toutes les 6 heures. La deuxième loi de Kepler ou loi des aires énonce que les aires balayées par le rayon vecteur en des temps égaux sont égales. Cela signifie que les différents secteurs coloriés de l'orbite (délimitées par l'orbite et par le segment Soleil – Position de la comète toutes les 6 heures) ont la même aire. Deux méthodes sont possibles pour le vérifier. Méthode 1 Il n'est pas facile de calculer l'aire des secteurs coloriés. Une méthode simple consiste à imprimer le dessin sur une feuille d'épaisseur constante et à peser les différents secteurs après les avoir découpés. Méthode 2 En prenant des positions proches de la comète, toutes les demi-heures par exemple, on peut assimiler le secteur de l'orbite à un triangle et calculer son aire. On peut obtenir ces positions sur le site de l'IMCCE. La méthode est expliquée dans la page « Tracé d'une orbite ». Comète et gravitation On s'intéresse ici à l'accélération de la comète. On peut montrer qu'elle est dirigée vers le Soleil et que sa valeur est inversement proportionnelle au carré de la distance. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes Méthode 1 On trace géométriquement une approximation du vecteur accélération comme différence de deux vecteurs vitesse. Exemple du 28/11 à 0 h (point C) : on détermine le vecteur accélération en C en prenant la différence des vitesse en D et en B. 1. On cherche le vecteur vitesse en B. Une bonne approximation est de prendre le vecteur AC . Comme on obtient une distance parcourue en 12 h, le vecteur 2 AC donnera la vitesse en ua/j. On peut le représenter à partir du point B. 2. On cherche le vecteur vitesse en D. On prendra le vecteur 2 CE qu'on peut représenter à partir de D. 3. On trace, à partir de C la différence des vitesses soit 2 CE - 2 AC . On doit obtenir un vecteur dirigé vers S (on peut multiplier le vecteur obtenu par 2 si on veut avoir des ua/j²). Méthode 2 Avec les coordonnées de la comète toutes les demi-heures, on peut calculer des approximations beaucoup plus précises de la vitesse et de l'accélération. On peut vérifier d'une part, que l'accélération est bien dirigée vers le Soleil et d'autre part, que sa norme est inversement proportionnelle au carré de la distance. Connaissant la constante de gravitation G, il est aussi possible de déterminer la masse du Soleil. Pierre Causeret, Comité de Liaison Enseignants Astronomes