RÉPUBLIQUE DU TCHAD
MINISTÈRE DE L’ÉLEVAGE ET DES INDUSTRIES ANIMALES
ÉTUDE
DES PATURAGES
du Ranch de I’Ouadi Rimé
par Hubert GILLET
du Muséum National d’Histoire Naturelle
CENTRE DE RECHERCHES TCHADIENNES
OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
ET TECHNIQUE OUTRE-MER
Plan -programme 1 960-I 961
Convention Service
de I’Élevage O.R.S.T.O.M.
ETUDE DES
PATURAGES
DU
RANCH
DE L’OUADI
RIME
(Tchad)
Par
H.
GILLET.
Première Partie
ETUDE
GENERALE
ALI
centre de la République du Tchad, dans la région du Batha
au Nord d’Ati, s’étendent de vastes surfaces peu peuplées, par-
courues extensivement par des troupeaux de bîeufs accompagnés
de leurs pasteurs, et ensemencées de
mil
de place
en
place.
Si
avec
l’arrivée de la saison des pluies, l’herbe
y
pousse abondamment,
pendant tout lel reste de l’année de la paille jaune recouvre le
sol
et
constitue quand même une nourriture suffisante pour faire vivre de
très nombreux bovins. L’élevage qu’on
y
pratique fournit des bêtes
les
unes appréciées, les autres passables et d’autres enfin inex-
ploitables pour la boucherie.
Cette
zone a attiré l’attention du
Ministère de 1’Elevage
et
en
1956
il
fut
décidé que l’on
y
créerait de
toutes pièces,
ne subsistait rien, un centre d’élevage national
:
bref un Ranch d’élevage. Ce fut le Ranch de l’O.
Rimé.
Le but de
l’opération était avant tout l’étude des possibilités de production de
viande de boucherie de première qualité par la. sélection du bétail
local et l’embauche.
I.
-
EMPLACEMENT
Le choix de l’emplacement du Ranch posait
un
singulier pro-
blème.
I1
fallait trouver
une
concession d’un seul tenant d’une éten-
due sufisante pour faire vivre plusieurs milliers de bovins et dont
la mise
en
exploitation causerait le moins de préjudice possible aux
JOUIINAI. D’AGRICULTURE
TROPICALE
ET
DE
BOTANIQGE APPLIQUÉE,
T.
VII,
NO
3í,
NOVEXBIIE
1360
autochtones. Plusieurs difficultés
en
plus devaient être surmontées
:
éviter d’interrompre les grands terrains de parcours empruntés par
les nomades pour leur transhumance annuelle, ne pas englober ou
couper des terres de cultures, respecter certains pâturages tradi-
tionnellement utilisés.
I1
était entendu au préalable que la région
du Batha par sa position centrale
et
par sa faible densité serait
choisie de préférence.
Carte
1.
--
Lc
Ranch de l’Ouadi
Rimé
(en
traits croisés),
situé au centre de
la
cuvette tchadienne entre le Lac Tchad
et
les monts du Ouadaï, et au-
Nord
de l’Ouadi Batha.
Dès lors, malgré l’apparence de vastes possibilités, les conces-
sions possibles devenaient extrêmement limitées
et
finalement
il
fut décidé d’implanter le Ranch au Nord de Djedaa dans un rec-
tangle limité au Nord par
1’0.
Rimé,
au Sud par une ligne passant
au Nord des puits de Himedieh et d’Am Zerga,
à
l’Ouest par
une
ligne passant
un
peu’
à
l’Est des puits d’Al Adara, Dangey et Saalay
et
à
l’Est par une ligne passant franchement
à
l’Ouest des puits de
Kabro
et
de Sountay. Ainsi défini,
le
Ranch s’inscrit dans
un
rec-
tangle de
30
km
sur
26
km
dont les côtés seraient alignés approxi-
mativement au Sud suivant
un
parallèle de
13”
30’
37”
de latitude
Nord, au Nord suivant
un
parallèle de
13”
50’
17”,
à
l’Ouest
suivant
un
méridien de
18”
30’
12”
de longitude Est, et
à
l’Est
suivant
un
méridien de
18”
40’
30”
de longitude Est.
