Les imprimantes 3D vont révolutionner la dentisterie, avec une applica-
tion directe en implantologie et en orthodontie. Le premier avantage
est de permettre à l’implantologue d’avoir la main plus sûre. Un second
est de lui permettre de réduire, voire supprimer, le risque de perfo-
rer le canal dentaire et de léser le nerf dentaire quand on implante à la
mâchoire du bas: les imprimantes 3D permettent de réaliser des ma-
quettes intégrant la position précise des nerfs et artères du patient. Le
même principe peut s’appliquer pour les dents de sagesse, également
délicates à cause de la proximité du nerf dentaire.
S’il est aujourd’hui possible de fabriquer des implants sur mesure pour
réparer des os, on peut imaginer dans un proche avenir des implants
dentaires réalisés sur-mesure à partir de l’empreinte optique numérisée
de l’alvéole dentaire du patient, une fois la dent extraite. On obtiendrait
ainsi un implant parfaitement intégré à la mâchoire sur le plan biomé-
canique avec un risque réduit de léser des structures anatomiques voi-
sines. Pas d’adaptation de la couronne à la dent, mais directement im-
primées à partir d’une empreinte optique ultra-précise garante d’une
adaptation au centième de millimètre près.
Mais ces nouvelles techniques ouvrent aussi de nombreux horizons
aux traitements orthodontiques. Grâce à un scanner optique 3D, il est
possible de numériser l’ensemble de la dentition du patient. Ensuite,
l’orthodontiste devient un programmateur d’informations cliniques
transmises à un ordinateur qui fait tous les calculs et les simulations
possibles afin de proposer aux patients une solution la plus proche de
ses désirs et de son budget. Une seule consultation suffit pour faire un
diagnostic complet et montrer quelles sont les solutions à disposition.
Avec l’apparition de l’orthodontie interne, le secteur avait déjà fait
beaucoup de progrès dans le confort esthétique des traitements. Mais à
l’heure actuelle il est possible de traiter au moyen de petites gouttières
transparentes, invisibles et esthétiques. Celles-ci peuvent même être
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THEMA
«Nous sommes à la croisée des chemins»
Un des défis actuels de la profession: être la moins invasive possible
δ
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La 3D: une révolution médicale et dentaire
Dans quelques jours s’ouvre à Berne le Congrès annuel de la SSO,
la Société suisse des médecins-dentistes. Forte de plus de 125 an-
nées d’expérience et de plus de 5000 membres, la SSO est plus que
jamais la plateforme centrale de la médecine dentaire en Suisse.
Elle est donc en tête de ligne pour répondre aux défis du futur
et y préparer ses membres. Un des thèmes du prochain congrès,
d’ailleurs, va plus loin encore, en abordant un aspect quasi philo-
sophique de la dentisterie contemporaine: la micro-invasivité.
Son postulat: l’augmentation de l’espérance de vie, qui dépasse
80 ans dans les pays développés, nécessite d’étendre et de renfor-
cer les mesures de prévention bucco-dentaire pour conserver le
capital dentaire durant toute la vie. Aussi est-il est impératif de li-
miter au maximum le sacrifice tissulaire, à chaque intervention et
à chaque ré-intervention. Cet objectif est aujourd’hui à la portée
de tous les praticiens, en réalisant des interventions dentaires mi-
niaturisées avec de nouveaux matériaux adhésifs et/ou bioactifs
pour reminéraliser, sceller, et réparer les pertes de substance amé-
lo-dentinaires. Cependant, pour obtenir des résultats cliniques du-
rables et de qualité, les concepts, les indications et les règles d’ap-
plication de la dentisterie a minima seront les enjeux de cette
séance pluridisciplinaire consacrée à la médecine bucco-dentaire
préventive et micro-invasive.
«C’est une nouvelle approche du concept de notre profession,
confirme le docteur Olivier Marmy, membre du comité central
de la SSO et chef du département Information. Cette approche a
une sorte de slogan, «less is more», qui peut se traduire par «faire
mieux avec moins». En fait, notre approche actuelle consiste à in-
tervenir le moins possible et en utilisant le mieux possible les res-
sources dont nous disposons. Dans la pratique, cela se traduit par
un recours moins systématique à des checkups complets, à des ra-
dios réalisées à chaque séance, etc.»
