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L’ESSENTIEL DU COURS
Le monde de 1945 à nos jours 7
L’ESSENTIEL DU COURS
Le monde de 1945 à nos jours
de punir les responsables
des crimes contre l’hu-
manité. Ceux qui ont
collaboré avec les vain-
cus sont victimes d’épu-
rations et, parfois, des
guerres civiles (comme en
Yougoslavie, en Grèce ou
en Chine) prolongent les
souffrances des peuples.
De nouveaux
rapports de
force
Les États-Unis sont les
premiers vainqueurs de
la Seconde Guerre mon-
diale. Leurs pertes ont été
moindres et ils se sont
enrichis. Ils détiennent
désormais les deux tiers du stock d’or mondial, ce qui
fait du dollar une monnaie de référence. La popularité
des États-Unis est immense dans les pays libérés par
l’armée américaine. Quoiqu’épuisée et ravagée, l’URSS
est également un grand vainqueur. L’Armée rouge
jouit d’un immense prestige, y compris en Occi-
dent où les communistes obtiennent des succès
électoraux : en France et en Italie, 30 % des électeurs
votent pour eux. Avec le soutien des Soviétiques,
ils s’imposent dans les pays de l’Europe de l’Est.
Le sort de l’Allemagne est réglé aux conférences de
Yalta (février 1945) et de Potsdam (juillet-août 1945).
Ses conquêtes lui sont retirées, ainsi que l’Autriche
et d’importants territoires situés à l’est du pays, qui
sont donnés à la Pologne. L'Allemagne est découpée
en quatre zones d’occupation (américaine, sovié-
tique, britannique et française). Les vainqueurs se
lancent dans un programme de désarmement et
de dénazification : il s’agit de changer les esprits, de
faire des Allemands un peuple attaché à la démocra-
tie. Mais les Alliés n’ont pas tous les mêmes objec-
tifs : les Français veulent affaiblir l’Allemagne le plus
possible, les Américains veulent faire triompher la
démocratie et le libéralisme, les Soviétiques veulent
qu’une Allemagne socialiste renaisse des ruines
du nazisme.
La paix à reconstruire
Déjà avant la fin de la guerre, les Alliés ont réfléchi
à la manière de reconstruire un monde où la
diplomatie l’emporterait sur la guerre et où les
peuples ne se refermeraient pas sur eux-mêmes.
En juillet 1944, à Bretton Woods, 44 pays fondent
un nouveau système monétaire international,
dont le dollar – monnaie de la première puissance
économique mondiale – est le pivot. Un Fonds
monétaire international (fmi) est institué
pour prêter de l’argent aux pays en difficulté.
À la conférence de San Francisco (juin 1945), la sdn
(Société des Nations), qui n’a pas réussi à éviter la
guerre, cède la place à l’onu (Organisation des Nations
unies). Celle-ci rassemble les principaux vainqueurs
de la guerre. Composé de 11 États, dont cinq membres
permanents dotés d’un droit de veto (États-Unis, Chine,
URSS, Grande-Bretagne et France), son Conseil de
sécurité doit préserver la paix. Des institutions civiles
comme l’oms (Organisation mondiale de la santé), la fao
(Organisation pour l’agriculture et l’alimentation) ou
l’unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation,
la science et la culture) reçoivent pour mission de
favoriser la coopération
entre les peuples.
Mais les deux Grands
(États-Unis et URSS) se
méfient l’un de l’autre et
ne partagent pas la même
vision du monde. Par
ailleurs, de nouveaux foyers
de tensions apparaissent
dans les colonies.
La fin de la Seconde Guerre
mondiale suscite l’espoir
d’un monde pacifié, mais
les sujets de discordes n’ont
pas disparu.
QUATRE ARTICLES DU Monde À CONSULTER
p. 9
(Simone Veil et Hubert Falco, 28 janvier 2010.)
• p. 10-11
(André Fontaine, 4 février 1990.)
• p. 12-13
(lemonde.fr, 25 juillet 2005.)
• p. 13
(Jean-Pierre Tuquoi, 1er juillet 1994.)
dates clés
27 janvier 1945
Libération du camp d’Auschwitz.
Conférence de Yalta.
30 avril 1945
Suicide d’Hitler.
26 juin 1945
Adoption de la Charte des Nations
unies à San Francisco.
8 mai 1945
Capitulation allemande.
17 juillet 1945
Accords de Potsdam sur le sort de
l’Allemagne.
6 août 1945
Bombardement atomique sur
Hiroshima.
8 août 1945
Déclaration de guerre de l’URSS
contre le Japon.
9 août 1945
Bombardement atomique sur
Nagasaki.
15 août 1945
Condamnation à mort de Pétain
pour haute trahison.
2 septembre 1945
Capitulation japonaise.
PeRsONNaGes
clés
Premier ministre britannique
pendant toute la durée de la
guerre, il incarne la résistance
à l’Allemagne nazie, mais aussi
la volonté de contenir l’impéria-
lisme soviétique.
