E.S.G.A.E. Ecole Supérieure de Gestion et d’Administration des Entreprises REVUE CONGOLAISE DE GESTION Numéro 13 Janvier – Juin 2011 Editions I C E S [email protected] Revue Congolaise de Gestion N°13 Revue Congolaise de Gestion N° 13 Revue semestrielle publiée par l’École Supérieure de Gestion et d’Administration des Entreprises Directeur de la publication : Pr. Roger Armand MAKANY © ICES, 2011. Z.A. de l’Apport Paris B.P. 32 91103 Corbeil-Essonnes Cedex France Courriel : [email protected] ISBN : 2-910153-63-0 ISSN : 1729-0228 Tous droits réservés. 2 Revue Congolaise de Gestion N°13 COMITE DE LECTURE O livier Jean Marie GAUSSENS, (Université de Caen, (France)) ; Jean Paul LOUISO,T (Carm_Institute, (France)) ; Philippe BOUSSIENGUE MAKANY, (Institut Universitaire de Technologie de Cherbourg, (France)) ; Odilon GAMELA NGINU, (Université de Kinshasa, (RDC)) ; Bernard TERRANY, (IPAG, (France)) ; Tadas SARAPOVA, (University of Management and Economics, (Lithuanie)) ; Célestin MAYOUKOU, (Université de Rouen, (France)) ; Hervé DIATA, (Université Marien NGOUABI, (Congo)) ; Théophile DZAKA KIKUTA, (Université Marien NGOUABIE.S.G.A.E., (Congo)) ; Louis BAKABADIO, (Université Marien NGOUABI, (Congo)) ; Thomas SILOU, (Université Marien NGOUABI, Ecole Supérieure de Technologie des Cataractes, (Congo)) ; Fidèle MIALOUNDAMA, (Université Marien NGOUABI, Université Libre du Congo, (Congo)) ; Dominique MIZERE, (Université Marien NGOUABI, (Congo)) ; Gabriel KISSITA, (Université Marien NGOUABI, (Congo)) ; Séraphin MVUDI MATINGU, (Université de Kinshasa (RDC)) ; Jacob SABAKINU KIVILU, (Université de Kinshasa, (RDC)) ; Sam’OVEY PANQUIMA, (Université Marien NGOUABI, E.S.G.A.E., (Congo)) ; N’Zinga LUYINDULADIO, (Université de Kinshasa, (RDC)) ; François KABUYA KALALA, (Université de Kinshasa, (RDC)) ; Béthuel MAKOSSO, (Université Marien NGOUABI, E.S.G.A.E., (Congo)) ; MUKOKO SAMBA, (Université de Kinshasa, (RDC)) ; TSHIUNZA MBIYE, (Université de Kinshasa, (RDC)) ; Antoine KAMIANTAKO 3 Revue Congolaise de Gestion N°13 MIYAMUENI, (Université Kongo, (RDC)) ; Justin KAMAVUAKO DIWAVOVA, (Université Kongo, (RDC)) ; Xavier BITEMO NDIWULU, (Université Kongo ; Institut Supérieur de Commerce, (RDC)) ; Alphonse MVIBUDULU KALUYITUKAKO, (Institut Supérieur de Commerce, (RDC)) ; Thomas MAKETA LUTETE, (Institut Supérieur de Commerce, (RDC)) ; Tony LOLINGA LOGANGE, (Institut Supérieur de Commerce, (RDC)) ; Patrick INKANSHA UNKATIKYE, (Institut Supérieur de Commerce, (RDC)) ; Casimir LUABENGA KABENDULA MIRE, (Institut Supérieur de Commerce (RDC)) ; Serge IKIEMI, (Université Marien NGOUABI, (Congo)). 4 Revue Congolaise de Gestion N°13 SOMMAIRE Editorial, Pr. Roger Armand MAKANY…………. Pages 7-8 Analyse du profil des dirigeants des PME à Brazzaville : cas des entreprises de service ; Rolland OLEKALO……………………………….. 9 - 30 La gestion de la relance client dans les compagnies aériennes congolaises : cas de la SNAC ; Juste Christina Chanty NGUINDA – OYAH…… 31 - 48 La stratégie de diversification d’ITOYA : problèmes et perspectives ; Nelly Bertille EDZOUALIKO……………………. 49-62 Problèmes de financement bancaire de l’économie : expérience du Congo – Brazzaville ; Gilles Wilème TCHAMBA……………………….. 63 - 84 La gestion du risque d’investissement dans le projet d’extension d’une ferme agropastorale : « Le Berger d’Abrila » ; Myriam MAHOUKOU……………………………. 85-106 5 Revue Congolaise de Gestion N°13 6 Revue Congolaise de Gestion N°13 EDITORIAL La revoilà, notre Revue. A près ce long moment d’absence, la Revue Congolaise de Gestion frappe de nouveau aux portes de la communauté scientifique. Elle est là, et elle renaît d’une volonté affirmée d’informer sur les grandes tendances de management, d’économie et de gestion. En effet, la Revue est, pour l’ESGAE, un des piliers du système de formation supérieure qu’elle a mise en place afin de marquer, elle aussi, son empreinte dans le processus de développement d’une Afrique qui ne cesse de bouger sur tous les plans : politique, économique, culturel, etc. Aussi, au regard de la mondialisation de l’économie et l’internationalisation des marchés qui structurent la dynamique des entreprises et les processus de décisions stratégiques, la Direction générale s’est engagée à développer des accords de partenariat avec d’autres universités et écoles supérieures de gestion, en France, en Afrique en général, et en République Démocratique du Congo en particulier, dans une perspective de partage d’expériences constructives dans le domaine de la formation. C’est dans ce contexte que l’initiative de la relance de la Revue Congolaise de Gestion trouve donc toute sa signification : produire de la connaissance à partager dans un environnement national, régional et international où la 7 Revue Congolaise de Gestion N°13 performance est devenue une préoccupation pour l’entreprise moderne. À travers la revue, l’ESGAE contribue à la promotion de la recherche endogène dans des domaines divers de la gestion des administrations et des entreprises. Dans ce numéro, les articles développés sont l’œuvre, non seulement, des chargés de cours, mais aussi des jeunes cadres. Les articles, pour la plupart, sont des résultats des études de cas sur le management, le marketing, la stratégie, la finance et la gestion des risques. C’est l’environnement domestique de l’entreprise congolaise qui se trouve ainsi exploré. Notre vœu est que, la Revue Congolaise de Gestion, incarnant une nouvelle expérience dans la production de l’information scientifique pour l’ESGAE, soit non seulement une source d’informations, mais aussi un véritable outil d’aide à la décision. Pr. Roger Armand MAKANY ; Directeur de la Publication ; Directeur Général de l’ESGAE. 8 Revue Congolaise de Gestion N°13 ANALYSE DU PROFIL DES DIRIGEANTS DES PME À BRAZZAVILLE : CAS DES ENTREPRISES DE SERVICE Par Rolland OLEKALO Abstract The role of a company manager has become a key factor for the success of a modern enterprise. In management literature, the issue related to such a role is widely developed, as the latter is the cornerstone of top management efficiency which is characterized by the ruling style. The study of the role assigned to managers of servicing enterprises operating in Brazzaville made it possible to identify the main features of such managers, and highlight – in line with know models of profiles through the internal diagnosis used – weaknesses noticed at the level of those managers. Key words: Role of the manager, servicing company, strategical diagnosis, profile of the manager. Résumé Le rôle du dirigeant d’une entreprise est devenu un facteur clé de réussite pour une entreprise moderne. Dans la littérature du management, la question du rôle est abondamment développée car elle est au cœur de l’efficacité du "top-management" qui se distingue par le style de 9 Revue Congolaise de Gestion N°13 commandement. L’étude du rôle des dirigeants des entreprises de service à Brazzaville a permis d’identifier les caractéristiques de ces dirigeants et de déceler, par rapport, aux modèles de profils connus, à travers le diagnostic interne utilisé, les faiblesses que présentent ces dirigeants. Mots clés : Rôle du dirigeant, entreprise de service, diagnostic stratégique, profil du dirigeant. 1- INTRODUCTION L a mondialisation de l’économie, dû aux mouvements d’ouverture des frontières nationales, de déréglementation et de suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, impose aux entreprises locales de production de biens industriels, de biens agricoles et de services marchands, la capacité de contenir la concurrence. A cet effet, la capacité d’affronter la concurrence dans ce nouvel environnement qui devient de plus en plus complexe et turbulent, implique pour les dirigeants du secteur productif une amélioration continue de leurs stratégies de productivité et partant de la compétitivité de leurs produits à travers des stratégies d’innovation remarquables. En effet, les personnes exerçant au sein des entreprises, notamment les cadres et les dirigeants, sont de plus en plus appelées à évoluer afin de consolider leur rôle dans le développement de leur entreprise, leur secteur, et plus globalement dans celui du pays. En ce qui concerne le rôle du dirigeant, il y a lieu de noter qu’il a bien évolué ces dernières années : le dirigeant ne donne plus seulement des ordres que ses subordonnés se contentent d’appliquer sans la moindre contestation ; il se doit de convaincre ses collaborateurs du bien fondé de ses décisions, et de les rallier à son point de vue. En outre, il veille à ce qu’il y ait une cohérence d’ensemble dans toutes 10 Revue Congolaise de Gestion N°13 les actions qu’il entreprend. Il a aussi pour mission de faire accepter une certaine adaptabilité et flexibilité nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise. A cet égard, il apparaît que diriger une entreprise ou une équipe ne s’improvise pas. Même, si de nombreuses personnes aspirent à devenir chef, et ainsi commander leurs collègues, on note parfois que les compétences et les qualités nécessaires pour relever ce défi ne sont pas forcément en adéquation avec la personnalité et le parcours de chacun. Encore faut-il, au préalable, correspondre au profil de l’emploi ! Or, quel rôle tient le responsable dans une entreprise ? Quelles compétences doit il acquérir ? Quelles sont les qualités requises, et comment les développer ? Quels sont les différents profils de nos dirigeants1? Au Congo, l’environnement multidimensionnel selon le modèle de Pestel, offre des opportunités importantes aux dirigeants des entreprises pour faire asseoir leurs stratégies et gagner en compétitivité sur ce marché mondialisé. Cependant, pour saisir ces opportunités, il faut que les dirigeants des entreprises remplissent un profil donné, et partant, connaissent, avec précision, le rôle et le métier d’un dirigeant. L’« analyse du profil des dirigeants des PME à Brazzaville : cas des entreprises de service » a pour objet de présenter le profil des dirigeants des PME des entreprises de service afin de savoir si celui-ci répond ou peut répondre aux exigences qu’impose la réalité du marché. De ce fait, notre travail repose sur cette question à deux volets à savoir d’une part : • Les dirigeants des PME de service de Brazzaville obéissent ils à un bon profil ? Autrement dit, est dirigeant d’une PME de service, est-ce le plus compétent ? Le plus 1 www.qualitéonline.com 11 Revue Congolaise de Gestion N°13 riche ? Le plus expérimenté ? Le plus jeune ? Le plus vieux ? Les hommes ? Les femmes ? Ou celui qui entretient le plus de relations ? • D’autre part, accomplissent-ils avec exactitude le rôle et le métier d’un bon dirigeant ? 2- MATERIEL ET METHODOLOGIE DE TRAVAIL Pour atteindre l’objectif de notre réflexion, nous avons fait recours : 1) à la recherche et l’exploitation documentaire des ouvrages des travaux et mémoires dans la bibliothèque de l’ESGAE. 2) à une recherche empirique à l’aide d’un questionnaire soumis à un échantillon (environ 30 dirigeants) pour recueillir les éléments nécessaires à la mise en place de la matrice forces-faiblesses, 3) des entretiens auprès des subordonnés des dirigeants, pour comprendre leur perception sur la pratique de leurs dirigeants ; 4) aux sites web. Pour ce faire la méthode de diagnostic stratégique LCAG a été utilisée, à savoir, le diagnostic interne. Pour y parvenir une enquête auprès des dirigeants des entreprises de service, à Brazzaville, a été réalisée pour obtenir des éléments permettant d’effectuer le dit diagnostic. Le diagnostic interne, dans le cadre de la méthode LCAG ou méthode Harvard, est l’approche consistant à analyser l’environnement interne de l’entreprise. L’objectif est d’identifier les forces et les faiblesses de l’entreprise. Dans le cadre de notre travail, l’environnement interne se résume au profil du dirigeant quoi qu’un facteur stratégique, car il détermine la dynamique de l’ensemble de l’entreprise. 12 Revue Congolaise de Gestion N°13 3- ANALYSES ET RESULTATS L’analyse des résultats repose sur la matrice des forces et des faiblesses permettant d’identifier les problèmes stratégiques lés au profil des dirigeants. 3-1 : Matrice des forces et des faiblesses Tableau : Matrice des forces et faiblesses du dirigeant congolais Formation et Diplôme Expérience Professionnelle Compétences et Potentiel Forces Faiblesses - Obtention d’un diplôme supérieur ; -Formation dans l’un des domaines de la gestion -Aucune diversité dans la formation ; -Connaissances généralement dans un seul domaine de la gestion -Connaissance du monde de travail avant de diriger -Capacité d’analyse -Ambition ; -Confiance en soi ; -Possession des capacités de -Absence d’expérience professionnelle suffisante avant d’être dirigeant ; -Pas souvent d’expérience professionnelle dans la branche d’activité où il devient dirigeant de l’entreprise ; l’empêchant d’ailleurs d’acquérir trois types de savoir : celui du pouvoir industriel, du pouvoir prédateur et du pouvoir organisateur. -Aucune perspective stratégique ; -Aucun esprit de prévision et aucun sens de l’organisation ; -Mauvaise gestion des hommes ; 13 Revue Congolaise de Gestion N°13 résistances aux pressions Fonctions du dirigeant 14 -Un symbole, en ce sens qu’il remplit au mieux un certains nombres de devoirs routiniers d’ordre légal et social ; -Un agent de contrôle et de commandement -Bon diffuseur, transmettant l’information à ses subordonnés -Manque d’adaptabilité et de flexibilité dans cet environnement turbulent ; -Aucune prise de décision concrète ; -L’absence du sens des affaires ; -Aucune sensibilité interpersonnelle ; -Mauvaises politiques de communication ; -Aucun esprit d’initiative ; -L’absence du potentiel d’adaptabilité aux situations spécifiques rencontrées. -Il n’est pas un agent de liaison assurant et développant un système de relations externes à l’entreprise ; -L’absence d’une structure d’autorité formelle ; - Aucune capacité de mettre en place les méthodes concrètes de travail ; -Mauvaise compréhension de l’organisation et de l’environnement ; -Aucun esprit entrepreneurial prenant l’initiative et assurant la conception des changements importants et contrôlés affectant son Revue Congolaise de Gestion N°13 organisation (menaces et opportunités) ; -Manque d’esprit de négociation nécessaire pour présenter son organisation dans les négociations importantes avec d’autres organisations et d’autres individus. Rôle et Métier du dirigeant -L’absence d’attention à la sécurité de ses collaborateurs ; -L’utilisation de l’intimidation pour favoriser le travail au lieu de la collaboration ; -La recherche de -Aucune recherche de l’équilibre entre les l’atteinte des besoins de l’entreprise objectifs et ceux groupe ; -Aucune amélioration des compétences de ses collaborateurs ; - Aucune habitude de garder ses documents à jour, c’est-à-dire adore la paperasserie ; -Aucune gestion de temps dans l’accomplissement de ses tâches. -Maîtrise d’un -Manque de possibilité métier, cela lui de faire face aux donne une changements à position l’accroissement de la concurrentielle turbulence (changements très favorable ; des besoins et des -Prudent dans la technologies) ; 15 Revue Congolaise de Gestion N°13 Le Profil PIC prise de décision (mûrit longuement la décision) : une tendance réflexive. -Absence de veille commerciale ; -Manque de capacités de réactions qui lui permettraient de s’adapter aux nouvelles conditions de l’industrie ; -Dépendance envers ses clients ou ses fournisseurs et en conséquence de leurs visées stratégiques ; -Comportement fondamentalement paternaliste, voire égocentrique ; -Stratégie de type gradualiste (incrémentale) qui s’élabore au fur et à mesure des décisions prises ; -Comportement plutôt réactif, dans la mesure où il prend conscience d’un problème, a la suite d’un « incident » avec l’environnement et régit en conséquence. Source : Nous même 3-2 : Analyse des résultats Rappelons tout d’abord qu’il existe une certaine ambiguïté dans l’utilisation du vocabulaire relatif au responsable d’entreprise. De manière classique, il convient de distinguer d’un côté l’entrepreneur, celui prend le risque en créant l’entreprise par exemple, et le dirigeant, qui se contente de « diriger » 16 Revue Congolaise de Gestion N°13 l’entreprise (qui par exemple n’en est que le salarié) et qui n’assume pas véritablement le risque d’entreprise. Toutefois, dans le contexte de la PME, cette distinction s’affaiblit dans la mesure où ces deux personnes sont souvent identiques, notamment dans le cas des PME familiales. Pour cela, les termes d’entrepreneur, de dirigeant, de chef d’entreprise et de créateur d’entreprise sont souvent donc employés comme des synonymes. Le dirigeant congolais est une personne généralement de sexe masculin et dont l’âge varie entre 30 et 50 ans quelque soit le secteur privé ou public. Souvent de formation supérieure, il est formé dans les domaines de l’économie, de la comptabilité, du marketing, des ressources humaines et technique. Quant à l’expérience, le dirigeant congolais est une personne qui, dans certains cas, commence sa carrière directement en tant que dirigeant ; il s’agit, notamment, des entrepreneurs qui n’ont donc pas d’expérience professionnelle, à part celle acquise dans l’exercice de son métier de dirigeant. Dans d’autre cas, le dirigeant congolais est celui qui dispose d’une expérience professionnelle, aussi courte soit-elle, mais acquise avant de devenir dirigeant d’une entreprise. Celui-ci consacre l’essentiel de sa carrière en qualité soit de comptable, de financier, de technicien, d’homme de marketing, de gestion des ressources humaines mais aussi en qualité d’enseignant ; seulement, il ne dirige naturellement pas les entreprises de la branche d’activité où il a acquis son expérience professionnelle, avant de devenir dirigeant d’une quelconque entreprise. S’agissant des styles de direction, le dirigeant congolais se distingue à travers un style de commandement dit autoritaire. Ce dirigeant, s’inscrivant dans la logique de la théorie X de Mc. Gregor, pense que l’homme n’aime pas le travail ; il préfère plutôt être dirigé, désire éviter les 17 Revue Congolaise de Gestion N°13 responsabilités, recherche la sécurité avant tout. Dans ce cas, les dysfonctionnements, se manifestant dans l’exercice du travail, sont majoritairement imputables aux individus. Cela justifie l’autoritarisme, le paternalisme, la contrainte, les contrôles, les sanctions, le salaire au rendement, etc. Par ailleurs, le dirigeant congolais accorde, dans la majorité des cas, une grande attention aux impératifs de la production et de la commercialisation, par contre, les problèmes humains (aspirations, réclamations des salaires) sont l’objet de peu d’intérêt. C’est dire que celui-ci planifie, dirige et contrôle la production d’une part et la commercialise, d’autre part. Tout au plus, ce dernier considère le taylorisme comme une bonne approche et pense qu’il faut le standardiser. De tout ce qui précède, on note que le dirigeant congolais obtient des performances en utilisant, en priorité, son autorité. Il pilote en ne laissant qu’un faible degré d’autonomie à ses collaborateurs. En plus, il entretient avec ses collaborateurs des relations qui sont réduites au strict nécessaire, à savoir, la transmission des directives et le contrôle des résultats. En outre, l’enquête a révélé que le dirigeant congolais développe une communication se faisant que dans un seul sens, c'est-à-dire, une communication descendante : dirigeant vers subordonnés, ceci volontairement afin de garder ses distances. Mais cet état des choses, ne veut pas dire que le dirigeant Congolais en étant autoritaire n’est pas humaniste car, celui-ci est aussi parfois très respectueux et humain. Cependant, « pas d’émotion, restons professionnel » est aussi dans certains cas l’un des principaux leitmotive du dirigeant congolais. Par rapport au profil-type, fondé sur les buts, c’est-àdire « ce à quoi le dirigeant aspire de manière fondamentale pour son entreprise »: la croissance de l’entreprise, sa pérennisation et enfin l’indépendance (qu’elle soit financière 18 Revue Congolaise de Gestion N°13 ou décisionnelle), M. Marchesnay a mis en évidence deux grands types de profil : le profil PIC (pérennité, indépendance, croissance) et le profil CAP (croissance, autonomie, pérennité). Le dirigeant congolais est un dirigeant vraisemblablement PIC., bien qu’il soit rarissime de trouver dans la réalité, un dirigeant qui peut réunir toutes les qualités du PIC ou toutes celles du CAP. À cela s’ajoute le fait que le dirigeant congolais est une personne qui manifeste avant tout une certaine volonté d’échapper à l’organisation hiérarchique. Il recherche souvent la réalisation de soi et la satisfaction de ses besoins matériels. Fortement attaché à son entreprise, le dirigeant congolais souhaite avant tout que son entreprise se pérennise et conserve son indépendance. Pour lui, la croissance ne constitue pas tellement une priorité (la taille de son entreprise lui convient). De ce fait, il est satisfait et privilégie la réalisation d’opérations modestes et peu risquées. 