Avertissement PÉPINIÈRES ORNEMENTALES No 09 – 14 juin 2006 EN BREF : − Le dépérissement de l’olivier de Bohème. − Le charançon noir de la vigne. − La brûlure du saule. LE DÉPÉRISSEMENT DE L’OLIVIER DE BOHÈME État de la situation À la suite des pluies des dernières semaines, on a remarqué quelques cas de dépérissement de l’olivier de Bohème dans la région de la Montérégie. Ce dépérissement finit souvent par atteindre l’arbre au complet. Deux organismes différents peuvent être en cause. La maladie se manifeste surtout lorsque le sol est perturbé. Hôte préféré Elaeagnus angustifolia Biologie Deux maladies peuvent provoquer le dépérissement : − Le flétrissement verticillien (Verticillium albo-atrum) Le champignon commence par attaquer les racines des arbres, puis il est véhiculé par la sève dans d’autres parties de la plante. L’agent pathogène obstrue peu à peu les vaisseaux conducteurs de sève, ce qui provoque d’abord le flétrissement de l’extrémité des branches, puis le dessèchement et la mort des rameaux et de la branche entière. − Le chancre phomopsien (Phomopsis elaeagni) Le champignon pénètre dans la plante par les blessures aux rameaux. Il est disséminé par la pluie, les éclaboussures d’eau et les outils de taille. Les lésions apparaissent 1 à 2 semaines après l’infection et le flétrissement survient environ 3 semaines plus tard. Les températures optimales de développement du champignon se situent entre 24 et 30 °C. En se développant, les chancres entourent les branches et coupent l’apport de sève à leur extrémité. e Secrétariat du RAP : 200, chemin Sainte-Foy, 9 étage, Québec (Québec) G1R 4X6 Téléphone : 418 380-2100, postes 3581 ou 3551 Télécopieur : 418 380-2181 Courriel : [email protected] Page Web : http://www.agrireseau.qc.ca/rap Éléments de diagnostic Le flétrissement verticillien − − − Le jaunissement du feuillage est le premier signe de l’attaque du champignon. Flétrissement du feuillage en commençant par la cime de l’arbre. Présence de stries foncées juste sous l’écorce des branches ou des rameaux affectés. Le chancre phomopsien − − − − Les symptômes du chancre phomopsien sont très semblables à ceux décrits précédemment. En plus du flétrissement des branches, on peut observer la présence de dépressions sur l’écorce qui devient brune ou noire. Des pustules et un exsudat de gomme de couleur brune peuvent apparaître sur les lésions. Ces derniers symptômes sont plus souvent apparents sur des arbres matures que sur de jeunes arbres. Stratégie d’intervention Le contrôle chimique ou biologique est inutile ou peu efficace, surtout dans le cas du flétrissement verticillien. Méthodes préventives − − − − − − − Maintenir la vigueur des arbres par une fertilisation équilibrée et un arrosage adéquat. Au début de l’infection, un apport massif d’azote peut arrêter la maladie. Détruire les arbres sévèrement affectés. Ne pas replanter d’oliviers au même endroit, surtout dans le cas du flétrissement verticillien. Éviter de tailler ou de provoquer des blessures inutilement aux arbres. Éviter toute blessure aux branches et aux racines. Tailler et détruire les branches porteuses de chancres au moins 15 cm sous le chancre. Stériliser le sécateur entre chaque coupe. Contrôle chimique Aucun pesticide n’est homologué pour le chancre phomopsien. LE CHARANÇON NOIR DE LA VIGNE (Otiorhynchus sulcatus) État de la situation Il est temps d’ouvrir l’œil et de débuter le dépistage du charançon noir de la vigne. Les adultes de cet insecte se manifesteront dans les jours à venir. Hôtes préférés Euonymus, Ligustrum, Picea, Rhododendron (azalées et rhododendrons), Syringa, Taxus, Thuja, Tsuga, Vitis et plusieurs plantes vivaces. PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 09 – 2006, page 2 Éléments de diagnostic − − − − − − − − − La larve est blanche avec la tête brune et mesure 9 mm. Elle n’a