Pratique infirmière Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Infirmier(e) en service d’endoscopie L’endoscopie est une méthode diagnostique et/ou thérapeutique regroupant tous les examens pratiqués sous contrôle direct de la vue au moyen d’un système optique lumineux intégré : l’endoscope. Le rôle de l’infirmier(e) lors d’une endoscopie ne saurait se limiter à sa seule présence en salle au cours DANIELLE LELEU, des examens pratiqués. Il regroupe diverses activités primordiales dont Infirmière IGR, Villejuif certaines sont régies par la législation. L’information Activités pré-endoscopiques Une information éclairée du patient est une obligation médico-légale. - évaluer ses connaissances par rapport à l’examen ; - évaluer son niveau d’anxiété, l’inviter à exprimer ses inquiétudes, ses angoisses ; - l’inviter à parler des symptômes l’amenant à subir cet examen ; - lui faire part de la disponibilité de l’équipe à écouter, à répondre à ses questions ; - lui expliquer le déroulement de l’acte ; - vérifier qu’il est à jeun, et qu’il n’a pas de prothèse dentaire ; - s’informer sur les traitements en cours pouvant présenter une contre-indication à l’examen (anticoagulants…); - évaluer la douleur, les déficits physiques ; - expliquer, à sa demande, les procédures de désinfection des appareils ; - répondre à ses questions. L’infirmier(e) travaille en collaboration avec divers secrétariats, avec plusieurs médecins. - gestion, prise des rendez-vous, participation à l’élaboration des programmes, lecture des dossiers ; - gestion des salles d’examens : préparation du matériel d’endoscopie, ouverture des salles ; - prise en charge des patients avant l’examen. L’accueil Le bon déroulement de l’acte endoscopique dépend de la qualité de l’accueil, qui doit se faire dans un lieu calme et agréable, et de l’information donnée. Quelques règles sont incontournables : - accueillir le patient en venant à lui, sans « crier » son nom depuis une porte ; - l’accueillir dans le temps : une trop longue attente augmente le stress, un éventuel retard du médecin peut devenir un bénéfice, puisque l’infirmier(e) va disposer d’un temps plus long pour l’informer avant l’examen ; - se présenter à lui ; - proposer à l’accompagnant de rester avec lui ; - l’accompagner jusqu’au box d’examen, l’aider à s’installer, ce qui contribue déjà à créer un climat de confiance. Bulletin Infirmier du Cancer L’installation Elle est primordiale au bon déroulement de l’examen et doit tenir compte du niveau de douleur du patient, de son déficit en mobilité possible, de la position adaptée pour l’examen. 16 Vol.2-n°1-janvier-février-mars 2002 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Pratique infirmière - préserver sa pudeur : enlever discrètement sa prothèse dentaire, dans le box d’examen, la mettre dans un gobelet rempli d’antiseptique, casaque d’examen fermée pour le passage du box de déshabillage à la salle d’examen ; - s’assurer de son confort : l’aider à prendre place sur la table, prévoir un drap pour le couvrir sur la table d’examen ; - fibroscopie gastrique : décubitus latéral gauche, alèze autour du cou ; - coloscopie : décubitus latéral gauche, alèze sous le siège ; - fibroscopie bronchique : position assise ou semiassise, alèze autour du cou, saturomètre installé. tuellement introduit par une narine, la bouche sera utilisée en cas d’obstacle, de déviation de la cloison nasale. Pour tous ces appareils, il existe : - un système optique, de moins en moins utilisé car il ne permet qu’au médecin de suivre la progression de l’appareil ; - un système de vidéo-caméra, permettant à tous de suivre la progression de l’appareil sur un écran, de prendre des clichés photographiques, voire un enregistrement sur cassette vidéo. - l’écho-endoscope peut être utilisé par voie haute pour visualiser l’œsophage, par voie basse pour visualiser le rectum. Il permet d’obtenir une image endoscopique associée à une image échographique grâce à un système de connexion double (source lumineuse et échographie) Soins pré-endoscopiques L’anesthésie locorégionale est différente selon l’examen réalisé et dépend d’un protocole médical préétabli : - fibroscopie gastrique : Xylocaïne® spray ou Xylocaïne® visqueuse - coloscopie : Xylocaïne® gel au niveau de l’anus si douleur - fibroscopie bronchique : protocole appliqué uniquement en présence d’un médecin. L’infirmier(e) est tenu(e) de rester auprès du patient dès que l’anesthésie locale, qui peut être génératrice d’angoisse (sensation d’étouffement possible), est commencée. Prise en charge du patient pendant l’examen Deux infirmier(e)s sont indispensables ici. Un infirmier(e) se place face au patient, à côté du médecin afin : - de rassurer, de surveiller les réactions du patient pendant l’examen ; - de prévenir le médecin de toute modification de comportement du patient (sueurs, pâleur, douleur, tachycardie, fourmillements…) ; - de servir le médecin ; - de réaliser les différents actes perendoscopiques telles les biopsies… Un(e) infirmier(e) se place à l’arrière du patient afin de tenir son protège-dents au cours de la fibroscopie gastrique, maintenir son visage en bonne position au cours d’une fibroscopie bronchique. Son rôle est primordial afin de rassurer le patient en lui parlant calmement, voire en utilisant une méthode de relaxation, en lui expliquant le déroulement de l’acte au fur et à mesure. L’idéal est que le calme soit respecté : pas de va et vient de personnel, portes fermées, pas de conversations entre membres de l’équipe