À lécoute des animaux
«Tout animal vivant doit rester libre, mais l’homme est responsable
de tout animal qu’il a apprivoisé ou qui a perdu la possibilité de vivre libre.»
Parc d’accueil Pierre Challandes
33, rte de Valavran 1293 Bellevue, GE - CH
Tél : +41 (0)22 774 38 08
Fax : +41 (0)22 774 30 70 - CCP : 12-5328-7
www.parc-challandes.ch
no 494
mai / juin / juillet 07
Directeur - Rédacteur en chef : Pierre Challandes
Illustrations : Anouk Tank (sauf si précisé) Photos : Pierre Challandes (sauf si précisé)
Mise en page : Anouk Tank
Impression : Imprimerie Malibu Print
Journal ociel de l’Association du Parc d’accueil Pierre Challandes
Centre international de protection des animaux
Ailée la Chevrette (Chevreuil femelle)
photo : A. Tank
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2A l’écoute des animaux
Parfois des visiteurs me demandent,
après avoir visité le Parc, pourquoi
nous ne relâchons pas certains
animaux indigènes comme par
exemple nos renards, les sangliers
ou les chevreuils. La plupart de ces
animaux sont attachés à l’homme et
leur remise en liberté serait un peu
l’équivalent de l’abandon de son chien
dans la nature. L’histoire d’Ailée la
chevrette qui va suivre en est une
preuve récente, parmi d’autres.
Ailée fut le premier faon que notre
Parc hébergea. Elle me fut apportée
par un garde-faune à qui elle avait
été remise par des promeneurs qui
l’avaient découverte couchée dans
un pré valaisan. Croyant le faon
abandonné ils l’avaient recueilli
pour la ramener à Genève. C’était en
juin 2002. Depuis cette date notre
Parc héberge deux autres chevreuils
femelles, Cabriole et Lila, dont
l’histoire est similaire. Cabriole est
arrivée l’année suivante, après avoir
été récupérée par des enfants. Elle
avait dû rouler en bas de la pente
d’un talus bordant une route, juste
après sa naissance. Quant à Lila, la
dernière recueillie, l’an dernier, elle
était couchée à côté d’un chemin
très parcouru par des chiens et leur
propriétaire. L’un d’eux, craignant
qu’elle ne se fasse croquer, en avait
pris soin. Toutes ces personnes
pensaient que ces faons nouveau-nés
étaient abandonnés, et voulant bien
faire bien faire, les avaient recueillis.
Mais ces faons nouveau-nés n’étaient
pas perdus !
En eet, entre la n mai et la
n juin, avant de mettre bas, la
chevrette s’isole après avoir repéré
un emplacement adéquat : soit dans
une clairière, soit au milieu d’un pré
ensoleillé qui n’a pas été fauché. Le
choix de l’emplacement est capital,
car les faons restent seuls dans leurs
cachettes, surveillés de loin par
leur mère. Immédiatement après la
naissance, la mère se met à nettoyer
consciencieusement l’emplacement
de la mise bas. Elle mange le placenta
et la membrane ovulaire puis lèche
la terre humectée par le liquide
amniotique, an de faire disparaître
tout signe de la mise bas qui pourrait
attirer les prédateurs; dans nos
contrées ce sont les renards et surtout
les chiens en balade avec ou sans leur
maître. Dès que l’emplacement de
la mise bas est nettoyé, la chevrette
se consacre à son ou ses rejetons; en
eet les chevreuils peuvent accoucher
d’un faon, le plus souvent de deux
et occasionnellement de trois. Les
jumeaux et les triplés étant plus
fréquents chez des femelles de quatre,
cinq ans, à la eur de l’âge et en bonne
condition physique. Le sol nettoyé,
la chevrette, infatigablement et avec
une touchante persévérance, lèche la
robe du ou des faon(s) jusqu’à ce que
le poil soit absolument sec et propre.
Moins d’une heure après sa naissance
le faon est déjà debout pour prendre
son premier repas. Le repas terminé,
moins de deux heures après avoir vu
la lumière du jour, le faon s’éloigne
de sa mère et, s’il en a, de ses frères
ou sœurs. Sur ses pattes fragiles, la
démarche manquant d’assurance, il va
se glisser sous des broussailles ou dans
l’herbe haute. Chaque faon s’éloigne
jusqu’à cinquante mètres de sa mère.
