EDITORIAL
DECEMBRE2012
MERKUR 1
Enquête Eurochambres2013:
un tableaualarmantde l’économieluxembourgeoise
Les résultats de la 20eédition de l’enquête conjoncturelle
annuelle,coordonnéeparl’associationdesChambres de Commerce
et d’Industrieeuropéennes, Eurochambres, et menée au Luxem-
bourgparla Chambrede Commerce et TNS-ILRES, révèlent des
prévisionsfortementpessimistesen termesde climat desaffaires.
La détériorationdu moraldeschefsd’entreprises entaméelors des
précédentesenquêtes estconfirmée. L’enquête 2013 se placedans
un contexte de criseéconomiqueet financière quiperdureet qui
s’esttransforméeen unecrisede confiance des entrepreneurset
des investisseurs. Le manque de confiance en l’avenir,amplifié
parl’absencede mesures structurellesambitieusesdu Gouverne-
ment pèsent plus quejamais surlesperspectives d’investissements.
En raison de l’évolution conjoncturelle volatileet de la situation
difficile au niveau macroéconomiqueet desfinances publiques,
lesindicateursreplongent vers lesniveaux de l’année2009,année
de criseparexcellence.Lesindicateursconcernant le climat des
affaires au Luxembourg désignentl’année2012 commela deu-
xième plus mauvaise depuis 2004,après2009.
La repriseentaméeen 2010 s’esttimidement poursuivie en
2011,mais aconnuun arrêtbrusqueen 2012 en ce quiconcerne
l’évolution du chiffred’affaires.De plus,le coûtdesfacteurs de
production ayantprogressérapidement,lesentreprisesont dû
revoir leur niveau d’activitéréel àla baisse. En termes de chiffre
d’affaires àl’exportation, les résultatspour 2012 sont fortement
hétérogèneset peuoptimistes. Eu égard au degréd’ouverturede
l’économieluxembourgeoise, cesévolutions négativesen matière
de chiffred’affaires sont particulièrement inquiétantes.
Aprèsunechuteentre2008 et 2009,lesindicateurs d’évolution
de l’emploi,moteur historique dela croissance au Luxembourg,
avaient retrouvéle chemin de la croissance,mais cettetendance
positive aconnuun arrêtbrusqueen 2012, aveccommeconsé-
quence de faireapparaîtredes déséquilibres manifestes au niveau
du financement du système de protection sociale. Cetteévolution
confirme également la dégradationcontinue de la compétitivité
de l’économieluxembourgeoise.
En matière de prévisions, lesperspectives ne sont pasmeilleures.
Alorsquelesinvestissements desentreprises avaient retrouvéun
certain dynamisme depuis 2010,cettetendances’essouffle. Une
certaine stabilitéestencore de mise puisqueplus de la moitiédes
entreprisesaffirmentqueleur niveau d’investissements est resté
constant entre2011 et 2012.Uneentreprise surquatre indique
quesesinvestissementsontprogressésurcette même période. A
l’inverse, uneproportion identiqued’entreprises déclarequ’ils ont
baissé.Or,ce sont avanttout lesinvestissements quiconditionnent
l’emploiet l’activité à venir.
Ces résultats n’incitentguère àl’optimismepour 2013.Alors
quelesperspectives pour 2012 étaient déjàmoroses, la dégringo-
ladedevraitse poursuivre et s’accéléreren 2013.Les attentes en
termesde climat des affaires sont en nettebaisse parrapportà
2012 et l’année en cours devrait connaîtreunequasistagnation
de sonPIB(0,5 %selonle STATEC).
Même si lesanticipationsnettes en termes de chiffred’af-
faires sont positivesdans le secteur des services,lesperspectives
sont plus mitigées dans le secteurmanufacturier, au sein duquel
les entreprises s’attendentàunebaisse de leur chiffred’affaires.
Ces résultats doiventêtrenuancéspuisqueplus de la moitiédes
entreprises indiquentunestabilisationde leur chiffred’affaires en
2013 (49,2 %pour lesservices et 59,1 %dans lesbranches indus-
trielles). Au cœur d’unecriseéconomiquemondiale,unegrande
prudence estobservée au vu des perspectives pour 2013 en termes
de chiffred’affaires àl’exportation.
Tout commepour lesprévisions en termes de chiffred’affaires,
lesentrepreneurs de l’industriemanufacturière s’avèrent plus pes-
simistes queleurshomologues du secteur des services, avec res-
pectivement19 %et 13 % des entreprises quiestiment queleurs
effectifsvont se réduireen 2013.
Lesanticipationsdesentreprises depuis 2010 apparaissent en
accord avec la réalité économique, la croissance du taux d’emploi
ralentissanten 2012 pour atteindre 2,2 % (contre2,9 % en 2011).
Selonlesprévisions des chefsd’entreprises,le taux de créationd’em-
ploisdevraitconnaîtreun nouvelessoufflement(1,3 %en 2013),
ce qui aura des répercussions néfastes surle modèle socio-écono-
miqueluxembourgeoiset surl’évolution du chômage.
Dans le secteurmanufacturier, plus de 61,7 %desentreprises
prévoient queleursinvestissements resterontstablesen 2013.Bien
quece pourcentagesoit également importantpour lesservices
(63,8%),lesprévisionsfavorables (18,2%) surpassent faiblement
les défavorables (18%).La formation brutede capitalfixe privée
avaitchutépendantla crise. Dèslors,unecertaine stabilisation,
voireune légère reprise, témoigne davantaged’un effet de rattra-
page qued’une augmentation quantitativenettedu stockde capi-
talde l’économieluxembourgeoise.
Au final, il subsiste de fortes incertitudes et unegrande
méfiance quantàl’évolution de l’environnementéconomiqueen
2013.Le fait quelesprévisionsen termesd’investissementssoient
au plus basdepuis le lancementde l’enquête Eurochambres et infé-
rieuresàcelles de 2009,estparticulièrement inquiétant.L’appel
deschefsd’entreprises estclair: le Gouvernement luxembourgeois
ne peut plus ignorerla gravitéet laprofondeur de la criseécono-
miqueet financière quitouche le Luxembourg,ni le besoin pres-
sant d’actionsconcrètes et cohérentes visant àdonner unebouf-
féed’oxygène aux entreprises.
n
La Chambrede Commerce souhaiteàtous
sesressortissants un joyeux Noëlet de
bonnes fêtesde find’année!