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Musée du général Leclerc de Hauteclocque
et de la libération de Paris Musée Jean Moulin.
Que pouvaient-ils faire ?
Résistance au national-socialisme 1939-1945.
Exposition de la Fondation 20 juillet 1944 en coopération avec le Mémorial de
la Résistance allemande à Berlin.
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Après l’invasion de la Pologne par les
troupes nazies, Hitler durcit la répression. Malgré
tout, une petite minorité d’Allemands résistent,
attentant même à la vie d’Hitler. Cette exposition
leur est dédiée. En septembre 1939, la dictature
nazie est solidement installée, et l’entreprise de
nazification de la société allemande largement
avancée. L’entrée en guerre ne fait qu’accentuer les
choses. Ceux qui ont choisi de résister le font dans
le contexte d’une société totalitaire et d’un
nationalisme exacerbé. Parmi eux, de jeunes
allemands âgés de 16 à 25 ans, seuls ou bien au sein
de modestes réseaux. Ils écoutent les radios
étrangères, distribuent des tracts, refusent de partir au front,
transmettent des informations, projettent d’assassiner
Hitler…
Ce dossier pédagogique aidera les élèves à
mieux comprendre les spécificités de la résistance en
Allemagne pendant la guerre et à s’interroger sur les
mécanismes et le sens de l’engagement. Il peut être
utilisé dans le cadre d’un travail sur les notions de
« mythes et héros » inscrites au programme du cycle
terminal. Il permettra notamment d’aborder la
pluralité des causes ayant conduit ces Allemands à
combattre le national-socialisme.
Le dossier pédagogique de l’exposition
propose :
P. 3 :Une mise au point scientifique revenant
sur le contexte de la guerre et les spécificités
de la résistance allemande.
P. 5 : Un point sur l’histoire de la mémoire
de la résistance allemande en Allemagne
depuis les années 1950 avec un parcours
mémoriel dans la ville de Berlin.
P. 10 : Les portraits de dix jeunes résistants
avec des citations et des biographies en
allemand extraites du Lexikon des
Widerstandes (1933-1945), sous la direction
de Peter Steinbach et Johannes Tuchel.
P. 15 : La présentation d’œuvres littéraires et cinématographiques qui permettront aux
professeurs de prolonger la visite de l’exposition.
Peter Graf Yorck von Wartenburg dans sa lettre
d’adieu à sa mère le 8 août 1944.
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De la République de Weimar à l’arrivée d’Hitler au pouvoir
La défaite militaire du pays précipite la chute du régime impérial. L’armistice n’est pas encore signé
que la République est proclamée à Weimar (berceau des poètes Goethe et Schiller) le 9 novembre
1918. Pour stabiliser le climat politique, le principe d’un Etat fédéral composé de 18 Länder, est
adopté. Les députés du Reichstag et les représentants des länder au Reichsrat élus pour 4 an,
incarnent le pouvoir législatif. Le président de la République chef du pouvoir exécutif, élu pour 7
ans, peut dissoudre le Reichstag et consulter le peuple par voie de référendum.
Pour avoir signé le traité de Versailles le 28 juin 1919 considéré par les Allemands comme un diktat,
la social-démocratie et le centre catholique majoritaires au sein du gouvernement, sont accusés par
l’opposition nationaliste d’avoir trahi la patrie. Cette condamnation joue un rôle crucial dans le
processus qui amène Hitler au pouvoir. Outre l’occupation de la rive gauche du Rhin par les Alliés, la
perte de territoires au profit de la Pologne, sauf Danzig (Gdansk), une armée de métier la Reichswehr
limitée à 100 000 h, le vaincu se voit contraint de verser des indemnités (les réparations) aux
vainqueurs financées par emprunt aux Etats-Unis. Jusqu’au début des années Trente, les dirigeants
sont incapables de contenir la violence des forces nationalistes : assassinat en 1922 de Walter
Rathenau, ministre des Affaires étrangères, tentative de putsch d’Hitler à Munich l’année suivante.