3-3 : Problèmes stratégiques Suite au diagnostic effectué du profil du dirigeant congolais, ayant permis de déceler les forces et faiblesses résultant de l’accomplissement de sa fonction, nous nous proposons à présent de passer en revue les problèmes qui naissent et qui peuvent naître de la façon de diriger du dirigeant congolais. Soulignons que le fait que ces problèmes sont présentés selon qu’ils relèvent de ses relations internes et de ses relations externes. a) Problèmes internes Au niveau interne, les problèmes que nous pouvons évoquer sont les suivants : ¾ L’absence de motivation des collaborateurs dans l’accomplissement de leurs tâches quotidiennes, par conséquent aucun attachement à l’entreprise et aucun souci 19 Revue Congolaise de Gestion N°13 du développement de celle-ci. Et si le souci peut être ressenti, c’est juste le fait que leur épanouissement en dépend ; ¾ L’inorganisation structurelle et juridique : le souci de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut n’existe pas. Par conséquent, nul ne sait concrètement qui est qui et qui fait quoi au sein de l’entreprise. D’où les conflits de pouvoir dans l’entreprise, l’inadéquation entre la formation reçue et la fonction occupé ; ¾ L’absence d’objectifs précis à atteindre : l’accomplissement de plusieurs tâches au sein de l’entreprise sans même que ceux qui les accomplissent en savent l’aboutissement ; ¾ Le manque d’objectivité, de réalisme, de clarté, bref de rationalité dans la gestion : l’incapacité pour le dirigeant de rendre réel et effectif le travail qui doit être accompli par ses collaborateurs. D’où, la non utilisation rationnelle des compétences humaines susceptibles de poser un problème crucial celui de l’atteinte du but fixé au départ. Par conséquent, cela va traduire dans une large mesure l’incapacité de l’entreprise à réaliser ses objectifs de croissance ; ¾ La dégradation des valeurs dans l’entreprise : les cadres dirigeants assimilent la gestion de l’entreprise à celle liée à leur patrimoine familial sans scrupule, ce qui se manifeste sous forme de détournements et de recrutements complaisants ; ¾ L’absence d’innovation et des idées créatrices de la part du dirigeant qui se contente de faire la routine surtout lorsque l’entreprise peut réaliser des niveaux de résultats acceptables. De même de la part de ses collaborateurs qui à leur tour souffrent du fait que les tâches sont définies précisément à l’avance ; ¾ L’absence de la culture d’entreprise : aucun climat de confiance entre les collaborateurs favorisant un partage 20 Revue Congolaise de Gestion N°13 d’informations et limitant ainsi le bruit traditionnel dans toute organisation bureaucratique et hiérarchisée. Aussi, le niveau d’éveil, pour des idées nouvelles et le partage de celles-ci, est très faible voir inexistant. ¾ Le manque de considération des employés par le dirigeant : aucune possibilité offerte aux employés pour se socialiser sinon venir pour travailler comme des robots ; ¾ L’inaccessibilité du dirigeant : aucune possibilité pour les employés d’exprimer leurs soucis à part, sauf, si le dirigeant prend l’initiative de les écouter. Par conséquent, il parle plus qu’il n’écoute ce qui fait qu’il ne soit pas à même de diriger correctement ses employés ; ¾ L’idée que le dirigeant n’a jamais tort, et qu’il ne fait pas d’erreur : seuls les autres ont tort. D’où si une erreur est commise le dirigeant trouve toujours quelqu’un à blâmer tout en oubliant qu’il est tout en haut de l’entreprise et devrait être le premier responsable en cas d’erreur. Par ailleurs il oublie que « qui dit entreprise dit risques », car les deux sont indissociables. b) Les problèmes externes Au niveau externe, les quelques problèmes importants identifiés sont : ¾ L’absence des relations ouvertes avec l’environnement externe pouvant favoriser une culture d’apprentissage fondée sur des valeurs de confiance et d’intégrité ; ¾ L’absence de création d’un environnement de travail communicatif susceptible d’affecter les perceptions, les relations et ainsi l’interaction à la base de certaines petites innovations pour répondre à des besoins changeants ou des marchés très différents ; ¾ Le manque de bureau d’étude et de contacts répétés avec des centres de recherche et de développement pouvant 21 Revue Congolaise de Gestion N°13 favoriser de plus le recours à l’intuition et augmenter l’esprit d’attention ; ¾ L’incapacité du dirigeant de faire le lien entre l’information interne et externe, nationale et internationale et les ressources fournies par le milieu ou le capital social et la capacité de son entreprise à profiter de la mondialisation des marchés tout en se distinguant. 4 PERSPECTIVES Fondamentalement, les perspectives portent sur, d’une part, la formation du dirigeant, comme étant : « l’ensemble des actions capables de mettre les individus et les groupes en état d’assurer avec compétence leurs fonctions actuelles ou celles qui leur seront confiées pour la bonne marche de l’organisation ». En effet, au cœur d’un système polyvalent et centralisé comme la PME, le dirigeant doit posséder de multiples compétences et maîtriser plusieurs domaines de la gestion pour répondre aux divers types de situations rencontrées. D’autre part, il s’agira de mettre l’accent sur le style de direction, les qualités requises, le rôle du dirigeant et le type de profil pour le dirigeant congolais. Ce renforcement des capacités du dirigeant contribuera à développer au sein des PME des compétences distinctives. 1 : La formation du dirigeant Le dirigeant doit être compétent dans plusieurs domaines de la gestion et suffisamment « armé » dans chacun d’eux, pour pouvoir apprécier n’importe quelle situation dans l’environnement où il évolue. Ainsi, par exemple, ’un dirigeant de formation technique aura une vision axée sur la production et un commercial sur la vente. La formation du dirigeant doit être considérée comme un ensemble d’éléments à transmettre pour combler des lacunes en gestion, après les avoir identifiées ; elle permet 22 Revue Congolaise de Gestion N°13 d’acquérir des connaissances, des habiletés et des attitudes propres à faciliter 1) l’adaptabilité du dirigeant à son environnement socioprofessionnel et en même temps et 2) la réalisation des objectifs d’efficacité de l’organisation. Le « dirigeant idéal » serait donc celui qui maîtrise la gestion d’entreprise, afin de pouvoir mieux concilier les ressources diverses de l’entreprise. 2 : Le style de direction Le dirigeant devrait adapter son style de direction à la réalité de l’environnement de l’entreprise, car il existe une inadéquation entre les styles prescrits et la réalité sur le terrain. Il convient alors de mettre en exergue son savoirfaire, sa capacité de communiquer, son talent de négociateur et son tact pour faire de telle sorte que ses subordonnés puissent au moins partager sa vision des choses, et tomber d’accord sur le comment faire de ce qui leur est confié. Ainsi, on verra l’impact de leur contribution dans cet effort de développement de l’entreprise. En ce qui concerne les valeurs socioculturelles, le dirigeant qui n’arrivera pas à maîtriser certaines données fixes et constantes prédominantes pour bâtir sa stratégie d’action ne pourra pas développer au sein de l’entreprise un état d’esprit qui va correspondre à la dynamique du groupe. De manière opérationnelle, le dirigeant devrait concevoir un style de direction qui va s’articuler autour d’un ensemble de valeurs à partager, intégrant des facteurs socioculturels de l’environnement congolais. 3 : Les qualités du dirigeant Au-delà des compétences, de l’intelligence et du talent, le dirigeant doit posséder des qualités requises. De même, on ne naît pas dirigeant, on le devient. En effet, si certains ont l’assurance et le charisme qui leur permettent 23 Revue Congolaise de Gestion N°13 d’occuper ou de décrocher un poste de dirigeant, d’autres doivent encore se battre pour améliorer leur relationnel. Car, n’est pas dirigeant qui le veut, mais celui qui peut ! A condition d’avoir trouver « l’alchimie » entre la personnalité héritée de notre enfance et les capacités qu’on a développées tout au long de notre parcours. Si la mission du dirigeant exige parfois un style de commandement autoritaire, il n’en reste pas moins qu’il doit rester à l’écoute de ses collaborateurs et accepter les échecs en les « positivant ». Il est, certes, difficile pour un dirigeant de posséder toutes les qualités qui définissent un bon dirigeant. Toutefois, le minimum de « package de qualités » s’avère nécessaire car les qualités constituent la pièce maîtresse du management garantissant le succès des PME. Entre autres, il y a lieu de : • Rompre avec la théorie X considérant les employés comme des personnes en perpétuel besoin de contrôle et en leur donnant la latitude de prendre des initiatives et des décisions. La confiance est une composante essentielle au niveau de l’entreprise comprise comme un système. • Optimiser les atouts de chaque employé plutôt que de gérer simplement les résultats. Pour ce faire, il s’agit d’identifier les besoins en développement de chaque personne et s’engager à ce qu’elle soit efficace et performante. Quand des travailleurs développent leurs capacités et les améliorent, leur enthousiasme et leur efficacité s’intensifient, ce qui améliore la productivité. • Mettre en avant l’effort et la réussite au lieu d’insister sur les échecs ou les erreurs. Dans beaucoup d’entreprises, les encouragements sont plutôt rares, alors que les « erreurs » sont difficilement oubliées. Au lieu de souligner les erreurs, l’accent devra être mis sur les moyens qui assurent que la même erreur ne se reproduise pas. 24 Revue Congolaise de Gestion N°13 • Créer un environnement où les gens veulent travailler sans crainte avec le dirigeant et se sentent valorisés et respectés. Le dirigeant doit faire comprendre à ses collaborateurs leurs responsabilités et leur donner la latitude de faire leur travail à leur façon. En bref, les traiter de la façon dont le dirigeant souhaiterait être traité. 4 : Le rôle du dirigeant Diriger n’est pas seulement planifier, cela vient en complément. Le dirigeant est celui qui prend l’initiative, gère des changements, détecte les opportunités et les menaces, mène et motive les hommes en définissant la culture de l’organisation. L’entreprise étant considérée comme un système, ainsi le dirigeant doit faire participer son équipe dans l’élaboration des stratégies ; afin de pouvoir créer en elle une responsabilité directe vis-à-vis d’elle-même et de l’entreprise, et sur ce, diminuer la probabilité de l’échec dans le cas échéant. S’agissant de la culture d’entreprise, il faut d’abord noter que la culture est perçue ici, comme le socle d’une organisation. Cette culture peut se manifester de plusieurs façons : un climat de confiance malgré les origines différentes des employés favorisant l’information et limitant ainsi le bruit traditionnel dans toute organisation bureaucratique et hiérarchisée ; le niveau d’éveil pour des idées nouvelles et le partage de celle-ci, soutenue par cette confiance ; l’entraide et l’appui dans l’organisation, surtout auprès des nouveaux employés de façon à les intégrer à la culture ambiante. Une culture apprenante est fondée sur les valeurs de confiance et d’intégrité qui s’établissent à partir des relations ouvertes au sein du groupe. Le management doit être considéré comme un jeu à deux rôles : il ne peut pas y avoir des bons subordonnés si le dirigeant est mauvais, mais il ne peut également pas y avoir 25 Revue Congolaise de Gestion N°13 de bon dirigeant face à de mauvais subordonnés. Chacun doit respecter ses obligations et ses responsabilités. Enfin, la motivation du personnel est la source de toute réussite : un personnel motivé fera des efforts pour atteindre les objectifs, se responsabilisera ; un personnel démotivé restera passif et se limitera au minimum imposé. Un grand nombre de problèmes de fonctionnement de la PME congolaise provient de défauts de management. La majorité des dirigeants croient en effet que leur rôle est surtout de répartir les tâches et surtout d’attendre les résultats. En réalité, le management est avant tout l’art de motiver et d’animer l’équipe dont on a la charge. Car beaucoup sont désignés sur la base de leurs compétences techniques sans tenir compte de leur capacité à gérer le groupe humain placé sous leurs ordres. Lorsqu’ils ne savent pas bien traiter ce « facteur humain », il s’ensuit une démotivation des subordonnés, de la non qualité, des manques de coordination, des revendications, etc. 5 : Le type de profil pour le dirigeant congolais Il est rarissime, pour ne pas dire impossible, de trouver, dans la réalité, un dirigeant qui va réunir toutes les qualités du PIC ou toutes celles du CAP. En effet, les chefs d’entreprise possèdent des caractéristiques qui empruntent à la fois au dirigeant PIC et CAP. Compte tenu des caractéristiques que présentent le dirigeant congolais, le profil CAP semble être le mieux approprié pour ce dernier car : le style de management et de leadership du « CAP » est axé davantage sur l’intégration que la différenciation ; entendons qu’il recherche l’adhésion, la participation, l’implication (engagement organisationnel) des membres de l’organisation. L’activité de veille, commerciale et technologique, rendue plus indispensable dans les activités d’élection « CAP », doit être le fait de tous. Ainsi, le comportement CAP doit être recoupé avec des variables 26 Revue Congolaise de Gestion N°13 contingentes qui viendraient apporter quelques nuances comme les influences du milieu social, du niveau d’éducation et des variables psychologiques. 5. CONCLUSION Dans plusieurs PME congolaises, l’inefficacité des dirigeants menace presque tous les efforts de développement. Ces faiblesses constituent un handicap pour le bon fonctionnement de l’entreprise et l’ensemble de l’économie. La discipline et la motivation ayant pratiquement disparu, des faiblesses économiques s’en suivent ; ce qui traduit une « crise de gestion ». Un regard rétrospectif fait apparaître que le dirigeant congolais n’accomplit pas le rôle et le métier du dirigeant. Ils sont encore minés par un certain nombre de problèmes de management. D’où la nécessité de réfléchir sur le management comme étant une approche indispensable devant permettre l’amélioration de la PME pour pouvoir contribuer au développement de l’économie de marché. Pour cela, les dirigeants congolais sont appelés à être : compétent dans plusieurs domaines de gestion et suffisamment armé dans chaque d’eux pour pouvoir apprécier n’importe quelle situation dans un secteur déterminé ; disposé à faire face à l’incertitude inhérente au milieu de l’entreprise, aux changements environnementaux et à prendre des risques sûrement posés. Dans ce sens, il devient un architecte social privilégié qui dotera la PME congolaise d’une certaine culture, d’un esprit d’entreprise et de création, etc. Cet architecte doit à la fois être administrateur et gestionnaire. Il doit également démontrer des talents de bon formateur, avec pour mission essentielle le changement de mentalités et le développement individuel des collaborateurs qui trouvent en leur travail des éléments d’épanouissement. En tant que stratège, il doit 27 Revue Congolaise de Gestion N°13 susciter en ses collaborateurs la joie d’appartenir à une entreprise donnée et s’y identifier. Aussi, il doit être un héros qui, dans un environnement comme le notre, plutôt hostile à l’entrepreneurriat, devrait utiliser efficacement son autoritarisme pour devenir l’apôtre de motivation, du goût du risque, de la passion de l’excellence. Cet aspect des choses implique la technicité, l’éthique, l’impartialité et les compétences. La redynamisation de nos structures productives et le développement durable de notre économie de marché sont à ce prix. