Spécial gazoducs
Le projet de gazoduc TAP, qui devrait relier l’Italie à la Grèce, fait l’objet à la fois de l’opposition
d’une partie de la population et de certaines collectivités des Pouilles, d’une suspension
temporaire des travaux et d’un reportage fortement critique paru dans le principal
hebdomadaire national ; cependant, le gouvernement italien s’est engagé, avec d’autres pays, à
soutenir également un deuxième projet de gazoduc, EastMed.
Signature d’une lettre d’intention entre la Commission européenne, l’Italie, la
Grèce, Chypre et Israël pour la réalisation du gazoduc TransMed
Le 3 avril, à Tel Aviv, le ministre du développement économique italien, Carlo Calenda, les
ministres de l’énergie israélien (Y. Steinitz), grec (G. Stathakis) et chypriote (G. Lakkotrypis) et le
commissaire européen M. Canete ont signé une déclaration conjointe de soutien à la réalisation du
projet EastMed, qui devrait être opérationnel en 2025. Mené par Edison (EDF) en JV avec
l’énergéticien grec DEPA, ce projet prévoit la réalisation d’un gazoduc offshore et onshore qui
devrait relier les gisements de la Méditerranée orientale, en particulier les gisements israélien et
chypriote Leviathan et Aphrodite, à la Grèce (via le Péloponnèse) et, via le projet de gazoduc italo-
grec Poseidon (également piloté par Edison et Depa), à l’Italie. Eastmed est soutenu par le
gouvernement italien, qui envisage de faire de l’Italie un hub gazier méditerranéen.
Le projet de gazoduc TAP, soutenu par le gouvernement italien, doit faire face à
l’opposition des collectivités et d’une partie de la population locale, ainsi qu’à des
difficultés administratives et à une enquête réalisée par le principal hebdomadaire
italien
Depuis fin mars, des manifestations ont lieu à Melendugno, dans les Pouilles, sur le site où est
prévu le débouché du gazoduc Trans-Adriatique (TAP), projet piloté par un groupement
d’énergéticiens (BP, SOCAR, SNAM, Fluxys, Enagás, Axpo) pour acheminer en Italie le gaz
d’Azerbaïdjan. Le consortium TAP avait commencé, en mars dernier, les travaux de
transplantation de quelques 200 oliviers qui se trouvent sur le site choisi pour la réalisation de la
partie onshore enterrée du gazoduc. Une partie des camions transportant les arbres ont été
bloqués par les manifestants, parmi lesquels des élus locaux, et, malgré l’intervention de la police
mobile, les travaux ont été arrêtés. Pendant la nuit entre le 5 et le 6 avril, en outre, des actes de
sabotage ont eu lieu sur le site de Melendugno : l’enceinte du chantier a été détruite et les
rues d’accès ont étés bloquées par des barricades. Par conséquent, les travaux ont été
temporairement arrêtés. Ces faits sont arrivés au lendemain de l’interpellation au Parlement du
Ministre Calenda, qui a affirmé que les travaux ne souffriraient pas de délais. Cela ne parait
cependant le cas car, quelques heures après ces déclarations, saisi par la région des Pouilles, le
tribunal administratif du Latium (TAR) a ordonné la suspension des travaux
préliminaires du TAP jusqu’au 19 avril. Le 28 mars, la Région des Pouilles, qui s’oppose au
projet actuel et demande le déplacement de quelques kilomètres du débouché du gazoduc, avait
déposé un recours au TAR du Latium contre l’autorisation accordée aux travaux de
transplantation des oliviers qur le site de Melendugno délivrée par le Ministère de
l’environnement. Le tribunal administratif a accepté la demande de recours et, le 6 avril, ordonné,
pour des raisons de conservation du bien, la suspension des travaux jusqu’au 19 avril. Le
gazoduc fait en outre l’objet d’une enquête menée par l’organisation Re:Common et
publiée dans L’Espresso, premier hebdomadaire d’information italien (édition du 16 avril).
Dans cette enquête le projet est surnommé « le gazoduc des trois régimes », à cause des liens
présumés entre sociétés financières impliquées dans le projet, soupçonnées d’être très proches des
présidents Vladimir Poutine, Ilhad Aliyev et Recep Tayyip Erdogan.