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Chapitre 2.1.11. — Peste équine
A. INTRODUCTION
La peste équine (PE) (Peste equina africana, African horse sickness [AHS]) est une maladie des équidés non
contagieuse, transmise par des arthropodes, due à un orbivirus (ARN double brin) de la famille des Reoviridae.
Le genre Orbivirus comprend aussi le virus de la fièvre catarrhale ovine et celui de la maladie hémorragique
épizootique qui ont des aspects morphologiques et des propriétés biochimiques voisines alors qu’ils diffèrent par
leurs caractéristiques pathogènes et antigéniques ainsi que par les espèces affectées. Le génome du virus de la
peste équine (AHSV, African Horse Sickness Virus) est formé de 10 segments double brin d’ARN, qui codent
7 protéines structurales (VP 1-7), la plupart de celles-ci ayant été séquencées pour les sérotypes viraux 4, 6 et
9 (25, 31, 34), et 4 protéines non structurales (NS1, NS2, NS3, NS3A) (9, 17). Les protéines VP2 et VP5 forme la
partie externe de la capside du virion, et les protéines VP3 et VP7 constituent les constituants majeurs de la
couche interne de la capside. Les protéines VP1, VP4 et VP6 sont les constituants mineurs de cette couche
interne. Récemment, il a été indiqué que les protéines NS3 sont les secondes protéines virales les plus
variables (32) ; les premières plus variables étant la protéine majeure VP2 de la surface de la capside. Cette
protéine VP2 est aussi responsable des sérotypes viraux et, avec VP5, de l’activité de neutralisation du virus (23).
Neuf sérotypes distincts de virus de la PE ont été identifiés par neutralisation virale, mais aucune réaction croisée
avec d’autres orbivirus connus n’a été observée.
La PE demeure enzootique en Afrique sub-saharienne, bien que des poussées occasionnelles aient été
enregistrées en Afrique du Nord (1965, 1989-1990), au Moyen Orient (1959-1961), et en Europe (Espagne, 1966,
1987-1990 et Portugal, 1989).
La maladie présente, à la fois une incidence saisonnière (fin de l’été, automne) et cyclique avec des pics
épizootiques en Afrique du Sud durant les accès de chaleur (1). La mortalité apparaît en rapport avec les
espèces d’équidés affectés et la souche ou le sérotype de virus en cause. Au moins 2 vecteurs sont impliqués sur
le terrain : Culicoides imicola et C. bolitinos. Parmi la famille des équidés, le cheval est le plus sensible au virus
de la PE, avec un taux de mortalité de 50 à 90 %, suivi par le mulet, avec un taux de mortalité voisin de
50 %. Dans les régions d’enzootie africaines ; l’âne est très résistant et ne fait que des infections sub-cliniques.
Cependant, en Europe et dans les pays asiatiques, l’âne se révèle moyennement sensible et la mortalité peut
atteindre 10 %. Les zèbres sont aussi très résistants, n’extériorisent aucun signe clinique, mais ils peuvent
présenter une virémie prolongée (jusqu’à 40 jours).
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
Le diagnostic de laboratoire est essentiel. Bien que certains signes cliniques et certaines lésions soient très
évocateurs, la PE peut être confondue avec d’autres maladies. Par exemple, l’œdème de la fosse temporale, qui
est souvent présent chez les chevaux atteints de forme subaiguë, est, associé à des commémoratifs historiques,
suffisant pour tenter le diagnostic. Les autres signes et lésions sont moins spécifiques de la PE, et d’autres
maladies telles que l’encéphalose équine, l’anémie infectieuse, la pneumonie à morbilivirus, l’artérite à virus, la
babésiose et le purpura hémorragique, doivent être écartés. Il existe 4 formes classiques de PE : pulmonaire,
cardiaque, cardio-pulmonaire ou mixte, et fébrile pure (6).
La forme suraiguë ou pulmonaire, qui a une incubation courte (3 à 5 jours), est caractérisée par une dyspnée
sévère et une atteinte respiratoire progressive. Une poussée aiguë fébrile, durant 1 à 2 jours et pouvant atteindre
40 à 41°C, peut être le seul signe. Le plus souvent elle est suivie par divers degrés de détresse respiratoire – La
fréquence respiratoire peut augmenter à 60 ou même 75 respirations/min. Le sujet se tient immobile, les
antérieurs écartés, la tête tendue sur l’encolure, les naseaux dilatés. Un jetage abondant est fréquent et une toux
spasmodique peut être notée en phase terminale avec un jetage mousseux obstruant les naseaux. La mort
survient en général quelques heures après le début des manifestations cliniques, l’animal se noyant littéralement
dans son propre fluide séreux. La forme pulmonaire est habituellement observée chez les animaux très sensibles,
infectés par une souche hautement virulente, ou sur des animaux qui ont été soumis à un effort physique durant
la phase fébrile. La guérison de cette forme est exceptionnelle, survenant dans moins de 5 % des cas.
L’incubation de la forme subaiguë, oedémateuse ou cardiaque, varie de 7 à 14 jours, et l’apparition des signes
cliniques est marquée par une réaction fébrile (39 à 41°C) qui dure 3 à 6 jours. Peu après le déclin de la fièvre,
des tuméfactions oedémateuses peuvent apparaître. Elles débutent dans la fosse temporale ou supra-orbitaire et
sur les paupières, puis, plus tard atteignent les lèvres, les joues, la langue, l’espace inter-mandibulaire et la
région laryngée. Les oedèmes sous-cutanés peuvent s’étendre à distance du cou vers la poitrine et, dans les cas
sévères, peuvent envahir la cage thoracique et les épaules, mais en général pas les membres postérieurs. En
phase terminale, des pétéchies peuvent être constatées dans la conjonctive et sous la face ventrale de la langue.
Finalement, l’animal devient agité et peut montrer des signes de coliques avant de mourir d’un arrêt cardiaque.
Une difficulté de déglutition en rapport avec une paralysie de l’œsophage est aussi rencontrée. Le taux de
mortalité est d’environ 50 % et la mort survient généralement en 4 à 8 jours après l’apparition de la réaction
fébrile. Lors de guérison, les oedèmes se résorbent progressivement en 3 à 8 jours. Cette forme clinique est
250 Manuel terrestre de l’OIE 2005