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HOLD ON
LE LAABO
© Laurent Dubin
JEUDI 19 JANVIER 19H30
Un spectacle présenté dans le cadre de
« A PARTIR DU RÉEL »
6 spectacles qui parlent de la vie et s’inspirent
du réel. L’Espace Jean Vilar s’associe à ce
temps fort initié par la Renaissance de
Mondeville.
Après chaque représentation une rencontre
entre le metteur en scène, une personne
invitée et le public.
ESPACE JEAN VILAR
SQUARE DE NIEDERWERRN
14123 IFS
BILLETTERIE
02 31 82 69 69
www.espace-jean-vilar.com
Ecriture collective LE LAABO
Anne Astolfe, Julie Deliquet, Pascale Fournier, Gaëtan Gauvain
Mise en scène / Anne Astolfe
Avec / Anne Astolfe ou Julie Deliquet, Pascale Fournier, Gaëtan Gauvain
Lumière / Yoann Tivoli
Son / Véronique Dubin
Masques / Marine Dillard
Régie lumière - Régie générale / Julie-Lola Lanteri-Cravet
Régie son / Véronique Dubin ou Benoît Riot-Le Junter ou Maxime Gauthier
Production LE LAABO / Coproductions Ville de Champigny-sur-Marne / L’Onde Théâtre et Centre
d’Art de Vélizy-Villacoublay / L’Arc en Ciel – Théâtre de Rungis / Festival Théâtral du Val d’Oise
Avec l’aide à la production d’Arcadi / Avec l’aide à la création du Groupe Geste(s) et du Conseil
général des Yvelines / Avec le soutien du Conseil général du Val-de-Marne, du centre culturel
Jean-Vilar et du centre culturel Gérard-Philipe de Champigny-sur-Marne, du Théâtre de PrivasScène Conventionnée Rhône-Alpes
HOLD ON ou les « Temps Modernes » en entreprise
HOLD ON ou ne quittez pas
HOLD ON ou accrochez-vous
HOLD ON se passe sur une plateforme téléphonique. On suit l’évolution de plusieurs personnages au sein de l’entreprise : parcours croisés, récits elliptiques, scènes flashs, zooms
intimistes, autant de séquences donnant à voir, au rythme de cette machine à rendement, la
lutte de l’humain face à un système managérial bien huilé. Tout est calculé pour que tout se
passe « pour le mieux ».
Sur la plateforme, tout le monde s’appelle Dominique, et on se tutoie, c’est la règle.
Les téléopérateurs sont observés, écoutés, notés. Suivre le script à la lettre, se battre pour la
prime, accélérer la cadence, améliorer sa note ou tricher pour être bien vu, mais surtout tenir,
tenir par tous les moyens. Qu’ils soient managers, téléopérateurs ou directeurs, tous sont pris
en tenaille par l’absurdité des nouvelles organisations du travail.
Ce processus de standardisation révèle l’individu : sa singularité mais aussi sa capacité
à résister.
HOLD ON ou comment perdre pied dans l’absurdité des règles de rentabilité.
NOTE D’INTENTION
Dominique. Le prénom unique des téléopérateurs, homme ou femme. Première découverte
et prise de conscience que la standardisation touche jusqu’à l’identité des téléopérateurs.
Point de départ de notre questionnement et envie d’en savoir plus. Nous nous sommes
interrogés sur l’impact que peuvent avoir, sur l’individu, cette standardisation et ces méthodes
managériales que l’on nomme les nouvelles organisations du travail.
Pourquoi certains s’épanouissent-ils et d’autres en arrivent-ils à se suicider ? Comment
l’ascension d’un employé et son épanouissement dans l’entreprise peuvent-ils contribuer à la
destruction de l’Autre ? Le sait-il ? Peut-on mourir du travail ?
HOLD ON pose la question des conséquences de ces formes de management en prenant
comme terrain d’expérimentation les plateformes téléphoniques.
Pourquoi une plateforme téléphonique ?
