CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
SCIENCE ET RELIGION,
UN ANTAGONISME IRRÉDUCTIBLE
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-339
SCIENCE ET RELIGION, UN ANTAGONISME IRRÉDUCTIBLE
Conférence d’Éric Lowen donnée le 18/05/2016
Pourquoi la religion et la science sont-elles en conflit ? Ce conflit est-il ponctuel, lié à telle ou
telle religion, ou bien un conflit structurel ? Est-il dépassable ou bien indépassable ? Comment
considérer les tentatives de conciliation entre science et religion ? Conférence par Eric Lowen
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SCIENCE ET RELIGION, UN ANTAGONISME IRRÉDUCTIBLE
PLAN DE LA CONFÉRENCE
Toute connaissance accessible doit être atteinte par des méthodes scientifiques ;
et ce que la science ne peut pas découvrir, l'humanité ne peut pas le connaître.
Bertrand Russell
Science et religion, 1961
I INTRODUCTION
1 - Le constat du conflit de la religion et la science au sens courant du terme
2 - Depuis trois siècles, tous les développements scientifiques sont venus réfuter les affirmations
religieuses
3 - Un conflit qui est né progressivement à partir du 17ème siècle, la date symbolique de 1633
4 - Ce conflit engendrera trois grands types de positionnement (ainsi que leurs intermédiaires) :
5 - Dans cette conférence, nous allons essayer d’examiner la nature de ce conflit et sa signification
II LES TENANTS D’UN FAUX CONFLIT
1 - Les tenants de la négation d’un conflit réel, des théories «concordistes»
2 - Ils peuvent être religieux, scientifiques religieux ou neutralistes
3 - Ils s’efforcent de conserver la science et la religion, au besoin par des redéfinitions et
des accommodements mutuels
4 - Pour eux, il n’y a pas de conflit en soi, mais des mauvais usages de la science ou de la religion
qui engendrent des conflits
5 - La principale théorisation de cela est la position galiléenne, de non-recouvrement
6 - Une théorie largement constituée par les deux partis, car une double légitimation
7 - Le non-couvrement des magistères - deux domaines différents entre science et religion
8 - Le conflit provient de la confusion entre les deux, de leur empiétement
9 - Cela obligera les religions qui adopteront cette position à une symbolisation des mythes religieux
10 - Les propositions scientifiques doivent rester compatibles avec toutes les croyances religieuses
non-empiétantes
11 - Une ligne de démarcation qui permet à la science et aux religions de «cohabiter» socialement
12 - Un statu quo poli, qui pacifie en apparence la situation et au bénéfice des religions
III DEUX ACTIVITÉS RADICALEMENT OPPOSÉES, LA SCIENCE EST ANTI-RELIGIEUSE
1 - La religion est une pensée totalitaire face à l’existence, la science est «seulement» un moyen de
connaissance
2 - Deux activités aux natures, pratiques et finalités radicalement différentes
- Deux origines opposés : faiblesse de l’esprit humain versus force de l’esprit humain
- Deux finalités opposés : connaissance de la réalité versus confirmation de la foi
- Deux visions du monde opposées : causalité naturelle immanente, causalité surnaturelle
transcendance
- Deux modes de penser opposés :
- logique versus analogie, rationalité versus symbolisme
- raison versus croyance
- objectivité versus subjectivité
- doute versus certitude
- connaissance limitée versus connaissance absolue
- Deux valeurs opposés : sens de la vérité versus vérité du sens
- Deux méthodologies opposés : méthode scientifique expérimentale versus foi
- Deux types de raisonnement opposés : non-apriori des affirmations scientifiques, apriori
des affirmations religieuses
- Deux statuts épistémologiques différents : faits réels versus récits religieux, réalités versus
histoires sacrées
- Deux attitudes opposées face à la question des preuves : la valeur des preuves versus la
valeur de l’absence de preuve (la foi)
- La science comme voie de connaissance, la religion comme connaissance de la voie/voix
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(révélée)
- La science a un réel pouvoir d’explication du monde, la religion n’a aucun pouvoir
d’explication du monde
- La reproductibilité des expériences scientifiques, la non-reproductibilité des expériences
religieuses
- La capacité de la science à se remettre en cause, l’incapacité des religions en la matière
- Le progrès de la science, le non progrès des religions (elles ne progressent pas)
- Unité de la science, irréconciliabilité des religions