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES A. 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In this respect, weaknesses appear at the level of airlines .Suggestions made focus essentially on best practices in use, as for as the management of customers relationship is concerned. Key words: airlines, Société Nouvelle Air Congo (SNAC), analysis of multiple components, strengths, weaknesses, market opportunities, customers relationship management (CRM). Résumé Le transport aérien est caractérisé par une concurrence qui révèle les forces et les faiblesses des compagnies aériennes qui assurent le transport en République du Congo. La performance commerciale et la compétitivité de ces compagnies sont problématiques au regard de la manière dont les clients sont gérés. Le problème se situe dans la non maîtrise des outils du marketing, notamment, la gestion de la relation client (GRC). L’étude de la SNAC est un cas pour comprendre comment cet outil fonctionne. L’analyse des composantes multiples est une méthode statistique qui a été Revue Congolaise de Gestion N°13 utilisée pour identifier les problèmes stratégiques majeurs. À cet égard, il apparaît des faiblesses au niveau des compagnies aériennes. Les suggestions faites portent essentiellement sur les bonnes pratiques en matière de gestion de la relation client. Mots clés : compagnie aérienne, Société Nouvelle Air Congo (SNAC), analyse des composantes multiples, forces, faiblesses, opportunité de marché, gestion de la relation client (GRC). I. INTRODUCTION L e transport aérien connaît depuis plusieurs décennies un très fort taux de croissance et prend une ascendance économique et industrielle importante. Avec la déréglementation du marché du transport aérien aux EtatsUnis (1978) puis en Europe (1989), les compagnies aériennes peuvent fixer les conditions de leurs offres commerciales (marché, fréquence et prix) de façon assez libre2. Cette situation a énormément contribué à la multiplication de compagnies aériennes, puis renforcé la concurrence au point de provoquer la faillite de certaines d’entre elles. Pour une compagnie aérienne, la demande est tributaire de multiples facteurs qu’elle maîtrise bien (fréquences et prix), moyennement (ponctualité, confort) ou très peu (la concurrence). C’est pourquoi, la gestion de la relation client est l’une des principales priorités commerciales. Cependant, au cours de ces dix dernières années, peu de choses ont été dites sur l’intérêt que cette 2 S. CHARFEDDINE, 2004. Optimisation de l’offre d’une compagnie aérienne en environnement incertain. Thèse de Doctorat option mathématique et informatique, Université de Toulouse II- Le MIRAIL, 198 p. 32 Revue Congolaise de Gestion N°13 pratique administrative revêt en management d’entreprise. Ce qui est surprenant, étant donné que la compétitivité d’une entreprise est souvent dépendante de sa manière de gérer la clientèle. Les technologies de l'information, les mutations socio-économiques et l'accroissement de la concurrence ont modifié les comportements des consommateurs. Ces derniers, devenant de plus en plus exigeants, il y a eu au niveau de l’entreprise, l’apparition de nouveaux modes de management et une complète recomposition du marketing afin qu’elle s'adapte mieux aux évolutions brusques et rapides de la demande. C’est ainsi que pour maximiser son profit et faire face à la concurrence, la Société Nouvelle Air Congo (S.N.A.C.) devrait de façon primordiale, prendre en compte la participation du client dans la transaction commerciale. Le marketing se contextualisant autour de plusieurs aspects, il convient d’analyser l’impact de la Gestion de la Relation Client (GRC) autrement dit du customer relationship management (CRM) dans les compagnies aériennes congolaises. Ceci est d’autant plus important, que construire et développer des relations avec ses clients constitue un facteur déterminant de succès. A cet effet, la présente étude devrait contribuer à améliorer les performances commerciales de la Société Nouvelle Air Congo (S.N.A.C.).Elle a pour objectifs de : ) caractériser la gestion de la relation client à la S.N.A.C ; ) mettre en exergue l’importance de la gestion de la relation client pour la S.N.A.C ; ) contribuer à améliorer la stratégie et les performances commerciales de ladite structure. Cette étude présente par ailleurs un double intérêt : faire connaître l’entreprise puis, mettre à la disposition des 33 Revue Congolaise de Gestion N°13 dirigeants de celle-ci un diagnostic stratégique comme outil d’aide à la décision. Le réseau routier de la République du Congo, pourtant long de 17.300 km est difficilement praticable, du fait qu’à peine environ 10 % des routes sont bitumées (D.S.R.P, mars 20083). En plus, le carburant n’étant pas toujours disponible en dehors des agglomérations d’une certaine importance, l’aéroservice devrait constituer un maillon stratégique pour le maintien de la régularité des flux d’échanges entre les différentes localités du pays. Cependant, de nos jours quatre (04) compagnies aériennes desservent le réseau domestique à savoir : Trans Air Congo (T.A.C.), Mistral aviation, Congo Airways (W.A.C.) et la Société Nouvelle Air Congo (S.N.A.C.). Celles – ci ont du mal à faire face à la forte demande de services au point où les plannings de vols sont souvent perturbés (entretien avec responsables Aviation Civile). C’est ainsi que la population, principale source de revenus de ces compagnies aériennes, se trouve abandonnée à son propre sort et subit des préjudices. Dans ce contexte, quelle est l’importance de la gestion de la relation client dans une compagnie aérienne comme la S.N.A.C.? À partir de la problématique ci - dessus énoncée, nous pouvons formuler deux hypothèses : H1 : la création au sein de la S.N.A.C. d'un département chargé de la gestion de la relation client, peut permettre à ladite structure d’occuper une position de leader dans le secteur ; H2 : un bon système d'information au sein de la SNAC, lui fera conserver ses clients et en acquérir d’autres. 3 Document Stratégique de réduction de la pauvreté, Mars 2008. République du Congo 167 p. 34 Revue Congolaise de Gestion N°13 2. METHODOLOGIE DE TRAVAIL Pour mener cette étude, la méthodologie a consisté en une analyse documentaire, des entretiens informels, des enquêtes et à des analyses statistiques. ) L’analyse documentaire a consisté à faire des recherches bibliographiques au niveau des bibliothèques de l’ E.S.G.A.E., de l’A.N.A.C. ainsi que des sites Internet. ) Les entretiens informels (sans questionnaire) ont été menés auprès des spécialistes et des personnes ressources travaillant au ministère des transports et à l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (A.N.A.C.). Nous avons aussi discuté avec les responsables des compagnies aériennes desservant le réseau domestique Congolais. Ces entretiens avaient pour but essentiel de nous donner une vision globale sur les conditions d’exercice des opérateurs privés d’aviation civile. ) Les enquêtes ont été effectuées suivant un choix raisonné de manière à ce que notre échantillon ait au mieux possible la structure et les caractéristiques de l’ensemble des clients. A cet effet, le voyageur a été retenu comme unité statistique. ) Les enquêtes ont été effectuées en deux phases: une phase test du questionnaire, auprès de quelques voyageurs des différentes localités desservies. Celle-ci nous a permis d’apporter quelques correctifs afin de donner au questionnaire sa forme définitive. une phase d’enquête d’exploitation a été menée avec un questionnaire par une équipe d’enquêteurs constituée essentiellement d’hôtesses. ) Les analyses statistiques ont d’abord consisté à élaborer des tableaux croisés afin de lire des profils lignes et des profils colonnes permettant de voir la répartition des modalités ou variables. Ensuite, pour affiner ces analyses statistiques (découvrir des faits nouveaux), nous avons utilisé l’analyse des correspondances multiples (ACM). Cette 35 Revue Congolaise de Gestion N°13 dernière nous a permis d'étudier et de représenter graphiquement les phénomènes, en associant deux à deux plusieurs variables qualitatives. Enfin elle a rendu homogènes des données de nature disparate et mise en évidence des liaisons non linéaires. ) Les traitements et analyses des données collectées se sont effectués avec Microsoft Excel 2010 et XLSTAT version 5.0. 3. RESULTATS OBTENUS ET ANALYSE De cette méthodologie utilisée, non seulement il a été possible d’élaborer un diagnostic stratégique pour la Société Nouvelle Air Congo, mais il en ressort également cinq points importants à savoir : la couverture du réseau domestique par les opérateurs aériens du Congo Brazzaville, la répartition des clients au niveau des compagnies aériennes du Congo Brazzaville, la caractérisation des clients de la Société Nouvelle Air Congo, l’image des principaux opérateurs aériens du réseau domestique Congolais auprès des clients et, la caractérisation de la relation client à la SNAC. Le diagnostic stratégique est un outil d’aide à la décision qui permet de connaître « l’état de santé » d’une structure ou d’une organisation. Voilà pourquoi toute organisation devrait le faire de manière fréquente : il s'agit d'un diagnostic externe et interne. Le diagnostic interne porte sur l’appréciation des forces et faiblesses de l’entreprise pendant que le diagnostic externe concerne l’étude de l’environnement pour en dégager les menaces et les opportunités. C’est ainsi qu’en tenant compte des analyses et résultats obtenus suite aux enquêtes menées, nous parlerons des opportunités du marché de la Société Nouvelle Air Congo, avant de détailler les forces et les faiblesses que cette société a en terme de gestion de la relation client. 36 Revue Congolaise de Gestion N°13 a)- Opportunités du marché de la Société Nouvelle Air Congo Les opportunités renforcent la position d’une structure sur le marché. Dans le cas de la SNAC, la détermination de ses opportunités résulte de l’examen des résultats d’enquêtes à savoir : ) l’occupation de façon majoritaire de la part de marché national, car elle est à un taux de couverture de 35% sur le réseau domestique aérien ; ) l’image que les voyageurs ont de ses prestations qui, contrairement à la concurrence sont qualifiées être bonne, voire excellente ; ) la non saturation du marché du transport aérien congolais ; ) L’identification de la SNAC comme compagnie nationale dans l’esprit du passager. Cependant il sied de rappeler que pour la SNAC, la menace est essentiellement constituée des différentes compagnies aériennes concurrentes. b)- Forces et faiblesses de la GRC à la Société Nouvelle Air Congo Les forces constituent des atouts sur lesquels on peut compter dans la mise en œuvre de la stratégie, dans la mesure où ils devraient favoriser l’efficience des actions s’intégrant dans les axes stratégiques. Ainsi, les forces détectées en terme de gestion de la relation client à la Société Nouvelle Air Congo sont : ) la desserte monopolistique lui permettant de conserver ses clients (PKL et NKY); ) le confort des avions qui attire les clients ; ) les promotions de vente sur les billets ; ) la vente des billets de 3ème âge. 37 Revue Congolaise de Gestion N°13 En ce qui concerne les faiblesses qui sont des handicaps internes décelés au sein de la société, dans les divers domaines des activités économiques, politiques et sociales, on peut, en particulier relever celles qui constituent des freins. Elles se rapportent toujours à la gestion de la relation client à savoir : ) le manque de ponctualité des avions que déplorent les passagers ; ) l’insatisfaction de la qualité des services offerts depuis la vente des billets à la gestion des litiges ; ) l’absence de politique de communication et de fidélisation ; ) le manque de proximité avec le client. * * * Les enquêtes menées ont permis de faire des analyses statistiques des quelles résultent les éléments suivants : la situation de couverture du réseau domestique par les opérateurs aériens du Congo Brazzaville, la répartition des clients auprès des différents opérateurs aériens de la Société Nouvelle Air Congo, la caractérisation des clients de la Société Nouvelle Air Congo l’image des principaux opérateurs aériens du réseau domestique congolais auprès des clients et, la caractérisation de la relation client à la Société Nouvelle Air Congo. S’agissant de la couverture du réseau domestique par les opérateurs aériens du Congo Brazzaville, les enquêtes ont révélés que Air Congo et Mistral aviation sont les opérateurs aériens les plus actifs, avec des taux de couverture domestique respectifs de 35% et 30% (Figure 1). Il convient de préciser à ce niveau, le monopole d’Air Congo 38 Revue Congolaise de Gestion N°13 Congo airways 20% Mistral aviation 30% Air Congo 35% Trans Air Congo 15% Figure 1 : Situation de couverture du réseau domestique par les opérateurs aériens du Congo Brazzaville sur Nkayi et Pokola. Concernant, la répartition des clients auprès des différents opérateurs aériens de la Société Nouvelle Air Congo, force est de constater que la SNAC occupe une part de marché à hauteur de 39% de clients (Figure 2) majoritairement de gente masculine (Figure 3). Société Nouvelle Air Congo 39% Congo Airways 3% Indifférent 0% Trans Air Congo 50% Mistral aviation 8% Figure 2 : Répartition des clients au niveau des compagnies aériennes du Congo Brazzaville 39 Revue Congolaise de Gestion N°13 La figure 3 décrit la caractérisation des clients de la Société Nouvelle Air Congo. C’est une analyse des correspondances multiples (ACM) entre la situation matrimoniale, la catégorie socioprofessionnelle, l’âge, le sexe et la classe de voyage. En fonction des différentes tranches d’âge des clients, elle a dégagé 3 classes. Figure3 : Caractérisation des clients de la Société Nouvelle Air Congo ) 1ère classe concerne 44% de voyageurs ayant 36 à 54 ans d’âge. Il s’agit principalement de personnes masculines qui seraient agents, cadres supérieurs ou exerceraient dans le domaine libéral. Elles sont pour certaines mariées et pour d’autres en vie de couple sans mariage. Leur choix de classe de voyage est déterminé par la disponibilité financière. ) 2ème Classe représente 11% de voyageurs qui se constituent de personnes du 3ème âge. Il s’agit de personnes : retraitées, inactives ou chefs d’entreprise veuves ou mariées aimant voyager de préférence en classe affaire. ) 3ème Classe est constituée de jeunes étudiant(e)s âgés de 15 à 24 ans et d’agents d’exécution ou de cadres supérieurs de 25 à 35 ans qui sont célibataires pour la plupart, avec 40 Revue Congolaise de Gestion N°13 aucune préférence de classe de voyage. Elle représente 45% de voyageurs. ) En définitif, l’ACM nous révèle que sur l’ensemble des clients, il n’y aurait que 11% de voyageurs qui, étant chefs d’entreprises ou commerçants voyageraient prioritairement en classe affaire. Par ailleurs, la majeure partie des clients (55% de jeunes de 15 à 35 ans et 44% de 36 à 54 ans) n’aurait pas de préférences particulières à moins de disposer d’assez de liquidités (44% de voyageurs). À propos de l’image des principaux opérateurs aériens du réseau domestique congolais auprès des clients, une autre ACM (figure 4) révèle que des quatre opérateurs aériens à savoir TAC, SNAC, WAC et Mistral aviation ; la première se fait distinguer par la fiabilité et la régularité de ses vols pendant que la seconde se caractérise par une sollicitation patriotique (les client disent qu’elle est un symbole d’identité nationale). Graphique sym étrique des variables (axes F1 et F2 : 48,56 %) 2 Choix aléat oire Formidable Sollicitation par patriotisme Personnel accueillant Connu à l'aéroport 1 SNAC Billet acheté par agent parenté Solliciaton car billet Billet acheté au broker abordable Billet achété à l'agence Connu par la PUB Fiable 0 TAC Confort Personnel dynamique Professionnel Sollicitation car Billet acheté par agent ponctuel ami Connu par 1 tièrs Billet acheté à l'agence Régularité F2 (13,65 %) Connu par la PUB -1 Incertaine WAC MISTRAL Inconfortable -2 Personnel insouciant -3 Choix aléatoire -4 -6 -5 -4 -3 -2 -1F 1 ( 3 4 , 9 1 %) 0 1 2 3 4 5 Figure 4 : Image des principaux opérateurs aériens du réseau domestique Congolais auprès des clients 41 Revue Congolaise de Gestion N°13 De ce qui précède, on constate que la SNAC occupe la deuxième place sur le réseau domestique aérien Congolais, malgré l’insatisfaction des clients sur la qualité de services (QDS) offertes. Quant à la caractérisation de la relation client à la Société Nouvelle Air Congo, dans la pratique on constate que cette relation est permanemment présente à quatre niveaux (réservation centrale, service passage, service de litige bagage et agence de vente de billets). Le client contacte chacun de ses services soit pour l’achat d’un billet ou la demande d’une information, soit pour effectuer les formalités de départ ou faire des réclamations pour une perte de bagage. Et comme le montre la caractérisation de la relation client à la SNAC (figure 5), le client est au centre des différents échanges. En outre, il y a trois liens d’interdépendance entre : la réservation centrale et le service passage, le service passage et le service litige bagage, la réservation centrale et les agences de vente de billets. Réservation centrale Service passage Client Agence de vente de billets Service litige Figure 5 : Caractérisation de la relation client à la SNAC 42 Revue Congolaise de Gestion N°13 4. CONCLUSION ET SUGGESTIONS En tant que société de services et dans un contexte de plus en plus concurrentiel, la satisfaction et la fidélité des clients constituent le meilleur atout pour une entreprise. Voila pourquoi face aux nouvelles attentes des clients, il serait souhaitable que les responsables de la SNAC améliorent la qualité des services, introduisent un département chargé de la relation client au sein de l’entreprise, fidélisent les clients et développent les TIC. ) Améliorer la qualité de services en: - proposant des tarifs étudiants et des billets week-end ; - communiquant avec ses clients soit par des fiches de suggestions, soit en les informant de l’annulation ou du retard d’un vol ; - étant ponctuelle sur les horaires de vols ; - ayant une flotte de qualité en nombre important. ) Créer au sein de la Direction commerciale et marketing, un service chargé de la relation client afin : - d’avoir une base de données clients permettant à l’entreprise de rester en contact permanent avec ces derniers ; - d’innover en proposant des tarifs fidélité et/ou cadeau ; - de mesurer les attentes des clients en réalisant des enquêtes systématiques dans tous les domaines, auprès de tous les clients (soit enquêtes à bord, soit enquêtes « ad hoc ». Les enquêtes ad hoc permettent aux entreprises de rencontrer certains consommateurs pour mieux identifier leurs attentes spécifiques en leur offrant un service différentiel4). ) Fidéliser les clients en : 4 Service de presse Air France : « Le client au cœur du dispositif commercial », 2007 ; 14p. 43 Revue Congolaise de Gestion N°13 - identifiant la part de marché de chaque localité; déterminant les périodes de forte demande pour chaque localité avec les pourcentages des différents types de clients; mettant en place des offres saisonnières adaptées à la catégorie de clients ciblés; mettant en place un réseau d’agence sur des zones publiques de façon à développer la proximité; offrant des prix préférentiels pour des clients qui voyagent souvent (à partir d’un certain nombre de voyages) : en faire des clients prioritaires. ) Développer les TIC car sans une stratégie TIC, les entreprises éprouvent d’énormes difficultés pour faire face à leur environnement concurrentiel. Ce développement implique : l’informatisation de la vente des billets pour centraliser les ventes, éviter l’achat des billets parallèles et par personne interposée. Cette informatisation permettra d’avoir une lisibilité sur les entrées financières de chaque localité, et la variabilité de la demande en fonction des saisons (maîtriser les effectifs de voyages) l’informatisation du service commercial pour mieux contrôler les commerciaux et identifier les opportunités ; la disposition d’un logiciel qui, au moment de l’enregistrement de la vente identifie tout de suite le prix à payer en fonction soit de la promotion, soit de la fidélisation. Ce logiciel suit de façon automatique le client (fréquence d’achat du billet, saison de voyage) et détermine systématiquement la facturation ; la personnalisation du service pour renforcer leur qualité et modifier la nature de la relation client ; l’ouverture de l’entreprise par la multiplication des opportunités de partenariats pouvant travailler en réseau pour être beaucoup plus efficace. 