Introduction : Croissance, développement et changement social

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Introduction : Croissance, développement et changement social
Problématiques :
Dans quelle mesure, la croissance est-elle suffisante au développement ?
Quelles sont les transformations économiques et sociales qui accompagnent la croissance et le
développement ?
Quelles interactions existe-t-il entre changement social et croissance ?
I) Croissance et développement :
A) Qu’est-ce que la croissance ?
La croissance économique correspond à une augmentation de la production sur une ou
plusieurs longues périodes (définition de François Perroux). Un pays connaît une croissance
économique lorsqu'il est en mesure d'offrir une quantité de plus en plus grande et variée de
biens et de services à ses habitants.
Production (Y) => B et S => satisfaction des besoins
Elle constitue un phénomène quantitatif, elle est mesurée par un indicateur : le PIB.
L'expansion quant à elle correspond à une augmentation de la production à court terme
(moins d’un an).
On indique son caractère cumulatif et autoentretenu, c'est-à-dire irréversible s’accompagnant
de transformations économiques et sociales : augmentation du niveau de vie, de la
qualification, de l'emploi, modification de la structure de la consommation...
Explications :
La croissance économique s'accompagne d’un effort supplémentaire d'emplois de la part des
entreprises qui doivent augmenter leur production. Elles utilisent donc le facteur travail et la
croissance s'accompagne d'une augmentation du volume de l'emploi et d'une diminution du
niveau du chômage. Les revenus distribués favorisent la demande ce qui participe à l'élévation
du niveau de vie.
Croissance = production => emplois => pouvoir d'achat => consommation =>
niveau de vie
Croissance = production => emplois => chômage
La croissance économique s’accompagne aussi d’un effort supplémentaire d’investissement
de la part des entreprises qui doivent augmenter leur production.
Production => I => D en biens d’équipement => emplois et investissements => Y
=> croissance
1) La mesure de la croissance :
Le PIB mesure les richesses produites par les unités résidentes sur une année.
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Approche par la production : PIB = somme des valeurs ajoutées (VA) + TVA + droits de
douane nets des subventions
Approche par la demande : CF + FBCF + variation de stock +X +M
La demande globale correspond à la demande de biens de consommation (les ménages), la
demande de biens d’équipement (les entreprises), et la demande extérieure (X). Cette
demande globale effective est anticipée par les entreprises qui vont déterminer leur niveau de
production. Elles produiront que si la demande est suffisante c’est à dire que si elles anticipent
des débouchés (Keynes).
Pour relancer la croissance, on peut stimuler la consommation par une hausse des salaires
(SMIC) ou par une baisse des impôts afin de créer du pouvoir d’achat.
SMIC ou impôts => du pouvoir d’achat => consommation => forte anticipation =>
emplois et I => production
Pour relancer l’investissement, il convient de diminuer les taux d’intérêt car les entreprises
rembourseront le capital emprunté auquel s’ajoutent des intérêts plus faibles.
Taux d’intérêt => moins d’intérêt à verser => investissements => capital fixe =>
production
Subventions => investissements => capital fixe => production
Pour relancer les exportations, il convient d’améliorer la compétitivité prix ou hors prix
(qualité service après vente…) des entreprises.
Approche par les revenus : rémunération des salariés + impôts sur la production et sur les
importations (TVA + droits de douane) - subventions à l'importation + EBE et revenus mixtes
des entreprises individuelles.
Le PNB est la somme des valeurs ajoutées produites par les entreprises françaises sur le
territoire et à l'étranger.
VA = P CI
Le PIB en volume = PIB en valeur / indice des prix ×100
Il est indiqué de retenir le PIB en volume car les effets de l'inflation ont été éliminés.
2) La croissance : un phénomène récent
Le PIB de la France a augmenté de 5 % en moyenne par an entre 1950 et 1973. Les pays
occidentaux ont connu une forte croissance de 1945 à 1974 (de l'ordre de 5 % en moyenne par
an). C'est la période des Trente Glorieuses.
PIB par habitant = PIB / population totale
3) Le PIB est un indicateur imparfait :
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Le produit intérieur brut (PIB) ne reflète pas la richesse d'un pays :
- Le PIB ne comptabilise pas les créations de richesses hors du circuit marchand comme les
activités qui ne sont pas rémunérées (travail domestique ou tiers secteur, jardinage, bricolage,
le temps consacré aux enfants et aux personnes âgées, travail associatif ...), activités qui
pourtant participent au bien être de la population.
Il sous-évalue les richesses en ne tenant pas compte premièrement du travail domestique et
deuxièmement de l’économie souterraine.
- La notion d'économie souterraine ou informelle renvoie à trois types de phénomènes : les
activités marchandes illicites (drogue) les activités illicites conduites par des entreprises non
déclarées (travail au noir), et les activités marchandes licites mais dont les entreprises ne
déclarent pas l’ensemble de leurs activités (fraudes fiscales). Elle représenterait entre 2007 et
2008 entre 15 % et 25 % du PIB. L’existence de cette économie souterraine rend inexacte la
prévision du PIB, dans la mesure des créations de richesses non négligeables ne sont pas
chiffrées dans le calcul du PIB.
L’importance de cette économie souterraine s’explique par le caractère dissimulé de ces
activités. Cela peut s’expliquer par l’intensification de la concurrence. Les entreprises sont
tentées d’améliorer leur compétitivité prix en dissimulant une partie de leurs activités au fisc.
Dans le contexte d’un chômage de masse, les salariés acceptent des emplois non déclarés,
faute de mieux, malgré leur caractère peu séduisant.
Les évaluations entre pays sont d’autant plus affectées que l’importance de l’économie
diffère. C’est surtout vrai lorsque l’on veut comparer le PIB des pays occidentaux avec celui
du Sud l’économie informelle est encore plus importante (travail non déclaré des femmes
et des enfants et par conséquent non pris en compte dans le calcul du PIB).
- Le PIB évalue la richesse des unités résidentes mais lorsqu'une filiale rapatrie ses fonds pour
la maison mère, cette richesse n’est pas mise à la disposition de la population locale dans ce
cas, le PNB peut se révéler un indicateur pertinent.
- Deux pays peuvent avoir le même PIB par habitant et présenter des situations sociales très
contrastées. Par exemple, les PIB par habitant des USA et de l'Iran sont proches mais le
développement des deux pays est bien différent. Il ne qualifie pas le bien être des habitants
d'un pays, la qualité de leur mode de vie. Le PIB ne renseigne rien sur la répartition des
richesses : les inégalités, le chômage, la pauvreté dans une société donnée.
- Il ne prend pas en compte les effets externes négatifs (la pollution). Le PIB surévalue les
richesses produites en comptabilisant positivement certaines productions, celles qui entraînent
des dégâts écologiques et sociaux (la pollution), et qui devraient être soustraites, et une
seconde fois en y ajoutant la VA des activités visant à compenser ces effets pervers (la
dépollution).
Remarque préliminaire :
Lorsque l’on veut comparer le PIB de différents pays, il faut calculer le PIB par hab. pour
pouvoir comparer des pays où la taille de la population est différente. Ensuite, il faut convertir
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ces chiffres dans une monnaie unique, ce qui pose la question du choix du taux de change. Le
cours des monnaies varie parfois fortement.
C’est pourquoi, pour rendre ces chiffres représentatifs, on calcule un taux de change fictif en
Parité de Pouvoir d’Achat (PPA) qui permet d’égaliser les prix d’un panier de marchandises
entre deux pays.
4) Les principaux facteurs de la croissance :
L’augmentation de la productivité liée à la croissance économique entraîne :
Production => productivité/h => coûts unitaires de production => salaires et prix
=> pouvoir d’achat => consommation => demande => forte anticipation des entreprises
=> emplois + I => production
 coûts unitaires => profits =>
investissements => stock de capital fixe => production
 profits => D
de biens d’équipement => forte anticipation => emplois + I => production
Productivité/h => du temps de travail
Productivité/h => production (impôts sur la production, TVA ménages) => construction
d’écoles, d’hôpitaux
En conclusion, nous pouvons dire également que la croissance nourrit le développement.
B) Qu'est-ce que le développement ?
C'est l'ensemble des changements économiques, sociaux, techniques et institutionnels qui
accompagne la croissance. C'est une notion qualitative.
- Les changements économiques : industrialisation, développement des marchés, économies
d'échelle (diminution du prix unitaire du produit lorsque la production augmente),
tertiarisation...
- Les changements sociaux : alphabétisation, montée des qualifications, amélioration de la
protection sociale, du système de santé, du système d'éducation...
- Les changements institutionnels : modification de l'institution familiale, démocratisation de
l'État, développement des syndicats…
- Les changements techniques : mécanisation...
- Les changements culturels : parité, évolution de la place de la femme...
Ces pays doivent connaître un ensemble de transformations profondes, sociales et
économiques pour parvenir au stade des pays développés.
Le développement est d'abord un processus de changement avant d'être un objectif. C'est
pourquoi les termes de pays en développement et de pays en voie de développement sont
employés de préférence à celui des pays sous-développés qui indique plutôt un état.
Cette définition comprend deux éléments essentiels :
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- le développement est un phénomène qualitatif et multidimensionnel alors que la croissance
est quantitative (mesurée par le PIB). Le développement est mesuré par l'IDH (indicateur de
développement humain).
Le développement se distingue donc de la croissance, il peut y avoir croissance sans
développement (exemple : la découverte de ressources minières entraîne une augmentation du
PIB qui prendra fin avec l'épuisement du gisement, l'Arabie saoudite).
- Le développement rend la croissance irréversible, il n'y a pas de retour en arrière possible.
Croissance et développement relèvent du long terme.
1) Les cinq étapes de la croissance :
Pour Rostow (historien américain contemporain et partisan de l’économie libérale), auteur de
la théorie des étapes de la croissance, les sociétés traditionnelles pour accéder au
développement doivent passer par différentes étapes :
- la société traditionnelle : économie fondée sur l'agriculture, pas de progrès technique, une
faible épargne qui entraîne un faible investissement, une forte inflation, une forte mortalité
infantile, pas de démocratie.
- Les conditions préalables au décollage (le take off) : valorisation du profit, développement
de l'épargne et de l'investissement, amélioration des connaissances, essor agricole.
- Le collage : diffusion de nouvelles techniques industrielles ayant un rôle moteur, essor
agricole libérant de la main-d’œuvre, taux d’investissement supérieur à 10 %, diffusion de
l'instruction, apparition de l'esprit d'entreprise.
- La marche vers la maturité : industrialisation généralisée, urbanisation, exode rural, taux
d'investissement supérieur à 20 %.
- L’ère de la consommation de masse : besoins fondamentaux satisfaits, développement du
rôle de l'État, important secteur tertiaire, État providence.
Critique de la théorie :
Les PED, ne sont pas contraints de connaître les cinq étapes de la croissance pour accéder au
niveau des pays développés. Ils peuvent brûler les étapes de la croissance grâce aux transferts
de technologie et aux IDE provenant des pays développés (exportation d'usines clés en mains,
de brevets, d'innovations...).
C'est une vision linéaire du développement.
2) Le développement doit être humain et durable :
L'ONU dans le cadre du programme des Nations unies pour le développement définit la
notion complémentaire du sous-développement.
Le développement humain a pour objectifs :
- de satisfaire les besoins humains. L’économie doit recouvrir les dépenses qui permettront de
vivre une vie physique et mentale minimale (instruction, loisirs, emplois, salaires).
- De toucher l'ensemble des populations. Il doit être universel, c'est-à-dire qu’il doit toucher
l'ensemble de la population actuelle et future (toutes les régions, toutes les personnes).
- D’être juste. Le développement nécessite l’intervention de l’Etat pour lutter contre les
inégalités, les individus doivent avoir accès à l'égalité des chances.
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