Le Grenier de Toulouse et son « Oscar et la Dame rose » contrasté
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Oscar et la Dame rose, roman épistolaire écrit par Éric-Emmanuel Schmitt, a connu
de nombreuses interprétations, au théâtre comme au cinéma, depuis sa parution en
2002. C’est au tour du Grenier de Toulouse de se saisir du texte, à l’Escale de
Tournefeuille. Dans cette pièce, ce n’est pas tant Mamie Rose accompagnant Oscar
qui constitue le cœur de l’intrigue que la mise au point du jeune garçon dans ses
lettres à Dieu.
Un seul-en-scène tout en tonalités
Les décors sont minimalistes : un lit d’hôpital grinçant,
des montagnes de jeux, un fauteuil de salle d’attente, le tout entouré de murs rose saumon,
sont au service de ce seul-en-scène. En effet, Pierre Matras assume seul le personnage
d’Oscar ainsi que tous ceux qui entourent le jeune garçon. Ce jeu de tonalités, un simple
revers de mains pour se sécher le visage, le mouvement de tête qui regarde vers le haut
puis vers le bas, expriment les émotions et réflexions d’un garçon de dix ans face à la
maladie. Le regard de l’enfant, dans son face-à-face avec la mort, poursuit d’ailleurs Pierre
Matras jusqu’aux saluts ; l’acteur peine à s’extraire de ce personnage durant les ovations, si
longues soient-elles.
L’entourage d’Oscar est interprété à travers le personnage même du petit garçon : ses
parents – les cons –, le docteur mal à l’aise avec la situation, ses camarades de pédiatrie –
rivaux ou alliés –, Mamie Rose évidemment, sa plus grande amie, nous placent à sa hauteur.
En s’adressant à Dieu, il raconte au public ses difficultés, par exemple la peur des parents
masquée derrière des cadeaux, amplifiée par la surabondance de jouets sur scène ainsi que
le désordre qui y règne… Une distance affective difficile à vivre, comme en témoignent les
traits tirés du visage de l’acteur lorsqu’il parle d’eux.
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Vivant sur le chemin de la mort
La gestuelle d’Oscar se déploie tout en contrastes : la
première partie de la pièce est habitée par la vivacité de ses mouvements, de colère contre
ses parents, de timidité – ses pieds et ses mains se tordent – lorsque Mamie Rose lui fait un
baiser ou encore d’enthousiasme – ses jambes battent alors que jeune garçon, assis sur son
lit, narre la nuit passée auprès de Peggy Blue. Mais les gestes se raidissent
progressivement, à mesure que la maladie gagne du terrain. L’amoindrissement physique
révèle la poésie du texte et témoigne de la grandeur d’âme d’Oscar – le thème même de la
pièce.
Dans la dernière partie, Oscar, assis dans un grand fauteuil médical démesurément grand,
accentue sa petitesse, ainsi que l’écart entre ses propos et son âge. À la mort du garçon, la
voix-off de Mamie Rose prend alors le relais, écrivant à Dieu et expliquant en creux le sens
de cette existence. Grâce à la simplicité, à la vérité déroutante d’un enfant cheminant vers
la mort, l’entourage et le public apprennent le goût de la vie, nourri d’événements et de
mots simples, y compris lors des scènes les plus violentes.
Entre facilité et talent
Si la démarche générale ne recherche pas une amplification du pathos, la mélodie
accompagnant le discours final provoque de trop l’émotion. La découverte de l’aube comme
une première création, la révélation de ce qu’est la vie au seuil de la mort est accentuée,
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non sans facilité, par la musique. Le silence n’aurait-il pas été plus éloquent ?
Il reste que l’expression du bouleversement sur la scène et dans le public, manifestée par un
long temps de silence avant les ovations, souligne l’indéniable talent de l’acteur et de la
metteure en scène Lucie Muratet. Leur proposition artistique oriente le message réaliste
laissé par Éric-Emmanuel Schmitt dans cette œuvre, vers un hymne à la vie, y compris dans
les moments difficiles.
Joséphine RABANY
DISTRIBUTION
Metteur en scène : Lucie Muratet
Texte : Éric-Emmanuel Schmitt
Avec : Pierre Matras
Décor : La Fiancée du Pirate – Régis Friaud
Lumière : Christian Toullec
Crédits Photo : Guillaume Fraysse
DOSSIER TECHNIQUE
Informations techniques
Durée : 1h20
Public : à partir de 10 ans.
Compagnie : Grenier de Toulouse
Diffusion : Marie-Christine Coulon
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Tournée :
Du 7 au 30 juillet à 12h15 : Théâtre Pandora (Avignon Off)
Toutes les dates sur le site de la compagnie.
FIN
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