44 Revue Congolaise de Gestion N°13 Cet article s’est articulé autour de la gestion de la relation client dans les compagnies aériennes congolaises, avec comme cas spécifique celui de la Société Nouvelle Air Congo. Au cours de ce travail, les enquêtes et entretiens réalisés nous ont permis d’affirmer nos deux hypothèses à partir desquelles, nous pouvons répondre à la question fondamentale de notre recherche : l’importance de la gestion de la relation client dans la SNAC. La présente étude a fait ressortir que 23% des clients ne sont pas acquis par les compagnies aériennes car, c’est par personnes interposées qu’ils décident de choisir une compagnie pour voyager. Cependant dans 77% des cas, les entreprises peuvent impacter directement les clients sans passer par personne interposée. Ceci sous entend que même si les compagnies aériennes peuvent considérer pour déjà acquis un certain nombre de clients, ces dernières doivent faire un travail d’attraction pour limiter au maximum les achats de billets par personnes interposées. Ainsi, nous serons théoriquement tenté de dire que les opérateurs de vols congolais doivent s’investir dans la publicité afin non seulement d’attirer les clients, mais aussi de les fidéliser. Cependant la réalité nous révèle que ce n’est pas parce qu’on connaît une entreprise qu’on lui est fidèle. D’où, dans le cas d’espèce c'est-à-dire la Société Nouvelle Air Congo, si elle veut fidéliser ses clients comme l’a révélé l’étude, elle devra tenir compte des paramètres suivants par ordre de priorité : la ponctualité (34%), le confort (24%), le patriotisme (23%), la régularité (12%) et le prix du billet (4%). Partant du constat que cette structure soit réputée ne pas avoir une bonne politique de communication et ne pas être ponctuelle, la GRC lui permettra d’accélérer sa performance commerciale, de développer le contact avec ses clients et d'améliorer la satisfaction client. Voilà pourquoi, la 45 Revue Congolaise de Gestion N°13 mise en place d’un département chargé de la gestion de la relation client et d’un système d’information afin d’analyser les opportunités du marché, constituent une décision salutaire pour l’avenir de l’entreprise. Par contre, le top management de l’entreprise doit savoir que, comme mettre en œuvre une GRC demande des changements organisationnels et des investissements lourds, cette politique ne devra pas être lancée tant que les services de base ne seront pas correctement gérés : la logistique, la qualité du service, etc. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES A. Ouvrages • ALARD P. et DIRRINGER D., 2000, La stratégie de la relation client, éd. Dunod • ARMSTRONG G. et P. KOTLEROUCH P., 2007,. Principes de marketing éd. Broché (8e édition) 413 p. • AUTISSIER D. et al., 2008, Atlas du management, éd. Eyrolles, 480 p. • BAROUCH G., 2005, Fidéliser et gagner vos clients par écoute, éd. Afnor 68 p. • BERTOLOTTI C. et al., 2007, Gestion de la relation commerciale, éd. Nathan technique. Comité national de lutte contre la pauvreté - Secrétariat permanent, 2008, Document stratégique de réduction de la pauvreté, République du Congo • BLANC M.-A., 2006, Toute la fonction commerciale, éd. 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Among those SME, there is ITOYA SARL, a private limited company which has, in this respect, developed several strategical activities: joinery, food –processing industry (bakery), public transport, agribusiness, and construction. The case study of ITOYA diversification made it possible to handle the type of strategy implemented, identify the problems faced by the enterprise in the course of its strategical activity management, and suggest hints of solutions to improve things. ITOYA set up or implemented a conglomeral strategy .To identify its problems, the strategical analysis has been possible thanks to the use of the SWOT matrix .Among the outcomes, we particularly notice the absence of feasibility studies before launching activities, 49 Revue Congolaise de Gestion N°13 which is–when all is said and done–an outstanding weakness identified by this study. Key words: diversification strategy, conglomeral diversification, diversified enterprise, SWOT matrix, strengths, weaknesses. Résumé La stratégie de diversification constitue l’une des manœuvres stratégiques que les entreprises choisissent pour réduire les risques liés au déclin des activités de base des entreprises. Dans un contexte de turbulences comme l’est l’environnement africain en général, et celui de la République du Congo en particulier, ce choix stratégique a été une décision stratégique prise par les PME au Congo. Parmi elles, on a la société ITOYA SARL qui, en effet, a développé plusieurs activités stratégiques : la menuiserie, l’activité agroalimentaire (la boulangerie), le transport en commun, l’activité agro-pastorale, et construction. L’étude de la diversification d’ITOYA a permis de comprendre le type de stratégie mise en œuvre, d’identifier les problèmes auxquels l’entreprise est confrontée dans la gestion de ses activités stratégiques et de suggérer des solutions d’améliorations. ITOYA a mis en œuvre la stratégie conglomérale. Pour identifier ses problèmes, l’analyse stratégique s’est faite en utilisant la matrice SWOT. Parmi les résultats obtenus, on note particulièrement l’absence des études de faisabilité avant le lancement des activités qui constitue, en définitive, la grosse faiblesse identifiée par l’étude. Mots clés : stratégie de diversification, diversification conglomérale, entreprise diversifiée, matrice SWOT, forces, faiblesses. 50 Revue Congolaise de Gestion N°13 1- INTRODUCTION L a turbulence de l’environnement économique entraîne généralement une modification radicale de la conception stratégique des entreprises. Face à cet environnement, dominé actuellement par la mondialisation et les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les entreprises se trouvent confrontées à des difficultés d’adaptation. Il importe désormais de favoriser les remises en cause permanentes. Ceci pour faciliter les adaptations aux variations de l’environnement, et aussi d’accélérer la saisie des nouvelles opportunités. Car la vocation de toute entreprise est d’assurer sa pérennité. Toute entreprise doit générer des profits qui peuvent assurer sa croissance. Ainsi, l’entreprise doit s’accommoder de son environnement en mettant un accent particulier sur les stratégies de croissance, à l’instar de la stratégie de diversification. Cette stratégie consiste à s’orienter vers des secteurs ou des métiers nouveaux. Si l’on se réfère à la littérature relative à la stratégie, il ressort que les années 1960 – 1970 ont été marquées par la diversification. En effet, soutenues par une forte croissance et une rentabilité intéressante, les entreprises se sont lancées dans de nouveaux domaines d’activités. Ce comportement se développe de plus en plus dans le monde et notamment en Afrique. C’est ainsi que nous nous sommes intéressé à la société ITOYA qui est une PME congolaise. Créée le 28 juin 2004, ITOYA est une société congolaise à responsabilité limitée, au capital de dix millions (10.000.000) de franc CFA. Ses bureaux sont situés au n° 69 de la rue Lénine à Moungali, Brazzaville. La société ITOYA a pour activité de base la construction des bâtiments et les travaux publics, bien que son objet s’étende aussi à d’autres activités. 51 Revue Congolaise de Gestion N°13 Depuis sa création, ITOYA s’est diversifiée dans d’autres domaines : le transport en commun, la boulangerie, la menuiserie et l’agropastoral. Cela pour répondre aux besoins de liquidité et de prévention des risques liés à une seule activité. Ces différentes activités diversifiées sont appelées les unités autonomes parce qu’elles bénéficient d’une autonomie de gestion financière. Les activités de la société ITOYA sont classées dans les secteurs sociaux économiques suivants : • le secteur primaire qui consiste à produire sans transformer les matières premières, • le secteur secondaire dont l’activité principale est la transformation des matières premières en produits finis. La société ITOYA offre ses services aux entreprises privées, aux organismes internationaux (PNUD, UNICEF), aux particuliers, aux commerçants, aux associations, aux collectivités locales et à l’Etat… Notre étude s’intéresse donc à la diversification développée par la société ITOYA. Cette société connaît quelques problèmes dans la mise en œuvre de sa stratégie de diversification. Ces problèmes sont notamment dus à la main d’œuvre utilisée, à la commercialisation des produits, au manque de suivi des clients, à l’utilisation parfois des produits de mauvaise qualité, à l’inexpérience de l’entreprise dans les différents secteurs et à la trésorerie. Toutes ces difficultés se traduisent par la perte des ressources, du temps et le retard du développement des activités. 2- METHODOLOGIE DE TRAVAIL La diversification des activités est reconnue comme une véritable stratégie pour le développement de l’entreprise dans le contexte de diversification de l’économie congolaise. S’orienter vers des secteurs ou des métiers nouveaux 52 Revue Congolaise de Gestion N°13 constitue des canaux contribuant à la diversification de l’économie. L’objectif général de notre étude est d’analyser la stratégie de diversification de la société ITOYA. De cet objectif se dégagent les objectifs spécifiques suivants : 1) comprendre les caractéristiques de la stratégie de diversification d’ITOYA ; 2) identifier les problèmes auxquels est confrontée la société ITOYA dans la gestion de ses activités stratégiques ; et 3) proposer des solutions pour l’amélioration de la en œuvre de cette stratégie. En d’autres termes nous nous sommes préoccupés de répondre aux questions suivantes : pourquoi la société ITOYA a-t-elle voulu se diversifier ? la stratégie de diversification développée par la société ITOYA est – elle efficace ? quelles solutions possibles la société ITOYA peut-elle mettre en œuvre pour assurer le succès de cette stratégie ? Trois hypothèses sont fixées pour mener l’étude. • H1 : La stratégie de diversification adoptée par la société ITOYA est commandée par le risque potentiel lié à son activité de base. En effet, la présence des concurrents sur le secteur est susceptible de compromettre l’activité stratégique d’ITOYA qui n’a pas encore atteint la phase de maturité précédant la phase du déclin ; • H2 : La stratégie de diversification mise en œuvre par ITOYA lui permet de tirer des profits optimaux : financiers, humains et matériels. La diversification génère pour l’ensemble de l’entreprise une synergie apte à « booster » la croissance globale de l’ensemble ; • H3 : L’environnement de la société ITOYA constitue un facteur de blocage à la mise en œuvre de sa stratégie de diversification : l’environnement des affaires au Congo est fondamentalement « contraignant » car lié à l’Etat qui, de 53 Revue Congolaise de Gestion N°13 près ou loin, est non seulement offreur mais aussi demandeur principal par rapport à ce secteur. La réalisation de l’étude a nécessité fondamentalement: 1) la consultation très fouillée des documents pour la recherche des informations relatives à diversification et le management; des ouvrages classiques de stratégie ont permis de mieux exploiter les différentes approches de la diversification. 2) l’analyse de la stratégie de diversification d’ITOYA à travers la matrice SWOT (strenght, weakness, oppotunities, threats correspondant à forces, faiblesses, opportunités, menaces). 3- LE CONCEPT DE DIVERSIFICATION La diversification a déjà fait l’objet de plusieurs analyses, notamment celle de Igor Ansoff I. (1989), et de A. Ch. Martinet (1983). Selon Igor Ansoff (1989), « l’apparition d’une activité nouvelle peut en effet s’analyser comme la greffe d’un corps étranger sur un organisme jusqu’alors autonome. Cet apport externe, qu’il soit heureux ou malheureux n’ira pas sans comporter au sein même de l’entreprise des conséquences ou des réactions qui la marqueront de façon durable (…). Il convient donc d’analyser les risques de rejet mais aussi d’analyser avec précision la valeur relative réelle de l’activité nouvelle ». Igor Ansoff distingue trois formes de diversification : la diversification horizontale, la diversification concentrique et la diversification verticale. Pour lui, la réussite d'une diversification dépend d'un certain nombre de facteurs et dépend surtout d'une méthode logique. Singh et al. (2001) ont observé après une étude, que les entreprises diversifiées réalisent une rentabilité sur capitaux propres supérieure aux entreprises à activité unique. 54 Revue Congolaise de Gestion N°13 Ces chercheurs ont chacun donné un point de vue sur la stratégie de diversification. La finalité pour chaque type de stratégie est d’accroître la performance de l’entreprise et la rendre pérenne. Cette vision de la diversification correspond à notre assentiment. La matrice SWOT que nous avons utilisée est un outil stratégique à partir duquel on réalise le diagnostic stratégique Il s’agit de mettre en confrontation les forces et les faiblesses de l’entreprise d’une part et les opportunités et les menaces que présentent l’environnement externe d’ITOYA, d’autre part. Le croisement de ces facteurs permet de conclure sur des orientations stratégiques rendant l’entreprise plus compétitive et garantissant sa sécurité. Les problèmes évoqués sont très importants et nécessitent une attention particulière. Car la stratégie de diversification qui est une véritable stratégie de développement pour l’entreprise présente en elle-même des risques. D’après certaines études citées par A. Ch. Martinet (1983), environ 35 % des diversifications ont connu des échecs. Concernant la société ITOYA, les risques d’échecs ne sont pas exclus. La stratégie de diversification d’ITOYA n’a pas obéi à la démarche telle que recommandé par A. Ch. Martinet (1983), car on note l’absence des études de faisabilité avant le lancement de chaque activité. La croissance de l’entreprise est une nécessité vitale dans un système économique dynamique. Par conséquent, le déclin d’une entreprise contribue à la régression économique. Surtout qu’aujourd’hui, l’entreprise apparaît comme un lieu de prise de décisions concernant l’avenir des personnes et des nations. Et la mise en œuvre de la stratégie participe nécessairement à cette dynamique. Il est donc un sujet important de se focaliser sur la dynamique des PME, en examinant les faiblesses et les forces. 