Résister dans Berlin

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Musée du général Leclerc de Hauteclocque
et de la libération de Paris – Musée Jean Moulin.
Que pouvaient-ils faire ?
Résistance au national-socialisme 1939-1945.
Exposition de la Fondation 20 juillet 1944 en coopération avec le Mémorial de
la Résistance allemande à Berlin.
1
Après l’invasion de la Pologne par les
troupes nazies, Hitler durcit la répression. Malgré
tout, une petite minorité d’Allemands résistent,
attentant même à la vie d’Hitler. Cette exposition
leur est dédiée. En septembre 1939, la dictature
nazie est solidement installée, et l’entreprise de
nazification de la société allemande largement
avancée. L’entrée en guerre ne fait qu’accentuer les
choses. Ceux qui ont choisi de résister le font dans
le contexte d’une société totalitaire et d’un
nationalisme exacerbé. Parmi eux, de jeunes
allemands âgés de 16 à 25 ans, seuls ou bien au sein
de modestes réseaux. Ils écoutent les radios
étrangères, distribuent des tracts, refusent de partir au front,
transmettent des informations, projettent d’assassiner
Hitler…
Ce dossier pédagogique aidera les élèves à
mieux comprendre les spécificités de la résistance en
Allemagne pendant la guerre et à s’interroger sur les
mécanismes et le sens de l’engagement. Il peut être
utilisé dans le cadre d’un travail sur les notions de
« mythes et héros » inscrites au programme du cycle
terminal. Il permettra notamment d’aborder la
pluralité des causes ayant conduit ces Allemands à
combattre le national-socialisme.
Peter Graf Yorck von Wartenburg dans sa lettre
d’adieu à sa mère le 8 août 1944.
Le dossier pédagogique de l’exposition
propose :
P. 3 :Une mise au point scientifique revenant
sur le contexte de la guerre et les spécificités
de la résistance allemande.
P. 5 : Un point sur l’histoire de la mémoire
de la résistance allemande en Allemagne
depuis les années 1950 avec un parcours
mémoriel dans la ville de Berlin.
P. 10 : Les portraits de dix jeunes résistants
avec des citations et des biographies en
allemand extraites du Lexikon des
Widerstandes (1933-1945), sous la direction
de Peter Steinbach et Johannes Tuchel.
P. 15 : La présentation d’œuvres littéraires et cinématographiques qui permettront aux
professeurs de prolonger la visite de l’exposition.
2
De la République de Weimar à l’arrivée d’Hitler au pouvoir
La défaite militaire du pays précipite la chute du régime impérial. L’armistice n’est pas encore signé
que la République est proclamée à Weimar (berceau des poètes Goethe et Schiller) le 9 novembre
1918. Pour stabiliser le climat politique, le principe d’un Etat fédéral composé de 18 Länder, est
adopté. Les députés du Reichstag et les représentants des länder au Reichsrat élus pour 4 an,
incarnent le pouvoir législatif. Le président de la République chef du pouvoir exécutif, élu pour 7
ans, peut dissoudre le Reichstag et consulter le peuple par voie de référendum.
Pour avoir signé le traité de Versailles le 28 juin 1919 considéré par les Allemands comme un diktat,
la social-démocratie et le centre catholique majoritaires au sein du gouvernement, sont accusés par
l’opposition nationaliste d’avoir trahi la patrie. Cette condamnation joue un rôle crucial dans le
processus qui amène Hitler au pouvoir. Outre l’occupation de la rive gauche du Rhin par les Alliés, la
perte de territoires au profit de la Pologne, sauf Danzig (Gdansk), une armée de métier la Reichswehr
limitée à 100 000 h, le vaincu se voit contraint de verser des indemnités (les réparations) aux
vainqueurs financées par emprunt aux Etats-Unis. Jusqu’au début des années Trente, les dirigeants
sont incapables de contenir la violence des forces nationalistes : assassinat en 1922 de Walter
Rathenau, ministre des Affaires étrangères, tentative de putsch d’Hitler à Munich l’année suivante.
La jeune République de Weimar ne parvient pas à asseoir son autorité faute de majorité
parlementaire. De plus les crises économiques successives celle 1923 (inflation galopante) et plus
encore celle de 1930 précipitent la crise politique. Les classes moyennes sont prolétarisées et le
nombre de chômeurs non indemnisés atteint de 6 millions de personnes trois ans plus tard. Entre
temps, les élections de septembre 1930 sanctionnent l’impuissance gouvernementale avec la percée
des nationaux-socialistes d’Hitler (6,5 millions voix contre 8,5 millions aux sociaux-démocrates et 4,5
millions aux communistes) qui disposent de solides appuis au sein de la Reichswehr. Le chancelier
faute de majorité stable gouverne par décrets-lois puis les pleins pouvoirs en régime d’exception. Le
Reichstag est dissout puis avec l’appui des industriels et des banquiers, le président, le maréchal
Hindenburg fait appel à Hitler le 30 janvier 1933 pour former un gouvernement. Avec habileté, il fait
entrer des nationaux allemands et des conservateurs. C’est la fin légale de la République de Weimar.