Standardisation, cadence, rendement, rationa-lisation : on pense aux Temps Modernes, on
pense aux usines, on pense aux ouvriers. Quelle différence entre les téléopérateurs et les ouvriers
? Le bureau ? Aujourd’hui, l’informatique et la téléphonie renforcent les contrôles et temporisent
encore plus le travail ; la prise d’initiative personnelle est bannie et les conditions de travail se
durcissent. On parle d’hyper-taylorisation du tertiaire. Les salariés, définis par les spécialistes
comme « le nouveau prolétariat », sont infantilisés, mis en concurrence et isolés par un
système qui prône l’individualisme au détriment du collectif. HOLD ON explore le fonctionnement
des plateformes par un traitement permettant de décaler la réalité et d’en rire.
Un cadre : la plateforme téléphonique
Du commun, du standard, nous allons vers l’unique, le particulier, le sensible. Imaginons un
espace épuré : un carré de 6m par 6m délimité par une ligne blanche, trois tables, trois chaises.
Le spectacle est écrit sous forme de séquences, zooms, flashs, parcours croisés, aller-retour
constant entre scènes dialoguées d’entretien, scènes chorégraphiques, monologues, scènes
visuelles et silencieuses. On sonde l’intimité d’une personne avant de nous tourner à nouveau
vers tous les employés, mais quelque chose change à chaque séquence. Tout est imbriqué,
et la machine à rendement se détraque peu à peu.
Une écriture gestuelle
Nous avons créé une phrase gestuelle (ensemble de gestes codifiés utilisés par les comédiens)
représentant le travail du téléopérateur. Elle est l’architecture du spectacle. Imposée par l’entreprise,
elle s’immisce peu à peu dans le quotidien. Les frontières entre l’univers du travail et la sphère privée
finissent alors par se confondre. Le texte s’entremêle au geste.
Le texte de HOLD ON est écrit au plateau à partir d’improvisations. Après un travail d’enquête en immersion,
lectures sur le thème et rencontres avec différents spécialistes menés par toute l’équipe, des propositions
sont testées sur le plateau. L’analyse et l’observation du fonctionnement des centres d’appels permettent
de dégager des incontournables tels que les scriptes, les entretiens individualisés, les challenges, les
appels, qui viendront s’entremêler à l’architecture gestuelle. Que dit-on ? A qui ? Comment ? Et pourquoi
? Quels sont les mots utilisés, répétés ? Que se cache-t-il derrière les expressions ? Il s‘agit de donner
à entendre les mots de la plateforme (abréviations, anglicismes, vocabulaire spécifique), de révéler la
violence et l’angoisse générées par la sémantique guerrière ou sportive.
Nous nous référons à :
- LQR La propagande du quotidien d’Eric Hazan
- LTI La langue du IIIème Reich de Victor Klemperer, qui analyse la contamination de la langue allemande
par l’idéologie nazie au quotidien.
Le scripte ou « argumentaire » ou encore « déballe », texte prescrit aux téléopérateurs, est la ligne
que doivent garder les employés en toute circonstance. Arrivent-ils à se défendre contre ce langage
standardisé ? Si oui, comment ? Par les plaisanteries ? Le cynisme ? Développent-ils une virtuosité du
texte à l’image de celle du geste ? Trouvent-ils des espaces de liberté entre les phrases prescrites ?
Peuvent-ils se défaire de ce langage imposé, de cette novlangue, une fois la journée de travail terminée,
ou, telles « Les Dames du téléphone » que le psychiatre Louis Le Guillant étudiait au début du XXème
siècle, sont-ils surpris par les mots du scripte rejaillissant dans leur quotidien, provoquant crises de rire
ou crises de nerfs
La lumière et le son viennent cimenter ces deux écritures.
La lumière, très découpée, avec des angles très marqués, renforce et crée cet univers aseptisé,
standardisé, déshumanisé de l’open space. Elle a pour objectif de créer l’ambiguïté « lieu unique /
lieu multiple », espace privé / espace public.
La sensation de flottement dans l’espace, créée par la lumière, permet d’imaginer certaines scènes
aussi bien en entreprise qu’au sein d’un intérieur privé. Un personnage isolé à une table est-il sur son
lieu de travail, dans son foyer, ou dans les deux à la fois ? Le doute est semé. Espaces et temporalités,
tout se mêle.
Le son a également un rôle déterminant. Le traitement des sonneries, des hallucinations auditives, des
acouphènes, du bruit permanent de l’open space, renforce la déstructuration de l’individu.