55 Revue Congolaise de Gestion N°13 4- DIAGNOSTIC STRATEGIQUE D’ITOYA Au terme de notre étude, il apparaît que la société ITOYA connaît quelques problèmes dans la mise en œuvre de sa stratégie de diversification. De façon générale, ces problèmes se traduisent par la perte des ressources et du temps d’une part, et les retards du développement des activités, d’autre part. L’examen du tableau ci-dessous nous éclaire dans les détails du diagnostic stratégique. Tableau : Matrice SWOT Activités Bâtiments Boulangerie 56 Environnement interne Forces 1. Culture d’entreprise ; 2. Maîtrise de la technologie ; 3. Satisfaction des clients sur la qualité du produit ; 4. La réalisation de plusieurs ouvrages et les écoles ; Environnement externe Faiblesses 5. Mauvaise politique de gestion financière ; 6. L’inefficacité du système d’information ; 7. Manque de certain matériel lié à l’activité ; 8. Absence du service de Marketing ; 9. Absence des campagnes publicitaires Opportunités 10. La croissance du marché ; 11.Nouvelle réglementation favorable ; 12. Programme du gouvernement sur la Municipalisation accélérée, 13, Les projets du PNUD ; Menaces 14. La présence des entrepren eurs. 1. Nouveauté et maîtrise du matériel ; 2. Contrat de maintenance avec le fournisseur ; 3. Satisfaction du client sur la qualité du produit ; 4. Part de marché élevée ; 6. La 7. L’inefficacité du système d’information ; 8. Absence du service de Marketing ; 9. Faible capacité de recouvrements des créances auprès de clients ; 10. Faible niveau de 11. Reprise des activités de la Minoterie du Congo S.A qui est un fournisseur de farine ; 12. L’accroissement de la population urbaine ; 13. La construction du barrage 16. Mauvaise qualité des matières premières sur le marché ; 17. La mauvaise qualité et quantité de l’électrici Revue Congolaise de Gestion N°13 Menuiserie localisation du site contrôle des procédures administratives d’Imboulou ; 14. La construction du pont entre les deux Congo ; 15. Etendre l’installation des boulangeries à Brazzaville et Pointe Noire 1. Nouveauté du matériel et la présence du groupe électrogène ; 2. La rapidité et le respect des délais de livraison ; 3. La permanence du personnel ; 4. Maîtrise de la technologie 5. Gamme de produit insuffisamment étendue ; 6. La localisation du site ; 7. Manque de certains appareils tels que la scie circulaire et la moulure ; 8. Manque de stratégie pour la fidélisation des clients ; 9. Faible part de marché ; 10. Construction du barrage d’Imboulou et le centre de Tchelompo ; 11. L’accroissement du secteur de bâtiment et de génie civil ; 12. Exportation du bois scié dans les pays comme la France, la Chine, l’Allemagne et l’Afrique de l’ouest ; 13. Prolifération des écoles dans le pays ; té de la SNE ; 18. La parafiscal ité ; 19. Les concurre nts qui sont à la fois fournisse urs des matières premières ; 14. Coupures d’électric ité et la mauvaise qualité de l’électrici té ; 15. Précarité du bois sur le marché ; 16. La parafiscal ité ; 17. Divers types d’importa tion des meubles par les commerç ants ; 18. Rareté des matières premières sur le marché ; 19. Hausse des prix des 57 Revue Congolaise de Gestion N°13 matières premières ; Agropastorale Transport 1. Nouveauté et maîtrise de la technologie ; Mobilité du personnel; 2. Garantie d’entretien du matériel par le fournisseur ; 3. Matériels adaptés à la zone tropicale ; 1. Maîtrise de la technologie ; 2. Satisfaction des clients, part de marché élevée ; 3. Véhicules adaptés à la zone tropicale ; 4. Manque de moyen de liaison entre le site et le siège ; 5. Pas de variété des produits ; 6. Niveau du contrôle très faible ; 7. Faible part de marché ; 8. Nouvelle réglementation favorable à l’activité notamment sur l’exonération des taxes sur l’importation du matériel agricole ; 9. Apparition des nouveaux besoins notamment l’exploitation des champs ; 10. Encouragements de la société par les agents du Ministère de l’agriculture 4. Exploitation de la route Brazzaville Kinkala ; 5. Construction de la route Makoua – Impfondo ; 6. Exploitation de la route Brazzaville – Lékana ; 7. Contrat avec SOCOFIN S.A 8. Mauvais état des routes. Source : Données de l’étude. De façon particulière, les problèmes spécifiques sont présents au niveau de la main d’œuvre utilisée avec une absence de management des ressources humaines, au niveau de la commercialisation des produits qui n’obéit pas totalement aux exigences du marketing -mix. À cela s’ajoute 58 Revue Congolaise de Gestion N°13 le manque du suivi des clients, l’utilisation parfois des matières premières de mauvaise qualité, l’inexpérience de la société dans les différents secteurs, les crises de trésorerie. Il ressort que la société ITOYA a développé la stratégie de diversification pour répondre aux besoins de liquidité et d’équilibre financier de son activité de base. En effet, de façon fondamentale, cette décision stratégique a permis à ITOYA d’être à l’abri des risques liés au développement d’une seule activité. L’activité agro-pastorale et la menuiserie, sont encore à la phase de lancement. Ces deux activités nécessitent une meilleure organisation. Dans l’ensemble, pour les différents secteurs d’activités, les comptes sont gérés avec des « passerelles » à travers lesquelles la société ITOYA gère les finances de l’entreprise comme une entreprise mono active, donc non diversifiée. Il apparaît ainsi un grand paradoxe de l’entreprise entre l’organisation financière et la structure des activités. 5- PERSPECTIVES D’AVENIR Des suggestions concernant la société ITOYA dans son ensemble sont nécessaires pour améliorer la gestion de ses différents secteurs d’activités et d’assurer le succès de sa stratégie de diversification. Dans le secteur du bâtiment les atouts sont multiples ; l’essentiel est de respecter les engagements envers les clients afin de préserver l’image de marque de l’entreprise. La société devrait suivre les différentes factures non payées. Elle devrait aussi multiplier des soumissions aux appels d’offre lorsque les opportunités se présentent. La recherche des marchés privés constitue une alternative « solide » dans la perspective de faire face à la faillite potentielle du secteur des BTP fortement lié à l’Etat. 59 Revue Congolaise de Gestion N°13 En ce qui concerne l’activité de transport, la société ITOYA devrait renforcer le parc automobile et améliorer la qualité des services. La concurrence observée dans le secteur suscite des innovations dans le sens d’exploiter d’autres types de transport aux segments spécifiques se présentant comme des niches (Porter, 1982). Dans la branche de la boulangerie, la société ITOYA devrait améliorer la gestion technique, organisationnelle, et commerciale de cette activité. L’installation d’un deuxième four dans la boulangerie d’une part, et la création d’autres boulangeries à Pointe Noire, d’autre part, sont des perspectives garantissant le succès de la société. Pour les secteurs de la menuiserie et l’agro-pastoral, la société devrait fabriquer et produire au lieu de se contenter des prestations. Pour une gestion efficiente de ces activités, la société devrait mettre en place un business plan pour ces deux secteurs d’activité. Par ailleurs, la société a l’obligation d’adapter l’organisation financière de la société à la structure des activités (Martinet, 1983). En effet, la stratégie de diversification conglomérale fonctionnant avec des activités indépendantes suggèrent des fonctionnements des différentes activités de façon automne, quoique, en période de crise d’une activité, la réallocation financière est possible à partir des « vaches à lait » de l’entreprise. 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To get out of such a poor performance, the banking system ought to protect itself against risk in one hand, and make it possible for enterprises to guarantee that their projects are bankable, in another hand. Key words: Banking system, economy financing, intermediary financing, gross domestic product, deposits coverage rate. Résumé Le financement de l’économie révèle l’expression de l’efficacité du système bancaire dans sa fonction 63 Revue Congolaise de Gestion N°13 d’intermédiation entre les agents économiques épargnants et ceux qui ont des besoins de financement. À travers les crédits à l’économie, le système économique trouve là, un levier fondamental pour l’amélioration du produit intérieur brut. Dans ce cadre, l’expérience de l’économie congolaise révèle une situation atypique caractérisée par un secteur bancaire qui dispose de liquidés excédentaires qu’il ne parvient à pas employer alors que l’économie réelle du Congo connaît de sérieux problèmes de financement. Pour sortir le système bancaire de ses contreperformances, il faut l’amener à savoir : (1) se prémunir du risque ; (2) et permettre aux entreprises de garantir la bancabilité de leurs projets. Mots clés : Système bancaire, financement de l’économie, intermédiation bancaire, produit intérieur brut, taux de couverture de dépôts. 1- INTRODUCTION D epuis toujours, la recherche de la croissance demeure au cœur des politiques économiques des Etats. En effet, celle-ci garantit le développement économique, ce qui contribue par la suite à l’amélioration du niveau de vie, donc à la garantie du bien être social. Cependant, cet objectif de croissance – si important pour les Etats – n’est réalisable qu’à la condition que les entreprises s’assurent le meilleur emploi des facteurs de production. Pour cela, elles sont appelées tout le temps à augmenter leurs dépenses d’équipement en capital, afin d’améliorer la productivité, ce qui est fondamental pour la croissance. C’est pourquoi, dans le contexte actuel de la globalisation, il devient inconcevable de parler de développement économique durable sans soulever au préalable la question du financement de l’économie. Car les 64 Revue Congolaise de Gestion N°13 dépenses à engager nécessitent bel et bien un financement dont les entreprises ne disposent pas toujours. Elles sont donc parfois contraintes de se tourner vers la sphère financière. Ainsi, lorsque cette dernière va mal, l’économie court un grand risque d’asphyxie puisque les entreprises sur lesquelles elle repose manquent de ressources financières nécessaires à leur fonctionnement et leur développement. Cela, nous avons pu le constater avec la crise financière de 2008 : l’onde de choc émise par la chute de Lehmann Brothers ne s’est pas arrêtée à la seule sphère financière, elle a fini par gagner l’économie réelle. En effet, l’effondrement par « effet domino » du système financier mondial a provoqué par la suite l’ébranlement des pans entiers du secteur économique, etc. L’économie mondiale est alors entrée dans une phase de récession. La crise qui n’était que financière est devenue économique. Par ailleurs, les plans de soutien aux économies conçus çà et là pour faire face à la crise nous montrent également qu’on ne saurait relancer une économie sans régler au préalable le problème des banques. Malgré les multiples interventions de l’Etat, l’économie irlandaise a bien du mal à se remettre en marche car son système bancaire demeure fragile. En effet, les banques irlandaises peinent à assurer pleinement leur fonction à cause des nombreux « actifs toxiques » encore présents dans leurs bilans. On peut une fois de plus comprendre par là que le bon fonctionnement du système financier est non seulement un impératif au développement économique des Etats, mais aussi une garantie de leur stabilité. Cependant, il sied de préciser que si les nations occidentales connaissent des problèmes de liquidité en ce moment, la situation n’est pas la même pour le Congo qui, de l’avis général des spécialistes possède un système bancaire en surliquidité. Seulement, cette situation quoique confortable 65 Revue Congolaise de Gestion N°13 ne semble rien apporter car, comme on a pu le constater en occident, les entreprises congolaises également font l’expérience de la difficulté à mobiliser des ressources et du difficile accès au crédit. C’est quand même un paradoxe ! D’une part nous avons un système bancaire abondant en liquidité, de l’autre des entreprises se plaignant de ne pas pouvoir lever les fonds nécessaires au financement de leurs investissements. Qu’est ce qui peut donc être à l’origine de ce contraste ? Serait-ce une aversion au risque excessive des banquiers ou bien un manque de garantie de remboursement suffisante à fournir de la part de nos entreprises ? C’est ce paradoxe de liquidité que nous avons – à travers une démarche scientifique – la mission d’élucider. 2- MATERIEL ET METHODES UTILISES Ce travail, qui se veut être un diagnostic du financement de l’économie par les banques, vise essentiellement une amélioration de la capacité d’allocation des ressources du système bancaire congolais. Aussi, la mission du système bancaire étant de financer l’économie, il sera important de voir au préalable quelle est la structure actuelle de l’économie pour pouvoir en déterminer les besoins – en termes de contreperformances des secteurs – et ensuite montrer comment le système s’organise pour palier les déséquilibres ; l’intérêt de cette démarche étant de jauger la capacité du système bancaire à assurer sa mission de financement de l’économie. L’analyse de la structure de l’économie se fera donc à travers l’étude d’un indicateur essentiel : le Produit Intérieur Brut (PIB). Dans le cadre de notre travail, son analyse se fera de deux (2) façons : premièrement par une étude de son 66 Revue Congolaise de Gestion N°13 évolution et ensuite par une évaluation de la contribution de chaque secteur à sa formation. Une fois le PIB analysé, il sera question, en ce qui concerne l’étude du financement de l’économie, de procéder d’une part à une analyse de l’activité d’intermédiation des banques et de l’autre à l’analyse de la ventilation des crédits par secteur d’activités économiques. Notre avis sur les contreperformances du système bancaire se fondera sur ces différentes analyses. 3- RESULTATS OBTENUS 1. Analyse du PIB Afin de nous aider à comprendre comment a évolué le PIB au cours de la période, le tableau n°1 nous présente, évoluant dans le temps, l’ensemble de la production nationale. De 2003 à 2006, le PIB congolais a connu une évolution sans cesse croissante, soit une augmentation de 87,81%, ce qui traduit une économie en plein épanouissement. Cependant, après un repli de 5,82% en 2007, le PIB aux prix courant du marché s’est établi à 27,13% en 2008. Ce qui fait que pour toute la période, le PIB a évolué de 2573,2 soit une croissance de 124,88%. Tableau n°1 : Produit Intérieur Brut par secteur de 2003 à 2008 (en milliards de FCFA) Secteurs économiques Secteur primaire Agriculture, élevage, chasse, et pèche Sylviculture et exploitation forestière Industries extractives (pétrole) Secteur secondaire Industries manufacturières 2003 2004 2005 2006 2007 2008 1172,5 108,9 1341,7 108,8 2085,1 124,2 2629,7 144,1 2261,3 148,5 3066,9 179,2 27,5 27,9 36,1 39,5 41,4 33,5 1036,1 1205 1924,8 2446,2 2071,3 2854,2 237,2 132,8 240,6 134,1 278,3 166,2 347,9 189,5 401,9 207,8 461,2 234,1 67 Revue Congolaise de Gestion N°13 Electricité, gaz, et eau Bâtiments et travaux publics Secteur tertiaire Transport et télécommunication Commerce, restaurants et hôtels Administrations publiques Autres services PIB au coût des facteurs Droits et taxes à l’importation PIB aux prix courants du marché PIB hors pétrole aux prix courants PIB pétrole aux prix courants 18,9 19,7 21,6 24,2 26,1 28,8 85,5 86,8 90,5 134,3 168 198,3 585,6 121 644,3 136,6 719,2 144,3 818,1 190,7 895,7 205,9 997 224,2 172,1 189 224,9 250,1 271,5 304,2 147,2 152,3 162,5 167,5 177,4 205,3 145,3 1995,2 166,3 2226,6 187,5 3082,6 209,8 3795,7 240,9 3558,9 263,3 4525,2 65,3 70 60,3 74,4 86,1 108,6 2060,6 2296,6 3142,8 3870,1 3644,9 4633,8 1024,5 1091,6 1218 1423,9 1573,6 1779,5 1036,1 1205 1924,8 2446,2 2071,3 2854,2 Source : BEAC, DGE. Cette évolution traduirait – pour ces six (6) dernières années – une relance de l’activité économique due en grande partie à l’amélioration du contexte international avec l’augmentation sans cesse croissante (du moins jusqu’en mi2008) des cours du pétrole, principale ressource du pays. De plus, il en ressort aussi qu’il existe une forte corrélation entre l’évolution du PIB et celle du secteur pétrolier. Car l’évolution du PIB de 36,85% en 2005 s’est inscrite dans le cadre d’une augmentation de 59,73% de l’activité du secteur pétrolier pour la même année. Dans le même sens, la contraction, en 2007, de l’activité économique de 5,82% accompagne une baisse de performance du secteur pétrolier de 15,33% ; la logique se répétant pour les deux (2) dernières années. Des signes d’une dépendance vis-à-vis du secteur pétrolier se profilent donc déjà. Cela, nous pouvons le vérifier à travers la confrontation de l’évolution du PIB et de celle du secteur pétrolier. 68 Revue Congolaise de Gestion N°13 Figure n°1 : Evolution dans le temps du PIB et du secteur pétrolier de 2003 à 2008 (%) Source : Calculs sur la base des données de la BEAC On remarque sans difficulté, à travers la lecture de la figure n°1 que l’allure de la courbe du PIB est exactement la même que celle du secteur pétrolier. Ce qui confirme qu’au cours de la période, l’évolution du PIB a été belle et bien fonction de celle du secteur pétrolier. L’hypothèse de la concentration de l’économie sur le secteur pétrolier est ainsi confirmée. Cependant, dans le cadre de notre analyse de la structure de l’économie, nous ne nous limiterons pas à l’analyse de la situation du seul secteur pétrolier mais plutôt de tous les secteurs contribuant à la formation du PIB. Ainsi, pour de meilleures analyses, il sied de regrouper dans un même tableau les informations indiquant la participation de chaque secteur à la création de la valeur (tableau n°2). S’il faut classer les sous-secteurs de par leur capacité contributive, nous avons en tête le pétrole avec une contribution de 59,03%, suivi du sous-secteur commerce, 69 Revue Congolaise de Gestion N°13 restaurants et hôtel qui contribue à peine à 7,56% ! Par ailleurs, on remarque que nombreux des sous-secteurs pouvant avoir un grand effet d’entraînement peinent encore à se développer. C’est le cas par exemple de l’agriculture qui affiche une performance très faible. Car non seulement elle n’est pas représentée individuellement – et pourtant le Congo a un grand potentiel du fait de la richesse de son sol – mais pire encore le secteur dans lequel elle se trouve confiner avec d’autres activités économiques (élevage, chasse et pêche) n’apporte pas une contribution satisfaisante. Tableau n°2 : Contribution de chaque secteur à la formation du PIB Secteurs économiques Secteurs primaires Agriculture, Elevage, chasse et pèche Sylviculture et exploitation forestière Industrie extractive (pétrole) Secteur secondaire Industries manufacturières Electricité, gaz et eau Bâtiment et travaux publics Secteurs tertiaires Transports et télécommunications Commerce, restaurant et hôtel Administration publique Autres services 70 2003 58,77% 2004 60,26% 2005 67,64% 2006 69,28% 2007 63,54% 2008 67,77% CM 64,54% 5,46% 4,89% 4,03% 3,80% 4,17% 3,96% 4,38% 1,38% 1,25% 1,17% 1,04% 1,16% 0,74% 1,12% 51,93% 54,12% 62,44% 64,45% 58,20% 63,07% 59,03% 11,89% 10,81% 9,03% 9,17% 11,29% 10,19% 10,40% 6,66% 6,02% 5,39% 4,99% 5,84% 5,17% 5,68% 0,95% 0,88% 0,70% 0,64% 0,73% 0,64% 0,76% 4,29% 3,90% 2,94% 3,54% 4,72% 4,38% 3,96% 29,35% 28,94% 23,33% 21,55% 25,17% 22,03% 25,06% 6,06% 6,13% 4,68% 5,02% 5,79% 4,95% 5,44% 8,63% 8,49% 7,30% 6,59% 7,63% 6,72% 7,56% 7,38% 6,84% 5,27% 4,41% 4,98% 4,54% 5,57% 7,28% 7,47% 6,08% 5,53% 6,77% 5,82% 6,49% Revue Congolaise de Gestion N°13 Source : Calculs sur la base des données de la BEAC / CM : contribution moyenne On enregistre en effet pour toute la période une performance de 4,38%. Par ailleurs, le secteur regroupant à la fois le commerce, la restauration et l’hôtellerie – qui est le plus grand après le pétrole – ne contribue qu’à hauteur de 7,56%. Comparé aux performances du secteur pétrolier – soit 59,03% –, ce secteur bien que classé deuxième, ne fait pas le poids ! Alors que c’est sur le commerce qu’est basée la compétitivité de plusieurs nations émergeant dans le monde. D’ailleurs plus de 60 à 70%5 de la richesse créée au monde provient du secteur tertiaire dans lequel le commerce occupe une place plus qu’importante. Ces déséquilibres criards de la structure de l’économie devraient donc très tôt être corrigés pour permettre non seulement une plus grande compétitivité de l’économie mais aussi réduire tout risque de récession pouvant être dû à une baisse des prix de pétrole. En effet comme le soulignent Zvi Bodie et Robert Merton, la diversification est un moyen efficace de réduction du risque spécifique à un secteur. C’est donc principalement une action favorisant la diversification qui, à notre sens, peut définir l’optimalité de la mission d’allocation des ressources du système bancaire. 