FRANKLIN ROOSEVELT
Président démocrate des États-
Unis, il disparaît le 12 avril 1945,
avant la fin de la guerre. À Yalta,
il apparaît comme l’arbitre entre
Churchill et Staline.
Il est l’un des principaux fonda-
teurs de l’onu.
Les dirigeants Alliés à la conférence de Yalta. De gauche à
droite : Churchill, Roosevelt et Staline.
Un monde traumatisé
La Seconde Guerre mondiale a été le conflit le plus
sanglant de l’histoire, avec près de 60 millions de
morts, dont une grosse vingtaine en Asie et autant
en URSS. Les pays les plus affectés, proportionnel-
lement à leur taille, sont la Serbie et la Pologne. En
revanche, les États-Unis ont eu peu de pertes hu-
maines. La moitié des morts sont des civils, victimes
de bombardements, d’atrocités ou de génocides.
Des millions d’Européens errent sur les routes :
les survivants des camps
tentent d’atteindre la Pa-
lestine ou les États-Unis ;
les habitants des pays baltes
occupés par l’Armée rouge
essaient de fuir à l’ouest ; les
Allemands d’Europe cen-
trale sont expulsés vers ce
qui reste de l'Allemagne. Les
dégâts matériels (surtout
dans les pays vaincus) sont
impressionnants. Des villes
en ruine (Berlin, Varsovie,
Stalingrad, Hiroshima…)
sont à reconstruire. Les in-
frastructures (ponts, routes,
gares) sont très touchées,
créant d’énormes difficul-
tés de transport. En 1945, la
pénurie règne dans toute
l’Europe. Les productions
se sont partout effondrées.
En Europe, la production
industrielle a chuté de 50 %
par rapport à 1939. Seuls
les États-Unis, « arsenal
des démocraties », ont pu
profiter de la guerre pour
moderniser leur industrie.
La découverte des camps
d’extermination (Aus-
chwitz) et l’utilisation de
la bombe atomique ont
été des chocs. L’emploi des
techniques les plus mo-
dernes dans le but de semer
la mort a fait perdre à beaucoup d’Occidentaux toute
foi dans le progrès. De même, on découvre que des
médecins allemands ou japonais ont effectué des ex-
périences médicales mortelles sur des prisonniers :
la science est sur le banc des accusés. Le génocide et
ses 6 millions de victimes juives et tsiganes représen-
tent un autre traumatisme : il pose la question des
valeurs collectives de l’humanité et met en évidence
la fragilité de la civilisation européenne. Comment a-
t-on pu laisser Hitler mettre ses projets à exécution ?
À Nuremberg et à Tokyo, des tribunaux se chargent
MOts clés
La Seconde Guerre mondiale, qui s’achève avec la capitula-
tion du Japon (2 septembre 1945), laisse l’Europe et l’Asie
épuisées. Atterrés par les dégâts provoqués par le conflit,
les vainqueurs veulent construire un monde de paix. Mais de
nouveaux défis s’imposent aux grandes puissances qui doivent
composer avec des intérêts qui ne se concilient pas toujours.
ARSENAL
DES DÉMOCRATIES
Expression désignant les États-Unis
comme fournisseurs du matériel de
guerre des Alliés, dans le cadre du
Victory program (programme visant
à mettre l’économie américaine au
service de la guerre jusqu’à la vic-
toire : production d’armes, notam-
ment) établi par Roosevelt en 1942.
Camps de déportation comme
Auschwitz-Birkenau, dans lesquels
les nazis assassinent, à partir de
1942, les populations qu’ils jugent
indésirables (les juifs et les tziganes
notamment).
Notion juridique définie en 1945
lors du procès de Nuremberg. Elle
qualifie toute politique visant à
persécuter une population pour
des raisons raciales, ethniques ou
religieuses. Imprescriptible, un
crime contre l’humanité ne peut
être effacé par le temps.
ÉPURATION
Mesure visant à éliminer (d’un
groupe, d’un parti, d’une société)
les membres jugés indésirables.
Rencontre entre Roosevelt, Staline
et Churchill (février 1945), au cours
de laquelle les trois hommes décidè-
rent : des conditions de la libération
de l’Europe et du rétablissement
de la démocratie dans ces pays, de
la lutte contre le Japon, du sort de
l’Allemagne, du statut de la France
reconnue comme État vainqueur,
et de l’organisation de la future onu.
CONSEIL DE SÉCURITÉ
Organe clé de l’onu composé de
onze membres, dont cinq perma-
nents. Il a pour mission d’adresser
des recommandations aux États et
de voter des résolutions afin de pré-
server la paix. Il peut décider une in-
tervention armée contre un État qui
ne respecte pas le droit international.
Les cinq membres permanents dis-
posent d’un droit de veto, procédure
par laquelle ils peuvent s’opposer à
une décision, même si une majorité
se prononce pour celle-ci.
Le monde en 1945
Champignon atomique sur la ville de Nagasaki le 9 août 1945.
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