Gérerleschardonsenagriculturebiologique Oui,maislesquels? Commentreconnaîtrelesdeuxespèces lesplusproblématiques? J’aides chardonsdans meschamps! En langage courant, chardon signifie plante piquante, généralement à rhizomes verticaux profonds, accumulant des réserves importantes. Ce terme confus est employé pour désigner des espèces différentes, dont certaines sont problématiques pour l’agriculture (comme Cirsium arvense) et d’autres protégées (comme Cirsium carniolicum), d’où l’importance de bien les identifier ! Cirsium arvense (Cirse des champs, appelé aussi chardon des champs) : loin l’espèce la plus problématique ! Feuilles alternes, de découpées en lobes épineux. Tige ni épineuse ni poilue, très ramifiée Nombreux petits capitules avec des fleurs couleur lilas très odorantes 40 cm à 1,5 m Bractées terminées par une courte épine Fruits surmontés d’une aigrette plumeuse Cirsium vulgare syn lanceolatum (Cirse lancéolé) : Jusqu’à 2 m Feuilles vert foncé, découpées en lobes étroits et terminées par de fortes épines jaunâtres. Tige ramifiée, couverte d’un duvet Capitules de fleurs violet-pourpre avec des poils évoquant une toile d’araignée Nombreuses bractées, étroites et vulnérantes Fruits surmontés d’une aigrette plumeuse 1 Quellessontlescaractéristiquesdeschardons? Enquoisont-ilsproblématiques? Desadventicestrèsrépandues: De la famille des Astéracées, Cirsium arvense et Cirsium vulgare sont des espèces très répandues, bisannuelles ou vivaces, qui s’implantent sur tous les types de sol et dans toutes les régions. Le chardon des champs a toutefois une préférence pour les sols meubles, plutôt argilo-sableux, argileux ou limoneux et fréquente peu les sols secs. Peuconsomméesparlebétail: Alors que les jeunes pousses tendres sont généralement appréciées par le bétail, les bovins refusent les plantes adultes. Seuls les moutons, chèvres, ânes et poneys consomment les capitules du chardon des champs. Concurrentesdescultures: Les chardons produisent une végétation dense et envahissante. Les racines explorent le sol généralement sur les 30 premiers centimètres mais peuvent aller puiser les éléments nutritifs et l’eau jusqu’à 6 mètres de profondeur ! La croissance horizontale de Cirsium arvense peut atteindre 4 à 5 m/an. Les « tâches » de chardons dans les parcelles s’étendent en moyenne de 1 à 2 m/an. Ce fort développement explique la nuisibilité des chardons : ils participent à l’épuisement des réserves hydriques et minérales de la culture. Etfortementenvahissantes! Prenons le cas de Cirsium arvense, qui se multiplie principalement par voie asexuée et minoritairement par voie sexuée (c’est le contraire pour Cirsium vulgare). Multiplication asexuée : Développement important de drageons Un jeune chardon développe ses premiers rhizomes sur sa racine principale pivotante, en profondeur puis latéralement. Un mètre de racine compte 12 à 24 bourgeons adventifs. Environ 8 d’entre eux donneront naissance à un drageon (rejet naissant de la racine) en fin d’hiver de la seconde année. Chaque nouvelle plante ainsi formée développe son propre système racinaire sur lequel va naître une nouvelle génération de drageons… Un rhizome fragmenté peut initier une nouvelle pousse pour chaque fragment de plus de 8 mm. Attention à ne pas les découper avec les outils de travail du sol ! Racine de chardon Multiplication sexuée : Seulement 3 à 5 % des individus présents dans une parcelle Le chardon est dioïque : il y a des pieds mâles et des pieds femelles. La fécondation se fait avec succès jusqu’à 100 m. Une pousse fait 1500 à 5000 graines (dont la moitié sont consommées par les oiseaux/insectes). Celles qui ne germent pas peuvent survivre pendant 10 ans dans le sol. Le germe est fragile et peut être contrôlé facilement par le travail du sol et la herse étrille. Une propagation à partir des graines ne se fait alors que sur des sols qui ne sont pas travaillés. 