4- ANALYSE DU FINANCEMENT DE L’ECONOMIE À première vue, il peut sembler que financer l’économie se résume à mettre à la disposition des entreprises les fonds nécessaires pour mener à bien leurs activités et faciliter leur croissance. Seulement, dans la réalité, il faudra ajouter à cette fonction l’aspect répartition des ressources qui 5 Collection Microsoft Encarta 2006. 71 Revue Congolaise de Gestion N°13 implique de prendre en compte les besoins réels de chaque secteur économique. C’est pourquoi dans cette section, nous procéderons non seulement à une analyse de l’intermédiation bancaire mais aussi à celle de la répartition des crédits par secteur d’activité. 4.1. Intermédiation bancaire Les dépôts bancaires, principaux intrants au financement de l’économie ont connu une évolution plus grande que celle des crédits (tableau n°3). La figure n°2 confronte ici ces deux rythmes d’évolution. Tableau n°3 : Evolution des dépôts et des crédits de 2003 à 2008 RUBRIQUES A- Clientèle privée & E/ses publiques 2003 13842 2004 16617 0 2005 21201 3 2006 35590 7 2007 43252 8 2008 57353 4 Dépôt à vue 89499 Dépôt à terme 49443 11072 4 55446 15997 7 62036 27301 8 82889 34151 3 91015 B-Administrations Publiques 15136 11285 47333 19850 18589 44703 5 12649 9 22592 Dépôt à vue 15136 11285 46561 14050 ND* ND* Dépôt à terme Dépôts bancaires (A+B) 0 154078 A- Court terme 58389 0 17745 5 63132 772 25934 9 64835 5800 37575 7 69815 ND* 45112 3 75092 B- Moyen terme 23323 21891 21068 26392 38567 ND* 59612 6 10246 7 86664 C- long terme Créances sur l’économie 26 81738 23 85046 232 86153 297 96504 Créances sur l’Etat 16807 23084 10626 10436 454 11411 3 3476 434 18956 5 11447 TOTAL DES CREDITS 98545 10813 0 96761 10694 0 11758 9 20101 2 Source : BEAC. 72 Revue Congolaise de Gestion N°13 Figure n°2 : Evolution des dépôts et des crédits (2003-2008) Source : Calculs sur la base des données de la BEAC On y voit en effet que l’évolution des dépôts se fait plus rapidement que celle des crédits qui, eux, n’ont attendu que 2007 pour entrer dans une phase de croissance significative. Ce qui à première vue traduit une situation de surliquidité. Car on remarque qu’au cours de ces dernières années, les banques ont collecté plus qu’elles n’ont prêté. Le calcul d’un ratio significatif – le taux de couverture des dépôts par les crédits que nous appellerons Tc – permet d’étayer ce constat. En exprimant la proportion des crédits dans la totalité des dépôts collectés, ce taux traduit la capacité des banques à pouvoir transformer leurs engagements en créances. Il se calcule, en effet, en faisant le rapport Crédits/Dépôts. Ce qui fait que pour notre cas, en application numérique pour 2003 : 73 Revue Congolaise de Gestion N°13 Tc = 98545 × 100 = 63,96% 154078 En appliquant la formule à toutes les années, on obtient le tableau suivant : Tableau n°4 : Taux de couverture des dépôts par les crédits de 2003 à 2008 Années Crédits Dépôts Taux de couverture 2003 98545 154078 63,96% 2004 108130 177455 60,93% 2005 96761 259349 37,31% 2006 106940 375757 28,46% 2007 117589 451123 26,07% 2008 201012 596126 33,72% Source : Calculs sur la base des données de la BEAC On constate par là que le taux de couverture évolue essentiellement à la baisse de 2003 à 2007 pour ensuite commencer une légère reprise en 2008. Par ailleurs, le fait qu’il soit aussi faible qu’on le remarque ces quatre (4) dernières années montre à suffisance que les établissements de crédits n’arrivent pas à assurer efficacement leur fonction d’intermédiation c’est-à-dire de transformation des dépôts – qui ne cessent d’augmenter – en crédit. Cependant un autre ratio peut nous permettre de cerner la situation actuelle des BCM congolaises. C’est celui de la couverture des crédits par les dépôts. Ce ratio mesure, en effet, le niveau de liquidité d’une banque. Pour l’ensemble des banques du système bancaire congolais, nous aurons donc le tableau suivant : Années Crédits Dépôts Taux de liquidité 2003 98545 154078 156,35% 2004 108130 177455 164,11% 2005 96761 259349 268,03% 2006 106940 375757 351,37% 2007 117589 451123 383,64% Source : Calculs sur la base des données de la BEAC 74 2008 201012 596126 296,56% Revue Congolaise de Gestion N°13 Les résultats, ainsi obtenus nous montrent bien l’état des réserves des banques qui affichent une surliquidité sans cesse croissante. En effet, en cinq (5) ans (2003 à 2007), le niveau de liquidité a plus que doublé. Passant ainsi de 156,35% à 383,64% ; tendance qui a été ralentie par l’augmentation spectaculaire du niveau des crédits en 20086. Cette surliquidité, bien qu’évidente peut aussi se constater par le fait que les banques ont cessé de se refinancer à la Banque Centrale depuis 20047 ; le taux de refinancement n’étant déjà à cette date que de 0,46%8. 4.2. La ventilation des crédits Dans l’aboutissement de sa mission d’intermédiation, notre système bancaire – qui est un système d’allocation des ressources – procède à une ventilation des crédits par secteurs d’activités économiques. Le tableau n°6 nous montre comment a été organisée cette ventilation. Si l’analyse du contexte économique nous a montré un secteur pétrolier performant au point d’être de loin le premier, ici c’est le secteur regroupant le commerce, la restauration et l’hôtellerie qui arrive en tête car il reçoit la plus grande part des crédits à l’économie. Ce n’est pas pour prétendre que sa performance (le secteur pétrolier) l’épargne de tout besoin de financement externe, mais c’est plutôt pour rappeler que ce secteur se finance principalement en capitaux étrangers ou par autofinancement. 6 71% d’augmentation par rapport à 2007 Source : Rapport annuel du Conseil National du Crédit / BEAC, Etudes et statistiques, 2007. 8 Source : Rapport annuel du Conseil National du Crédit 2007 7 75 Revue Congolaise de Gestion N°13 Tableau n°6 : Répartition effective des crédits par secteur économique de 2003 à 2008 (en millions de FCFA) Secteurs économiques Moyenne % en TCR Agriculture – élevage – Chasse Sylviculture Industries extractives Industries manufacturières Electricité – Gaz – Vapeur - Eau Bâtiments & Travaux publics Commerce Restauration et Hôtel Transports et Télécommunications Instit – Services destinés aux Services et collectivités sociaux et personnels9 3159,2833 2,86% 6754,93 16157,38 1361,7583 9246,2933 35550,978 6,12% 14,63% 1,23% 14813,967 6323,625 13,41% 5,72% 110464,76 100% Total des (TCR) crédits recensés 8,37% 32,18% Source : Calculs sur la base des données de la BEAC /CM : contribution moyenne. Par ailleurs, le secteur des services et collectivités sociaux et personnels qui vient en second, n’enregistre à peine qu’une performance de 15,48%, soit à peine la moitié du premier. Les autres secteurs comme celui comprenant l’agriculture, et celui de l’électricité ne reçoivent que très peu de crédits (respectivement 2,86% et 1,23%) alors qu’ils présentent d’énormes difficultés de croissance. 9 Y sont compris : les écoles et instituts de formation, les hôpitaux et cliniques, les salles de jeu et casinos, les administrations publique et défense nationale, les réparations non effectuées par producteur, les blanchisseries et teintureries, les travaux domestiques et les autres services marchands compris ailleurs. 76 Revue Congolaise de Gestion N°13 5- DISCUSSION Au regard de ce qui précède, il apparaît une grande défaillance du système bancaire dans sa mission de financement de l’économie et donc d’allocation des ressources. En effet, ces six (6) dernières années, le système bancaire – nous l’avons vu – n’a pas pu réagir efficacement à la défaillance de la quasi-totalité des sous secteurs de l’économie, à cause de ses interventions trop timides mais aussi disproportionnés. Ainsi, des secteurs comme le secteur primaire hors pétrole et celui de l’industrie, pouvant avoir un très grand effet d’entraînement continuent jusqu’à ce jour de souffrir de la mauvaise répartition des crédits à l’économie alors que les caisses des établissements de crédit abondent en ressources sous-employées (voir tableau n°4 et 5). Cependant, avant de commencer à traiter cette épineuse question de la répartition des ressources financières, il convient de rappeler que le système bancaire est composé avant tout de banques qui, comme toute entreprise, recherchent premièrement la maximisation du profit au moindre coût. Aussi, leurs actions ne pourraient s’inscrire que dans le cadre de l’atteinte de cet objectif. L’on ne devrait donc pas s’étonner de voir les banquiers avoir des préférences pour un secteur plutôt que pour un autre. Tout n’est que question de profit à en tirer ou de risque à en courir. En effet, s’il est vrai que le secteur primaire hors pétrole (agriculture, élevage, chasse pêche) et l’industrie peuvent avoir un grand effet d’entraînement, il est aussi vrai que la grande majorité des entreprises qui les composent manquent non seulement d’organisation mais aussi et surtout de moyens pour pouvoir donner aux banquiers de garanties fiables de remboursement. De plus cette majorité, à très faible capacité de production, évolue dans l’informel ; ce qui ne fait que lier les mains des 77 Revue Congolaise de Gestion N°13 banquiers puisque ces derniers ne sont tenus de ne financer que les organisations du secteur formel. Par ailleurs, au-delà de ce problème de répartition, il y a un problème de financement de l’investissement qui apparaît suite à l’observation et l’analyse du tableau n°3. En effet, la proportion trop faible des crédits à long terme prouve à suffisance que les actions du système bancaire ont plus été orientées vers le fonctionnement plutôt que vers l’investissement. Partant de l’affirmation selon laquelle, l’investissement est le moteur de la croissance, on se poserait sans hésiter la question de savoir comment un système censé garantir la croissance aurait-il pu négliger l’activité de financement de l’investissement pour se concentrer sur le financement de l’exploitation ? Il est certes vrai que l’exploitation dynamise et vivifie l’économie mais il faudrait d’abord reconnaître à l’investissement sa capacité à poser les fondements d’un développement économique soutenu et durable. Le système devrait donc, tout en continuant de soutenir l’exploitation, permettre la relance de l’investissement. Or, la frilosité des banques pour les échéances longues – très souvent évoquée comme étant la cause de ce problème10 – a longtemps été justifiée par un principe : celui de l’orthodoxie financière qui veut que les emplois « longs » soient financés par des ressources « longues ». C’est cette règle qui assure l’équilibre financier à toute structure économique et donc assure la solvabilité des banques. Seulement, l’analyse du tableau n°3 montre que les dépôts à terme (ressources longues) représentent 213% des crédits à 10 Cette position a aussi été la nôtre dans le cadre d’un travail de recherche intitulé : « Système bancaire du Congo-Brazzaville et financement de l’économie nationale », 2009. 78 Revue Congolaise de Gestion N°13 moyen et long terme (emplois longs) alors que le minimum de ressources longues exigées par la COBAC pour financer l’investissement est de 50%. C’est dire que les banques disposent de suffisamment de ressources longues pour pouvoir prétendre être à l’abri d’un éventuel risque d’illiquidité. Pourtant, seuls 47% de ces ressources sont utilisées dans le cadre du financement des besoins à moyen et long terme de l’économie. On peut ainsi donc comprendre que ce n’est en aucun cas le respect du principe d’orthodoxie financière qui est à l’origine de la frilosité des banques puisque l’activité bancaire est aussi, comme le souligne Frédéric Mishkin, une activité d’intermédiation c’est-à-dire de transformation des échéances. D’ailleurs, respecter à la lettre le principe d’orthodoxie financière – sans tenir compte des spécificités du secteur et des contraintes de l’environnement – est de nos jours entrain de devenir, avec le dynamisme de l’environnement, un mode de gestion dépassé dans certains secteurs. Il suffit parfois de simplement savoir gérer son BFR pour être sûr de disposer en permanence des ressources cycliques capables de résorber le déséquilibre constaté au haut du bilan sans pour autant compromettre la santé financière de l’entreprise11. C’est le cas des secteurs comme celui de la grande distribution où les échéances clients et stocks, souvent très courtes par rapport aux échéances fournisseurs, permettent à l’entreprise de disposer en permanence de quantités importantes de ressources cycliques disponibles parfois – pour une part – pour le financement de certains investissements. L’unique condition de succès étant le maintien sur le long terme d’un niveau soutenu des ventes. 11 Cette affirmation n’est toutefois pas une remise en cause de l’importance du fonds de roulement qui demeure toujours une précieuse marge de sécurité. 79 Revue Congolaise de Gestion N°13 Le problème des banques ne réside donc pas dans le respect de l’équilibre financier, il est plutôt à voir dans leur capacité à gérer leur surliquidité, c'est-à-dire leurs ressources en fonds de roulement. A cet effet d’ailleurs, Frederic S. Mishkin, gouverneur de la banque centrale des Etats-Unis, conclut dans son ouvrage Monnaie Banque et Marchés Financiers que « le rôle traditionnel d’intermédiation financière de la banque consiste à accorder des prêts à long terme et à les refinancer en émettant des dépôts à court terme, processus de transformation d’actifs que l’on résume par la formule emprunter court et prêter long ». Dans ce cadre, le grand niveau de liquidité des banques peut être vu comme un atout leur permettant de procéder au jonglage d’échéance. 6- CONCLUSION Au regard de notre étude il ressort que les défis sont énormes pour notre système qui, assis sur ses plus de quarante ans d’existence, n’arrive toujours pas à conformer ses actions aux besoins d’une économie trop dépendante du pétrole. En effet, s’il est vrai que la dépendance de l’économie au pétrole lui a permis d’atteindre sa croissance actuelle, il est aussi vrai qu’elle ne lui garantit aucunement l’avenir puisque le pétrole – nous le savons – est une ressource tarissable. Aussi, pour ne pas se laisser surprendre par l’avenir, il importe de commencer dès maintenant à faire asseoir l’économie sur des bases sures en promouvant les secteurs propices au développement durable (l’agriculture, l’industrie, le commerce…). C’est donc à sa contribution à la construction d’une économie dynamique, diversifiée et forte que peut être mesurée l’efficacité de notre système bancaire. Or, sur ces points, le système s’est montré contreperformant. Car non seulement il n’assure pas son 80 Revue Congolaise de Gestion N°13 devoir de diversification, mais en plus, en négligeant l’investissement, il ne permet pas à l’économie de s’inscrire dans une dynamique de croissance. Ce n’est pas pour lui faire assumer toute la charge du retard que nous connaissons sur le plan économique, c’est juste qu’il faille lui rappeler sa part de responsabilité. C’est à ce niveau qu’on observe des problèmes. On ne peut pas d’un coup de baguette magique s’amuser à demander aux banquiers de diversifier l’économie ou de soutenir l’investissement. Ce serait d’une part mettre en danger l’épargne des ménages et de l’autre – dans le même sens – hypothéquer la solvabilité des banques. Or nous le savons, l’actif le plus important pour une banque, c’est son image – qui d’ailleurs est très sensible à toute situation d’insolvabilité. Aussi, lorsqu’on veut changer les choses, il importe, comme le souligne William Easterly, de se « rappeler que les individus agissent selon les bénéfices qu’ils peuvent tirer de leurs actions »12. Et c’est de même pour les banques. Cellesci ne s’engageront dans la dynamique de soutien de l’économie que si elles y trouvent des garanties de remboursement et des espérances de rentabilité. La solution réside alors dans la création des conditions de sécurité et de rentabilité pour les banques. Le rôle de l’Etat devrait alors être précisé pour pouvoir créer ce cadre : Premièrement, il pourrait consister en la création d’un organe qui se chargerait de la médiation du crédit. Cet organe aurait pour missions d’une part d’encadrer et de soutenir les projets bancables en se chargeant de leur étude de faisabilité et de la constitution de leur dossier de prêt ; puis d’autre part dans le cadre de la négociation des financements de ces projets, l’organe pourrait, en cas d’insolvabilité de l’emprunteur, garantir le remboursement de tout ou partie de 12 William EASTERLY, The Elusive Quest of Growth, MIT Press, 2001 81 Revue Congolaise de Gestion N°13 la dette. Par ailleurs, négocier des allègements fiscaux et des assouplissements de la réglementation en faveur des établissements de crédit serait également un plus car cela aurait l’avantage de donner aux banquiers des raisons valables de financer les entreprises des secteurs en difficulté. Deuxièmement, l’Etat pourrait songer à améliorer le cadre juridique dans lequel évoluent et opèrent les banques. Car tant qu’il n’y aura pas - de la part des pouvoirs publics de volonté ferme de sanctionner et des actions concrètes allant dans ce sens, les banques ne se sentiront jamais suffisamment protéger. Et cela ne fera qu’accroître leur aversion au risque. L’intervention de l’Etat dans ce sens ne serait que fructueuse car elle permettrait aux banques de trouver leur compte dans la dynamique de financement de l’économie et de la croissance. Seulement, le rôle des entreprises devrait lui aussi être rappelé car c’est elles qui logent le risque que craignent les banquiers : lorsque la demande de prêt n’aboutit pas pour des raisons autres que le manque de garantie ou de capacité de remboursement, c’est elles qui sont le plus responsables. En effet, dans une entreprise où il y a un financier, ce dernier devrait jouer son rôle d’agent assurant le pont entre la sphère financière et l’économie réel. Et ce rôle implique, comme le préconise Pierre Vernimmen, que le financier devienne ou soit un homme de marketing, un négociateur. C'est-à-dire quelqu’un qui analyse l’environnement financier pour pouvoir concevoir un business plan conforme aux besoins et exigences de cet environnement. Il ne va pas faire « la courbette » auprès du banquier, il va plutôt lui donner l’opportunité de se faire de l’argent grâce au projet rentable et sans risque qu’il lui apporte. On ne peut donc pas être un bon financier si on n’est pas capable d’abord d’analyser la situation économique, financière et stratégique de 82 Revue Congolaise de Gestion N°13 l’entreprise, puis de porter un diagnostic sur sa valorisation, le tout en maîtrisant le cadre conceptuel de toute décision financière. Ces affirmations suffisent à montrer que le financier n’a pas le droit de se présenter devant son banquier tant qu’il n’a pas étudié convenablement son projet ou tant qu’il n’a pas étudié les moyens de le valoriser. C’est à ces conditions seulement qu’il peut se permettre d’aller rencontrer son client, c’est-à-dire le banquier à qui il vendra son projet. D’autres éléments peuvent encore être cités comme cause des contre-performances du système : le niveau faible de bancarité qui ne permet pas de développer la culture de la banque, et donc du crédit le niveau faible de rémunération qui ne permet de créer les conditions favorisant la bancarisation de l’économie l’asymétrie d’information le manque de communication qui ne permet pas au public de prendre connaissance des produits qu’offrent les banques, etc. Tous ces éléments constituent pour notre économie des obstacles à son développement. En effet, le sous développement ce n’est pas seulement manquer de gratteciels, d’échangeurs ou même de lignes de métro : lorsqu’on place de l’argent et qu’on n’est presque pas rémunéré, c’est déjà le sous-développement ; lorsqu’on a des projets rentables et bancables et que l’on ne trouve pas de financement, c’est cela aussi le sous-développement ; en gros, lorsqu’on a un système bancaire frileux de l’innovation parce que FRILEUX du risque, on peut être certain que le sous-développement, c’est encore pour longtemps. 