
Boîte à outils « Forêts anciennes du Massif central » : les coléoptères saproxyliques (B. CALMONT), v 30-11-2016 3/22
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- Les Polyphages :
Ce sont des coléoptères qui a l’état larvaire sont aussi bien capable de se nourrir de matière végétale que d’être
prédateur occasionnel de diverses larves, nymphes ou même d’imago d’insectes.
Les coléoptères saproxyliques forment un groupe d'espèces qui, par définition, sont donc intimement liés aux
écosystèmes forestiers. En effet, ils dépendent directement à un ou plusieurs stades de leur vie de bois mort ou
mourant. Ils sont d'une importance majeure tant par le nombre d'espèce que par le nombre d'individus dans le
recyclage par décomposition du bois.
En France, on estime qu’il y a 11 400 espèces de coléoptères dont 2 500 espèces saproxyliques.
Ils colonisent tous les types de bois, à tous les stades de dégradations, en intervenant par cohortes successives.
Ainsi, toutes les niches et micro-niches écologiques présents dans une forêt possèdent des cortèges de
coléoptères bien définis qui leurs sont associés.
En relation avec les fonctions et les exigences écologiques des coléoptères saproxyliques, cette communauté
constitue une ressource descriptive pertinente de la valeur biologique (Intérêt Patrimonial) et de l’état de
conservation des sites dans lesquels ils sont présents, comme l’admettent différents travaux :
- Identification des zones de refuges actuelles des reliques glaciaires en France pour leur mise en réserve
(Iablokoff, 1951).
- Ancienneté des forêts ou de boisements non forestiers (haies et zones bocagères) avec continuité
d’habitats (Harding, 1993
- Etats de conservation des écosystèmes (Franc, 1997).
- Identification des forêts d’importance internationale dans le domaine de la conservation de la nature en
Europe (Speight, 1989).
- Intérêt relatif pour la conservation des différentes forêts et réserves en pays de Galles (Fowles, 1999).
- Evaluation des habitats forestiers pour la conservation des coléoptères des bois morts en Grande
Bretagne (Fowles et Al., 1999).
- Base de données des saproxyliques des pays du nord : une vue d'ensemble émergente de la
biodiversité dans bois mort. (Stokland et Evgeniy, 2008)
Les coléoptères saproxyliques sont donc d’excellents bioindicateurs de la qualité des forêts. De par leurs
exigences écologiques, ils sont le strict reflet de l’état de santé écologique d’une forêt. Grâce à un simple constat
de présence absence et en fonction du nombre d’espèces rencontrées, on peut donc caractériser la qualité et la
naturalité des massifs forestiers.
Depuis plusieurs décennies différents spécialistes européens travaillent sur ces insectes afin de permettre leur
prise en compte dans l'évaluation patrimoniale des forêts tant en France qu'en Europe.
De par leur exigences écologiques et de par les multiples dégradations que subissent les massifs forestiers de
nombreuses espèces sont considérées comme menacées (cf. Listes rouges, Directive « Habitats »...). Des listes
d'espèces bioindicatrices des habitats forestiers peu perturbés sont aujourd'hui disponibles. Actuellement, la
présence de ces insectes aux exigences biologiques fortes paraît être un des facteurs indispensables à la
hiérarchisation de la valeur patrimoniale des forêts.
En Europe les coléoptères saproxyliques sont intégrés et étudiés pour la gestion des forêts depuis de
nombreuses années. En effet de nombreux symposium réunissant tous les chercheurs Européens se sont
multipliés depuis 1999 sur le thème « Coléoptères saproxyliques en Europe : contrôle, biologie et conservation.».
En 1999 en Suède, 2002 en Grande-Bretagne, 2004 en Lettonie, 2006 en France, 2008 en Allemagne, 2012 en
Slovénie et 2014 en Suisse.
Les coléoptères bioindicateurs de qualité des forêts françaises
n France, en 2001, Hervé Brustel entomologiste reconnu et spécialiste des coléoptères saproxyliques a fait
une thèse sur les Coléoptères saproxyliques et la valeur biologique des forêts françaises : perspectives pour
la conservation du patrimoine naturel (Brustel, 2004). Cette thèse dresse une liste de 300 taxons qui sont