Cette dispersion est une protection
contre les prédateurs ! Pendant les
premiers jours de leur vie,
les faons restent couchés
immobiles sur le sol. Leur
pelage tacheté et l’absence
d’odeur corporelle leur
assurent un camouage
et une protection presque
parfaits. Trop maladroits
et pas assez sûrs sur
leurs nes jambes, ils ne
pourraient suivre leur
mère en cas de poursuite par un
prédateur.
La chevrette n’est jamais très
éloignée et, cachée, elle surveille sa
progéniture. En cas de danger, la mère
le signale à ses faons par une sorte
d’aboiement et les faons se gent. Si le
danger se rapproche, la femelle peut
détourner son attention en fuyant
devant lui pour l’entraîner dans sa
fuite et ainsi l’éloigner de son ou ses
faon(s). Si le prédateur n’est pas de
taille importante, comme le renard,
la chevrette peut l’attaquer en le
frappant de ses pattes antérieures, aux
sabots pointus.
Donc si vous tombez sur un jeune
faon couché dans l’herbe, ne vous
en approchez pas, ne le touchez pas,
car vous le mettez en danger en lui
transmettant votre odeur qui pourra
attirer les prédateurs intrigués par le
fumet que vous aurez laissée derrière
vous ! Mais, surtout, ne l’emmenez pas
Ailée la Chevrette (Chevreuil femelle)
photo : A. Tank
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3
A l’écoute des animaux
en pensant qu’il est abandonné,
comme cela est arrivé à mes
trois chevrettes ! Quand on me
les a apportées au Parc, elles n’étaient
âgées que de quelques heures, voire
d’ un jour.
Ailée fut donc
nourrie au
biberon, au
début toutes
les trois
heures.
Le faon
désireux
de boire
appelle sa mère avec
de petits cris monosyllabiques, aigus,
assimilables à celui d’un oiseau.
Pendant les deux premières semaines,
Ailée fut mon réveille matin, car je
l’emmenais le soir à mon domicile
pour pouvoir la soigner et la
nourrir, le soir avant de m’endormir,
et dès mon réveil. Je la transportais
dans un panier à chat qui était
devenu son refuge et abri. Dans la
nature, une fois la rencontre mère-
faon terminée (après que celle-ci l’aie
allaité et léché), chacun s’éloigne, et le
faon repart de son côté pour se cacher
sous la broussaille ou dans l’herbe. A la
place d’aller se cacher dans les herbes,
Ailée entrait dans son panier dès que
je la quittais. Le biberon pris il fallait,
avec un linge humide, masser le ventre
et la région anale an de stimuler,
comme le fait la mère, l’évacuation
des matières fécales et les fonctions
urinaires. Une ou deux fois par jour
je la mettais un moment dehors,
dans le parc à tortues, pour qu’elle
puisse mâchouiller un peu d’herbe et
lécher la terre qui fournit au faon la
faune bactérienne de l’estomac et de
l’intestin. Après une dizaine de jours,
j’ai pu la laisser dans le parc à tortues
une grande partie de la journée et à
l’intérieur pendant la nuit, les biberons
pouvant être plus espacés. C’est
aussi vers cet âge que j’ai commencé
à emmener Ailée à l’extérieur, en
promenade, pour lui apprendre à
chercher les premières brindilles
d’herbe. Contrairement à la majorité
des ruminants, le chevreuil n’avale
pas une grande quantité d’herbage, il
choisit ses herbes, ses feuilles.
Il déambule d’un pas nonchalant
dans la forêt ou en lisière de celle-ci,
grignotant une feuille par-ci, une autre
par-là.
A cette époque j’avais trois chiennes,
Gardel de Guadeloupe, assez âgée,
Gaïa la bouledogue anglaise et
Zézette la petite bâtarde, qui nous
accompagnaient en promenade.
Zézette aimait beaucoup Ailée et
participait à sa toilette. Dans le
pré, Ailée découvrait les diérentes
herbes, elle grignotait quelques tiges
de plantain, une feuille de trèe,
eectuait un petit galop pour revenir
manger des feuilles de liseron ou de
ronce. Elle allait aussi saluer Marie-
Rose et Susie mes deux
sangliers âgées
alors de 11 et
6 mois, qui
l’accueillaient
avec
des “rrr- rrr”
bienveillants.