Le son révèle aussi la permanente surveillance des employés soumis à la double écoute aléatoire des
managers – écoute supposée favoriser la formation et le développement du téléopérateur. La double
écoute entraîne une autosurveillance du salarié que nous traiterons jusqu’aux paranoïas situationnelles,
aux sensations d’être épié, à l’émergence d’angoisses nouvelles. Comment les gestes, les voix de
l’entreprise envahissent la sphère privée par des boucles et des accumulations, comme pour brouiller
les pistes, déformer la réalité, déconstruire le cadre.
HOLD ON montre l’absurdité de ce cadre où le sourire s’entend et la politesse s’apprend, où la
surveillance remplace la compétence et la prise d’initiative, où les mots sont vidés de leur sens, où leur
valeur en est détournée, et où notre pensée est inévitablement orientée et inhibée pour que les Temps
Modernes envahissent les bureaux.
Anne Astolfe
LE LAABO
Il est créé en 2010 dans le but de mener une recherche autour de deux domaines : le mouvement et
l’écriture sous contraintes.
De la recherche à la création
L’idée d’une recherche à partir du mouvement trouve son origine dans le parcours d’Anne Astolfe.
En 2007, elle réintègre l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques Lecoq pour suivre la 3ème année
pédagogique, au cours de laquelle elle travaille spécifiquement sur l’analyse des mouvements. C’est le
point de départ : chercher comment l’acteur trouve le jeu à partir du mouvement.
Inspirée de « l’écriture sous contraintes »de Georges Perec, cette recherche physique sera associée à
des contraintes gestuelles, rythmiques ou d’espaces. Le LAABO est créé. Une équipe de comédiens
l’intègre.
Le LAABO est soutenu par le centre culturel Jean-Vilar de Champigny-sur-Marne et par le Théâtre de
Privas Scène conventionnée / Scène Rhône-Alpes dès ses premières sessions de recherche. A l’issue
de l’une d’entre elles, une première piste recoupant le mouvement et le jeu par la contrainte est trouvée.
Il est décidé de développer cette piste, de trouver un contexte, de monter quelques séquences et de
les confronter à un public. Une maquette est présentée en mai 2010.
Elle est également retenue pour participer en décembre 2010 aux Plateaux du Groupe des 20 Théâtres
d’Ile-de-France puis aux plateaux du Groupe Geste(s) qui décide de coproduire ce qui sera la première
création du LAABO : HOLD ON.
La création : de l’immersion à l’écriture collective (ou inversement)
HOLD ON est écrit « au plateau » à partir d’improvisations. Il s’agit d’une écriture collective. Cette
démarche exige une connaissance précise et réelle des centres d’appels téléphoniques. Pour transposer
la réalité, la décaler pour en rire, encore faut-il la connaître. La littérature sur le thème ne suffit pas. Il
faut aller en immersion, se confronter à la réalité du travail de téléopérateur. Toute l’équipe, acteurs
et metteure en scène, procède à un travail d’enquête sur le terrain. Chaque expérience est ensuite
rejouée devant l’équipe, discutée, triée pour être enfin transposée au plateau.
HOLD ON : une double démarche
La recherche autour du mouvement et des contraintes a imposé le thème des centres d’appels
téléphoniques, qui est confronté à un travail d’enquête en plateformes. C’est dans cette double
démarche du travail gestuel et du travail en immersion, des allers-retours incessants entre la contrainte
et le thème qu’HOLD ON sera créé.
Un travail qui se poursuit
LE LAABO amorce un nouveau travail de création au travers des ONE SHOT :
Les One Shot sont des phases d’expérimentation qui permettent à l’équipe de poursuivre la recherche
au plateau.
Le pari : En cinq jours, rebondir sur la programmation du centre Jean Vilar et se risquer devant un
public.
Trois One shot sont prévus sur la saison 2012-2013, avant une phase de recherche plus orientée sur
la création d’un nouveau spectacle.