La jeune République de Weimar ne parvient pas à asseoir son autorité faute de majorité
parlementaire. De plus les crises économiques successives celle 1923 (inflation galopante) et plus
encore celle de 1930 précipitent la crise politique. Les classes moyennes sont prolétarisées et le
nombre de chômeurs non indemnisés atteint de 6 millions de personnes trois ans plus tard. Entre
temps, les élections de septembre 1930 sanctionnent l’impuissance gouvernementale avec la percée
des nationaux-socialistes d’Hitler (6,5 millions voix contre 8,5 millions aux sociaux-démocrates et 4,5
millions aux communistes) qui disposent de solides appuis au sein de la Reichswehr. Le chancelier
faute de majorité stable gouverne par décrets-lois puis les pleins pouvoirs en régime d’exception. Le
Reichstag est dissout puis avec l’appui des industriels et des banquiers, le président, le maréchal
Hindenburg fait appel à Hitler le 30 janvier 1933 pour former un gouvernement. Avec habileté, il fait
entrer des nationaux allemands et des conservateurs. C’est la fin légale de la République de Weimar.
La répression s’abat immédiatement sur les sociaux-démocrates et les communistes. Fin février, une
loi supprime les droits fondamentaux du citoyen. La terreur est institutionnalisée et le Reichstag
dissout. « La mise au pas « de la justice, de l’opinion publique, de l’administration et de la culture
est une rupture avec les principes démocratiques. Le mot d’ordre est « Ein Reich, ein Volk, ein
Führer ». Pourtant aux élections législatives de mars, les nazis n’obtiennent qu’une majorité
relative. Le peuple allemand n’a jamais accordé à Hitler la majorité absolue dans des élections libres.
Arrestations et internements arbitraires dans les camps de concentration de Dachau et Oranienburg
construits dès cette date, sont des instruments de la terreur, destinés à briser la volonté des
adversaires politiques et contrer leur réorganisation. Les 500 000 Juifs qui vivent en Allemagne se
voient éliminés de la vie économique puis victimes de persécutions. Les lois de Nuremberg de 1935
puis le pogrom de novembre 1938 (dit par les nazis « nuit de cristal ») rendent la vie impossible aux
Juifs qui émigrent massivement. Le 3ème Reich est dès ses débuts une dictature.
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Des Allemands contre le nazisme
Les opposants agissent dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir dans des conditions dramatiques à cause de
l’adhésion de l’ensemble du peuple au nazisme et de la dureté de la répression. L’élimination
physique d’opposants politiques est non seulement tolérée mais souvent voulue et approuvée La
population allemande se satisfait presque jusqu’à la fin de la guerre du régime nazi qui est une
« dictature avec le peuple ».
Pourtant la résistance a bel et bien existé. Des hommes et des femmes des ouvriers, des hommes
d’églises, des chrétiens (protestants, catholiques, Témoins de Jéhovah), des officiers, des hommes
politiques de la République de Weimar, des citoyens tentent à leur manière de lutter contre le
national-socialisme.
A la déclaration de Guerre en septembre 1939, les résistants sont considérés par les nazis eux-
mêmes et la majorité de la population comme des « traîtres à leur patrie ». Leur pays non occupé est
en guerre. Résister c’est donc trahir.
A la différence des résistances dans les pays d’Europe, il n’y a pas de maquis. Les résistants se
distinguent par la pluralité de leurs engagements, des objectifs et des formes ainsi que par sa durée :
six ans sous un régime de terreur absolu. La diffusion de tracts pour éveiller l’opinion, à l’exemple de
la Rote Kapelle, « l’Orchestre rouge », la protection des persécutés et des pourchassés sont autant
d’éléments identiques aux formes de résistance en France. La lutte armée s’exprime par la volonté
d’éliminer le Führer. Du 8 novembre 1939 à la grande conjuration du 20 juillet 1944, des tentatives
pour supprimer Hitler ont été organisées.
