FICHE SPECTACLE
Les petites filles par A+ B
© Stéphane Nawrat
THÉÂTRE - CRÉATION- DÈS 15 ANS- Durée 1h40
CONCEPTION ET MISE EN SCÈNE
Sarah Lecarpentier
TEXTE
Clémence Weill
COLLABORATION
Lyly Chartiez
AVEC
Hélène Bouchaud,
Géraldine Roguez
Hélène Sir-Senior
Juliette Savary
LUMIÈRES
Hugues Espalieu
VIDÉO
Alexandra Longuet
CRÉATION SONORE ET RÉGIE GÉNÉRALE
Mikaël Kandelman
Le Grand Bleu – Etablissement National de Production et de Diffusion Artistique
36 avenue Marx Dormoy – 59000 LILLE
03.20.09.88.44 / www.legrandbleu.com / legrandbleu.over-blog.fr / [email protected]
Le Spectacle
Dans Les petites filles par A+B (initialement intitu Les petites filles respirent le même air
que nous), quatre jeunes filles aux parcours différents, que l’on voit d’abord enfant,
reviennent à l’âge de trente ans, devenues femmes. Portraits de quatre jeunes filles dans
les méandres et troubles de la vie : la famille, l’école, l’amour, la confiance et la
reconnaissance, les envies, les rêves
Pour chaque personnage, les spectateurs devront choisir entre deux possibilités, A ou B, le
choix de ces jeunes femmes. Que sont devenues ces adolescentes, comment vont-elles
évoluer ? A chaque représentation, les cartes seront redistribuées, et la fin l’histoire pourra
changer…
Les parents, les enseignants,
les camarades, les inconnus,
les ami-e-s, les frères, les relatifs,
les refus, les amours, les ruptures,
les échecs, les diplômes,
les départs, les retards,
les hasards, les voyages,
les exodes, les accidents,
les guerres, les forces de l’ordre(celles du désordre),
les coups de bluff / de massue,
les panneaux indicateurs,
les conseils d’orientation,
les déviations,
les appels en absence, les faux numéros, les trous noirs,
les nuits blanches, les cartes ‘chance’,les mauvaises pioches…
Comment est-on arrivés là ? Ici ?
Ainsi ? Aujourd’hui ?
Et si, à cette intersection, vous aviez en fait tourné de l’autre côté ?
ÉCLAIRAGE : Écritures Théâtrales & Adolescence
Le spectacle La plus forte, ainsi que le travail autour de la création mené avec les lycéens
de Montebello (cf. partie 1) vont être présentés dans le cadre d’un Eclairage intitulé
Ecritures Théâtrales et Adolescence.
Parce que l’adolescence concentre, exacerbe, active et catalyse toutes les grandes
interrogations humaines, elle est un sujet et un public extraordinaire pour la scène. Elle est
également un territoire d’innovations artistiques et de questionnements permanents sur la
méthode. Les professionnels de la question de l’adolescence confrontés aux écritures de
la scène le savent, c’est un endroit mouvant, fragile et périlleux qui est interpellé, un
espace d’interrogations artistiques qui demande sans cesse à être réinvesti de fraîcheur et
d’échanges.
C’est dans cette optique que le Grand Bleu propose cet « ECLAIRAGE : Écritures
théâtrales et adolescence ».
Des professionnels de la jeunesse interviendront lors d’une table ronde ayant pour objet
les manières d’aborder l’écriture théâtrale pour/autour/ avec l’adolescence. Elle se
déroulera mercredi 18 mars de 09h30 à 13h au Grand Bleu et est ouverte à tous.
D’autres spectacles seront présentés pendant cet ECLAIRAGE : Screens (Théâtre de
l’Embellie), La plus forte (compagnie Versus),Aléas (compagnie Rhizome) et Martine à la
plage (La Manivelle Théâtre).
Plus de renseignements sur legrandbleu.com ou auprès d’Anne-Sophie Mellin
asmellin@legrandbleu.com/ 03 20 00 55 70
Note d’intention
En tant que femme, et artiste, j’ai de bonnes raisons de croire et depuis longtemps
que quelque chose échappe à notre entendement dans nos civilisations, qu’elles
soient occidentales ou tout simplement mondiales. Le rapport à la compétitivité, à la
nécessité d’engager une carrière, une famille, de prendre en charge très jeune et
pour la vie entière la « responsabilité » de son existence, est de toute évidence une
pression, une violence issue d’une organisation collective portée sur les questions de
pouvoir et d’accumulation (des biens, des richesses, des savoirs...). Il m’est donc
apparu, au fil de mon parcours, tant personnel qu’artistique, la nécessité de prendre
le temps de travailler sur ce « passage » : de l’enfance à l’âge adulte, homme ou
femme, salarié ou chômeur, parent ou non, pour essayer de redéfinir ce qui nous
pousse tant à nous opposer pour exister, et à quoi.
A la lecture du recueil de Paul Fournel, Les petites filles respirent le même air que nous,
j’ai immédiatement eu envie de l’adapter au théâtre. Les saynètes minuscules et
intimes que traverse chaque personnage du recueil sont pour moi le reflet des
questions centrales de nos vies : comment affronte-t-on le plaisir, la honte, la mort ou
l’autorité dans notre quotidien ? En quoi être devenu « adulte » a-t-il changé notre
rapport à ces émotions, à ces joies ou ces difficultés face auxquelles la vie, puis la
société, nous a mises ? En quoi poser ces questions de façon collective, sur un plateau
de théâtre, peut-il nous aider à mieux comprendre qui nous sommes et ce qu’est
notre identité ?