« Observe, étudie, grave dans
ta mémoire ce qui arrive »
V. Klemperer
L’ÉQUIPE
Anne ASTOLFE : metteure en scène
Après une formation acrobatique, une licence de professeur d’éducation physique et une initiation
théâtrale au sein de la compagnie Macocco Lardenois à Lyon, elle intègre l’Ecole Internationale de
Théâtre Jacques Lecoq en 2002 où elle suivra les deux ans de formation professionnelle. Au sein de
l’équipe pédagogique de l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques Lecoq, elle enseigne le mouvement
et l’improvisation. En tant que pédagogue, elle intervient également au Laboratoire d’Etude du
Mouvement et à l’Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny-sous-Bois auprès des élèves de
première et de deuxième année, et a mis en scène en 2010 le spectacle En chemin. Elle monte en
2005 Les Œufs à la Coque de Lolita M’Gouni et Gauche Huppercut de Joël Jouanneau en 2007 avec
les Petites Compagnies. Elle prêtera son regard en 2008 à la compagnie Hors Cadre pour le spectacle
Récits de bain, puis en 2009 pour Récits de table. A Champigny-sur-Marne, elle s’implante sur le
territoire : depuis 2005, elle mène des ateliers théâtre municipaux auprès d’adolescents. En 2012, elle
crée avec le centre Jean-Vilar La Fabrique, pôle théâtre du centre culturel, dont elle assure la direction
artistique et pédagogique.
Julie DELIQUET : comédienne
Elève au Conservatoire de Montpellier puis à l’Ecole du Studio Théâtre d’Asnières, elle intègre la
compagnie Jean-Louis Martin-Barbaz et joue entre autres dans La cuisine d’Arnold Wesker au Silvia
Monfort, Elvire dans Dom Juan. Elle poursuit sa formation à l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques
Lecoq et monte L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi. Elle travaille le masque avec Lionel
Gonzalès et la compagnie du balagan’ et joue dans Sganarelle ou le cocu imaginaire. Elle danse dans
Nocturne Urbain sous la direction de Jean-Marc Hoolbeq et interprète par la suite Helena au Théâtre
Mouffetard, dans Le Songe d’une nuit d’été, mise en scène de Sophie Lorotte. Elle joue en 2007-2008
sous la direction de Benoît Théberge Le cri d’Antigone, sous la direction de Jean-Pierre Hané Des
pommes pour Eve et Edgar et sa bonne. Elle crée en 2009 « le collectif In Vitro » avec lequel elle monte
Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce et La noce de Brecht au Théâtre de Vanves Scène
conventionnée où elle est en résidence. Elle enseigne depuis janvier 2010 au Conservatoire d’Art
Dramatique de Champigny-sur-Marne.
Pascale FOURNIER : comédienne
Formée au sein de la compagnie Emmanuel Ray à Chartres dès seize ans, elle a joué dans diverses
pièces du répertoire classique (le Médecin Volant, Les Suppliantes, Electre…) et contemporain (Aïcha
de Christophe Bident, La Terrine du chef de Raymond Cousse…). Au sein de la compagnie, elle travaille
également en tant qu’assistante à la mise en scène, costumière et accessoiriste. Elle rencontre durant
son parcours professionnel Julie Brochen au cours d’un stage en 1997 et Philippe Avron en 2000. Elle
fait un stage en 2001 au Théâtre du Mouvement avec Yves Marc et Claire Heggen puis suit la formation
de l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques Lecoq de 2002 à 2004. Elle travaille depuis plusieurs
années avec la compagnie les Fous de Bassan, elle a notamment joué dans Celui qui traverse au
Festival d’Avignon en 2008. Elle a récemment collaboré avec le collectif In Vitro sur La Noce de Brecht
en tant que costumière. Elle travaille également depuis quelques années au sein du Théâtre de l’Est
Parisien en tant qu’habilleuse.
Gaëtan GAUVAIN : comédien
Après des études théâtrales au cours d’initiation à l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques Lecoq à
Paris et à l’Ecole Saîdi Lassäad à Bruxelles, il intègre l’Ecole du Studio Théâtre d’Asnières et travaille
auprès de Jean-Louis Martin-Barbaz et Hervé Van Der Meulen. Il a par ailleurs joué pour les compagnies
Ecknobul dans Macbeth de William Shakespeare, Bruits de Couloir dans Amours Fous et Les Petites
Compagnies dans Croisades de Michel Azama. Durant son parcours artistique, il croise les routes de
Sylvain Levitte, Olivier Letellier, Guillaume Servely. Il crée un solo de masque en 2008 et travaille avec le
facteur de masque Loïc Nébréda. En 2009, il intègre la compagnie Les Transformateurs pour la création
burlesque Les constructeurs. Depuis 2007, il fait de nombreuses interventions en milieu scolaire pour la
compagnie du Pain d’Orge et anime des stages de formation théâtrale auprès d’animateurs de centres
de loisir. Il travaille également au foyer de la Dass de Mary-sur-Marne.
