Page 5
juin - juillet 2009
Lucarne # 11
HEXVIX fait la différence
Détection précoce du cancer superficiel de vessie par fluorescence
En Europe, le cancer de la vessie est le quatrième
cancer le plus fréquent chez l’homme et le on-
zième chez la femme (dont le principal facteur
de risque est le tabac). Le cancer de la vessie est le
plus souvent diagnostiqué lors de la mise au point
d’une hémorragie urinaire (hématurie) ou de
symptômes irritatifs de la vessie.
La grande majorité (70 %) des tumeurs de la ves-
sie sont superficielles parce qu’elles n’envahissent
pas le muscle vésical. C’est un facteur pronos-
tique important car, lorsque le muscle est envahi,
il faut procéder à l’ablation de la vessie, la rem-
placer par un conduit intestinal interne ou ex-
terne, et souvent consolider le traitement par une
chimiothérapie.
Bon nombre de ces tumeurs superficielles sont
facilement réséquées par les voies naturelles sous
anesthésie loco-régionale (résection endosco-
pique). Ce geste est important parce qu’il permet
également d’envoyer la tumeur chez le patholo-
giste qui en analysera l’agressivité et le degré d’in-
filtration du muscle vésical.
Une fâcheuse tendance à la récidive
Les principaux problèmes des cancers de vessie
superficiels résident dans leur caractère multifo-
cal et leur tendance très prononcée à la récidive.
L’urothélium normal recouvre en effet tout le
tractus urinaire, du rein à l’urètre, et des tumeurs
superficielles peuvent apparaître tout le long du
trajet de l’urine. Heureusement, plus de 90 % des
tumeurs se développent dans la vessie, l’endroit le
plus accessible pour le diagnostic et le traitement.
Le caractère récidivant est beaucoup plus difficile à
accepter par le patient. Le diagnostic d’une tumeur
superficielle de vessie implique en effet un suivi se-
mestriel quasi à vie pour exclure la récidive. Celles-
ci surviennent en effet dans 25 à 75 % des cas en
fonction du stade et du grade initial de la maladie.
Deux problèmes importants se posent donc au
médecin : comment prévenir les récidives et sur-
tout comment les diagnostiquer au plus tôt afin
d’éviter que la tumeur ne progresse.
Prévention de la récidive :
les instillations endovésicales
Pour diminuer le risque de récidive, l’urologue
prescrit des injections dans la vessie (on parle
d’instillation). Deux types de produits sont cou-
ramment utilisés : des agents de chimiothérapie
(mitomycine ou épirubicine) ou des extraits de
Bacille de Calmette et Guérin, utilisés historique-
ment pour la vaccination antituberculeuse. On
parle dans le dernier cas d’immunothérapie. Chez
la plupart des patients, le traitement se limite à
une seule instillation de chimiothérapie après la
résection. Parfois, il est nécessaire de continuer
ces instillations pendant plusieurs semaines. Ces
instillations sont réalisées par des infirmières
spécialisées.
Diagnostic précoce des récidives :
place de l’hexaminolevulinate (HEXVIX)
Le diagnostic des récidives est parfois difficile
compte tenu de la petite taille des polypes. Ce
diagnostic est surtout périlleux pour le CIS (car-
cinome in situ ou carcinome plan). Il s’agit d’une
forme de tumeur particulièrement agressive qui
ne forme pas de polype, mais tapisse la vessie en
montrant peu d’anomalies. Ces lésions sont diffi-
ciles à diagnostiquer parce que souvent, elles sont
planes et elles ne sont pas toujours d’aspect nette-
ment érythémateux. Une nouvelle technique per-
met d’augmenter les chances de diagnostiquer des
lésions de carcinome in situ de vessie, soit isolées,
soit accompagnant une lésion polypoïde. Cette
nouvelle technologie se pratique par voie endos-
copique et consiste en l’instillation intravésicale
d’une substance fluorescente, l’hexaminolevuli-
nate (HEXVIX) une heure avant l’intervention. On
utilise une lumière bleue spéciale et une optique
avec un filtre qui va révéler les cellules qui ont cap-
té le produit et donc, permettre au chirurgien de
les biopsier ou de les réséquer. Cette technique est
facile d’utilisation et est aujourd’hui remboursée
dans des conditions bien particulières. [BT et AS]
Démonstration
Les urologues des Cliniques
universitaires Saint-Luc orga-
niseront prochainement des
démonstrations de la nouvelle
technique HEXVIX.
Trois tumeurs en lumière blanche
(à droite) et en lumière fluorescente,
une heure après injection d’HEXVIX.
Le cancer de la vessie est une maladie fréquente, souvent
superficielle, mais avec un risque de récidive important.
Depuis peu, les urologues de Saint-Luc utilisent une substance
fluorescente, l’hexamino levulinate, pour détecter précocement les
cellules malades. Une technique efficace pour aider le chirurgien à
biopsier ou réséquer ces tumeurs.
Dossier urologie
Lucarne # 11
© D.R.