Apports de la spéciation biologique
en
dosimetrie interne
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distribution des éléments peut conduire
à
une accumulation homogène (cas du cé-
sium par exemple) ou, au contraire, très hétérogène. Ce dernier cas, qui correspond
a
un dépôt localisé du radionucléide dans certaines structures cellulaires, conduit loca-
lement
à
des dépôts d'energie beaucoup plus élevés que lorsque les éléments diffu-
sent dans la cellule. Cette localisation préférentielle de certains radionucléides au ni-
veau des organites cellulaires est très mal connue et conduit probablement
à
une
large sous-estimation des doses reçues par les cellules. L'identification des sites de
dépôt des radionucléides est indispensable pour calculer ces doses avec précision.
Trois outils analytiques sont aujourd'hui utilisés pour décrire le comportement
d'un radionucléide au sein des tissus.
L'histo-autoradiographie,
la microanalyse
élé-
mentaire et la biochimie permettent de définir les sites de stockage des éléments et
fournissent des résultats tout
à
fait complémentaires. Au cours de récentes études,
une approche biochimique a été développée permettant de décrire les processus de
transfert du neptunium au niveau des trois principaux organes cibles, le sang, le foie
et le squelette
[6-81.
Ces expérimentations ont consisté en l'administration du radio-
nucléide chez des rats et en un suivi des sites de dépôt en fonction du temps et de la
forme chimique initiale administrée. Les résultats ont permis de montrer que, dans
le foie, le radionucléide n'était pas diffus dans les cellules, mais concentré dans les
noyaux cellulaires et au niveau du cytosol (compartiment soluble de la cellule). Une
analyse plus approfondie
à
permis de montrer que le radionucléide était distribué
pour moitié sur des protéines de la matrice nucléaire, fortement liées
à
l'ADN et sur
deux protéines cytosoliques dont l'une
à
été
identifiée comme étant la transferrine
[SI.
Au cours du temps, le Np cytosolique semble se dégager progressivement d'une
des protéines cytosoliques pour se fixer quasi-exclusivement sur la ferritine, qui sert
également de site de stockage pour le fer
191.
Au
niveau sanguin, le transférrine, qui
est la protéine de transport du fer dans le sang, est responsable de la fixation puis de
la distribution du radioélément dans les tissus cibles (foie et os)
[8].
Au niveau os-
seux. le Np semble se fixer avec une très grande affinité sur des protéines collagéni-
ques et sur d'autres protéines non encore identifiées
[6].
Ces résultats constituent une première approche permettant d'identifier les molé-
cules biologiques impliquées dans les transferts tissulaires et intracellulaires des ra-
dionucléides. Ils sont capitaux pour la compréhension des biocinétiques des radio-
nucléides en général et, surtout, pour la détermination de la dose reçue par les cellu-
les contaminées. Dans le cas précis du neptunium, l'accumulation intranucléaire du
radionucléide entraîne des doses importantes au niveau de l'ADN des cellules hépa-