BSV n°24 du 15 septembre 2016 Résumé de la situation Acarien : des dégâts observés et des populations encore présentes. Début des pontes d’œufs d’hiver. Phytopte : des dégâts observés mais les populations sont en baisse. Puceron lanigère : légère reprise d’activité. Carpocapse : risque faible pour les différentes régions. Observations réalisées : Sur parcelles fixes : Normandie 25 ; Sur parcelles flottantes : Normandie 4 ; Bretagne 4 ; Pays de la Loire 4 Cartographie des vergers observés Pomme à cidre Stade des variétés de pomme : Grossissement Fruit à couteau Stade des variétés de poire : Grossissement 1/8 ARBORICULTURE . BSV n°24 du 15 septembre 2016 MALADIES Tavelure La situation est plutôt saine dans les vergers des trois régions. On observe tout de même quelques variétés avec des taches sur feuille mais aussi sur fruit : Judeline, Judor, Bedan, … Tavelure sur fruit Evolution des risques : Les taches de tavelure vont constituer un stock de champignons qui va passer l’hiver dans les feuilles tombées au sol. Donc, plus il y a de taches de tavelure, plus l’inoculum d’automne va être important. Pour connaitre cet inoculum, il est nécessaire de réaliser un comptage. Méthode de comptage pour estimer l’inoculum d’automne : Les observations sont réalisées sur la variété la plus sensible de la parcelle, la plus exposée. On recherche les taches de tavelure sur les feuilles situées de préférence dans le tiers supérieur des arbres et les deux faces sont examinées, et cela sur 2 pousses de l’année sur un lot de 50 arbres. Ces observations sont comptabilisées dans un tableau tel que celui-ci : Nombre de pousses 100 Pousses sans tavelure = S Pousses faiblement tavelées = F (si les taches sont isolées sur la pousse observée) Pousses intensément tavelées = I (si les taches sont nombreuses et convergentes) Somme des pousses tavelées = F+I La détermination du niveau d’inoculum se fait ainsi : Somme des pousses tavelées F+I Moins de 20 Egale ou plus de 20 Nombre de F > nombre de I Inoculum Faible Inoculum Moyen Nombre de F < nombre de I Inoculum Moyen Inoculum Fort Agro ingenus 2/8 ARBORICULTURE . BSV n°24 du 15 septembre 2016 Feu bactérien Les conditions climatiques sont encore propices à l’expression de cette maladie. Le feu bactérien Erwinia amylovora est une maladie bactérienne dangereuse qui affecte les arbres fruitiers à pépins et les maloïdés d'ornement (aubépine, cotonéaster...). La bactérie pénètre dans la plante par les fleurs, mais aussi par les extrémités de pousses en croissance ainsi que par les blessures. Les conditions climatiques favorables sont : - température maximale supérieure à 24 °C Ou -température maximale supérieure à 21 °C et minimale supérieure à 12 °C le même jour avec une pluie minimale de 2,5 mm. Lors d'orages, les conditions sont réunies pour potentiellement contaminer de nouvelles plantes. Description des dégâts : Les organes atteints (fleurs, pousses, …) se nécrosent et noircissent. On observe une production d’exsudat : gouttelette blanc jaunâtre puis ambrée. Ce liquide qui contient la bactérie est collant. Aucun cas n’a été observé pour le moment. Gouttelette d’exsudat Feu bactérien sur jeunes pommiers Evolution du risque : Surveillez vos parcelles. Moniliose sur fruits Dans les trois régions, la quantité de pommes et de poires moniliées est en augmentation malgré des conditions sèches. Toutefois dans les vergers observés, le pourcentage de fruits touchés ne dépasse pas les 5%. On les observe principalement sur Judeline et Bisquet en pomme à cidre et sur Boskoop en pomme de table. Dégâts sur fruit en verger : développement d’une pourriture brune d’où se développent des coussinets bruns-clairs en cercle concentriques. La déclaration et le développement de ce champignon sont favorisés par les blessures : attaques de ravageurs (piqûres de carpocapses, morsures d’insecte, forficules), grêle et fortes pluies. Moniliose sur pomme avec dégât de carpocapse Evolution du risque : A surveiller. Attention en cas de pluies régulières entraînant une humidité