Elle leur léchait
le groin à travers les
grillages de leur parc. Si au début, elle
ne s’éloignait guère, peu à peu ses
galops l’emmenaient un peu plus loin.
Elle disparaissait dans les fourrés, puis
revenait à toute vitesse.
Quatre mois plus tôt, j’avais récupéré
huit renardeaux âgés de quelques
jours, que j’avais nourris au biberon.
A l’âge de deux mois je les avais
relâchés progressivement, continuant
de les nourrir. Les premiers temps ils
logeaient à proximité, et venaient dès
que je les appelais, puis ils prirent peu
à peu plus d’indépendance. Lors des
sorties d’Ailée, début juillet, ils étaient
âgés de quatre mois et avaient déjà
une taille proche de l’adulte, mais ils
m’attendaient chaque matin pour
manger, se faire caresser, jouer avec
les chiens et saluer Pacôme le vieux
chat, puis ils disparaissaient le reste de
la journée pour apparaître le soir vers
20h00 pour les même raison. Je devais
combiner les sortie d’Ailée, le matin
après le passage des renards et le soir
avant leur arrivée ! En eet, l’odeur
du faon, appétissant, réveillait leur
instinct de chasseurs.
Au cours des semaines, Ailée prit des
forces et devenait plus téméraire,
allant jusqu’au chemin en haut du
terrain, disparaissant dans le petit
sous-bois avant de revenir lestement.
Mais une n de journée elle entama
quelques galops joyeux en lisière du
petit bois, qui attirèrent l’attention
de l’un des renardeaux installé par
là en attendant l’heure de la visite.
Je vis tout à coup pointer ses deux
oreilles dans l’herbe haute et, pour
jouer, le renard se mit à entamer une
poursuite d’Ailée. Celle-ci, mi-erayée
mi-amusée par cette apparition,
partit faire un grand tour dans le
champ suivie par le renardeau, puis
par un second, qui, intrigué par cette
agitation, avait rejoint son frère. Ailée
alors entreprit de les semer et disparut
dans le bois pour réapparaître après
quelques minutes qui me semblèrent
fort longues. Elle me rejoignit
essouée, mais elle avait semé les
renards ! Depuis ce jour, je décidai
de ne plus la laisser courir librement,
car elle aurait aussi pu tomber sur des
chiens en balade ou encore paniquer et
partir sur la route ! Je la laissai dès lors
dans le parc de 600 mètres carré que
nous avions construit pour les tortues.
La barrière haute de 1.00 mètre fut
surmontée d’un l électrique pour
empêcher les chiens ou les renards
d’y pénétrer lorsque je m’absentais.
Ainsi Ailée put y rester dénitivement,
sans que je doive la rentrer le soir ou
lorsque je m’absentais. D’ailleurs en
grandissant Ailée n’aimait plus guère
être portée et se débattait comme un
petit diable. Depuis l’adoption d’Ailée,
deux nouveaux faons sont venus
Pierre entouré d’Ailée, Zézette et Pomone
photo : A. Tank
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4A l’écoute des animaux
C’est pourquoi le lundi 18 mars en n
de journée je fus étonné de ne pas voir
Ailée la femelle chevreuil venir me
saluer et manger les granulés et l’herbe
que je sers le soir à mes chevreuils.
Seules les deux autres chevrettes
Cabriole et Lila s’approchèrent,
mais semblaient plutôt anxieuses.
Selon un rite quotidien, mes chiens
m’accompagnent toujours et protent
de jouer dans le pré voisin de l’enclos
des chevreuils. Je constatai que les
chevrettes n’étaient pas derrière le
grillage de leur parc pour assister aux
ébats des chiens, ni pour accompagner
par jeu leurs courses, lorsque ceux-ci
passaient le long de la clôture, ni pour
aurais bien coupé les ailes ! Quant à
ces deux compagnes, elles semblaient
toujours aussi inquiètes et durent
se faire prier pour venir manger. Je
passai une mauvaise nuit, durant
laquelle l’imagination travailla et je
voyais déjà Ailée mangée par quelque
malfrat gourmet et sans cœur. Je me
rendis dès l’aurore au Parc et je repris
mes recherches. Heureusement je ne
découvris aucune trace de lutte ni à
l’intérieur de l’enclos, ni à l’extérieur,
pas de poils, pas d’herbe foulée. Ailée
s’était vraiment envolée. J’aurais
presque préféré la découvrir morte
que d’avoir cette incertitude sur son
destin. Je me sentais responsable des
malheurs qui pouvaient lui
arriver. C’est dans ces moments
que l’on peut vraiment ressentir
la douleur des proches d’un
enfant ou d’un être cher qui
disparaît sans laisser de traces !
