Dossier
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n 2009, le Cameroun s’est doté d’un
document de vision à long terme cris-
tallisant les ambitions et les aspirations
du pays pour une économie moderne
dans un horizon prévisible. L’idée maî-
tresse, à savoir : « devenir un pays émergent
à l’horizon 2035 » a fait l’objet d’une quasi-
unanimité des différentes parties prenantes
au développement social et économique du
pays, si bien qu’elle est devenue une référence
dans laquelle les administrations publiques, le
secteur privé, la société civile ainsi que par les
partenaires au développement semblent se
reconnaître.
Quelques années après l’adoption de cette vi-
sion, le ralliement à ces objectifs paraît tou-
jours vivace. Cependant, l’alignement des
politiques, des stratégies et des actions des dif-
férents acteurs sur les orientations retenues
semble moins évident. C’est ainsi que la plu-
part des changements structurels indispensa-
bles pour porter cette ambition ne sont pas
intervenus.
Dès lors, notre pays n’a pas pu se rapprocher
des objectifs fixés dans l’un des domaines clés
de cette vision qui est celui de la croissance
économique. De fait, la vision prévoyait qu’à
travers un fort relèvement de sa productivité
globale, l’économie devra progressivement ac-
célérer sa croissance à partir de 2010 pour
atteindre des taux nettement au dessus de 9-
10% sur la période 2015-2025. A l’évidence,
les performances réalisées sur la période
2010-2013 se situent en déca de ces objec-
tifs.
Ces performances en demi-teinte et les nom-
breux retards enregistrés dans l’implémenta-
tion des réformes structurelles pour la
modernisation de l’économie camerounaise
ne sont pas sans conséquence sur l’activité des
entreprises. De fait, le Cameroun a depuis
2002 fait le choix de l’économie de marché
comme mode d’organisation économique pri-
vilégié, la Charte des Investissements recon-
naît notamment le rôle clé de l’entrepreneur,
de l’investisseur et de l’entreprise privée
comme facteurs cruciaux de création de ri-
chesses et d’emplois devant faire l’objet d’une
attention particulière de la part, non seule-
ment de l’ensemble de l’appareil étatique,
mais aussi de toute la société.
Le Groupement Inter-Patronal du Cameroun,
organisation patronale majeur du secteur
privé s’est alors résolument engagé à jouer sa
partition ; partition articulée autour de la mo-
bilisation des acteurs pour l’accélération de
la croissance. En toile de fond, le GICAM sou-
ligne la nécessité d’un engagement décisif de
l’ensemble des acteurs pour permettre à notre
pays de gagner au moins un point de crois-
sance chaque année pour espérer parvenir à
un taux de croissance à deux chiffres à l’ho-
rizon 2020 et rester ainsi sur le sentier de
l’émergence.
Mais comment y parvenir ? Un véritable
changement de paradigme vers une approche
reposant sur un ensemble de valeurs ci-
toyennes adossées à un socle d’intégrité est
nécessaire. De même, il s’avère indispensable
de disposer d’une base analytique rigoureuse
pour bâtir des stratégies plus efficaces, pour
des actions plus dynamiques et une approche
plus efficiente dans les différentes initiatives.
Pour ce faire, le GICAM a décidé de recourir
à une recette ayant fait ses preuves ailleurs :
miser sur un rapprochement fertile entre le
monde de la recherche et le milieu sociopro-
fessionnel. Le Cercle de Réflexion Econo-
mique du GICAM (CREG), instance de
dialogue entre l’Université et les chefs d’en-
treprise, se positionne ainsi comme une inter-
face privilégiée entre chercheurs,
entrepreneurs et décideurs de l’économie. Sa
mission première est de réfléchir scientifique-
ment sur les questions d’organisation du sys-
tème économique général du pays, afin de
permettre une meilleure contribution de l’en-
treprise à l’émergence de l’économie came-
rounaise.
Cette instance, dès sa mise en place autour de
son coordonnateur scientifique, le professeur
Roger TSAFACK NANFOSSO, a orienté ses
activités selon trois axes complémentaires :
(i) une activité de suivi portant sur l’étude
méthodique des questions économiques en
lien avec les préoccupations de l’entreprise et
devant déboucher sur la production des «
Notes techniques du CREG » ;
(ii) une activité d’interface consistant en l’ani-
mation intellectuelle des conférences, col-
loques et fora conduisant à l’élaboration des
« Œuvres collectives du CREG ». Cette impli-
cation du CREG a été manifeste dans l’orga-
nisation des deux premières assises de
l’Université du GICAM en 2012 et 2013 et
lors de l’organisation de la deuxième édition
des Journées de l’entreprise en février 2013.
Chacun de ces déploiements s’est conclu par
la production d’une œuvre collective du
CREG prenant la forme d’actes à chaque as-
sise de l’Université du GICAM ;
(iii) le troisième axe de travail du CREG
consiste en la veille stratégique conjoncturelle
fondée sur l’actualité économique et/ou le
vécu des entreprises à travers les « Eléments
de langage du CREG », pour alimenter les
activités de lobbying du Groupement.
Après les actes des deux premières assises de
l’Université du GICAM, « Les 100 proposi-
tions pour l’émergence » constitue la première
œuvre collective majeure du Cercle de Ré-
flexion Economique du GICAM. A cette occa-
sion, les éminences grises de ce Cercle ont
exploré les différents secteurs et branches de
notre économie pour jeter un regard différent
sur sa structuration, son organisation, le jeu
des acteurs, le cadre réglementaire et les stra-
tégies publiques et privées qui y sont déployées.
En passant ces domaines cibles au crible
d’une analyse systémique à l’aide de mé-
thodes scientifiquement éprouvées, ils en ont
tiré 100 propositions comme contribution du
monde de l’entreprise en réponse à l’appel
d’une mobilisation autour de la vision com-
mune d’émergence.
Le nombre de propositions retenues, 100, est
symbolique pour deux raisons : 100 est le
nombre de degrés nécessaires à la tempéra-
ture d’ébullition de l’eau dans des conditions
de pression usuelles. C’est également une va-
leur de référence reprise plusieurs fois dans
les livres saints et parfois considérée comme
un nombre parfait. Au-delà de cet aspect cos-
métique, les 100 propositions pour l’émer-
gence couvrent quatre grandes parties.
Dans la première partie portant sur l’écono-
mie générale, il est exposé deux analyses com-
plémentaires dont l’une porte sur un schéma
d’appropriation du chemin vers l’émergence
abordé sous l’angle spécifique des objectifs en
Les pistes proposées dans l’ouvrage constituent un gisement pour tous les acteurs de la vie économique du
pays.
Sur le chemin de l’émergence…
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