
8 CHAPITRE 1 • QUELLES SONT LES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ?
C. Les limites du PIB
et de la croissance p. 24-25
Doc. 1 Le PIB : un indicateur imparfait du bien-être
1. Le bien-être est une notion normative regroupant les
éléments constitutifs de la qualité de vie : santé, éducation,
qualité de l’environnement, équilibre entre vie familiale et
vie professionnelle… Le bonheur est une notion subjective
exprimée par les individus ; parmi ses éléments constitu-
tifs, qui peuvent recouper en partie les différents aspects
du bien-être, on trouve par exemple : l’état de santé, le
niveau de revenu, la place dans l’échelle des revenus, le
statut d’emploi…
2. Le PIB évalue mal l’activité productive d’un pays, notam-
ment parce que : 1) il ne comptabilise pas certains éléments
de l’économie informelle tels que le bénévolat ou le travail
domestique ; 2) les services non marchands offerts par l’État
sont comptabilisés de manière imprécise (au coût des facteurs),
alors que dans l’idéal il faudrait évaluer la réelle valeur ajoutée
apportée par ces services. Le PIB ne tient pas compte d’élé-
ments qui contribuent au bonheur, tels que la qualité des liens
familiaux ou amicaux, la satisfaction au travail…
3. La notion de « dépenses défensives » désigne les dépenses
qui, bien que comptabilisées positivement dans le PIB, sont
réalisées pour réparer les dégâts commis par certaines acti-
vités, donc qui nuisent au bien-être, activités contribuant
elles aussi à augmenter le PIB.
4. Récapitulatif des critiques adressées au PIB :
Activités non prises en compte dans le PIB Activités sous-estimées Activités augmentant artificiellement le PIB
Économie informelle : bénévolat, travail
domestique…
Éléments contribuant au bonheur.
Services non marchands dispensés
par l’État.
Dépenses défensives : dépenses de dépollution,
antidépresseurs.
Doc. 2 L’IDH : construction et enseignements
5. Les trois composantes (ou dimensions) de l’IDH sont :
la santé, l’éducation et le niveau de vie.
6. Non, le poids de la santé, mesuré par la pondération de
cette dimension dans la moyenne, est le même que celui du
revenu, c’est-à-dire un tiers.
Pour aller plus loin sur le calcul de l’IDH : J. Villion, « Les
moyennes en économie », in Statistique et probabilités, Revue
TDC, Réseau Canopé, 15 juin 2015.
7. Non. La hausse du RNB peut s’accompagner d’une
stagnation, voire d’une baisse de l’IDH lorsqu’elle est
compensée, soit par une hausse plus rapide de la croissance
démographique (impliquant une baisse du RNB par habi-
tant), soit par une dégradation des indicateurs de la santé
et/ou de l’éducation.
8. Avec un IDH de 0,944, la Norvège est classée 1re en
2013 alors que, avec un IDH de 0,337, le Niger est classé
dernier (187e). La Norvège a de meilleures réalisations que
le Niger dans toutes les dimensions de l’IDH. En consul-
tant les données détaillées sur le site du PNUD, on pourra
toutefois remarquer que l’écart le plus marqué, en termes de
classement, entre les deux pays concerne l’éducation, alors
que l’écart le plus faible concerne la santé. Pour l’indicateur
« durée moyenne de scolarisation », la Norvège se classe 4e
et le Niger 186e ; pour l’indicateur « espérance de vie », la
Norvège se classe 13e et le Niger 166e.
9. Bien qu’ayant des niveaux de vie proches, le Sri Lanka
et la Namibie ont des niveaux d’IDH relativement éloi-
gnés, du fait des réalisations assez faibles de la Namibie
dans les domaines de la santé et de l’éducation. On pourra
préciser que le Sri Lanka est classé parmi les pays à IDH
élevé (compris entre 0,700 et 0,800) alors que la Namibie est
classée parmi les pays à IDH moyen (entre 0,550 et 0,700).
Doc. 3 Croissance, inégalités et pauvreté
à l’intérieur des pays
10. La courbe de Kuznets décrit une évolution des inégalités
au cours du processus de croissance caractérisée par hausse
des inégalités suivie d’une baisse. La relation entre l’indi-
cateur des inégalités (de revenu) et le revenu par habitant a
donc une forme “en cloche” :
Niveau
des inégalités
Revenu par habitant
11. Kuznets explique la hausse des inégalités dans les
premières phases de croissance par les mutations structu-
relles de l’économie, en particulier de la population active :
le décollage dépend principalement de quelques secteurs
moteurs qui génèrent des revenus élevés pour une faible
part de la population. Le développement de ces secteurs
entraîne dans un deuxième temps l’absorption d’une part
grandissante de la population : les gains tirés de la crois-
sance se répartissent donc entre un nombre plus important
d’individus, les inégalités diminuent.
12. Selon Piketty, la réduction des inégalités dans les pays
riches à partir du début du e siècle est due aux chocs de la
première moitié du siècle (les deux guerres mondiales et la
dépression des années 1930), qui ont eu pour conséquences
une destruction d’une partie importante du capital des plus
riches ainsi que des mutations institutionnelles favorisant la
réduction des inégalités (apparition d’un impôt progressif
sur le revenu, développement de l’État-providence…).
13. Les inégalités de revenu connaissent une progression
en Chine et en Afrique du Sud, entre 1980 et 2010, plus
rapide que dans l’ensemble du monde. Selon l’analyse de
Kuznets, cet accroissement des inégalités est normal dans
des pays émergents, c’est-à-dire des pays qui connaissent
un décollage. En revanche, la croissance des inégalités dans
un pays avancé comme les États-Unis s’intègre mal à l’ana-
lyse de Kuznets ; dans ce cas, les évolutions des inégalités
semblent difficiles à expliquer par des mécanismes « natu-
rels » du développement économique.