La répression s’abat immédiatement sur les sociaux-démocrates et les communistes. Fin février, une
loi supprime les droits fondamentaux du citoyen. La terreur est institutionnalisée et le Reichstag
dissout. « La mise au pas « de la justice, de l’opinion publique, de l’administration et de la culture
est une rupture avec les principes démocratiques. Le mot d’ordre est « Ein Reich, ein Volk, ein
Führer ». Pourtant aux élections législatives de mars, les nazis n’obtiennent qu’une majorité
relative. Le peuple allemand n’a jamais accordé à Hitler la majorité absolue dans des élections libres.
Arrestations et internements arbitraires dans les camps de concentration de Dachau et Oranienburg
construits dès cette date, sont des instruments de la terreur, destinés à briser la volonté des
adversaires politiques et contrer leur réorganisation. Les 500 000 Juifs qui vivent en Allemagne se
voient éliminés de la vie économique puis victimes de persécutions. Les lois de Nuremberg de 1935
puis le pogrom de novembre 1938 (dit par les nazis « nuit de cristal ») rendent la vie impossible aux
Juifs qui émigrent massivement. Le 3ème Reich est dès ses débuts une dictature.
3
Des Allemands contre le nazisme
Les opposants agissent dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir dans des conditions dramatiques à cause de
l’adhésion de l’ensemble du peuple au nazisme et de la dureté de la répression. L’élimination
physique d’opposants politiques est non seulement tolérée mais souvent voulue et approuvée La
population allemande se satisfait presque jusqu’à la fin de la guerre du régime nazi qui est une
« dictature avec le peuple ».
Pourtant la résistance a bel et bien existé. Des hommes et des femmes des ouvriers, des hommes
d’églises, des chrétiens (protestants, catholiques, Témoins de Jéhovah), des officiers, des hommes
politiques de la République de Weimar, des citoyens tentent à leur manière de lutter contre le
national-socialisme.
A la déclaration de Guerre en septembre 1939, les résistants sont considérés par les nazis euxmêmes et la majorité de la population comme des « traîtres à leur patrie ». Leur pays non occupé est
en guerre. Résister c’est donc trahir.
A la différence des résistances dans les pays d’Europe, il n’y a pas de maquis. Les résistants se
distinguent par la pluralité de leurs engagements, des objectifs et des formes ainsi que par sa durée :
six ans sous un régime de terreur absolu. La diffusion de tracts pour éveiller l’opinion, à l’exemple de
la Rote Kapelle, « l’Orchestre rouge », la protection des persécutés et des pourchassés sont autant
d’éléments identiques aux formes de résistance en France. La lutte armée s’exprime par la volonté
d’éliminer le Führer. Du 8 novembre 1939 à la grande conjuration du 20 juillet 1944, des tentatives
pour supprimer Hitler ont été organisées.
L’exil et la déportation des résistants allemands rendent encore plus difficile leur combat qui repose
sur des individus isolés et des jeunes. Ultra minoritaires, les résistants allemands ne bénéficieront
jamais de l’aide des Alliés. A la conférence alliée d’Anfa (banlieue de Casablanca janvier 1943),
Churchill et Roosevelt dans leur discours de clôture décident de combattre jusqu’à la capitulation
sans conditions de l’Allemagne nazie. Les résistants combattent donc jusqu’au sacrifice suprême.
Les conséquences sont bien évidemment dramatiques pour ceux qui « avec désespoir se sont
opposés à la tyrannie » pour reprendre les termes de Willy Brandt, lui-même résistant dans l’exil.
Ces femmes et ces hommes ont ainsi montré qu’il y avait une autre Allemagne que celle du nazisme.
Christine Levisse-Touzé
4
Le Mémorial de la Résistance allemande,
un travail de mémoire commencé dans les années 1950.
Le Mémorial de la Résistance allemande (Gedenkstätte Deutscher Widerstand) gère à
Berlin un ensemble de lieux de mémoire dédiés à ceux qui, en Allemagne, se sont opposés au
National Socialisme et l’ont dans leur très grande majorité payé de leur vie. Ces lieux
permettent d’aborder la résistance allemande dans toute sa pluralité. L’enjeu mémoriel est
important car ces femmes et ces hommes ont été arrêtés par la police, jugés et condamnés
pour trahison, entente avec l’ennemi, actes antipatriotiques dans une Allemagne largement
gagnée à l’idéologie nazie. Il s’agit donc d’un lieu de commémoration, d’éducation civique et
de réhabilitation de ces résistants qui ont lutté pour une autre Allemagne que celle du
nazisme.