forte et durable. Agro ingenus 3/8 ARBORICULTURE . BSV n°24 du 15 septembre 2016 RAVAGEURS Acarien rouge Avec les conditions climatiques chaudes et sèches de ces derniers jours, les populations d’acarien rouge ont encore augmenté dans certains vergers. On note jusqu’à 80% des feuilles avec au moins une forme mobile. Ces pourcentages sont le plus souvent observés dans les vergers dépourvus d’acariens prédateurs. Certains vergers présentent un bronzage des feuilles. Les acariens se nourrissent du contenu des cellules foliaires. Une grande population d’acarien donne aux feuilles un aspect bronzé, donc diminue les possibilités d’assimilation chlorophyllienne. Acariens rouges Attaque d’acariens Attention : ne pas confondre des attaques d’acarien rouge avec des dégâts de cicadelle. Voir BSV n°19 du 05/07/2016 Seuil indicatif de risque : Au-delà du 15 juin 75% des feuilles occupées par au moins une forme mobile, mais cela pour 2 notations de suite à une semaine d’intervalle pour connaître la présence et l’activité des acariens prédateurs. Evolution des risques : A surveiller. La pression devrait baisser parce que d’une part, les températures devraient baisser, ce qui ne sera plus favorable au développement des acariens rouges et d’autre part ces derniers commencent à pondre leurs œufs d’hiver sur le bois, signe d’un début de repos hivernal. Phytopte Contrairement aux acariens rouges, les populations de phytopte libre sont en baisse. Les populations restent parfois importantes. Dans quelques vergers des trois régions, des cas de bronzage sont notés. Un effet variétal est remarqué. Le phytopte est un acarien plus petit que l’acarien rouge, de forme triangulaire. Il n’est visible qu’à la loupe. Les phytoptes libres se nourrissent en vidant le contenu des cellules de la feuille. Cela provoque un bronzage, comme pour les acariens rouges, mais dans ce cas sur la face inférieure des feuilles. Le grossissement des fruits peut être directement impacté. Seuil indicatif de risque (seuil “ régional” à dire d’expert) : 10% des feuilles bronzées. Les individus sont difficilement observables au verger, seul le bronzage est facilement visible. Evolution des risques : Surveillez de près l’apparition des premiers dégâts si les températures restent élevées. Agro ingenus 4/8 ARBORICULTURE . BSV n°24 du 15 septembre 2016 Puceron lanigère Dans certains vergers où la pression "pucerons lanigères" a été très forte cet été et malgré une action efficace des Aphelinus mali, on note une légère reprise d’activité de ce ravageur. Rappel : lorsqu’un puceron lanigère est parasité, c’est-à-dire que le micro-hyménoptère a pondu à l’intérieur de celui-ci, le puceron perd sa « laine », gonfle et devient noir. On observe toutefois quelques foyers résiduels. Evolution des risques : A surveiller, en fonction des températures. Carpocapse Dans les vergers où aucune stratégie n’a été mise en place lors de la 1ère génération, on observe quelques rares piqures récentes. Dans les autres vergers aucune nouvelle piqure n’a été observée. En Pays de la Loire, c’est la fin du second vol. En Bretagne et en Normandie, plus aucun papillon n’a été piégé dans le réseau. Depuis le début de la saison, des piqures de carpocapse sont observées ponctuellement dans différents vergers des trois régions. Le plus souvent dans des variétés comme Judeline, Douce Coët, Douce Moën et Petit Jaune. Piqures de carpocapse Voici les résultats de la modélisation INOKI Carpocapse DGAL-Onpv Prévision Agro ingenus Prévision 5/8 ARBORICULTURE . BSV n°24 du 15 septembre 2016 Prévision Prévision Prévision Prévision Evolution des risques : Les risques deviennent faibles, voire nuls. Petite tordeuse des fruits Pas de nouveaux dégâts de ce ravageur. A la différence des dégâts de carpocapses, les orifices d’entrée sont plus petits et beaucoup moins sales (très peu voire pas de déjections). Larve de Cydia lobarzewskii Piqures de Cydia lobarzewskii Evolution des risques : Plus de risque. Agro ingenus 6/8 ARBORICULTURE . BSV n°24 du 15 septembre 2016 