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« A LA PLUS BELLE »
(Discours de présentation de Maître Marion BARRAULT-CLERGUE,
1
er
Secrétaire de la Conférence)
« A la plus Belle ».
Tout débute par un mariage.
Aux noces de Thétis et Pélée, sont conviés tous les Olympiens.
Tous, à l’exception d’Eris, Déesse de la Discorde, et mère de l’éristique, l’art de la
controverse.
La Déesse, outragée d’avoir été oubliée, décide de se venger.
Elle jette, au beau milieu des invités, une pomme gravée, dédiée « A la plus Belle ».
Trois Déesses, et non des moindres, se disputent la pomme de Discorde :
Héra, Athéna, et Aphrodite.
Zeus juge que Pâris connaîtra de l’affaire.
Pâris est juge. Or Pâris est un mortel. Dès lors Pâris est corruptible.
Héra lui promet un Empire.
Athéna lui promet la Victoire dans la bataille.
Mais Aphrodite l’emporte, en promettant à Pâris la main de la plus belle femme du monde….
La belle Hélène.
Héra en est horripilée.
Athéna, comme sa chouette, pousse des cris d’orfraie.
Abrégeons.
Nous connaissons la suite du récit homérique.
Après la pomme de Discorde, les pépins.
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Pâris enlève Hélène, l’épouse de Ménélas.
La guerre débute entre Troyens et Achéens, hélas.
Sang ! Batailles ! Combats !
Achille. Et son talon…
Hector. Et sa dépouille, traînée derrière un char, trois fois autour de Troie.
Le cheval de bois entre dans Troie.
Le ver est dans le fruit.
Dans ce récit, j’oublie un détail.
La pomme de Discorde est une pomme d’Or…
*
« Au confrère le plus éloquent ».
A la table du Conseil de l’Ordre siègent les membres du jury de la Conférence.
Calliope et Polymnie, muses de l’Eloquence et de la Rhétorique, troublent Monsieur le
Bâtonnier SAINT-GENIEST en son calme olympien, et lui susurrent à l’oreille un sujet
éristique :
« Renoncer, est-ce encore défendre ? »
Le sujet est jeté à la table du Conseil de l’Ordre.
Une Médaille est promise « Au confrère le plus éloquent ».
Abrégeons, nous connaissons la suite, qui est loin d’être épique.
Avec vous, Madame le 1
er
Secrétaire, la Guerre de Troie n’aura pas lieu.
Point de mortel Pâris à corrompre pour sortir victorieuse.
Votre talon, d’Achille, « se porte bien, merci », depuis que votre hypocondrie vous fait passer
votre vie en consultations et séances de kinésithérapie.
Le corps d’Hector ne sera pas traîné rue du Taur... Hector, (alias « Hector Poulet Rôti »),
votre chat adoré qui se languit en vos appartements de la rue Sainte Ursule et qui vous attend,
sagement, au pied de votre lit.
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Point de pomme d’Or cueillie au Jardin des Hespérides.
Point de pomme Golden.
Point de poire Belle-Hélène.
C’est là le résultat de votre phobie peu commune des fruits.
Dans ce récit, j’oublie un détail.
La Médaille promise est une Médaille d’Or…
*
Et vous auriez donné tout l’Or du monde pour décrocher la timbale, Madame le 1
er
Secrétaire !
Passée par le tamis du Concours d’Eloquence, vous êtes apparue comme la précieuse pépite.
C’est que ce Concours n’a pas été un hasard dans votre parcours !
Vous étiez née pour le remporter.
Les Moires, fileuses de la Destinée, vous ont fait un pont d’Or pour traverser la vie.
Vos « Affinités Electives » avec l’Or sont évidentes. Vous avez le déterminisme chevillé au
corps.
Examinons avec attention votre nom.
Dans « Alchimie du verbe » (et l’on vous sait, depuis votre discours, alchimiste prompte à
conjuguer les verbes à tous les temps), Arthur RIMBAUD écrit :
« J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. »
Votre nom marie deux voyelles et ajoute un peu d’Or à la palette rimbaldienne.
Je m’explique.
BARRAULT.
Parce que notre Barreau ne saurait avoir deux (de / deux) Barreaux (barreaux / BARO /
BARRAULT), vous y adjoindrez « CLERGUE », pour être distinguée de votre homonyme
Maître Léna BARO, dont le nom s’écrit avec le « O bleu » de Rimbaud.