Le lieu principal du mémorial, au sud du Tiergarten, se
situe à l’intérieur de l’ancien siège du commandement de la
Reichswehr, le complexe Bendlerblock, construit entre 1911
et 1914 pour l'office de la marine. La nouvelle direction
militaire du Reich s’installa dans le bâtiment à la fin de la
Première Guerre mondiale. Il devient le siège du hautcommandement de l’armée de Terre.
Le 20 juillet 1944, des officiers hauts gradés de la
Wehrmacht déclenchent l’opération Walkyrie pour éliminer
physiquement Hitler et instaurer un Etat de droit. Le coup
d’Etat doit mettre fin à la guerre, ainsi qu’à tous les crimes et
atrocités qui l’accompagnent. Le dictateur ne fut que
légèrement blessé par la bombe qui explosa dans son QG de
Prusse orientale. La SS et la Gestapo remontèrent
immédiatement le réseau et procédèrent à de nombreuses
arrestations, jugements devant le tribunal du peuple et
exécutions. Les instigateurs du complot, les officiers von
Stauffenberg, von Quirnheim (tous deux sur la photographie cicontre, source Gedenkstätte Deutscher Widerstand), Olbricht et von
Haeften furent fusillés dans la cour intérieure du Bendlerblock.
Dès les années 1950, alors que les Allemands doivent faire face
à leur passé nazi, à la prise de conscience du génocide juif, une
mémoire de la résistance allemande se développe. Le président de la
République fédérale, Ernst Reuter, inaugura le 20 juillet 1953, dans
cette même cour du Bendlerblock, la statue du sculpteur Scheibe
représentant un jeune homme aux mains liées. La cour devient le lieu
de la commémoration de la résistance contre le national socialisme.
A la même époque, plusieurs films sont tournés sur la
résistance allemande. Parmi eux, « Der 20. Juli », du metteur en
scène Falk Harnack. Le film commence en 1955 dans la cour du Bendlerblock, un couple
qui a pris part à la résistance se souvient de ceux qui sont morts.
5
Le maire de Berlin-Ouest, Franz
Amrehn, dévoila le 20 juillet 1962
une plaque commémorative avec
les noms des officiers fusillés. En
1980, une épitaphe rappelant le
sacrifice de ces hommes fut
inscrite au mur de la cour
intérieure :
« Hier im ehemaligen
Oberkommando des Heeres
organisierten Deutsche den
Versuch, am 20. Juli 1944 die
nationalsozialistische
Unrechtsherrschaft zu stürzen.
Dafür opferten sie ihr Leben ».
La cour du Bendlerblock, un lieu de
L’exposition permanente du musée de la résistance
mémoire.
allemande est en place depuis 1989 dans les locaux du
Bendlerblock, là où travaillaient ces officiers qui ont préparé
l’assassinat d’Hitler, là où ils ont été fusillés. Elle retrace la
tentative de coup d’Etat du 20 juillet 1944 ainsi que le parcours
d’un certain nombre de résistants dont les membres du groupe de
« la Rose blanche » ou Georg Elser (photographie ci-contre),
présentés dans l’exposition.
A Berlin, les lieux de mémoire de la persécution nazie, les
lieux de mémoire des victimes et ceux de la résistance
allemande s’enchevêtrent et parfois se superposent.
Le musée du Bendlerblock se trouve à l’immédiate proximité
du numéro 4 de la Tiergartenstrasse, qui donna son nom au
programme nazi d’assassinat des personnes handicapées,
l’opération T4. Un mémorial* pour ces victimes, y a été inauguré
en septembre 2014 (Photographie ci-contre). La villa du numéro 4
de la Tiergartenstrasse a abrité de janvier 1940 à août 1941 le
centre de planification de l’extermination et de la stérilisation
des personnes handicapées. Environ 70 000 personnes ont été
assassinées dans les 6 centres d’exécution prévus à cet effet.
*Il est rattaché à la Fondation Mémorial des Juifs assassinés
d’Europe et ne dépend donc pas du mémorial de la résistance
allemande.
6
Ci-contre : La salle d’exécution de
Plötzensee, source Gedenkstätte.
Le mémorial de la résistance
allemande comprend également le
site de l’ancienne prison de
Plötzensee, dans le quartier de
Charlottenburg. C’était le lieu
d’exécution
des
Allemands
condamnés pour trahison. Près de
3000 personnes ont été victimes de
la justice nazie dont une forte
proportion de Résistants au nazisme
allemands et étrangers (245
Français) ; parmi eux Hanno Günther, Elise et Otto Hampel, Helmuth Hübener, Liane
Berkowitz, Judith Auer, Eva-Maria Buch, de jeunes allemands présentés dans l’exposition.