pas de pattes, ce qui la distingue des autres larves du sol. La larve se tient à une profondeur variant entre 2 et 40 mm de la surface du sol en fonction de la température et de l’humidité du sol et de son degré de maturité. Elle remonte progressivement à la surface au début du printemps pour se transformer en pupe, puis en adulte. Le stade pupal se produit à la surface du sol. La pupe est de couleur blanc crème et possède des pattes. La croissance des plants infestés est ralentie, puisque les larves se nourrissent des racines. Les plants se décolorent, flétrissent et se dessèchent. Les adultes font des entailles en forme de croissant sur le bord des aiguilles des conifères et sur le contour des feuilles dans le cas des feuillus. Les adultes sont actifs de la mi-juin à la mi-septembre. S'il y a plusieurs encoches, il est très probable que les racines soient très endommagées par les larves. L'adulte est un coléoptère noir de 1 cm. Stratégie d'intervention Méthodes préventives − − Vérifier tous les arrivages de nouveaux plants dans la pépinière. Vérifier encore au moment de l’empotage ou de la plantation en champ. Éviter de planter des espèces à risque dans des champs qui ont déjà été infestés. Contrôle biologique Il existe un nématode parasite, Steinernema carpocapsae, qui s’attaque aux larves. Toutefois, nous ne possédons pour l’instant que très peu d’information à son sujet. Contrôle chimique Les traitements visent les adultes avant qu’ils ne pondent et les larves qui se trouvent près de la surface du sol. Faire un premier traitement au sol lorsqu’on dépiste les jeunes larves près du sol ou 3 semaines après la première capture d’un adulte ou les symptômes d’alimentation sur le feuillage. Pour vérifier l’efficacité du traitement : environ 48 heures après l’application, fouiller le sol pour trouver la présence de larves; elles devraient être noirâtres. Si le traitement vise les adultes, pulvériser à la tombée du jour; celle-ci correspond au début de leur période d’alimentation. − − Application au sol pour les larves : SEVIN XLR (carbaryl). Application sur le feuillage pour les adultes : pulvériser l’un des produits suivants sur toutes les branches, le tronc et le sol : SEVIN T&O, SEVIN SL, SEVIN XLR (carbaryl), THIODAN (endosulfan). LA BRÛLURE DU SAULE ET LE CHANCRE NOIR (Venturia saliciperda et Glomerella cingulata) État de la situation Des cas de brûlure du saule et de chancre noir ont été rapportés dans la région de Lanaudière sur des saules. La brûlure du saule et le chancre noir sont souvent confondus, car les deux maladies ont des symptômes similaires. Voici une description détaillée de la brûlure et quelques particularités qui la distinguent du chancre noir. PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 09 – 2006, page 3 Description de la maladie La maladie prend la forme de brûlures sur les feuilles et de chancres sur les troncs. Elle n’est pas problématique en forêt, mais peut causer de sérieux problèmes dans la production horticole. Apparue au Québec vers 1925, la brûlure du saule (Venturia saliciperda) se rencontre principalement dans la vallée du Saint-Laurent et dans la péninsule gaspésienne. Le champignon responsable du chancre noir est Glomerella cingulata. La brûlure du saule est favorisée par un climat printanier humide et chaud. Les jeunes plants sont particulièrement à risque. Le champignon hiverne sur les rameaux morts. Hôtes préférés Salix spp. Éléments de diagnostic Brûlure du saule − − − − − − − − Des taches noirâtres apparaissent sur les feuilles dès le déploiement de celles-ci au printemps. Les taches s’étendent rapidement jusqu’au pétiole. Les feuilles fanent, sèchent, puis tombent. Lorsque la maladie continue de progresser, elle affecte peu à peu le bout des jeunes tiges et finit par attaquer les branches. Sur les rameaux et les troncs, il se