83 Revue Congolaise de Gestion N°13 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES A. Ouvrages • BERNET-ROLLANDE, 2008, Principes de techniques bancaires, 25ème édition, Dunod. • EASTERLY W., 2001, The Elusive Quest of Growth, MIT Press. • IKIEMI S., 2006, Système bancaire du Congo Brazzaville : organisation et perspectives, édition L’Harmattan. • MISHKIN Fr, 2007, Monnaie, Banque et Marchés Financiers, 8ème édition Pearson Education. • VERNIMENN P., 2011, Finance d’entreprise, Yann le Fur et Pascal Quiry. B. Mémoire Gilles W. TCHAMBA, 2009, Système bancaire du Congo Brazzaville et financement de l’économie nationale, spécialité, management des finances, ESGAE. C. • • • 84 Rapports : Rapport annuel du Conseil National du Crédit, 2007 Etudes et Statistiques, Mars 2007 Rapport annuel de la COBAC, 2007 Revue Congolaise de Gestion N°13 LA GESTION DU RISQUE D’INVESTISSEMENT DANS LE PROJET D’EXTENSION D’UNE FERME AGROPASTORALE : «LE BERGER D’ABRILA » Par Myriam MAHOUKOU Abstract The analysis of the Farm extension project referred to as ‘Le Berger d’Abrila (The Abrila she pherd) is a case study, in the framework of studies related to investment risk management. What is at stake is not only to understand the functioning of tools used in terms of risk management, but also to assess the project profitability. The commonly used indicators, notably the investment schedule, interim profit and loss accounts, reveal financial and cash flow problems that the project might be facing. Taken in the context of two hypotheses, that is, price stability or instability, what is at stake is an investment project that involves expectation or sub-project management related to the very project. Key words: investment risk management, economic project, project profitability; project’s cash flow forecast, financial and cash flow problems. Résumé L’analyse du projet d’extension de la ferme dénommée «Le Berger d’Abrila » constitue une étude de cas, dans le cadre des études portant sur la gestion du risque 85 Revue Congolaise de Gestion N°13 d’investissement. Il s’agit non seulement de comprendre comment fonctionnent les outils appliqués en matière de gestion des risques, mais aussi d’évaluer la rentabilité du projet. Les indicateurs suivants utilisés notamment, l’échéancier de l’investissement, les comptes prévisionnels de résultats, révèlent les risques financiers et de trésorerie que court le projet de la création de la ferme. Vu sous l’angle des deux hypothèses, de stabilité ou d’instabilité des prix, on est en présence d’un projet d’investissement qui implique, doit l’attente, soit, la gestion des sous-projets liés au projet proprement dit. Mots clés : gestion de risque d’investissement, projet économique, rentabilité du projet, plan de trésorerie du projet, risque financier et de trésorerie. L 1. INTRODUCTION e projet de schéma directeur de développement des filières d’élevage élaboré par la FAO en mai 2009, nous montre que les contre-performances enregistrées par le Congo dans le développement agropastoral depuis le début de la décennie 90 font de la question alimentaire une urgence nationale. En effet, la faible production animale et maraîchère nationale est en inadéquation flagrante avec le potentiel humain, agro pédologique et la richesse des écosystèmes. La dépendance vis-à-vis de l’extérieur en produits animaux se situe en 2007 à 98,2% pour la viande bovine ; 96,6% pour la viande de volaille ; 86,7% pour les œufs de table et 100% pour le lait et les produits laitier. Ces 86 Revue Congolaise de Gestion N°13 produits animaux absorbent chaque année plus de 30 milliards de francs C.F.A.13 Le secteur agricole bien qu’ayant d’énormes potentialités pour son développement ne connaît pas de performances significatives, ce qui place le pays dans une situation d’importateur de denrées alimentaires. Le volume des importations croît d’environ 100 millions de dollars par an ce qui représentent 30% des importations de l’année. La participation des opérateurs privés dans l’économie, en particulier dans le secteur agricole demeure faible. Cependant les groupements et les associations de la société civile connaissent un dynamisme significatif dans le cadre de l’appui aux producteurs par un système d’élevage intensif qui autrefois a été marqué par les fermes d’Etat telles que SOCAVILOU (Pointe-Noire), SONAVI (Brazzaville, Dolisie. Actuellement, quelques fermes privées ne dépassant pas 5000 sujets ont repris cette activité à Brazzaville et à Pointe-Noire essentiellement. Mais, leur capacité de production assez timide ne suit pas la tendance galopante des besoins alimentaires de la population. Dans un environnement en pleine mutation présentant un avenir incertain quant à la viabilité d’un projet d’une part et à la recherche de gains d’autre part, il nous faut avec les paramètres qui nous sont présentés procéder à une évaluation de gains et de coûts dans une situation de réduction de risque afin de décider finalement dans quel sens nous pouvons agir ou non en prenant une décision d’investissement afin d’assurer la rentabilité du projet. Il y a lieu de noter que le 13 FAO (2009) Projet du schéma directeur de développement des filières d’élevage. 87 Revue Congolaise de Gestion N°13 risque est une incertitude présente dans toutes les étapes de la vie de tout projet particulièrement un projet d’investissement. La ferme agropastorale Le Berger d’Abrila qui fait l’objet notre étude est une coopérative Créée le 14 février 2005 sous l’initiative personnelle du promoteur et de l’appui de sa famille. Elle tient sa dénomination des prénoms des deux petits fils du promoteur qui sont Bergie et Abrila. Elle se situe au site de Boko dans le village de Kindinga. Elle s’étant sur 10 hectares exploitables dont 2 occupés depuis 2008 par des activités maraîchères. Par ailleurs, il y a lieu de noter que l’espace total de la ferme est partagé en deux parties : d’un coté l’activité maraîchère et de l’autre coté l’activité avicole. Présentement la ferme a effectivement un sous projet de consolidation de l’activité maraîchère. La ferme a pour ressources principales les bénéfices générés par les activités développées en son sein, des fonds propres, des subventions et dons. Pour les besoins du développement de son activité, le promoteur a élaboré un projet d’élevage de poulets de chair qui constitue l’activité qui préoccupe notre étude justifiée par le degré d’incertitude que présente la filière avicole au Congo. 2. METHODOLOGIE DE TRAVAIL 2.1. Principes généraux L’objet de l’étude est de trouver comment on peut assurer la rentabilité de ce projet dans un environnement chargé d’incertitude. Deux objectifs sont visés par l’étude : ¾ Evaluer la rentabilité du projet, du fait que la notion de risque demeure liée à la variabilité des résultats économiques de la ferme (les flux de revenu) ; 88 Revue Congolaise de Gestion N°13 ¾ Analyser le risque par l’apport des options réelles, sachant qu’au fil du temps, les investisseurs ont développé de nombreuses méthodes d’analyse de risque ; mais les plus récentes sont précisément celles qui placent le risque au centre de leur problématique. Pour atteindre le premier objectif d’évaluation intrinsèque du projet, il a fallu examiner les éléments suivants : 1) l’échéancier des investissements du projet ; 2) les comptes prévisionnels de résultat ; 3) les besoins en fonds de roulement ; 4) l’échéancier des flux nets de liquidé (FNL) du projet ; 5) la rentabilité intrinsèque du projet. Sur l’échéancier des FNL, on appliquera les critères de base d’évaluation de la rentabilité dégagée par un projet. Pour le second objectif, la gestion du risque par l’apport des options réelles sera appliquée. Cette méthode nous permet de valoriser le projet en tenant compte des aléas, de l’incertitude et des opportunités qui peuvent en découler car en empruntant les mots de Pierre Vernimmen « l’incertitude peut créer de la valeur ». Cette valorisation passe tout d’abord par la détermination des différentes options attachées au projet compte tenu des résultats de l’évaluation obtenus, puis la valeur de l’option sera associée à celle du projet dans une formule appelée : VANA (valeur actuelle nette augmentée). Dans certains cas , la gestion du risque est souvent associée, à tort, au seul secteur financier , concernant les banques et les assurances, avec comme conséquence des politiques d’entreprise ciblées en terme de stratégies de diversification ou de couverture. En réalité, cette vision apparaît trop réductrice car la gestion du risque doit être comprise dans une perspective plus large, tant du point de vue stratégique qu’opérationnel, car toute entreprise fait face à des risques de plus en plus nombreux et difficiles à maîtriser. Ainsi, une gestion de risque correcte est celle qui 89 Revue Congolaise de Gestion N°13 identifie et comprend pleinement ces risques et qui sait prendre les mesures pour les réduire, les transférer ou les éliminer. Pour cela, elle doit appréhender des risques très variés. Pour ce faire, il faut déterminer les types de risques encourus et comprendre les options réelles pour l’entreprise. 2.2. Typologie des risques Nous pouvons à cet effet déterminer les différents risques encourus par la ferme à long terme dans le cadre de son projet d’extension, à savoir le : Risque de production : correspond au risque que les matières premières ne soient pas livrées à temps ; Risque du marché : représente le risque qu’il y ait une variation non prévue de la demande des poulets de chair, à cause d’un changement accentué des préférences de consommation ?. Par conséquent, les prix baisseront et la concurrence peut devenir très intense et notre société de production sera obligée de baisser les prix ; Risque d’approvisionnement : correspond au risque que les prix de certains intrants changent soudainement. Risques financiers et de trésorerie : concernent les risques liés au financement mais dont l’origine peut provenir d’une insuffisance de fonds propres susceptible d’entraîner une mise en liquidation ou, au contraire d’une absence de dividende qui empêchera une augmentation de capital ; Risque de détérioration des outils et matériaux : ces risques peuvent conduire à un arrêt temporaire de l’activité ; Risques climatiques qui peuvent prendre une importance cruciale dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage ; Risques politiques, règlementaires et légaux, ce sont les risques qui impactent l’environnement immédiat avec 90 Revue Congolaise de Gestion N°13 l’organisation et qui peuvent substantiellement modifier sa situation concurrentielle et le business model lui-même. La structure doit notamment procéder par l’analyse du : Risque économique (ou opérationnel) qui exprime la sensibilité à un changement du niveau d’activité ; Risque financier qui dépend du poids de l’endettement financier. Il s’agit là des risques opérationnel, stratégique, financier, de conformité. Traiter de manière cohérente et intégrée cet ensemble de risques, par nature très différentes, représente un défi majeur de la gestion du risque actuelle afin d’apporter au promoteur de projet les outils nécessaires pour mener à terme l’exécution de leur projet. Une bonne connaissance de ces risques permet à l’entreprise de connaître sa vulnérabilité en cas de modification du niveau d’activité et de mieux réagir en conséquence. Elle permet aussi éventuellement d’étudier et d’entreprendre des actions nécessaires à la réduction de cette vulnérabilité. Toutefois, dans le cadre de ce cas, l’attention est portée sur les risques financiers et de trésorerie. 2.3. Définition et typologie des options Les options réelles sont des opportunités qui offrent à leur détenteur le droit mais non l’obligation de modifier un projet d’investissement, notamment grâce à l’information supplémentaire acquise sur ses perspectives de rentabilité. Les différentes catégories d’options réelles sont les suivantes14: L’option de développer l’activité : Un investissement initial est un pré requis qui ouvre des opportunités de 14 VERNIMMEN P. (2005). « Finance d’entreprise », Paris, Dalloz. 91 Revue Congolaise de Gestion N°13 développement dans le futur (par ex. l’accessibilité à de nouveaux marchés et développement de nouveaux produits) ; L’option de différer l’exécution d’un projet : il existe une sorte de valeur temps qui rémunère l’attente pour concrétiser un projet. On peut donc alors disposer de meilleures informations sur les recettes et les dépenses liées au projet et donc mieux cerner la création de valeur; L’option d’abandon : Si les conditions du marché se sont nettement détériorées, le gestionnaire peut abandonner les opérations définitivement et récupérer la valeur résiduelle de l’équipement et des autres actifs ; L’option d’attente : Le gestionnaire loue (ou détient l’option d’acheter) un certain actif en termes d’intrant. Il peut attendre x années pour voir si le prix de l’output justifie la construction d’une usine ou le développement d’un site ; L’option de flexibilité de produire : si les prix ou la demande changent, le gestionnaire peut changer la composition de l’output de la firme. Alternativement, les mêmes outputs peuvent être produits à partir de différents types d’inputs. Si les gestionnaires financiers traitent les projets comme des boites noires, ils peuvent être portés à considérer seulement la première décision d’acceptation ou de rejet et à ignorer les décisions subséquentes d’investissement qui peuvent être reliées à elle. Mais si les décisions d’investissement subséquentes dépendent des décisions qu’ils prennent aujourd’hui, les décisions d’aujourd’hui peuvent aussi dépendre de ce qu’ils prévoient faire demain. L’évaluation des options réelles se fait par les arbres de décisions. Un arbre de décision est une représentation de l’évolution du projet qui combine : Les points de décisions ; Les aléas donnant l’évolution possible du projet. 92 Revue Congolaise de Gestion N°13 3. RESULTATS ET ANALYSE Les éléments d’analyse, ici, présentés concernent la pertinence du projet au regard des résultats qui sont obtenus à partir de l’arbre de décision. 3.1. Application d’un arbre de décision Les bons gestionnaires prennent les options en considération lorsqu’ils évaluent un projet. Une façon plus pratique d’analyser ces options consiste à utiliser les arbres de décision dont la brève description se présente de la manière suivante. On identifie les principaux événements qui peuvent survenir relativement au projet, ainsi que les principales solutions de rechange susceptibles d’être adoptées. Ensuite, en partant du futur pour revenir au présent, on effectue des calculs permettant de connaître l’action à mettre en œuvre dans chaque cas au fil du temps. Lorsqu’on sait cela, on voit facilement de combien l’ajustement du projet initial en fonction de la tournure des événements peut augmenter la valeur du projet. D’où le schéma suivant : VAN=-381746,992 Abandonner H1 VAN=0 I=N VAN=98959,808 Poursuivre H2 VAN=0 N=1553500 H1= Echec (0,5) H2= Succès (0,5) 93 Revue Congolaise de Gestion N°13 Nous sommes en présence d’un projet qui présente deux options à savoir : une option d’abandon (VAN<0) et une option de poursuite ou de développement (VAN> 0). La probabilité du projet étant soit de 50% de réussite et soit de 50% d’échec, nous pouvons obtenir l’espérance des flux noté E (F ) par la formule suivante : E ( F ) = 50% × FN1 + 50% × FN 2 . Ce qui pourra déterminer, ensuite, la valeur de l’option qui est attachée au projet. Ce qui nous donne les résultats suivants : Probabilité : 50%.. Flux nets espères : FNL1 : 15153253 ; FNL2 : 16524593,8 E ( F ) = 16333720,3 163337,3 = 14583678,8 1,12 VAN = 14583678,8 + [989593,808 − (−381746,992] = 15955019,6 VA = VO = −15535000 + 15955019,6 = 420019,6 VANA = 989593,808 + 420019,6 = 1409613,4 3.2. Interpretation des résultats Nous reconnaissons l'importance de la décision de différer l'investissement dans le temps pour les deux raisons suivantes. La première raison reflète le caractère irréversible d'un investissement. La deuxième raison concerne le retardement du projet, qui donne à la société l'opportunité d'attendre de nouvelles informations concernant les coûts, les prix et les conditions du marché avant de s'engager dans le projet. L’arbre de décision nous présente clairement la décision qu’il faut prendre par rapport aux deux hypothèses énoncées (H1 et H2). 