Il gère enfin l’atelier pour aveugles d’Otto Weidt, devenu un musée. Otto Weidt dirigeait un
atelier de fabrication de balais et de brosses, au 39 Rosenthaler Strasse, dans le quartier juif de
Berlin. Son atelier était classé wehrwichtiger Betrieb, entreprise importante pour l'effort
militaire, car il vendait l'essentiel de sa production à la Wehrmacht. La plupart des
collaborateurs, mal-voyants ou sourds-muets, étaient juifs. Weidt leur évita la déportation en
leur procurant de faux papiers et en achetant
certaines complicités. Il a également caché
pendant neuf mois une famille entière dans une
pièce au fond de l'atelier aujourd'hui devenu
lieu de mémoire. Après la guerre, Otto Weidt a
déployé son énergie pour faire construire un
orphelinat et une maison pour personnes âgées
afin d'y accueillir les survivants des camps de
concentration. Environ 160 000 juifs allemands
ont été assassinés pendant la guerre.
L’atelier d’Otto Weidt souligne le fait que
résister, pouvait, en Allemagne plus qu’ailleurs,
passer par la protection d’une population juive menacée de
Ci-dessus : Ouvriers dans l’atelier
déportation et d’extermination. Des Allemands ont également
pour aveugles d’Otto Weidt.
caché des objecteurs de conscience, ceux qui refusaient au péril
de leur vie, de partir au combat. Le mémorial Stille Helden
(Héros de l’ombre), géré par la Gedenkstätte Deutscher Widerstand, rend hommage à ces
Allemands qui ont sauvé des vies juives.
7
Résister dans Berlin : un parcours dans la ville.
Mémorial de
Plötzensee.
Quartier des époux Hampel, dans lequel ils
ont déposé la majeure partie des cartes
postales appelant les Berlinois à la révolte.
Liane Berkowitz colle le soir du
17 mai 1942 une centaine
d'affiches entre Kurfürstendamm
et la Uhlandstraße à Berlin. Sur
ces affiches on pouvait lire :
« Exposition permanente - Le
paradis nazi - Guerre - Faim Mensonge - Gestapo - Combien
8
de temps
encore ? ».
Mémorial de la résistance
allemande dans le Bendlerblock.
Mémorial Stille Helden
(Des héros de l’ombre) :
dédié aux Justes qui ont
protégé la population juive
des persécutions nazies.
Musée-atelier pour aveugles
d’Otto Weidt.
Type de lieu
Adresse
Type de résistance
associé à ce lieu.
Dispositif
commémoratif mis
en place.
Plaque apposée sur le mur de
l’habitation des époux Hampel.
Die Enthüllung der Berliner Gedenktafel war am 8. April 1989 durch Bezirksbürgermeister
Jörg-Otto Spiller.
"Vom Sommer 1940 bis zu ihrer Verhaftung Ende 1942 verfassen Otto und Elise Hampel
mehr als 200 handschriftliche Flugzettel und legen diese (am Wedding, im Bereich des
Schlesischen Tores, um den Nollendorfplatz und in Charlottenburg) in Briefkästen und
Treppenhäusern aus. (... Sie) fordern darin auf, sich nicht an den Straßensammlungen der
Nationalsozialisten zu beteiligen, die Teilnahme am Krieg zu verweigern und Hitler zu
stürzen. Vor der Polizei erklärt Otto Hampel, 'glücklich bei dem Gedanken' gewesen zu sein,
gegen Hitler und sein Regime protestieren zu können." (aus einem Informationsblatt der
Gedenkstätte Deutscher Widerstand).
9
Dix jeunes Allemands contre le nazisme.
Georg Elser :
« A travers mon acte, je voulais empêcher un bain de sang encore plus grand ».
Georg Elser,
novembre 1939.
Extrait du Lexikon des
Widerstandes (1933-1945), sous
la direction de Peter Steinbach et
Johannes Tuchel
Hanno Günther :
« Nous voulons une paix juste et par
là même durable ! Nous voulons la
liberté d’expression et de croyance !
Nous voulons la liberté du travail !
Nous voulons empêcher les guerres
à venir… ! Nous voulons la création
d’une véritable représentation
populaire !!! »
Extrait du troisième tract de la série
« La libre parole », septembre 1940
10
Extrait du Lexikon des
Widerstandes (1933-1945), sous
la direction de Peter Steinbach et
Johannes Tuchel
Walter Klingenbeck :
« Cher Jonny,
Tout à l’heure, j’ai appris que t’as été gracié. J’te
félicite !
De mon côté, ma requête a été rejetée. C’en est
donc fi ni. Ne l’prends pas au tragique. Tu t’en es
tiré. C’est déjà beaucoup.