Pour chacun, l’enfance est un souvenir, c’est-à-dire un passé intouchable, non-
modifiable, dans le merveilleux comme le douloureux. C’est aussi le point de départ,
le moment l’individu se retrouve, sans même le savoir, face aux plus grandes des
problématiques : l’héritage, la place dans l’histoire, la constitution du corps social, la
question de genre, le libre-arbitre... « On ne naît pas femme, on le devient. » Tout
comme on ne naît pas homme, d’ailleurs. Avec les mouvements féministes actuels, au
cœur d’une question brûlante qui est notre avenir à tous en ce 21ème siècle, m’est
apparu comme un faux-sens, un mauvais point de départ sur cette question du vivre-
ensemble : certains mouvements de lutte féministe semblent mettre une société
patriarcale au cœur du problème actuel de l’inégalité hommes-femmes. Loin de
contester ce que les chiffres racontent d’eux-mêmes, je me demande simplement si
nous n’avons pas confondu, dans nos volontés de revendication de plus de liberté,
différence et égalité. Nous sommes tous des individus différents par nature, et
voudrions résoudre ce postulat dans une « culture » égalitaire. Or, mon métier étant
précisément celui de la « culture », je ne vois pas en quoi nos différences seraient à
gommer pour atteindre l’égalité, en quoi elles ne pourraient pas au contraire être une
vraie force pour construire ensemble une société plus juste. L’enfant que nous avons
été ou que nous mettons au monde est alors à interroger, à la fois bouc émissaire et
force de résistance. S’interroger sur la question du genre, non dans une défense de la
« cause des femmes», non comme une séparation entre masculin et féminin, non
comme une revendication victimisée et culpabilisante, mais s’interroger en tant
qu’individu de ce siècle : l’égalité des droits est cruciale, certes, et doit être
défendue, mais peut-elle seule prendre en charge le développement d’une réelle
égalité culturelle, commune et libératrice ?
Le recueil de Paul Fournel offre des portraits de petites filles à l’instant de ce passage
fragile entre enfant et « adulte »... nous souhaitons donc poursuivre la réflexion
amorcée et nous atteler aux questions qui surgissent : Comment passe-t-on de
l’enfance à l’âge adulte ? Comment (et quand) une petite fille se dit-elle tout à coup
« femme » ? Comment vit-elle son rapport à elle-même, puis dans le rapport aux
autres femmes, enfin face aux hommes, face à d’éventuels enfants à son tour ?
Comment peut-on briser l’éternelle opposition entre nos genres, par l’oppression ou la
révolte, et essayer de redéfinir un territoire propice aux tentatives, aux peurs mais aussi
aux désirs, et leur faire une place dans nos fonctionnements quotidiens?
Les petites filles par A + Best un projet sur l’enfance, et l’absence. L’absence de
nouvelles croyances, peut-être. De modèles émancipateurs, sans doute. L’absence
de dialogue réel et sincère : entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les
opprimés, les anonymes du système marchand, et ceux qui en détiennent les clés
(publicistes, politiques, intellectuels de tout bord). Absence de dialogue enfin entre les
êtres, entre les parents et leurs enfants, entre les femmes entre elles, les hommes entre
eux, bref : absence (ou manque) de valeurs qui permettent à chacun de développer
son identité, à côté de celle des autres. Cette recherche est profondément politique
par les questions qu’elle soulève, au sens propre du terme : la volonté de vivre
ensemble. Ainsi le propos n’est pas celui de la mise en opposition entre deux
postulats, mais bien au contraire la tentative de questionner nos racines communes :
hommes ou femmes, nous sommes surtout des enfants que l’on a inséré de force dans
un monde violent où l’on doit savoir qui l’on est pour survivre. Prendre, comme
personnages, des femmes, ce n’est pas vouloir parler particulièrement des femmes.
C’est prendre comme protagonistes des individus que la société forcent plus que les
autres et ce dès le berceau. En étant une femme, il faut résister à plus de pressions
diverses, de peurs, d’injonctions. Et ce travail de libération (des autres, de soi, du
passé) est sans doute une quête individuelle pour tous aujourd’hui. Mais en prenant
pour personnages des femmes, toutes les problématiques se trouvent accentuées : il
s’agit ici d’atteindre un propos absolument universel, justement en n’ayant que des
femmes en scène et des personnages féminins. Ce qui arrive dans plein de spectacles
de/par/pour des hommes, nous le tentons ici avec des femmes, avec la même
évidence : proposer un regard sur les femmes et leur traversée d’une existence
humaine, c’est poser une question sur le monde et ses tensions, c’est laisser la parole
à nos possibilités identitaires, et donner la place à nos besoins de lutte.
Nous vivons une époque paradoxale. D’un côté l’injonction d’engager une carrière,
de construire une famille, de prendre en charge très jeune et pour la vie entière la
« responsabilité » de son existence.
De l’autre la nécessité d’être « soi-même », et d’être « heureux ».
Cet écart crée de toute évidence une pression, une violence issue d’une organisation
collective portée sur les questions de pouvoir et d’accumulation (des biens, des
richesses, des savoirs).Homme ou femme, salarié ou chômeur, parent ou non,
pourquoi doit-on toujours affirmer son identité et la revendiquer aux yeux des autres ?
Quels choix sont réellement conscients ?
La question que je pose dans la pièce est « l’enfant que l’on a été détermine-t-il
l’adulte que l’on devient ? »
Sarah Lecarpentier, metteur en scène
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