Yoann TIVOLI : créateur lumière
Il signe ses premières créations lumières en 1994. Pour la danse, il travaille notamment avec les
compagnies Käfig, Inbal Pinto Dance company, Frank II Louise, Bob.H Ekoto, Question, Pilobolus,
Entre Nosotros. Pour la musique, il a réalisé les lumières des Percussions Claviers de Lyon, Emma
Utges, Tonny Gatlif. Au théâtre, il collabore avec la compagnie Les Trois Huit, Les Transformateurs, La
fille du pêcheur, Les Célestins, Kastor Agile, La Nième Compagnie, l’Opéra de Tel-Aviv, Et si c’était
vrai, ainsi que la Cie Tutti Arti. Co-fondateur du Groupe Moi, il a participé aux créations de toutes
les performances. Il réalise aussi des mises en lumières pour des expositions et des manifestations
événementielles.
Véronique DUBIN : créatrice son
Après une formation à la gestion et une première expérience dans l’administration des compagnies
de théâtre, elle se consacre depuis 2001 à la création sonore et la régie (son et régie générale) dans
les domaines du théâtre, de la musique et de la danse. Elle poursuit pendant plusieurs années une
collaboration avec des compagnies lyonnaises : en création ou en régie son avec Les Trois-Huit Cie
de théâtre, Le Lézard Dramatique, le Théâtre du Grabuge, Kastor Agile, Théâtre Craie. Elle réalise
également de petites formes sonores pour la danse ou pour des installations, ainsi que quelques pièces
radiophoniques, et des enregistrements de musique de chambre. Pianiste de formation classique, elle
joue dans plusieurs spectacles de théâtre. Depuis deux ans, elle pratique également le trombone au
sein d’une fanfare. Elle a été, pendant plusieurs étés, régisseur général au Festival Jazz à Vienne.
Depuis quelques années, elle se consacre davantage aux tournées, en régie son et régie générale,
d’abord avec la compagnie Käfig, puis, depuis 2009, avec le Ballet Preljocaj.
Marine DILLARD : masques
Diplômée des Arts Décoratifs de Paris, elle travaille en tant que scénographe au sein du collectif
MIDI6 qui réunit une dizaine d’anciens élèves d’écoles d’art. Ces dernières années, elle a assisté Loïc
Nébréda dans la fabrication de masques pour La Femme du pêcheur mis en scène par Jean Signé et
pour El Circulo de Tiza caucasiano (Le Cercle de Craie caucasien) de Bertolt Brecht, projet socioculturel
itinérant au Nicaragua. Au théâtre, elle collabore également régulièrement avec l’Opéra Bastille et le
Théâtre de l’Odéon pour la peinture de décor.
Julie-Lola LANTERI-CRAVET : régie lumière / régie générale
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre en Réalisation Lumière,
elle signe sa première création lumière en 2002 sur Ils seront revenus avant l’hiver, mit en scène par
Bruno Cadillon Depuis, elle travaille notamment avec la compagnie Etha Dam, le collectif des Trois
Huit, la compagnie Détours, le collectif la Matrice, et la compagnie les 7 soeurs, ainsi que la chanteuse
KArimouche. En 2003 et 2004, elle assiste à la mise en scène Richard Brunel, Philippe Delaigue,
Christophe Perton et Olivier Werner. En 2010, elle assiste l’éclairagiste Yoann Tivoli sur BOXE BOXE de
la compagnie KÄFIG.
w
Christian Rizzo D’après une histoire vraie
L’espace de quelques secondes, on croit
rêver. Et puis, non ! C’est bien un petit
pas de danse folklorique qui vient
de surgir l’air de rien entre les mailles
du spectacle D’après une histoire vraie,
du chorégraphe Christian Rizzo. Créée
au festival d’Avignon, cette pièce pour
huit interprètes et deux batteurs live,
réussit le pari de croiser la danse
contemporaine et traditionnelle dans
un canevas inédit qui ne perd jamais
de vue la sobriété conceptuelle chère à
Rizzo tout en osant l’énergie populaire
qui sait frapper des pieds pour le prendre (son pied !). Construit sur des
détails, des ornementations, des virgules,
un pas de bourrée à droite, une ronde
à gauche, qui s’accumulent et finissent
par faire corps, D’après une histoire vraie
lève insensiblement un étonnant rituel
contemporain. D’abord seul, puis deux
par deux, les protagonistes, rien que
des hommes, se retrouvent à partager
comme des éclats de souvenirs.
