MATHÉMATIQUE ET RÉSEAUX Giga projet européen pour Namur Publié dans « The » revue PNAS L’équipe du professeur Stéphane Vincent (Département de chimie) participe à un consortium européen chargé de développer de nouveaux outils nanométriques pour le diagnostic et la thérapie de maladies infectieuses et de certains types de cancers. U n consortium européen (Suède, France, Hongrie, Italie, Roumanie, Espagne et Belgique) et pluridisciplinaire s’attèle au projet « Dynano ». L’objectif de cette recherche à laquelle les chimistes namurois contribuent est de concevoir et développer des nanoplateformes pour des applications médicales et bioanalytiques dans le domaine des « glycosciences ». Celles-ci se proposent de comprendre les fonctions et les structures des molécules de sucre, impliquées dans de nombreux mécanismes biologiques, afin de les utiliser pour différentes applications dans les domaines biologique et médical. Le projet « Dynano » veut exploiter certains sucres, greffés sur des structures biocompatibles et de taille nanométrique, pour obtenir de nouveaux outils qui pourront être utilisés pour le diagnostic ou la thérapie de maladies infectieuses et certains types de cancers. INNOVATION NANOSCIENCES Renaud Lambiotte (Département de mathématique, Centre naXys) a étudié comment les grands réseaux sont affectés par la géographie. Par exemple, dans quelle mesure les lieux de résidence des utilisateurs influencent la topologie d’un réseau de téléphonie mobile. Une recherche remarquée et publiée par la revue américaine de référence « Proceedings of the National Academy of Sciences » (PNAS). L e professeur Lambiotte s’intéresse à la modélisation mathématique de très grands systèmes constitués de plusieurs millions d’éléments reliés entre eux. Il destine ces recherches plus particulièrement à deux domaines : celui des neurosciences et celui des réseaux sociaux. informations sont une aubaine pour les recherches scientifiques car elles constituent un échantillon mondial de la population. Elles permettent ainsi de développer des modèles théoriques permettant de tester des théories sociales : existe-t-il des règles sous-jacentes à l’organisation sociale, ou des façons de se déplacer communes à tous les humains ?… Méthodologie à impact multidisciplinaire Dans sa recherche publiée par PNAS et menée en collaboration avec des chercheurs du MIT et d’Imperial College London, le professeur namurois s’est penché sur l’aspect méthodologique de ces questions : quelles contraintes, imposées par l’espace géographique sur le réseau social, sont à intégrer pour obtenir un Les réseaux de téléphonie mobile et les réseaux sociaux virtuels (Facebook, Foursquare…) fournissent des dizaines de millions d’informations corrélées, et de plus en plus souvent, géolocalisées. Ces modèle correct ? En d’autres termes, en quoi l’espace physique influencet-il les modes de connexion entre les nœuds du réseau modélisé ? Cette question de contrainte spatiale est d’autant plus importante qu’un grand nombre de systèmes biologiques (par exemple des réseaux cérébraux) et sociaux y sont soumis. La prendre en compte permet donc de mieux comprendre le fonctionnement du système et de construire des algorithmes plus performants. E.D. P. Expert, T. Evans, V.D. Blondel and R. Lambiotte, Uncovering spaceindependent communities in spatial networks, PNAS 2011 108 (19) 7663-7668 Américains ou asiatiques, mobilité identique ! Expertise namuroise Le département de chimie namurois apporte son expertise en matière de synthèse de molécules. Son travail dans le cadre du consortium « Dynano » est donc de synthétiser des sucres artificiels, appelés également glycoconjugués, greffables sur les nanoplateformes. D’autres recherches de Renaud Lambiotte vont une étape plus loin. Elles identifient des constantes dans la mobilité des individus. Le scientifique a analysé les données géolocalisées fournies par les réseaux sociaux sur le Web (Foursquare) à la recherche de régularités statistiques sur les modes de déplacement des gens. Cette recherche est menée grâce au programme de la Commission européenne Initial Training Network (ITN). Ce financement est obtenu après une sélection drastique : seulement moins de 10 % des candidatures sont acceptées. Il encourage les sciences dans tous les secteurs, mais privilégie les projets à caractère interdisciplinaire, tel que « Dynano », qui fait intervenir des chimistes, des biologistes, des physiciens et des médecins, et implique trois partenaires industriels : le groupe Solvay, Attana (start-up suédoise) et GVS SPA (start-up italienne). Le programme ITN a également pour objectif de favoriser les carrières de chercheurs en Europe, notamment en encourageant leur mobilité. Le chercheur namurois réalisera ainsi des stages dans les laboratoires partenaires, tandis que l’équipe du professeur Stéphane Vincent accueillera des membres d’autres laboratoires du consortium, afin de les former aux technologies de synthèse et de purification de glycoconjugués. Les résultats de cette collaboration avec des chercheurs de Cambridge et de l’University College London montrent que lorsqu’une personne se déplace, l’important n’est pas la distance à parcourir mais la densité des points d’intérêt à disposition. Si ces observations sont intuitives, ce qui l’est beaucoup moins est qu’une règle universelle en semble émerger : tout le monde se déplace selon le principe de la densité, quelles que soient la culture de la population, la typologie des villes ou les infrastructures de transport disponibles. Le même modèle mathématique convient en effet pour reproduire les statistiques de déplacements dans des endroits aussi différents que New York, Houston, Paris ou Singapour. Elisabeth Donnay L’article présentant les résultats de cette recherche est disponible sur http://lanl.arxiv.org/abs/1108.5355 GROUPE DE RECHERCHE SUR LES TRANSPORTS Vingt ans de recherches en mobilité Depuis 20 ans, la Politique scientifique fédérale (BELSPO) finance des projets de recherche dans le domaine de la mobilité et des transports. À l’occasion de cet anniversaire, elle a voulu faire un bilan rétrospectif de ces actions et dégager des pistes pour d’éventuels futurs programmes de recherche sur ces sujets. L un grand nombre d’acteurs du monde du transport : chercheurs, membres d’administrations publiques, organisations citoyennes, mandataires politiques, etc. Les résultats de cette étude ont été présentés cet automne, en présence de Sabine Laruelle, ministre de la politique scientifique, lors d’une table ronde qui a réuni « Cette rencontre a été l’occasion de mettre en avant les points positifs tirés de deux décennies de recherche mais aussi de réitérer le besoin de continuer de tels types de financement pour garantir, en Belgique, le maintien d’une réelle expertise de recherches dans ces matières complexes que sont les transports et la mobilité » explique Eric Cornélis. a réalisation de ce bilan a été confié à deux groupes de recherche largement impliqués dans les programmes liés au transport : le MOSI-T de la VUB, et plus particulièrement le professeur Cathy Macharis, et le Groupe de Recherche sur les Transports (GRT) de l’Université de Namur, avec la participation du professeur Philippe Toint et du docteur Eric Cornélis. TRIMESTRIEL N°82 NOVEMBRE 2011 3