Chapitre 2.7.14. — Clavelée et variole caprine
1160 Manuel terrestre de l’OIE 2008
suspension en milieu de culture, par exemple le milieu d’Eagle Glasgow modifié (GMEM). On centrifuge à
nouveau à 600 g pendant 15 min, puis le culot obtenu est mis en suspension dans 5 ml de GMEM frais. Une
autre solution consiste à séparer la couche leucocytaire sur gradient de Ficoll à partir d'un échantillon récolté
sur héparine.
a) Culture
La multiplication du capripoxvirus s'effectue en culture tissulaire d'origine ovine, caprine ou bovine, bien
que les cultures de première o useconde explantation de cellules de testicule d'agneau (TA) ou de rein
d'agneau (RA) s'avèrent plus sensibles, en particulier celles issues de moutons à laine. La technique
suivante est un exemple de procédure : on ensemence soit 1 ml de suspension cellulaire de couche
leucocytaire, soit 1 ml de surnageant clarifié d'un prélèvement par biopsie dans des flacons de 25 cm2
contenant des cellules TA ou RA confluentes à 90 %. On laisse l'absorption se faire pendant 1 h à 37 °C.
La culture est ensuite lavée avec du PBS tiède puis recouverte avec 10 ml d'un milieu approprié, comme
du GMEM, contenant des antibiotiques et 2 % de sérum de veau fœtal. Si l'on dispose de tubes de
culture cellulaire contenant des cellules TA ou RA et une lamelle couvre-objet, ou de lames porte-objet
de culture cellulaire, on les inocule également.
Les flacons doivent être examinés quotidiennement pendant 14 jours, en vue de détecter un effet
cytopathogène (ECP), et le milieu doit être remplacé s'il se trouble. Un ECP caractéristique apparaît sur
les cellules infectées : la membrane cellulaire se rétracte et se détache des cellules périphériques, les
cellules finissent par s'arrondir et la chromatine nucléaire migre en position marginale. Au début, seules
de petites zones d'ECP sont visibles, quelquefois dès le quatrième jour après l'infection; 4 ou 6 jours
plus tard, ces zones finissent par s'étendre à tout le tapis cellulaire. Si aucun ECP n'est visible après
7 jours, la culture doit être congelée-décongelée 3 fois, puis le surnageant décanté doit être ensemencé
sur des cellules TA ou RA fraîches. Aux premiers signes d'ECP dans les flacons, ou avant cela si on
utilise un grand nombre de lamelles couvre-objet infectées, on retire une lamelle couvre-objet que l'on
fixe à l'acétone et que l'on colore à l'hématoxyline-éosine. La présence de corps d'inclusion
intracytoplasmiques éosinophiles est le signe d’une infection par un poxvirus. Leur taille est variable et
au plus équivalente à la moitié de celle du noyau. Ils sont entourés d'un halo clair. La formation de
syncytiums n’est pas caractéristique d’une infection à capripoxvirus. Il est possible d'empêcher l'ECP ou
de le retarder en ajoutant au milieu de culture un sérum spécifique anti-capripoxvirus, ce qui apporte une
présomption quant à l’identité de l’agent. Quelques souches de capripoxvirus ont été adaptées à la
culture en cellules de rein de singe vervet d’Afrique (VERO), mais elles ne sont pas conseillées pour un
premier isolement.
• Microscopie électronique
Avant d'être centrifugée, la suspension obtenue lors de la biopsie finale est préparée en vue d'un
examen au microscope électronique. Sur une goutte de suspension, reposant sur un parafilm ou sur une
plaque de cire, on dépose une grille hexagonale pour microscope électronique à mailles de 400 avec un
substrat de carbone pileoforme pré-activé par une décharge lumineuse en vapeurs de pentylamine. La
grille est transférée 1 min plus tard dans une goutte de tampon Tris/EDTA, pH 7,8, pendant 20 s, puis
dans une goutte d'acide phosphotungstique à 1 %, pH 7,2, pendant 10 s. La grille est égouttée sur
papier filtre, séchée à l'air, et placée sous le microscope électronique. Le virion capripox a la forme d'une
brique, il est recouvert de petits éléments tubulaires, ses dimensions sont d'environ 290 × 270 nm. Une
membrane, provenant de la cellule hôte, peut envelopper quelques-uns des virions : on en examinera
donc le plus possible pour vérifier leur aspect (19).
Les virions du capripoxvirus ne peuvent être distingués de ceux de l'orthopoxvirus. Cependant,
exception faite du virus de la vaccine, aucun orthopoxvirus n'entraîne de lésions chez les ovins ni chez
les caprins. Les virions du parapoxvirus, responsable de l'ecthyma contagieux, sont plus petits, ovales,
et couverts d'un élément tubulaire unique et continu, qui donne un aspect strié à chaque virion.
• Histologie
La biopsie fixée dans le formol est préparée, colorée à l'hématoxyline-éosine, et montée en coupe. On
examine ensuite un grand nombre de coupes au microscope optique. Lors de l'examen histologique, la
phase aiguë des lésions cutanées se manifeste surtout par un infiltrat cellulaire massif, une vasculite et
un oedème. Les lésions plus précoces se caractérisent par un manchon périvasculaire marqué. Au
début, l'infiltration comprend des macrophages, des neutrophiles, et parfois des éosinophiles, puis,
lorsque les lésions s'étendent, elle inclut d'avantage de macrophages, de lymphocytes et de
plasmocytes. La présence d'un nombre variable de « cellules claveleuses » dans le derme est un trait
caractéristique de toutes les infections par capripoxvirus. Ces cellules claveleuses peuvent également
être présentes dans d’autres organes où des lésions microscopiques de capripoxvirus sont présentes. Il