Essais et services // 19
Nouvelle méthode de détermination
quantitative du chrome (VI) toxique
Avec le soutien de l’OFEV et de l’Office de la
protection de l’environnement du canton de
Glaris, l’analyste de l’Empa Renato Figi et ses
collègues ont développé une nouvelle
méthode pour l’analyse fine du
chrome (VI) et du chrome (III)
pour «pouvoir enfin estimer
les risques toxicologiques
effectifs dus au chrome»
comme l’explique Figi.
L’analyse prélimi-
naire, soit la quantifica-
tion grossière de la te-
neur en métaux lourds,
s’effectue par analyse de
fluorescence X «sur l’objet».
Ceci permet aux chercheurs de
l’Empa de constater si la peinture
de protection contient ou non du chrome.
En cas de résultat positif, ils prélèvent un
échantillon du revêtement qui est ensuite fi-
nement pulvérisé.
L’astuce de cette nouvelle méthode réside
dans l’élévation du pH: en analyse classique,
les substances difficilement solubles sont nor-
malement dissoutes en milieux acide. L’équipe
de l’Empa a développé une méthode qui se dé-
roule au contraire en milieu basique, ce qui
suppose un savoir-faire élevé et pas mal de
doigté, comme le relève Figi. La totalité du
chrome est tout d’abord dissoute par cuisson
dans une solution
caustique; le chrome
(III) «inoffensif» est en-
suite éliminé pour qu’il
ne vienne pas fausser la
mesure. La détermination
effective du chrome (VI)
s’effectue à l’aide d’un
réactif qui provoque une
coloration rouge avec
les ions chrome et dont
on peut déterminer avec
précision l’intensité: la
teneur en chrome est
d’autant plus élevée
que la coloration est in-
tense. «Grâce à cette mé-
thode, de nombreux la-
boratoires d’analyse pour-
ront aussi offrir des analyses du
chrome (VI)» explique Figi.
Cette méthode de l’Empa présente en-
core un effet secondaire intéressant: la déter-
mination exacte de la composition chimique
du revêtement anticorrosion, y compris celle
de sa teneur en chrome (VI), ne prend que 24
heures. Les autorités peuvent ainsi identifier
de manière sûre et rapide les objets contami-
nés qui doivent être assainis en respectant
des mesures de sécurité élevées. Et pour les
propriétaires de tels objets, en cas de résul-
tats négatifs, cette analyse peut leur épargner
des frais d’assainissement élevés. //
ment de peinture d’un objet dépasse cette
valeur, ses propriétaires doivent procéder à
un assainissement très coûteux.
Mais comment les autorités décident
quels sont les objets qui doivent être assai-
nis? Pour cela il faut tout d’abord déterminer
la composition chimique de la peinture. Cela
parce que l’ampleur des mesures d’assainis-
sement, parfois très coûteuses, dépend entre
autres du type et de la concentration des
métaux lourds ainsi que de la grandeur
de la surface peinte.
Une tâche pas si simple car les
valeurs indicatives de l’OFEV se si-
tuent souvent dans le domaine du
«micro», ce qui exige des méthodes
d’analyse ultrasensibles, comme celles
que développe l’Empa. Cela vaut par-
ticulièrement pour le chrome (VI), car
alors que les métaux lourds tels que le
plomb, le zinc et le baryum sont relative-
ment faciles à analyser, il n’était jusqu’ici
pas possible de vérifier avec exactitude le dé-
passement ou non de sa valeur indicative:
d’une part les composés du chrome (VI) sont
difficiles à séparer des peintures à base de ré-
sine sans qu’ils subissent de modifications
chimiques. D’autre part, lors de l’analyse,
une partie du chrome (VI) se transforme en
chrome (III) moins toxique – ce qui fausse le
résultat.
Le chrome – inoffensif ou toxique?
Qu’est-ce qu’un métal lourd?
La notion de métal lourd n’est pas définie avec précision. Sont considérés comme métaux lourds
les métaux dont de la masse volumique est supérieure à cinq grammes par centimètre cube
comme c’est le cas par exemple pour le bismuth, le plomb, le zinc, l’étain, le nickel, le cad-
mium, le chrome et l’uranium. Les métaux lourds sont fréquemment utilisés en galvanoplastie.
En petites quantités, le fer, le cobalt et le cuivre sont des oligoéléments vitaux pour l’homme.
En grandes quantités, les éléments tels que le plomb, le cuivre et le chrome sont par contre
toxiques. Les plus toxiques sont le cadmium et le mercure.
Il y a chrome et chrome
La toxicité du chrome dépend de ce que l’on appelle sa valence chimique. Sous sa forme élé-
mentaire ainsi que sous forme de composés du chrome (III), ce métal n’est d’une manière gé-
nérale pas nocif. Les composés du chrome (VI), tels que par exemple les chromates, sont par
contre hautement toxiques. Ils provoquent des irritations des yeux, de la peau et des muqueuses
et l’inhalation de poussières renfermant du chrome (VI) peut provoquer un cancer des poumons.
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