Je viens de recevoir les sacrements et maintenant, je
suis très serein. Si tu veux faire quelque chose pour
moi, dis quelques Notre Père. Adieu. Walter »
Dernière lettre, avant son exécution,
de Walter Klingenbeck à Hans Haberl, août 1943
Extrait du Lexikon
des Widerstandes
(1933-1945), sous
la direction de
Peter Steinbach et
Johannes Tuchel
Elise et Otto Hampel :
« Pour servir la justice, il n’y
a qu’une solution : abattons
le crapuleux régime
hitlérien ! Il sème le
malheur, la misère et la
mort. Jamais il n’apportera
la paix. »
Carte postale des époux
Hampel, vers 1941
Otto et Elise Hampel.
Robert Limpert :
« Toutes les villes qui ont résisté ont été détruites
à l’arme à feu
pour finir par être conquises ! … Quand les chars
viendront : Sortez les drapeaux blancs ! Que
personne ne résiste ! Mort aux bourreaux nazis ! »
Extrait du tract de Robert Limpert, printemps
1945
11
Robert Limpert.
Photo : Gedenkstätte deutscherWiderstand.
Helmuth Hübener :
« Ne vous laissez pas
priver
de votre libre arbitre,
le bien le plus précieux
que vous possédiez. »
Extrait du tract
« jeunesses
hitlériennes », hiver
1941.
Extrait du Lexikon
des Widerstandes
(1933-1945), sous
la direction de
Peter Steinbach et
Johannes Tuchel
Hans et Sophie Scholl :
« …qui de nous devine l’ampleur de l’opprobre qui s’abattra sur nous-mêmes et sur nos enfants
lorsque tombera le voile qui recouvre nos yeux et lorsque les crimes les plus horribles, infiniment
au-delà de toute mesure, s’étaleront au grand jour ? »
Extrait du premier tract de la Rose blanche, juin 1942
Extrait du Lexikon des Widerstandes
(1933-1945), sous la direction de Peter
Steinbach et Johannes Tuchel
12
Liane Berkowitz :
« Quand on songe à notre jeune âge, on ne
peut pas croire à la mort. Tout cela me fait
simplement l’effet d’un mauvais rêve dont
je ne pourrai que me réveiller d’un instant à
l’autre. Malheureusement, c’est la triste
réalité. Dans le passé, jamais je n’ai cru que
la vie puisse être aussi dure. »
Liane Berkowitz, février 1943
Liane Berkowitz
Photo: Gedenkst
ätte Deutscher
Widerstand
Judith Auer :
« J’estimais devoir oeuvrer à
l’élimination du régime actuel en
Allemagne… »
Extrait du procès-verbal
d’interrogatoire, juillet 1944
Extrait du Lexikon des
Widerstandes (1933-1945), sous
la direction de Peter Steinbach et
Johannes Tuchel
Eva Maria Buch :
« Mes chers parents, dire que je n’aurais pas
réussi à vous épargner à tous les deux le pire
des chagrins ! Mais tout est bien ainsi, tel
que cela s’est passé. J’étais si affreusement
partagée ; les événements de ces derniers
mois ont apporté l’ultime solution.
Désormais, tout est calme et joie. »
Extrait de la lettre d’adieu adressée à ses
parents le jour de son exécution, le 5 août
1943
13
Eva maria Buch
Photo : Gedenkstätte
Deutsch Wiederstand.
Une grille de lecture des biographies à proposer aux élèves.
Georg
Elser
Que pouvaient-ils faire ?
Hanno
Walter
Günther
Klingenbeck.
Elise Hampel.
Hans et Sophie
Scholl.
Age des
résistants et lieu
où leur action
de résistance
s’est déroulée.
Groupe social
auquel ils
appartiennent.
Idéologie ou
croyance
religieuse dont
ils se réclament.
Type d’action
de résistance.
Mode d’action
(solitaire ou au
sein d’un
groupe de
résistance).
Liane
Berkowitz
Age des
résistants et lieu
où leur action
de résistance
s’est déroulée.
Groupe social
auquel ils
appartiennent.
Idéologie ou
croyance
religieuse dont
ils se réclament.
Type d’action
de résistance.
Mode d’action
(solitaire ou au
sein d’un
groupe de
résistance).
14
Judith Auer
Que pouvaient-ils faire ?
Eva-Maria
Helmuth
Buch
Hübener
Robert Limpert
Des œuvre pour prolonger la visite :

« Seul dans Berlin », “Jeder stirbt für sich allein“, roman allemand de
Hans Fallada, 1947, Allemagne.
« Seul dans Berlin », publié en 1947, est le dernier roman de Hans Fallada, de son vrai
nom Rudolf Ditzen. Il suit une série d’individus habitant le même immeuble au 55 de la rue
Jablonsky à Berlin. La famille Persicke dont les fils appartiennent aux Jeunesses hitlériennes,
fait régner la peur et la violence dans l’immeuble. Un juge à la retraite qui voit les principes
qu’il a toujours défendus être bafoués par le régime nazi. Une femme juive dont le mari est
interné en camp de concentration. Un petit trafiquant prêt à toutes les compromissions avec le
régime pour s’enrichir.