Pendant les jours qui suivirent,
Cabriole et Lila reprirent peu à
peu conance, leurs habitudes
et leur joie de vivre, accourant
à mon arrivée, bondissant à
nouveau dans leur parc en
suivant les jeux des chiens.
Mais d’Ailée, pas de nouvelles
pendant plus de quinze jours !
Ailée avait été en chaleur
quelque temps auparavant,
et peut-être qu’un beau mâle
l’avait séduite et entraînée à sa
suite ? J’aimais me tranquilliser
avec cet espoir ! Mais
normalement la saison du rut
chez le chevreuil a lieu de juillet
à août. La femelle fécondée
a un arrêt du développement
embryonnaire durant l’hiver et,
reprend en février-mars pour des
naissance étalées de mai à juillet. Mais
il arrive paraît-il que des femelles, non-
fertilisées en été, le soient en février.
Le mâle, nommé brocard, se met à
délimiter son territoire dès mars avec
des marques odorantes, frottant
les buissons de ses bois pour les
débarrasser de la peau ne, nommée
velours, qui les recouvre durant leur
compléter la famille. Cabriole, en 2003
et, l’année dernière, Lila, répétèrent la
même aventure qu’Ailée.
Au cours de sa croissance le faon perd
ses taches blanches pour prendre la
belle couleur rousse de sa famille.
Durant l’été le chevreuil est roux, et en
hiver il devient brun marron avec une
toue de poils blancs sur le derrière.
La chevrette ne quitte guère son ou
ses faons durant les deux premiers
mois, jusqu’à la période des amours
en été, où elle le(s) quitte pendant de
courtes périodes pour aller rejoindre le
brocard sur son territoire. Les jeunes
ne quittent leur mère que l’année
Cabriole et Ailée sentent Zézette
photo : P. Challandes
suivante, lors de la naissance de leurs
frères ou sœurs. C’est une des raisons
pour laquelle mes chevrettes me sont
restées si attachées, ayant joué le rôle
de leur mère. Chaque matin les trois
chevreuil m’attendent pour recevoir
une caresse et leur nourriture, de
même qu’en n d’après-midi. Lorsque
je fais jouer les chiens dans le pré,
ou simplement lorsque je passe, elles
viennent nous saluer et nous observer.
échanger avec eux quelques coups de
langue à travers le grillage. Cabriole et
Lila se tenaient de l’autre côté du parc
et ne s’approchaient pas de la barrière,
et Ailée ne se montrait pas ! Inquiet,
je réalisai aussi que je n’avais pas vu
Ailée le dimanche soir ni ce lundi
matin. J’entrai dans leur enclos que je
parcourus en tous sens. Pas la moindre
trace d’Ailée. Je ressortis, longeai la
clôture, retournai à l’intérieur. Rien,
Ailée s’était envolée et cette fois je lui
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5
A l’écoute des animaux
croissance. Lorsque le velours est
tombé, le mâle commence de défendre
son territoire et, plus la période du rut
approche, plus il se montre belliqueux,
chargeant tout intrus. Le brocard
perd ses bois en novembre-décembre.
Chez le chevreuil, c’est la femelle qui
est douce; le brocard est agressif et
intolérant vis-à-vis des intrus. C’est
la raison pour laquelle il est très
dicile de garder un jeune faon mâle
car, adulte, il n’hésite pas à charger
l’homme qui l’a nourri ainsi que les
autres animaux partageant son enclos,
pouvant sérieusement les blesser.
Enn un matin je rencontrai une
amie de longue date, Françoise, qui
promenait son chien au haut du pré.
