3
De la République de Weimar à l’arrivée d’Hitler au pouvoir
La défaite militaire du pays précipite la chute du régime impérial. L’armistice n’est pas encore signé
que la République est proclamée à Weimar (berceau des poètes Goethe et Schiller) le 9 novembre
1918. Pour stabiliser le climat politique, le principe d’un Etat fédéral composé de 18 Länder, est
adopté. Les députés du Reichstag et les représentants des länder au Reichsrat élus pour 4 an,
incarnent le pouvoir législatif. Le président de la République chef du pouvoir exécutif, élu pour 7
ans, peut dissoudre le Reichstag et consulter le peuple par voie de référendum.
Pour avoir signé le traité de Versailles le 28 juin 1919 considéré par les Allemands comme un diktat,
la social-démocratie et le centre catholique majoritaires au sein du gouvernement, sont accusés par
l’opposition nationaliste d’avoir trahi la patrie. Cette condamnation joue un rôle crucial dans le
processus qui amène Hitler au pouvoir. Outre l’occupation de la rive gauche du Rhin par les Alliés, la
perte de territoires au profit de la Pologne, sauf Danzig (Gdansk), une armée de métier la Reichswehr
limitée à 100 000 h, le vaincu se voit contraint de verser des indemnités (les réparations) aux
vainqueurs financées par emprunt aux Etats-Unis. Jusqu’au début des années Trente, les dirigeants
sont incapables de contenir la violence des forces nationalistes : assassinat en 1922 de Walter
Rathenau, ministre des Affaires étrangères, tentative de putsch d’Hitler à Munich l’année suivante.
La jeune République de Weimar ne parvient pas à asseoir son autorité faute de majorité
parlementaire. De plus les crises économiques successives celle 1923 (inflation galopante) et plus
encore celle de 1930 précipitent la crise politique. Les classes moyennes sont prolétarisées et le
nombre de chômeurs non indemnisés atteint de 6 millions de personnes trois ans plus tard. Entre
temps, les élections de septembre 1930 sanctionnent l’impuissance gouvernementale avec la percée
des nationaux-socialistes d’Hitler (6,5 millions voix contre 8,5 millions aux sociaux-démocrates et 4,5
millions aux communistes) qui disposent de solides appuis au sein de la Reichswehr. Le chancelier
faute de majorité stable gouverne par décrets-lois puis les pleins pouvoirs en régime d’exception. Le
Reichstag est dissout puis avec l’appui des industriels et des banquiers, le président, le maréchal
Hindenburg fait appel à Hitler le 30 janvier 1933 pour former un gouvernement. Avec habileté, il fait
entrer des nationaux allemands et des conservateurs. C’est la fin légale de la République de Weimar.
La répression s’abat immédiatement sur les sociaux-démocrates et les communistes. Fin février, une
loi supprime les droits fondamentaux du citoyen. La terreur est institutionnalisée et le Reichstag
dissout. « La mise au pas « de la justice, de l’opinion publique, de l’administration et de la culture
est une rupture avec les principes démocratiques. Le mot d’ordre est « Ein Reich, ein Volk, ein
Führer ». Pourtant aux élections législatives de mars, les nazis n’obtiennent qu’une majorité
relative. Le peuple allemand n’a jamais accordé à Hitler la majorité absolue dans des élections libres.
Arrestations et internements arbitraires dans les camps de concentration de Dachau et Oranienburg
construits dès cette date, sont des instruments de la terreur, destinés à briser la volonté des
adversaires politiques et contrer leur réorganisation. Les 500 000 Juifs qui vivent en Allemagne se
voient éliminés de la vie économique puis victimes de persécutions. Les lois de Nuremberg de 1935
puis le pogrom de novembre 1938 (dit par les nazis « nuit de cristal ») rendent la vie impossible aux
Juifs qui émigrent massivement. Le 3ème Reich est dès ses débuts une dictature.