Le « je » de la phrase 9 est référant du « Patricia » de la phrase 6, dès lors qu’on se
réfère pour la distribution des personnes au verbe déclaratif « dit » de la phrase 6.
3. Renvois intraphrastiques
Les marques de renvois se situent très souvent au niveau des flexions verbales, des
déterminants possessifs. On peut ajouter le déterminant défini de « l’oreille » en phrase 6.
Dans « s’arrêta » en phrase 5, on peut voir une valeur de réfléchi à « s’ » si l’on met en
perspective « arrêter soi-même » à « arrêter quelqu’un » ; on peut aussi opposer un verbe
« arrêter » non pronominal à un verbe « s’arrêter » pronominal.
Les renvois coréférentiels dans l’extrait sont massivement anaphoriques. Exception : le
« notre » en phrase 1 qui est un référant cataphorique.
2. Peut-on réduire la phrase Patricia prêta longuement l’oreille, observa la direction du
vent puis me dit de sa voix la plus feutrée à la forme Patricia prêta longuement l’oreille,
observa la direction du vent sans que cette réduction modifie le sens du texte qui suit ?
Comparons le texte ainsi modifié avec l’original
(originel) Quand la petite fille,
enfin, s’arrêta, nous étions dans un ravin
au bord duquel poussaient des haies
compactes et denses comme des murs.
Patricia prêta longuement l’oreille,
observa la direction du vent puis me dit de
sa voix la plus feutrée :
« Ne bougez pas. Ne respirez plus
avant que je ne vous appelle. Faîtes bien
attention. C’est terriblement sérieux. »
(modifié) Quand la petite fille, enfin, s’arrêta, nous étions dans
un ravin au bord duquel poussaient des haies compactes et denses
comme des murs. Patricia prêta longuement l’oreille, observa la
direction du vent:
« Ne bougez pas. Ne respirez plus avant que je ne vous
appelle. Faîtes bien attention. C’est terriblement sérieux. »
La question porte sur «le texte qui suit », ne s’interroge donc pas sur la perte
d’information liée à la suppression de la référence à la « voix feutrée » de la petite fille. « Le
texte qui suit », c’est le passage au discours. Avec le texte modifié, nous gardons le signe de
ponctuation (les deux points : ) dont nous nous servons pour annoncer une citation ou un
discours, un discours où il est essentiel de savoir qui parle via la première personne, de savoir
à qui celui qui parle s’adresse via la seconde personne, de repérer les tours de parole. Les
outils que la langue met en œuvre à cet effet sont les signes de ponctuation et typographiques
(les deux points, les guillemets, les tirets et les retours à la ligne), sont aussi des expressions
linguistiques avec les verbes déclaratifs et les incises.
Avec la modification, malgré la suppression du verbe déclaratif, l’attribution du discours
aux personnages adéquats reste possible, quand bien même le roman de Kessel a un narrateur
qui est aussi l’un des personnages de l’histoire (cf. le « notre » de « notre marche », le « je »