REVUE DE PRESSE - Extraits
automne 2013
ÉRIC DEGUIN
La nouvelle création de Christian Rizzo a marqué le dernier festival d’Avignon.
Comme une fête élégante et viscérale.
Une main sur l’épaule de l’autre,
les jambes qui se lèvent et s’entortillent,
ils se rapprochent dans un même élan
profond. Situés sur une estrade au-dessus du groupe comme pour un concert,
les deux batteurs déversent sur les
interprètes des frappes pulsantes,
sèches, qui fouettent les corps et les embarquent. Cette fête curieusement élégante et viscérale, retranchée et offerte,
finit évidemment par faire grimper
le thermomètre de la transe mais sans
déborder. Christian Rizzo, qui a créé
sa compagnie l’association Fragile
en 1996, possède le sens de la mesure
et de l’équilibre. Il ne se laisse pas aller
à la fascination et la facilité du grand
lâcher-tout. Il se retient et pourquoi pas ?
Le souvenir qui a inspiré le spectacle
– une danse traditionnelle vue à Istanbul
par Rizzo il y a quelques années – reste
inentamé, et le spectacle a une bonne
marge de manœuvre devant lui. ❚
ROSITA BOISSEAU
www.lassociationfragile.com
w
Le Laabo Hold on
Trois employés de télémarketing dans un open space glaçant.
Leur job : vendre de la mutuelle au kilomètre sur un texte
standardisé «Suis ton script et trouve ta liberté dedans !“: chaque
appel doit durer 3 mn pas une de plus pas une de moins.
Ici, «tout le monde s’appelle Dominique et on se tutoie, c’est la
règle», on arrive à l’heure «À raison de deux secondes de décalage,
matin et soir, ce sont 40 000 appels perdus au bout de plusieurs
mois», on est évalué et noté en permanence par la hiérarchie :
«Souris, cela s’entend au téléphone.» Bienvenue dans un monde
de performance où la course à la rentabilité, les plans
de licenciement et le management broient inéluctablement
l’humain. Il faut tenir à tout prix, tricher parce qu’on est vu,
écraser pour ne pas l’être quand la note ou la prime de Noël
sont en jeu, jusqu’à l’absurde. “Hold on” signifie «ne quittez
pas», mais aussi «accrochez-vous»… Anne Astolfe, qui signe
sa première mise en scène, a retenu de cette réalité que l’on
connaît trop bien, l’asservissement des corps dans un univers
DELPHINE BEAUMONT
Une première création très convaincante
pour ce jeune collectif mené par Anne
Astolfe.
où tout le nie. Elle a fait l’école Lecoq et cela se voit. Gestes
répétitifs, voix parfaitement synchronisées, bande son de
sonneries, d’acouphènes et d’hallu auditives, clic des souris
d’ordinateur… Le taylorisme opère comme une chorégraphie
rythmée flippante, les séquences flash s’enchaînent à toute
allure jusqu’à installer un décalage comique qui détraque
le système et nous sauve du didactisme. Au Laabo, on aime
explorer le mouvement, l’écriture y est collective et menée
à partir d’improvisations. Leur première création est très
convaincante. ❚ ANNE QUENTIN
www.lelaabo.com
LA SCÈNE I AUTOMNE 2013 I 31
juillet 2013
GROS PLAN
LA MANUFACTURE
ÉCRITURE COLLECTIVE LE LAABO / MES ANNE ASTOLFE
HOLD ON
Première création de la jeune compagnie Le Laabo, Hold on donne à
voir la standardisation du monde du travail et la dépersonnalisation
des êtres.
de façon catégorique et grinçante. « Souris, cela s’entend ! ». Ce qui est intéressant,
et qui est d’ailleurs souligné par le double
sens du titre – hold on : ne quittez pas et
accrochez-vous –, c’est le frottement entre
cette dépersonnalisation sans nuances des
êtres et le surgissement de l’humain avec
ses désirs et ses déraillements, frottement
qui permet d’éviter un aspect attendu et
© D. R.
