La presse en a parlé. Nous y revenons. mais encore... À partir d’une information ou d’un évènement récent, entrées libres interroge une personnalité, du monde scolaire ou non. L’occasion, pour elle,de nous proposer un éclairage différent, un commentaire personnel, voire d’interroger la question ainsi posée. INTERDIRE LA MALBOUFFE À L’ÉCOLE ? 22/03/2012 S Unies à taxer la « malbouffe », le uite à l’appel lancé par les Nations Illustration: Anne HOOGSTOEL Conseil de la Jeunesse en Communauté française s’est prononcé pour la suppression de ce type d’aliments dans les écoles au profit d’une alimentation saine. La Ministre de l’Enseignement obligatoire, Marie-Dominique SIMONET, lui a emboité le pas en annonçant son intention de supprimer les distributeurs de sodas, sucreries ou autres chips dans les écoles d’ici 2015. Et vous, qu’en dites-vous? ■ Axelle VERMEEREN, médecin scolaire, médecin-directeur du Centre de santé de l’UCL : « Le problème du surpoids et de l’obésité chez l’enfant est un réel problème de santé publique en Communauté française. La proposition de M.-D. SIMONET me semble, dès lors, tout à fait correcte. La Belgique dispose, en fait, depuis quelques années d’un plan de nutrition au niveau fédéral, qui s’est décliné aux niveaux régional et communautaire. Un « Plan de promotion des attitudes saines » a été mis en place entre 2005 et 2010, dans le but d’améliorer la santé et le bien-être des enfants et des adolescents en Communauté française. Il s’agissait d’améliorer les habitudes alimentaires des enfants et des parents, de renforcer leur éducation en la matière et de mener une réflexion globale sur l’environnement éducatif et ses enjeux culturels, commerciaux et économiques. Fatalement, dans ce cadre-là, la proposition de la Ministre est l’une des pistes à envisager. Mais une mesure seule ne règlera pas le problème de l’alimentation des enfants ou de l’obésité. Cela doit se faire dans un cadre global, en rendant les gens acteurs de la santé. Il faudra donc diffuser cette information, la faire accepter sur le terrain et faire en sorte que les acteurs soient partie prenante du projet. Le « Plan de promotion des attitudes saines » avait déjà contribué à la mise en place de différentes mesures : deux conseillers nutritionnels ont eu pour mission d’aider à améliorer la restauration scolaire, une mallette pédagogique et un label « alimentation saine » pour les écoles ont été créés, un état des lieux a été effectué au niveau des cantines scolaires, du personnel a été formé, l’offre des collations et des boissons a été règlementée, et les activités commerciales dans les écoles interdites… C’est peut-être aussi à l’école que l’on peut proposer une éducation au gout, aux fruits et aux légumes, à des aliments que certains enfants ne connaissent peut-être pas, à l’importance de boire de l’eau. Ce n’est pas le fait d’interdire ceci ou cela qui marche, mais plutôt de proposer une formule alternative : qu’est-ce qu’on met à disposition ? S’il n’y a qu’une seule fontaine d’eau pour 1000 élèves et que l’eau servie à la cantine est chaude, cela ne peut pas fonctionner. Il faut aussi que le restaurant scolaire soit agréable, qu’on ait un peu de temps pour manger, que ce soit propre, pas trop bruyant… Il est assez logique de retrouver des produits sains à l’école, mais cela pose certaines difficultés : les yaourts ont une date de péremption, les fruits pourrissent plus facilement qu’une gaufre… Comme l’enfant passe la moitié de sa vie en milieu scolaire, il est en tout cas assez logique qu’il se trouve dans un milieu favorable à la santé, tant en termes d’accès à l’eau ou à une alimentation saine et équilibrée qu’en termes d’activité physique. Bien sûr, il faut laisser du temps aux écoles. La Ministre propose d’attendre 2015 parce qu’il faut tenir compte de la réalité économique. Vendre des gaufres ou des chips dans les écoles, cela rapporte de l’argent. Celles-ci doivent pouvoir se retourner. Le tout n’est pas de leur dire ce qu’elles doivent faire, les moyens financiers doivent suivre ! Pour moi, si dans trois ans, les distributeurs sont interdits dans toutes les écoles de tous les niveaux d’enseignement, ce serait déjà très bien. Mais il ne faut pas oublier ce qui se passe avant et après l’école, le milieu extrascolaire et la promotion de l’activité physique. » ■ BRIGITTE GERARD Pour plus d’informations et d’idées de bonnes pratiques : www.mangerbouger.be entrées libres < N°68 < avril 2012 15