94 Revue Congolaise de Gestion N°13 i). Par rapport à l’hypothèse H1. L’hypothèse H1 représente la situation initiale conforme au projet, mais suite à l’évaluation de sa rentabilité, les résultats obtenus se sont avérés défavorables. L’application des différents critères d’évaluation ont révélé que ce projet n’est pas rentable car on a : VAN<0; TRI<TA ; DRA trop long. Tableau n°1 : Echéancier des investissements et des amortissements Rubriques Investisseme nt Fixe Frais d’études Bâtiments Matériels divers Total Amortisseme nt Frais d’études Bâtiments 0 1 2 3 4 VR 7500 00 112 500 00 950 00 113 450 00 250000 15000000 285000 2850000 15535000 83333, 333 Matériels divers Total 5 9500 928333,33 3 928333 ,333 928333 ,333 84500 8450 00 8540 00 Tableau n°2 : Bilan des matières Rubriques 1 2 3 4 5 Production Stock PF Vente de PF Consommation MP Stock MP Achat MP 4800 200 4600 4800 200 4600 5760 240 5520 5760 240 5520 5760 240 5520 5000 833,33333 5833 5000 833,333333 6000 1000 6167 6000 1000 6000 6000 1000 6000 95 Revue Congolaise de Gestion N°13 Tableau n°3 : Besoins en fond de roulement Rubriques 1 2 3 4 5 Stock MP Stoc Pf Crédit client Crédit fournisseurs BFR Variation BFR 50000 569800 1280000 250000 2099800 2099800 500000 569800 1280000 2500000 2099800 0 600000 657600 1440000 300000 2397600 297800 600000 657600 1440000 300000 2397600 0 600000 657600 1440000 300000 2397600 0 Tableau n°4 : Compte prévisionnel de résultat sans frais financier Rubriques 1 2 3 4 5 Poulet de chair 15360000 15360000 1350000 1350000 Total production 16710000 16710000 MP 3000000 3000000 1890000 0 3600000 Aliment de bétail 6500000 6500000 7800000 Sciure de bois Produit vétérinaires Frais divers Frais du personnel 120000 750000 510000 2610000 120000 750000 510000 2160000 120000 900000 510000 2160000 Amortissement 928333,33 928333,33 Coût de production 13968333, 3 2741666,6 7 1041833,3 3 1699833,3 4 2628166,6 7 13968333,3 928333, 33 1601833 3,3 172800 00 162000 0 189000 00 360000 0 780000 0 120000 900000 510000 216000 0 845000 17280000 Fumier de ferme 1728000 0 1620000 159350 00 15935000 112670 0 183830 0 268330 0 1126700 Résultat avant impôt Impôt 38% Résultat net Caf 1620000 18900000 3600000 7800000 120000 900000 510000 2160000 845000 1071833,33 1041833,33 1699833,34 2628166,67 1095033 ,33 1786633 ,34 2714966 ,67 1838300 2683300 N.B. : Format allégé des comptes prévisionnels de résultat de l’OHADA. Sachant que le résultat net ne représente pas correctement l’ensemble des liquidités d’exploitation conservées potentiellement par l’entreprise, sur le plan d’une évaluation financière de projet, pour l’interprétation de nos 96 Revue Congolaise de Gestion N°13 résultats, il a fallu recourir à la notion de capacité d’autofinancement qui représente la principale ressource potentielle générée par l’exploitation. Tableau n°5: Echéancier des flux nets de liquidité Rubriques 0 Investissement 155350 0 1 3 4 5 393800 0 0 678800 0 0 271496 6,67 2683300 2683300 285000 Variation BFR Total emplois 2 209980 0 209980 0 262816 6,67 155350 0 Caf Valeur résiduelle 262816 6,67 1134500 0 Récupération BRF Total Ressources FNL FNL cumulé 2493600 528366 ,67 153350 00 262816 6,67 262816 6,67 271496 6,67 2683300 1652190 0 262816 6,67 150066 33,3 203616 6,67 123784 66,7 203616 6,67 103423 00 2683300 1652190 0 8862900, 01 7658999,9 9 Les flux nets de liquidité (FNL) obtenus traduisent, en termes de trésorerie, les ressources du projet nettes des emplois indépendamment de son mode de financement. Cet échéancier de FNL fera l’objet d’application des différents critères d’évaluation intrinsèque du projet comme l’indique le tableau ci-dessus. VAN 1 -381746,992 VAN 2 690973,675 TRI 11,74 IP 2,01990516 DRA 5 ans 97 Revue Congolaise de Gestion N°13 L’interprétation du résultat d’évaluation de la rentabilité révèle une situation peu satisfaisante pour la ferme. En effet, le résultat de la VAN1 explique que le projet détruit totalement la valeur de l’investissement et ne crée, à la ferme, aucune valeur ajoutée. Le TRI est inferieur au taux d’actualisation à savoir TRI<TA (11,74% < 12%) ; l’IP>1 ce qui est satisfaisant car pour qu’un projet soit rentable il faut que son IP soit supérieur à 1, mais en ce qui concerne notre travail ce critère n’influence pas la décision d’abandon qui sera prise. Au regard des résultats obtenus, il apparaît que le projet n’est pas rentable sur la base des critères de la VAN et du TRI. Un projet est jugé rentable ou acceptable lorsque sa VAN est positive (VAN>0) et son TRI supérieur au taux d’actualisation. Par ailleurs, du point de vue du critère du DRA le projet n’est pas toujours acceptable du fait que la récupération du KI ne se fait qu’à la dernière année du projet tandis que ce critère permet d’apprécier la rapidité du projet à récupérer la mise initiale. Ce critère ne s’apprécie pas dans notre projet, car plus rapidement le promoteur aura récupéré sa mise de fonds initiale, moins grand serait le risque encouru. La mise en application de ce projet ne ferait que détruire de la valeur au lieu d’en créer. ii). Par rapport à l’hypothèse H2. L’hypothèse H2 est une hypothèse dans laquelle les prix de vente des poulets de chair sont stables tout au long de la durée du projet. Cette hypothèse s’inscrit dans une perspective d’augmentation de la demande de viande de volaille proportionnelle à celle de la population. Ainsi, dans cet élan, la rentabilité du projet peut-être atteint comme le présente le tableau ci- dessous. 98 Revue Congolaise de Gestion N°13 Tableau n°6 : Echéanciers de remboursement des emprunts Capital du en début de période Années 19382000 15505600 11629200 7752800 3876400 1 2 3 4 5 Remboursement du capital 3876400 3876400 3876400 3876400 3876400 19382000 TOTAL Intérêt 581460 465168 348876 232584 116292 1744380 Annuité 4457860 431568 4225276 4108984 3992692 21126380 Le plan de remboursement d’un emprunt est un arrangement contractuel. Un remboursement peut donc intervenir selon une infinité de possibilités dont en une seule fois en fin de période (remboursement in fine) ou de façon échelonnée tout au long de la période. Cela étant, pour notre travail les emprunts seront remboursés par amortissement constant du capital. Tableau n°7 : Comptes d’exploitation prévisionnels Rubriques 1 2 3 4 5 Poulet de chair 153600 00 153000 0 167100 00 300000 0 650000 0 120000 750000 510000 216000 0 581460 928333 ,33 145497 93,3 216020 153600 00 135000 0 167100 00 300000 0 650000 0 120000 750000 510000 216000 0 465168 928333 ,33 144335 01,3 227649 18432000 18432000 18432000 1620000 1620000 1620000 20052000 20052000 20052000 3600000 3600000 3600000 7800000 7800000 7800000 120000 900000 510000 2160000 120000 900000 510000 2160000 120000 900000 510000 2160000 348876 928333,33 232584 845000 116292 845000 16367209, 3 3684790,6 16167584 16051292 3884416 4000708 Fumier de ferme Total production MP Aliment de bétail Sciure de bois Produit vétérinaires Frais divers Frais du personnel Frais financiers Amortissement Coût de production Résultat avant impôt 99 Revue Congolaise de Gestion N°13 6,67 820878 ,535 133932 8,14 226766 1,47 Impôt 38% Résultat net Caf 8,67 865069 ,495 141142 9,18 233976 2,51 7 3684790,6 7 2284570,2 2 3212909,5 5 3884416 4000708 2408337,92 2480438,96 3050472,47 3253337,92 Tableau n°8 : Plan de trésorerie du projet Rubriques 0 Investisseme nt Variation BFR Remboursem ent d’emprunt Dividendes Total dépenses Caf 155350 0 Capital 228500 0 Emprunt Valeur résiduelle Récupération du BFR Total ressources FNL FNL cumulé 153350 00 1 2 3 4 5 285000 209980 0 387640 0 0 393800 0 0 387640 0 3876400 3876400 3876400 960000 693620 0 226766 61,47 960000 483640 0 233976 2,51 960000 5230200 960000 4836400 960000 4836400 3212903,5 5 3253337,9 2 3325438,96 11345000 2493600 216670 00 613200 0 613200 0 226766 1,47 466853 8,53 146346 1,47 233976 2,51 249663 7,49 103317 6,02 3212903,5 5 2017296,4 5 3050472,4 7 3253337,9 2 1583062,0 8 4633534,5 5 17164039 12327639 7694104,41 Ce tableau prévisionnel permet de vérifier l’adéquation des ressources aux besoins et de s’assurer, en définitive, que les politiques d’investissements sont cohérentes aux points suivants : indépendance financière, optimalité de la structure financière. En termes de trésorerie, les ressources financières ne couvrent pas totalement les dépenses financières, mais la situation s’améliore au fil du temps et ce n’est qu’à la 5ème 100 Revue Congolaise de Gestion N°13 année que la situation s’apprécie complètement. Le solde cumulé fait apparaître les besoins de financement du projet qui sont atteint ; au maximum, à la 4ème année, soit 4633534,55. Cette somme devra être mise à la disposition du projet afin de permettre la couverture des dépenses pendant les 4 premières années. La rentabilité des fonds propres sera calculée sur un échéancier de FNL qui sera établi en confrontant le capital propre investi par le promoteur du projet aux soldes de trésorerie qui leur reviennent. Ce qui apparaît de façon claire dans les tableaux suivants. Tableau n°9 : Rentabilité des fonds propres Rubriques 0 Emplois Capital propre Ressources 228500 613200 Solde de trésorerie FNL Taux d’actualisation 12% FNLA 384700 0 384700 0 Taux 3% FNLA 384700 0 VAN 12% NAN 3% TRI 1 2 3 4 5 466853 8,53 370853 8,53 249663 7,49 153663 7,49 201729 6,45 105729 6,45 158306 2,08 623062 ,08 123276 39 132876 39 0,89 330059 99,29 0,95 352311 1,6 0,8 122930 9,99 0,91 139834 0,12 0,71 750680 ,48 0,86 909274 ,947 0,64 398759 ,731 0,82 510910 ,906 0,57 757395 4,23 0,78 103643 58,4 1952395,26 175720,848 7,41% Les résultats ci-dessus révèle que ce projet n’est pas rentable sur la base des critères d’évaluation qui ne s’apprécient pas (VAN<0 ; TRI<TA). Ils viennent d’une certaine manière, confirmer la décision d’attente prise. Sur cette base, la décision d’exécuter immédiatement le projet 101 Revue Congolaise de Gestion N°13 jusqu’à la 4ème année, le promoteur de la ferme sera dans l’incapacité de rembourser l’emprunt contracté. Afin de rendre complet la planification financière du projet, il est conseillé d élaborer des bilans prévisionnels sur les trois premières années d’exploitation au moins afin de synthétiser les différents résultats du projet sur les plans d’exploitation, financement et trésorerie. Tableau n°10 : Bilans prévisionnels Rubriques ACTIF Immobilisation Stock MP Stock pf Client Trésorerie TOTAL ACRIF PASSIF Capital social Bénéfice net non distribué Report à nouveau Dette à long terme Fournisseurs TOTAL PASSIF 0 1 2 3 4 1553500 6132000 1460666,7 500000 569800 1280000 1463461,47 13678333,3 500000 569800 1280000 1033176,02 14690000 600000 657600 1536000 3050472,47 14690000 600000 657600 1536000 4633534,55 21667000 18419928,1 14994957,3 14433127,5 12850065,5 2285000 2285000 2285000 2285000 2285000 379328,135 451429,175 1324570,22 1448337,92 0 379328,135 830757,311 2155327,53 19382000 15505600 250000 11629200 250000 7752800 300000 3876400 300000 21667000 18419928,1 14994957,3 12493127,5 10065065,4 Il apparaît de façon nette que la décision d’attente trouve bien son intérêt ; celle qui consiste à exécuter le projet initialement conçu, présente des risques. 4. SUGGESTIONS Des hypothèses énoncées aux résultats obtenus, les options réelles suivantes peuvent être formulées pour une bonne mise en exécution du projet de la ferme : la mise en attente, l’exécution du sous-projet, la consolidation de la 102 Revue Congolaise de Gestion N°13 ferme avicole d’élevage de poules pondeuses et poulets de chair 4.1. Mise en attente L’évaluation du projet faisant l’objet de notre étude n’a porté que sur la rentabilité intrinsèque ; ce qui exclut toute notion de financement. La rentabilité intrinsèque du projet ayant été déterminée et la décision d’investissement prise, il convient maintenant de mettre en place le plan de financement le plus adéquat aux caractéristiques du projet. Si la rentabilité des fonds propres est satisfaisante, on peut alors adopter le schéma de financement correspondant et passer à la phase de réalisation effective du projet. 4.2. Exécution du sous-projet Pour les projets de production animale, le solde de trésorerie est souvent négatif pendant un nombre d’année. Il l’est même dans certains cas, pendant toute la durée du projet, pour des projets qui n’ont pas de recettes notables (projet d’intensification). Pour les projets autonomes, la période négative du solde sera plus ou moins longue, sa durée étant liée en particulier à celle du cycle de production animale ; et dans les projets à cycle court comme le nôtre, ce solde est négatif pendant au moins 3 ans et les recettes de croisières sont atteintes dès la 4ème ou la 5ème année. Fondamentalement, tout projet d’élevage implique, en amont de l’élevage proprement dit, un « volet agricole » qui constitue en pratique un sous-projet supplémentaire. Dans ce même élan, rappelons que l’espace total de la ferme est partagé d’un coté l’activité maraîchère et de l’autre coté l’activité avicole. Présentement la ferme a effectivement un sous projet de consolidation de l’activité maraîchère, Ainsi donc dans l’attente la ferme mettra en application ce sous projet afin de renforcer la capacité d’auto financement de la ferme et par le profit qui en découlera le promoteur financera 103 Revue Congolaise de Gestion N°13 le projet principal ainsi rendre rentable le projet tant du point de vue investissement que financier. 4.3. Consolidation de la ferme avicole d’élevage de poules pondeuses et poulets de chair Ce point est une troisième option à la portée du promoteur ; toujours dans l’attente, il peut ajouter au projet d’élevage des poulets de chair celui des poules pondeuses. Ainsi le promoteur au lieu de 5 ans, a la possibilité de récupérer ses fonds investis à partir de la 4ème année tout en tenant compte des contraintes liées à cette filière au Congo. Ajouter au projet d’élevage des poulets de chair celui des poules pondeuses. Comme nous l’avons dis précédemment qu’à ce jour la ferme dispose d’un bâtiment l’ayant permis de démarrer une bande de 1000 poules pondeuses, qui sont effectivement en élevage. Les charges seront allégées du fait que les installations abritant les pondeuses existent, de ce fait, on y ajoutera que l’achat des poussins d’un jour, l’aliment de bétail. Ainsi, le promoteur, au lieu de 5 ans, a la possibilité de récupérer ses fonds investis à partir de la 4ème année tout en tenant compte des contraintes liées à cette filière au Congo. Ce projet est rentable du point de vue de l’investissement et du financement. Soulignons que pour l’évaluation de ce projet, nous ne tiendrons compte que du compte prévisionnel de résultat (avec et sans financement) et des échéanciers de FNL. 5. CONCLUSION Le projet d’investissement dont nous nous sommes proposé d’analyser le risque entre dans le cadre de la volonté de l’Etat de faire de l’élevage un secteur productif de base 104 Revue Congolaise de Gestion N°13 susceptible de réhabiliter sa capacité contributive aux revenus de l’Etat, ainsi qu’à sa contribution à la diversification de la base économique Au regard de ce qui a été suggéré, dans le cadre de la gestion du risque, par l’apport des options réelles, la ferme le Berger d’Abrila détient plusieurs options lui permettant de ne pas abandonner le projet mais de le retarder d’une année ou de le modifier. La viabilité du projet dépendra donc de la meilleure décision à prendre pour ne pas hypothéquer son avenir. Cette étude a permis de montrer que l’analyse du risque par les options réelles de la décision d’investissement confirme, que le traitement du risque dans un projet de développement pour les pays en voie de développement n’est pas aisé du fait du degré d’incertitude élevé de l’environnement intérieur qu’extérieur de la ferme. Il y lieu de noter, par ailleurs, que l’évaluation du risque d’investissement fait partie un élément du processus de décision qui prend en compte d’autres critères que ceux issus de la finance : les critères stratégiques, politiques, institutionnels, etc. Ainsi, l’analyse par rapport aux options réelles offre ici des perspectives de recherches nouvelles par l’intégration d’éléments non strictement financiers ou même quantifiables à la décision d’investissement. 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René SAMBA, (Université Marien NGOUABI, E.S.G.A.E., (Congo)) ; James Pavel NGALEBAYE, (Université Marien NGOUABI, E.S.G.A.E., (Congo)) ; Destin BASSOKA, (E.S.G.A.E., (Congo)) ; André MOULEMVO, (Université Marien NGOUABI, E.S.G.A.E., (Congo)) ; Célestine KOUDISSA NTELO, (E.S.G.A.E., (Congo)) ; Jean-Jacques KIMO, (Université Marien NGOUABI, E.S.G.A.E., (Congo)) ; Louis MASSAMBA, (E.S.G.A.E., (Congo)) ; Franky MOUNTOU KANGO, (Université Marien NGOUABI, E.S.G.A.E., (Congo)) ; OSSEBY–ACKONDJO, (E.S.G.A.E., (Congo)) ; Pierre NGAKA, (E.S.G.A.E., (Congo)) ; Remy Louis BOBIBA, (E.S.G.A.E., (Congo)) ; Benoît MOUEGNI MILENZI, (E.S.G.A.E., (Congo)). * * * SECRETARIAT DE LA REVUE GESTION CONGOLAISE DE Grâce NKOUZOU : [email protected] Blin NKOUKA : [email protected] Courriel : [email protected] 107 Revue Congolaise de Gestion N°13 ONT - CONTRIBUE À CE NUMERO : Rolland OLEKALO ; Juste Christana Chanty NGUINDA-OYAH ; Nelly Bertille EDZOUALIKO ; G.W. TCHAMBA ; Myriam MAHOUKOU. * * * Abonnement : 2 numéros par an. Congo : 30$ par an – frais de port compris. Autres pays : 50$ par an. Chèque bancaire ou postal libellé à l’ordre de E.S.G.A.E. Compte n° 11670-1001 LCB – Brazzaville. Mandat lettre à l’ordre de l’E.S.G.A.E. 108 Revue Congolaise de Gestion N°13 ---------------------------------------------------------------------- BULLETIN D’ABONNEMENT À remplir et à retourner à l’adresse ci-dessous : E.S.G.A.E. B.P. 2339 Brazzaville République du Congo Nom : ……………………………………………………. Prénom : ………………………………………………… Organisme : ……………………………………………… Adresse : …………………………………………………. ……………………………………………………………. Courriel : …………………………………………………. Je désire souscrire un abonnement annuel à la revue, ci-joint : : Un mandat de ………………………………………… : Un chèque de …………………………………………. Date : ………………………………………………………. Signature 109 Revue Congolaise de Gestion N°13 © EDITIONS ICES B.P. 32 91103 CORBEIL-ESSONNES CEDEX FRANCE ISBN : 2-910153-63-0 Achevé d’imprimer en Europe. 110