Agnosies visuelles et spatiales

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Agnosies visuelles et spatiales
Soumis par Stephane Desbrosses
L'agnosie est un déficit de reconnaissance : une atteinte cérébrale des mécanismes perceptifs, empêchant
l'identification d'objets, de formes auparavant reconnues. D’une manière générale, une agnosie est une perte de
fonction sensorielle due à une lésion cérébrale, sans atteinte des organes sensoriels.
Le terme "gnosie" provient du grec a- (absence) et gnosis (connaissance).
L'agnosie est une atteinte des fonctions d'intégration (donc, au niveau cérébral) perceptive, caractérisée par
l'incapacité à nommer, identifier des objets, des visages, des formes... Le patient ne sait littéralement plus "reconnaitre".
On distingue plusieurs types d'agnosie selon les modalités touchées (agnosie visuelle, tactile, auditive...), mais
certaines agnosies sont supramodales (comme les agnosies spatiales).
On distingue également les agnosies, au sein d'une même catégorie, par les stimuli perceptifs non reconnus (par
exemple, l'agnosie visuelle des lettres, ou alexie agnosique, et l'agnosie visuelle des objets)
1. Agnosies visuelles et spatialesModèles Marr Humphrey Riddock
rappels : l'information visuelle est capté par les récepteurs de la rétine, qui la transforment en signaux électriques
parcourant les neurones. Ces signaux passent par le relais subthalamique jusqu'aux aires visuelles primaires (17).
A partir de l’aire visuelle primaire, l’information va atteindre deux systèmes : le système occipito-pariétal
archaïque concerne la localisation spatiale (où ?). Une lésion de celui-ci entraîne donc une agnosie spatiale. Le système
occipito-temporal analyse et identifie les stimuli (quoi ?). Une lésion de celui-ci entraîne une agnosie visuelle.
Plusieurs modèles de reconnaissance visuelle se sont construits à partir de l'étude de cas d'agnosiques. Deux modèles,
celui de Marr, et celui de Humpphrey et riddock, permettent d'expliquer et de décrire la majorité des agnosies visuelles
et spatiales les plus importantes.
Modèle abstractif standard d’identification des objets visuels ci-contre
2. Agnosies visuelles2.1. Agnosies visuelles des objets : 2 grandes catégories2.1.1. Agnosies aperceptivesIl
s’agit de l’échec du processus de reconnaissance des objets visuels, par l’atteinte de
l’étape perceptive discriminatoire (les étapes 1, 2 et 3 des modèles ci dessus). On observe une incapacité à
dessiner un objet 3D ou une image (2D), ainsi que la tentative de d’identification des objets en proposant une
description partielle. Les agnosiques aperceptifs ont également des difficultés dans la discrimination des objets qui
compose un objet plus global.
L’appariement d’objet est impossible : selon la forme (une balle ne peut être considérées comme
"semblable" à une planète) autant que selon la fonction (un stylo et un pinceau, par exemple). Les figures de Poppelreuter
et le test de Lilia Ghent sont échoués (Ces tests consistent à reconnaître divers objets superposés dans une même
figure). Les sujets sont incapables de distinguer les silhouettes.
Les lésions à l’origine de ces troubles sont le plus souvent des lésions temporo-occipitales bilatérales (gyrus
lingual et gyrus fugiforme, dont la lésion provoque également une prosopagnosie : le sujet peut reconnaître les visages
peu familiers, mais ne peut plus reconnaître les visages familiers).
On distingue 3 types d’agnosies aperceptives :
L’agnosie de la forme est l’incapacité à discriminer les formes géométriques élémentaires (triangles,
ronds, et même les traits…). Il s’agit du cas le plus invalidant ; l’étape 1 est déficitaire. On
rencontre surtout ce genre de cas après des accidents de la route, avec une lésion très étendue.
L’agnosie intégrative est l’absence d’intégration globale cohérente des informations. Elle
concerne l’étape 1 partiellement mais surtout l’étape 2.
L’agnosie de transformation entraîne un égocentrisme prononcé : le sujet ne peut fournir de description de
l’objet que celle qu’il perçoit : il y a une description de l’objet uniquement du point de vue de
l’observateur. Ici, c’est l’étape 3 qui est déficitaire, avec une mauvaise identification des vues non
canoniques.
2.1.2. Agnosies associativesIl s’agit d’une absence d’association entre la représentation
perceptive correcte de l’objet et les informations structurales stockées en mémoire (absence de matching) : le
sujet peut décrire précisément les objets mais ne peut pas :
- apparier des images selon des critères catégoriels (il ne saura pas regrouper les objets qui vont de paire, par exemple,
devant un ensemble comprenant une pomme, une banane, un briquet et un stylo)
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- apparier des images selon critères fonctionnels (il ne saura pas regrouper les objets qui vont de paire, par exemple,
devant un ensemble comprenant un couteau, une fourchette, un briquet et une boîte d'allumette)
De plus, on note des erreurs d’identification morphologique (il confond ampoule et montgolfière, par exemple) et
fonctionnelle.