Olivier Marmy rappelle que plusieurs outils permettent cette ap-
proche: les diagnocam par exemple, qui offrent des images sup-
plémentaires, immédiatement et sans rayons X des dents, contri-
buant ainsi à accroître la sécurité du diagnostic, en exploitant la
structure de la dent et utilisant cette dernière comme guide op-
tique; la radio 3D, qui donne en 10 secondes les informations les
plus détaillées possibles pour un diagnostic plus précis et une
meilleure précision dans le traitement et fournit une vue plus com-
plète de l’anatomie faciale; des techniques de dépistage tel le dia-
gnodent, un appareil émettant un rayon laser afin de détecter la
carie dans les puits et fissures des dents. «Ces méthodes, à l’exep-
tion de la 3D, laquelle doit être utilisée avec parcimonie, visent à
réduire l’exposition du patient à des rayonnements, car nous sen-
tons que ceux-ci induisent de plus en plus de réticences.» L’Office
fédéral de la Santé publique, relayé par la Société suisse de radio-
logie dentaire, vient d’ailleurs de publier une mise en garde à pro-
pos des risques de surexposition. «Il faut donc adapter nos inter-
vention, et ne pas les systémiser
C’est une approche qui se veut psycho-sociale, qui remet le patient
dans ses attentes et qui tient compte de son profil de risques. Qui
englobe aussi l’évolution tant de la mentalité des gens que de la
société en général. Les gens vivent plus longtemps, et conservent
leurs dents plus longtemps également. Ils se sentent aussi davan-
tage responsables de leur corps. «Notre mot clé, c’est la qualité de
vie. Le monde médical n’est plus sur un piédestal, la notion de pa-
ternalisme des générations précédentes a mené à un cul-de-sac.
Internet, curiosité, ou méfiance, font qu’on ne se laisse plus me-
ner par le bout du nez. Le rapport économique a aussi changé; les
patients paient, donc ont un droit. Nous sommes persuadés d’ail-
leurs que c’est sous angle qu’il faut considérer la problématique
des coûts et tarifs, toujours d’actualité. Ce qui se répercute favora-
blement sur le prix de la santé dentaire, qui reste maîtrisé.»
Cette évolution de la profession se fonde aussi sur les nouvelles
technologies disponibles, qui non seulement optimisent les tra-
vaux, mais permettent désormais de mieux les planifier. La 3D, par
exemple, est devenue précieuse en implantologie, mais aussi en or-
thodontie. «Dans le grand public, on associe ces soins de pointe à
des coûts plus élevés. Or, ça n’est pas toujours le cas.» Car le gain de
temps occasionné se répercute aussi sur la facture.
«Ces vingt dernières années, explique Olivier Marmy, les gros cas
prothétiques ont quasi disparu. L’implantologie a pris la relève. Et
nous recourrons autant que possible aux facettes en lieu et place
des couronnes, toujours selon ce principe d’intervenir le moins
10 | 11
THEMA
Mot clé:
qualité de vie
Implants en 15 minutes
Classiquement, avant de forer le logement de l’implant, il
faut inciser la gencive et en découper une surface relati-
vement importante. Les implants non-invasifs proposent
de forer directement au travers de la gencive, sans l’inci-
ser. Ils évitent également de la suturer après. L’intérêt est
évident:
1) La chirurgie est moins traumatisante, mieux acceptée
par le patient;
2) Le saignement est très limité;
3) Les infiltrations bactériennes sont limitées. De plus, la
gencive quasiment intacte est un meilleur rempart contre
les bactéries toujours présentes;
4) L’absence de points de suture, qui sont un lieu de pré-
dilection pour l’accumulation de débris alimentaires et la
prolifération bactérienne, favorise l’hygiène dentaire;
5) Il faut moins d’un quart d’heure par implant;
6) Les temps d’attente qui suivent l’intervention sont di-
minués et permettent donc de poser plus vite la prothèse
définitive.