Il y a au centre du roman le couple Quangel. Hans Fallada s’est inspiré de l’histoire
vraie d’Elise et Otto Hampel. Le couple présenté dans l’exposition, fut exécuté le 8 avril 1943
sur le site d’exécution de Plötzensee pour des actes de résistance. Son dossier à la Gestapo fut
transmis à Hans Fallada après la guerre. Ces ouvriers simples et taiseux confrontés à la perte
de leur fils mort au combat, au spectacle de la violence quotidienne dans leur immeuble, à
l’injustice sur leur lieu de travail, se lancent dans un acte de résistance solitaire. Ils écrivent
des cartes postales hostiles au pouvoir, qu'ils déposent un peu partout dans Berlin, en espérant
que d'autres feront de même, et que la population finisse par se soulever contre Hitler.
Le roman suit pas à pas l’entreprise des Quangel, ainsi que les agissement des
différents habitants de l’immeuble, entre peur, lâcheté, arrivisme, violence, conscience
morale, héroïsme désespéré… Il pose la question de ce que l’individu est capable de faire, de
la manière dont il est capable de se comporter dans un contexte où les valeurs sont inversées
ou la violence la plus brutale domine.
Publié en 1947 en Allemagne de l’Est, le roman est passé totalement inaperçu parmi la
multitude d'ouvrages sur la guerre. Réédité au début des années 2000, il rencontre un
immense succès et est traduit dans de nombreuses
langues.
Primo Levi disait de Seul dans Berlin, qu'il était l'un
des rares textes à « faire comprendre ce qu'était
l'Allemagne de l'époque ».
 « Elser, un héros ordinaire »,
film allemand (« Elser ») réalisé par Oliver
Hirschbiegel, 2015.
Critique parue dans Télérama ci-dessous :
Qu'est-ce qu'il a dans la tête ? Quand ils arrêtent
Georg Elser, le 8 novembre 1939 à Munich, les
hommes de la Gestapo le regardent avec perplexité :
ce menuisier allemand de 36 ans vient de commettre
un attentat à la bombe contre Hitler, qui n'en a
15
réchappé que de justesse. Plus ils le torturent, moins les nazis le comprennent : pas de
complices, pas d'alliés communistes, pas de groupe terroriste derrière lui. Tout le pays
applaudit son Führer et un homme surgi de nulle part viendrait, seul, jouer une méchante
fausse note ? Elser semble un mystère...
Dix ans après La Chute, où était décrite la fin du IIIe Reich, le cinéaste revient à un sujet
historique, avec une approche plus complexe. Au-delà de la reconstitution, qu'il assure une
fois de plus avec professionnalisme et conviction, il montre comment peut s'affirmer, chez un
homme à l'existence ordinaire, la volonté obstinée de défendre des valeurs, au risque de
changer le cours des événements. Le scénario est un peu trop mécanique, suite d'allers-retours
entre les séances d'interrogatoire et le passé d'Elser — un homme libre, amoureux de la vie et
des femmes. Ce portrait passionnant est vivifié par Christian Friedel, qui impressionnait déjà
en Heinrich von Kleist dans Amour fou, de Jessica Hausner. Il met sa belle singularité au
service de son personnage, qu'il campe en homme généreux et inquiet, sensible et pourtant
inébranlable. Son interprétation est aussi émouvante qu'éclairante.
— Frédéric Strauss

« Zeit zu leben und Zeit zu sterben » (« L’île d’espérance”), d’Erich Maria
Remarque, roman allemand de 1954.

« A time to love and a time to die » de Douglas Sirk, film américain de 1958.
Il est possible pour des professeurs d’allemand et d’anglais de mener une étude croisée
du roman et du film en interdisciplinarité.
Le roman d’Erich Maria Remarque est paru en Allemagne en 1954, dans une version
tronquée qui adoucit la violence de la charge envers la société allemande. Le romancier est
naturalisé américain depuis 1947. Il a été déchu par les Nazis de sa nationalité allemande en
1938. Son livre le plus célèbre, « À l'Ouest, rien de nouveau » (Im Westen nichts Neues),
roman pacifiste sur la Première Guerre mondiale, fut brûlé lors des autodafés de 1933 en
Allemagne.
L’action du roman se situe en Allemagne en 1944, alors
que le pays voit la défaite militaire approcher. Un soldat
allemand, Ernst Graeber, quitte le Front germano-russe pour
quelques jours de permission. Il découvre que sa maison est détruite
et que ses parents ont disparu. Il revoit une amie d'enfance,
Elizabeth Krause, dont le père est en camp de concentration, et
retrouve Oscar Binding, un camarade devenu chef de district du
parti nazi qui tente de l'aider à obtenir des nouvelles de ses parents.
