cité de la musique
François Gautier, président
Brigitte Marger, directeur général
Aux Etats-Unis, l’enjeu symphonique est double. L’orchestre a
d’abord été, depuis la fin du XIXesiècle, le symbole des classes éco-
nomiquement puissantes qui voyaient dans cette formation une façon
de se distinguer des musiques noires, mexicaines et d’inspiration
religieuse. De là,cette obstination à inviter les vedettes européennes
du moment (Mahler,Toscanini) et à leur proposer un pont d’or pour
diriger les phalanges symphoniques américaines dont le niveau s’ap-
prêtait à devenir parmi les meilleurs au monde. L’Amérique rattra-
pait ainsi son histoire, mais jetait aussi les bases d’une nouvelle
manière de faire sonner l’orchestre : une voie plus claire, plus puis-
sante,plus intense, plus large ;et peut-être aussi moins sophistiquée
et plus sincère.
Mais l’orchestre symphonique, grâce à son potentiel de couleurs et
de timbres,s’est en même temps tourné vers une Amérique plus réa-
liste, plus proche de la vie des citoyens et de leurs références cultu-
relles.En témoignent les Poèmes d’Emily Dickinson d’Aaron Copland
ou l’inclusion des sons urbains dans Un Américain à Paris de
Gershwin. L’écriture y devient rythmée, opte pour une consonance
nettement distanciée de l’avant-garde européenne, et joue avec les
références populaires ou dansées,tout en commentant humblement
la vie quotidienne.Cocasse et prêt à la citation, l’orchestre se démo-
cratise en quelque sorte,rend son langage accessible pour partager une
richesse auparavant réservée aux happy fewsE. H.
avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication
(Département des Affaires Internationales)
et du gouvernement de Taïwan pour la venue des musiciens taïwanais partici-
pant à cette session d’orchestre.
vendredi 28 novembre - 20h / salle des concerts
Aaron Copland
Huit poèmes d’Emily Dickinson
Nature, the gentlest mother
There came a wind like a bugle
The world feels dusty
Heart, we will forget him
Dear March, come in !
Sleep is supposed to be
Going to heaven !
The chariot
(durée : 21 minutes)
George Gershwin
Un Américain à Paris
(durée : 16 minutes)
entracte
Antonín Dvorák
Symphonie n° 9,en mi mineur, op 95Du Nouveau Monde »
adagio/allegro molto, largo, scherzo/molto vivace, allegro con fuoco
(durée : 40 minutes)
Lucas Pfaff, direction
Danielle Bouthillon, soprano
Orchestre du Conservatoire de Paris
avec le soutien de FIP
coproduction cité de la musique, Conservatoire de Paris
Aaron Copland
Huit poèmes d’Emily Dickinson
Le cycle des Douze mélodies sur des poèmes d’Emily Dickinson pour
voix et piano (1950) a précédé la version avec orchestre qui n’en
retint que huit (1958-70). C’est en effet dans les années 1950 que
Copland découvrit l’œuvre de la poétesse nord-américaine, à l’oc-
casion de la première édition de ses poésies.Celles-ci étaient passées
inaperçues jusqu’à sa mort en 1886,alors qu’elles sont, depuis,
considérées comme faisant partie des plus grandes pages améri-
caines du XIXesiècle. L’idée d’écrire un cycle de mélodies sur ses
poèmes n’est apparue à Copland qu’au fur et à mesure de la com-
position. « Je suis tombé amoureux d’un poème, The Chariot,
explique-t-il,et je n’ai cessé ensuite de lui adjoindre d’autres jusqu’à
ce que j’en eusse douze. Ce sont les poèmes qui m’indiquèrent la
direction à suivre dans l’espoir qu’elle serait en harmonie avec la
langue expressive d’Emily Dickinson ». L’inspiration naturaliste ou
intimiste des poèmes a été traduite par un style souple, cristallin et
lyrique de la musique qui enveloppe littéralement chaque intention
poétique : mètres irréguliers, enjambements, sauts importants de la
ligne de chant… Le Chariot constitue à la fois la conclusion et le cli-
max du cycle. Sur un rythme pointé obstiné, chacune de ses
strophes déroule - avec une orchestration variée - le lent chemin qui
mène vers l’éternité, avec une ligne vocale cherchant à s’abstraire du
strophisme par des courbes toujours plus libres. Emmanuel Hondré
Conservatoire de Paris
2| cité de la musique
notes de programme |3
Conservatoire de Paris
Nature,
the gentlest mother
Nature, la plus tendre des mères
Qu’aucun enfant jamais n’impatiente.
Ni le trop faible ni le capricieux -
Sa douce réprimande
A travers bois et collines
Est perçue par le voyageur,
Tempérant l’écureuil déchaîné
Ou l’oiseau trop impétueux.
Que sa conversation est bonne,
Par un après-midi d’été -
Sa maisonnée, son assemblée,
Et quand le soleil descend,
Sa voix dans les allées
Flatte la timide prière
Du criquet le plus infime,
De la plus humble fleur.
There came a wind
like a bugle
Alors vint un vent comme un clairon ;
Il glissa dans l’herbe en frémissant
Et un froid vert passa sur la chaleur,
Si menaçant
Que nous barrâmes portes et fenêtres
Comme devant un fantôme d’émeraude ;
L’empreinte électrique de la ruine
S’abattit en cet instant
Sur une étrange foule d’arbres haletants,
Et les barrières s’enfuirent,
Et les rivières que bordaient les maisons
Et les vivants regardèrent ce jour
Et la cloche affolée dans le clocher
Fit tournoyer les marées volantes.
Combien peut venir,
Et combien disparaître,
Et toujours supporter le monde !
The world feels dusty
Le monde sent la poussière
Lorsque nous faisons halte pour mourir ;
C’est la rosée qu’il nous faut alors,
Les honneurs sont secs à notre gorge.
Les drapeaux insultent un visage mourant
Mais le moindre éventail
Agité par la main d’un ami
Rafraîchit comme la pluie.
Puisse être mienne la tâche,
Quand la soif viendra,
De t’offrir les rosées
Et les baumes sacrés !
Heart, we will forget him !
Mon cœur, nous l’oublierons !
Toi et moi, dès ce soir !
A toi d’oublier la chaleur qu’il donnait,
J’oublierai la lumière.
Quand tu l’auras fait, surtout préviens-moi,
Que je restreigne mes pensées ;
Hâte-toi ! Pendant que tu t’attardes,
Je pourrais me souvenir de lui !
Dear March, come in !
Cher mars, entre !
Que je suis heureuse !
Je t’ai attendu.
Pose ton chapeau -
Tu dois avoir marché -
Comme tu es essoufflé !
Cher mars, comment vas-tu ?
Et les autres ?
As-tu laissé Nature en forme ?
O, mars, monte vite avec moi,
J’ai tant à te dire !
J’ai eu ta lettre, et celle de l’oiseau ;
Les érables ignoraient
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