[ se ] [ ki ] [ rèst ]
dAurélie Derbier
Présente
Le
Le
Dossier de Présentation
2015
[se] [ki] [rèst]
Le
C/O Vernay Marie-Rose
29 avenue Felix Viallet
38000 Grenoble
lecontrepoing@gmail.com
Contact : Aurélie Derbier 06 83 21 86 54
Note d’Intention
Quest-ce que le deuil? Qu’est-ce que «tourner la page»? Quest-ce que «vivre avec», «vivre sans»?
Quest-ce que le souvenir? Quest-ce que ressentir? Quest-ce que lémotion?
C’est en me posant ces questions, plus ou moins imposées par mon expérience de vie, que mest venue
lenvie décrire cette pièce. Lenvie et le besoin. Le besoin de transmettre et de poser par écrit des sentiments
ineables, un paradoxe.
Comment exprimer ce temps particulier suite au décès dun proche, dun être cher?
Comment nommer ce qui se joue lors de la mort dun être aimé? Surtout lorsque cette mort est brutale,
surtout lorsque cette mort est volontaire. Ceux laissés derrière passent par de multiples étapes, de multiples
sensations, dicilement cernables, impossibles à classer chronologiquement, à dénir réellement. Pour
autant, le besoin den parler est impérieux.
Mais comment ne pas transformer, distordre, trahir la multitude de notre ressenti? Comment
produire une photographie émotionnelle la plus proche de nos marasmes intérieurs? Quel est l’impact
du temps? Quelle est l’inuence de la mémoire? Comment fonctionne la reconstruction du souvenir?
Quest-ce que transposer, retranscrire? Comment?
Ces questions ont hanté mon processus décriture. Comment créer un langage plus universel?
Quelle langue sera la plus dèle aux ressentistout en étant lisible pour tous? Comment écrire sur un sujet
aussi sensible et personnel tout en étant accessible aux autres? Comment dépasser le cadre du journal
intime et orir une expérience désirée universelle?
Car nous connaissons tous ces moments: le deuil, la colère, la tristesse, la perte, la solitude, les
regrets… Chaque être doit perdre et reconstruire. Parfois un détail. Parfois, son monde. Je voulais parler
de ce moment fragile et particulier, je voulais transmettre cette expérience quest le processus de deuil
parce que je sais ne pas être seule, parce que je la sais universelle tout en étant unique, parce que dautres
ont vécu et vivront ces épreuves, et que la partager aide, tout simplement.
Lors de ce travail décriture, je me suis attachée aux symboles, aux images, au visuel, éléments
à mon sens, les plus à même dêtre dèles aux ressentis. Les sensations sont des courbes, des couleurs,
des pointes, dicilement nommables, et le moyen le plus pertinent pour les transposer est duser de
métaphores. Le temps coule, inexorablement, il délite, dilue, que reste-t-il de lautre suite à son passage?
Que reste-t-il des souvenirs communs? Que reste-t-il des moments passés ensemble? Que reste-t-il de la
sourance vécue? Que nous reste-t-il?
Que reste-t-il à ceux qui restent?
Des ashs, des sensations, des bribes, du son, des images, des odeurs… Singulières et pourtant
sans doute communes. De la douleur aussi, de lamour, des regrets, des liens, des autres, et une ombre...
Le dé est aujourd’hui de pouvoir les mettre en forme sur un plateau de théâtre.
Aurélie Derbier
Note de Mise en Scène
La scénographie évoquera un cerveau, ses mailles et ses détours.
Des souvenirs - en suspens ou non -, liés au quotidien parsèmeront la scène et seront utilisés lors des
divers ashs mémoriels (un canapé, une télévision, une table, des chaises, un four micro-ondes, une
bibliothèque,...).
Des décors dans les airs représenteront comme une toile daraignée, symbolisant ainsi les mailles du
cerveau, qui descendront aux scènes adaptées et remonteront ensuite.
(Pour simplier et adapter aux diérentes salles, la possibilité d’une scénographie dans les coulisses ou
masquée sur le plateau senvisage).
Des ls de tissus traverseront le plateau, évoquant une toile daraignée, le l de notre mémoire.