« Une approche
psycho-sociale. »
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lourdement possible, de sacrifier le strict mini-
mum.» Mais c’est la génération «empowerment»
aussi: rendre les gens compétents, responsables.
L’amélioration de l’hygiène bucco-dentaire et la
prophylaxie individuelle en font partie.
«La tendance est au suivi et aux conseils. Les
grands défis, aujourd’hui, ce ne sont plus les
dentitions cariées ou incomplètes. Les patients
veulent conserver leurs dents, et pour toujours si
possible. Déchaussement avec les caries radicu-
laires associées, ainsi que d’autres soins très spé-
cifiques, voire palliatifs, voilà qui nous force à pen-
ser autrement.»
Une population vieillissante, mais avec une
bouche en bonne santé? Oui dans l’ensemble,
mais avec de nombreuses nuances. Avec les an-
nées, l’hygiène dentaire se relâche. De nombreux
patients perdent leur mobilité et se rendent donc
plus rarement chez leur dentiste. Pour ces per-
sonnes, un suivi adapté doit être mis en place. Et
c’est là un autre défi que la SSO dont remporter
ces prochaines années.
«Nous avons constitué une task force avec des
spécialistes de tout le pays pour aborder ce pro-
blème, révèle Olivier Marmy. Des pistes? Que
chaque home ait un dentiste répondant et que
la formation des employés englobe aussi un vo-
let dentaire.» Fribourg s’y est déjà mis; Vaud a éla-
boré une charte entre homes et dentistes, qui as-
sure un contrôle et un suivi; des projets de bus
dentaires sont en cours.
«Des propositions concrètes seront faites au co-
mité central cette année encore, lequel devra en-
suite émettre des lignes directrices. Nous espé-
rons que tout soit en place dès l’an prochain.» jft
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THEMA
«Il nous faut penser autremen
Comment répondre au vieilli ssement de la population
Le modèle médical non invasif considère la ca-
rie comme une maladie infectieuse dont les lésions
sont traitées par l’instauration de mesures. Celles-ci
ne sont que les signes et les symptômes, qui appa-
raissent longtemps après la primo-infection et l’ini-
tiation du processus pathologique, lorsque la pré-
vention n’a pas été instituée ou a échouée.
La gestion médicale de la maladie est basée sur le
diagnostic de l’activité carieuse, l’instauration de
mesures prophylactiques individualisées visant à
la reminéralisation des lésions, le suivi médical des
lésions (monitoring) jusqu’à confirmation de la remi-
néralisation, les traitements restaurateurs étant ré-
servés aux lésions avec cavitation. Ce modèle médi-
cal, non invasif a pour but de préserver l’intégrité de
la dent et donc d’augmenter les chances de conser-
vation sur l’arcade, pendant toute la vie des sujets,
dont la durée moyenne est en constante augmen-
tation.
Trois raisons fondamentales sont mises en avant
dans cette nouvelle approche: les raisons éthiques,
les raisons économiques et la nature des matériaux
et des techniques de restauration. Ces protocoles
opératoires peu invasifs, c’est-à-dire conçus pour dé-
truire le minimum de structure dentaire lors de l’éli-
mination de la lésion carieuse, relèvent d’une philo-
sophie préventive. Ils doivent également supplanter
progressivement l’acte d’intervention conventionnel.
Seuls les tissus cariés sont éliminés.
Les tissus qui ne sont que déminéralisés sont conser-
vables et les restaurations doit favoriser leur reminé-
ralisation. Les récidives de carie sont prévenues par
une maintenance prophylactique individualisée.
La tendance: préserver l’inté grité de la dent
Olivier Marmy: «La SSO veut rester représenta-
tive de la grande majorité de la profession. Nous
allons aborder les cliniques pour que les jeunes
médecins-dentistes rejoignent nos rangs dès
leur sortie d’études.»
δ
δ
Le plus grand salon dentaire de Suisse
propose, sur plus de 12 400 m2 et pen-
dant trois jours, une expérience particu-
lière aux professionnels de la branche
dentaire. L’environnement que Berne ga-
rantit pour ce salon, avec des offres at-
trayantes, attirera plus de 6000 visiteurs,
y compris des pays voisins, ce qui aug-
mentera le plaisir d’acheter, mais aussi
et surtout de découvrir et de se tenir in-
formé. De par sa position géographique,
Berne est accessible rapidement et aisé-
ment de toute la Suisse.