Paradoxalement, l’utilisation des objets sur consigne verbal est préservée (pouvez-vous me montrer comment
on se sert de cet objet ?). Ceci est d’ailleurs un élément de diagnostique différentiel : il peut décrire le
fonctionnement, l’utilisation, et peut même le mimer… mais ne sait pas l'identifier et le nommer.
Les lésions responsables sont, comme pour les agnosies perceptives, des lésions temporo-occipitales bilatérales
(gyrus lingual et gyrus fugiforme pour la face interne, mais aussi la face externe : le gyrus angulaire, BA 39)
On distingue deux types d’agnosies associatives :
l’agnosie sémantique est caractérisée par une perte des concepts (sens des représentations) : c’est
l’étape 6 qui est déficitaire. Ces agnosies touche des ensembles parfois très spécifiques : agnosie des objets
fabriqués par l'homme, agnosie des animaux, etc..
L’agnosie d’accès sémantique est difficilement observable : il s’agit d’un échec
d’accès au système sémantique, qui est cependant préservé. L’étape 5 est déficitaire
2.2. Aphasie optiqueIl s’agit de l’impossibilité de dénommer les objets présentés visuellement alors
qu’ils sont reconnus (mimes d’utilisation corrects, ce qui le différencie de l’agnosie. Il y a des
conduites d’approche avec des substitutions verbales sémantiques). Ce trouble est différent de l’anomie
aphasique, car l’objet est dénommé si on utilise un autre canal sensoriel (si on lui laisse toucher l'objet) : le
patient sait par exemple ce qu'est un stylo, à quoi il sert, il peut le nommer, etc... mais si on lui montre un stylo, bien qu'il
soit capable de le décrire et même de mimer de s'en servir exactement de la façon dont il a décrit l'utilisation d'un stylo,
il n'arrive pas à associer l'objet présentement dans son champs de vision à ses connaissances sur la nature de cette objet.
Difficilement concevable, mais réel...
Ce trouble est provoqué par une lésion temporo-occipitale gauche (interne et externe).
3. Agnosies spatialesIl s’agit d’un trouble de la reconnaissance des paramètres spatiaux des objets
(volume, direction, mouvements…) et des relations topographiques qu’ils entretiennent entre eux. Les sujets
sont incapables, si on leur demande, de montrer quel objet est le plus petit, le plus proche,…
3.1. Désorientation visuelle de Holmes et HarraxIl s’agit d’un trouble de la localisation spatiale des objets :
le sujet est incapable de :
- déterminer la taille des objets les uns par rapports aux autres
- déterminer l’éloignement des objets les uns par rapports aux autres
- déterminer l’orientation des objets (que l’on peut tester avec le test de jugement d’orientation des
lignes de Benton, 1978)
Ce trouble implique toujours, au moins, des lésions occipitales ou pariéto-occipitales droite, et parfois bilatérales.
3.2. Désorientation spatiale ou perte de la mémoire topographiqueIl s’agit de l’incapacité à reconnaître les
lieux familiers, et de s’y orienter. On en distingue deux variétés :
- d’ordre agnosique (environnemental) : il y a une non reconnaissance des bâtiments et du mobilier de
l’environnement, malgré une bonne aptitude au classement catégoriel (église, immeuble,… armoire,
buffet,…)
- d’ordre amnésique (topographique), rendant impossible l’utilisation d’indices environnementaux
pour s’orienter : les processus d’apprentissage de repère spatiaux sont perturbés.
Ces troubles sont dus généralement à des lésions bilatérales ou unilatérales droites (lobe occipital et gyrus
parahippocampique). Les sujet se pensent amnésiques et sont le plus souvent anosodiaphoriques.
4. Autres agnosiesLes plus étranges sont probablement les agnosies somatiques ou somatognosies, qui concerne un
trouble du schema corporel. L'anosognosie par exemple, concerne la non reconnaissance de ses propres troubles : un
patient peut être aveugle, se taper dans les murs et ne pas se rendre compte pour autant qu'il ne voit plus... ou après
une hémiplégie, ne pas se rendre compte qu'il ne peut plus bouger un coté du corps... Je vous renvoie ici à l'article
traitant de l'anosognosie.
L'hémiasomatognosie peut également laissait perplexe et semble toucher le sens proprioceptif (équilibre, sensation
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"d'appartenance" de notre corps due certainement à l'information issue des capteurs proprioceptif, comme ceux de
pression ou d'orientation). Des cas d'hommes et de femmes horrifiés par un bras ne leur "appartenant pas" et voulant
subir une opération chirurgicale pour s'en débarrasser, ont pu être observés. Un excellent ouvrage d'Oliver Sacks
traite de ces syndrômes très difficiles à appréhender.
Sources : diverses & L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau et autres récits cliniques, Oliver W. Sacks
(Broché - 1992)
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