Le roman engage une réflexion pacifiste sur le poids de la
culpabilité et la responsabilité individuelle dans le contexte
d’enracinement de la dictature nazie et de la guerre génocidaire
menée sur le front est.
Dans l’extrait du roman, ci-dessous, Ernst recherche
conseil auprès de son ancien professeur Pohlmann maintenant
proscrit et qui se cache dans une maison à moitié effondrée. Il
cherche une réponse à ses questions sur la responsabilité des crimes de l'armée allemande.
16
Extrait :
Pohlmann regarda la lumière verte et douce de la lampe: "pourquoi êtes vous venu me voir,
Gräber?
"Fresenburg m'a dit que je devais aller vous voir"
"Vous le connaissez bien?"
"C'était la seule personne à qui je faisais vraiment confiance là bas (le mot allemand est
draussen-dehors, au front). Il m'a dit que je devrais aller vous voir et vous parler. Vous me
diriez la vérité"
"La vérité? Sur quoi?"
Gräber regarda le vieil homme. Un instant, il eut le sentiment d'être à nouveau un écolier
interrogé sur sa vie-comme si son destin devait se décider maintenant...
"Je voudrais savoir dans quelle mesure je suis impliqué dans les crimes des 10 dernières
années. "dit-il. "Et je voudrais savoir ce que je dois faire...."
"Quand vous parlez de crimes, pensez-vous à la guerre?"
"Je pense à tout ce qui y a conduit. Les mensonges, l'oppression, l’injustice, la violence. Et je
pense à la guerre, la guerre telle que nous la menons avec des camps d’esclaves, des camps
de concentration et des exécutions massives de civils."
"Vous savez tout cela?"
"Je le sais maintenant. Je ne l'ai pas toujours su."
"Et vous devez y retourner?"
"Oui"
"C'est épouvantable."
"C'est encore plus épouvantable de devoir y retourner en sachant cela et ainsi de devenir
complice. Le serai-je?...Dans quelle mesure suis-je complice, si je sais que non seulement la
guerre est perdue mais qu'en plus elle doit être perdue pour que s'arrêtent l'esclavage, les
meurtres, les camps, la SS , le SD, l'extermination de masse et la barbarie- si je sais cela, et
que j'y retourne dans deux semaines reprendre le combat?..".
" La culpabilité", dit Pohlmann doucement," personne ne sait où elle commence et où elle
finit. Si vous le voulez elle peut commencer partout et se finir nulle part. Ou c'est peut être
l'inverse. Et la complicité. Qui le sait? Seulement Dieu;"
Gräber fit un geste d'impatience.
"A quel moment commence la responsabilité personnelle?...nous ne pouvons pas nous cacher
derrière le fait que nous agissons sur ordre."
"C'est la contrainte pas seulement l'ordre."
"Quand commence la complicité? Quand ce que l'on appelle héroïsme devient-il meurtre?
quand on ne croit plus à ses justifications? ou à son but? où est la limite?"
Pohlmann le regarda d'un air torturé.
"Comment puis-je vous le dire? C'est une trop grande responsabilité. Je ne peux pas décider
à votre place"
"Il faut que chacun décide seul?
"Je le crois oui. Que peut-il y avoir d'autre? "
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Le film de D. Sirk, « A time to love and a time to die », parmi les plus beaux
mélodrames hollywoodiens est une adaptation du roman d’Erich Maria Remarque.
Ci-dessous, critique parue dans les
Inrockuptibles, novembre 1998, par Serge Kaganski.
« En l958, à l’apogée de sa carrière, Douglas Sirk
réalisait Le Temps d’aimer et le temps de mourir, élégie
douloureuse dédiée à son pays d’origine, l’Allemagne. A
la fois mélodrame d’une rare élégance et film de guerre
déchirant, cette œuvre sublime n’a pas pris une ride ».
Affiche du film, 1958.
(…) « Durant cette courte mais intense période, Graeber
va découvrir progressivement le “front intérieur”, la
cruauté et l’absurdité destructrice de la guerre,
l’idéologie criminelle et les mensonges du régime nazi,
ainsi que la naissance d’un amour précaire avec une
amie d’enfance (Liselotte Pulver), fille d’un médecin
résistant. (…) L’intense beauté du Temps d’aimer, n’est pas simplement visuelle mais tient
aussi à sa complexité psychologique, à sa subtilité idéologique. La finesse politique et
historique de Sirk était d’une modernité stupéfiante pour l’époque et contribue largement au
fait que le film n’a pas pris une ride. Car le cinéaste avait pris soin de distinguer dans un
premier temps b Allemands et nazis (en 58, c’était moins évident qu’aujourd’hui), puis
ensuite les différents niveaux de responsabilité et de prise de conscience en chaque Allemand.
Les séquences du front russe montrent ainsi les réactions contrastées des soldats delà
Wehrmacht lors d’une fusillade de partisans, depuis le nationalisme belliciste viscéral
jusqu’au dégoût irrépressible de devoir tuer un homme.
