Préface de l’Auteur
N
é en 1951 en Périgord, à la bordure d’une immense forêt, entre Saint-Sauveur de Bergerac et
Mouleydier à moins de 10 kilomètres de Bergerac, je vécus jusqu'à l’âge de 13 ans dans une ancienne bâtisse
paysanne vétuste et sans confort. Mon père, fils de paysans cantonnier de la ville de Bergerac, changeait
souvent d'emploi. En ce temps-là, la famille comptait déjà 6 enfants, après moi il y en eut 4 autres. Ma mère,
originaire de la Charente-Maritime, est née dans une famille qui autrefois possédait des terres à Beurlay, près
de Sainte. Sachant à peine marcher, je fis ma première bonne action en sauvant l’un de mes grands frères et
ma soeur aînée d'une mort certaine dans un incendie provoqué par eux en jouant avec des allumettes. Dans
l’école primaire toute neuve de Mouleydier, dès l’âge de 6 ans, j’étais systématiquement relégué aux derniers
rangs de la salle de classe. De famille pauvre, souvent mal habillé et pas toujours propre, moins on
m'entendait mieux c'était, ce qui fait que je restais un ‘cancre’ tant que je serais dans cette école. À la
maison, les bases d'un enseignement religieux ou spirituel n'existaient pas. Mais, dès ma prime enfance,
d’intenses rêves me laissèrent des souvenirs ineffables ; en voici un : c’était le soir, presque la nuit, en bord
de mer, je sentais que le monde entier était là dehors à regarder le ciel dans l’attente d'un événement
exceptionnel ; soudain, dans une ciel bleu très sombre apparût une écriture en lettres d’or. Je ne sus pas lire
les lettres qui étaient écrites, mais une sorte de joie, une extase me parcourut tout le corps de bas en haut pour
culminer en un bien-être total, en extase. Je réalisais que tous, autour de moi, ressentaient la même chose, et
cela se traduisait par : « Enfin, ça y est, le Divin est là, sur terre, parmi nous ; depuis si longtemps que l'on
attend ! » Étant enfant, je ne soupçonnais pas la portée de ce songe qui me revint plusieurs fois ; je n'avais
aucune référence pour en traduire la signification. C’est bien plus tard que je compris.
Vers l'âge de 12 ans, une expérience différente et décisive allait m’ouvrir une autre porte de l'esprit : dans
ma classe d’école primaire, l'instituteur faisait son cours de poésie et parlait d'un poète grec, probablement
Ésope, que les Romains gardaient en prison, ils voulaient l'obliger à faire quelque chose pour eux, mais il
refusa. Les Romains le menacèrent de sévices corporels, ce à quoi Ésope répondit qu'ils pouvaient
effectivement détruire son corps, mais que jamais ils n'auraient son âme. Ces paroles eurent sur moi un effet
extraordinaire : elles provoquèrent une nouvelle perception de l’être intérieur que je ne connaissais pas : je
venais de prendre conscience de mon âme... Je SAVAIS maintenant que cette partie de mon être existait
depuis longtemps et pour toujours. Après cette expérience profonde, une soif d'autre chose m'habita et ne me
quitta plus, depuis ce moment-là je fus conscient qu'un destin quelque part m'attendait.
Tout allait vraiment commencer en 1964. Avec mes jeunes frères et mes deux soeurs, nous nous
retrouverons à l'Assistance Publique suite à une injustice commise par un juge d'enfants qui ne nous a même
pas consulté ou entendu. Il a simplement lu un rapport de quelques Assistantes Sociales qui spécifiait :
«Dans le voisinage, des personnes ont signalé que des enfants passaient leur temps à traîner (sic !) et qu'il
se passait quelque chose dans la famille...» «La conclusion de l'enquête fut que notre mère avait prit des
vacances chez sa maman pendant trois semaines en laissant notre père et les enfants seuls pour se
débrouiller ; ma mère fut déclarée inapte à élever les enfants qui lui restaient et elle fut déchue de ses droits
envers eux. »
Voilà comment, sans même vérifier quoi que ce soit, un juge assit dans une cour de justice à plusieurs
kilomètres de chez nous n'entend même pas les victimes de son arrêt judiciaire ; c'est ce que ces gens-là
appellent 'justice'. Il y a vraiment de quoi récriminer, car enfin, voilà nos parents qui ont donné 11 enfants au
pays (9 sont toujours vivant en 2008), dans des conditions pas toujours heureuses de l'après-guerre il est vrai,
mais avec appels et encouragements financiers des autorités pour repeupler le pays. En fin de compte, quel
crime a commis ma mère ? Elle a osé prendre trois semaines de vacances dans sa chienne de vie. Voila ce
qu'on lui reprochait, ce à quoi elle n’avait pas droit !
Depuis que son mari était revenu d’un camp de prisonniers en Allemagne en fin 45 (cinq ans pour le pays
!), elle a donné le jour à un enfant presque tous les ans (9 enfants de 1946 à 1959), dans un confort pour le
moins très limité pour ne pas dire inexistant, et elle devait en plus s'occuper de la nourriture, de
l'approvisionnement, de la lessive, des enfants en bas âges, et par dessus tout ça, subir les réprimandes de son
mari pendant des années.
A aucun moment une Assistante Sociale n’était venue voire dans quelles conditions nous vivions. Après
ce calvaire, que ma mère ait pu prendre 3 semaines de vacances n'est pas un crime, sauf pour ce juge