Une fois de plus, les technologies les plus
contemporaines seront à l’honneur. Car
les avancées modernes dans le secteur et
les procédures nouvelles qui en découlent
ont rendu la tâche plus facile pour le mé-
decin-dentiste. D’autre part, les patients
en bénéficient aussi. Le trend va de plus en
plus vers une approche sans douleur lors
des traitements des problèmes dentaires
communs. Les méthodes de remplace-
ment des dents ont également été améli-
orées par des implants dentaires de nou-
velle génération et par la recherche. jft
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DENTAL 2014 BERNE
Le futur: 12 000 m2 et 150 exposants
La plus grande manifestation de la branche en Suisse est prête
Limiter au maximum le sacrifice tissulaire, à chaque
intervention et à chaque ré-intervention. Cet ob-
jectif est aujourd’hui à la portée de tous les prati-
ciens, en réalisant des interventions dentaires mi-
niaturisées avec de nouveaux matériaux adhésifs
et/ou bioactifs pour reminéraliser, sceller, et réparer
les pertes de substance amélo-dentinaires.
Comment obtenir des résultats cliniques durables
et de qualité: les concepts, les indications et les
règles d’application de la dentisterie a minima se-
ront au centre du prochain congrès de la SSO, à
Berne, du 22 au 24 mai; la majeure partie des confé-
rences est consacrée à la médecine bucco-dentaire
préventive et micro-invasive. En tout, plus de vingt
interventions sont au programme.
Car les moyens, désormais, sont bel et bien là. Dans
les cas où la quantité et la qualité osseuse est favo-
rable, la mise en place d’implants peut se faire en
recourant à une technique mini invasive. Il s’agit
d’un procédé chirurgical qui requiert du praticien
une très grande expérience et qui consiste à ouvrir
une petite fenêtre dans la gencive, à travers laquelle
sont placés les implants dentaires.
Il s’agit d’une technique simple et rapide, qui
n’exige pas de sutures et qui procure au patient un
post-opératoire très confortable, rendant ainsi l’in-
tervention chirurgicale imperceptible. jft
Congrès SSO: relever les nouveaux défis
L’édition 2014 de Dental Berne sera légèrement différente de
celle de 2012. Son président, Ueli Breitschmid, note une pré-
sence accrue de petits stands, et les grandes sociétés ont ré-
servé des surfaces plus modestes. Mais cela ne se fera pas au
détriment de la qualité. «Je pense que les principales nou-
veautés de ce salon se situent dans le secteur dit «IT», comme
les «Google glass», avec reconnaissance de voix. Notons aus-
si les innovations dans le domaine des scanners intra-oraux.
On parle aussi de loupes d’opération conçues sur mesure, des
plateformes adaptées au management, etc...
D’aucuns estiment qu’il y a une tendance de plus en plus mar-
quée en Suisse à acheter à l’étranger. En quoi le salon Den-
tal peut-il inverser cette tendance, si elle se vérifie? Ueli
Breitschmid ne partage pas cette crainte: «Non, en effet. Cela
est dû au fait que d’une part, les prix en Suisse ont baissé, et
que d’autre part, la qualité des services reste bien supérieure
à celle des sociétés étrangères, surtout en ce qui concerne le
service après-vente et les prestations de garantie. Au fond, les
dentistes Suisses préfèrent le prix tel que proposé à l’étranger,
mais des prestations comme on en a l’habitude en Suisse...
Autre tendance dont on a plusieurs fois parlé: celle d’acheter
ses équipements ou ses consommables à l’étranger. Là aus-
si, Ueli Breitschmid nuance: «C’est vrai que tant la tendance
à se faire traiter à l’étranger que celle des dentistes et des la-
boratoires à s’approvisionner à l’étranger reste forte. Mais à
mon avis, elle ne se renforce plus. jft
«La qualité suisse reste bien supérieure»
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