forme un chancre noirâtre qui produit une légère dépression sur l'écorce. Le pourtour du chancre est délimité par une ligne de couleur noirâtre à rouge foncé. Le chancre luimême est de couleur grisâtre ou brun pâle. Le chancre est quelquefois luisant. Les branches qui sont affectées à la base finissent par sécher complètement lorsque le chancre entoure complètement celles-ci. Chancre noir − − Attaque les feuilles et les rameaux plus tard dans la saison. Cause des chancres sur des rameaux de plus gros diamètres que la brûlure. Stratégie d’intervention Traiter dès l’apparition des symptômes. Méthodes préventives − − − − − − − − Tailler la partie malade, 15 à 30 cm en bas des premiers symptômes visibles sur l’écorce, puis la brûler. Ne pas tailler lorsque les branches sont mouillées. La taille est moins hasardeuse lorsque la croissance est terminée, à la fin de l’été. Maintenir la plante vigoureuse et en santé par une fertilisation équilibrée et un arrosage approprié. À l'automne, ramasser et éliminer les feuilles mortes au sol. Inspecter les végétaux achetés à l’extérieur. Éviter de pratiquer des tailles tardives. Éviter de mouiller le feuillage pendant une longue période lorsque les risques d'infection sont élevés. PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 09 – 2006, page 4 Contrôle chimique Après avoir enlevé les tissus malades, faire un traitement préventif, avec l’un des produits nommés cidessous, tous les 10 à 14 jours durant les printemps pluvieux et les longues périodes de pluie. Il est fortement suggéré de faire des traitements préventifs le printemps suivant l'année de l'infection, dès l’éclosion des bourgeons. − EASOUT, SENATOR (thiophanate-méthyl). À SURVEILLER Maladies − − − − − Criblure : on risque d’observer plusieurs cas de criblure, car quelques cas ont déjà été observés à la suite des pluies. Tache alternarienne dans Hosta; l’avertissement No 08 du 6 juin 2006 traite de ce sujet (http://www.agrireseau.qc.ca/Rap/documents/a08pep06.pdf). Nodule noir : des renflements verts ont été dépistés sur des jeunes rameaux de Prunus virginiana ‘Schubert’, de Prunus ‘Evans’ et de Prunus americana dans la région de Lanaudière. Ils correspondent au premier stade du nodule noir du cerisier. Mildiou dans Ribes et Viburnum. Phyllosticta dans Hydrangea. Insectes − − − − Galéruque de la viorne (chrysomèle des feuilles de la viorne). Charançon du saule. Chrysomèle versicolore du saule. Lieuse dans Hydrangea. Les premiers individus de sésie du lilas (Podosesia syringae), de petit perceur du pêcher (Synanthedon pictipes) et de perceur du pêcher (Synanthedon exitiosa) ont été dépistés la semaine dernière dans les pièges à phéromones. Veuillez vous référer aux étiquettes des fabricants en ce qui concerne les doses, les modes d’application et les renseignements supplémentaires. En aucun cas, la présente information ne remplace les recommandations indiquées sur les étiquettes des pesticides; le Réseau d’avertissements phytosanitaires décline toute responsabilité relative au non-respect de l’étiquette officielle. Texte rédigé par : Marie-Édith Tousignant, agronome, IQDHO LE GROUPE D'EXPERTS EN PROTECTION DES PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Mario Comtois, B. Sc. Biol., agronome - Conseiller en pépinière, avertisseur Institut québécois du développement de l'horticulture ornementale 3230, rue Sicotte, bureau B-219, Saint-Hyacinthe (Québec) J2S 2M2 Téléphone : 450 778-6514 - Télécopieur : 450 778-6537 - Courriel : [email protected] Édition et mise en page : Louise Thériault, agronome, Cindy Ouellet et Isabelle Beaulieu, RAP © Reproduction intégrale autorisée en mentionnant toujours la source du document Réseau d'avertissements phytosanitaires – Avertissement No 09 – pépinières ornementales – 14 juin 2006 PÉPINIÈRES ORNEMENTALES Avertissement No 09 – 2006, page 5