Drosophila suzukii Le vol de Drosophila suzukii est toujours encore en cours. Les captures sont plus importantes dans les haies qu’au sein des fruitiers, peut être le signe d’un début d’hivernation. Nombre de mâles capturés Vallée de Seine (haie) Vallée de Seine (pommiers) Estuaire de la Seine (haie) Estuaire de la Seine (pommiers) Semaine 36 à 37 120 25 150 38 Des larves de Drosophila suzukii ont été observées, comme l’année dernière sur une variété de pommes de table précoces : Cardinal, sur les fruits au sol. Larve de Drosophila suzukii Prophylaxie : La destruction systématique des fruits tombés au sol est indispensable, il faut veiller à ne pas laisser de fruits dans les arbres. Evolution des risques : Peu de risque pour les pommes. Divers Stress hydrique En Bretagne Pays de Loire et certaines zones de Normandie, un stress hydrique se fait sentir. La sécheresse a des conséquences : les calibres sont petits à moyens et les fruits sont un peu desséchés (moins de jus). Les remontées d’information pour la Normandie ne semblent pas faire état, pour le moment, de cette situation. Notation à la récolte La période de la récolte est une période propice à l’établissement d’un bilan sanitaire de vos vergers. Cela va vous permettre de connaître le niveau d’infestation de certains ravageurs et maladies et donc savoir ce qu’il faudra surveiller l’année prochaine. Pour vous aider à la reconnaissance des différents dégâts de maladies et de ravageurs, vous trouverez ci-joint à ce BSV une fiche synthétique. Agro ingenus 7/8 ARBORICULTURE . BSV n°24 du 15 septembre 2016 Fiche de reconnaissance Vous trouverez ci-joint une fiche permettant de reconnaitre sur le terrain, avec des outils optiques de base (loupe) : le Puceron brun géant du pêcher, récemment signalé sur le sol français. Dernier bulletin de la saison Un BSV bilan sanitaire sera édité en début d’année prochaine Merci à tous les observateurs qui ont contribué au réseau d’épidémio-surveillance Arboriculture-Fruits transformés des régions Bretagne, Normandie et Pays de la Loire. Merci aussi à tous les producteurs qui mettent leurs parcelles à disposition pour les observations reprises dans les BSV. Crédit photos : FREDON Basse-Normandie Agro ingenus 8/8 CARACTERISTIQUES DES DEGATS A LA RECOLTE I / DEGATS INTERNES D’INSECTES Grosses perforations, présence de sciure avec les pépins mangés CARPOCAPSE Jeunes larves dans une galerie sale : proche de l’épider me contenant de la sciure ATTAQUE DE CARPOCAPSE Galeries propres : n’allant pas jusqu’aux pépins, les galeries commencent par une spirale de 5-6 mm. PETITE TORDEUSE DES FRUITS II / DÉGÂTS SUPERFICIELS D’INSECTES Attaques récentes Epiderme brouté sur 1-2 mm de profonMorsures en deur. Les attaques se font au point de « coup de fusil » contact Feuille/fruits PANDEMIS 2èmegénération CAPUA 2 génération ème Attaques en cours de cicatrisation La peau du fruit est mangée par plage CAPUA/ PANDEMIS 1ère génération Déformation du fruit Déformations irrégulières des jeunes fruits entraînant une dépréciation à la récolte PUCERONS CENDRES Dépressions coniques RHYNCHITE Attaques anciennes cicatrisées Fruits déformés par plage NOCTUELLE Fruits déformés en sillons HOPLOCAMPE III / DEGATS DE CHAMPIGNONS Attaques internes Attaques de l’épiderme Tâches liégeuses Petits points noirs TAVELURE MALADIE « DES CROTTES DE MOUCHES » Petits points noirs d’aspect diffus poudreux noir résistent au brossage MALADIE DE LA SUIE La pourriture attaque la totalité du fruit Pourriture ferme, brune, à contour diffus. PHYTOPHTORA Fruits momifiés présentant des coussinets blancs MONILIA Monilia fructigena Pourriture oculaire ou pédonculaire Pourriture sèche Pourriture de l’œil IV / CAUSES DIVERSES COUP DE SOLEIL Tache de grande dimension apparaissant sur une face bien exposée du fruits. Dégâts variable selon l’intensité de la brûlure. DEGATS DE FORFICULE Morsure en cupule de 3 à 10 mm de diamètre COCHENILLE Bouclier fixé au fruit mais facile à détacher, l’épiderme réagit et fait souvent apparaître une auréole