3 - De ce fait, la science est anti-religieuse
IV L’ILLUSION DES DEUX MAGISTÈRES
1 - Il n’y a aucun élément objectif qui permette de valider le principe des deux magistères
2 - Il n’y aucune justification scientifique de la validité des crédos religieux
3 - Malgré des siècles de tentative de «preuve», le constat de l’infondation de toutes les religions
4 - L’inexistence du magistère des religions : ni réalité surnaturelle, ni réalité métaphysique
5 - Il ne s’agit pas de deux magistères, mais d’un seul - l’autre relève des croyances
5 - L’illusion de la distinction entre nature/surnaturel, monde physique et monde métaphysique
7 - La religion ne parle pas d’une autre réalité, mais d’une non-réalité
8 - Il n’y a pas de vérités «religieuses» et de l’autre des vérités «scientifiques», les vérités
religieuses sont nihilologiques
9 - La notion de déité n’est pas une découverte scientifique, mais une illusion anté-scientifique
10 - La science apporte aussi des réponses aux «pourquoi» des choses (mais les croyants ne
veulent pas les entendre)
11 - L’existence de questions métaphysiques ne légitiment pas la réalité ou l’utilité des religions
V NI COMPLÉMENTARITÉ, NI CONVERGENCE, NI DIALOGUE
1 - Il n’y a nulle complémentarité ou convergence entre science et religion
2 - Les réponses de la science ne vont pas dans le sens des religions, elle ne s’en préoccupe pas
3 - La religion n’a rien à nous apprendre sur la réalité, elle est une voie d’ignorance
4 - La science n’a rien à apprendre de la religion, la religion n'a rien à apporter à la science
5 - Les limites de la science ne sont pas des espaces relevant de la religion, ce sont seulement des
champs d’ignorances
6 - Au mieux les religions profitent de notre ignorance momentanée, dieu est un bouche-trou de
notre ignorance
7 - La raison ne témoigne pas de Dieu mais de la déraison de la raison, «ex nihilo religion fit»
8 - il n’y a pas de dialogue entre science et religion, il n’y a pas de dialogue entre science et foi
9 - Si on veut établir un «dialogue» entre les deux, c’est toujours pour valider
«pseudo-scientifiquement» ces croyances religieuses ou crédibiliser le fait de croire
VI UNE OPPOSITION A ASSUMER
1 - Bertrand Russell a raison sur S. J. Gould, les deux sont bien inconciliables
2 - Entre science et religion, il s’agit bien d’un conflit de nature, qui est structurel
3 - Ce conflit est structurel, indépendant en soi des convictions dogmatiques de telle ou telle religion
4 - Toute position concordiste est un aveuglement sur la nature de la science et de la religion
5 - Ce conflit qui n’étant pas dépassable, il faut donc l’assumer
6 - Un conflit qui n’est pas un problème, il est légitime et normal
7 - Le problème c’est de ne pas vouloir l’admettre
8 - Toute tentative pour le dépasser est vouée à l’échec scientifique et ne peut amener qu’à de la
fausse science
9 - Les tentatives pour le dépasser sont toujours de nature religieuse et au profit de la religion
10 - Cela se fait toujours au détriment de la science, de la raison, de la connaissance et de la vérité
VII CONCLUSION
1 - Mieux comprendre ces principes permet d’éviter les confusions entre science et religion
2 - Une condition pour éviter les manipulations religionnistes pseudo-scientifiquesORA ET LABORA
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Document 1 : Ce sont les procès de Galilée au début du 17ème siècle, dans le prolongement de la
révolution copernicienne et de la révolution baconnienne, qui marque le début du conflit visible entre science
et religion. Jusqu’alors il était seulement latent, potentiel.
Galilée face au tribunal de l'Inquisition romaine de Joseph-Nicolas Robert-Fleury (19ème siècle).
Document 2 : La position concordiste de l’église catholique, reconfirmée en 1998 par le pape Jean Paul II
dans une lettre encyclique intitulée Fides et Ratio, remonte à la mutation thomiste du 12ème siècle et la
constitution de la scolastique. Cette position catholique s’oppose ainsi au rejet de la science comme dans
les mouvements fondamentalistes ou à l’attitude pascalienne : "La foi et la raison sont comme les deux ailes
qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité" (Jean Paul II, introduction de
Fides et ration). Concordiste peut-être d’un point de vue théologique, mais dans les faits, les opposants à
leur «vérité» furent pendant des siècles envoyés au bucher et qualifiés d’hérétiques.
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