ché mondial est incluse dans le concept même de capital, toute limita-
tion y apparaît comme un obstacle à franchir. En premier lieu, il s’agit de
soumettre chaque moment de la production elle-même à l’échange et de
supprimer la production de valeurs d’usage qui n’entrent pas dans l’é-
change proprement dit»2. Tant qu’à identifier un fonctionnement, autant
que ce soit celui-là. Car il apparaît clairement en phase avec certaines
volontés de puissance. Qu’on en juge plutôt !
L’impérialisme, hier et aujourd’hui
Impérialisme ? On aurait pu croire la notion réservée à quelques militants
tiers-mondistes plus ou moins barbus. Les Cahiers Marxistes, en leur
numéro 233, avaient mis en exergue l’existence de libéraux impérialistes
s’assumant allègrement. Nouveauté ? Non, car l’impérialisme (sous des
formes moins soft d’ailleurs) a déjà été explicitement théorisé par des
auteurs qui n’étaient pas tous adeptes de la révolution sociale et amis
des exploités.
Ainsi, le libéral Alexis de Tocqueville qui préconisait ceci : «J’ai souvent
entendu des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trou-
ver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin
qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants.
Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout
peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se sou-
mettre»3. Tocqueville évoquait, à travers ces lignes, la colonisation de
l’Algérie. On se croirait en Irak aujourd’hui. Rapprochement rapide, nous
le concédons.
Bien avant, Machiavel avait conseillé ceci au prince florentin : «Le
meilleur moyen qui se présente ensuite est d’établir des colonies dans
un ou deux endroits qui soient comme les clefs du pays : sans cela, on
est obligé d’y entretenir un grand nombre de gens d’armes et d’infante-
rie. L’établissement des colonies est peu dispendieux pour le prince ; il
peut, sans frais ou du moins presque sans dépense, les envoyer et les
entretenir ; il ne blesse que ceux auxquels il enlève leurs champs et leurs
maisons pour les donner aux nouveaux habitants. Or les hommes ainsi
offensés n’étant qu’une très faible partie de la population, et demeurant
dispersés et pauvres, ne peuvent jamais devenir nuisibles ; tandis que
Xavier Dupret 13
2. Karl MARX, 1857-1858, Principes d’une critique de l’Économie Politique, p. 258, in
Œuvres, Tome II, La Pléiade, Gallimard, Paris.
3. Alexis DE TOCQUEVILLE, «Travail sur l’Algérie», 1841, in Œuvres complètes, La Pléiade,
Gallimard, Paris, 1991, pp. 704 et 705.
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