sans rapport avec l’acte en cours, éviter les commentaires concernant l’acte en cours, éviter les sonneries de téléphone… En cours d’examen, les rôles infirmiers sont donc : - installation de l’endoscope choisi par le médecin ; - vérification du bon fonctionnement de l’endoscope (insufflation, aspiration, béquillage, netteté de l’optique) ; - enregistrement de l’identité du patient ; Le matériel endoscopique digestif et bronchique • Endoscopies digestives hautes. Le médecin utilisera un fibroscope gastrique, ou gastroscope, dont le diamètre est variable selon l’âge et la pathologie du patient. Ce fibroscope est introduit par voie buccale, dans la lumière d’un petit appareil placé dans la bouche du patient, nommé « cale-dents » • Endoscopies digestives basses. Le médecin utilisera un coloscope, dont la longueur est variable selon la distance à explorer et la pathologie du patient. Le coloscope court est utilisé pour explorer le rectum et le sigmoïde (rectosigmoïdoscopie). Le coloscope long explore le côlon dans sa totalité, jusqu’à la valvule iléo-caecale. L’appareil est introduit par l’anus. . Endoscopies bronchiques. Le bronchoscope explore les cordes vocales, la trachée, les bronches. Il est habiBulletin Infirmier du Cancer 17 Vol.2-n°1-janvier-février-mars 2002 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017. Pratique infirmière - vérification du matériel vidéo ; - présentation de l’appareil au médecin en veillant à ne pas faire de « boucles », aussi bien au niveau distal que proximal, ce qui risquerait de l’endommager et de réduire sa longueur ; - aide à la lubrification de l’appareil ; - au cours d’une coloscopie, l’infirmier(e) procède à la compression manuelle de l’abdomen permettant d’éviter la formation de boucles et de faciliter la progression du coloscope. L’utilisation de l’écran vidéo lui permet de juger de son efficacité. la zone de section. Le traitement hémostatique peut être effectué par injection de sérum adrénaliné, à l’aide d’une sonde bipolaire, ou de plasma Argon (coagulation de contact) (figure 2). - Les dilatations : œsophagiennes ou rectales. - La sclérose et la ligature de varices œsophagiennes. - La pose de prothèse œsophagiennes. - L’utilisation du laser : pour la vaporisation en profondeur, la destruction des tissus par électrons. Les activités post-endoscopiques Ces activités sont de tous ordres, et concernent les transmissions orales et écrites de l’acte effectué, la traçabilité des instruments utilisés, l’hygiène des salles d’examens, la désinfection des endoscopes, le traitement du matériel à stériliser, la gestion des stocks de matériel, la maintenance et le contrôle bactériologique du matériel. Après l’acte endoscopique : laisser le temps au patient de récupérer, de se détendre, lui permettre d’exprimer ce qu’il ressent, répondre à ses questions, lui réexpliquer les précautions à prendre après l’examen (à jeun pendant encore 1 demi-heure à 2 heures selon l’examen pratiqué), lui proposer une collation, lui conseiller un temps de repos suffisant avant de repartir, lui accorder un temps de conversation purement conviviale… Et, quel beau cadeau lorsqu’il repart avec le sourire en nous disant « à la prochaine », ou bien « j’aurais moins peur la prochaine fois ». L’infirmier(e) en service d’endoscopie a donc des rôles très variés, et toujours en rapport étroit avec la prise en charge du patient. Ces rôles peuvent l’amener à exercer, tant dans une unité de consultation qu’en bloc chirurgical pour les actes effectués sous anesthésie générale, ou en service d’hospitalisation (patient difficilement transportable, isolé pour aplasie médullaire…). En tant que professionnel de santé, l’infirmier(e) en service d’endoscopie se doit de maintenir ses connaissances à jour au moyen de lectures, de participations à des congrès, ainsi que de participer à la diffusion des connaissances auprès de ses collègues et étudiants en IFSI. ■ Activités perendoscopiques - Les biopsies (visée diagnostique). L’infirmier(e) présente la pince à biopsie au médecin, l’ouvre et la ferme selon ses demandes, et l’informe de la qualité des prélèvements effectués, en les recueillant immédiatement dans un flacon étiqueté prévu à cet effet. Si les biopsies sont étagées, l’infirmier(e) numérote les flacons et note chaque lieu de prélèvement. Les pinces à biopsies sont à usage unique, leur registre de traçabilité est tenu par l’infirmier(e). - La polypectomie. Elle permet la résection de polypes sessiles de moins de 5 mm (polypes pédiculisés) à l’aide de anses diathermiques qui sont de taille variable, de formes différentes, et éventuellement orientables. Lorsqu’une bonne préhension du polype est obtenue, on le résèque par endocoupe (alternance de coagulation-section). Il existe un risque hémorragique immédiat post-polypectomie, voire dans les 24 heures suivantes. Une hospitalisation pour surveillance est donc nécessaire. - La mucosectomie. Elle permet la résection de lésions planes ou sessiles de la muqueuse digestive. Les techniques sont variables selon la localisation. Au niveau colique, la plus simple consiste à décoller la lésion du plan profond par injection sous-muqueuse de sérum physiologique, à la saisir ensuite à l’aide d’une anse à griffes ou anse à dents. La section est ensuite obtenue par un courant de coupe. La coagulation est le plus souvent inutile. Les risques inhérents à cet acte sont la perforation de la muqueuse, l’hémorragie périphérique à Bulletin Infirmier du Cancer 18 Vol.2-n°1-janvier-février-mars 2002