La vidéo soutiendra les actions, symbolisant les soudaines réminiscences de moments vécus. Elle
pourra être oppressante, envahissante, ou discrète, presque invisible. L’idéal serait 3 écrans (1 face et 2
latéraux), il y aurait de la vidéo dans chaque scène, certaine dambiance (des formes, des sons), dautres
joués.
Le spectateur est ainsi invité à l’intérieur d’Elle mais aussi, de lui-même.
Distribution idéale: 9 comédiens (dont 4 techniciens-comédiens)
Ami-Il principal
Elle
Une amie
Un ami 1
Un ami 2
Technicienne 1
Technicienne 2
Technicien 1
Technicien 2
Les techniciens ont à charge les rôles plus secondaires (homme 1 et 2, pompier,
membre du samu, les rôles dami rouge, bleu, super-héros, Roméo et Juliette, la
voyante, l’inconnu), la manipulation des décors, et des guindes pour la danse.
Les autres comédiens jouent les rôles des Elle (une principale, et une incarnée), des
Ami-Il adultes (un principal et des incarnés) et des amis.
Distribution a minima: 5 comédiens
Ami-Il principal
Elle
Une amie
Un ami 1
Un ami 2
Extrait du Texte
Scène 4. Douleur. Arrêt. Vide. Solitude.
Elle est seule, nue, dans une robe translucide. Figée. Le regard vide. Autour d’Elle, la Famille, les Amis,
des gens saairent, marchent, continuent leur vie, ils sont un ux que rien narrête. Un ux perpétuel.
Une horloge indique le temps qui passe, toutes ces secondes qui sécoulent. Et Elle ne bouge pas. On dirait
presque qu’Elle ne respire plus. Des cordes sont enroulées autour de ses bras et de ses jambes. Soudain,
l’horloge monstrueuse cesse de marquer les secondes qui passent. Tous autour d’Elle se gent. Les cordes
se tendent, enserrent ses bras, ses jambes, la soulèvent du sol, lécartèlent. Elle hurle en silence, Elle hurle,
Elle hurle, Elle hurle. En silence. Elle retombe, Elle Le voit partout, Elle court dhomme en homme mais ce
nest jamais Lui. Elle prend des médicaments, Elle prend de lalcool, Elle prie, Elle pleure, Elle pleure quand
Elle rit, Elle sétrangle, Elle se frappe la tête contre les murs, la pointe de lAbsence pénètre en ses tripes,
létau du Manque enserre ses tempes, ses entrailles, son cœur, son âme. Elle hurle en silence. Elle rêve que
tout l’emporte, quElle disparait. Elle est prostrée. Et toujours en fond, ses mots implacables qui délent
sans cesse :»La douleur est juste la douleur.» Lhorloge reprend son tic-tac, la foule, son mouvement. Elle
est toujours prostrée.
Scène 9. COMPRENDRE.
Elle est au centre.
ELLE.- Pourquoi est-ce que je dois aimer quelquun qui nest plus là ? Pourquoi nest-Il plus là ?!
La lumière se fait sur deux Amis, lun gurant Il-enfant, et l’autre, le Grand-Père dIl, un pasteur. Un
autre Ami, en retrait, incarne Il-adulte.
On voit lAmi-Grand-Père d’Il caressant les cheveux de lAmi-Il-enfant. LAmi-Il-adulte et Elle les re-
gardent de loin.
AMI-IL-ADULTE.- Que veux-tu que je te dise… Il n’y a pas que chez les prêtres quon voit ça.
AMI-IL-ENFANT.- Grand-père ?
AMI-GRAND-PERE D’IL.- (toujours caressant les cheveux de lAmi-Il-enfant) Je jure devant Dieu que
je nai jamais porté la main sur Lui.
[...]
Lumière sur un Ami-Il travesti et maquillé outrageusement. Lumière sur un autre Ami-Il avec de la
drogue en main. Lumière sur un Ami-Il avec un attaché-case. Lumière sur un Ami-Il en costard cravate.
AMI-IL TRAVESTI.- 50 la pipe, 100 la sodo chéri.
LAmi-Il avec de la drogue se fait un rail et prend des cachetons.
1 / 16 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !