préfectoraux. Ceux-ciinterdisentlamisesur le marché de certaines
espèces de poissons endémiquessusceptiblesdecontenir desCTXs
(Figure3).Ces listes sontmises àjourrégulièrement, en particulier quand
unenouvelleespèceest identifiée comme responsabled’une intoxication
alimentaire collective (TIAC) accompagnée de symptômesciguatériques.
CesTIACsontsystématiquementsuivies par lesagentsencharge
de la sécuritésanitaire desaliments afin de confirmer la présence
de CTXs.Les restes de poissons consommés, s’il yena,sontenvoyés
pour analysepar bioessai sur souris dans l’un desdeuxlaboratoires (4)
agréés parleministère en charge de l’agriculture.
En Guadeloupe depuisdébut2012, 30 intoxications ontété
rapportées (5),occasionnant57malades;l’analyse desneufrestes
de repasayant pu être récupérésaconfirmélacontamination.
Enfin, ce dispositif seracomplété en 2013 parlarecherchedes CTXs
parbioessaisur souris sur leslotsprésentésàl’importation au niveau
desPostesd’inspection frontalier(PIF) (6) en Francemétropolitaine.
Ce plan de surveillance (7) concerne lesespèces de poissons faisant
partied’aumoinsune deslistesd’espèces àrisques desRUP.
Leslotssoumis àprélèvementserontchoisis sur unebasealéatoire
en utilisantune grille de tirageausort. Ce dispositif apportera une
sécuritéalimentaire supplémentaire.
Certains départements et territoires ontmis en placeunsystème
de surveillancelocal;c’est le cas de l’îledeLaRéunion, de Mayotteet
de la Polynésie française.
Casdel’île de La Réunion
Dans l’OcéanIndien, la ciguateraaété identifiée historiquementàl’île
MauriceauXIXesiècle(Halstead et al. 1973). Si la zone d’endémicité
reconnue est bienl’archipel desMascareignes, lesdonnées
épidémiologiques restentfragmentaires.
ÀLaRéunion, le recueil de cesdonnées s’est fait au traversdequatre
enquêtes coordonnées par l’AgencepourlaRechercheetlaValorisation
Marinesetcouvrant la périodede1986à2010(Quod et al. 1996,
Sève et al. 2011). L’analyseépidémiologiquemontrequ’au coursdes
années1986-1999,484 cas de ciguateraont étérecenséset150 cas
sur 2000-2010. La ciguaterareprésente 80 %des cas d’intoxication
alimentaire parles poissons.
Le taux d’incidence (TI) annuelest variableetreste faible
par rapportàd’autresrégions d’endémicitécigua-tériquecomme
la Polynésie française. Entre1986et1999,ilest estiméà0,8 cas
pour 10000 habitants,età0,2 entre2000 et 2010.Lacomparaison
desTIentre lesrégions est cependantdifficile.Cette difficulté peut
être dueàune différencedeniveaux de consommationdepoissons.
En 2009,suite àune vague d’intoxications,lasurveillance épidémiologique
aété réactivée.Ainsi la veille est réalisée parlaCelluledeveille d’alerte
et de gestionsanitaire de l’Agencerégionale de santéocéan indien
quiréceptionne lessignalements de TIAC et participeaveclacellule
de l’Institut de veille sanitaire en région océanindienàleurs investigations.
Sur le plan clinique, la symptomatologie typiquementobservée
àLaRéunionregroupedes signesdigestifs(diarrhée), neurologiques
(paresthésie,dysesthésie,myalgie)puisgénéraux(asthénie résiduelle).
Le plus évocateur est l’inversiondelasensationchaud/froid.
La majeure partie desfoyers d’intoxicationest dueàdes poissons pêchés
sur lesbancs de pêcheSoudan, Saha de Maya,deRodriguesoudel’île
Maurice. Seul 10 %des cas sontdus àdes poissons pêchés sur lescôtes
réunionnaises.L’originedes poissons responsables resteindéterminée
dans plus de 30 %des foyers.Dans l’OcéanIndien, unetrentained’espèces
étaitreconnueàrisque(Quod et al. 1994). Entre1986et1999,les
famillespisciaires lesplussouvent incriminéessontles Serranidae (53%),
Lethrinidae (12%), Lutjanidae (8 %) et Carangidae (6 %).Les espèces les
plus souventmises en cause étaientleVariolalouti et le Lutjanus bohar.
Uneréglementation locale spécifique existe depuis1966etévolue
régulièrementenfonction de l’état desconnaissances,delasituation
épidémiologiquelocaleetrégionale.Une révisionmajeure aété entreprise
en 1999,afindeprendreencompte la situation épidémiologiqueà
Madagascaroùdenouvelles formes d’intoxications sévèresmettant en
cause destoxines d’origineméconnue ontété observées(clupéotoxisme,
intoxicationpar certaines sardines et carchatoxisme,par certains
requins) (Champetier et al. 1997). L’arrêtépréfectoral intègre ainsi les
espèces de sardines et de requinsles plus souvent mis en cause dans
cesfor-mes d’intoxications.Depuislarévisiondel’arrêtépréfectoral
de 1999,une surveillanceaux frontières est réalisée au traversdu
dispositif de contrôle au PIFsur lesespèces importéesdes pays tiers.
Annuellementune trentained’analysesdecontrôleest effectuéesur les
espèces lesplusàrisques en fonction desorigines.
CasdelaPolynésiefrançaise
La Polynésie est l’un desrares étatsduPacifiqueàdisposer d’un
programme de surveillanceépidémiologique, mis en placeaudébut
desannéessoixante(Bagnis et al. 1985).
Jusqu’en2006, cette base de donnéesétait alimentéed’une part via la
Directiondelasanté chargéederecueillirlenombredecas répertoriés
mensuellementpar 61 structures situées dans lescinqarchipels et
d’autrepart via l’Institut LouisMalardé (ILM), dans le cadred’un
programme de rechercheassociant àchaquepatient déclaré unefiche
clinique standardisée.Ces fiches fournissentdes indications sur l’île
de résidence,l’âge du patient, lessymptômesdéveloppés, le sitede
pêche, l’espèceetlapartieconsommée et le nombred’intoxications
antérieures.Depuis2007, la base de donnéesest géréepar l’ILM (8).
L’ensembledes données recueillies afaitl’objet de trois étudessur les
périodes1960-1984 (Bagnis et al. 1985), 1992-2001(Chateau-Degas et
al.2007)et2002-2008 (Chateau-Degas etal.2009). Leur analyseindique
quelaciguatera est unemaladie très fréquenteenPolynésie française.
Bien queladynamique observéedepuis1973soit en faveur d’une
stabilisationdutauxd’incidence(TI)annuelàl’échelledupays, l’analyse
fine desdonnées révèle quecetauxpeutvarierconsidérablementd’un
archipel àl’autre (par ex.en2009entre 2et1800cas pour 10 000 hab.
àTahitietRapa, respectivement).Enparticulier, on observeungradient
d’éloignementauniveaudes TI,les archipelsles plus éloignésmontrant
lesTIles plus élevées. Cesvariations s’expliquentprincipalementpar les
différences de régimes alimentairesobservées d’un archipel àl’autre,les
habitants de Tahitiétant sans contestemoinsdépendantsdelaressource
alimentaire quereprésentent lespoissons, et donc moinsexposés au
risque de ciguatera, queceuxdes archipelséloignés. Parailleurs, on
constate queleTIaugmenteavecl’âge et la saison chaude (Chateau-
Degat et al. 2007 ;2009).Une autredonnéemarquante concerne
l’augmentation préoccupante du nombred’intoxications auxAustrales
depuis2009, archipel pourtant considérécommelemoinsàrisquede
ciguaterajusqu’en1984 (Tableau1).En2010, unevingtained’archipels
affichaientunTIannuelsupérieur à100 cas pour 10 000 habitants,seuil
àpartir duquel la situation sanitaire est considérée comme préoccupante
selonl’OMS (Figure4).Enfin,l’incidenceest sans doute sous-estimée;
plus de la moitié despatientsrecensésdéclare avoir partagé le repas
(4)Lelaboratoirenationalderéférencepourlecontrôledes biotoxines marines-ANSES,Maisons-Alfort,etl’ARVAM,Réunion.
(5)http://daaf971.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/CP121126_DAAF-ARS_appel-vigilance-CIGUATERA_consolide_cle8743ed.pdf.
(6)LePoste d’inspectionfrontalier(PIF) de l’aéroportdeRoissy fait partiedes dixplusimportantsPIF européens en termes de nombredelotscontrôlés (environ45%des
contrôlesdes lotsprésentésàl’importation en France).Les deux autres PIFmajeursenFrancesontcelui du HavreetdupôleMarseille-Fos/Mer.
(7)Conformémentàladirective97/78/CEfixantles principesrelatifsàl’organisationdes contrôlesvétérinairespourles produits en provenancedes pays tiersintroduits
dans la Communauté, ainsi qu’aurèglement (CE) n° 136/2004 de la Commissiondu22janvier 2004 fixant lesprocéduresdes contrôlesvétérinaires auxpostes
d’inspectionfrontaliers de la Communautélorsdel’importation desproduitsenprovenancedepaystiers.
(8) www.ilm.pf/Déclaration d’intoxicationpar biotoxines marines.
Bulletin épidémiologique, santé animale et alimentationn
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