2 Rendrelesconditionsdusolmoins favorablesauxchardons? Un fort développement de chardons dans les parcelles agricoles peut être un indicateur de l’état du sol. Améliorer la situation du sol peut alors être une priorité, avant d’envisager une amélioration des espèces prairiales. Parcelle envahie par les chardons L’espèce suivante Qu’est ce que cela révèle sur Quelles pratiques ont pu est présente de façon significative l’état du sol ? conduire à cette situation ? dans ma parcelle Chardon des champs Comment améliorer la situation ? Saturation du complexe argilo-humique * Supprimer tout apport de * par excès de matière * Excès de matière organique ou engrais azotés En cas d’excès de matière organique sur une pâture, passer à la prairie de fauche pendant plusieurs années. ou * saturation naturelle par un pH trop élevé. matière organique et d’engrais azotés. organique, d’engrais azotés ou d’épandage de fumier, lisier ou purin non compostés * Surpâturage Sol profond, avec des bonnes conditions hydriques * Bien gérer le pâturage. Le surpâturage entraîne un excès de matière organique et une mise à nu du sol, favorables au chardon. En situation de sous-pâturage, le bétail ne consomme pas les pousses de chardons. A partir du livre « l’encyclopédie des plantes bio-indicatrices » de Gérard Ducerf Quandlutter? En mai-juin, avant la floraison, les chardons concentrent l’essentiel de leurs réserves carbonées dans les parties aériennes. C’est donc le moment idéal pour lutter puisque les racines n’ont pas beaucoup de ressources. Couper les chardons stimule le développement de drageons, qui sollicitent à nouveau les réserves de la plante en se développant et contribuent ainsi à leur épuisement. Mais chaque tige qui a repoussé est susceptible de participer à la reconstitution des réserves carbonées dans un second temps, d’où la nécessité de les éliminer à leur tour. Commentlutter? Concurrencerleschardons: Par rapport aux éléments nutritifs : Il faut cultiver des plantes à racines profondes. Une rotation avec la luzerne est intéressante : elle est très compétitive par rapport aux chardons et semble émettre des substances toxiques à 3 leur égard. De plus, les fauches successives de la luzerne participent à l’épuisement des réserves du chardon et à limiter la dissémination des graines. Pour les parcelles très fortement infestées, la luzerne doit être maintenue en place au moins 4 ans. Le dactyle, le maïs, la féverole ou la moutarde peuvent aussi avoir un effet intéressant dans la rotation. Par rapport à la lumière : Les chardons aiment la lumière. Leur développement est ralenti par des plantes qui leur font de l’ombre. Les associations trèfles-graminées ou l’implantation de luzerne dense donnent de bons résultats. Par contre, l’orge de printemps, le pois et le tournesol sont peu étouffants et « favorables » au développement du chardon. Il n’est pas conseillé de cultiver deux années de suite ces cultures. Un travail du sol insuffisant peut Travaildusoletdésherbage: multiplier les chardons par fragmentation des rhizomes, dont chaque fragment peut redonner une pousse. Moisson Déchaumage (outil à dents) Travail du sol profond + superficiel Engrais vert (avoine, seigle…) Broyage / récolte de l’engrais vert Travail du sol profond Semis Exemple d’itinéraire technique adapté pour réprimer les chardons dans une culture Le labour limite les problèmes d’envahissement par le chardon des champs. Les fragments de rhizomes sont enfouis profondément dans le sol, ce qui diminue leur chance de reprise. Pour concurrencer le chardon, il faut éviter le maintien de sols nus en implantant des engrais verts. Des hersages fréquents sont efficaces dans la lutte contre les chardons (prévoir au moins 3 passages dans l’été dont au moins un avant le stade bouton). La déchaumeuse à pattes d’oies est un outil intéressant Eviterladisséminationdesgraines: Les graines peuvent se propager dès une semaine après la floraison. C’est pourquoi il est important de faucher les refus, les bords des routes et chemins envahis par les chardons avant floraison (juin-juillet) pour éviter leur formation. Cette fauche doit être suivie d‘un ratissage et d’une exportation des chardons. L’utilisation de semences ou fourrages contenant des graines de chardons, ainsi qu’un fumier mal composté peuvent être d’autres canaux de dissémination des graines d’adventices. D’où l’intérêt de maîtriser le compostage et de travailler avec des semences de qualité. L’arrachage manuel est inefficace car il est impossible d’enlever tous les rhizomes. 4