L’exil et la déportation des résistants allemands rendent encore plus difficile leur combat qui repose
sur des individus isolés et des jeunes. Ultra minoritaires, les résistants allemands ne bénéficieront
jamais de l’aide des Alliés. A la conférence alliée d’Anfa (banlieue de Casablanca janvier 1943),
Churchill et Roosevelt dans leur discours de clôture décident de combattre jusqu’à la capitulation
sans conditions de l’Allemagne nazie. Les résistants combattent donc jusqu’au sacrifice suprême.
Les conséquences sont bien évidemment dramatiques pour ceux qui « avec désespoir se sont
opposés à la tyrannie » pour reprendre les termes de Willy Brandt, lui-même résistant dans l’exil.
Ces femmes et ces hommes ont ainsi montré qu’il y avait une autre Allemagne que celle du nazisme.
Christine Levisse-Touzé
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Le Mémorial de la Résistance allemande,
un travail de mémoire commencé dans les années 1950.
Le Mémorial de la Résistance allemande (Gedenkstätte Deutscher Widerstand) gère à
Berlin un ensemble de lieux de mémoire dédiés à ceux qui, en Allemagne, se sont opposés au
National Socialisme et l’ont dans leur très grande majorité payé de leur vie. Ces lieux
permettent d’aborder la résistance allemande dans toute sa pluralité. L’enjeu mémoriel est
important car ces femmes et ces hommes ont été arrêtés par la police, jugés et condamnés
pour trahison, entente avec l’ennemi, actes antipatriotiques dans une Allemagne largement
gagnée à l’idéologie nazie. Il s’agit donc d’un lieu de commémoration, d’éducation civique et
de réhabilitation de ces résistants qui ont lutté pour une autre Allemagne que celle du
nazisme.
Le lieu principal du mémorial, au sud du Tiergarten, se
situe à l’intérieur de l’ancien siège du commandement de la
Reichswehr, le complexe Bendlerblock, construit entre 1911
et 1914 pour l'office de la marine. La nouvelle direction
militaire du Reich s’installa dans le bâtiment à la fin de la
Première Guerre mondiale. Il devient le siège du haut-
commandement de l’armée de Terre.
Le 20 juillet 1944, des officiers hauts gradés de la
Wehrmacht déclenchent l’opération Walkyrie pour éliminer
physiquement Hitler et instaurer un Etat de droit. Le coup
d’Etat doit mettre fin à la guerre, ainsi qu’à tous les crimes et
atrocités qui l’accompagnent. Le dictateur ne fut que
légèrement blessé par la bombe qui explosa dans son QG de
Prusse orientale. La SS et la Gestapo remontèrent
immédiatement le réseau et procédèrent à de nombreuses
arrestations, jugements devant le tribunal du peuple et
exécutions. Les instigateurs du complot, les officiers von
Stauffenberg, von Quirnheim (tous deux sur la photographie ci-
contre, source Gedenkstätte Deutscher Widerstand), Olbricht et von
Haeften furent fusillés dans la cour intérieure du Bendlerblock.
Dès les années 1950, alors que les Allemands doivent faire face
à leur passé nazi, à la prise de conscience du génocide juif, une
mémoire de la résistance allemande se développe. Le président de la
République fédérale, Ernst Reuter, inaugura le 20 juillet 1953, dans
cette même cour du Bendlerblock, la statue du sculpteur Scheibe
représentant un jeune homme aux mains liées. La cour devient le lieu
de la commémoration de la résistance contre le national socialisme.
A la même époque, plusieurs films sont tournés sur la
résistance allemande. Parmi eux, « Der 20. Juli », du metteur en
scène Falk Harnack. Le film commence en 1955 dans la cour du Bendlerblock, un couple
qui a pris part à la résistance se souvient de ceux qui sont morts.
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