TRESOR PUBLIC
L'évolution de la fonction de comptable dans le cadre de la LOLF
Nathalie Morin, Chef de service fonction comptable de l’Etat à la DGCP
La Revue du Trésor, juillet 2006
La LOLF fait émerger une fonction
comptable rénovée et partagée
C'est bien, en effet, un nouveau partage des
rôles qui émerge des dispositions de la loi
organique, répartition innovante liée, d'une
part, au nouvel environnement comptable
qu'il faut appréhender et, d'autre part, à la
valorisation d'une logique transversale de
processus complémentaire des approches
plus verticales articulées sur les
organisations.
La réforme comptable crée un
nouvel environnement cohérent
Quatre éléments au moins contribuent à
modifier radicalement le positionnement de
la comptabilité.
Les ambitions de la LOLF en matière de
comptabilité sont clairement affirmées…
La réforme comptable participe directement
à l'amélioration de la transparence et de
l'efficacité de l'action publique. Une telle
affirmation pourrait surprendre, le volet
comptable de la loi organique n'ayant pas
bénéficié du même écho médiatique que le
volet budgétaire et apparaissant trop souvent
comme secondaire, voire purement
technique.
Pourtant, si le législateur organique a pris le
soin d'inclure dans un texte de cette
importance, au regard de notre hiérarchie
des normes, des dispositions comptables
précises et ambitieuses, et si le Conseil
constitutionnel a confirmé qu'elles étaient
indissociables de l'ensemble, c'est bien parce
que la comptabilité dans ses diverses
composantes, et singulièrement la comptabilité
générale, participent directement à
l'amélioration de la transparence et de
l'efficacité de l'action publique.
De fait, la comptabilité ne fait que traduire
l'action publique en termes financiers. Or la
transparence des comptes est un élément clé
de la confiance dans l'action publique.
Elle est donc porteuse d'un enjeu citoyen en
permettant à ce dernier et à ses représen-
tants d'exercer leurs droits fondamentaux. La
comptabilité permet également d'améliorer la
performance de l'action publique: ce n'est pas
un hasard si toutes les réformes récentes des
états se sont accompagnées d'une réforme
comptable. C'est bien qu'il y a un
consensus pour considérer que la
comptabilité générale est un instrument de
pilotage particulièrement utile en ce qu'elle
fournit des éléments complets sur la
situation financière et patrimoniale de l’Etat,
sur ses passifs, ses engagements hors bilan.
C'est cette photographie qui doit fournir la
visibilité sur le moyen -long terme, sur les
marges de manoeuvre en matière de finances
publiques et enfin sur la soutenabilité
budgétaire de telle ou telle politique.
De même, la comptabilité doit devenir un
instrument de pilotage au service des
gestionnaires, en leur permettant de réaliser
un certain nombre d'arbitrages (au plan
immobilier, au plan de la sous-traitance...).
Mais pour que la comptabilité générale joue
ce rôle ambitieux, il faut évidemment qu'elle
véhicule les informations nécessaires.
L'introduction d'une véritable comptabilité
d'exercice constitue de ce point de vue un
progrès majeur. L'Etat s'est donc doté d'un
référentiel inspiré des meilleurs standards
internationaux privés et publics, mais sans
dogmatisme. Le but n'est en effet pas d'imiter
les entreprises cotées en bourse, mais
d'emprunter à un univers qui sait utiliser les
potentialités de la comptabilité générale, les
bonnes pratiques permettant d'améliorer
l'action publique tout en tenant compte de
ses spécificités (cf. l'article d'Eric Nouvel dans
ce numéro).
Bien sûr, on ne passe pas du jour au
lendemain d'une comptabilité de caisse
dérivée de la comptabilité budgétaire à une
comptabilité d'exercice « de dernière
génération ». Les travaux qui sont conduits
maintenant depuis trois ans sur le bilan
d'ouverture attestent, s'il en était besoin,
l'énormité de la tâche qui nous attend pour
reconstituer la comptabilité de l'Etat. Car il ne