
Politique énergétique et extractivisme de ressources naturelles : résistances et alternatives
Présentations du séminaire à Tunis, 24–26 mars 2013
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Pourquoi l’énergie est-elle une relation sociale ?
Elle s’appuie sur l’existence et l’accès aux ressources, à l’eau, etc. et à diffé-
rentes technologies, infrastructures et modes de consommation ;
Elle est liée à la production de richesse, de pauvreté et de (re-)distribution,
ainsi que de structures de la propriété ;
Elle est intimement liée aux modes de production et de consommation et re-
présente le fondement de l’économie locale, nationale et mondiale ;
Elle a un rapport aux déplacements, au territoire et à la déterritorialisation ;
Elle est liée à la finance, à la militarisation et à la répression, aux politiques de
développement et aux organisations internationales ;
Elle est liée aux nombreuses formes d’organisation du travail (formel ou in-
formel) et à la division internationale, nationale et locale du travail, ainsi qu’à
ses conséquences en termes de classes, de genre et de racisme ;
Les ressources sont aussi des déchets ; elles utilisent des puits pèsent sur les
écosystèmes.
Elle est à la fois locale (puits pétroliers) et éminemment mondialisée (produc-
tion, financement et consommation) ;
Elle est intimement liée aux orientations sociétales, telles que le « progrès »
ou l’impératif de croissance.
Les ressources énergétiques peuvent influencer les identités (notamment
dans les régions d’extraction) ou leur donner une visibilité (par exemple pour
les consommateurs).
L’énergie, c’est le pouvoir et la domination. C’est aussi la résistance et les
alternatives.
Le cas de figure le plus courant dans la plupart des pays africains d’aujourd’hui est
l’extractivisme prédateur, à savoir l’exploitation de ressources minérales, fossiles ou
agricoles, pour les revendre sur le marché mondial. Ce type d’extractivisme a tou-
jours été, et reste, le fondement de l’économie, ainsi que d’Etats et de structures de
classes clientélistes. Au cours des dernières années, dans un contexte de rareté an-
noncée de certaines ressources, la demande et les prix des ressources suscitent
davantage l’attention. La Chine s’engage en Afrique ; l’Union Européenne formule
et encourage des stratégies en ce sens. Les ressources énergétiques sont essen-
tielles au même titre que les produits agricoles et minéraux : outre le gaz, le pétrole
et l’uranium, l’énergie hydroélectrique et solaire gagne du terrain. De plus, les pro-
duits agricoles destinés à l’énergie (biocarburants) gagnent également en impor-
tance.
D’un point de vue émancipatoire, il faut admettre que l’extractivisme, en tant que
modèle de développement, est assez attrayant pour le capital, l’Etat, les travailleurs
du secteur concerné et la partie de la population qui bénéficie des revenus par le
biais de la politique de redistribution. Ce sont principalement les régions subissant
les conséquences de l’extraction qui se soulèvent.