rouge qui entoure le petit bouclier foncé. Fiche de reconnaissance MAJ 01/09/2016 Pterochloroides persicae LSV (Cholodkovsky, 1899) Puceron brun géant du pêcher ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC Pterochloroides persicae est un puceron (Hemiptera, Aphididae) qui vit en colonies sur les troncs et les branches des arbres fruitiers. @CTIFL Balandran Puceron de très grande taille : ©CTIFL Balandran adulte environ 4,5 mmm ©CTIFL Balandran 4,5 mm Adulte ailé avec des ailes très colorées ©lsv.anses 2 mm Colonie en « manchon » Aptère et larves Brachycaudus schwartzi La confirmation de l’identification nécessite une préparation des insectes adultes ailés ou aptères pour une observation sous microscope. CONFUSIONS POSSIBLES Sur les arbres fruitiers, le puceron brun géant du pêcher peut être confondu avec le puceron brun Brachycaudus schwartzi, le puceron noir du pêcher Brachycaudus persicae ou le puceron noir du cerisier Myzus cerasi. Ces 4 espèces sont différenciables par la taille, environ 4,5 mm pour le brun géant contre environ 2 mm pour les autres espèces, ainsi que par la forme des antennes, de la queue et des cornicules. antenne bicolore et processus terminal très court Queue arrondie et cornicules tronquée Pterochloroides persicae Brachycaudus schwartzi Brachycaudus persicae Myzus cerasi Processus terminal des antennes long Processus terminal des antennes long Processus terminal des antennes long Queue arrondie et cornicules courtes Queue arrondie et cornicules moyennes Queue allongée et cornicules longues PLANTES HÔTES ET SYMPTÔMES Les hôtes préférentiels de Pterochloroides persicae sont le pêcher (Prunus persica), l’abricotier (Prunus armeniaca), le prunellier (Prunus spinosa) mais également le cerisier (Prunus cerasus), l’amandier (Prunus dulcis) et d’autres Prunus spp. Il peut également être trouvé sur pommier (Malus pumila), poirier (Pyrus communis), cognacier (Cydonia vulgaris) et sur Citrus. Les pucerons en colonies abondantes affaiblissent les arbres par le prélèvement important de sève jusqu’à pouvoir entrainer la mort du végétal (branche isolée ou jeunes arbres en période de sécheresse). De plus, ils excrètent une grande quantité de miellat qui provoque la formation de fumagine bloquant la photosynthèse. On peut observer des déformations de fruits. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE Originaire de Chine, ce puceron a colonisé l’Inde, le Pakistan, l’Asie centrale et le Moyen-Orient. Il est en expansion autour du bassin méditerranéen : Tunisie (1984), Algérie (2008). Il a été signalé d’Italie (1977), d’Espagne (1994) Situation en France métropolitaine Signalé dans les Pyrénées–Orientales (2006 et 2014) et dans le Gard (2016) Situation dans les départements Outre-Mer Pas de signalement aire d’origine aire d’invasion CYCLE BIOLOGIQUE Le cycle biologique de Pterochloroides persicae est comprend 4 stades larvaires, qui présentent des morphologies différentes (ex : nombre de segments antennaires), suivi du stade adulte. Il ne peut être réalisé complétement que sur pêcher, abricotier ou prunellier. En laboratoire, ce cycle est d’environ 15 jours à 20°C et la durée de vie totale est de 22 jours dont environ 7 sous forme adulte. Il peut y avoir plusieurs cycles par an en fonction des conditions météorologiques. La femelle peut pondre environ une trentaine d’œufs durant sa vie (moyenne de 4 par jour). OÙ LE TROUVER ? COMMENT LE CAPTURER ? Les colonies de pucerons bruns géants sont visibles sur le tronc, les branches et les rameaux des arbres jusqu’à former un manchon noir (voir photo). Ces colonies sont mobiles et peuvent apparaître et disparaître dans la journée en fonction de l’heure et de l’ensoleillement. Pour les prélever, les adultes aptères et ailés doivent être capturés à l’aide d’un pinceau et placés dans un tube contenant de l’alcool à 70°. QUE FAIRE EN CAS DE SUSPICION Prendre contact avec le SRAL, le SALIM ou la FREDON de votre région Réalisé par Valérie Balmès – ANSES-LSV Unité d’entomologie et plantes invasives