« Ici tout le monde s’appelle Dominique. »
tout le monde, c’est-à-dire trois salariés
d’une plateforme téléphonique, où chaque
appel formaté et contrôlé doit correspondre aux objectifs, où la langue devient un
outil standardisé au service des missions
de l’entreprise, gommant ainsi toute individualité et identité. « Je préfère que tu
lises ton script et que tu trouves ta liberté
Julie Deliquet, Pascale fournier et Gaëtan Gauvain, trois salariés face aux impératifs du travail.
à l’intérieur. » l’espace du plateau, aseptisé, rigoureusement délimité et structuré
par trois tables de travail et trois chaises,
exprime l’enfermement mental et la standardisation abrutissante, d’autant que les
personnages adoptent une gestuelle et une
parole savamment associées et synchronisées, extrêmement précises et codifiées.
le mouvement est ici un élément fondateur du jeu théâtral. tour à tour managers
ou téléopérateurs, ces trois salariés doivent entrer dans le moule d’une implacable hyper taylorisation et d’une nouvelle
organisation du travail qui s’apparente à
l’éloquent concept dit “the rat race”.
répétitif (le danger qui pourrait guetter la
pièce). Ces frictions surgissent à travers
les relations entre les personnages, à travers les collisions ambiguës entre espace
de travail et espace privé, à travers aussi
bien sûr tous les possibles des réactions
humaines. Fruit d’une écriture collective
à partir d’improvisations et suite à une
recherche sur le terrain par la compagnie
le laabo, cette première création conçue
et mise en scène par Anne Astolfe est une
réussite.
Agnès Santi
AViGnOn Off. La Manufacture, 2 rue des Écoles.
Du 8 au 27 juillet à 16h55. Tél. 04 90 85 12 71.
« SOURIS, CELA S’ENTEND ! »
Anne Astolfe se place dans « une posture
de constat », que la mise en scène dresse
Durée : 1h35, trajet navette inclus.
Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr
Anne Astolfe : mise(s) en ligne
Par Armelle Héliot
le 24 février 2013
Formée notamment à l’école Jacques Lecoq, elle tente une expérience qui associe le mouvement
et l’écriture “sous contrainte”. Elle a choisi pour “Hold on” de s’aventurer dans les zones
paradoxales et cruelles des plateformes téléphoniques... Sombre et drôle.
Ils sont trois sur un plateau carré délimité par des lignes blanches. Trois enveloppés de son et
de lumière. Un garçon et deux filles. Mais tous les trois portent le même nom et un prénom qui
peut aller à chacun : Dominique. C’est l’une des règles connues de ces sociétés qui ligotent les
employés à leur téléphone comme autrefois les rameurs à leur banc de nage...
Anne Astolfe, qui avait d’abord choisi l’acrobatie, avant de travailler avec Elisabeth Macocco et
d’intégrer l’école Jacques Lecoq (où elle enseigne aujourd’hui), forge son langage dramatique.
Contrainte : la plateforme. Les artisans du spectacle ont mené des enquêtes de terrain...
Le spectacle est un peu : “De la société considérée comme une plateforme téléphonique”, ou
la plateforme comme l’une des images assez ressemblantes de la société d’aujourd’hui.
Le travail du geste, l’alliance du son (Véronique Dubin), de la lumière (Yoann Tivoli) et des
masques, à la toute fin, comme un surgissement extravagant et angoissant (Marine Dillard), tout
est très soigné.
Anne Astolfe est elle même en scène. Mais pas toujours. Julie Deliquet, jeune femme qui signe
elle aussi des mises en scène, est elle aussi distribuée dans ce spectacle. On a vu son travail sur
Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce, La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt
Brecht et une maquette d’un spectacle à venir. Elle mérite d’être suivie.
Les deux autres “personnages” sont interprétés par Pascale Fournier et Gaëtan Gauvain.
Rigoureux, disciplinés, ils ont de l’énergie et parviennent à dépasser le jeu du geste pour donner
une épaisseur humaine aux personnages.
L’écriture est collective. Le sentiment, que l’on tient à distance, la psychologie, que l’on tente de
contenir, font évidemment retour au détour de certaines scènes. Le travail est très cohérent. Le
projet mené à bien. Et l’on rit souvent.
