1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
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Introduction
Les modèles comptables sont en proie à de multiples mutations consécutives à l’évolution de l’environnement
qu’ils sont censés traduire dans des normes comptables en vigueur. Ces mutations concernent principalement
l’émergence de nouvelles problématiques liées à l’environnement. En effet, la fin du XXe siècle marque ainsi le
début de la prise de conscience
, dans les pays développés, des limites sociales et environnementales de
certaines externalités résultant du modèle de croissance implémenté depuis la période post conflit de la
deuxième guerre mondiale. Ce poids excessif des entreprises dans la production et la croissance mondiale est
source de leur interpellation par de multiples institutions qui leur demandent, de ce fait, de rendre compte sur les
impacts de leurs activités.
Dès lors, le souci d’encadrement des externalités des entreprises par le modèle comptable apparait au cours des
années 80. Ce qui aboutit à la naissance de la comptabilité environnementale
. Cette dernière limite son champ à
l’environnement naturel et fait fi des autres variables environnementales que sont le politique, la monnaie,
l’économie, les ressources humaines, etc. Selon Christophe (2000), la comptabilité environnementale est : « un
système d’information efficient sur le degré de raréfaction des éléments naturels engendré par l’activité des
entreprises, utilisable pour réduire cette raréfaction et pour informer les tiers ». Il ressort de cette définition que la
comptabilité environnementale doit permettre aux dirigeants des entreprises d’une part, d’évaluer leur
contribution négative ou positive sur leur environnement et d’autre part, de gérer leurs responsabilités dans les
domaines environnementaux et d’en rendre compte aux parties prenantes intéressées par leurs activités.
Plusieurs travaux en comptabilité se sont intéressés à cette comptabilité environnementale, notamment en
retraçant sa finalité, ses limites et la nature des techniques pouvant être mobilisés soit par le normalisateur, soit
par l’entreprise elle – même. D’autres recherches mettent ainsi en exergue des liens de dépendance entre la
qualité et la quantité des informations environnementales publiées dans les rapports annuels et des variables
environnementales comme la taille des entreprises ( Belkaoui et Karpick, 1989) ou les accidents écologiques (Li
et Richardson, 1997). Les problèmes de prise de décision orientent d’autres chercheurs sur la piste de
l’évaluation de la performance environnementale comme critère de décision (Baker, 1996 ; Bennett et James,
1997). Pour sa part, Lafontaine (2004) présente les innovations comptables apportées par la prise en compte de
l’environnement naturel à travers la création de comptes verts, de rubriques vertes dans l’annexe du bilan, la
diffusion d’informations vertes dans le rapport annuel et la mise en œuvre d’un système d’information de budget /
contrôle des dépenses vertes. Outre les éléments de pure technique, il apparaît clairement que la comptabilité
connaît ainsi un renouvellement de ses fondements, voire de ses objectifs à travers le développement des
préoccupations environnementales. Toutefois, un constat s’impose. Toutes ces recherches sont menées dans
des pays développés dans lesquels les pratiques sont fortement réglementées ou encadrées par la loi.
Cette prise de conscience apparaît pour la première fois dans le rapport Brundtland publié en 1987. S’en est suivi le
rapport des Nations Unies qui proposait qu’en plus des critères classiques de performance, les entreprises devraient tenir
compte des préoccupations environnementales et sociales ; les différents sommets sur les problématiques de
l’environnement ( Rio de Janeiro, Stockholm, Tokyo, Johannesburg, Paris ), les initiatives internationales ,comme la « Global
Reporting Initiative » ( GRI ) à partir de 1997, à laquelle participent les entreprises, des universités, des cabinets de
consultants et les ONG et dont le rôle consiste à tracer le canevas de publication volontaire des rapports sur les dimensions
économiques, sociales et environnementales des activités des entreprises.
Les informations sociales et environnementales (ISE) sont dans la majorité des cas publiées, de façon volontaire ou
obligatoire, dans les rapports annuels (Unerman 2000). Ainsi, Gray et al. (1987) définissent cette pratique comme « le
processus de communication des faits sociaux et environnementaux des actions économiques des organisations à des
groupes d’intérêts particuliers dans le cadre de la Société au sens large ». Ceci implique l’extension du domaine de la
comptabilité traditionnelle qui fournit les états financiers destinés principalement aux actionnaires. Dans la terminologie
francophone, des termes comme comptabilité environnementale (Christophe 1992), comptabilité sociale et sociétale (Capron
2000), comptabilité verte (Christophe 1995), comptabilité des ressources humaines (Marquès 1977) et reporting sociétal
(Capron et Quairel 2003 ; Rivière-Giordano 2007) ont été utilisés pour désigner toute forme de comptabilité qui s’étend à des
domaines au-delà de la comptabilité financière