Vous c’est « BARRAULT», avec un « AU »… comme dans RIMBAUD.
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Avec un « AU »… comme dans le tableau de Mendeleïev.
« AU », le symbole de l’Or. Numéro atomique 79.
BARRAULT : c’est de l’Or en barre !
Dès la naissance, ce nom vous astreignait à briller et à réussir, vous prédestinait à intégrer le
Barreau ; votre cage dorée.
Et dans cette cage, drôle d’oiseau, Maître chanteur, vous êtes à mi-chemin entre la poule aux
œufs d’Or, facturant à tout va, et la pie attirée par tout ce qui brille, pie qui bavarde et qui
jacasse, que vous n’êtes pas sans évoquer dans votre robe noire éclatante éclairée d’un peu de
blanc.
Pie attirée par tout ce qui brille, disais-je.
J’en veux pour preuve que si le droit social a seul vos faveurs, c’est en raison de la jalousie
que suscite chez vous la Médaille coruscante que les conseillers prud’homaux portent au cou.
Point d’âge d’Or, nulle insouciance dans votre enfance.
Petite, déjà, vous vous rêviez Avocat.
Prédestinée à réussir.
1
ère
en classe.
Au 1
er
rang.
La fève à l’Epiphanie.
La couronne en carton doré.
Et parce que les couronnes de l’Epiphanie sont difficiles à porter tout au long de l’année, vous
vous tressiez des couronnes de lauriers, que vous agrémentiez de quelques boutons d’Or
scintillant à votre front comme au ciel brillent les constellations.
Viennent les années fac.
Le théâtre, le dessin, ne vous détournent pas de vos desseins.
Brillante. A BORDEAUX. Lauréate de la faculté.
Brillante. A TOULOUSE. Lauréate de la faculté.
Brillante. Toujours et encore… vous vous lassez de l’anaphore.
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Soudain vous vous dévergondez et flirtait, platoniquement, avec un certain Louis.
Vous mettez de l’Or dans vos cheveux, un peu plus de noir sur vos yeux ; ça le fait rire.
Vous allez aux expos. Il vous dit : « C’est de qui ce Picasso ? ».(sic)
Il vous bade et ajoute énamouré : « J’ai le cœur qui bat la charade ! » (sic)
C’est un intellectuel.
Il vous fait découvrir TOULOUSE et ses rues. A bouche que veux-tu, vous embrassez… la
vie.
Rue de l’Aurore, Rue des Lois, le port de la Daurade, Avenue de Lombez, Rue de la Verge
d’Or, Chemin de la Levrette, Chemin du Coin de la Moure… Vous trouvez enfin le chemin
pour le coucher à votre lit !
Vous refaites le monde, au son de l’intégrale de Simon & Garfunkel, Souchon et Reggiani.
Et lorsque, enivrée à l’ice tea, vous osez approcher son corps, faut-il s’en étonner : Louis dort.
Vous ne trouvez alors de réconfort qu’auprès de votre chat Hector et vous mettez au sport.
Un footing le matin. Quelques longueurs le soir, avec vos palmes d’Or, fort peu académiques.
Et avec vos amis, Patrick, Caro, Mapy… vous écumez les lieux branchés et, passablement
éméchés, listez d’étranges coïncidences qui vous lient au métal doré.
Ce goût pour l’Or, chez vous est un vrai T.O.C.
Ainsi, en vrac, du tac au tac :
- Le matin, vous optez pour « l’Or », de Maison du Café ;
- Un carré de chocolat ? C’est du « Côte d’Or » ;
- Quand, compulsivement, vous mettez à sac les boutiques de bottes, ou lorsque vous trouvez
de beaux sacs qui vous bottent, c’est immanquablement du DIOR, parce que « DIOR !
J’ADORE ! » ;
- Vos fleurs préférées ? Les solidagos… qu’on nomme verges d’or ;
- Vos films préférés : « GoldenEye », « Goldfinger », « la Folie des Grandeurs » et « Tout ce
qui brille » ;
- Quand vous faites réviser votre auto, vous allez chez MIDAS ; Midas, roi légendaire de
Phrygie qui transformait tout ce qu’il touchait en Or... Votre voiture, elle, reste à l’état
d’épave ;
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