La perfection des mouvements, la cocasserie des situations, la férocité de la réalité, la lucidité des
artistes, leur empathie pour les “personnages”, tout cela donne à ce Hold on qu’accueille Olivier
Meyer au Théâtre Jean-Vilar de Suresnes, une fraîcheur intéressante.
Une équipe à suivre !
Quel impact peut avoir la standardisation du travail sur l’individu ? Le Laabo s’est penché sur le cas concret d’un centre d’appels. Un excellent
spectacle qui dénonce, sur un mode décalé, la cruauté des nouvelles méthodes managériales.
juillet 2013
Sur cette plate-forme téléphonique fraîchement relocalisée en France, « tout le monde s’appelle Dominique et on se tutoie, c’est la règle ». Le ton est
donné ! Derrière la convivialité de façade, l’humiliation est à son comble parce que, en matière d’organisation du travail, vendre de la mutuelle par
téléphone ne s’improvise pas. Chaque appel doit durer trois minutes. Ni plus ni moins. L’argumentaire est bien huilé, les mots choisis. Et puis « souris,
ça s’entend » (même si t’as envie de pleurer). Il faut bien « exploser » les objectifs…
De violence, il en est question dans ce spectacle. Celle, pernicieuse, de nouvelles méthodes de travail. Dans Hold on, on suit trois jeunes employés d’un
centre d’appels, depuis leur formation jusqu’à leur licenciement, en passant par les relations, forcément tendues, entre collègues. Fous rires et crises de
nerfs au programme ! Écoutés, ils doivent respecter le script à la lettre. Observés, ils doivent tricher pour être bien vus. Notés, ils doivent prendre sur
eux pour accélérer la cadence, se battre pour remporter la prime de Noël, un sapin tout miteux avec ses boules.
Parcours croisés, scènes de groupe cocasses, entretiens individuels, zooms intimistes, ce sont autant de séquences flash, comme le rythme des machines
modernes qui imposent un rendement. Résultat gagnant ! L’espace du plateau, à dominante noire, est strictement délimité par des cadres blancs récréant « l’open space ». La lumière très découpée, les angles bien marqués, créent un univers aseptisé. Un dispositif efficace qui traduit bien l’enfermement
ainsi que l’imbrication entre la sphère privée et publique. La mise en scène, au cordeau, s’organise principalement autour de trois tables de travail et
trois chaises. Pour dépersonnaliser les employés : une gestuelle et un langage codifiés, savamment synchronisés. Comme la lumière, la bande-son est
une pierre angulaire du spectacle : sonneries, hallucinations auditives, acouphènes, bruits permanents mettent sous tension permanente. Les acteurs
exécutent leur partition avec une parfaite maîtrise du rythme. C’est tout à la fois visuel, sonore, chorégraphique et éminemment théâtral.
S’accrocher
Qui n’a jamais été agacé par ces appels intempestifs et… raccroché ? Mais derrière ces combinés se trouvent des hommes et des femmes. Si Hold on
dénonce l’absurdité du système, il défend aussi ces individus broyés, puis jetés comme des malpropres. Hold on a un double sens : « ne quittez pas »,
mais aussi « accrochez-vous ». Pas « raccrochez », mais « résistez ». Restez humains. Heureusement, des grains de sable grippent la machine. Du coup,
c’est grinçant à souhait.
Ces travailleurs des temps modernes tentent de tenir par tous les moyens, y compris par des coups bas, car tous veulent monter d’un échelon. Ainsi,
le téléopérateur humilié devient un manager sadique, en un tour de main, avant de redescendre d’un cran. Quel que soit leur statut, tous apparaissent
comme des victimes, mais le renversement des rôles, le ton décalé, rendent les situations très drôles.
Fruit d’une écriture collective à partir d’improvisations et d’une recherche sur le terrain, cette première création du Laabo, qui aime explorer un
thème par le mouvement, est une réussite totale : utilisation fort à propos de la sémantique guerrière, dialogues percutants, mise en scène inspirée, jeu
virtuose. Car les trois comédiens sont formidables. Précis et convaincants, ils captent l’attention du public de bout en bout. Et on ne décroche pas une
seule seconde. ¶
Léna Martinelli
Pourensavoirplus:
SiteInternetdelacompagnie:
http://www.lelaabo.com/Accueil.html
Extraitvidéo:
https://vimeo.com/108786302
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