-3-
De plus l’angle! Sud-Est du rectangle
a
été tronqué pour ménager
les terrains de culture d’Am Zerga, ce qui retire
44
km‘
par rapport
au rectangle parfait. Ainsi défini le Ranch occupe une surface de
74
500
ha d’un seul tenant, sans accident de relief. Aucun oued ne
le
traverse.
I1
est d’une grande platitude
et
est partout carrossable.
Carte
2.
-
Emplacement du Ranch.
En
traits
interrompus
:
la limite de la con-
cession.
Les
gros
points noirs indiquent l’emplacement des puits.
Les
chiffres
correspondent aux numéros
des
puits.
L’O.
Rimé
ne
fait que l’emeurer dans l’angle Nord-Est. en décrivant
une boucle qui pendant
3
km
pénètre
a
l’intérieur des limites
administratives. Malgré
sa
position très excentrique
1’0.
Rimé
a
donné son
nom
au Ranch qui s’intitule officiellement
“kch
&
l’Ouadi
Rimé
”.
-4-
L’emplacement
tel
qu’il vient d’être défini semble être le plus
favorable, compte
tenu
des conditions locales
:
le déplacer plus
à
l’Est aurait amené
à
y
englober des aires cultivées, donc
à
devoir
indemniser par expropriation
un
grand nombre de cultivateurs, le
circonscrire plus
à
l’Ouest l’aurait placé sur le trajet des grandes
pistes de transhumance suivies par le bétail en direction Nord au
commencement de la saison des pluies (vers
l’O.
Haddad) et en
sens contraire quand la sécheresse revenue oblige les grands trou-
peaux
à
émigrer \ers
le
Sud. La traversée périodique par des
milliers de têtes de bétail d’une zone
les pâturages sont exploités
suivant
un
plan méthodique n’aurait pas été souhaitable.
D’autre part vers
le
Sud, la limite du Ranch coïncide
à
peu près
avec la zone
oh
s’opère
un
changement dans la nature du. sol.
Alors qu’il s’étend entièrement sur une aire sablonneuse homogène,
vers le Sud apparaissent des terrains argileux dont l’intégration
aurait apporté un changement dans la couverture végétale. Les
propriétés filtrantes des sols sablonneux se prêtent beaucoup mieux
à
l’installation de pâturages
à
base surtout de Graminées annuelles,
que la compacité des sols argileux qui profitent surtout aux espèces
ligneuses
et
donnent
un
tapis végétal de densité irrégulière.
I1
n’y
a donc su’à se féliciter de 1’impIantation prévue qui a tiré
Ie
maximum des données topographiques régionales.
Sa situation
à
l’extrême Sud de la zone sablonneuse qui couvre
tout
le Nord Batha lui vaut bien entendu le niveau pluviométrique
le plus élevé que
l’on
puisse espérer pour ce type de terrain ce qui
ne peut avoir que des conséquences heureuses du point de vue
pastoral.
.
II.
-
AMÉNAGEMENT
1”)
L’installation
LES
reconnaissances sur
le
terrain ayant été effectuées et
le
financement étant
assuré
grâce
aux
crédits débloqués par la
F.A.O.,
les premiers travaux commencèrent
en
Avril
1956.
Il fallut de
toutes pièces créer
le
centre d’élevage, car
à
part l’existence de deux
puits cimentés,
no
2
et
no
3,
forés par le Service des Travaux Sou-
terrains, on ne pouvait compter que sur
74 500
ha de
<<
brousse
>).
I1
fut décidé de mettre le
<(
head quarter
>>
c’est-à-dire l’âme du
Ranch
à
c6té du puits
no
2
au lieu dit Iffenat,
à
68
km
par la piste
au Nord-Nord-Est d’Ati et
à
20
km
au Nord de Djedaa. Les
premiers
((
pionniers
>>
vécurent d’abord
sous
une tente
ou
à
l’abri
d’une bâche tendue entre des arbres, mais les travaux furent menés
bon train puisque dès février
1957,
soit dix mois après
Ie
premier
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