Ces séquences semblent prémonitoires de l’école historique de Raul Hilberg, et notamment de
l’ouvrage de son disciple, Christopher Browning, analysant en détail les comportements
variés des soldats d’un bataillon allemand sur le front Est. Au cours de sa permission, Graeber
rencontrera pareil échantillonnage allemand, du SS fanatisé au médiocre devenu nazi par pur
intérêt, du Juif fataliste au professeur résistant (joué par Erich Maria Remarque, l’auteur du
roman dont est tiré le film). Discutant avec un ancien camarade de lycée devenu nazi par
lâcheté et cupidité, Graeber finit par exploser et par lui poser la question de la désobéissance
aux ordres, de la, responsabilité individuelle et morale: cette question sera au centre de tous
les procès d’anciens nazis ou collaborateurs qui auront lieu dans les années suivant ce film.
Quand le Juif Joseph, caché dans une cathédrale en ruines, énonce calmement son amour de
l’Allemagne “d’avant”, celle de Goethe et de Schiller, la scène est l’une des plus
bouleversantes d’un film qui n’en manque pas et résume le clivage majeur de son auteur.
Comme son personnage, Sirk reste amoureux de l’Allemagne de la culture et de l’intelligence
et déplore douloureusement ce que les nazis ont fait de ce pays: un univers de mort et de
désolation, complètement déserté par “les dieux” et par la pensée. Symptomatiquement, le
résistant se terre dans les décombres d’un musée et Joseph dans les ruines d’une cathédrale.
Pourtant, à l’époque, certaines voix s’étaient élevées contre le film, reprochant à Sirk de n’être
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pas assez ferme et virulent dans sa dénonciation du nazisme. Dans son livre d’entretiens avec
Jon Halliday (Conversation avec D.S., Cahiers du cinéma), Sirk avait cette réponse
magnifique : « J’aurais dû couper les passages les plus explicitement anti-nazis pour que le
film soit encore plus anti-nazi, car moins est souvent plus fort que plus.» Cette morale
esthétique trouve un écho sublime dans une autre scène inoubliable du film : alors qu’un
personnage demande à Graeber pourquoi il ne hurle pas devant le désastre, celui-ci réplique
“Si, je hurle, mais vous ne m’entendez pas.” C’est là toute la tenue, toute l’élégance et toute la
dignité du Temps d’aimer : un film qui parle du courage et de la lâcheté, qui dit la laideur et la
beauté des hommes, la précarité de l’amour et l’omniprésence de la mort, qui montre
l’Allemagne de Rilke écrasée mais résistant encore sous celle d’Hitler, un film qui s’indigne à
Voix basse, qui hurle en silence la souffrance d’être allemand après Auschwitz.
 « La Rose blanche,
Six Allemands contre le
nazisme », de Inge Scholl, 1953.
Inge Scholl, soeur de Hans et
Sophie Scholl, raconte leur histoire
ainsi que celle du groupe de résistance
dit de « La Rose blanche » : l'enfance
en Bavière dans une famille
protestante, l'entrée dans la Jeunesse
hitlérienne, puis, peu à peu, la
découverte de la réalité nazie et enfin
la résistance contre leur propre pays en
guerre. Le récit d’Inge Scholl aborde
Timbre est allemand de 1961.
l’éveil à la conscience politique, l’attachement aux
valeurs morales et le difficile passage à l’action résistante
dans l’Allemagne nazie.
Le point de vue de ces jeunes allemands est particulièrement intéressant parce qu’ils
ont été acteurs et témoins du nazisme et de ses conséquences. Ils ont appartenu aux jeunesses
hitlériennes avant de prendre leurs distances. Hans Scholl et son ami Alexander Schmorell
sont étudiants en médecine, et sont incorporés dans la Wehrmacht au rang de Maréchal des
logis. Ils passent trois mois sur le front russe et assistent aux atrocités commises par les
soldats allemands envers les populations locales. Leur entrée en résistance est donc une
conséquence de ce qu’ils ont entendu, de ce qu’ils ont vu, ainsi que de leur foi chrétienne et
de leur fréquentation des cercles protestants de la ville de Munich.
Le témoignage d’Inge Scholl a largement contribué à faire de Hans et Sophie, du
groupe de la « Rose blanche » des symboles de la résistance allemande au nazisme et plus
largement du sacrifice de la jeunesse pour des idées et des principes.
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Des documents
à utiliser en
classe.
Tract de Helmuth
Hübener,
« Jeunesses
hitlériennes, hiver
1941.
Carte postale des époux Hampel,
vers 1941. Les Hampel y exortent les
« Allemands raisonnables » à
rejoindre la lutte contre Hitler.
Document extrait de l’exposition
« Que pouvaient-ils faire ? »
20
Tract de Robert Limpert,
printemps 1945.
21
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