Quelques pistes...
* La société à l’époque de Molière.
Dans la société française du XVIIème siècle, chacun trouve sa place à l’intérieur d’une classe. Les
séparations sont très nettes, au point qu’on inflige des amendes à ceux qui, par exemple,
s’habillent au-dessus de leur condition. On distingue habituellement six grandes catégories : la
noblesse, le clergé, les fonctionnaires, les marchands, les artisans, les paysans. Il faut y
ajouter les gens d’armes, les membres des professions que nous appelons aujourd’hui
professions libérales (notaires, avocats, médecins). Au sommet de la pyramide règne la haute
noblesse, inamovible, très puissante mais peu nombreuse. Les autres catégories tentent de
profiter, bien qu’elles la subissent parfois, de la mobilité sociale. Celle-ci est importante jusqu’en
1720. Ceux qui ont de l’ambition peuvent espérer monter dans la hiérarchie sociale.
Le mariage, tout au long du XVIIème siècle, et dans tous les milieux, résulte généralement d’un
calcul. Le mariage d’amour inquiète tous les milieux ; on préfère ce qu’on appelle le mariage de
raison. Il s’agit avant tout de réaliser une « bonne affaire ». Sans argent, la beauté d’une jeune fille
n’est guère considérée. Mais la fortune et la beauté peuvent permettre d’accélérer l’ascension
sociale… Du côté des hommes, seules la fortune et la charge, ou le titre, sont prises en compte.
Une grande différence d’âge entre les deux époux est rarement un obstacle au mariage.
* Le théâtre à l’époque de Molière.
Depuis 1402, les Confrères de la Passion, détiennent le monopole des représentations théâtrales à
Paris, par lettres patentes de Charles VI. Il n’existe donc qu’un seul théâtre dans la grande ville,
l’Hôtel de Bourgogne, et ce, jusqu’en 1634. Difficile alors pour des comédiens de faire carrière
sans entrer dans la « Troupe Royale » et, par conséquent, sans les faveurs du Roi, privilège
convoité et jalousement gardé par une poignée de personnes. Heureusement, il y a le Pont Neuf
où les saltimbanques, les troubadours, les farceurs en tous genres, viennent monter leurs tréteaux
et amuser les foules à coups de harangues et de grimaces. C’est dans cette ambiance de foire que
le jeune Jean-Baptiste va découvrir la scène (et la Seine également, mais c’est une autre
histoire…). En 1634, Richelieu, passionné de théâtre et auteur à ses heures, autorise l’ouverture
d’une nouvelle salle, celle du Marais, avec à sa tête son protégé : Montdory. Molière et l’Illustre
Théâtre bravent le monopole et tentent en 1643 d’ouvrir à leurs frais une autre salle… mais
l’aventure tourne mal et, c’est en partie à cause des dettes accumulées pour l’aménagement du
théâtre, qu’ils vont quitter Paris. Pendant que Molière et ses comédiens reprennent leur souffle en
Province, Mazarin fait venir les Italiens, la troupe de Tibério Fiorilli – dit («) Scaramouche (»), à
Paris et leur donne le Palais du Petit Bourbon. De retour en 1658, Molière obtient, contre une
redevance, l'alternance avec les italiens, qui conservent les jours ordinaires de représentation (les
plus lucratifs). La Troupe de Monsieur de Molière devient en 1665 la « Troupe du Roi », et
partage – toujours avec les mêmes Italiens – la Salle du Palais Royal, mais cette fois-ci, elle jouera
les jours ordinaires et recevra une redevance des italiens.
C’est dans cette ambiance de concurrence accrue, où les coups bas sont de mise, où tout le
monde court après les protecteurs, les faveurs, les pensions, que Molière va connaître le succès et
participer, sous la bienveillance du pouvoir, à l’essor du théâtre français. Un essor marqué à la fin
du siècle par la création de la Comédie Française en 1680.