Pendant que mes chiens et le sien
jouaient ensemble, elle m’apprit
qu’une drôle d’aventure lui était
arrivé deux semaine auparavant : le
dimanche après-midi, alors qu’elle
promenait son chien près du « Country
Club » voisin de chez nous, elle a vu
débouler un chevreuil aolé au milieu
des joueurs de golf qui s’entraînaient
sur le petit terrain. Ensuite l’animal
erayé à voulu s’enfuir mais s’est
heurté à plusieurs reprises dans les
treillis. Aidée par un joueur, elle a pu
guider l’animal vers une ouverture
qui donne sur un chemin et une
région boisée. Ce chevreuil devait être
certainement Ailée ! D’un côté cela
me rassurait un peu, elle ne s’était
pas perdue du côté de la route; mais
l’endroit n’est pas de toute sécurité,
fréquenté par passablement de
promeneurs parfois accompagnés de
chiens, et il y a l’autoroute sur deux
côtés, des villas et des propriétés
clôturées de l’autres, empêchant un
retour aisé. Elle risquait d’être victime
de sa conance envers les hommes et
les chiens qui pouvaient l’attraper ou
la poursuivre et la faire fuir sur une
route. Le lundi je téléphonai encore
au garde-faune pour savoir s’il était
au courant de quelque chevreuil tué
sur la route ou par des chiens. A mon
grand soulagement, il n’avait pas
eu connaissance de tels faits dans la
région ! Fort de cet espoir, pendant
les jours qui suivirent, je parcourus
à pied toute la région. Ainsi, si Ailée
ne répondait pas à mes appels, elle
pourrait tomber sur mes traces et
celles de mes chiens, et les suivre
pour retrouver son chemin. A moins
qu’elle ne préfère la liberté, ce qui me
convenait aussi : pourvu qu’elle soit
heureuse, même si son existence en
était raccourcie.
Trois semaines s’était écoulées,
nous étions à la veille de Pâques et
je n’avais toujours pas de nouvelles
d’Ailée. Avant midi, alors que ma
femme quittait le Parc, elle aperçut
un chevreuil près du portail, qui
montait tranquillement en direction
du petit bois. Elle vint m’avertir. Je
me rendis immédiatement dans le
pré, mais le chevreuil avait disparu.
Alors, accompagné de mes chiens, je
parcourus le bois à sa recherche pour
savoir s’il s’agissait d’Ailée. Je revins
bredouille, le chevreuil n’avait pas
répondu à mes appels. J’étais un peu
déçu, mais si elle préférait la liberté !!!
Comme deux de mes chiennes, Falbala
la leonberg et la petite Zézette étaient
restées en arrière, je retournai sur
mes pas. Falbala me rejoignit très
rapidement, puis ce fut au tour de
Zézette, suivie dans le champ par
Ailée ! Cette dernière brouta encore
un brin d’herbe et bientôt me rejoignit
pour se faire caresser, puis après
m’avoir donné un coup de langue
elle me suivit tranquillement vers
son parc, attendit en léchouillant
mon pantalon que j’ouvre le portail
pour ensuite entrer dans son parc.
Les trois chevrettes se retrouvèrent
sans manifester une joie particulière,
comme s’il ne s’était rien passé. Par
contre durant l’après-midi Ailée suivit
tous mes va-et-vient pendant que je
rehaussais la clôture en tendant un l
de fer sur le sommet des piquets. Les
jours suivants, Ailée dormit beaucoup,
mais chaque fois que j’entrait dans le
parc, elle vint tranquillement se faire
caresser.
J’avertis le journal “Le Matin” pour
leur conter cette histoire de Pâques,
et le lendemain de la parution de
l’article j’eus la réponse à ma question :
pourquoi s’était-elle échappée et
pourquoi ses compagnes avaient-elles
l’air inquiètes ? En n de journée,
alors que j’arrivais au Parc, un jeune
homme, qui me suivait en vélo-
moteur, m’accosta en me disant “J’ai
lu l’article et je viens m’excuser, car
je crois que je suis responsable de la
fuite de votre animal! Nous avons
joué avec des bombes à poivre et
nous avons erayé les chevreuils. “
J’étais tellement soulagé de connaître
la raison de la fuite d’Ailée que je lui
serrai la main sans demander plus de
détails et le jeune homme repartit tout
aussi vite. Dans le fond que fallait-il
lui demander de plus, il s’était rendu
compte de son idiotie, s’était excusé
et surtout Ailée avait regagné ses
pénates ! C’était une fuite accidentelle
et pas un désir de liberté !
Bellevue, avril 2007
P.Challandes
Zézette, Ailée faon et la vieille Gardel
photo : P. Challandes
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