annonce qu’il va « examiner les possibilités pratiques de mettre en œuvre la consigne sur les petits
conditionnements de boisson, ou tout autre système arrivant aux mêmes objectifs ». Si on comprend la
volonté de travailler de concert avec les autres régions du pays et d’avancer parallèlement avec la
Commission européenne sur ce sujet, il est grand temps de mettre en œuvre cette mesure qui contribuera
certes à améliorer l’état de l’espace public wallon en réduisant les abandons sauvages des contenants
concernés mais qui présente aussi d’autres attraits : elle constituera également une plus-value pour
l’économie régionale. Une étude réalisée en 2010 par « Friends of the Earth Europe » a en effet démontré
qu’une tonne de déchets recyclés générait 5 à 10 fois plus d’emplois qu’une tonne de déchets incinérés !
Signalons encore une volonté de rationalisation des outils de gestion et de traitements des déchets avec
une stratégie de subsidiation des infrastructures qui devrait orienter davantage les flux vers le réemploi et
le recyclage. Des filières qui peuvent profiter au secteur de l’économie sociale qui doit aujourd’hui être
considéré comme un interlocuteur incontournable. Espérons que cette refonte de la subsidiation des outils
ne sera pas ébranlée par le lobby des acteurs des déchets et intercommunales qui veulent rentabiliser
leurs outils qui ne rencontrent pas toujours l’optimum économique et environnemental.
Par ailleurs, on distingue déjà une trame qui quadriera le futur plan. Celle de l’économie circulaire.
Demain le déchet ne sera plus quelque chose dont on doit se débarrasser mais bien une matière première
qui entrera dans une chaîne de valeur. De nouvelles filières de collecte et de recyclage émergent déjà
alors que le monde prend conscience des « mines d’or » qui se trouvent dans nos poubelles. Un des
challenges sera de capter les flux et de faciliter la rencontre entre producteurs de « déchets » et leurs
nouveaux utilisateurs, et ce de préférence avec une approche territoriale pour travailler en circuits courts.
Espérons que les ambitions wallonnes en matière d’économie circulaire seront plus élevées que celles
affichées par la Commission européenne qui vient de présenter son paquet Economie circulaire aux
objectifs moins ambitieux que ce qui était dans les cartons. Pour rappel, le paquet Economie circulaire
préparé sous la précédente Commission était passé à la trappe par la Commission Juncker sous prétexte
de le remanier et le rendre « plus ambitieux » et de « mieux légiférer »… Le lobby industriel n’y était pas
étranger. La première version du paquet proposait un objectif de recyclage des déchets ménagers de 70%
et un maximum de 5% de mise en décharge des déchets réutilisables ou récupérables. Elle visait
également une réduction du gaspillage alimentaire de 30% entre 2017 et 2025 et proposait également un
objectif indicatif d’efficacité dans l’utilisation des ressources. Ce paquet aurait permis, selon estimations,
de créer deux millions d’emplois et d’épargner 600 milliards d’euros. Force est de constater que la
nouvelle mouture présentée ce 2 décembre est nettement moins ambitieuse : 65% de recyclage des
déchets ménagers, 10% de déchets réutilisables autorisés en décharge, pas d’objectif sur le gaspillage
alimentaire ni l’efficacité des ressource… Un beau gâchis de ressources, d’argent du contribuable et
d’opportunité d’emplois ! Le groupe de réflexion Green Alliance a estimé qu’en ne déployant pas
pleinement les différents pans de l’économie circulaire, l’UE se prive de la création nette de 270 000
emplois et d’une économie de 3 milliards d’euros par an … Apparemment il y en a encore qui ne peuvent
croire qu’amélioration de l’environnement et développement économique peuvent converger. Gageons
que les wallons ne seront pas si incrédules !
Notes
[1] Norme établie pour la gestion des déchets reposant sur la hiérarchie suivante : prévention,
réutilisation, recyclage, valorisation énergétique, élimination